LIVRE PREMIER
NOTIONS GENERALES.
CHAPITRE VII
LE MOUVEMENT.
1. — Le mouvement met en jeu les différentes parties du corps, séparément ou simultanément. Le visage donne l'expression, le corps prend une attitude, le bras fait le geste.
2.—Le visage exprime les sentiments de l'âme, passion, joie, deuil, douleur, indignation, espérance, résignation.
Les yeux baissés indiquent la modestie et fixes, l'orgueil ; dirigés vers le ciel, la prière; ils voient, pleurent, menacent et commandent.
La tète droite dénote le calme; rejetée en arrière, l'arrogance; inclinée, la compassion et la pitié, la mort (le Christ sur la croix penchée en avant, la modestie, la soumission.
La bouche s'ouvre pour chanter ou vociférer, ce qui n'est pas toujours gracieux (chœur de la façade de N. D. d’Avioth, XIVe s.). Elle reste fermée, quand il s'agit simplement de la parole. Montrer les dents est signe de colère et tirer la langue signe de mépris.
L'oreille écoute ; le nez odore (panneau du XIVe s. au mus. Chrét du Vatican, résurrection de Lazare).
3. —L’attitude est, suivant l'Académie, « la position du corps. »
Le personnage est debout, dignité ou résurrection ; assis, majesté, sainteté et enseignement (les évangélistes, les arts libéraux) ; agenouillé, supplication (les donateurs) ; couché, mort et abaissement; prosterné, soumission, adoration, pénitence et humiliation ; incliné, respect ; soulevé de terre, extase ; volant, glorification ; transporta, vénération.
4. — Los pieds marchent ou sont immobiles. La marche dénote l'activité et l'agilité, le voyage, le pèlerinage, les affaires. Les pieds superposés sont un indice de fatigue et de lassitude : le Christ les a ainsi sur la croix, ce qu'expliquent ces vers du Dies irae :
Quaerens me sedisti lassus
Redemisti renecem passus.
Quand les jambes sont croisées, le personnage est au repos et prend ses aises ; par exemple, Hérode ordonnant le massacre des Innocents, sur la chape de Boniface VIII, à Anagni.
5. — Le geste accompagne d'ordinaire la parole qu'il accentue : on iconographie, il la remplace presque constamment. Il se fait avec le bras, la main et le doigt.
Bras levés, supplication ; bras ouverts, joie, accueil, bonté (le Père éternel, le père de l'enfant prodigue) ; bras tendus, rédemption (le Christ en croix) ; bras droit levé, geste de colère (le Christ du jugement dernier de Michel-Ange) ; bras droit tendu et main horizontale, silence demande ou imposé ; bras tendu et main ouverte, démonstration (Pilate à la scène de l'Ecce homo) ; bras passé autour du cou, protection (S. Pierre et S. Paul pour Sainte Praxède et Sainte Pudcntienne, mosaïque romaine du ix" s.); coude appuyé, méditation, attention à ce qui se dit.
6. — Les mains gesticulent, agissent, combattent, tiennent les attributs: mains jointes, prière, grâce reçue (la Vierge à la Conception et à l'Assomption) ; mains serrant le genou, hésitation, angoisse (Pilate siégeant au prétoire) ; mains voilées d'un linge ou couvertes du vêtement, usage romain pour la présentation et l'acceptation (les martyrs tenant leur couronne), signe de vénération (le vieillard Siméon à la Présentation) ; mains imposées sur une personne ou un objet, bénédiction, protection (multiplication des pains) : « Imponens manus superillos benedicebat cos » (S. Marc., X, 16) ; guérison: « super aegros manus imponens et bene habebunt» (S. Marc., XXI, 18) ; confirmation, pénitence, sacrement de l'ordre; mains serrées, amitié, pacte, foi conjugale ; mains vues par fa paume, joie.
Main ouverte, déclaration (le Père éternel proclamant la divinité de son Fils); main appuyée sur l’épaule, présentation, protection (mosaïq. de Rome, spécialement pour les donateurs) ; main portée à la joue, méditation, réflexion, douleur (S. Jean à la crucifixion): « Manum ad maxillam tristi admiratione ponerent » (S. Augustin., in Judic, quaest. 55) ; main couvrant la figure, honte, douleur; main levée pour frapper, colère, emportement ; main droite appuyée sur la tête, sommeil ; main sous le menton, perplexité (Pilate sur les sarcophages primitifs) ; main donnée par le mari, tandis que la femme s'appuie sur son épaule, soutien, confiance; main prenant le pied, adoration (mos. de Rome); « Et tenuerunt pedes ejus et adoraverunt eum » (S. Matth., XXVIII, 9) ; poignée demain, fraternité, alliance, amour conjugal.
Doigts portés à la tête inclinée ou au front, rêverie, mélancolie; trois doigts levés et les deux autres repliés sur la paume de la main, allocution, bénédiction latine; les deux index levés, négation.
Index incliné, affirmation; index levé, dirigé vers une personne ou un objet, indication, prophétie, désignation: S. Jean Baptiste indiquant l'agneau de Dieu, ce qu'expliquent ces deux vers à ; Vézelay :
Agnoscant omnes quia dicitur iste Johannes :
Ecco tenet populum, demonstraus indice Christum.
Doigt sur les lèvres, discrétion, silence.
7. — L’embrassement se fait avec les deux bras : il est l'indice de l'accueil bienveillant (scène de la Visitation) ou de l'amour passionné, quand il se joint au baiser.
8. — Le baiser est un signe d'union, d'amour, de paix, d'adieu, de réconciliation. Baiser la main signifie déférence et vénération : Marthe baise ainsi le Christ quand elle lui annonce la mort de Lazare ; baiser le visage, affection, tendresse; baiser les objets, par exemple une croix ou une image, dévotion.
9. — Types iconographiques. Fig. 44 : Mains couvertes par respect, Ezéchias, min. grecque, XIe s. — Fig. 45 : Geste indicateur, S. Jean Baptiste, miniat. franc, XIVe s. — Fig. 46 : Baiser et embrassement de S. Joacbim et St e Anne, vitrail de Ferrières (Loiret), XVIe s.
CHAPITRE VIII
LES CHEVEUX ET LA BARBE
1. — Les cheveux et la barbe constituent, en iconographie, une double caractéristique qui ne doit pas être négligée, car elle a sa signification.
2. — La barbe est le signe do la virilité. Longue et épaisse, elle désigne plus particulièrement un vieillard et inculte, un solitaire ou ermite, comme S. Jean Baptiste qui vécut dans le désert.
L'absence de barbe indique la jeunesse ou, symboliquement, une jeunesse sans fin, comme font pratiqué les premiers siècles pour le Christ et comme on l'observe encore pour les anges.
La barbe fut portée constamment en Orient : en Occident, elle cesse avec le VIe siècle et un des derniers qui l'ait portée est S. Grégoire le Grand. Le moyen âge ne l’a pas reprise et il faut arriver au commencement du XVIe siècle, au pontificat de Jules II, pour la voir reparaître dans Tordre ecclésiastique.
3. — Les cheveux dénotent la force, la plénitude de l'âge : les enfants n'en ont pas et les vieillards les ont perdus en partie, aussi les représente-t-on presque toujours avec le front chauve et ceux qui leur restent sont blancs. Quant à leur couleur ordinaire, elle varie : noir, roux, blond, châtain.
Les cheveux présentent trois aspects : longs, courts, taillés aux ciseaux ou au rasoir. Les cheveux longs, tombant sur les épaules, conviennent au Christ, qui se conformait à la coutume des Nazaréens; ils attestent l'état d'innocence, comme pour la Vierge et les jeunes filles, ou une parure mondaine, par exemple pour la Madeleine, ou la vie dans le désert, ainsi qu'on figure S. Jean Baptiste ou encore le désespoir, au massacre des Innocents entre autres. Incultes, ils sont appropriés à la vie érémitique; hérissés, ils expriment l'effroi.
Taillés aux ciseaux, ils forment la couronne cléricale, le reste de la tête tant rasé: au XVIe siècle, les réguliers sont seuls ainsi représentés. Au moyen âge, il y eut deux sortes de tonsures : la tonsure large, qui est celle dite de S. Pierre et se fait obliquement sur la tête; la tonsure étroite, qui est celle dite de Simon le magicien et se fait horizontalement au sommet de la tête.
4. — La tête est nue ou couverte. Nue, elle exprime la soumission, l'infériorité, la béatitude et la glorification, à moins qu'elle ne porte un signe distinctif, comme sont la mitre et la couronne royale qui font reconnaître les personnages.
La tête couverte différencie quatre catégories d'hommes : la dignité, civile, ecclésiastique, militaire ; les trois jeunes hébreux et les mages, qui, aux hautes époques, ont le bonnet persan, pour attester une origine lointaine; les juifs, que le moyen âge a coiffés d'une petite calotte pointue; les gens de métier ou de bas étage, comme militaires, infirmes, voyageurs, paysans, pécheurs, marins, ouvriers.
5. — Types iconographiques. Fig. 47 : Le Christ imberbe, à la résurrection de Lazare, ivoire du Ve s. — Fig. 48 : Bonnet juif, sculpture de la cathédrale de Chartres, XIIIe s.
CHAPITRE IX
LES VÊTEMENTS
1. — Les vêtements sont le résultat immédiat de la chute de l'homme, qui s'aperçoit de sa nudité après son péché : « Cumque cognovissent se esse nudos, consuerunt folia ficus et fecerunt sibi perizomata » (Gènes., III, 17,). Ils indiquent donc la vie sur la terre.
2. — Le costume est de deux sortes : costume usuel, qui convient à tous indistinctement ; \ costume de fonction ou de dignité, pour distinguer la personne qui en est revêtue. Au point de vue de la condition sociale, on doit créer plusieurs catégories : de là le costume royal, pontifical, ecclésiastique, religieux, militaire, civil.
Les insignes sont la partie la plus saillante du costume et rentrent dans la classe des attributs. Ce sont par exemple, pour l'empereur, la couronne, le sceptre, le globe ; pour l’évêque, la mitre et la crosse; pour le prêtre, le calice et la chasuble, etc.
Le costume des hommes est toujours différent de celui des femmes, de même que le costume des enfants.
3— Au détail, on rencontre pour les enfants, les langes et les bandelettes, la robe longue sans ceinture, la tunique courte ; pour les femmes, la robe, avec ou sans ceinture, le manteau et le voile ; pour none, la tunique, longue ou courte, la ceinture qui n'existe pas toujours, le manteau jeté .d'une épaule à l'autre, porto en chape ou formant chlamyde, c'est-à-dire agrafé sur l'épaule.
La tunique exomide, propre aux esclaves, paysans et artisans, ne dépasse pas le genou : elle laisse à découvert l'épaule et lo bras droit, afin d'assurer la liberté d'action.
Le vêtement est ordinairement double, tunique et manteau : « Vestiti sunt duplicibus » (Proverbe XXXI, 21).
La ceinture signifie particulièrement le travail, la marche, la force et la chasteté : « Accinxit fortitudine lumbos suos » [Prov., XXXI, 17). « Induam illum tunica tua et cingulo tuo confortabo eum » (Isaï., XXII, 21). « Renes vestros accingetis » (Exod., XII, 10).
4. — Les jambes sont tantôt nues, tantôt couvertes. Aux premiers siècles, les anaxyrides sont attribuées aux orientaux ; c'est pourquoi elles sont portées par les rois mages.
5. — La chaussure varie, suivant les temps et les circonstances : soulier, sandale h la romaine, brodequin, cothurne.
6. — La nudité complète devrait être le signe de l'apothéose, comme le pratiquait le paganisme : le moyen âge n'a pas osé aller jusque-là. Il y a donc, pour les saints et les élus, un costume glorieux. A la Transfiguration, celui du Christ est blanc : « Vestimenta autem ejus facta sunt alba sicut nix. »(S. Matth., XVII, 2), Les anges, assimilés à l'homme puisqu'ils en prennent la forme, ont aussi des vêtements blancs : « Et vestimentum ejussicut nix. » (5. Matth., XXVIII, 3). « Duos angelos in albis. » (S. Joan., XX, 12) ; « in vestibus albis» (Act. Ap, I, 10). Dans l'Apocalypse, les martyrs sont habillés de même, « amicti slolis albis » (VII, 9), parce qu'ils ont lavé leurs robes dans le sang de l'Agneau, « et laverunt stolas suas et dealbaverunt eas in sanguine Agni » (VII, 14). Le Te Deum le répète dans ce verset : « Te martyrum candidatus laudat exercitus. »
L'Apocalypse a pu sur ce point déterminer l'iconographie, car il y est écrit des martyrs : « Et datae sunt illis singulae stolae albae » (VII, 11). Le bréviaire romain a ce verset au commun des confesseurs : « Amavit cum Dominus et ornavit eum, stolam gloriae induit eum », parce que l'Apocalypse dit des saints : «. Qui non inquinaverunt vestimenta sua et ambulabunt mecum in albis» (III, 4). Dans les miniatures du moyen âge, on voit souvent les anges remettre une robe aux élus, à leur entrée au ciel, suivant le texte de Saint Paul : « Si tamen vestiti, non nudi inveniamur,,. nolumus expoliari sed supervestiri. » (2 ad Corint., V, 3-4).
En général, les saints gardent au ciel le costume qu'ils ont porté sur la terre, comme marque de distinction ; autrement, l'uniformité empêcherait de les reconnaître. Les artistes, pour exprimer l'état glorieux, ont employé trois moyens : les étoffes pré-rieuses, un glacis ou des reflets d'or sur les vêtements, un semis d'étoiles, comme l'a fait Fra Angelico pour la chape de S. Dominique (tabl. du couronnement de la Sainte Vierge, au Louvre).
7. — Type iconographique. — Fig. 49 : la Vierge, on voile, robe et manteau, dalmatique impériale à Rome, XIIe s.
CHAPITRE X
LA NUDITÉ
1. — Le nu est essentiellement païen et anti-chrétien. Le christianisme ne l'a pas pratiqué, parce qu'il y voyait la conséquence de la faute originelle : « Et timui eo quod nudus ossem et abscondi me » (Gen. III, 10) et un sujet de confusion : « Non appareat confusio nuditatis tua » (Apoc, III, 18). Aussi le pape S, Damaso a-t-il dit qu'elle ne convenait qu'aux idoles : « Huic homini, qui in habitu idoli incedit, numquam adscribendum est nomen Christianu »
2. — Quand la nudité a été imposée par la nécessité, on a toujours eu soin de sauvegarder les lois de la pudeur, soit par un geste, soit par un feuillage ou un linge enroulé autour des reins. Ces faits sont rares et exceptionnels : citons Adam et Eve dans le paradis terrestre, les prophètes Jonas et Daniel, le crucifix, la résurrection des corps.
On peut la classifier ainsi : Nudité historique, qui se manifeste dans Adam et Eve, Noé ivre, le Christ au baptême et à la crucifixion ; nudité symbolique, comme Daniel dans la fosse aux lions et le prophète Jonas, en vue de la résurrection; nudité naturelle, pour des personnifications à Y antique, tels que les fleuves, la terre, etc, nudité païenne, représentation d'une idole.
3. — La nudité, en dehors de ces quelques exceptions, signifie la damnation et la misère. Les démons et les damnés sont nus, pour ajouter la honte h la réprobation. Les pauvres sont h peu près nus et la lèpre est indiquée par des taches sur la peau (vitr, de la cath. de Poitiers, XIIIe s). À Vézelay, XIIe siècle, une femme nue est au pouvoir du démon et, en regard, une femme habillée se tient sur ses gardes.
4. — L'âme est nue complètement, mais sans sexe, pour attester que l'état du mariage qui n'existe plus n'appartient qu'à la vie terrestre : « Cum enim a mortuis resurrexerint, neque nubent neque nubentur, sed sunt sicut angeli in coelis » (S. Marc, XII, 25). L'âme, qui est pur esprit, reprend donc la nature angélique, autant qu'il est possible de l'exprimer par une forme conventionnelle.
5. — Le moyen âge ne s'est pas gêné, dans ses miniatures et sculptures, d'aller jusqu'à l'obscénité. Faut-il y attacher un sens symbolique? Quelques archéologues le prétendent, mais leur opinion n'est pas très sûre. Serait-il mieux de croire les artistes naïfs à l'égal des spectateurs? Je n'oserais l'affirmer. La pensée n'est pas toujours suffisamment évidente. Le vice est montré dans sa réalité, mais est-ce constamment pour en détourner ? La licence a eu une grande part dans l'art. Or quatre scènes se reproduisent assez fréquemment : l'indécence absolue de l'homme et de la femme, attirant l'attention sur les parties sexuelles, la séduction, l'accouplement et l'accouchement.
6. —Le XIe siècle a commencé à déshabiller l'Enfant Jésus, et à étaler le sein de la Vierge dans l'allaitement. La Renaissance naturaliste a érigé le nu en système : elle a fait des anges nus, elle a mis des femmes nues partout, elle a rendu les vertus indécentes et, en mille détails de l'ornementation, a copié l'antiquité dans ses poses éhontées et ses attitudes provocantes. Une des statues du tombeau de Paul III, à Saint Pierre de Rome, chef-d'oeuvre de Guillaume délia Porta, a beau être vêtue d'une chemise de fer blanc, mise après coup, le geste n'en reste pas moins lascif comme la pose et le regard.
Il y a dans cette iconographie un désordre réel. Dès lors, on préfère les sujets scabreux, uniquement parce qu'ils prêtent à des études anatomiques : la tentation de nos premiers parents, l'histoire de Loth et de ses filles, la rencontre de David et de Bethsabée, Suzanne au bain, la circoncision, Sainte Madeleine pénitente, les martyres de Sainte Agathe et de Saint Sébastien, la tentation de Saint Antoine etc.
7. — La nudité des pieds a été érigée en principe pour attester la divinité ou une mission remplie dans le monde. Elle est exclusivement réservée à la Trinité, aux anges et aux apôtres ; ce n'est que par exception qu'on la voit attribuée aux prophètes. La Vierge elle-même a les pieds chaussés.
La nudité est complète sur les monuments français ; en Grèce, la plante des pieds est protégée par une sandale, admise aussi généralement par les Italiens.
8. — Types iconoyraphiques. Fig. 50 : Pieds nus, le Christ enfant, émail du XIIIe s. — Fig. 51 : Pieds chaussés, la Vierge, même émail. — Fig. 52 : Pieds sandales, Isaïe, miniature grecque du Xe s.
CHAPITRE XII
LA BÉNÉDICTION
1. — La bénédiction, étymologiquement, consiste à dire du bien a quelqu'un. Le saint souhaite ce bien et cherche à l'attirer sur son client, mais Dieu seul le donne réellement : c'est donc un symbole de la grâce et de la protection divine.
2. — La bénédiction est un geste de la main droite, qui imite celui de l'allocution chez les latins.
Elle est grecque ou latine.
Les Grecs forment avec les doigts les noms abrégés de Jésus et de Christ. L'index se tient droit et le médius se recourbe en C, forme archaïque du sigma, ce qui fait l'initiale et la finale de Іησου C. Le pouce se croise sur l'annulaire et le petit doigt se recourbe en C, d'où résulte, par un procédé identique, Хριστo C. En réalité, les doux sigma ne sont pas toujours nettement dessinés et la forme grecque est plutôt accusée par la juxtaposition du pouce et de l'annulaire.
Chez les Latins, les trois premiers doigts sont lovés et les deux autres repliés sur la paume de la main, par allusion aux trois personnes divines.
3. — La bénédiction est propre à Dieu, aux anges et aux évêques. La Trinité bénit collectivement ou chaque personne séparément :
« Terra... accipit benedictionem a Deo » (S. Paul., ad Hebr., VI, 7), L'Eglise ne dit-elle pas dans sa liturgie : « Deus a quo bona cuncta procedunt »?
L'ange ne bénit pas à proprement parler, mais il transmet la bénédiction de Dieu dont il est l'envoyé, par exemple après la lutte de Jacob : « Non dimittam te nisi benedixeris mihi « (Genes., XXXII, 20), et à l'Annonciation: « Benedicta tu in mulieribus » (S. Luc, I, 28).
L'évoque, en bénissant, invoque la Sainte Trinité : « Benedicat vos omnipotens Deus, Pater et Filius et Spiritus Sanctus. ». Le Droit dit, en effet, que sa fonction principale est de bénir et de présider : « officium episcopi est benedicere et preacesse ».
4. — La bénédiction de Jacob est une des figures de la croix, parce que le patriarche croisant les bras plaça la droite sur la tête d'Éphraïm, qui était à sa gauche et la gauche sur Manassé, qui était à sa droite, voulant montrer par là qu'il donnait la préférence au cadet des enfants de Joseph : « Et posuit Ephraïm ad dexteram suam, id est ad sinistram Israël, Manassen vero in sinistra sua, ad dexteram scilicet patris applicuit que eos ad cum. Qui extendens manum dexteram, posuit super caput Ephraïm minoris fratris ; sinistram autem super caput Manasse, qui major natu erat. commutans manus. Benedixitque Jacob filiis Joseph et ait... Angélus, qui eruit me de cunctis malis, benedicat pueris istis » {Gènes, XLVIII, 13,16).
5. — Types iconographiques : Fig. 54 : Bénédiction latine : Dieu, sculpture de la cath. de Chartres, XIIIe s. — Fig. 55 : Bénédiction grecque : le Christ, fresq. de Salamine, XVIIIe s.