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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #ARCHEOLOGIE CHRETIENNE

ICONOGRAPHIE DES ANGES.  M.DIDRON

HIÉRARCHIE.

« Je crois bien digne encore de l'attention de nos esprits ce qui est enseigné touchant les saints anges, savoir, qu'il y en a mille fois mille et dix mille fois dix mille, l'Écriture redoublant ainsi et multipliant l'un par l'autre les chiffres les plus élevés que nous ayons, et par là faisant voir clairement qu'il nous est impossible d'exprimer le nombre de ces bienheureuses créatures. Car les  rangs des armées célestes sont pressés, et ils échappent à l'appréciation faible et restreinte de nos calculs matériels. » — Ainsi parlé saint Denys l'Aréopagite dans la « Hiérarchie céleste », d'après le prophète Daniel[1].

Les anges furent donc créés en nombre incalculable et presque infini. La chute des mauvais anges diminua considérablement ce nombre; mais la multitude en fut prodigieuse encore, et l'intelligence humaine dut faire de grands efforts pour se reconnaître dans cette foule. Les théologiens, les savants, les poètes, les artistes, éclairés par le raisonnement ou la science, armés de textes ou de comparaisons, introduisirent l'ordre dans cette espèce de chaos. Le moyen âge, qui hiérarchisait avec une ardeur extrême les idées et les faits, les hommes et les abstractions, ne pouvait laisser le règne céleste dans une sorte de confusion. Le procédé scientifique, la classification naturelle d'après laquelle, remontant des individus aux groupes, on coordonne les plantes et les êtres animés en variétés, espèces, genres, familles, tribus, ordres et règnes, reçurent une utile application dans la hiérarchie des anges. La masse des substances célestes fut donc partagée d'abord en neuf groupes.

Puis, pour aider davantage encore à l'intelligence et à la mémoire, ces groupes furent rapprochés l'un de l'autre, trois par trois, suivant leurs affinités particulières, pour former les familles. Ainsi furent constituées trois familles ou tribus, se subdivisant chacune en trois genres ou espèces.

L'ingénieux inventeur de cette classification fut saint Denys l'Aréopagite.

Ce hardi théologien, assimilant l'empire céleste à la cour d'un roi de la terre, supposa que Dieu s'entourait de conseillers qui restaient constamment autour de lui; qu'en conséquence des décisions prises, les ordres étaient donnés à des gouverneurs ou commandants chargés de conduire une des parties ou sections de l'univers, et que ces gouverneurs faisaient exécuter, par des ministres d'une classe moins élevée, ces ordres qui leur étaient transmis par les conseillers.

Ainsi furent caractérisées, par leurs fonctions spéciales, les trois grandes familles générales : la première des CONSEILLERS, la seconde des GOUVERNEURS, la troisième des MINISTRES.

Mais dans les Conseillers, les uns, les plus rapprochés de Dieu, c'est-à-dire les premiers après la Divinité elle-même, composent les amis particuliers et intimes; les autres, les savants, conseillent de la tête plutôt que du coeur; les troisièmes invoquent non pas l'amour comme les premiers, ni l'intelligence comme les seconds, mais font appel à la force principalement et avant tout.

Dans les Gouverneurs, même corrélation : les premiers commandent au nom des sentiments, les seconds au nom de l'esprit, les troisièmes au nom de la puissance matérielle.

Enfin, les trois groupes des Ministres font exécuter la volonté divine, le premier par la persuasion, le second par la conviction, le troisième par la force.

Ce cadre ainsi tracé, saint Denys a distingué chaque groupe par un nom spécial.

Dans la classe ou la famille que nous appelons des Conseillers, s'ordonnent le groupe des Séraphins, celui des Chérubins, celui des Trônes. — Dans la classe des Gouverneurs ou Commandants, se rangent les Dominations, les Vertus, les Puissances. — Dans celle des Ministres, s'étagent, de haut en bas, des supérieurs aux inférieurs, les Principautés, les Archanges, les Anges.

Le tableau suivant fera saisir d'un coup d'oeil cette hiérarchie complète :

 

PREMIÈRE FAMILLE.

CONSEILLERS.

Séraphins... — Σεραφιμ

Chérubins... — Xερουβιμ

Trônes — Θρόνοι

DEUXIÈME FAMILLE.

GOUVERNEURS.

Dominations. — Kυριότητες

Vertus —Èξουσιαι.

Puissances… — Δυνάμεις

TROISIÈME FAMILLE.

MINISTRES.

Principautés. — Άχαι

Archanges.. —Άρχάγγελοι.

Anges ...... —Âγγελοι.

Saint Denys, comme nous l'avons dit, paraît être l'ingénieux inventeur de cette classification. Cependant, avant lui et précisément dans l'apôtre saint Paul, auquel est due peut-être la conversion de l'Aréopagite, on voit poindre et même se développer un commencement de hiérarchie céleste.

Dans son épitre aux Éphésiens, saint Paul nomme les Principautés, les Puissances, les Vertus, les Dominations[2]. Dans son épître aux Colossiens, il ajoute à ces quatre classes les Trônes, qui semblent remplacer les Vertus nommées dans l'épître aux Éphésiens[3]. Mais la hiérarchie n'est pas complète : il y manque les Séraphins, les Chérubins, les Archanges et les Anges ; on peut les trouver ailleurs, dans saint Paul, mais non groupés ni hiérarchisés.

A la messe, dans la Préface ordinaire, qui est fort ancienne, sont nommés les Anges, les Archanges, les Trônes, les Dominations, les Puissances, les Vertus, les Séraphins. Les Chérubins ni les Principautés ne sont pas mentionnés[4]3, et l'ordre hiérarchique n'est pas bien observé. Dans le « Te Deum », les Chérubins sont nommés avec les Séraphins, les Puissances, les Anges et les Cieux (les Trônes); mais on n'y voit figurer ni les Dominations, ni les Vertus, ni les Principautés, ni les Archanges. Ainsi, sur neuf, quatre classes et peut-être cinq sont absentes[5]. C'est donc bien à saint Denys

qu'appartient non-seulement la nomenclature complète des neuf choeurs des esprits célestes, mais encore leur hiérarchie systématique.

Saint Denys était Grec; en conséquence c'est en Grèce et dans l'Église byzantine que doit se rencontrer le plus souvent et le plus complètement la représentation, par l'art, des neuf choeurs des anges. Dans l'Église latine, il est un peu plus rare, comme nous le verrons, de trouver une hiérarchie peinte ou sculptée, bien complète et bien caractérisée.

Pour distinguer chaque famille et les trois choeurs d'anges qui composent chacune d'elles, il y a plus de difficultés encore que pour les coordonner et les nommer. L'iconographie des anges est plus ardue que leur hiérarchie : c'est par les fonctions que remplissent la famille et les choeurs qui la composent; c'est par les attributs généraux ou particuliers dévolus aux ordres angéliques, qu'il est possible de tracer plus ou moins nettement cette iconographie.

Nous allons en conséquence parler des fonctions et des attributs des anges, en les réunissant sous le même paragraphe. Mais ce paragraphe comprendra deux sections : les fonctions et les attributs chez les byzantins d'abord, nos ancêtres et nos maîtres en cette circonstance; ensuite les fonctions et les attributs chez les latins. Définies par la théologie, ces fonctions furent représentées par l'art et passèrent de l'abstraction dans le domaine matériel de l'iconographie. Les yeux sur ces textes, les artistes y découvrirent des formes palpables et des attributs à l'aide desquels ils créèrent le type de l'ange en général, et des diverses familles qui en composent la hiérarchie céleste.

— FONCTIONS ET ATTRIBUTS DES ANGES CHEZ LES BYZANTINS.

Voici comment la Grèce, élève de saint Denys l'Aréopagite, veut qu'on figure chacun des neuf choeurs.

« PREMIER ORDRE. — Les Séraphins sont représentés avec six ailes, deux montant vers la tête, deux descendant vers les pieds et deux déployées pour voler. Ils ont à chaque main le « flabellum » où se lit : « Saint, Saint, Saint ».

C'est ainsi que les vit le prophète Isaïe. — Les Chérubins sont représentés avec la tête seulement et deux ailes. — Les Trônes sont représentés comme des roues de feu, ayant des ailes à l'entour. Le milieu des ailes est parsemé d'yeux; l'ensemble de la configuration représente un trône royal». — Le Tétramorphe, qui est une variété de cette première famille des anges, ou plutôt qui est comme la famille entière groupée sur un seul corps, se représente ainsi : « Les Tétramorphes ont six ailes, la tête nimbée, le visage d'un ange. Ils soutiennent de leurs mains, contre la poitrine, l'Évangile. Entre les deux ailes qui surmontent la tête, un aigle; sur l'aile droite, un lion; sur l'aile gauche, un boeuf. Ces trois animaux symboliques regardent en haut et tiennent entre leurs pieds des Évangiles. Tels étaient les Tétramorphes que vit le prophète Ézéchiel.»

« DEUXIÈME ORDRE. — Dominations, Puissances, Vertus. Elles portent des aubes allant jusqu'aux pieds, des ceintures d'or et des étoles vertes. Elles tiennent, de la main droite, des baguettes d'or ; dans la main gauche, le sceau de Dieu. »

« TROISIÈME ORDRE. — Principautés, Archanges, Anges. Ceux-ci sont représentés avec des vêtements de soldats et des ceintures d'or. Ils tiennent dans leurs mains des javelots avec des haches; les javelots se terminent en fers de lance. »

Ainsi parle le « Guide de la peinture», ce manuscrit byzantin que j'ai rapporté du mont Athos[6]1. Mais le « Guide », quoique postérieur au XVe siècle et peut-être même au XVIe, est fort incomplet. Il différencie parfaitement chaque choeur du premier ordre, et, grâce à lui, on peut distinguer nettement les Séraphins, les Chérubins et les Trônes. Quant au deuxième ordre, les Dominations, les Puissances et les Vertus sont confondues entre elles; les Principautés ne diffèrent pas des Archanges, qui sont habillés et armés comme les Anges eux-mêmes. Aussi, quoique les Grecs aient très – fréquemment figuré la hiérarchie complète des neufs choeurs, il est impossible, quand les inscriptions manquent, d'en reconnaître et d'en nommer plus de trois ou quatre sur neuf ; les cinq ou les six autres se ressemblent identiquement.

Cette confusion, qui existait encore à l'époque où le moine Denys rédigeait son « Guide de la peinture », était plus profonde, on le comprend, du temps de saint Denys l'Aréopagite. L'inventeur de la classification n'a pas su préciser les costumes ou les attributs qu'il fallait donner à chaque ordre, à chaque choeur, pour les distinguer des autres choeurs et ordres. Il différencie bien un peu les Trônes des Séraphins ; mais encore il leur attribue, aux premiers comme aux seconds, la couleur du feu. Quant aux autres anges, il les confond tous pour affirmer que les attributs de l'un conviennent à l'autre et réciproquement. En d'autres termes, il donne le signalement des anges en général bien plutôt que leur signalement spécial. Voici, du reste, une analyse de son dernier chapitre de la « Hiérarchie céleste », le plus utile pour notre but.

« Parmi tous les Symboles, la théologie choisit avec une sorte de prédilection le symbole du feu. Elle nous représente des roues ardentes, des animaux tout de flamme, des hommes qui ressemblent à de brûlants éclairs ; elle nous montre les célestes essences entourées de brasiers consumants, et de fleuves qui roulent des flots de feu avec une bruyante rapidité. Dans son langage, les Trônes sont de feu; les augustes Séraphins sont embrasés, d'après la signification de leur nom même, et ils échauffent et dévorent comme le feu ; enfin, au plus haut comme au plus bas degré de l'être, revient toujours le glorieux symbole du feu.

« Les Anges sont aussi représentés sous forme humaine, parce que l'homme est doué d'entendement et qu'il peut élever le regard en haut; parce qu'il a la forme du corps droite et noble et qu'il est né pour exercer le commandement; parce qu'enfin, s'il est inférieur aux animaux sans raison pour ce qui est de l'énergie des sens, du moins il l'emporte sur eux tous par la force éminente de son esprit, par la puissance de sa raison  et par la dignité de son âme naturellement libre et invincible. »

De cette assimilation de l'ange à l'homme, saint Denys part pour montrer que les esprits angéliques ont les cinq sens de la vue, de l'odorat, de l'ouïe, du goût et du tact pour des raisons symboliques auxquelles les anges doivent encore le privilège de posséder adolescence et jeunesse, yeux, paupières, sourcils, dents, épaules, bras, mains, coeur, poitrine, reins et pieds. Tout cela est assez puéril, mais nous devons en retenir deux faits importants pour l'iconographie.

Le premier, c'est que les anges, qui n'ont pas de sexe, portent cependant les apparences de la virilité; ce sont des hommes, de jeunes hommes, et non pas des femmelettes doucereuses comme celles qu'on nous fait depuis plusieurs centaines d'années sous prétexte de représenter des anges : « Par la poitrine, dit saint Denys, il faut entendre cette mâle énergie qui, faisant la garde autour du coeur, maintient sa vertu invincible. » Le second fait important concerne la nudité des pieds des anges et mérite une citation textuelle : — « Les pieds sont l'image de la vive agilité des célestes intelligences et de cet impétueux et éternel mouvement qui les emporte vers les choses divines. C'est même pour cela que la théologie nous les a représentés avec des ailes aux pieds ; car les ailes sont une heureuse image de la rapide course de cet essor céleste qui les précipite sans cesse plus haut, et les dégage si parfaitement de toute vile affection. La légèreté des ailes montre que ces sublimes natures n'ont rien de terrestre et que nulle corruption n'appesantit leur marche vers les cieux. La nudité en général, et en particulier la nudité des pieds, fait comprendre que leur activité n'est pas comprimée, qu'elles sont pleinement libres d'entraves extérieures, et qu'elles s'efforcent d'imiter la simplicité qui est en Dieu. »

D'abord, il faut dire que les artistes, même byzantins, ne se sont pas soumis aux lois, ou, si vous le voulez, aux descriptions données par saint Denys. Ainsi, à ma connaissance, il n'existe pas un ange ailé aux pieds; des démons, oui, surtout des démons du XIIIe et du XIVe siècle, et particulièrement en France; mais des anges, non. Ce fait suppose que le mal est plus prompt que le bien, puisque Satan vole des reins et des pieds tout à la fois, tandis que les anges ne volent que des reins ou des épaules. Ensuite, n'est-il pas bien curieux de voir saint Denys déclarer que les anges sont non-seulement nus aux pieds, mais encore nus en général, tandis que les Byzantins ont constamment habillé leurs anges (les Séraphins et les Chérubins à peine exceptés) de plusieurs vêtements superposés et très-serrés, et que, de plus, presque toujours, ils les ont chaussés de sandales couvertes et même de bottines?

Ainsi, par la planche mise en tête de cet article, est constatée cette contradiction flagrante entre les textes et les monuments, entre la théologie et l'iconogragraphie, entre saint Denys et les artistes. Ce grand ange est habillé d'un vêtement de dessous, d'une robe et d'un ample manteau. Ses pieds ne sont pas couverts des bottines que portent les anges byzantins des XIIe et XIIIe siècles, mais ils sont chaussés de sandales découvertes, comme celles des statues héroïques de l'antiquité. Du reste, c'est bien un beau et viril jeune homme comme l'exige saint Denys, et non la femmelette de nos jours. A la main droite, la main puissante, le globe du monde surmonté de la croix ; la main gauche tient énergiquement le bâton, le long sceptre dont parle l'Aréopagite.

 

[1] Voyez les « Œuvres » de saint Denys l'Aréopagite, traduites du grec par M. l'abbé DARBOY. Paris, 1845, in-8°; ch. XIV, de la « Hiérarchie céleste », p. 236. — Daniel, ch. VII, verset X avait dit dans sa vision : « Millia millium ministrabant ei (Antiquo dierum), et decies millies centena millia assistebant ei ». C'est ce texte que l'Aréopagite rappelle.  [2] «Et constituens (Christum) ad dexteram suam in coelestibus supra omnem Principatum et Potestatem et Virtutem et Dominationem ». S. PAULI « Epist. ad Ephesios », cap. I, V. 20-21. [3] «Quoniam in ipso (Christo Jesu) condita sunt universa in coelis et in terra, visibilia et invisibilia, sive Throni, sive Dominationes, sive Principatus, sive Potestates ». S. PAULI « Epist. Ad Colossenses », cap. I, V. 16. [4] «Per quem majestatem tuam laudant Angeli, adorant Dominationes, tremunt Potestates ; Coeli coelorumque Virtutes ac beata Seraphim socia exultatione concelebrant ». — « Ideo cum Angelis et Archangelis, cum Thronis et Dominationibus, cumque omni militia coelestis exercitus hymnum gloriae tuae canimus ». — PRÉFACES communes de la messe. [5] «Tibi omnes Angeli, tibi coeli et universae Potestates, tibi Cherubim et Seraphim incessabili voce proclamant : Sanctus, Sanctus, Sanctus, Dominus Deus Sabaoth ». — TE DEUM. [6]  Voir le « Manuel d'iconographie chrétienne grecque et latine », pages T1-74.

 

Les ailes puissantes de cette belle créature rappellent divers passages du Dante où nous puiserons, quand il s'agira des fonctions et des attributs des anges latins.

La gravure de M. Gaucherel lutte assurément avec l'original, qui est un ivoire du Ve siècle peut-être, que le « British Muséum » est fier de posséder aujourd'hui[1]. Malheureusement c'était un diptyque, et l'autre feuille, qui complétait celle-ci, a disparu. L'inscription grecque, tronquée de sa seconde moitié, n'a plus qu'un sens énigmatique :

ΔΕΧΟΥ ΠΑΡΟΝΤΑ ΚΑΙ ΜΑΘΩΝ ΤΗΝ ΑΙΤΙΑΝ

« Prends l'objet que voici (le globe) et, apprenant la cause... » Est-ce l'ange qui parle et qui offre à un homme, à un empereur peut-être, le globe du monde, comme signe de la puissance suprême qui doit être réglée et dominée par la croix, par la religion? C'est probable, mais la seconde partie de l'inscription nous aurait appris d'une manière certaine tout ce qu'il y avait de religieux et de politique dans cette allocution de la noble intelligence céleste.

Par suite d'une autre contradiction avec lui-même, après avoir parlé de nudité générale et partielle, l'Aréopagite explique la signification symbolique du vêtement radieux ou de feu porté par les anges, de la robe sacerdotale et de la ceinture dont ils sont revêtus.

De là saint Denis énumère d'autres attributs qui leur sont donnés : « Les baguettes qu'ils portent sont une figure de leur royale autorité et de la rectitude avec laquelle ils exécutent toutes choses. Les lances et les haches expriment la faculté qu'ils ont de discerner les contraires, et la sagacité, la vivacité et la puissance de ce discernement. Les instruments de géométrie et des différents arts montrent qu'ils savent fonder, édifier et achever leurs oeuvres, et qu'ils possèdent toutes les vertus de cette providence secondaire qui appelle et conduit à leur fin les natures inférieures. Quelquefois aussi ces objets emblématiques que portent les saintes intelligences annoncent le jugement de Dieu sur nous : les sévérités de la correction, les vengeances de la justice; soit aussi la délivrance du péril, la fin du châtiment, le retour de la propriété perdue, l'accroissement des grâces corporelles ou spirituelles. »

Les anges, surtout les byzantins, ont fréquemment des sceptres, des baguettes, et des lances; mais des instruments de géométrie et surtout des haches, je ne leur en connais pas.

« Les anges, dit saint Denys, sont appelés vents, pour exprimer la rapidité de leur action, parce que l'air va et vient sans qu'on sache d'où il vient ni où il va. La théologie représente aussi les anges sous la forme de nuées, parce que ces intelligences sont inondées d'une lumière dont elles envoient les rayons abondants, mais tempérés, à leurs inférieurs, et parce qu'elles répandent une rosée spirituelle et fécondante. — D'autres fois les anges sont dits apparaître comme l'airain, l'électre, ou quelque pierre de diverses couleurs. L'électre, métal composé d'or et d'argent[2], figure, à raison de la première de ces subtances, une splendeur incorruptible, et qui garde inaltérablement sa pureté non souillée; et, à cause de la seconde, une clarté douce et céleste. L'airain pourrait être assimilé soit au feu, soit à l'or même. La signification symbolique des pierres sera différente, selon la variété de leurs couleurs : ainsi les blanches rappellent la lumière; les rouges, le feu; les jaunes, l'éclat de l'or; les vertes, la vigueur de la jeunesse. Chaque forme aura donc son sens caché, et sera le type sensible d'une réalité mystérieuse. »

Suivant l'Aréopagite, les anges revêtent des formes animales, dont il donne l'explication suivante : « Par la forme du lion, il faut entendre l'autorité et la force invincible des saintes intelligences, et le secret tout divin qui leur est donné de s'envelopper d'une obscurité majestueuse, en dérobant saintement aux regards indiscrets les traces de leur commerce avec la divinité (imitant le lion qu'on dit effacer dans sa course l'empreinte de ses pas, quand il fuit devant le chasseur). — La forme du boeuf, appliquée aux anges, exprime leur puissante vigueur, et qu'ils ouvrent en eux des sillons spirituels, pour y recevoir la fécondité des pluies célestes ; les cornes sont le symbole de l'énergie avec laquelle ils veillent à leur propre garde. — La forme d'aigle rappelle leur royale élévation et leur agilité, l'impétuosité qui les emporte sur la proie dont se nourrissent leurs facultés sacrées, leur attention à la découvrir et leur facilité à l'étreindre, et surtout cette puissance du regard qui leur permet de contempler hardiment et de fixer sans fatigue les splendides et éblouissantes clartés du soleil divin.

« Le cheval est l'emblème de la docilité et de l'obéissance. Sa couleur est également significative : blanc, il figure cet éclat des anges qui les rapproche de la splendeur incréée; bai, il exprime l'obscurité des divins mystères; alezan, il rappelle la dévorante ardeur du feu ; marqué de blanc et de noir, il symbolise la faculté de mettre en rapport et de concilier ensemble les extrêmes, d'incliner sagement le supérieur vers l'inférieur, et d'appeler ce qui est moins parfait à s'unir avec ce qui est plus élevé. »

Dans les Tétramorphes, variété de la première famille, les anges prennent en effet la forme du lion, de l'aigle et du boeuf, c'est-à-dire des attributs de saint Marc, de saint Jean et de saint Luc ; mais jamais je n'ai vu le cheval figurer un ange d'un ordre quelconque. Enfin, par le dernier passage qui suit, sera épuisé tout ce que saint Denys raconte d'important sur la forme des anges :

« Considérons encore ce que veut dire la théologie, lorsque, parlant des anges, elle nous décrit des fleuves, des chars et des roues. Le fleuve de feu désigne ces eaux vivifiantes qui, s'échappant du sein inépuisable de la divinité,  débordent largement sur les célestes intelligences et nourrissent leur fécondité.

Les chars figurent l'égalité harmonique qui unit les esprits d'un même ordre. Les roues garnies d'ailes, et courant sans écart et sans arrêt vers le but marqué, expriment l'activité puissante et l'inflexible énergie avec lesquelles l'ange, entrant dans la voie qui est ouverte, poursuit invariablement et sans détour sa course spirituelle dans les régions célestes. Mais ce symbolisme des roues est susceptible encore d'une autre interprétation ; car ce nom de galgal qui lui est donné, au rapport du prophète (Ézéchiel), signifie en hébreu révolution et révélation. Effectivement ces roues intelligentes et enflammées ont leurs révolutions, qui les entraînent d'un mouvement éternel autour du bien immuable ; elles ont aussi leurs révélations, ou manifestations des secrets divins, à savoir lorsqu'elles initient les natures inférieures et leur font parvenir la grâce des plus saintes illuminations. »

Ces extraits, malgré leur longueur, nous instruisent beaucoup sur la forme et les attributs des anges en général, mais bien peu sur les attributs et la forme des neuf choeurs. Il semble que ce défaut de précision ait rejailli dans toute l'iconographie des anges chez les Grecs, car à l'exception des Séraphins, des Chérubins, des Trônes et des Tétramorphes qui se composent de la réunion de ce premier ternaire, les deux autres ternaires sont vêtus d'habits et munis d'attributs, qui, du moins dans les anciennes époques de l'art, jusqu'aux XIIIe et XIVe siècles, sont les mêmes pour les Dominations, les Anges et tous les choeurs intermédiaires. La planche qu'on a sous les yeux et qui représente le type de chaque ange émaillé sur le reliquaire byzantin de Limbourg, en offre un exemple remarquable.

En haut, à gauche, sont les Vertus (Ѐξουσίαι), qui devraient s'appeler les Séraphins ou les Chérubins, et qui ont les six ailes prescrites par le « Guide de la Peinture »; à droite les Principautés (Áρχαί), qui devraient également s'appeler les Tétramorphes et qui ont quatre ailes autour desquelles se groupent les attributs des évangélistes. Au pied de ces Tétramorphes, se voient deux disques ayant à peu près la forme de roues et qui pourraient bien figurer des Trônes. Mais à l'exception de ces Tétramorphes et Séraphins, dont le nom même est changé, les six autres anges anciens sont sensiblement les mêmes. Tous nimbés, ailés, jeunes, pieds chaussés, habillés de la robe et du manteau, ou de la robe et de l'étole byzantine; tous portant le sceptre long et fleuronné de trois feuilles, et quatre d'entre eux soutenant le sceau de Dieu. Quant à l'ange d'en bas, gravé seulement au trait, parce qu'il est ainsi sur le reliquaire, il provient d'une restauration malhabile du XIVe siècle. Il nous offre la figure la plus niaisement pieuse qu'on ait jamais exécutée; je ne sais pas si l'on pourrait faire aussi mauvais, même de nos jours. Mais cet ange n'appartient pas à la série des autres qui sont d'un émail byzantin, cloisonné d'or et translucide, anges d'une charmante silhouette et dont le seul défaut est de se ressembler beaucoup trop.

Ce reliquaire de Limbourg, les Allemands l'attribuent au Xe siècle et les Français au XIIIe; mais, après le XIIIe siècle, jusqu'à nos jours, les Grecs eux-mêmes se sont efforcés de caractériser par des attributs distincts chaque chœur d'anges. Pour ne pas nous engloutir dans des détails infinis, nous allons présenter la hiérarchie la plus complète, à notre connaissance, qui ait été exécutée en peinture. Elle est au mont Athos, dans le grand couvent d'Ivirôn, et elle tapisse la coupole qui domine l'église des Archanges. Nous l'avons étudiée au mont Athos même, avec un soin tout particulier, et nous avons relevé les inscriptions grecques avec une attention scrupuleuse.

Au centre de cette coupole, brille la grande figure du Pantocrator, du Tout-Puissant. A ce centre convergent neuf compartiments, qui sont peuplés des neuf choeurs des anges. L'église des Archanges est orientée, comme il va sans dire. Le Pantocrator élève sa tête à l'orient, mais il regarde ses fidèles et, par conséquent, il dirige ses yeux vers l'occident. A sa droite, c'est-à-dire au nord-ouest, sont rangés les trois choeurs qui composent la première famille ; à sa gauche, au sud-ouest, les trois choeurs de la seconde famille ; au-dessus de sa tête, à l'orient, les trois choeurs de la première. Cet ordre n'est pas toujours constant, mais il mérite d'être signalé, et nous recommandons aux iconographes de le constater avec le plus grand soin dans les monuments où ils rencontreront une partie ou la totalité de la hiérarchie des anges.

Chaque choeur est représenté par un grand nombre d'anges, une foule qui s'étage en perspective et se perd dans l'azur du ciel. Au-dessus du groupe et dans les nuages, un ange plus petit, ayant deux ailes et une tête, mais pas de corps, ange appartenant au groupe même, au moins par son office, tient soit un cartel, soit une banderole où se lit le nom abrégé du choeur dont il est le résumé, si l'on peut parler ainsi. En outre, une longue inscription grecque règne au-dessus de chaque compartiment où est chaque choeur ; elle désigne la qualité, quelquefois même la fonction et les attributs de ce choeur.

I. — SÉRAPHINS.

Le petit ange qui les nomme, formé d'une tête sans corps et de deux ailes, comme nous l'avons dit, tient un cartel où se lit : ΣΕΡΑΦΙΜ. — La grande inscription, qui règne dans toute la largeur du compartiment, ajoute à cette désignation :

Πυρνοι οντες οι σεραψιμ το ειδος

Πυρουσι βροτους προς αγαπησιν θειαν

« Les Séraphins, au corps de feu, embrasent les mortels de l'amour divin[3]. Ils sont complétement rouges comme le feu. Rouges du corps et rouges à leurs trois paires d'ailes. Épée rouge et flamboyante à la main droite. Pieds nus. Ailleurs, suivant l'étymologie de leur nom, ce sont des flammes vivantes, qui brûlent et font brûler d'amour pour Dieu.

II. —

CHÉRUBINS.

Le petit ange qui les annonce porte sur son cartel : ΧΕΡ

Inscription du compartiment :

χυσιν σοφιας χερουβιμ xεχτημενοι

χυδην xινουσι τε ημιν εxειθεν

« Les Chérubins, possesseurs de la sagesse, nous en versent la source avec abondance. » Une seule paire d'ailes à couleurs variées, mais bleues d'aspect général. Robe, manteau par-dessus, et, par-dessus le manteau, tunique courte descendant aux genoux, à peu près comme celle que portent nos évêques. Pieds chaussés. La robe, le manteau, la tunique et les chaussures d'une très-grande richesse.

III. — TRONES.

Sur le cartel du petit ange : ΘPON.

Inscription du compartiment :

Υπεριδρυνται εσχατιας απασης

Οι αμφι τον υψιοτον υψηλοι θρονοι

« Les Trônes, élevés autour du Très-Haut, sont établis au-dessus de toute limite. »

Deux roues de feu, ailées de quatre ailes ocellées. Une tête d'ange nimbé sort du bas de chacune de ces roues et monte vers le centre ou le moyeu. — La Vierge apparaît debout près de ces Trônes, dans ce choeur dont elle fait partie, suivant la théologie byzantine. Elle est en orante, les mains levées vers le ciel. Près d'elle, on lit cette inscription :

                                       - Εξαιρει θρονους του θεου υντως θρονος Θεου                                                        

« Trône véritable de Dieu-, elle domine les Trônes de Dieu. »

 

[1] Cet ivoire fait partie des moulages de la Société d'Arundel, dont nous avons le dépôt dans notre maison. C'est d'après ce moulage et une photographie, que M. Gaucherel a exécuté sa remarquable gravure. Cet ange est un peu court peut-être, et notre XIIIe siècle français l'aurait élancé davantage. Mais quelle force, quelle puissance herculéenne, pardon de ce paganisme, dans cet ange qui tient le globe du monde et le sceptre des nations ! Qui osera dire encore, en présence d'une pareille figure, que l'art chrétien de la Grèce est laid et défaillant? Chez les byzantins comme chez les latins, aux beaux siècles que nous préconisons, le christianisme a possédé le sentiment du beau au même degré que le paganisme d'Athènes et de Rome. [2] Les archéologues qui s'occupent spécialement des émaux, comme MM. Jules Labarte, Ferdinand de Lasteyrie, Léon de Laborde, Carrand et Alfred Darcel, prendront de l'intérêt à cette définition de l' « électrum », qui est ici un métal composé, et non pas un émail, non pas  une substance vitrifiable.[3] Je dois à un savant helléniste, professeur dans l'un des lycées de Paris, M. Piéron, la traduction de ces textes qui ne sont pas toujours sans difficultés

IV. — DOMINATIONS.

Sur le cartel du petit ange : KYP.

Inscription du compartiment :

Προς την οντως ψερουσι xυριαρχιαν

Αυτοxρατορου xυριοτητες νευσιν

« Les Dominations dirigent leur volonté vers la puissance vraiment suprême du maître absolu. » Anges à deux ailes, robe, manteau, chaussures. A la main droite, le sceau de Dieu, disque marqué du monogramme grec de Jésus-Christ ic xc. A la main gauche, un long bâton surmonté d'une croix. — La sainte Vierge appartient aux Trônes ; saint Jean-Baptiste fait partie des Dominations ; c'est une Domination humaine, dignité que lui a valu, suivant la théologie byzantine, ses vertus et son titre de Précurseur de Jésus-Christ. Saint Jean est ailé, précisément parce qu'il était l'ange (iyye^oç) et l'envoyé de Dieu. Robe de peau et manteau d'étoffe. Il a les pieds nus, comme un apôtre, comme Jésus-Christ lui-même, quoique les Dominations auxquelles il est mêlé aient les pieds chaussés.

V. — PUISSANCES.

Sur le cartel du petit ange : AYN.

Inscription du compartiment :

Αxατασειστος ανδρειαν αι δυναμεις

Ψερονσι τας σψαιρας τε πολου xινουσι

« Les Puissances apportent un courage inébranlable et mettent en mouvement les sphères du ciel. »

Anges à deux ailes, robe, manteau par-dessus lequel est une tunique courte descendant aux genoux. Broderies au bas de la robe, au collet du manteau, au bas de la tunique. Pieds nus. A la main droite, sceau de Dieu, ou globe, marqué du monogramme de Jésus-Christ; à la main gauche, long bâton terminé par une croix.

VI. — VERTUS.

Sur le cartel du petit ange : EΞOΥΣ

Inscription du compartiment :

Ηλη εξουσιων εξοχος εξουσια

Ολη νενευxε τη εξουσιαρχια

« La Vertu, la plus haute de toutes les Vertus, triomphe complétement à l'aide du maître des Vertus. » Anges à deux ailes, robe et manteau, mais sans ornements, et pieds nus. A la main droite, sceau de Dieu timbré du monogramme de Jésus-Christ ; à la main gauche, long bâton terminé en croix.

VII. — PRINCIPAUTÉS.

Sur le cartel du petit ange : APXAI.

Inscription :

Το βεοειδες αρχιxον εxτυπουσι

Πλειστα βαυματ΄αι χαιαι ενεργουσαι

« Les Principautés, en faisant beaucoup de miracles, réalisent une puissance semblable à Dieu. » Anges à deux ailes, robe, manteau couvert de la tunique descendant aux genoux. Pieds chaussés. Grande richesse de costume. A la main droite, sceau de Dieu gravé du monogramme de Jésus-Christ; à la gauche, au lieu du bâton épanoui en croix, branche de lis.

VIII. — ARCHANGES.

Sur la banderole du petit ange : APXAΤ.

Inscription :

Αρχαγγελιxη αρχαγγελων ταξις

Μεοη ταις αρχαις xοινωνει xαι αγγελοις

« L'ordre archangélique des Archanges participe des Principautés et des Anges entre lesquels il est intermédiaire. » Soldats ailés de deux ailes ; pas de casque, mais cuirasse et bottines. A la main gauche, globe marqué du monogramme de Jésus-Christ. A la main droite, épée nue, pointe en l'air. C'est le type que l'archange Michel offre si fréquemment.

IX. — ANGES.

Sur le cartel du petit ange : ΑΤΤΕ.

Inscription :

Το λειτουργ οντως αγγελοις πρεπει

Ανω xατω τρεχουσιν ενεx ανθρωπων

« Ce qui est de la liturgie convient réellement aux anges qui courent du ciel en terre dans l'intérêt des hommes. » Foule d'anges à deux ailes, richement vêtus. Habillés, comme les diacres, de l'aube et de la dalmatique. A la main droite, sceau divin marqué du monogramme de Jésus-Christ. A la main gauche, long bâton terminé par une petite croix. Pieds chaussés et richement, comme ceux du reliquaire de Limbourg. Tout autour de cette coupole, à la base même ou au frontal, court l'inscription suivante qui résume en quelque sorte ce qui vient d'être décrit en détail :

+ οι αμφι τον πρωτιστον νουν την τριαδα νοες δευτεροι τριαδιxως τελουντες εx τριων πατων το τριμερες νοος μου λυσαι ως θεεμις τοις λειτουργοις τριαδος

« Les esprits seconds qui sont autour de l'Esprit premier, la Trinité, triplement parfaits, délivrent des trois passions la triple partie de mon esprit comme il est juste pour ceux qui adorent la Trinité. » Au même monastère d'Ivirôn, dans l'église de la Παναγια Πορταϊτισσα, c'est-à-dire de la « Vierge Portière, » ou de la Vierge gardienne de la porte, les anges qui entourent cette Vierge sont, d'une part, les Séraphins à six ailes, nommés Eξαπτερες, mais sans pieds; de l'autre les Πολυογατα, ou Trônes, cercles de feu à quatre ailes ocellées[1].

Dans la grande église du même couvent d'Ivirôn, nommée Παναγις  Kοιμησις « Mort de la Vierge », le porche, qui est entièrement peint, offre à la voûte les neuf choeurs des anges entourant Jésus-Christ dont le nimbe d'or et crucifère est marqué de l'Ο ΩN. Leur nom n'étant pas écrit et leurs attributs étant presque les mêmes à tous, il n'est pas possible de les définir. Il y a seulement deux choeurs plus caractérisés qu'à l'église des Archanges. L'un est celui des Trônes probablement, l'autre celui des Anges proprement dits.

Les Trônes sont couronnés comme des rois ; ils sont habillés de la robe longue et du manteau. A la main gauche, un long sceptre ou bâton terminé par un fleuron. A la main droite, une hampe terminée par un cartel, étendard fixe et carré, où se lit :

Aγιος, αγιος, αγιος Kuρioς Σαβαωθ. Πληρης ο ουρανος xαι η γη δοξης ου. « Saint, Saint, Saint le Seigneur Sabaoth. Le ciel et la terre sont pleins de sa gloire ».  Quant au choeur des anges, il est représenté par une foule d'anges à deux ailes, habillés en soldats, casqués, cuirassés, chaussés de bottines, tenant à la droite un bâton fleuronné, à la gauche la hampe au cartel carré où se lit également ayioç, ayioç, etc.

En voilà bien assez, il nous semble, sur tous ces anges grecs si incomplètement définis, malgré les lois posées par saint Denys l'Aréopagite; doués d'attributs trop ressemblants pour qu'on les distingue sans crainte d'erreur ; baptisés de noms qui ont des synonymes et qui sont portés par des chœurs fort divers. Au surplus, il nous reste à parler, avec de certains développements, de la hiérarchie des anges latins; comme, pour arriver à ceux-ci, il faudra passer par les anges exécutés dans les églises latines sous une influence byzantine évidente, tels que les anges de Saint-Marc de Venise, ce qu'on dira de cette hiérarchie romano-byzantine servira à éclaircir ce qui peut rester d'obscur encore dans les neuf choeurs des Grecs.

[1] A la coupole de la grande église appelée Παναγιας Κοιμησις (Mort de la Vierge), un ange est appelé Eξαπτεριγον CCραψιμ ; il a trois paires d'ailes, deux pieds nus, et il tient à chaque main une baguette fleuronnée. Un autre est nommé Πολυοματα Χερθβιμ; il a trois paires d'ailes ocellées, deux pieds non chaussés, et il tient à chaque main une hampe qui porte un étendard carré où se lit αγιος, αγιος, αγιος etc.

 

Photos. Source net.
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