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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #ETUDES HISTORIQUES SUR LIEUX SAINTS

HIÉRON OU TEMPLE-PALAIS ÉLEVÉ

A JÉSUS-HOSTIE ROI DES NATIONS

II. — VISITE À L'INTÉRIEUR

Après avoir passé la grille et gravi les quatre marches de l'escalier d'entrée, le visiteur franchit le seuil du HIÉRON.

L'édifice est ici fermé pendant la nuit, par un rideau métallique mobile, qu'on abaisse ou relève à volonté.

Dans ce premier vestibule, on remarquera deux plaques de marbre blanc, qui sont de chaque côté. Elles portent des inscriptions importantes.

A droite, sont relatés les ACTES PONTIFICAUX RENDUS JUSQU'A CE JOUR EN FAVEUR DE LA SOCIÉTÉ DES FASTES. C'est d'abord l'EXTRAIT D'UN BREF, de Sa Sainteté Léon XIII, en date du 23 mai 1888, où l'on trouve une APPROBATION très explicite de l'Oeuvre. Nous donnons la traduction du texte latin : « La Société des Fastes Eucharistiques fait profession de vouloir employer ses soins à promouvoir dans les Etats l’Empire du Christ. Cette entreprise est sans doute excellente en elle-même ; car que peut-on faire de plus saint que de s'efforcer d'appeler les Nations à rendre  hommage à Dieu ? »

Vient ensuite le RESCRIT de la Sacrée Congrégation accordant de précieuses Indulgences aux Membres de la Société. Il est du 19 juin 1888. A gauche, est la Dédicace du HIÉRON en latin et en français. L'épigraphe latine est ainsi traduite :

« La Société des Fastes Eucharistiques, En vue d'exalter la gloire de la Divine Hostie, Et de faire connaître davantage Son rôle dans le Monde ; A fait codifier ce monument Au siège même, Des apparitions du Sacré-Coeur dé Jésus, En l'an du Christ-Régnant, MDCCCXCIII. »

Une grande et belle porte en fer ouvré et à chassis vitrés, donne accès dans l'Atrium. Ici déjà le jour vient d'en haut ; mais on n'a pas à s'en plaindre, car la lumière, tamisée par un large plafond de verre dépoli, tombe à la fois douce et abondante. Ce même procédé sera gardé dans tout l'édifice.

Le pavé de mosaïque commence dès l'entrée, pour se continuer à travers toutes les salles principales, avec plus ou moins d'ornements. Il est partout d'une composition aussi simple que distinguée.

Au milieu de l'Atrium, vous lisez par terre, dans un élégant encadrement, le mot : « Salve ». — C'est, si l'on veut, un salut de bienvenue adressé au visiteur, selon l'antique formule. Mais les pieux chrétiens y verront plutôt une invitation à invoquer, avec l'Eglise, la Vierge Marie, afin qu'elle leur fasse connaître, dans le mystère de l'Hostie, les gloires cachées de son Divin Fils Jésus, en attendant de les leur montrer face à face après l'exil de cette vie. « Salve Regina… et jesum benedictum nobis post exilium ostende ! »

N'est-ce pas par Marie que l'on va plus sûrement à Jésus? Les siècles de foi l'ont toujours affirmé. Deux colonnes massives en marbre de Carrare soutiennent des chefs-d'œuvre eucharistiques de premier ordre : Ce sont deux tabernacles antiques des grandes écoles de Donatello (1383-1466) et de Bramante (1444-1514). Le premier représente l'histoire abrégée de l'humanité déchue en Adam et Eve, et restaurée par l'Agneau.

Le second est un « ex debito » exigé par la Justice, à la suite d'un sacrilège commis. Deux autres sujets portent les noms célèbres d’Orcagna (1329-1389) et de Philibert Delorme (1518-1587). Nous voici devant trois grandes portes en chêne, qui quand elles sont ouvertes, laissent aussitôt pénétrer le regard jusqu'au fond des trois axes de développement du HIÉRON. La salle du milieu est la principale ; elle porte ce titre latin : «Aula Fastorum». On ne l'ouvre qu'à certains jours.

A la rigueur, les explications sommaires que nous allons en donner, pourront suppléer à la visite, au moins dans une certaine mesure. Elles seront nécessaires à quiconque voudra « de visu » se rendre compte des détails et saisir parfaitement l'idée générale. D'autant que les Inscriptions sont en latin épigraphique et parfois même en abrégé.

 § 1. — AULA FASTORUM

OU

GRANDE SALLE des FASTES

 Comme le nom l'indique, c'est ici la Grande salle des Fastes (1). On y trouve en effet résumées, dans une vaste et brillante « Synthèse, » les conclusions des immenses travaux « analytiques » que les membres savants de la Société ont entrepris et menés à bonne fin.

Aussi ce local (j'allais presque dire ce sanctuaire,) est-il le centre et le siège principal de l'Œuvre, qui y tiendra désormais ses conseils et ses grandes assises. La Société des Fastes étant internationale, dans le sens catholique du mot, il était naturel qu'on donnât ici l'avantage au latin sur le français.

On entre d'abord dans un vestibule d'honneur réservé aux « Promoteurs du Règne social de Jésus-Christ-Hostie. »

L'inscription trilingue, qui fut placée au-dessus de la croix, par ordre de Pilate, domine fort bien cette noble antichambre (2). « Il fallait, dit Bossuet, que la « Royauté de Jésus fût écrite en la langue  hébraïque, qui est la langue du peuple  de Dieu ; et en la langue grecque, qui est la langue des doctes et philosophes ; et en la langue romaine, qui est celle de l'Empire et des Maîtres du monde.»

De fait, les Maîtres du monde, dont les portraits figurent dans cette galerie, ont rendu hommage à la Royauté Suprême de l'Agneau. Témoins CONSTANTIN LE GRAND (305-337) et CHARLEMAGNE (800-814), ces deux incomparables empereurs, qui ont déposé leurs épées et leurs couronnes aux pieds de Jésus-Hostie, en se proclamant les champions de sa gloire et les serviteurs de son Eglise ; témoins ces souverains des nations catholiques, qui ont lutté et triomphé, par et pour « l’Agneau Régnant, » selon l'expression de leurs actes officiels : le roi de France, CLOVIS 1er, vainqueur à Tolbiac (415-511), — le roi de Castille, saint FERDINAND, qui conquit Cordoue et Séville sur les Maures (1217-1251), — le roi de Portugal, JEAN Ier, qui leur prit Ceuta et fonda la marine portugaise (1385-1435), —' la reine d'Espagne, ISABELLE LA CATHOLIQUE, dont le plus beau titre de gloire est encore d'avoir protégé le grand navigateur chrétien, qui découvrit l'Amérique (1450-1504).

C'est aussi à bon droit qu'à côté de ces princes, figurent les hommes providentiels suscités par Dieu, pour défendre et agrandir le Règne de Jésus-Christ. CHRISTOPHE COLOMB (+ 1505) et VASCO DE GAMA (+ 1525) n'eurent rien de plus à coeur en découvrant le Nouveau-Monde et les Indes-Orientales ; non plus que Dom HENRIQUE DE BOURGOGNE (-(- 1112), en se croisant contre les Sarrasins d'Espagne, ce qui valut à sa postérité le trône de Portugal.

Et que fut enfin JEANNE D'ARC (+ 143 1), sinon l'envoyée du Christ « qui aime les Francs », et qui en sauvant par elle leur royaume, voulut conserver les meilleurs ouvriers des Gestes de Dieu, « Gesta Dei per Francos. »

Si la république de Venise a été, pendant plusieurs siècles, la Reine des Mers, c'est qu'elle était consacrée à Jésus-Hostie. Ses célèbres Doges VÉNIER ET CICOGNA et son amiral BRAGADINO, le héros de Famagouste, sont bien à leur place, parmi les promoteurs du Règne de l'Agneau.

Arrêtons-nous enfin à cette belle et noble figure de GARCIA MORENO, le président de l'Equateur. Il a vécu et il est mort pour le Christ. Sa République vouée à Jésus-Hostie, sous le symbole du Sacré-Coeur, reste le modèle des Etats chrétiens, à notre époque.

Il est évident que cette galerie est très incomplète. Il y manque des centaines et des milliers de personnages célèbres : rois et princes, pontifes et docteurs, guerriers et savants, apôtres et missionnaires qui ont proclamé, défendu, exalté et agrandi l'Empire du Christ.

D'ailleurs le Dieu Eucharistique étant toujours parmi nous, la série n'est pas close, ni des hommes, ni des peuples, qui se feront les champions et les serviteurs du Règne social...

(1) Le mot Fastes, en latin Fasti (de « fas fari, ») signifie les conclusions ou déclarations de droit, les témoignages et actes authentiques, basés sur des enquêtes juridiques et consignés comme tels, dans les Registres et monuments publics. Les « Fastes Eucharistiques » ne sont que les déclarations du droit social de Jésus-Hostie.  (2) Cette inscription a été reconstituée par M.ROHAULT DE FLEURY, d'après les fragments qui en restent visibles sur la tablette originale conservée à Rome, dans l'Eglise de Sainte-Croix. Les trois textes sont écrits de droite à gauche, selon le mode hébraïque.

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Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #ETUDES HISTORIQUES SUR LIEUX SAINTS

HIÉRON OU TEMPLE-PALAIS ÉLEVÉ

A JÉSUS-HOSTIEROI DES NATIONS

1 - VUE EXTERIEURE

 Avant de pénétrer dans l'intérieur de l'édifice, il convient de jeter un coup d'œil sur l'extérieur.

Pour jouir du point de vue le plus avantageux, on devra se placer à la distance d'une cinquantaine de pas, en avant de la façade, sur l'avenue de Charolles. Encore faudra-t-il gagner, vers le milieu du trottoir de gauche, la ligne où vient aboutir l'axe prolongé du monument. De là, le « HIÉRON» apparaît dans toute sa sévère beauté.

L'oeil embrasse à la fois le corps principal du bâtiment et ses ailes fuyantes, dont le développement en éventail semble continuer avec les deux rues adjacentes et donne ainsi quelque illusion de l'immensité.

Aussi bien la ligne droite horizontale, qui domine partout et court à travers les frises de l'entablement, produit-elle un effet d'esthétique très frappant. On sait que cette « Eurythmie » est le caractère distinctif des monuments sacrés de l'Art grec; elle représente fort bien la stabilité, la puissance et le calme divin, et aussi, par contre-coup, la paix de l'âme juste, dont on a dit avec raison qu'elle est le « Miroir de Dieu. »

L'édifice est orienté régulièrement, sa porte principale s'ouvrant à l'Est. Sur la silhouette se détache le dôme central, qui  a été tenu à dessein un peu bas ; c'était précisément pour ne pas rompre la prédominance de la ligne eurythmique. Quatre fenêtres à trois baies imitant la double croisées ouvrent aux quatre points cardinaux, dans le pavillon de forme octogonale.

L'architecte a eu sans doute, dans la construction de cette « lanterne aérienne », une pensée symbolique, qui se rapporte à Jésus-Christ, l'Agneau divin, dont saint Jean a écrit qu' « Il éclaire la Cité Sainte du Ciel », modèle et exemplaire de celle de la Terre. « Et lucerna ejus est Agnus. » (Apoc., XXI, 23.) L'Agneau des visions apocalyptiques « à qui appartiennent la gloire et Vempire », ou JÉSUS-HOSTIE ROI, est bien le mot qui résume l'idée complète du « HIÉRON ». Il devait donc être gravé au frontispice. Mais c'est ici plus qu'une dédicace vulgaire ; c'est encore une vraie profession de foi et un programme de restauration sociale : « Instaurare omnia in Christo. »

Admirons aussitôt la superbe façade d'entrée, qu'encadrent fort bien les deux grandes volutes de droite et de gauche. A côté des larges pilastres, surmontés de la lettre emblématique H, ornée de palmes, se dégagent deux colonnes ioniques d'un bel effet. Le fût en est d'une seule pièce.

On remarquera les chapiteaux qui portent en relief le « Chrisme » ou monogramme du Christ «CHI.RHO», surmonté d'une couronne royale et environné de fleurs du lotus sacré.

Au tympan du fronton, un emblème symbolique du meilleur travail mérite

aussi une attention particulière. Le sujet en est l'onction divine du Christ-Roi et l'alliance éternelle faite par Lui entre Dieu et l'homme. En effet, le Saint-Esprit représenté par la Colombe dépose la tiare du « Triregnum » ou de la triple Puissance sur le « TAU » mystique qui, après avoir marqué anciennement le pouvoir de gouverner les peuples, est devenu le signe de

« l'AGNEAU VAINQUEUR » et a été longtemps la forme du bâton pastoral de nos Pontifes.

Tout autour de ce médaillon, qui est enfermé dans un cercle d'oves. comme un chaton dans sa bague, s'étalent des trophées de palmes et de feuilles de chêne, des faisceaux de piques et de hampes d'étendards.

Un flambeau allumé surgit d'en bas et domine tout le sujet : c'est la lumière de la foi, et le feu de la charité que Jésus-Christ a apportés à la terre, et qui seuls peuvent consommer le triomphe du Divin Roi, en établissant la paix sociale parmi les nations.

Ce beau motif est désormais le « cachet » choisi de l'OEuvre des Fastes; mais elle sera heureuse de le faire partager aux Sociétés, qui voudront entrer dans l'alliance divine en rendant hommage à l'Hostie et, par elle, à Dieu même.

Les écussons sculptés au-dessous des corniches, aux huit angles du dôme central, appellent tous les éléments et tous les êtres de la création à exalter la gloire de l'Eucharistie. On sait que souvent ils y ont réellement contribué. Et n'est-ce pas juste? N'est-ce pas ici le cas plus que jamais de répéter le cantique de louange : Benedicite, omnia opera Domini, Donino !...

Sur tous «ces cartouches, qui sont eux-mêmes ornés de palmes, voyez l'image de l'Hostie sainte, et au-dessous lisez d'abord, à gauche, cette inscription : « CIEUX ». C'est le « Benedicite Coeli Domino .» Puis regardez à droite, ces caractères enchevêtrés forment le mot : « HUMANITÉ ». C'est le « Benedicite Filii hominum Domino. » Vous avez ainsi les deux notes extrêmes, les deux principaux exécutants du concert : l'ange et l'homme.

Il appartient surtout à ce dernier d'achever et d'ordonner cette harmonie. Suivez le contour de l'édifice, vous trouverez les modes intermédiaires : « l'AIR, la TERRE, l'ESPACE, le TEMPS, le FEU, l'EAU. » Cet hymne de pierre chanté dans une gamme parfaite n'est pas pour nous étonner, puisqu'il s'agit d'un sujet « où la louange ne peut asserz dire, » et d'un « thème qui n'a point son égal. — Laudis thema specialis. » (S. Thom., Off. SS. Sacr.)

Au sommet de la lanterne, l'épi de couronnement porte la lettre H inscrite dans un cercle et une croix ancrée : le tout à double face. Le HIÉRON est ainsi signalé au loin et aux regards de tous, comme le Temple-Palais de « l'HOSTIE, » dont saint Thomas a encore dit qu'elle était le « Microcosme, » l'appui, le centre et le résumé du Monde.

Les toits reposent sur une charpente de fer ; ils ont de grandes baies vitrées,

d'où des flots de lumière descendent dans l'intérieur de l'édifice. On le verra, les salles principales n'ont pas d'autre ouverture extérieure, ce qui a permis d'exposer les tableaux, dans un jour plus favorable.

Voici quelques dimensions qui pourront encore intéresser le visiteur: Longueur de l'aile gauche: 22 mètres; de l'aile droite : 36 mètres. Largeur maximum : 40 mètres. Superficie totale : 800 mètres carrés.

Un amateur de symbolisme a fait observer que le « HIÉRON » présentait la forme d'un coeur ou d'une pointe de flèche émoussée, inutile d'insister sur les applications ; nous n'avons rapporté cette remarque que pour mémoire. A chacun de juger et d'apprécier, selon ses goûts et ses lumières.

D'ailleurs, ce Carnet n'a pas la prétention de tout expliquer et de tout décrire.

Il ne veut être que l'humble introducteur, qui suffira à donner la clef du monument, en attendant un guide plus détaillé et plus complet.

 

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Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #ETUDES HISTORIQUES SUR LIEUX SAINTS

HIÉRON OU

TEMPLE-PALAIS ÉLEVÉ A JÉSUS-HOSTIE

ROI DES NATIONS

 Cet édifice a été construit par la Société des Fastes-Eucharistiques dans le but de faire connaître, de promouvoir et d'agrandir le Règne social de Jésus-Hostie. Tout se rapporte en effet à cette idée maîtresse : Le Christ, présent sur la terre dans la Sainte Eucharistie, y est Souverain Seigneur et Maître, en un mot, Roi, non seulement des individus, mais encore et surtout des Familles, des Sociétés et des Peuples, qui doivent reconnaître ses Droits et lui rendre leurs hommages publics et solennels.

Par ces hommages, l'ordre social divin, qui a été autrefois la « loi suprême » de l'Europe et du monde, serait rétabli, comme il est juste, et les Droits de Dieu - proclamés à nouveau deviendraient encore la meilleure garantie des Droits de l'homme trop souvent méprisés. La paix et la prospérité des Nations découleraient de cet état de choses, par voie de conséquence « logique » et de récompense « providentielle.» (1).

On remarquera que Paray-le-Monial a été bien choisi pour la construction de ce monument, qui est jusqu'ici unique dans son genre, puisque c'est dans cette petite ville que Notre-Seigneur a voulu, en dernier lieu, affirmer, comme Roi social, ses droits lésés par le Satanisme envahissant, et renouveler, sous certaines conditions, ses Promesses de protection spéciale aux princes et aux nations fidèles. (Voir les Révélations faites à la Bie Marguerite-Marie.)

Le mot de « HIÉRON » est tiré du grec, comme tant d'autres de notre langue. Il exprime étymologiquement l'idée d'une enceinte consacrée à la Divinité ; mais il semble avoir été réservé par l'usage à désigner les Temples-Palais, où les Sages (appelés Amphictyons) élaboraient les lois souveraines et rendaient les sentences arbitrales qui, au nom des principes du Droit divin, maintenaient la paix des nations.

Exemple ; le célèbre Hiéron de CNIDE, bien connu dans l'histoire de l'Art.

On a voulu christianiser ce nom et ce souvenir. D'ailleurs le nouveau titre ainsi compris conviendra mieux à l'édifice que celui de « Musée Eucharistique », dont le sens paraissait trop restreint.

Il appartiendra au visiteur compétent d'apprécier l'architecture à la fois simple et originale du « HIÉRON ». Elle se rattache surtout au style Ionien de la meilleure école. Nous devons les plans du monument, tel qu'il existe, à M. Noël Bion, qui a travaillé d'après les indications d'un Comité spécial. — Commencé en 1890, le « HIÉRON » a été terminé en 1893. 

(1) A propos du Règne social de Jésus-Christ, il serait trop peu sérieux d'objecter le texte de S. Jean (XVIII,36), où N.-S. dit à Pilate : « Regnum meum non est de hoc mundo,» ce qu'on a traduit par cette phrase amphibologique, qui en a trompé plusieurs : « Mon royaume n'est pas de ce monde. » - Le seul vrai sens est que ce royaume ou règne ne vient pas de ce monde; comme le Christ l'explique aussitôt dans le contexte : « Regnum meum non est liinc. » — Mais parce que son origine n'est pas de ce monde, cela ne veut pas dire qu'il ne soit dans ce monde. L'Ecriture et la tradition affirment le contraire. S. Thomas d'Aquin commente ainsi le passage dont il s'agit : « Non habet principium de hoc mundo, est tamen hic, quia est ubique. – Mon royaume ne tient pas son principe de ce monde, cependant il est ici, puisqu'il est partout. » La royauté universelle du Sauveur est incontestable de droit, quoique le fait de la reconnaissance dépende de la volonté libre des hommes.

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Publié dans : #EN FAVEUR DE LA MONARCHIE

 

TROIS MOIS D'HISTOIRE CONTEMPORAINE

LA VÉRITÉ SUR L’ESSAI DE RESTAURATION MONARCHIQUE.

 Lys

 

ERNEST DAUDET. 1875

 

 

LA VÉRITÉ SUR L'ESSAI

DE RESTAURATIOM NONARCHIQUE


 

CHAPITRE PREMIER. (5ième extrait)


Son passe-port était au nom du comte de Villiers. Durant le trajet, il ne fut reconnu nulle part. Mais, en arrivant à Vienne dans la soirée du samedi 2 août, il apprit par les dépêches des journaux que son voyage était ébruité, et que l'indiscrétion qu'il tenait à éviter avait été commise.

On a su depuis qu'elle venait de chez M. Thiers. La nouvelle du départ du comte de Paris avait été communiquée au National par M. Barthélémy Saint-Hilaire, publiée par ce journal d'abord, et ensuite par la Correspondance républicaine qui est adressée à un grand nombre de feuilles des départements. Les directeurs de la Presse et du Français ne crurent pas devoir taire l'événement, et dès ce moment, il appartint à la presse qui le commenta de mille manières, mêlant, ainsi qu'il arrive toujours en pareil cas, l'erreur à la vérité.

Le sentiment général fut la surprise, et chez les républicains le dépit. Ils essayèrent aussitôt de dénaturer la généreuse démarche du comte de Paris.

— Sachant bien qu'on ne saurait arriver à une entente, le prince est allé provoquer une rupture, dirent les uns.

— Il abandonne ses idées ; il ne tient aucun compte du sentiment personnel de ses amis; il va abdiquer entré les mains du comte de Chambord, dirent les autres. Il s'humiliera inutilement.

Son cousin ne consentira même pas à le recevoir.

Ce n'était pas là vérité; Non, le prince n'allait pas provoquer une rupture. Sans pouvoir deviner quelles seraient les conséquences de sa visite, il ne cherchait, ainsi qu'il l'avait dit, qu'à dégager sa parole. Il ne voulait pas laisser aux députés qui, deux ans avant, avaient voté l'abrogation des lois d'exil, le droit de lui rappeler sa promesse, en lui montrant les portes de la France, ouvertes sur la foi de cette promesse.

Il était arrivé à Vienne dans la soirée du samedi 2 août. Le dimanche matin, il envoyait à Frohrsdorf une dépêche au gentilhomme de service, afin de demander une audience au comte de Chambord. La réponse lui parvint par le télégraphe dans l'après-midi, lui annonçant qu'il recevrait le lendemain la visite de M. de Vanssay.

Ce dernier arrivait en effet, le lundi, dès neuf heures, porteur d'une note à laquelle le comte de Paris répondit sur-le-champ, de sa main :

« Vienne, 4 août 1873.

« M. le comte de Paris pense comme M. le comte de Chambord, qu'il faut que la visite projetée ne donne lieu à aucune interprétation erronée.

Il est prêt, en abordant M. le comte de Chambord, à lui déclarer que son intention n'est pas seulement de saluer le chef de la maison de Bourbon, mais bien de reconnaître le principe dont M. le comte de Chambord est le représentant. Il souhaite que la France cherche son salut dans le retour à ce principe et vient auprès de M. le comte de Chambord pour lui donner l'assurance qu'il ne rencontrera aucun compétiteur, parmi les membres de sa famille.»

Cet échange de notes avait pour but de régler les conditions et les termes de l'entrevue qui allait avoir lieu, et dont la signification se trouvait ainsi fixée. Le comte de Paris accepta tous les termes de celle du comte de Chambord, sauf un lambeau de phrase, et ajouta même dans sa réponse le dernier paragraphe, c'est-à-dire l'expression de son désir de voir la France chercher le salut, dans le principe que représente le chef de la maison de Bourbon. Depuis deux années, il avait maintes fois manifesté le même sentiment.

Il restait donc fidèle à soi-même en l'affirmant de nouveau.

Le comte de Chambord pouvait désirer qu'aucune question politique ne fût abordée. Le comte de Paris souhaitait de son côté qu'il en fût ainsi. Il n'estimait pas qu'il lui appartînt de traiter de certains problèmes politiques

dont la solution appartenait au pays, au nom duquel il n'avait point le droit de parler, encore moins de stipuler, et dont il entendait réserver les droits.

— J'ai des idées qui me sont personnelles, dit-il à M. de Vanssay ; mon cousin a les siennes. Ce n'est que par son accord avec la nation qu'il peut les faire prévaloir ou les modifier ; je n'ai pas plus à les examiner qu'il ne saurait me demander d'abdiquer les miennes.

M. de Vanssay se montra satisfait de ces paroles aussi bien que de la note rédigée par le comte de Paris. Il s'éloigna une demi-heure après être arrivé, chargé d'annoncer au comte de Chambord que son cousin partirait pour Frohrsdorf, le lendemain mardi, 5 août, à sept heures du matin.

Le lendemain, eu effet, vers neuf heures, le petit-fils du roi Louis-Philippe entrait dans le château du petit-fils du roi Charles X.

M. de Vanssay, qui était venu à sa rencontre, l'introduisit dans un salon où le comte de Chambord attendait, et les y laissa. Ce dernier reçut son cousin debout, et après avoir tendu la main, s'assit et le fit asseoir.

Le comte de Paris s'exprima alors en ces termes :

— Je viens vous rendre une visite que je souhaitais vous faire depuis longtemps. Je viens en mon nom, et au nom de tous les membres de ma famille, vous présenter nos respectueux hommages, non-seulement comme an chef de notre maison, mais encore, comme au seul représentant du principe monarchique en France. Je souhaite qu'un jour vienne où la nation française comprenne que son saint est dans ce principe. Si jamais elle exprime la volonté de recourir à la monarchie, nulle compétition au trône ne s'élèvera dans notre famille.

Tel est le langage que le comte de Chambord avait manifesté le désir d'entendre dans la bouche de son cousin, et qu'il entendit. Aussitôt après, il se leva les larmes aux yeux, et lui ouvrit les bras. Les deux princes s'embrassèrent.

La réconciliation était accomplie.

L'entretien prit un ton plus intime. La réception ne cessa pas d'être très-cordiale. Le comte de Chambord exprima à plusieurs reprises la joie qu'il éprouvait à recevoir son cousin. Aucune question délicate ne fut abordée, de part ni d'autre. On s'en tint à des généralités politiques. Elles firent les frais de l'entretien qui fut interrompu par l'entrée de la comtesse de Chambord. La princesse eut pour le comte de Paris le plus aimable accueil.

Le déjeuner eut lieu ensuite, et ce n'est qu'après être resté quatre heures à Frohrsdorf que le comte de .Paris repartit pour Vienne où le même jour sa visite lui fut rendue. C'est dans cette deuxième entrevue que le comte de Chambord exprima, dit-on, le regret de ne pas connaître les enfants de son cousin, et le pria de lui envoyer leurs photographies.

Dans la soirée, le comte de Paris, ayant dîné chez l'empereur François-Joseph, se rendit avec lui à l'Opéra, où une représentation de gala avait lieu en l'honneur du shah de Perse, à Vienne en ce moment, et qui parut très heureux de revoir le prince qu'il avait déjà rencontré à Paris.

Ainsi se passa cette entrevue depuis si longtemps désirée par le parti royaliste et par les princes eux-mêmes. C'eût été un tort de lui attribuer dès ce moment un caractère politique qu'elle n'avait pas eu. Les organes du comte de Chambord, aussi bien que ceux du comte de Paris, s'attachèrent à ne pas laisser d'erreurs se propager à cet égard. Elle n'en eut pas moins en France et en Europe, un immense retentissement.

Assurément, aucun des points litigieux n'avait été abordé; les princes placés en face l'un de l'autre, dans un entretien tout intime, n'avaient pas mission de les discuter. La question du drapeau restait entière; entier aussi le point de savoir si, dans le cas où une solution monarchique interviendrait, la constitution serait octroyée par le roi ou votée par la Chambre et imposée au roi. Mais la réconciliation de famille était consacrée ; le principe de, l'hérédité représenté par le comte de Chambord était reconnu, en même temps que le droit qu'a la France de revenir ou de ne pas revenir à ce principe; enfin, le comte de Chambord avait reçu l'assurance qu'il ne trouverait de compétiteur au trône, dans aucun des membres de sa famille.

C'était là un fait considérable dont le premier et heureux contre-coup devait se produire dans l'Assemblée nationale, en réunissant légitimistes et orléanistes en un seul et même faisceau. La monarchie n'était pas encore faite ; mais, elle pouvait se faire, car il ne restait plus à celui qui en était le seul représentant qu'à réconcilier la France avec sa personne et, avec son principe ; cette nouvelle allait causer en France une, émotion profonde et ranimer l'espérance des conservateurs.

M. le comte de Paris revint à Paris  peu de jours après. Il ne fit qu'y passer et rejoignit sa famille à Villers.

Il avait, selon son désir le plus vif, dégagé sa parole, tenu sa promesse, et accompli simplement, noblement un grand devoir.

Ce devoir, depuis longtemps, il désirait l'accomplir. Nature honnête et droite, intelligent, instruit, n'ignorant pas quelles espérances les conservateurs attachent au nom qu'il porte, il déploya dans ces circonstances le plus patriotique désintéressement, sans se laisser un seul instant détourner par une pensée d'ambition personnelle. On ne saurait trop le dire aujourd'hui.

Il l'a dit lui-même d'ailleurs dans une lettre qu'il écrivait au lendemain de l'entrevue de Vienne.

« Je vous remercie d'avoir si bien compris et apprécié ma récente démarche auprès de M. le comte de Chambord. J'ai été inspiré par une pensée d'union. J'ai voulu écarter tout ce qui pouvait faire obstacle à cette union des conservateurs, fondée sur des intérêts communs et sur un respect des opinions de chacun, partout où il peut y avoir divergence. Cette union peut seule nous sauver des ennemis sociaux. Le prince entendait par là le césarisme et le jacobinisme qui tous deux spéculent sur la lassitude publique pour infliger à la France leur odieux despotisme. »

Grâce à lui, et bien que la France eût seule le droit de prendre une décision, l'unité dans le parti royaliste était rétablie; là où il y avait eu deux monarchies, il n'en restait plus qu'une.

Le comte de Chambord fut profondément touché de cette démarche, surtout quand il put constater l'influence qu'elle exerça sur l'esprit public. Que ne s'inspirait-il d'un sentiment aussi généreux, et pourquoi l'exemple de son cousin ne le poussa-t-il pas à s'avancer jusqu'au bout dans la voie du sacrifice et à couronner son patriotique langage par un renoncement qui n'aurait pas atteint son honneur et qui, quoi qu'il en ait dit, loin de l'amoindrir, l'aurait fortifié ?

 

À paraître aux Éditions Lacour-Ollé.

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TROIS MOIS D'HISTOIRE CONTEMPORAINE

LA VÉRITÉ SUR L’ESSAI DE RESTAURATION MONARCHIQUE.

 

 

 

Lys

 

ERNEST DAUDET. 1875

 

LA VÉRITÉ SUR L'ESSAI

DE RESTAURATION MONARCHIQUE

 

CHAPITRE PREMIER. (4ième extrait)

 

 

 Cette idée faisait de tels progrès dans le public qu'elle touchait les esprits les plus modérés. Vers la fin de 1872, M. de Villemessant, rédacteur en chef du Figaro; se présenta un matin chez le comté de Paris qu'il ne connaissait pas, et lui tint ce langage :

— Monseigneur ; on dit que vous êtes l'empêchement à la restauration et que si M. le comte de Chambord ne cède pas aux prières de ses amis qui le supplient de consentir à des concessions nécessaires, c'est qu'il redoute un piége. Vous pouvez seul faire cesser ces défiances. A Votre place, je partirais avec madame la comtesse de Paris ; j'irais chez M. le comte de Chambord, en lui disant : " Mon cousin, nous voilà ! "

M. de Villemessant ne se doutait guère et ne put d'ailleurs deviner que ses paroles répondaient à l'une des plus vives préoccupations du prince» Mais l'heure n'était pas venue. Elle vint le 5 août, M. Thiers n'était plus là pour tirer parti contre les conservateurs de la démarche du prince. En outre, les vacances de l'Assemblée nationale et l'évacuation définitive du territoire rendaient cette heure propice.

Le comte de Paris avait pris depuis longtemps conseil de ses amis. Quelques-uns persistaient à se montrer antipathiques à son projet.

Soit par un attachement irréfléchi à un passé qu'il n'était pas en leur pouvoir de faire revivre, soit par crainte d'un accueil peu favorable à Frohrsdorf, ils cherchaient à faire ajourner le voyage « du chef de leur parti. »

M. le comte de Paris restait sourd à ces influences.

Il répondait :

— J'ignore si le parti orléaniste existe encore ce que je sais bien, c'est qu'il représente et doit représenter non des prétentions personnelles, mais la monarchie constitutionnelle et que c'est elle seule qu'il s'agit de restaurer.

Le duc de Chartres s'étonnait qu'on ne fût pas favorable au dessein de son frère. Il calmait les appréhensions, en disant :

— Je n'ai jamais été plus heureux qu'aujourd'hui.

Il en est tant qui réussissent à faire le bien, parfois même sans remplir leur devoir ! Pourquoi ne réussirions-nous pas, nous qui allons faire le nôtre ?

C'est ainsi que les princes parlaient à leurs amis. Les plus influents, les plus fidèles, se trouvant absents, le comte de Paris leur écrivit.

A l'un d'eux, il disait : « J'éprouve un grand soulagement à la pensée que je vais dégager jusqu'à la dernière syllabe, la parole que j'ai donnée il y a deux ans. »

Est-il nécessaire d'ajouter que la résolution du prince n'avait trouvé dans sa famille que des encouragements. Ses oncles, et notamment le duc de Nemours, étaient, dès longtemps, favorables à la démarche promise. Quant au  duc de Chartres, que la perspective de cette réconciliation de famille comblait de joie, il aurait bien voulu accompagner son frère. Mais,

retenu à Paris par les nécessités de son service, il dut ajourner sa visite. Il la fit ultérieurement, ainsi qu'on le verra plus loin. Le comte de Paris souhaitait que son projet, ne fût connu que lorsqu'il l'aurait réalisé. Il prit dans ce but quelques précautions. Le 31 juillet, afin de détourner la curiosité des malveillants et des indiscrets, il partait avec sa femme et ses enfants pour Villers-sur-Mer, petite station de bains, située près de Trouville et fort à la mode cette année. Il les y installa et revint le même soir à Paris, d'où il se mit en route pour Vienne, avec son oncle le prince de Joinville...

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TROIS MOIS D'HISTOIRE CONTEMPORAINE

LA VÉRITÉ SUR L’ESSAI DE RESTAURATION MONARCHIQUE.

Lys

ERNEST DAUDET. 1875

 

LA VÉRITÉ SUR L'ESSAI

DE RESTAURATION MONARCHIQUE.

 

CHAPITRE PREMIER (3ième extrait)

 

 

C'est à la suite de l'entrevue de Dreux, dans des circonstances qu'on n'a point oubliées et qu'il n'y a pas lieu de rappeler dans ce récit dont le but est autre, que les lois du 10 avril 1832 et 26 mai 1848, furent abrogées, grâce à l'union étroite de la Droite et du Centre Droit, union qui triompha des résistances et des répugnances de M. Thiers dont nous retrouvons les traces trop évidentes dans le discours qu'il prononça à cette occasion.

M. le comte de Paris était ainsi engagé, et la démarche du 5 août ne fut que la conséquence, de cet engagement. Durant ces deux années, il fut plus d'une fois tenté de partir, d'aller tenir sa parole. Mais alors que la France subissait encore l'occupation étrangère, le prince n'estimait pas que l'heure fût propice pour accomplir une démarche qui ne manquerait pas d'émouvoir le pays et d'où pouvaient sortir de graves agitations. Il ne voulait pas qu'on pût jamais reprocher à la monarchie d'avoir préparé son retour sous la protection des baïonnettes prussiennes.

C'est ainsi qu'il attendit. Le temps de son attente ne s'écoula pas sans lui apporter plus d'un mécompte. Les manifestes mémorables du 5 juillet 1874 et du 25 janvier 1872, affirmant avec énergie que le roi n'accepterait pas de conditions, et ne sacrifierait pas le drapeau blanc, la lettre du mois de février 1873, à l'évêque d'Orléans, enfin, les diverses paroles rapportées de Frohrsdorf, en creusant l'abîme qui séparait le comte de Chambord de la France, en rendant la restauration monarchique plus difficile, ne blessaient pas seulement les convictions les plus chères du comte de Paris ; il semblait encore qu'ils fussent dirigés contre ses amis et contre lui. Plus ceux-ci s'efforçaient de prouver leur abnégation pour faciliter la restauration et plus le chef de la maison royale, volontairement ou non, se

plaisait à frapper d'impuissance leur bonne volonté et leurs patriotiques efforts. Plus d'une fois, le comte de Paris fut le confident de leurs plaintes et de leur légitime ressentiment.

Par une singulière coïncidence, à mesure que s'approchait l'époque qu'il s'était assignée pour accomplir sa promesse, il devenait plus évident que le comte de Chambord ne voulait pas régner, et les événements se chargeaient de créer aux princes d'Orléans une situation qui précisément les désignait mieux chaque jour aux suffrages des conservateurs.

Certes, la tentation était grande. Se placer à la tête du parti constitutionnel, rallier autour de soi tous les libéraux, avec l'assurance d'enlever à la République conservatrice la plupart de ses adhérents, former contre les exagérés de tous les partis le parti national, et fonder avec lui la monarchie comme en Belgique, voilà une oeuvre qui n'était pas sans grandeur.

Le comte de Paris ne se demanda même pas si elle était possible. Il n'avait d'autre souci que celui de tenir l'engagement pris et de prouver qu'ainsi qu'il l'avait affirmé, il n'y aurait aucun compétiteur royal dans sa famille.

Pendant ce temps, les commentaires du public étaient variés et nombreux. Il ne connaissait pas les faits que nous venons de raconter et se figurait que si la fusion ne se faisait pas, c'est que les princes d'Orléans ne voulaient pas s'incliner devant le chef de leur maison. On persistait à les traiter comme les adversaires irréconciliables de la branche aînée. Les radicaux et les bonapartistes s'unissaient contre eux dans un concert d'éloges décernés tous les jours au comte de Chambord. Il n'était pas jusqu’aux ultras royalistes, qui ne les accusassent ouvertement d'être l'obstacle au rétablissement de la monarchie...

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TROIS MOIS D'HISTOIRE CONTEMPORAINE

LA VÉRITÉ SUR L’ESSAI DE RESTAURATION MONARCHIQUE.

  Lys


ERNEST DAUDET. 1875

 

LA VÉRITÉ SUR L'ESSAI

DE RESTAURATION MONARCHIQUE

 

CHAPITRE PREMIER.

(2ième extrait)

 

On sait aujourd'hui que le principe de M. le comte de Chambord n'est pas l'immuabilité, ni même ce retour en arrière dont on nous menaçait. La lettre écrite le 19 septembre 1873, au vicomte de Rodez-Benavent, a fait justice des appréciations que malheureusement des amis maladroits, et les imprudences de quelques membres du clergé avaient encouragées. Ce qui caractérise le principe du petit-fils de Charles X, c'est qu'il substitue en principe sinon en fait la souveraineté du roi à la souveraineté de la nation, et qu'il n'admet des règles du gouvernement constitutionnel que celles qui maintiennent le pouvoir royal dans une région idéale et supérieure d'où il dicte toujours des lois et n'en subit jamais. La doctrine parlementaire que représente plus spécialement le comte de Paris est tout autre.

Elle fait du roi le chef du pouvoir exécutif, c'est-à-dire le metteur en oeuvre des volontés de la nation, incarnée dans le parlement, volontés qui s'exercent régulièrement, grâce à un mécanisme ingénieux, et sans qu'il en coûte rien à la dignité du roi.

A Bordeaux, ces doctrines n'étaient pas encore nettement définies; par conséquent on n'avait pu encore mettre en relief les côtés par lesquels elles peuvent s'allier, se compléter, se fortifier, ni ceux par lesquels elles s'excluent. Aussi, les défiances tenaient-elles plus au passé qu'au présent, C'est en se rappelant Louis XV que les uns reprochaient au comte de Chambord de vouloir réédifier une monarchie sans contrôle; c'est en se rappelant Louis-Philippe que les autres redoutaient de voir le comte de Paris se poser un jour comme le candidat de la révolution.

Ces défiances qui n'ont pas encore entièrement disparu aujourd'hui et que les organes du parti, légitimiste avancé, n'ont jamais cessé d'exciter et de propager, sont un des malheurs du temps présent que nous devons au temps passé. La démarche du comte de Paris, la manière dont le comte de Chambord l'a maintefois appréciée, en ont fait justice, mais ne les ont pas pour toujours dissipées. Il y aura éternellement des catholiques plus catholiques que le Pape et des royalistes plus royalistes que le Roi.

Fort heureusement, le gros des partis se compose d'hommes modérés et non d'exagérés.

A Bordeaux, les modérés comprirent qu'avant d'entreprendre l'oeuvre de la restauration monarchique, il importait de déblayer le terrain de ces malentendus funestes, et que puisque le gros des royalistes souhaitait le rapprochement des princes, il fallait le préparer.

L'occasion propice et désirée ne tarda pas à se présenter.

De Bordeaux, l'Assemblée nationale était venue à Versailles et au milieu des difficultés de toute nature qui s'élevaient à chaque heure devant ses pas, elle procédait à la vérification des pouvoirs de ses membres. C'est ainsi qu'elle eut à se prononcer sur la validité des élections du duc d'Aumale et du prince de Joinville. Or, la situation faite aux princes par la loi du 26 mai 1848, interdisant aux membres de la famille de Bourbon l'accès du sol français, nécessitait que préalablement à leur admission dans l'Assemblée, on se prononçât sur cette loi.

Sans doute, à n'en considérer que la lettre, le bannissement n'impliquait pas la perte des droits civils ; les princes, dès lors, étaient éligibles et leur élection devait être validée.

Mais, comment admettre qu'on leur maintiendrait un mandat sans leur donner en même temps la possibilité de l'exercer ; qu'on leur ouvrirait l'Assemblée nationale sans leur ouvrir la France ? C'est cependant ce qui serait arrivé, si, conformément à l'opinion d'un certain nombre de représentants, on eût purement et simplement prononcé la validité des élections de l'Oise et de la Haute-Marne.

Raisonnablement, il fallait abroger les lois d'exil, et deux propositions furent déposées dans ce but, l'une par M. Jean Brunet tendant à rapporter toutes les décisions législatives entraînant le bannissement, l'autre par M. Giraud, spéciale aux princes de la maison de Bourbon. C'est à celle-ci que se rallia la majorité.

Mais la formation de cette majorité nécessita d'abord des négociations et des pourparlers entre les chefs de la Droite dont le vote était nécessaire au succès et ceux du Centre Droit. La résistance opiniâtre que M. Thiers avait manifestée, dès Bordeaux, contre la rentrée des princes, ne permettait pas de compter sur le concours du Centre Gauche dont le chef du Pouvoir Exécutif s'était dès lors emparé.

— Nous ne voulons pas, disaient les chefs de la Droite, ouvrir les portes de la France aux princes d'Orléans, si nous devons un jour les trouver sur le chemin du trône, en opposition au roi légitime.

- Vous ne les y trouverez jamais, répondirent les chefs du Centre Droit. Quel engagement souhaitez-vous?

- La parole des princes et l'assurance que M. le comte de Paris, au nom de tous, les siens, ira rendre à M. le comte de Chambord l'hommage qu'ils doivent au chef de leur maison et au seul représentant du principe monarchique.

A la suite de ces pourparlers, une entrevue fut décidée entre le duc d'Aumale et le prince de Joinville et les membres les plus influents de la Droite légitimiste. Elle eut lieu à Dreux, au mois de mars 1871. Là, les princes, déclarèrent qu'il n'existait aucun prétendant dans la famille d'Orléans, et que si la France souhaitait jamais de revenir à la monarchie, aucune compétition royale ne s'élèverait parmi les membres de leur maison. Puis, ils s’engagèrent à faire parvenir par le comte de Paris, en son nom et au nom des siens, cette assurance à M. le comte de Chambord, se réservant le droit de fixer l'époque où cette démarche devrait être faite...

 

À suivre...

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TROIS MOIS D'HISTOIRE CONTEMPORAINE

LA VÉRITÉ SUR L’ESSAI DE RESTAURATION MONARCHIQUE Lys


ERNEST DAUDET. 1875

 

 

LA VÉRITÉ SUR L'ESSAI

DE RESTAURATIOM NONARCHIQUE

 

CHAPITRE PREMIER. (1er extrait)

 

 

Ces idées commencèrent à se faire jour dès que les élus du 8 février se trouvèrent réunis à Bordeaux. On ne songeait point encore avec suite aux solutions définitives. Une oeuvre plus urgente, l'oeuvre de la paix, s'imposait au patriotisme de tous et absorbait leurs instants.

Mais dans les allusions qui furent faites à la  possibilité d'une restauration, on voyait percer le désir d'un rapprochement entre les princes, et lorsque M. Thiers, jaloux d'être le chef du pouvoir exécutif, désigné d'ailleurs pour ces hautes fonctions par son nom, ses opinions, — hélas ! trahies depuis ! — son rôle précédent, quémandait les suffrages de ses collègues, c'est encore sur la réconciliation de famille qu'il basait les espérances du rétablissement de la royauté, dont l'expression se trouvait dans sa bouche toutes les fois qu'il adressait la parole à un royaliste. L'histoire enregistrera

quelque jour les engagements qu'il prenait alors vis-à-vis de ses collègues de la Droite, auxquels il promettait la restauration par ses soins, acte qu'il appelait « la monarchie unie. »

Alors, comme à des époques précédentes, mais avec beaucoup plus d'énergie, la fusion apparaissait à tous, comme la condition indispensable

de la restauration. Il suffisait qu'elle eût été posée ainsi, pour devenir aussitôt le but commun de tous ceux qui n'ont pas foi dans l'efficacité de la forme républicaine et croyaient alors comme aujourd'hui, que la France vaincue, affaiblie, isolée en Europe, ne pouvait se relever que par un retour sincère au régime constitutionnel, sauvegardé par les sages institutions dont la monarchie héréditaire et nationale contient à la fois la formule la plus nette et l'instrument, le plus actif.

En d'autres temps, la même nécessité avait frappé et pénétré les esprits,, les plus sages; mais leur conviction et leurs efforts étaient demeurés stériles, parce que la possibilité d'agir leur faisait défaut. On ne met d'ardeur à l'étude des solutions décisives, alors même qu'on les souhaite passionnément, on ne s'attache à les réaliser qu'autant qu'elles sont réalisables.

Or, lorsque, pendant la durée de l'empire, légitimistes et orléanistes avaient tenté de rapprocher les princes, ils n'apportaient pas à leur oeuvre cet entraînement que peut seule donner l'urgence qui s'impose avec la probabilité du succès. Alors la fusion, quelque sincère qu'elle pût être, aurait conservé malgré tout, un caractère platonique; elle aurait été sans influence sur les destinées de la France, ceux qui la poursuivaient en demeuraient convaincus et cette conviction affaiblissait à leur insu la bonne volonté qu'ils déployaient pour, vaincre les difficultés élevées devant leurs pas.

Mais, en 1871, les circonstances étaient bien changées...

 

Les royalistes avaient en face d'eux, non un gouvernement établi, mais un pouvoir; sans consistance, qui n'allait trouver une force que dans le concours de l'Assemblée nationale et ne pouvait rien sans elle. Le pays, désorganisé, épuisé, énervé, semblait en proie à un vertigineux affolement, et si les embarras de l'heure présente, en nécessitant l'union de tous les partis qui seule les pouvait résoudre, rendait impossible un changement immédiat de gouvernement, il était raisonnable de penses que le jour n'était pas éloigné où le pays accepterait le pouvoir de ceux qui lui apporteraient le salut dans une combinaison basée sur un leurs tentatives, usant de ruse pour conquérir le droit, non de faire parler d'eux, mais de remplir obscurément leur devoir.

La légende de Robert-le-Fort faisait sa route à travers l'armée française. Les pérégrinations du prince de Joinville, errant comme un proscrit sur sa terre natale, poursuivant vainement l'honneur de combattre et de mourir

pour elle, quoiqu'encore imparfaitement connues, ajoutaient un charme mystérieux et quasi shakespearien à l'histoire militaire de ces princes si Français par l'esprit et le coeur, dont le souvenir n'avait pu disparaître du pays aux destinées duquel ils avaient été mêlés si  longtemps, au milieu de fortunes diverses.

Enfin, leur situation personnelle trouvait une force singulière dans l'effort aussi long que leur exil, qu'ils avaient tenté et réussi, afin de rester toujours en communication d'idées avec la France. Absents, ils étaient demeurés présents à la patrie, à laquelle ils parlaient sans cesse, tantôt poursuivant en des livres remplis d'observation et de science, l'étude des plus graves problèmes économiques, tantôt ressuscitant les souvenirs des guerres d'Afrique, tantôt enfin, racontant l'histoire de la maison de Condé.

Aussi, la France ne les avait pas oubliés.

Le 8 février 1871, M. le duc d'Aumale et M. le prince de Joinville étaient élus députés, l'un par le département de l'Oise, l'autre par les départements de la Haute-Marne et de la Manche. Leur nom mis spontanément par les conservateurs de ces contrées sur les listes électorales, sortit victorieux de l'urne, comme afin de prouver que la France n'est point aussi oublieuse, ni aussi ingrate qu'on l'a prétendu, et qu'elle sait,' à son moment, rendre à ceux qui l'ont mérité, par leur patriotisme et les services rendus, l'hommage de sa reconnaissance.

Mais, ce n'est pas tout. A cette heure où l'indécision, l'anxiété, le doute remplissaient la plupart des esprits, la maison d'Orléans, puissante par le nombre et la race, reprenait sa place parmi nous, comme une espérance poussée subitement du milieu de nos désastres.

On se plaisait à incarner dans la personne du premier d'entre les princes, ce noble gouvernement constitutionnel qui s'étend peu à peu par toute l'Europe, ainsi que les pousses vivaces d'un arbre vigoureux, et M. le comte de Paris apparaissait, aux yeux d'un grand nombre de Français, comme un jeune homme capable de relever la couronne nationale, et de réconcilier avec elle la France moderne. Si, comme on le prétendait déjà, M. le comte de Chambord n'avait pas le désir de régner ou s'il ne voulait régner qu'a des conditions qui rappelleraient un régime disparu et dont la nation ne veut plus, un autre prince nous restait avec lequel la  réorganisation serait facile, puisqu'il représentait à la fois le principe monarchique et le principe libéra Peu de gens, à vrai dire, souhaitaient que le comte de Chambord désertât volontairement la tâche qui l'appelait. Les plus avisés, les plus sages n'hésitaient pas à reconnaître que la monarchie serait d'autant plus solide qu'elle grouperait plus fortement autour de soi tous les royalistes sans exception. Or, le comte de Chambord reconnaissant le comte de Paris pour son héritier légitime et direct, pouvait seul reconstituer ce grand parti et fonder sur des bases inébranlables la monarchie constitutionnelle.

M. le comte de Paris lui-même ne voulait pas une autre solution. Instruit par les méditations de l'exil et l'histoire de sa propre maison, ce jeune prince possédait, à défaut de l'expérience consommée qui est le privilège de la vieillesse, une sagacité profonde. Il avait déjà compris que son avènement au trône, à l'exclusion du comte de Chambord, lui créerait, dès le début de son règne, une situation affaiblie et précaire.

Le parti monarchique ne pouvait être fort que par l'union de tous les conservateurs. Aussi, quoiqu'il se fit honneur d'être aux ordres de la France, il inclinait à croire que la fusion devait précéder toute tentative de restauration ; qu'à moins d'un acte d'abdication qui n'était point à espérer, qu'il se refusait formellement à désirer ou à provoquer et dont il suppliait

ses amis de ne jamais faire dépendre leurs résolutions, c'est avec le comte de Chambord, entouré de toute la maison de Bourbon, que la royauté devait se présenter au pays.

Ces pensées, qu'il avait sans doute méditées longtemps, le comte de Paris les communiquait fréquemment à son entourage. Aussitôt après le 4 septembre, il y puisait les mobiles de sa règle de conduite, et aux nombreuses lettres qui lui arrivaient dès ce moment, il répondait en exprimant les sentiments qui viennent d'être indiqués, et affirmait qu'il n'avait et ne se laisserait supposer aucune prétention, plaçant d'ailleurs au-dessus de toutes les volontés personnelles la volonté de la France.

Arrivés à Bordeaux, les députés légitimistes ne tardèrent pas à connaître ces sentiments. Leurs défiances ne tombèrent pas sur-le-champ.

Bien que l'Empire eût fait un sort commun aux vainqueurs et aux vaincus de 1830 et que l'identité du malheur les eût rapprochés, les vieilles haines n'étaient pas entièrement dissipées.

De part et d'autre, on nourrissait des appréhensions et des arrière-pensées.

Pour les uns, M. le comte de Chambord représentait obstinément la monarchie du droit préexistant, c'est-à-dire un principe immuable que ses partisans entendent faire respecter comme un dogme, et qui ne pouvait revivre parmi nous qu'en nous ramenant à un siècle en arrière, c'est-à-dire en deçà de 1789.

Pour les autres, M. le comte de Paris représentait une des formes les plus trompeuses, les plus perfides de la révolution, et son principe, subordonné toujours et partout aux accidents variables de la souveraineté nationale, ne pouvait accomplir qu'une oeuvre mauvaise et démoralisatrice.

Ces deux appréciations étaient également fausses...

 

 

À suivre...

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TROIS MOIS D'HISTOIRE CONTEMPORAINE.

LA VÉRITÉ SUR L’ESSAI DE RESTAURATION MONARCHIQUE.

 

Lys

ERNEST DAUDET. 1875


  INTRODUCTION

  Nous entreprenons le récit succinct, mais fidèle, des événements qui se sont accomplis depuis le 5 août, à la suite de la visite faite par M. le comte de Paris au chef de la maison de Bourbon, et des préliminaires de cette visite.

Cette époque est assurément une des plus curieuses, des plus émouvantes de notre histoire. Tandis que la France pouvait raisonnablement croire que l'effort tenté par quelques hommes de bien la ramenait à la monarchie, une fatalité plus haute que leur volonté l'éloignait brusquement de ce but.

Aucune émotion ne devait manquer à cette phase agitée. Elle a eu un dénoûment solennel autant qu'inattendu. Ce dénoûment, c'est le manifeste de Salzbourg, qui a porté aux espérances de certains royalistes un irréparable coup, et duquel on a pu dire justement que, pour son auteur, il équivalait à un suicide.

Il y a eu, depuis le 5 août, trois périodes diverses, rigoureusement déterminées.

La première est marquée par le voyage de M. le comte de Paris à Vienne. Après avoir paru n'être autre chose qu'une réconciliation de famille, ce voyage à marqué l'aurore des espérances, monarchiques ; la seconde par la démarche de MM. de Sugny et Merveilleux- Duvignaux, après laquelle l'enthousiasme du premier jour est tombé, quand on a pu croire que M. le comte de Chambord repoussait définitivement le drapeau tricolore et maintenait le drapeau blanc; la troisième enfin qui commence au moment

ou MM. Lucien Brun et Chesnelong reviennent de Salzbourg, rapportant des déclarations formelles destinées, hélas! A recevoir un démenti non moins formel.

La première période a trouvé le pays surpris autant que charmé, de voir surgir tout à coup une combinaison à laquelle il ne croyait plus. Il y a eu autant d'enthousiasme chez les conservateurs que de terreur chez les radicaux. La monarchie a paru faite, et si, dans cette heure solennelle, M. le comte de Chambord avait lancé un manifeste établissant la royauté légitime à l'ombre du drapeau tricolore, elle eût été accueillie, acclamée par la grande majorité du pays. Il eût été simple alors de convoquer sur-le-champ l'Assemblée nationale et, au moment où nous écrivons, Henri V résiderait à Versailles.

Malheureusement, — ici commence, la seconde période, — on s'aperçut vite que ces espérances n'étaient pas fondées et qu'il fallait en rabattre. La question du drapeau se posait à côté des difficultés nées sur le terrain constitutionnel. Il y eut une minute où la France cessa de croire, perdit confiance, prit ses espérances pour des illusions et les vit se dissiper.

Tout à coup, on apprend que le délégué du Comité des Neuf se rend à, Salzbourg où le comte de Chambord lui a donné rendez-vous. La France se reprend à croire, et quand M. Chesnelong revient rendre compte de sa mission à la Commission des Neuf, il n'y a qu'un cri ; ce cri-enthousiaste, exagéré même, est celui-ci : « La monarchie est faite! » C'est la troisième période.

Oui, la monarchie pouvait encore se faire. Mais, que de temps perdu ! que de délais funestes laissés à ses adversaires !

A cette heure assurément, elle était compromise. Quoique séparés par des abîmes, ses ennemis se coalisaient. Les radicaux et les bonapartistes, après avoir exprimé une violente indignation contre l'alliance Napoléon-Portalis, s'inspiraient de la même idée pour se rapprocher et s'unir.

Puis, fortifiés par l'adjonction du Centre Gauche dévoyé, ils s'organisaient en parti de résistance, sous la direction de M.Thiers, en rassurant les conservateurs par le projet de prorogation des pouvoirs du maréchal président, qu'ils ont essayé plus tard de faire avorter.

C'est alors que ce dernier prend la parole et déclare qu'il est résolu à quitter e gouvernement, si la majorité conservatrice devient minorité. « Si, comme soldat, dit-il, à ceux qui vont lui demander des explications, je suis toujours au service de mon pays, comme homme politique, je repousse absolument l'idée que je dois garder le pouvoir. J'ai été nommé par la majorité, je ne me séparerai pas d'elle. »

Ces paroles, diversement interprétées, laissent croire aux conservateurs que si la majorité ne parvient pas à fonder la monarchie, le pouvoir tombera aux mains des radicaux, et dès lors, la solution monarchique s'impose.

On a discuté avec ardeur la question de savoir si cette solution aurait eu la majorité. Oui, la majorité était faite et quoi qu'on ait dit avant, les hommes de bonne foi reconnaissent aujourd'hui que si la lettre de Salzbourg n'avait pas été écrite, l'Assemblée nationale eût nommé Henri V roi de France.

Qui peut dire quelles eussent été la grandeur et la prospérité d'un règne inauguré par l'accord de la souveraineté nationale avec la souveraineté du roi?

Un des ennemis les plus implacables de la monarchie s'écriait naguère : « Si elle se fonde, nous en avons pour cinquante ans.» Cinquante ans! c'est-à-dire plus de temps qu'il n'en faut pour réparer tous nos désastres et fonder par la réforme des institutions et des moeurs, le règne de la loi et de la liberté ! Dieu n'a pas voulu qu'il en fût ainsi et nous demeurons livrés

aux aventures, n'ayant d'autres conditions de salut que celles qui résulteront de l'union des conservateurs.

L'échec de la monarchie a ameuté contre ses partisans tous ses adversaires

qui les ont accusés d'avoir intrigué et conspiré ! Quoique nous n'ayons pas pour mission de les défendre, la justice nous oblige à dire qu'à la veille de discuter des solutions imposées, les efforts tentés pour restaurer par les voies légales une monarchie constitutionnelle, ne sauraient être comparés à une conspiration qui procède toujours par les voies illégales.

Les promoteurs de la Restauration n'ont caché ni leur plan, ni leurs desseins, ni leur but. C'est peut-être même la première fois qu'on voit un parti procéder ainsi et préparer ouvertement son oeuvre.

C'est que les chefs de ce parti n'ignoraient pas qu'en dépit des clameurs et

des résistances, le pays conservateur n'attendait que le succès pour se rallier à eux et pour accueillir, comme l'aurore de son salut, l'avènement d'un pouvoir qui devait être tout à la fois l'épouvantail des coalitions révolutionnaires et la clef de voûte de l'union des gouvernements européens.

On comprenait que l'heure approchait où toutes les forces conservatrices

seraient groupées dans le camp monarchique, contre la révolution, toujours redoutable, qu'elle porte le manteau césarien, ou le péplum démagogique. Il pouvait y avoir alors des grands jours pour la France, et la destinée qui nous semblait promise, si elle ne s'est pas réalisée, n'en reste pas moins assez enviable pour justifier les tentatives de ceux qui voulaient

en doter la France. Ce n'est pas leur faute après tout si ces tentatives ont échoué. C'est le manifeste de Salzbourg qui les a arrêtées.

L'échec de la monarchie oeuvre volontaire du roi ! voilà ce que nul n'avait le droit de prévoir.

Pour que le monde ait assisté à un tel spectacle, il fallait des temps aussi profondément troublés que les nôtres.

Il nous a paru que raconter ce qui s'est dit et fait à cette occasion, c'était accomplir une oeuvre utile au présent autant qu'à l'avenir. Les hommes et les faits vont se pressant et se précipitant avec une rapidité telle que le souvenir en disparaîtrait si l'écrivain ne les arrêtait au passage.

C'est à cela que se réduit notre tâche.

Les pages qui suivent ne sont que le résumé de notes recueillies au jour le jour, au fur et à mesure que les événements se produisaient. Ecrites dans un esprit de justice et de vérité, puisées aux sources les plus sûres, nous n'avons pas voulu qu'elles fussent perdues pour l'histoire.

Telle est l'origine de ce livre. Il sera lu avec autant d'intérêt que de fruit et restera nous en sommes certain, le guide le plus sûr de ceux qui voudraient, aujourd'hui ou plus tard, faire revivre cette émouvante phase qui a porté un coup fatal à la royauté de droit divin, incarnée dans la personne, les doctrines et le drapeau de M. le comte de Chambord, et ne laisse de place maintenant qu'à une monarchie fondée, il est vrai, sur l'hérédité, mais aussi sur l'accord de la souveraineté du roi avec la souveraineté de la nation, royauté en dehors de laquelle il n'y a que la révolution ou des expédients toujours précaires et souvent aussi dangereux...

 


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Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #FRANCE SECRETE-HERMETIQUE

Avertissement : Cette approche, qui constitue un condensé de l' "Introduction à la Géographie Sacrée de Paris. Barque d'Isis" se veut un hommage à l'un de nos regrettés ami en Atlantis. Nous espérons, par cette synthèse, donner envie à ceux qui auront lu ces notes d'acquérir le livre de Jean Phaure qui, à notre connaissance, a fait l'objet d'une réédition realtivement récente. Nous ne tirons ici aucun profit, peut-être même nous exposons-nous à des poursuites. Nonobstant, nous connnaissions Jean Phaure et ce dernier était pour que la Tradition circule et qu'elle apporte un éveil salutaire aux hommes. Aussi lui était-il toujours agréable de citer, puis d'être cité, à condition que les guillemets entrent en ligne de compte. Ceci est chose faite. Bonne lecture.

 

 

LA CITE DE PARIS. BARQUE D'ISIS.

 

Paris

 

TROISIÈME EXTRAIT.

 

LE LOUVRE ET LES TUILERIES.

 

→ La statue équestre de Louis XV de Bouchardon était tournée vers comme il se doit. En 1790, elle est détruite et en octobre 1792 se dresse la guillotine, d’abord du côté des Tuileries puis des Champs-Elysées. Là aussi il y a « glissement » vers l’ouest ! ce qui devait devenir la place de la Concorde est le centre d’une croix formée par le decumanus, là où il sort du Paris monarchique, avec l’axe perpendicualire formé de part et d’autre de la Seine par l’église de la Madeleine (le Foi de Dieu) et le palais Boubon-Assemblée nationale (les lois des hommes). On peut aussi noter que le pont de la Concorde qui est le bras sud de cette croix a été achevé avec des pierres de la Bastille. Ce lieu est la Croix où s’est crucifiée la Monarchie au terme de son cycle « précessionnel » de 1296 ans (25920 ans/20). Après le Roi-Saint, il fallait le Roi martyr…En deux ans, 1719 têtes tombent dans ce lieu symbolique, dont celle du Roi le 21 janvier 1793 (il meurt tourné vers l’est), de la Reine le 16 octobre et du cousin du roi Philippe d’Orléans, « Philippe Egalité », le 06 novembre.

 

→ Et le forme même de cette place semblait porter ce symbolisme solaire et sacrificiel : c’est octogone (8) inscrit dans un rectangle (4) bâti sur 4 axes. Hittorf, au siècle dernier sembla avoir été inspiré de continuer cette arithmosophie traditionnelle puisqu’il fait installer les 8 statues des villes de France, qui font de la place une Rose des Vents, les 16 colonnes rostrales et les 32 rostres…marquant ainsi la progression numérique même qui préside au symbolisme solaire et créationnel de la rosace nord de Notre Dame…Remarquons que le Roi-martyr qui a été immolé sur cette place est le seizième Louis… (la Tour Foudroyée).

 

 


 


[1] Certains affirment que le mot Louvre dériverait du breton lovrez (léproserie). Si un tel édifice a effectivement existé à l’emplacement du Louvre il faudrait admettre qu’il est antérieur au VII ième siècle. Or ce n’est qu’au moment des croisades qu’il acquiert ce nom. On a le germanique leouar, lowaer qui a le sens d’emplacement fortifié, fort ou château. Mais il y a aussi le latin médiéval dans lequel Louvre était dit : Lupara ce qui rattacherait le site aux hommes-loups ou femmes-louvres expliquant ainsi la sacralisation primitive du lieu..

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