L'ÉGLISE PAROISSIALE
DE
SAINT-GERMAIN-EN-LAYE
Saint-Germain-en-Laye, nommé d'abord Lida, ensuite Ledia, Leia, Germanopolis Ledia, enfin Montagne-du-Bon-Air en 1793, était autrefois une ville essentiellement religieuse : Outre les églises de la Paroisse, de Saint-Léger, de Saint-Eloi ou des Recollets, elle avait les chapelles de Sainte-Radegonde, du Château-Vieux, du Château-Neuf, du Prieuré ou Saint-Nom de Jésus, de Saint-Michel, de la Muette, des Vieillards, de la Charité, des Ursulines, de la congrégation des hommes et des femmes, de Saint-Thomas de Villeneuve, de Saint-Fiacre, de Saint-Sébastien et de Saint-Remi. Çà et là -s'élevaient des croix qui ont disparu depuis la Révolution française. — Nous citerons entre autres la croix du Marché, au pied de laquelle se trouvait le carcan public, la croix Dauphine sur la place qui en conserve le nom, la croix de la Mission dans la rue de la Grande-Fontaine, la croix de la Paroisse et celle de Filliacum-Curtis (Fillancourt).
Dans notre antique et belle forêt plusieurs chênes étaient ornés de petites statues de saints : tels étaient les chênes de Sainte-Barbe, de Saint-Joseph, de Sainte-Anne, de Saint-Hubert, de Saint-Léger, de Saint-Yves, de Sainte-Honorine, de la Vierge et de Sainte-Geneviève. Ce fut aussi sous l'influence d'un esprit éminemment chrétien, que furent fondés l'Hôtel-Dieu(1225), dans un emplacement voisin de la Gour-Larcher (rue de Paris, entre les numéros 40 et 42), l'hospice de la Charité en 1670,entre la rue de Poissy et la rue aux Vaches (maintenant rue de la République), l'hôpital des Vieillards, en 1678,dans la vallée de Fillancourt et l'Ecole des frères, en 1745; ces derniers installes d'abord dans une maison appartenant à la Fabrique, furent cinq ans après transférés rue de Pontoise, dans l'hôtel de la Chancellerie.
Une étude sérieuse de tous ces pieux et vénérés souvenirs fournirait matière à un livre qui ne serait pas moins attrayant qu'instructif. Amateur des vieilles gloires de notre patrie adoptive, un jour, s'il plaît à Dieu, malgré l'insuffisance de nos ressources, nous essayerons d'accomplir cette oeuvre intéressante. Aujourd'hui, c'est à notre église paroissiale et à ses dépendances que nous dédions la présente notice. Ce monument, dont l'origine remonte au commencement du XIe siècle, a subi de nombreuses transformations ; nous aurons soin de les faire connaître aussi exactement que possible ; puis, après quelques mots sur l'ancien Prieuré, nous consacrerons un chapitre spécial aux prêtres. Qui ont exercé les fonctions curiales dans notre cité depuis le XVe siècle, jusqu'à nos jours. Nous avons pensé qu'il était convenable, disons mieux, qu'il était juste, de perpétuer la douce mémoire de ceux qui furent nos pères dans la foi chrétienne. Colligite fragmenta ne pereant. « Recueillez les fragments afin qu'ils ne périssent pas. »
I
Église primitive —brûlée par les Anglais, elle est rebâtie sous le règne de Charles V, dit le Sage ; agrandissement, cloches, chapelles, cimetière, fontaine de Charles IX.
A l'endroit où s'élève aujourd'hui notre église paroissiale, il y avait dès le principe une humble chapelle sous le vocable de Saint-Gilles, patron d'un grand nombre de monastères ; elle dépendait-alors d'un village qui a joui d'une certaine réputation jusqu'en 1793/mais dont il ne reste guère plus que le souvenir, Saint- Léger-des-Bois ou en Laye.
A la place de cette antique chapelle, un roi de France que sa dévotion a rendu célèbre, Robert-le-Pieux, fit édifier, vers l'an 1020, une église qu'il dédia à saint Vincent et à saint Germain. Il existe plusieurs saints du nom de Vincent, mais ici, et les historiens sont unanimes sur ce point, il s'agit de Vincent diacre, Espagnol de naissance et l'un des plus illustres confesseurs de la foi. Quant à saint Germain, est-ce l'évêque d'Auxerre, contemporain de sainte Geneviève, ou bien l’évêque de Paris, grand aumônier du roi Childebert ? D'après un auteur qui écrivait en 1647, ce serait l'évêque d'Auxerre.
Nous lisons aussi dans un martyrologe portant la date de 1686, et composé spécialement pour notre église paroissiale. «On garde dans cette église un morceau du crâne de saint Germain apporté de la ville d'Auxerre par Robert, roi de France, lequel pour réparer les torts, griefs et dommages faits à l'église d'Auxerre, pendant le siège qu'il avait mis devant cette ville, apporta ladite relique et fonda cette église à l'honneur de saint Germain en la forêt de Laye ».
Dans le cas où cette opinion serait réellement établie, la fête patronale de notre cité devrait avoir lieu le 31 juillet et non pas le 28 mai, comme cela se pratique habituellement.
Selon d'autres historiens, parmi lesquels nous remarquons le savant abbé Leboeuf, le patron titulaire de notre paroisse serait, au contraire, St Germain, évêque de Paris.
Ce dernier sentiment, que nous trouvons également dans un « Propre » de l'an 1769, nous semble mieux fondé. Déjà, sous le règne de Robert-le-Pieux, voulait-on indiquer l'évêque d'Auxerre, on ajoutait l’épithète : « Antissiodorensis » tandis que l'on disait tout simplement saint Germain, lorsqu'il était question de l’évêque de Paris ; mais, faute de preuves concluantes, nous laissons aux érudits le soin de trancher la controverse.
Robert-le-Pieux enrichit notre église de bienfaits et de privilèges, qui furent confirmés par ses successeurs, comme l'attestent plusieurs lettres patentes dont nous possédons des copies parfaitement authentiques.
Voici en quels termes débute une charte donnée par Louis-VI, dit le Gros, l'an de grâce 1124 : Universa bénéficia quae antecessores nostri Francorum reges ecclesiae Beati Vincentii et Sancti Germani de Leia, videlicet Robertus rex qui ecclesiam ipsam a fundamento fundavit et Henricus rex ipsiu & filius et Philippus pater noster conlulerunt, concedimus et firmamus. « Nous accordons et confirmons tous les bienfaits qui ont été concédés à l'église de Saint-Vincent et de Saint-Germain-en-Laye par les rois, nos prédécesseurs, savoir : Robert, fondateur de cette église, Henri, son fils et Philippe, notre père». En quoi consistaient ces bienfaits ? C'étaient diverses donations, parmi lesquelles figurent la terre de Fillancourt, l'autel d'Orgeval-en-Pincerais, celui de Boran-en-Beauvoisis et l'église de Sainte-Marie, dans l'Ile-de-France ; c'était aussi le droit de percevoir la dîme sur les terrains d'Auvert, de Montfort, de Triel et de Charlevanne .
Cette église, que Robert-le-Pieux avait entourée d'un monastère dont nous parlerons plus loin, était restée depuis son origine dans une indépendance absolue de tout Ordinaire, quand Imbert, évoque de Paris, obtint qu'elle fût mise sous son autorité ; mais bientôt ayant reconnu le peu d'importance d'une concession qu'il avait d'abord ardemment sollicitée, il en abandonna sans peine le gouvernement spirituel aux bénédictins de Colombes (diocèse de Chartres)lesquels en avaient déjà la possession temporelle ; ceux-ci se chargèrent définitivement de son administration vers 1090, après que Philippe Ier, roi de France, eût fait reconstruire en partie les bâtiments du monastère.
Lorsque St-Germain-en-Laye devint résidence royale et, par conséquent, localité importante, on vit un autre évoque de Paris, Maurice de Sully, soutenir, contrairement aux bénédictins de Colombes, que l'église et le monastère étaient sous quelques sa juridiction, attendu, disait-il, qu'ils se trouvaient situés dans son diocèse et que depuis longtemps, il avait préposé un prêtre aux habitants du lieu. Deux chanoines, désignés pour arbitres, mirent fin à ce débat par une transaction signée l'an de grâce 1163, le 13 des calendes de mai.
Voici les principales conditions qui furent stipulées entre les deux parties : « Si l'église de St-Germain avait besoin d'une nouvelle consécration, elle serait faite par l'évêque de Paris ; à celui-ci appartiendrait également le droit de donner la tonsure et de conférer les ordres sacrés à ceux de la ville qui voudraient se consacrer à Dieu ; l'abbé de Colombes recevrait dudit pontife les pouvoirs spirituels et la charge d'âmes ; il pourrait, s'il le voulait, charger des fonctions curiales, dans ladite église, ceux des curés voisins relevant du diocèse de Paris, soit celui d'Aupec, soit celui de Mareil ; il ne devait être soumis ni au droit de visite, ni au droit de synode, mais en signe de respect et de soumission, il ferait hommage d'un besan à chaque évoque de Paris, l'année de son élévation à l'épiscopat.»
A partir de cette époque, notre église ne porte plus dans les anciens titres le vocable de Saint-Vincent, mais uniquement celui de Saint-Germain ; elle fut incendiée par les Anglais en 1346, sous la conduite du Prince-Noir, quelques jours avant la fameuse bataille de Crécy ; reconstruite pendant le règne de Charles V, celui-là même qui, selon Christine de Pisan, fist moult reidifier le Castel de Saint-Germain, on y éleva deux clochers d'inégale hauteur et aux flèches très élancées. Les rois François Ier, Henri II et Charles IX déléguèrent sur les coupes des forêts de Laye et de Marly les fonds nécessaires à ses réparations annuelles. En 1586, deux chapelles (Saint-Michel, Saint-Pierre et Saint-Paul) y furent bâties aux frais de messire et vénérable Dominique Boullard, curé de la paroisse ; Henri de Bourbon, prince de Condé, lui donna de superbes ornements le jour où en présence de toute la maison royale, (23janvier 1596), il y fit sa profession de foi catholique ; en 1610, elle s'enrichit des reliques de Saint-Victor pape et de Saint-Honoré, évêque. Au milieu du chœur apparaissait une belle châsse où étaient conservés plusieurs ossements de Saint-Clément et de Saint-Charles Borromée.
En mars 1632, durant la fête d'un de ces grands pardons que l'on nomme Jubilé, on vit se presser dans son enceinte une foule considérable de prêtres et de pontifes, parmi lesquels figuraient les cardinaux de Lion et de Richelieu ; elle reçut de la reine Anne d'Autriche un grand soleil en vermeil paré de riches émeraudes ; Louis XIII à qui elle était redevable d'une magnifique croix tout en cristal, y vint en 1638,entouré des princes et des seigneurs de la cour, rendre à CELUI de qui émane toute puissance, de solennelles actions de grâces, pour la victoire remportée sur les Impériaux devant la ville de Rhinfeld ; on remplaça en 1660 ses deux clochers par une tour fort basse, mais très solide ; son campanille renfermait alors quatre cloches : là première portait le nom de Marie, à cause de la chapelle de la Vierge ; la seconde due aux libéralités de Jean de la Salle, capitaine du Roi, s'appelait Jérémie ; on nommait la troisième Catherine et la quatrième Marguerite pour rappeler la mémoire de deux princesses, dont l'une était sœur et l'autre fille de Henri II.
Le premier novembre 1670, Hardouin de Péréfixe, archevêque de Paris, après un vif démêlé avec Monseigneur de Chartres, vint prendre possession de notre église paroissiale par un service solennel où parut toute la Cour . Louis XIV lui témoignait une affection particulière : nous lisons dans les auteurs contemporains qu'il lui accorda plus de cent mille francs et que maintes fois il y présenta le pain bénit avec une magnificence vraiment royale. En 1677, on y construisit un portail surmonté de deux frontons triangulaires et dont le plus grand était intercepté par une rosace. Quelques années après, cet édifice étant insuffisant à contenir le nombre toujours croissant des fidèles, on résolut de l'agrandir en prenant sur la cour du prieuré le terrain qui serait nécessaire. Messire Jacques Desoleux, alors prieur, fut obligé d'en céder 23toises de long sur 4 de large pour placer la sacristie et les salles destinées aux catéchismes ; mais comme il ne pouvait en aliéner les fonds, il fut passé entre lui et les marguilliers, Antoine, porte-arquebuse du roi, et François Ferrand, seigneur de Fillancourt, un acte par lequel la paroisse s'engageait à faire célébrer tous les ans une grand'messe à l'intention du prieur, quel qu'il fût, et à lui payer une redevance annuelle de six sols ; au moyen de cet accord, on put faire travailler à la démolition d'un ancien bas-côté dont les arcades et les piliers se trouvaient minés par les eaux. Le 12 septembre1681, vers quatre heures, une grande partie du chœur et de la grande nef s'écroula pendant l'office ; mais heureusement il n'y eut personne de blessé ; Colbert se transporta sur les lieux pour vérifier l'état des bâtiments et sur le compte qu'il en rendit, Louis XIV ordonna une reconstruction générale.
Dans cette église, dont le célèbre artiste Israël Silvestre nous a laissé une gravure, reposaient les cendres de Jacques Hecquet, de Boullard et de Claude Benoist, curés de la paroisse ; outre le maître autel, elle avait les chapelles de St-Roch, de St-Sébastien, de St-Michel, des apôtres Pierre et Paul, de St-Firmin, de St-Glaude, de St- Crespin, de St-Fiacre, de St-Nicolas et de l'Annonciation. Celle-ci avait été fondée en 1598 aux frais de Louis Alberti.
C'était auprès de l'église (place actuelle de la paroisse) que se trouvait le premier cimetière public de Saint-Germain. Dans ces âges de foi, nos pères n'avaient pas songé, sous prétexte de salubrité, à transporter leurs chers défunts loin des habitations ; mais ils aimaient à les posséder au milieu d'eux. Et pourquoi cela ? Ils pensaient sans doute que la vue des tombeaux, salutaire pour eux-mêmes, devait l'être également pour les morts, en rappelant ces derniers à leur souvenir, quand l'heure de la prière les appelait au Temple.
On voyait aussi sur cette même place une pyramide en pierre, aux armes de
France, surmontée d'un globe qui portait une couronne royale. Le pied de la colonne était environné d'un bassin auquel on arrivait par trois marches circulaires et qui recevait les eaux d'une fontaine perpétuelle ; dans plusieurs grandes circonstances, la fontaine jeta du vin.
Ce monument encore debout en 1807 avait été bâti en mémoire de la naissance de Charles-Maximilien, plus tard Charles IX.
On appelait carcan un cercle de fer au moyen duquel l'exécuteur des hautes œuvres fixait par le cou, à un poteau, celui était convaincu d'avoir commis certains crimes. Précis historique de Saint-Germain-en-Laye (1848), par MM. Rolot et de Sivry, page 92. ANDRÉ DUCHESNE, Antiquités des Villes de France, page 219. JACQUES ANTOINE, Marguillier, porte-arquebuse de Louis XIV, ouvrage manuscrit, conservé dans les archives de la Fabrique.
Histoire du diocèse de Paris, tome 7, page 211. Voir DOM MARTENE. Amplissima Collectio scriptorum veterum, tome 1 ; Antoine l'Aîné, Histoire des Antiquités de Saint-Germain- en-Laye et des environs, ouvrage manuscrit dont notre bibliothèque municipale possède une copie. Charlevanne, ainsi nommé d'une vanne ou pêcherie, dont l'origine remonte à Charles Martel, était situé sur les bords de la Seine, près Rueil ; voir la preuve de ce fait dans l'Histoire de Saint-Germain-en-Laye, par GOUJON, page 314. Charlevanne ne fut donc pas le nom primitif de notre cité, comme l'ont prétendu bien à tort auteurs. Voir pour les détails : Gallia Christiania, tome VIII, colonne 1254 et aux Preuves, colonnes 388, charte LXIV ; Antoine l'aîné, ouvrage déjà cité. Le besan, monnaie de Byzance ou de Constantinople représentait sept francs d'aujourd'hui. Voir dans les archives de la un Fabrique procès-verbal relatif à ces reliques.
Ce dernier était le patron du clergé de la Paroisse, voir Propre de 1769, page. 129, 4 novembre. Cette troisième cloche s'étant sera refondue cassée et bénite en 1739. Voici quelle en était la suscription : « L'an 1730, je lus nommée Louise par Louis Quinze, roi de France et de Navarre et par la reine Marie-Félicité de Leczinska, son épouse. » L'évêque de Chartres prétendait que la cure de Saint-Germain ressortissait de son diocèse ; mais il fut débouté de ses prétentions par un arrêt du Conseil d'Etat. Voir à ce sujet Gallia Christiana, tome VII colonne 183 ; Antoine l'aîné, Antiquités de Saint-Germain. On trouve un plan de cette église dans, le martyrologe manuscrit de l'Eglise paroissiale de Saint-Germain-en-Laye. Par Jacques Antoine, marguillier.
II
Reconstruction de l’Église sous les auspices de Louis XIV. — Première pierre, feu de joie, façade. — Projets d'agrandissement sous Louis XV, médailles. État de l’Église au moment de sa démolition en 1824.
La première pierre du nouvel édifice lut posée par le duc de Noailles, chargé de représenter Louis XIV. Au jambage d'une petite porte qui menait au Prieuré, on déposa trois médailles, dont deux en argent aux effigies du roi et de la reine ; dans la troisième qui était en plomb furent gravés les titres du duc de Noailles et les noms des marguilliers, Antoine et Ferrand, avec l'inscription suivante : Cette église a été rebâtie du règne et des bienfaits de Louis XIV, dit Le Grand, en 1682. Ce fut Hardouin--Mansard, architecte de la couronne, qui dirigea les travaux ; on les poussa avec une telle activité qu'ils furent achevés dans l'espace d'une année. Le10avril 1683, veille des Rameaux, l'archevêque de Paris, Monseigneur François de Champvallon, vint consacrer le nouveau temple, et les habitants, en reconnaissance des bontés de Louis XIV, arrêtèrent qu'on fêterait tous les ans l'anniversaire de sa naissance (5 septembre), par une procession autour de la ville, qui serait suivie d'un Te Deum et d'un feu de joie. Après le décès du roi, un service des morts devait remplacer la procession. Cet hommage fut rendu notoire par une épigraphe sur un marbre blanc que l'on plaça dans le choeur de l'Eglise. A ce sujet, l'archevêque de Paris fit un mandement dans lequel il exhortait les paroissiens à se rendre exactement à cette cérémonie qu'il célébra lui-même, pour la première fois, en présence du clergé et du marquis de Montchevreuil, gouverneur de St-Germain. Jacques II, roi d'Angleterre et la reine, son épouse, Marie d'Esté, n'oublièrent jamais, pendant leur séjour dans notre ville, d'assister à cette fête. C'étaient eux-mêmes qui 'allumaient le feu.
La façade de cette église se composait de deux parties distinctes : le clocher et le portail. Le clocher, à forme rectangulaire, était armé de deux contreforts entre lesquels on remarquait une porte à cintre surbaissé et couronnée d'un attique supporté par deux consoles. Une plaque encastrée dans un chambranle ornementé faisait connaître l'époque où le bâtiment avait été construit. Le campanille ouvert d'arcades ayant chacune quatre abat-sons se terminait par une balustrade dont les angles étaient ornés de Vases en forme d'urne funéraire.
Le portail présentait aussi, du moins dans sa partie basse, la surface d'un rectangle ; au centre s'ouvrait une grande porte à laquelle on montait par neuf marches que séparait un palier intermédiaire ; dans l'imposte deux dauphins soutenaient un écusson timbré de la couronne royale ; on voyait ensuite deux anges, un lis à la main, tourner leurs regards vers l'effigie de sainte Véronique, au-dessous de laquelle on avait gravé la face de l'Homme-
Dieu ; les statues de saint Germain et de la Sainte Vierge surmontaient deux petites portes bâtardes presque à niveau du sol ; ces statues étaient couronnées d'arcades et de macarons ; au-dessus de l'entablement était un acrotère avec un oculus qui avait à droite et à gauche des attributs héraldiques. Dans le tympan rayonnait un soleil ; assis sur le fronton, deux anges, aux ailes éployées, se trouvaient séparés par une croix latine.
On peut voir, dans le martyrologe de Jacques Antoine, un plan de cette église en 1682 ; soixante-quatre ans après, Louis XV ordonna de lui donner de plus amples proportions et pour assurer l'exécution de ses ordres, il assigna par un édit du 20 juillet 1746 certaines sommes annuelles qui, s'étant accumulées, formèrent, au bout de 18ans, un capital assez élevé pour pouvoir commencer les travaux ; de tous les plans qui avaient été présentés, on adopta celui de M. Nicolas Potain, parce qu'il offrait au clergé et à la ville une foule d'avantages notables. Ce fut le duc d'Ayen qui posa au nom du roi la première pierre, le 20 novembre 1766, dans le quatrième pilier à gauche, quand on entrait par le grand portail ; on mit dans cette pierre, enfermées dans un coffre de bois de cèdre, six médailles d'égale grandeur : une en or du poids de six jouis de 24livres deux en argent valant chacune 9 livres et trois de bronze ; elles portaient d'un côté : Lud. XV, rex christianiss, et de l'autre : Pietas Augusta novi sancti Germani templi primum lapidem posuit anno M.DCCLXVI .
Cette première pierre fut bénite par messire Jérôme Legrand, curé de la paroisse ; la justice qui assista en robe à cette cérémonie était composée de MM. Claude Jouanin, lieutenant ; Plouvyé, Duchateau, Blondeau, Panniers, procureurs ; Parizot, greffier ; Séjourné, huissier et premier audiencier ; Mathieu Bataille, Jacques Cordier, huissiers priseurs et Lemoine, huissier de police ; on y remarquait aussi MM. Potain, architecte, Leroux, Foulon, Sandrier et Gaudron, entrepreneurs.
Les travaux se poursuivirent assez activement jusqu'en 1787, année où l'intendant du roi invita l'architecte à réduire ses premiers plans par mesure d'économie.
Cette réduction opérée, on adjugea l'entreprise aux frères Sandrier, moyennant la somme de 359.400 livres, qui devait leur être payée au fur et à mesure de l'avancement des travaux, à la charge par eux de les avoir terminés dans l'espace de trois ans ; mais les versements n'étant effectués qu'à de grandes distances et par acomptes insuffisants, les sieurs Sandrier se virent forcés de ralentir les travaux, lesquels allaient être entièrement suspendus par les événements de la Révolution française. Le 21août 1816, le conseil municipal demanda l'allocation annuelle de la somme de 15.148fr. 51cent., à l'effet de reprendre les constructions abandonnées.
A cette époque, notre église était partagée en deux grandes nefs ; égales et voûtées ; celle du choeur et celle de la Vierge. On entrait dans la première par la porte principale, tournée alors sur la place de la paroisse. Là étaient l'orgue, placé dans une tribune-de-bois que supportaient deux colonnettes de fer, le banc de l'oeuvre surmonté d'un Christ, un grand aigle qui servait de-pupitre et la chaire donnée par Louis XIV en 1681.
Des colonnes corinthiennes dont le soubassement portait les chiffres entrelacés d'Anne d'Autriche et de Louis XIII, ornementaient le retable du Maître-Autel .
Un porche sombre, percé sous le clocher, donnait accès à la nef de la Vierge, qui était séparée de celle du choeur par trois arceaux reposant sur des piliers carrés ; l'autel était orné de colonnes couronnées d'un fronton circulaire ; au bas delà nef se trouvaient les fonts baptismaux et une porte qui communiquait avec la chapelle du Prieuré, au moyen d'une galerie couverte .
Avant la Révolution, cette église était richement pourvue d'ornements de toute espèce, comme le prouve l'inventaire qui en fut fait en 1743 ; dans son enceinte avaient eu leur sépulture Louis Lenormand, sieur de Beaumont et gouverneur de Saint-Germain, Ramsay, chevalier baronnet d'Ecosse, le duc d'Orléans, second fils du roi Henri IV, messires François Converset et Pierre Cagny. Ces deux derniers avaient été curés de la Paroisse.
Là aussi furent placés quelques restes de Jacques II, roi d'Angleterre, de sa femme Marie d'Esté et de leur fille Marie-Louise.
On a dit parfois que ces médailles avaient été retrouvées en 1824 ; c'est erreur. Les médailles retrouvées en une constataient la 1824 sous Louis pose de la première pierre dessous XV, comme nous le disons ci-dessous. Voir l'abbé Leboeuf Diocèse de Paris, t. VII. Paris, p. 223 ; Mercure de Septembre, 1695 ; Goujon, Hist. de St-Germain, p. 315 ; Rolot et de Sivry, Précis, p. 195. Ces médailles ont été retrouvées en 1824 ; celle en or est à la bibliothèque municipale ; elle s'était égarée, on vient de la remettre à sa place : les cinq autres avaient été déposées dans le trésor de la Fabrique ; il n'en reste plus que deux, une en argent et l'autre en bronze. Nap. Laurent, dans l'Industriel de Saint-Germain-en-Laye, 1868, 5 décembre, page 195. Cette chaire actuelle se trouve dans l'église. Elles ornent aujourd'hui l'autel de la chapelle Sainte-Anne. Pour plus de détails voir Rolot et Sivry.
III
Église actuelle : Façade, clocher, orgue, sanctuaire, Notre-Dame-de-Bon-Retour, peintures d'Amaury Duval.
Une loi du 21 juillet 1824 ayant autorisé la ville à faire un emprunt de quatre cent mille francs et à s'imposer extraordinairement pendant douze années, les constructions de l'église furent reprises et conduites sous la direction de M. Moutier, architecte et de M. Malpièce, vérificateur expert, mais avec de grandes modifications dans les données primitives de M. Nicolas Potain . Monseigneur l'évêque de Versailles consacra le nouvel édifice le 2 décembre 1827. Quelques années après, d'énormes vices de construction donnèrent lieu à un grand procès contre MM. Moutier et Malpièce. La ville Payant perdu fut contrainte de faire à ses propres frais la restauration générale d'un monument pour l'édification duquel elle s'était déjà imposé de bien lourds sacrifices Les travaux commencés en 1849, sous les ordres de M.Nicolle, architecte, furent confiés aux entrepreneurs et artistes suivants : Blard, maçonnerie ; Bayonne , charpente ; Lerenard, serrurerie ; Féry, menuiserie ; Monduit, plomberie ; Blanchin, peinture ; Sauzin, aîné, Delafontaine et Oltin, sculpture ; Amaury Duvaly. Peinture monumentale (fresques) ; Gornuelle, vitraux.
La façade de l'église est précédée d'un vaste perron en pierre, élevé de neuf marches et entouré d'une grille de fer due à la piété de madame Oger, née Lecomte. Sur ce perron s'élève un portique soutenu par six colonnes, dont quatre de face et une de chaque retour ; le plafond en plates-bandes forme des caissons qui produisent un bel aspect, entablement est couronné d'un fronton triangulaire dans lequel apparaît sculptée en bas-relief la Religion assise sur un trône ; à l'un de ses côtés sont la Foi, l'Espérance, la Charité, et à l'autre saint Mathieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean avec leurs attributs : L'homme, le lion, le bœuf et l'aigle. Au-dessus de la porte principale on lit ces mots : D.O.M. SVB.INV. S. GERMANI. « Au Dieu très bon, très grand, sous l'invocation de saint Germain ».
Le clocher se trouve à l'extrémité de l'église : C'est une tour carrée reposant sur quatre piliers réunis au moyen d'une double voûte d'arête et formant un petit porche auquel on arrive par un perron de 13marches. Le campanille a des pilastres surmontés d'arcades à jour et couronnées d'un entablement. Le toit est à quatre plans inclinés ; on y remarque à la partie inférieure un cordon d'antéfixes renfermant chacune une croix grecque pâtée ; autour du cadran de l'horloge sont les douze signes du zodiaque en bas-relief avec quatre têtes d'ange soigneusement sculptées. Nous lisons au-dessus delà frise : AEDIFICA VIT CIVITAS SANCTI GERMANI. ANNOM DCCCXXVII « Construit par la ville de Saint-Germain, l'an 1827. « Sur la face nord, à un mètre environ du sol, est cette inscription : Ville de Saint-Germain - en - Laye. Nivellement, repère central 66 m. au-dessus de zéro de l'échelle du pont de la Tournelle. Le zéro de l'échelle du pont de la Tournelle à Paris est à 26m.25c. au-dessus du niveau de la mer.
Bâtie sur un plan en forme de croix, l'église se compose d'une grande nef flanquée de deux côtés latéraux ; le fond est demi-circulaire; il n'y a pas ici de voûte, mais un plafond formant des caissons renforcés : C'est un lointain écho des riches plafonds que l'on admire dans plusieurs basiliques de la Ville Eternelle ; à droite et à gauche de la grande porte, on apercevait en 1817deux belles statues en pierre représentant saint Pierre et saint Paul ; vers 1855, elles furent transportées sous le portique de la chapelle Sainte-Anne où nous regrettons de ne plus les voir ; que sont-elles devenues?
Nous l'ignorons. Le grand orgue, œuvre de Clicquot, le plus célèbre facteur du XVIIIe siècle a subi en 1852 une métamorphose qui le place au nombre des meilleurs instruments dont s'honore la capitale ; il a quarante jeux et quatre claviers dont un de pédales ; ajoutons qu'il possède plusieurs jeux des vieilles orgues, tels que tierce, quarte, quinte et nazard.
A gauche, entre deux colonnes, est la chaire que supporte un superbe lion doré ; elle avait d'abord été faite pour la chapelle du château de Versailles ; le maréchal Anne-Jules de Noailles l'obtint de Louis XIV et les marguilliers François Ferrand et Jean Antoine la firent transporter à Saint-Germain en 1681 ; il est probable, dit un historien moderne, que plusieurs des illustres orateurs du XVIIe siècle y sont montés pour faire entendre ces voix puissantes dont l'écho est arrivé jusqu'à nous.
Dans l'ancienne église, la chaire était appliquée contre le mur gauche qui formait un des-côtés de la rue de la Paroisse ; son escalier était d'une grande richesse, on l'a remplacé par un tambour sans valeur ; les peintures primitives qui faisaient admirablement ressortir tout le fini du travail, ont également disparu. Au milieu apparaissait un écusson portant les armes de France aux trois fleurs de lys avec deux coqs gaulois pour supports ; on lui a substitué, en 1830, une croix rayonnante surmontée d'une corbeille de fruits et de fleuri. Nous n'approuvons pas ces changements que nous taxerions volontiers de vandalisme.
L'orgue du choeur, remarquable par la puissance et la variété de ses timbres, possède dix jeux et deux claviers ; il sort de la maison renommée du facteur Cavaillé-Coll. Quant au grand orgue dont nous avons parlé précédemment, qui passe communément pour être l'œuvre de Clicquot, il serait, d'après M. Arthur Coquard, contemporain de Louis XIV ; commencé en 1698, il aurait été complété en 1709.
Dans quelle mesure les Clicquot qui sont très postérieurs y ont-ils mis la main ?
C'est un point ajoute M.Coquard que nous que nous n'avons su élucider.
Les stalles proviennent de l'ancien hôpital des vieillards dans la vallée de Fillancourt. Le sanctuaire se trouve séparé du choeur par une balustrade en marbre à hauteur d'appui ; la grille de communion, d'un beau travail, était jadis dans la chapelle du Château-Vieux de Saint-Germain. Revêtu de marbre et de jaspe, le maître-autel est d'une forme noble et sévère. Les candélabres à branches que nous y remarquons, à droite et à gauche, tenus par deux anges, sont une donation de Notre-Dame-des-Victoires.
Autrefois, la partie circulaire était fermée par une grille de fer couronnée de fleurs de lys ; nous y voyons aujourd'hui neuf colonnes ioniques sur lesquelles repose une demi-coupole dont nous parlerons plus loin.
Quelques auteurs ont écrit que notre église était orientée. Plût à Dieu qu'ils eussent dit vrai, mais ils se trompent.
Une église est orientée lorsque son chevet regarde le levant ; lorsque, pendant la célébration des saints mystères, nous avons le visage tourné vers ces plages d'où nous vient la lumière, image du Christ, la lumière par excellence. Dans cette disposition de nos temples, il y a un magnifique symbolisme que les architectes du moyen-âge avaient soin de ne pas oublier. Or, ici, quand le prêtre est à l'autel, ce n'est pas vers l'endroit où le soleil se lève, mais c'est au contraire vers l'occident que nous tournons les regards.
A gauche du sanctuaire, dans les bas-côtés, il est une statue de la Vierge tenant dans ses bras l'enfant Jésus ; trouvée sur la place du Château, lors des fouilles pour la construction de la nouvelle église, elle fut déposée dans un jardin du voisinage, où elle resta environ cinquante ans, exposée aux intempéries des saisons, jusqu'au jour où le curé de la paroisse, le vénérable M.Collignon, la fit transportée dans l'ancienne sacristie (1835).
C'est par les soins de notre dernier et regretté pasteur, M.Louis Chauvel, qu'elle fut placée, le 25mars 1868,à l'endroit où elle reçoit aujourd'hui nos pieux hommages ; il y eut à cette occasion une cérémonie très émouvante, suivie du chant d'un cantique dont voici le début:
Ah ! la voilà La Madone chérie,
Qui si longtemps à nos yeux se voila
Elle revient dans sa chère patrie
Et nous crions d'une voix attendrie
Ah ! la voilà.
Cette statue, un des plus purs spécimens de la statuaire catholique au moyen-âge, remonte au 13e siècle ; le bloc de marbre où elle fut taillée était sorti des carrières.de Mesnil-le-Roy et tiré du banc royal. Quelques-unes de ses parties, qui avaient clé endommagées, furent rétablies dans leur état primitif par M. Dagand, d'après les indications de M.Millet, l'habile architecte si connu dans notre cité. C'estau pinceau de M.Desouches qu'est due l'ornementation(1).On invoque cette statue sous le titre de Notre-Dame de Bon-Retour. Un bref du Saint-Père, daté de Rome, 5 mars 1869, contresigné par le cardinal Paracciani Clarelli, approuve le vocable et accorde à cette dévotion des grâces spirituelles, entre autres une indulgence plénière à tous ceux qui, vraiment pénitents, après avoir confessé leurs fautes et s'être nourris du pain eucharistique, vénéreront dévotement la susdite statue, le jour de l'Annonciation de la Bienheureuse et Immaculée Vierge-Marie, ou l'un des sept jours suivants, au choix de chacun.
Les peintures à fresques sont l'œuvre de M Amaury Duval, un des premiers élèves du célèbre Ingres. Voici, en commençant par la droite, une description sommaire de celles qui décorent la nef, le chœur et la demi-coupole du sanctuaire.
Au-dessus de l'entablement de la nef entre les croisées, nous apercevons six grands tableaux portant les titres suivants : Merces, Misericordia, Redemptio, Humilitas, Caritas, Verbum ; ils sont accompagnés de petits cadres avec des figures qui viennent compléter la signification du sujet principal. Dans tous ces, tableaux on a gravé des textes empruntés aux Saintes Ecritures, mais que l'œil distingue bien difficilement ; afin qu'ils ne restent plus lettre morte pour le commun des fidèles, nous avons eu la précaution de les reproduire et de les interpréter.
1° Merces (récompense). Le père de famille distribue un égal salaire aux ouvriers qui ont travaillé dans sa vigne.
Comme l'un d'eux blâme sa manière d'agir, Amice, lui dit-il, non fado tibi injuriam, nonne ex denario convenisti mecum ?
St Matthieu, chapitre XX, verset 13. « Mon ami, je ne te fais point d'injure ; n’étais-tu pas convenu avec moi d'un denier ?»
La figure d'un jeune homme drapé en bleu dans le premier plan témoigne au contraire sa joie et son étonnement.
Derrière le père de famille, un ouvrier satisfait de son salaire paraît s'inquiéter fort peu de cette générosité ; à gauche est un homme d'âge mûr plongé dans la réflexion. Ce sujet est tiré de la Parabole : Les Ouvriers dans la Vigne. Le père de famille, c'est Dieu ; par la vigne il faut entendre l'église, c'est-à-dire la société des disciples du Christ. Les ouvriers ce sont les hommes qui sont appelés à travailler à l'œuvre du salut.
2° Madeleine, pénitente, celle dont il a été dit qu'il lui sera beaucoup pardonné, parce qu'elle avait beaucoup aimé. Ubi abundavit delictum, superabundavit gratia Epître de St Paul aux Romains,V. 20.
«Là où il y a eu abondance de péché, il y a eu aussi abondance de grâce. »
3°La femme qui a retrouvé sa drachme. Congratulamini mihi quia inteni drachmam quam perdideram. St Luc XV,9. « Réjouissez-vous, car j'ai trouvé la drachme que j'avais perdue. »
4° Misericordia. Groupe de onze personnes. C'est le retour de l'enfant prodigue ; il se jette aux pieds de son père qui lui ouvre les bras avec tendresse et commande à ses serviteurs de lui apporter ses premiers habits ainsi que ses anciens ornements. Comme l'aîné manifestait un certain mécontentement, il est bien juste, lui répond son père, que je témoigne ma joie : Perierat et inventus est, S. Luc. XV. 24«Mon fils était perdu et il est retrouvé.»
5° Le Bon Pasteur. Plein de joie, il place sur ses épaules la brebis égarée qu'il vient enfin de retrouver : Cum invenerit eam, imponitin humeros suos gaudens, S. Luc XV.5.
6° Le Centurion. A la vue des prodiges qui s'opèrent à la mort du Christ, il s'écrie : Vere filius Dei erat iste, S. Mat. XXVII.54. « Certainement cet homme était fils de Dieu. » D'après une respectable tradition, ce centurion s'appelait Longin ou Longis ; il reçut en Cappadoce la palme du martyre et les Grecs célèbrent sa fête le 16 octobre.
7° Redemptio. Jésus meurt sur la croix. Tradidit semetipsum pronobis, épitre de S.Paul aux Ephésiens.V. 2. « il s'est livré lui-même pour nous. » Quatre anges reçoivent dans des coupes le sang qui découle des mains mutilées du Sauveur. Au pied de la Croix est un admirable groupe de huit personnes parmi lesquelles nous remarquons le disciple bien aimé, Saint-Jean ; il soutient la Vierge qui vient de s'évanouir.
8° Le bon larron. Domine memento mei S. Luc. XXIII. 42. « Seigneur, souvenez-vous de moi. « Il paraît qu'autrefois les Juifs croyaient s'assurer l'entrée du Paradis, en assistant à la mort d'un juste, et en se recommandant à ses prières.
Aujourd'hui encore, l'Israélite sur son lit de mort adresse à Dieu cette demande : « Quand je mourrai, pensez à moi dans la Vie Eternelle, afin que j'aie part au jardin de l'Eden. » Le bon larron est honoré à Rome sous le nom de Saint Dima.
9° Saint Pierre. Tibi dabo clavesregni coelorum, S. Math. XVI. 19. « Je te donnerai les clefs du royaume des Cieux.» Vient ensuite le texte suivant : Dedit semetipsum pro nobis ut nos redimeret ab omni iniquitate. « Il s'est donné lui-même pour nous, afin qu'il nous délivrât de toute iniquité.»
10° Humilitas. Ce n'est pas la Cène, comme nous l'avons entendu dire quelquefois ; le sujet est emprunté à la parabole du Christ sur ceux qui ont été invités. Ne prenez pas la première place, mais bien la dernière afin que le maître vous dise : Amice, ascende superius, S. Luc. XIV.10 « Ami, montez plus haut. »
11° Le Publicain. Deux hommes allaient au temple pour prier ; l'un était Pharisien, c'est-à-dire du nombre de ces sages qui faisaient profession d'une très haute vertu ; l'autre était Publicain. C'est ce dernier qui est justifié par l'humilité de sa prière : Deus, propitius esto mihi, S. Luc XVIII. 13. « Mon Dieu, soyez-moi propice. »
12° Veuve donnant son obole. «Celui qui donne au pauvre ne connaîtra pas d'indigence. » Qui dat pauperi non indigebit, proverbes, XXVIII.verset 27.
13° Caritas, groupe de neuf personnes. Un homme venant de Jérusalem tombe entre les mains de voleurs qui le laissent à demi-mort. Passent un lévite et un prêtre sans être touchés de son infortune ; sur ces entrefaites arrive un Samaritain qui le relève et le place sur son cheval : Samaritanus autem misericordia motus est, S. Luc X. 33«Mais le Samaritain fut ému de compassion.»
14° La glaneuse. Allusion à la bonté de Booz qui commande à ses moissonneurs de laisser tomber à dessein plusieurs épis, afin que Buth puisse les ramasser : Nesciat sinistra tua quid faciat dexteratua, S. Mathieu VI. 3. «Que votre main gauche ne sache pas ce que fait votre droite. »
15° Un guerrier. Il remet l'épée dans le fourreau ; « Bienheureux les pacifiques. » Beati pacifici, S.Mat.V; 9.
16° Verbum. C'est le Sermon sur la montagne. L'homme Dieu, au milieu de ses apôtres, résume toute la doctrine de l'Evangile et proclame les huit béatitudes. Docebat eos clicens, S. Mat.V. 2. « Il les enseignait, en disant. »
17° Une femme. Son nom n'est pas arrivé jusqu'à nous ; elle venait de s'écrier : Heureuses les entrailles qui vous ont porté, quand Jésus lui répondit : « Bien plus heureux sont ceux qui écoutent la parole de Dieu ». Beati qui audiunt verbum Dei, Saint-Luc, XI, 28.
18° Le Bon Semeur. Semen est verbum Dei, Saint-Luc, VIII, 11. «La semence est la parole de Dieu. » Nous lisons ensuite ces mots ; Fides ex auditu, auditus autem per verbum Dei, Saint-Paul aux Romains. X. 27. «La foi vient de l'ouïe ; or l'on entend par la parole de Dieu » Sur l'arc-doubleau qui est devant nous, on remarque deux anges, dont l'un dans l'attitude de la douleur présente la croix à l'adoration des hommes, tandis que l'autre, aux traits graves et majestueux, client à la main le livre des Saintes Ecritures.
Dans le choeur, entre les demi-rosaces, sont représentés les évangélistes et leurs attributs, puis quatre anges avec la trompette, la balance, le glaive et la palme.
Sur la demi-coupole du sanctuaire, le Christ dans sa gloire, appelle les bénis de son père à venir prendre possession du royaume préparé pour eux dès la constitution du monde : Venite, Benedicti Patris mei, possidete paratum vobis regnum a constitutione mundi. On voit à sa droite : saint Louis, roi, saint Joseph, saint Jacques le mineur (Humilitas), sainte Fr. De Chantal, sainte Elisabeth de Hongrie, saint Martin (Caritas), sainte Geneviève, sainte Marthe, saint Germain (Fides); et à sa gauche : le bon larron, Madeleine, Marie d'Egypte (Poenitentia), le Centurion, saint Paul, saint Augustin. (Gratia), saint Etienne, saint Laurent et saint Denys (Martyrium). Au-dessus de la tête de saint Laurent, apparaissait, il y a quelques années, la trace d'un obus que les Prussiens avaient lancé sur notre cité le 28 septembre 1870.
On a dit au sujet de ces peintures : Si l'on peut en regretter la tonalité un peu sourde, le dessin et la composition font un grand honneur à M. Amaury-Duval.
On ne conservait guère que la colonnade de la nef et les premières fondations. Voir à ce sujet Pièces relatives à l'église Saint-Germain, par M. de Breuvery, maire ; on peut les consulter soit à la Fabrique, soit à la Bibliothèque municipale.
Ces sculptures sont l'œuvre de M. Ramey fils. La grille de fer qui enferme ce perron séparait dans l'ancienne église le chœur de la nef. Voir MM. Rolot et de Sivry, précis historique, page 50. Voir journal le Monde 1er novembre 1888. Dès le principe, il y avait seulement cinq colonnes ; les autres ont été ajoutées beaucoup plus tard : Notes fournies par le vénérable frère François Xavier. Cette sacristie est aujourd'hui une dépendance de la chapelle Sainte-Anne. Voir Notice sur Notre-Dame de Bon-Retour, par M.Devrais, ancien vicaire de la paroisse. Ce bref est affiché dans plusieurs endroits de l'église. Le denier alors usité chez les Juifs valait environ 10 sous de notre monnaie. M. Amaury-Duval est décédé en 1885 ; il avait envoyé à l'Exposition Universelle 1855 les quatre cartons de peintures qui ont pour titre : Redemptio, Verbum, Misericordia, Humilitas.
IV
Sacristie — Chapelles — Ancien
Prieuré.
La sacristie actuelle n'a été terminée qu'en 1845 ; voici les principaux objets que l'on y conserve :
1° Deux christs en ivoire, d'un travail vraiment digne de remarque ; l'un, dont la croix d'ébène massif, renferme une parcelle de la vraie croix, sert à l'église pour l'adoration du Vendredi saint. D'après une note qui nous a été fournie par un de nos anciens vicaires, aujourd'hui curé du Vésinet, M. l'abbé Bergonier, sa Sainteté Pie VII aurait eu ce Christ à son usage, pendant sa captivité à Fontainebleau (1812).
2° Un médaillon avec une parcelle du manteau de saint Joseph et d'un os de saint Louis de Gonzague ; le titre qui atteste leur authenticité est daté de Rome 18 octobre 1804. C'est un don de M.Dubusc, ancien secrétaire en chef de notre Hôtel de Ville.
3° Un reliquaire d'argent de forme ovale et fermé par un verre de cristal ; il contient une parcelle de la vraie croix, du voile de la sainte Vierge et quelques restes de saint Pierre, de saint Paul, de sainte Anne et de Philippe de Néri. (Authentique datée de Versailles, 2 décembre 1829.)
4° Plusieurs ossements dans un reliquaire, mais dépourvus de toute date authentique. Ne serait-il pas utile de jeter sur ce point quelque lumière ? Nous soumettons la question aux autorités compétentes.
5° Sept reliquaires dont six en métal doré ; ils renferment des parcelles de saint Laurent, diacre et martyr, de saint Jean-Baptiste, de saint Louis, roi de France, de saint Philippe, apôtre, de saint Denys évêque et martyr, de saint Jacques le Majeur, de saint Martin, évêque de Tours, de saint François-de-Sales, de saint Germain, évêque d'Auxerre, et de saint Charles Borromée. (Don de M. Albert Vasserot, ancien architecte des hospices civils de Paris, décédé dans notre cité, rue de Pontoise, n° 21.)
6° Plusieurs tableaux, entre autres ceux qui représentent Louis XIII, Anne d'Autriche, Saül évoquant l'ombre de Samuel, Elie jetant son manteau à Elysée, l'Annonciation, la Nativité et les quatre parties du monde en adoration devant le Sacré-Coeur. Notre église possédait autrefois les sept sacrements de Poussin, dont quatre entre les croisées de la nef et les autres dans l'hémicycle du chevet. Nous n'avons pu savoir ce qu'ils étaient devenus.
Six chapelles ouvrent sur les bas-côtés ; nous en ferons la visite en commençant par la droite, quand on entre dans l'église (porte principale). Nous disons la droite pour nous conformer au langage ordinaire des-architectes ; ce serait, au contraire, la gauche, si nous suivions les enseignements de la liturgie chrétienne.
1° La première chapelle renferme un mausolée qui a été bâti à la mémoire de Jacques II, par le prince régent d'Angleterre, depuis roi sous le nom de Georges IV. Ce mausolée, tout en marbre blanc, est couronné d'un fronton triangulaire dont les angles et le sommet sont ornés de motifs symboliques. On lit sur l'architrave : Regio cineri pietas regia, c'est-à-dire ; A la cendrée d'un roi, la piété royale. Entre les pilastres qui soutiennent l'architrave est une table d'où se dégagent en bas-relief les armes de la Grande-Bretagne ; l'écu est surmonté de la couronne royale et entouré de l'Ordre de la Jarretière avec ces mots : Honi soit qui mal y pense ; il a pour supports à droite un léopard et à gauche une licorne colletée et enchaînée ; suit la devise : Dieu et mon droit. Au-dessous est gravée en lettres d'or l'inscription suivante :
Ferale quisquis hoc monumentum suspicis
Rerum humanarum vices meditare.
Magnusin prosperis, in adversis major
Jacobus II Anglorum rex
Insignes aerumnas dolendaque fata
Pio placidoque obitu exsolvit
In hac urbe
Die XVI septembris anni MDCCI
Et nobiles quaedam corporis ejus partes
Hic reconditae asservantur
« Qui que vous soyez, à la vue de ce monument funèbre, méditez les vicissitudes humaines ; grand dans la prospérité, plus grand encore dans les revers, Jacques II, roi d'Angleterre, voit finir ses malheurs insignes et ses tristes destinées, par une mort pieuse et paisible, dans cette ville, le seizième jour de septembre 1701 ; ici sont conservées « quelques-unes des parties les plus nobles de son corps».
Le soubassement du tombeau est décoré de deux urnes en demi-relief et flanqué de deux petits autels funéraires. Celui de gauche porte ces trois hexamètres :
Qui prius augusta gestabat fronte coronam,
Exigua nunc pulvereus requiescit in urna;
Quid solium, quid alta juvant? Terit omnia lethum.
« Le prince qui naguère ceignait d'une couronne son front auguste, repose maintenant vile poussière dans cette petite urne ; à quoi sert un trône? A quoi servent les grandeurs ? La mort broie tout. »
On lit sur l'autel de droite :
Verum laus fidei ac morum haud peritura manebit ;
Tu quoque,summe Deus, regem quem regius hospes
Infaustum excepit, tecum regnare jubebis
« Mais le renom de sa foi et de ses moeurs restera impérissable ; vous aussi, Dieu tout puissant, vous ferez régner avec vous ce même prince qu'un hôte royal accueillit dans son infortune».
Les murailles de cette chapelle sont parsemées des attributs héraldiques de la couronne d'Angleterre, le lion, le léopard, la licorne, le J couronné et le blason royal. A la voûte est une belle peinture qui représente saint Georges à cheval et perçant de sa lance un dragon ailé. On la doit à l'habile pinceau de M.Amaury-Duval.
2° Chapelle Saint-Charles Borromée— Archevêque de Milan au XVIe siècle, ce saint était autrefois, comme nous l'avons déjà fait observer, le patron du clergé de la paroisse. —Dans le tableau de l'autel il est représenté parcourant, pendant la peste, les rues de sa ville épiscopale, la croix à la main, les pieds nus et la corde au cou.
3° Chapelle Saint-Joseph. Elle a été construite par les soins de M. le curé
Louis Chauvel. Au-dessus de l'autel est une Sainte Famille que l'on doit au pinceau d'une artiste qui a laissé au milieu de nous les meilleurs souvenirs, Mme de Lacroix. Un cartouche que soutiennent deux anges avec ces mots : Ite ad Joseph, couronne le retable. A la voûte, une fresque d'Amaury-Duval nous montre le Christ dans la maison de Simon le pharisien, Madeleine se jette à ses pieds qu'elle oint de ses parfums et essuie de ses cheveux.
Entre cette chapelle et la suivante étaient jadis les statues de deux évangélistes.
4° Chapelle du Sacré-Coeur. A droite est un tableau où le bon pasteur tend les mains vers la brebis égarée ; à gauche, dans un magnifique vitrail, Nôtre Seigneur découvre son divin coeur à la Bienheureuse Marguerite-Marie (2). De chaque côté de l'autel se trouve un joli reliquaire avec des authentiques qui portent les noms suivants : saint Sulpice, saint Louis, roi de France, saint Vincent, martyr, saint Hyacinthe, sainte Placide, sainte Valentine, saint Basile, martyr, saint Eugène, saint Félix, martyr, sainte Juste, saint Bon martyr, saint Just, sainte Anne, sainte Félicité, sainte Blanche, saint Justin, sainte Modeste, saint Donat, martyr, sainte Victoire, saint Sévère. Les colonnes corinthiennes du retable proviennent de l'ancienne chapelle de la vierge ; la frise porte ces mots : cor Jesu miserere nobis.—Ex corde scisso ecclesia Christo jugata nascitur. En face de cette chapelle, auprès de quelques marbres ex voto, se trouve une véritable effigie du visage sacré de Notre Seigneur: Vera effigies sacri vultus Domini Nostri Jesu Christi.
Un diplôme daté du 18 novembre 1887 nous apprend que cette effigie est très religieusement conservée et honorée à Rome, dans la sacro-sainte basilique de Saint-Pierre au Vatican : Quae Romae in sacro sancta basilica S. Petto in Vaticano religïosïssime asservatur et colitur.
5° Chapelle de la Sainte-Vierge.— Elle occupe l'emplacement de l’ancienne sacristie.
Son autel est privilégié, altare priviligiatum, c'est-à-dire que l'âme du défûnt, pour laquelle on y célèbre la messe, reçoit la grâce d'une indulgence plénière ; le bref du pape qui accorde cette faveur insigne est daté de l'an 1841. Au-dessus de l'autel, dans une niche cintrée, la Vierge tient dans ses bras l’Enfant Jésus.
Du côté de l’Epître nous remarquons deux tableaux : Un crucifiement, œuvre de M. Ansiaux et l'Institution du Rosaire par St-Dominique, fondateur de l'ordre des Frères prêcheurs. A gauche, un vitrail nouvellement inauguré présente, dans sa partie supérieure l'ange Gabriel, un lys à la main, annonçant à Marie qu'elle deviendra
la mère de Dieu : Ave Maria. Au-dessous sont Notre-Dame-de-Bon-Retour
et le véritable portrait de notre dernier pasteur avec ces mots : «Né en 1810, ordonné en 1834, à la mémoire de M.l'abbé Louis Chauvel, curé en 1859, décédé en 1894.» Une fresque représentant la Vierge entourée d'anges décore la voûte en demi-coupole.
6° Chapelle St-Vincent-de-Paul.— Ce saint prêtre méritait bien un souvenir dans notre église. C'est lui en personne qui, l'an 1643, installa dans notre ville les soeurs de charité. Dans le tableau du retable il est représenté exposant devant les dames de la Cour la malheureuse situation des enfants trouvés. La femme que l'on aperçoit dans le premier plan est Mme Legras, née de Marillac ; restée veuve elle se donna tout entière au service des malades et des pauvres.
7° Chapelle St-Louis.—C'est encore une fondation de l'abbé Louis Chauvel. Le tableau qui orne le retable figure la translation de la Couronne d'épines, que St-Louis, pendant sa résidence au château de St-Germain, avait obtenue de l'empereur de Constantinople ; il la porta lui-même depuis Sens jusqu'à Paris, pieds nus et la tête découverte. La fête de ce pieux monarque, que l'on célébrait dans notre cité, sur le parterre, le 25 août, a été supprimée en 1893, afin de donner plus d'éclat à l'antique fête des Loges .
8° Chapelle des Fonts baptismaux.— On y remarque une vasque ovale qui semble très ancienne ; elle est ornée d'une guirlande en pierre sculptée ; derrière ce bassin, on aperçoit, dans une niche cintrée, le Baptême du Christ par St-Jean-Baptiste. Celui-ci tient d'une main une coquille et de l'autre une croix enroulée d'une banderole avec ces mots : Ecce Agnus Dei. En 1848 on y voyait sainte Anne faisant lire la Sainte Vierge.
A l'église paroissiale se trouve contiguë la chapelle Sainte-Anne, que l'on appelle aussi chapelle basse ou du Prieur ; elle était autrefois sous le vocable du Saint Nom de Jésus. Son entrée principale, qui donne sur la place du Château, présente un joli portail de quatre colonnes doriques. Cette chapelle a subi, en 1865, d'importantes réparations ; le chœur fut séparé de la nef par un arc doubleau qui repose sur deux piliers où l'on voit deux reliquaires dont l'Un renferme quelques restes de sainte Anne. La porte du tabernacle est décorée d'un Christ en relief qu'accompagnent les quatre évangélistes. Le retable envieux chêne a deux colonnes corinthiennes cannelées, dont le soubassement porte les chiffres entrelacés de Louis XIII et de sa royale Epouse.Une belle statue, de grandeur naturelle, représente sainte Anne faisant lire la sainte Vierge ; elle fut bénite le 16 janvier 1866 et les prières usitées dans ces circonstances furent suivies du chant d'un cantique composé par le-R. P. –Mansion et mis en musique par le neveu de ce dernier. Au-dessus de l'autel, un tableau figure l'apparition du Christ à Emmaüs ; c'est l'œuvre de M. Couverchel, un des premiers élèves d'Horace Vernet ; il a choisi le moment où les deux disciples reconnaissent Notre-Seigneur à la fraction du pain ; le disciple de gauche, Cléophas, est plongé dans un recueillement d'adoration, tandis que celui de droite, dont le nom n'est pas venu jusqu'à nous, exprime, par son attitude, un profond étonnement.
Jadis, il y avait à la place de cette toile un Père Eternel, à la barbe blonde, une main appuyée sur le globe terrestre avec ces mots : Fiat terra et terra facta est. Du côté de l'évangile, une statue en pierre, représentant la Vierge et l'Enfant Jésus, mérite une mention particulière ; elle se trouvait primitivement dans l'Ecole des Frères, alors rue des Bûcherons, n°9. Comment était-elle venue en ce lieu ? On l'ignore. Les Frères l'apportèrent plus tard dans le bâtiment occupé aujourd'hui par l'Ecole Communale, rue de la Salle ; c'est de là que, par les soins de M. l'abbé Chauvel, elle fut transférée dans la chapelle Sainte-Anne. On a dit qu'elle était aussi précieuse que la statue de Notre-Dame de Bon-Retour. Les traces de peinture que l'on y avait remarquées semblaient lui donner une très ancienne origine.
Outre l'apparition du Christ à Emmaus, on voit dans cette chapelle les tableaux suivants : Résurrection de Lazare, par Laire ; Le Bon Samaritain de Comeiras ; La Juive Esther aux pieds d'Assuerus, qui passe pour une copie de Rembrandt Van-Ryn, peintre célèbre né en Hollande en 1606 ; Baptême du Christ par saint Jean-Baptiste ; Madeleine pénitente ; Sainte Famille et une Déposition du Christ au tombeau, copie fort remarquable d'une toile de Michel-Ange de Caravage, dont l'original est au Vatican. Cette dernière copie écrivaient en 1848 MM.Rolot et de Sivry, venait de la Maison des missionnaires du Mont Valérien où elle avait été déposée par Mgr Forbin Janson, évêque de Nancy.
La chapelle Sainte-Anne, avons-nous dit, s'appelait également chapelle du Prieur ; c'est en effet un dernier vestige du monastère que les Bénédictins de Colombes érigèrent en prieuré vers 1090 ; il avait eu pour fondateur Robert-le-Pieux, comme nous l'apprend une charte datée de l'an 1073, et dont voici le début : Ego Philippus, gratia dei, Francorum rex, notificare volo tam praesentibus quam aetali posterum quatenus avus noster Robertus rex in honorem Dei et sancti Germani apud silvam quai Leia vocatur quoddam construxit monasterium.
«Moi, Philippe, par la grâce de Dieu, roi des Francs, je veux qu'il soit notifié aux générations présentes et futures, que le roi Robert, notre aïeul, a fondé un monastère dans la forêt de Laye en l'honneur de Dieu et de Saint-Germain. »
Louis VI, dit le Gros, lui fit diverses donations en 1122 : Il se disposait à bâtir une forteresse à Charlevanne, près Rueil, quand les religieux de notre prieuré lui députèrent un de leurs moines, Robert, pour l'informer que cette dernière localité, la plus belle partie de leurs revenus, leur avait été concédée par les rois ses prédécesseurs ; Louis VI leur répondit que loin d'avoir l'intention de révoquer les privilèges dont ils pouvaient jouir, sa piété le portait au contraire à les confirmer et même à les accroître ; en conséquence, il leur abandonna Charlevanne avec son église, en échange du terrain dont il avait besoin pour construire son château qu'il résolut, dès lors, de faire élever dans notre ville ; il ordonna au moine Robert de déposer l'acte de donation sur l'autel de Saint Germain, tant en son nom qu'en celui de sa royal épouse, Adélaïde :
Proecepit monacho ut poneret hoc donum super altare sancti Germani ex sua parte necnon ex regina Adeladis. A ces libéralités il ajouta, quelquetemps après, un muid de grain sur le moulin bâti par Barthélémy de Fourqueux, le chauffage sur la forêt, et le droit de pâture pour cent porcs. C'est aussi de Louis-le-Gros que le prieur obtint le droit d'infliger aux coupables les châtiments encourus par les lois ; à partir de ce moment, il prit le titre de Seigneur de Saint-Germain, et, pour preuve de sa juridiction, il fit dresser des fourches patibulaires sur l'ancienne route de Poissy, dans un endroit appelé Clos-Victor .
Vers 1140, Nivelon, surnommé Paganus de Thorate donna à notre prieuré un muid de blé apud Stagnum (Etang-la-Ville) quand il quitta les vanités du
Siècle pour se retirer dans le couvent de Marly. Il fut statué en 1163 qu'il serait compris désormais dans le diocèse de Paris ; un de ses moines devait célébrer chaque jour la messe et les vêpres dans la chapelle que Philippe-Auguste avait fondée dans le château de Saint-Germain, sous l'invocation de la Bienheureuse Vierge Marie. Saint Louis le déchargea en 1228 de l'obligation où il avait été jusque-là de fournir un certain nombre de lits complets pour le roi et les gens de sa suite. Vers 1547, ses bâtiments subirent de grandes transformations.
Lorsqu'il fut réuni à la paroisse en 1693, il se trouvait limité par le château et ses dépendances, par les rues des Bûcherons, de la Surintendance des Louviers, du Vieux-Marché, de Paris, du Poteau-Juré et du Vieil-Abreuvoir ; un mémoire écrit en 1682 porte qu'il y avait plus de 250 maisons dans la justice de ce prieuré ; dans les anciens documents il est désigné sous le nom d'abbatiola.
Le premier prieur dont les annales locales ont conservé le souvenir, s'appelait Ulric ; il fut envoyé, vers 1090, à Saint-Germain, par les Bénédictins de Colombes .
Le 26janvier 1857, l'ambassade d'Angleterre versa à la ville de St-Germain-en-Laye, 1,255fr. ; donnés par la Reine Victoria pour la restauration de cette chapelle. Ces restes de Jacques II furent transférés ici en 1827 auparavant, ils reposaient dans une ancienne chapelle qui fut démolie en 1824, quand on construisit le clocher actuel. Voir dans La Liberté de Seine-et-Oise, Notre Notice sur Jacques II. Ces inscriptions ont été composées par M. L’abbé Collignon, curé de la paroisse, décédé en 1843. Allusion à la généreuse hospitalité que Louis XIV accorda à ce monarque exilé : il mit à sa disposition le château de Saint-Germain. Ce tableau, œuvre de M.Garnier, a été donné à l'église par Mme Oger. On attribue ce tableau à M. Tournier. Marguerite-Marie, dont le nom de famille était Alacoque, naquit en 1647, dans le Charollais, au hameau de Lhautecour, diocèse d'Autun. Ces dernières paroles dont le sens est que l'Eglise a pris naissance dans le cœur de Jésus, sont tirées de l'Office du sacré-coeur. Hymne des Matines, 3e strophe. Ce tableau a pour auteur Mlle Boucharlat. Jenny Boucharlat. Voir brochure sur les Loges, 1893, par M.M. Dulon et Corti. Nous lisons dans un Propre de l'an 1769: « Office du saint Nom de Jésus, titulaire de la Compagnie de Charité, établie dans l'église de Saint-Germain-en-Laye dont la fête se célèbre le 2e dimanche après l’Epiphanie.» C'est alors qu'elle fut placée sous le vocable de sainte Anne. Ces figures sont l'œuvre de M. Dagand. Elles proviennent du Maître-Autel de l'ancienne église. Ce vieux tableau est aujourd'hui dans la salle de la Maîtrise. Renseignements fournis par le vénérable Frère François-Xavier. Michel-Ange Caravage, que l'on nomme aussi Amerigi, naquit dans le Milanais en 1590. Voir cette charte dans le manuscrit d'Antoine : Recueil des Antiquités de l'Eglise royale, du château de Saint-Germain-en-Laye et des lieux dépendant de son gouvernement. Sous le règne de Louis XIV, ces instruments de supplice seront transférés, près de Fourqueux ; le nom de Chemin de Justice resté au terrain qui longe la Maison Verte indique la voie que l'on suivait pour s'y rendre. L'abbé Leboeuf, Diocèse de Paris, tome VIII, page 243.
On lit en effet dans une charte donnée par Philippe-Auguste 1223: Capella nostra quam in honore Beatae-Virginis in domo nostra Sancti Germani in Laia fundavimus. (Archives nationales, J, 461. n°10).C'est donc à tort que l'on attribue à saint Louis la fondation de cette chapelle. Ils furent destinés aux offices et communs du château. L'abbé Leboeut, Hist. Du Diocèse de Paris, tom.VII, p. 212.