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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #SYMBOLISME CHRETIEN

LA GAULE MÉROVINGIENNE

CHAPITRE PREMIER

L’établissement des barbares en gaule

L'Empire romain ne s'effondra pas d'un seul bloc ; miné longuement et de toutes parts, il se désagrégea peu à peu. Son ossature demeura, imposant sa forme aux nouvelles sociétés fondées sur ses ruines par les peuples germaniques.

L'établissement des Barbares en Gaule fut l’œuvre de plusieurs siècles, multiple en ses formes, tour à tour et simultanément colonisation et invasion. Les Germains apparurent en Gaule tantôt comme alliés des Romains, tantôt comme ennemis ; les uns s'établissant pacifiquement en vertu de traités, les autres violemment, les armes à la main ; pénétrant par toutes les portes jusqu'à la complète soumission de la Gaule à leur autorité.

1. Origine des Germains. — Les Germains qui occupaient les pays situés au delà du Rhin et au nord du Danube, appartenaient au rameau européen de la grande famille aryenne.

Sortis de l’Asie, ils s'étaient d’abord établis dans les vallées de l’Oder et de l’Elbe, en même temps que d'autres peuples, venus eux aussi de l'Orient, envahissaient l'Italie et la Grèce. Ils étaient divisés en petits groupes n'ayant d'autres liens entre eux que la communauté des, croyances religieuses. Ce sont les Gaulois qui leur ont donné ce nom de Germains qui ne signifiait probablement rien autre chose que voisins.

2. La Germanie romaine. — Ils furent constamment une menace pour la Gaule. Les Romains durent renoncer à la conquête de la Germanie, se bornant à soumettre quelques peuplades établies sur la rive gauche du Rhin et à réduire leur territoire en province romaine : ce furent les deux provinces de Germanie, la Germanie supérieure avec Mayence, la Germanie inférieure avec Cologne pour capitales. Au cours du second siècle après J.-C, une ligne de défense fut construite, composée d'une série de postes fortifiés, distants les uns des autres d'une demi-journée de marche, et reliés par une route protégée, là où les fleuves ne formaient pas une défense naturelle, par un retranchement en terre en avant duquel était creusé un fossé. Cette ligne, limite de l'Empire, limes du côté de la Germanie, s'étendait de Rheinbrohl sur le Rhin, en aval d'Andernach, jusqu'en un point voisin de Lorch (Wurtemberg) où elle se reliait au limes de Rétie.

3. Incursions des Germains en Gaule. — Grâce à cette ligne fortifiée, grâce aussi aux stations militaires établies en arrière, les Romains purent contenir pendant plus de deux siècles les Germains dans leur pays. Mais les luttes qui éclatèrent en Germanie, luttes intestines dans l'intérieur de chaque peuple, luttes de peuple à peuple, comme aussi l'organisation de bandes guerrières formées d'hommes liés par des serments à des hommes plus puissants ou plus audacieux qui leur servaient de chefs, lancèrent sur la Gaule à partir du troisième siècle des troupes de pillards qui, franchissant le Rhin, s'avançaient jusqu'au cœur de la Gaule, ravageant les campagnes, s'attaquant même aux villes, et retournant dans leur patrie chargés de butin

Il ne faut pas chercher la cause de ces invasions dans une haine de race de la part des Germains à regard des Romains. Ces barbares se jetaient sur l’empire, les uns chassés de leur domicile par de nouveaux occupants, les autres alléchés par l’appât des richesses accumulées dans les villes gauloises. Ils étaient si peu les ennemis de la société romaine qu'on les trouvait toujours prêts à s'y introduire comme alliés et comme colons dès qu'on leur faisait une place. A partir du milieu du troisième siècle après J.-C, c'en fut fait pour la Gaule de la paix romaine.

Fig-. 1. — Momaie en bronze de l’empereur Maximilien représentant cet empereur à cheval, précédé par la Victoire et foulant aux pieds deux Germains (236 après J.-C).

Les efforts des empereurs s'épuisèrent contre les afflux toujours nouveaux de Barbares. Les expéditions des empereurs en Germanie, encore qu'elles fussent le plus souvent marquées par des succès, n'imposèrent aux Germains que des arrêts provisoires dans leur poussée vers l'Occident. Ni Maximin (235-238), ni Gallien (253-268), ni Postume (258-267) ne parvinrent à les maintenir sur la rive droite du Rhin.

Des bandes de pillards germains couraient la Gaule, jetant partout l'effroi et ne laissant derrière eux que des ruines. De CCS destructions, des preuves matérielles subsistaient encore il y a quelques années. Vers la fin du IIIème siècle en effet, les villes de l'intérieur, jusque-là ouvertes, s'entourèrent de fortes murailles qui servirent pendant tout le moyen âge, et dont la plupart n'ont été jetées à bas que dans notre siècle.

C'est une de ces rares démolitions que ne puissent déplorer les archéologues ni les historiens, car elles ont mis aujourd’hui des monuments antiques, bas-reliefs et inscriptions qui nous ont fait pénétrer dans la vie même des cités romaines.

Fig. 2. Monnaie en bronze de l’empereur Gailien. Au revers : Victoire aux pieds de laquelle deux Germains captifs (253-268 après J.-C.).

Fig 3. Murs gallo-romains de Sens. Tour vis-à-vis le Clos-le-Roi, aujourd’hui détruite.

En effet, les soubassements de ces puissantes murailles étaient composés d'énormes blocs de pierres provenant d'anciens édifices, tombeaux, temples, arcs de triomphe.

Ces murailles avaient été édifiées rapidement, sous l'influence de pressantes nécessités, avec des matériaux empruntés aux édifices qui s'élevaient en dehors du périmètre de la nouvelle enceinte, et déjà à moitié ruinés par les Barbares.

Vers l'an 273, Aurélien détruisit un corps franc près de Mayence, victoire que les soldats romains célébrèrent dans une chanson qui courut les camps.

Probus (276-282) ne combattit pas les Germains avec moins le succès. Il pénétra en Germanie et contraignit les rois barbares à implorer sa clémence, à lui livrer des otages et à lui payer les contributions. Le retranchement lui couvrait les terres Décumales fut relevé, des camps retranchés et des greniers furent établis au-delà du Rhin.

L’empereur distribua des terres à des colons et livra à la culture des territoires jusque-là déserts ; enfin, il prit à sa solde I6.OOO Germains qu'il incorpora dans les légions. Les victoires de Probus eurent un singulier retentissement; il semblait aux Romains que les Germains fussent à jamais fixés dans leur pays. Les nations barbares sont soumises, disait-on, à quoi bon forger des armes ? Il n'y a plus besoin de soldats.

L'ère des guerres est close. La paix romaine va régner partout. Le monde entier est soumis aux lois de l'Empire.

Espérances éphémères, optimisme auquel la recrudescence des invasions qui suivit la mort de Probus donna bientôt un cruel démenti.

Aussi bien, les luttes intestines qui sévissaient en Gaule dans le même temps nécessitèrent qu'on dégarnît de troupes la frontière du Rhin et favorisèrent les incursions des Barbares.

Maximien Hercule, à qui Dioclétien avait confié le gouvernement de la Gaule, dut tout ensemble réprimer la guerre civile et faire face aux Hérules et aux Chaibons, aux Burgondes et aux Alamans qui, les uns au nord, les autres au sud, franchissaient le Rhin.

Certains corps sont détruits ; la famine décime les autres. Mais en 288 les Barbares reparaissent aux portes de Trêves.

En 297, les Alamans s'avancent dans le voisinage de Langres. Constance Chlore les arrête.

En 357, le césar Julien rejeta au-delà du Rhin une armée de 35.000 Alamans, puis il pénétra en Germanie. Après avoir relevé les forteresses romaines, il conduisit ses troupes sur la basse Meuse contre les Francs Saliens, auxquels il abandonna la Toxandrie entre les embouchures de la Meuse et de l'Escaut ; en retour, il exigea d'eux qu'ils se reconnussent sujets de l'Empire et qu'ils lui fournissent un corps de cavalerie. Les Francs Chamaves furent rejetés au-delà du Rhin. Une dernière campagne en Germanie, l'an 359, acheva la pacification de la frontière. Mais, dès 367, Jovinus, général de Valentinien, dut arrêter un nouveau corps d'Alamans.

L'année suivante, la ville de Mayence fut pillée ; Valentinien eut raison de cette nouvelle bande.  

Fig. 4.  Monnaie d’or de Constantin-le-Grand avec la représentation de la Porta inclyta de Trêves.

Fig 5. Monnaie d’or de Constantinople-le-Grand avec, au revers, les légendes Gaudium Romanorum et Francia et la représentation de la Francia vaincue (305-337 après J-C.)

Quelques années après, en 370, les Saxons se montrent en Gaule. En 377, 30.000 Alamans s'étant aventurés jusqu'à Strasbourg furent défaits par les troupes impériales.

4. La grande invasion (406). — Déjà des peuples germaniques autrement compacts, nombreux et puissants, menaçaient l'Empire. Tandis que les Goths se jettent sur l'Italie, les Alains, les Suèves et les Vandales, appelés par Stilicon qui voilait porter son fils à l'Empire, envahissent la Gaule, la traversent tout entière comme un torrent, et arrivent jusqu'aux Pyrénées ; arrêtés par les montagnes, ils se répandent sur les provinces du sud (406). Cependant l'usurpateur Constantinus, que les légions de la Bretagne avaient proclamé empereur, les pousse en Espagne et les y enferme. Il fait reconnaître son pouvoir en Gaule ; mais bientôt, l’empire lui étant contesté, il appelle à son secours les Barbares (411) ; la Gaule devient un champ clos où luttent Romains et Germains. La misère lui à son comble ; les villes furent détruites, les campagnes ravagées, les populations massacrées, les églises même pillées et incendiées. «. L'Océan tout entier, s'écrie un poète, s'il s'était répandu sur la Gaule aurait causé moins de ruines. » Les cris de détresse de la population s'entendirent jusqu'en Orient et vinrent troubler saint Jérôme dans sa solitude de Bethléem ; nous en trouvons l’écho dans une de ses lettres où il déplore en termes émus la destruction des plus somptueuses villes de la Gaule.

L'ère des invasions n'était pas close. L'an 451, les Huns, sortis d'Asie, chassant devant eux les Germains, les poussant sur le Danube ou sur le Rhin, ou passant sur leur corps, envahirent la Gaule, conduits par un chef redoutable, Attila, le fléau de Dieu.

Ils s'avancèrent jusqu'en Champagne. Les Romains se coalisèrent avec les Germains contre ces ennemis communs. Le général Aétius, un Romain, avec une armée composée de Wisigoth, de Burgondes, de Francs, de Saxons, les défit complètement à Moirey (bataille des champs Catalauniques), près de Troyes, et les rejeta au-delà du Rhin.

Fig 6 : Bracelet en or trouvé à Pouan  (Aube)

Fig 7 . Poignée de Scramasse trouvée à Pouan (Aube)

5.  Résultats des invasions. — Pour n'avoir laissé derrière elles aucun établissement durable, ces invasions n'en ont pas moins contribué à la chute du pouvoir impérial en Gaule et à la fondation les royaumes barbares.

Sans doute les Barbares aussi souvent qu'ils s'étaient avancés sur la rive gauche du Rhin avaient été repoussés. Mais ils semaient partout la terreur; le manque de sécurité faisait disparaître tout commerce et partant la richesse-. Les villes incendiées et pillées étaient déchues de leur antique prospérité.

Au lieu de campagnes cultivées et fertiles, ce n'étaient plus que champs dévastés et incultes. Les envahisseurs ne s'en retournaient pas sans laisser derrière eux la misère. Ces coups répétés épuisaient les forces de la population gallo-romaine ; de sorte qu'on peut dire que ces incursions et invasions ont amené par leur continuité la ruine matérielle et morale de la civilisation romaine.

6. Pénétration de l'Empire par l'élément barbare. — Plus encore que ces attaques à main armée, la pénétration pacifique de l'élément barbare dans l'Empire, et spécialement en Gaule, a préparé le terrain à l'établissement définitif des états germaniques.

Tout d'abord, c'est comme soldats que les Germains entrèrent dans l'Empire. Les troupes romaines ne pouvaient plus suffire ni à la défense des frontières, ni aux grandes expéditions entreprises par les empereurs. Aux Barbares, on opposa d'autres Barbares. Quand l'Italie, à la fin du second siècle, eut cessé de participer au recrutement des armées, que les provinciaux même eurent perdu le goût des armes et en vinrent à se racheter à prix d'or de l'impôt du sang, une armée soldée se substitua naturellement et nécessairement à l'armée nationale. Les Germains entrèrent au service de Rome, les uns librement, comme fédérés, les autres contraints, en vaincus. Dès le premier siècle, des peuplades germaniques s'étaient soumises comme alliées à l'Empire : par exemple les Bataves, les Mattiaci, les Ubiens, les Sicambres. Les conditions auxquelles ces fédérés devaient servir l'Empire étaient fixées par des traités. Ainsi Constance ayant mandé à Julien, qui résidait en Gaule, de lui envoyer, pour combattre les Parthes, des corps bataves et hérules, Julien répondit que ceux-ci n'avaient quitté les régions d’outre-Rhin qu'à condition de ne pas être conduits au-delà des Alpes. Une nation barbare était-elle vaincue, aussitôt on lui imposait de fournir un certain nombre de soldats. On incorporait aussi dans les légions des prisonniers de guerre; ainsi fit Probus ; ainsi encore Julien qui, après sa victoire sur Les Saliens et les Ouades, en enrôla une partie dans son armée. Un roi des Alamans, Vadamaire, après avoir fait pluvieuses incursions en Gaule, passa au service de l’empire et termina sa carrière comme duc de Phénicie.

Bien d'autres Germains se sont élevés aux plus hautes dignités de l’Empire. On compte au IV* siècle quatre consuls d'origine franque. Arbogaste, qui commanda les armées sous Valentinien II, était aussi un Franc. Est-il besoin de rappeler le nom du Vandale Stilicon? Des Germains ont revêtu la pourpre impériale : Magnence (350-353) et le Franc Silvanus (355).

C'était surtout pour la garde des frontières que les Romains avaient recours aux Barbares. Tibère au l" siècle, Alexandre Sévère au 111° siècle, établirent sur la frontière des Germains chargés de repousser les autres Barbares. Ce fut l'origine des colonies militaires, des Laeti. On désignait sous le nom de Lètes des troupes de Barbares à qui l'on donnait des terres à cultiver, à charge de service militaire. Le mot Lète est d'origine germanique ; il désignait chez les Francs, les Frisons et les Saxons, des hommes jouissant d'une demi-liberté. Ces Lètes s'établissaient dans les limites qui leur étaient assignées, avec leurs femmes et leurs enfants.

En temps de paix, ils se livraient à la culture; en temps de guerre, ils devenaient soldats. Leur condition était héréditaire. A la tête de chaque corps de Lètes était un préfet ; mais ces barbares, pourvu qu'ils acquittassent les charges que l'Etat leur avait imposées et qu'ils avaient acceptées, formaient un corps indépendant, conservant son droit propre, vivant suivant ses lois nationales. L'empereur seul avait le droit d'assigner des terres aux Lètes. Vers la fin du IVème siècle, les Lètes eurent une tendance à élargir leur cantonnement, quelquefois avec la connivence des autorités municipales.

Au commencement du Vème siècle, il y avait douze campements de Lètes en Gaule. Le souvenir de certains de ces corps s'est perpétué dans quelques noms de lieux, par exemple dans le village de Tiffauges-sur-Sèvres qui tire son nom des Taifali, hommes de race scythique établis dans le Poitou.

Les Germains ne remplissaient pas seulement l'armée ; ils avaient pénétré dans la société civile, surtout comme agriculteurs et colons. Les marchés d'esclaves étaient alimentés par des Barbares. Ces esclaves étaient employés aux services de la maison ou à la culture des champs. D'autres Barbares jouissaient d'une condition meilleure. La population gallo-romaine, décimée par la misère, résultat des incursions des Barbares, ne pouvait plus suffire à la culture. Un grand nombre de terres étaient désertes : on y installa des Barbares.

A la suite de chaque campagne en Germanie, on ramenait des captifs auxquels l’État assignait des terres du fisc, ou bien qu'il cédait aux grands propriétaires. Et comme c'était là une mesure d'intérêt public, défense était faite aux propriétaires de vendre ces colons qui étaient attachés de père en fils à leur lot de terre. Le rhéteur Eumène, à la fin du IIIème siècle, félicitait Constance Chlore d'avoir établi des Barbares dans des lieux déserts. « De grands espaces incultes, dit-il, dans les territoires d'Amiens, de Beauvais, de Troyes, de Langres, reverdissent maintenant, grâce aux Barbares. » Ainsi les Barbares tenaient l'Empire par les colonies militaires et agricoles.

Quelques esprits perspicaces s'alarmaient d'un pareil état de choses. A la veille de l'invasion de 406, l'évêque Synésius s'écriait : « La garde de la patrie et des lois appartient à ceux qui ont intérêt à les défendre ; ce sont là les chiens dont parle Platon, prédestinés à la garde du troupeau. Que si le berger mêle les loups à ses chiens, il aura beau les prendre jeunes et chercher à les apprivoiser, malheur à lui ! Dès que les louveteaux auront senti la faiblesse ou la lâcheté des chiens, ils les étrangleront, et avec eux le pasteur et le troupeau. »

Ce n'est pas que les Barbares qui s'étaient attachés à la fortune de l’Empire n'y restassent fidèles. L'Empire trouva généralement dans les Barbares des serviteurs dévoués. Les révoltes parmi les soldats germains étaient rares ; on ne voit pas que les Lètes ou les colons aient prêté main forte aux Barbares nouveaux venus. Il n'en est pas moins vrai que les races se mélangeaient, que ces Barbares, chaque jour de plus en plus nombreux, débordaient la population romaine, et tendaient à l'absorber. Leurs moeurs et leurs lois s'infiltraient dans les usages et les institutions romaines. Un rapprochement insensible s'opérait sourdement et lentement entre les deux civilisations romaine et germanique ; l'élément barbare était pour l'Empire un dissolvant. Il devait arriver que dans cette lutte entre deux sociétés, la plus jeune l'emporterait.

7. Fondation des royaumes barbares. — C'est ce qui eut lieu au V* siècle, quand trois royaumes barbares se fondèrent en Gaule, celui des Wisigoths, celui des Burgondes et celui des Francs.

8. Le royaume des Wisigoths. — Les Goths apparaissent très anciennement dans le nord de la Germanie et en Scandinavie où ils ont laissé leur nom à l'île de Gothland. Dès le IIIème siècle, une partie de ce peuple s'établit sur les côtes du Pont-Euxin. Mais en 375, les Goths de l'Ouest, qu'on désigne sous le nom de Wisigoths pour les distinguer des Goths de l'Est ou Ostrogoths, chassés par les Huns des pays qu'ils occupaient, se présentèrent en suppliants aux frontières de l'Empire, demandant à être admis sur les terres romaines ; on les cantonna en Mésie. Plus tard leur roi Alaric, qui aspirait au commandement des forces romaines, passa en Italie, saccagea Rome et fit donner la pourpre à Attalus , gardant pour lui le litre de maître de la milice. Son successeur Ataulphe se jeta sur la Gaule en 412. Valence et Narbonne tombèrent en son pouvoir. Il devint l’allié de l’empereur Honorius dont il épousa la soeur, Placidie, puis il marcha à la conquête de l'Espagne.

Fig 8 : Bas-relief du musée de Narbonne.

Fig 9 : Pierre gravée du trésor de Guarrazar représentant l’Annonciation (Musée de Madrid)

Wallia, son successeur, obtint en 419 de l'empereur Constance la cession de I ’Aquitaine depuis Toulouse jusqu'à l’Océan.

Toulouse devint la capitale des rois wisigoths qui, de 419 à 466, restèrent les sujets de l'Empire ; sujets insoumis toutefois, tournant sans cesse leurs armes contre leur suzerain, concluant des traités, mais pour les rompre aussitôt, assez puissants pour faire des empereurs ; grâce à l'appui de Théodoric II, un Arverne, Avitus, fut proclamé auguste à Toulouse en 455. D'ailleurs, nombre de Gallo-Romains favorisaient les accroissements de puissance des Barbares, les gens de médiocre condition par lassitude, les grands par ambition. Les rois wisigoths reconnurent la souveraineté de Rome jusqu'à Euric (466-484) qui s'affranchit de toute sujétion. Sous son règne, les Wisigoths étendirent leur domination sur toute l'Aquitaine seconde, et soumirent même la portion de la Touraine sise au sud de la Loire ; déjà, en l’an 463, un frère de Théodoric s'était emparé de Chinon. Si la plupart des cités s'abandonnèrent volontiers aux Barbares, quelques-unes ne se livrèrent pas sans résistance. Le clergé catholique d'ailleurs ne se soumettait qu'à regret aux Wisigoths qui étaient ariens. A l'instigation de Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont, l'Auvergne se défendit vaillamment et avec succès. Les habitants de Clermont, soutenus par leur évêque et par son beau-frère Ecdicius, supportèrent avec courage les horreurs d'un long siège.

Fig 10 : Couronne du roi Receswinthe, provenant du trésor de Guarazzar (Musée de Cluny).

Vains efforts ! L'empereur Nepos, pour conserver la seconde Narbonnaise et les Alpes Maritimes, sacrifia l'Auvergne et la céda aux Wisigoths (475). Sidoine Apollinaire s'interposa; il écrivit à Gracus, évêque de Marseille, pour le prier de s'opposer à la conclusion de ce traité honteux qui rendait inutiles les sacrifices des Arvernes. Sa lettre, qui nous a été conservée, témoigne de la répugnance des plus distingués d'entre les Gallo-Romains à se soumettre aux Barbares.

Le royaume d'Euric s'étendait désormais sur tout le pays compris entre l'Océan, la Loire, le Rhône et la Méditerranée.

Ses limites furent encore reculées. Le traité conclu entre le roi Euric et l'empereur Nepos n'eut pas les résultats qu'on en attendait : il ne sauvegarda pas la Provence, car pour les Barbares l’Empire s'identifiait avec l’empereur; ils ne s'élevaient pas jusqu'à la conception abstraite de l'Etat, de telle sorte que par les traités qu'ils signaient; ils ne se considéraient comme engagés que vis-à-vis de la personne même de l'empereur et non vis-à-vis de l'Empire. Nepos mort (180), Euric se tint pour délié des engagements qu'il avait contractés envers lui ; il s'empara d'Arles et de Marseille et soumit le pays compris entre la Durance, la mer et les Alpes Maritimes, qui d'ailleurs avait été déjà cédé partiellement aux Burgondes. A la mort d'Euric (484), la puissance wisigothique  avait atteint son apogée; elle touchait à sa ruine, car Clovis s'approchait…

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