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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #ETUDES HISTORIQUES SUR LIEUX SAINTS

ETUDE HISTORIQUE ET ARCHEOLOGIQUE SUR

L'ËGLISE DE PARAY-LE-MONIAL

PAR

EUGÈNE LÈFËVRE-PONTAMS (EXTRAIT).

 

DESCRIPTION DE L’EGLISE.

 

Le plan de l'église de Paray, dont l'orientation est assez régulière, comprend une nef précédée d'un narthex et flanquée de deux bas-côtés, un transept qui renferme une chapelle dans chacun de ses croisillons et un chœur en hémicycle entouré d'un déambulatoire et de trois chapelles rayonnantes. Trois portails donnent accès dans l'intérieur de l'édifice et trois clochers s'élèvent au-dessus de ses voûtes. Ce plan ne doit pas être considéré d'une manière trop absolue comme une réduction de celui que présentait la célèbre basilique de Cluny. En effet, il n'offre ni doubles collatéraux, ni double transept, ni cinq chapelles rayonnantes, mais l’influence exercée par l'église de Cluny sur celle de Paray se fait nettement sentir dans le plan du déambulatoire. A Paray, cette galerie n'a pas la même largeur que les bas-côtés, contrairement au système généralement suivi par les architectes du moyen âge. Il en était de même à Cluny et comme la particularité que nous venons de signaler ne se rencontre pas dans une autre église de la région, il faut bien admettre que le déambulatoire de Cluny a servi de modèle à celui de Paray. Si l'on considère le plan de l'église dans son ensemble, on ne peut s'empêcher de constater qu'il présente une certaine analogie avec celui des églises de Notre-Dame de Beaune et de Saint-Philibert de Tournus, tandis qu'il s'éloigne du type adopté par les architectes de la cathédrale d'Autun et de l'église de Semur-en-Brionnais[1].

Le narthex se compose d'un vaste porche rectangulaire divisé en trois nefs qui ne comprennent que deux travées. Il est recouvert de six voûtes d'arête séparées les unes des autres par des doubleaux en plein cintre. Les retombées des voûtes s'appuient d'un côté sur les murs de la façade et de la nef, et de l'autre sur deux piles isolées qui sont formées d'une colonne centrale cantonnée de quatre colonnettes. Les chapiteaux de ces piliers sont garnis de feuillages ou d'animaux monstrueux et leurs bases sont ornées de deux tores séparés par une gorge. Au-dessus du porche qui communique avec l'extérieur par sept ouvertures, se trouve une salle voûtée en berceau et divisée en trois nefs comme la partie basse du narthex. Elle est éclairée par sept baies en plein cintre et tes piliers qui la soutiennent, construits sur un plan cruciforme, sont dépourvus de chapiteaux et couronnés par de simples tailloirs en biseau.

Bien que toute la partie inférieure du porche ait été complètement reconstruite par M. Millet en 1860, il est néanmoins certain qu'elle remontait au onzième siècle, comme la salle supérieure. Pouvait-on considérer ce narthex, avant sa restauration, comme un débris de l'église abbatiale consacrée à Paray le 9 décembre 1004? C'est ce qu'il convient d'examiner. Au premier abord, cette opinion parait difficile à soutenir, mais si l'on observe la simplicité du style de toute la façade et si l'on songe à la ressemblance qui existe entre le porche de Paray et le narthex de Saint-Philibert de Tournus, bâti entre 1009 et 1019[2], on est porté à faire remonter le narthex de Paray au premier quart du onzième siècle. L'art de la construction était déjà fort développé en Bourgogne à cette époque, comme Raoul Glacer se plait à le constater dans son ouvrage, et il ne serait pas étonnant que le narthex de Paray ait servi de modèle à l'architecte qui éleva celui de Saint-Philibert de Tournus. Le narthex communique avec la nef de l'église par un portail en plein cintre encadré par deux colonnettes et par deux pieds-droits ornés de feuilles d'acanthes. L'une des colonnes est garnie de nattes élégantes, l'autre est tournée en forme d'hélice comme celles du portail principal de l'église de Semur-en-Brionnais; leurs chapiteaux sont couverts de grappes de raisin et de feuillages, et leurs tailloirs se composent de plusieurs rangées de billettes. On remarque sur les claveaux de l'archivolte un tore accompagné de bâtons brisés et un cordon de grosses perles. Le tympan est dépourvu de toute décoration. Cette porte qui se trouve dans l'axe du narthex ne correspond pas à l'axe de la nef; elle porte l'empreinte du style en usage dans la Bourgogne au milieu du douzième siècle.

La nef, voûtée en berceau brise, ne comprend que trois travées et sa longueur n'est pas en harmonie avec les proportions de l'édifice qui semble destiné à contenir cinq ou six travées. Il est facile d'en comprendre la raison. L'architecte chargé de reconstruire l'église de Paray au milieu du douzième siècle était décidé à ne conserver aucune partie du monument bâti au onzième siècle. Ce qui le prouve, c'est qu'il n'avait pas jugé nécessaire de faire coïncider l'axe de la nouvelle église avec le centre de l'ancienne façade. En outre, s'il avait su que le narthex primitif ne serait pas démoli, il aurait établi les fondations du chœur beaucoup plus loin afin de donner à la nef un développement en rapport avec sa largeur. Pendant que le chœur et le transept s'élevaient au-dessus du sol, les moines du prieuré de Paray craignirent de ne pouvoir se procurer des ressources suffisantes pour mettre à exécution le projet qu'ils avaient conçu. En conséquence, comme ils se décidèrent à conserver le narthex et les deux clochers de la façade, la nef se trouva resserrée entre le transept déjà terminé et la façade que l'on ne songeait plus à faire disparaître.

Les travées de la nef se composent d'un arc en tiers point, formé d'un double rang de caveaux et encadré par un cordon garni d'oves et de tiges entrelacées. Elles reposent sur des massifs cantonnés de trois colonnes et d'un pilastre à trois cannelures. Ce pilastre qui fait face à la nef est couronné au niveau des sommiers, par un chapiteau d'où s'élance un pilastre moins haut flanqué de deux colonnettes. A partir de la base du triforium, ces trois supports sont remplacés par une grosse colonne engagée dans un dosseret. Les trois changements que les membres du pilier subissent dans leurs formes à différentes hauteurs produisent un effet très original. La partie supérieure de la nef est occupée par un triforium dont les arcatures en plein cintre sont séparées par des pilastres cannelés suivant la disposition si répandue en Bourgogne au douzième siècle. On sait que cette ornementation est attribuée à l'influence que les portes Gallo-Romaines de la ville d'Autun exercèrent sur les architectes de la région au moyen âge. En effet, la galerie de la porte d'Arroux offre une ressemblance complète avec le triforium des églises de Paray, de Beaune, de Cluny et de la cathédrale d'Autun. Les arcades du triforium de Paray sont au nombre de trois dans chaque travée; deux d'entre elles sont aveugles, et celle qui occupe le centre communique avec les combles des bas-côtés[3]. Elles reposent sur un bandeau destiné à rompre les lignes verticales des piles et elles sont couronnées par une corniche qui s'appuie sur de petits modillons. L'intérieur de la nef est éclairé au moyen de petites fenêtres accouplées trois par trois leur archivolte en plein cintre ornée d'un gros tore est soutenue par de minces colonnettes. Un cordon saillant accuse nettement la naissance de la grande voûte dont l'uniformité se trouve rompue par des doubleaux formés de deux arcs superposés qui se détachent en relief sur les voussoirs.

La décoration de ce large vaisseau n'est pas moins remarquable que son architecture. Les chapiteaux sont couverts de feuilles d'acanthes et de feuillages habilement découpés on distingue sur quelques-uns d'entre eux des monstres grimaçants et des animaux accouplés. Les bases des colonnes garnies d'une gorge entre deux tores dérivent d'une imitation de la base attique et les tailloirs se composent de trois filets en saillie les uns sur les autres.

La nef de l'église de Paray doit être considérée comme une œuvre contemporaine du milieu du douzième siècle. Son style rappelle d'une manière frappante celui des églises d'Autun, de Beaune et de Cluny, et pour en apprécier la beauté, il est inutile de donner à chacune de ses parties un sens symbolique, comme-M. l'abbé Cucherat s'est efforcé de le faire. Faut-il croire, en effet, avec cet auteur que la nef est une image de l'Eglise militante et que le narthex représente le purgatoire[4]? Faut-il admettre que les arcatures aveugles du triforium « marquent les profondeurs impénétrables de la très sainte Trinité, et que les fenêtres accouplées trois par trois offrent un symbole « de la Trinité se manifestant par la création[5] ? Toutes ces hypothèses nous paraissent très hasardées, car les particularités qui ont frappé M. l'abbé Cucherat ne sont pas spéciales à l'église de Paray puisqu'elles se rencontrent à Cluny, à Beaune et à Semur-en-Brionnais. Si les artistes du moyen âge ont souvent fait usage de symboles dans les sculptures des portails et des chapiteaux, ce n'est pas une raison pour donner un sens figuré à toutes les parties de leurs œuvres architecturales.

Les bas-côtés qui comprennent le même nombre de travées que la nef sont recouverts de voûtes d'arête séparées les unes des autres par des doubleaux en tiers point. Chacun de ces doubleaux repose sur deux colonnes engagées, couronnées par des chapiteaux à feuillages. Dans l'axe des travées s'ouvrent des fenêtres en plein cintre; celles qui éclairent le bas-côté nord sont soutenues par des colonnettes, tandis que celles du bas-côté sud en sont dépourvues. Néanmoins il est évident que ces deux nefs latérales sont contemporaines du vaisseau central et remontent, comme lui, au milieu du douzième siècle.

Le carré du transept est encadré par quatre grands doubleaux en tiers point dont les claveaux garnis d'oves et d'entrelacs viennent retomber sur des colonnes engagées. Du côté de la nef et du chœur ces colonnes ne partent pas du sol, elles ne prennent naissance qu'à onze mètres de hauteur et s'appuient sur deux pilastres superposes. Cette partie de l'église est voûtée au moyen d'une coupole à huit pans, établie sur quatre trompes, suivant la méthode également employée par les constructeurs des églises d'Autun, de Beaune, de Tournus et de Semur-en-Brionnais. Le croisillon nord est surmonté comme la nef d'une voûte en berceau brisée soutenue par deux doubleaux qui reposent sur des demi-colonnes. Il se trouve divisé en trois travées, mais la troisième travée voisine du mur de clôture n'a que 1m80 de largeur, l'architecte ayant voulu disposer symétriquement les colonnes des doubleaux à l'entrée de la petite chapelle qui s'ouvre du côté de l'orient. Cette chapelle voûtée en cul-de-four est encadrée par deux pilastres; son soubassement est garni de quatre arcatures cintrées ornées de besants et soutenues par des colonnettes, trois fenêtres en plein cintre l'éclairent à l'intérieur. Le triforium se continue tout autour du croisillon nord et ses arcades offrent la même disposition que dans la nef. Il est surmonté de baies cintrées accouplées trois par trois; le pignon du mur du chevet est percé d'une fenêtre de la même forme. On remarque le long du mur occidental un large bénitier en granit qui ne mesure pas moins de 1m25 de diamètre. Cette cuve servait autrefois de vasque au jet d'eau du cloitre elle porte les armes de Jacques d'Amboise, abbé de Cluny de 1485 à 1510, et ses bords sont garnis de feuillages contournés qui permettent de l'attribuer à la fin du quinzième siècle. Le croisillon méridional présente une analogie complète avec le croisillon du nord. Ses voûtes, ses fenêtres et son triforium, présentent les mêmes caractères, mais la chapelle qui le flanque du côté de l'est est conçue dans un style différent et n'appartient pas au douzième siècle comme tout le reste du transept. Reconstruite par Robert de Damas-Digoine vers 1470, elle se compose de deux travées voûtées par des croisées d'ogives qui sont renforcées de liernes et de tiercerons. Son chevet polygonal est recouvert d'une voûte du même genre et éclairé par trois fenêtres en lancettes à remplages flamboyants. Toutes les nervures des voûtes et les doubleaux qui les séparent ont un profil prismatique; elles s'appuient sur des colonnettes piriformes groupées le long des murs. L'autel qui occupe le chevet de la chapelle est surmonté de cinq niches, et l'on remarque dans la première travée un tombeau richement décoré. Le dais qui le surmonte repose sur des arcatures encadrées par des gâbles garnis de crochets. C'est un très beau spécimen de l'art des sculpteurs du quinzième siècle en Bourgogne, et l'élégance de toute la construction fait regretter moins vivement la destruction de l'ancienne chapelle du douzième siècle, dont l'arc en plein cintre, destiné à encadrer la voûte en cul-de-four primitive, est resté intact.

Le chœur est recouvert en avant par une voûte en berceau brisé et en arrière par une voûte en cul-de-four. Sa partie droite se compose d'une travée identique à celles de la nef qui s'élève entre deux doubleaux en tiers point appuyés sur des colonnes engagées. Comme lu doubleau qui encadre la voûte en cul-de-four est moins élevé que l'arc triomphal, le mur qui le surmonte est percé d'une fenêtre en plein cintre et de deux oculi destinés à éclairer le sanctuaire. Le rondpoint est soutenu par huit colonnes assises sur un soubassement garni de dalles épaisses. Le fût de ces colonnes est monolithe et ne mesure pas moins de 5m20 de hauteur, tandis que leur diamètre ne dépasse pas 0m42. Leurs chapiteaux sont ornés de feuilles d'eau peu découpées afin de ne pas affaiblir la résistance des tailloirs. Aux deux extrémités de l'hémicycle les colonnes isolées sont remplacées par une colonne engagée dans un pilier massif. Ces différents supports sont réunis par des arcs en plein cintre décorés de petits oves comme les arcades de la nef. La partie supérieure du sanctuaire est occupée par neuf fenêtres accouplées dont l'archivolte en plein cintre est accompagnée de plusieurs rangs de damiers. Chacune des baies repose sur deux colonnettes qui s'appuient elles-mêmes sur une large corniche formée de petites arcatures arrondies.

Tout cet ensemble présente un grand caractère de simplicité et produit néanmoins beaucoup d'effet.

Le déambulatoire est une des parties les plus curieuses de l'église. Il est précédé de chaque côté d'une travée aussi large que les bas-côtés. Cette disposition qui était appliquée également à Cluny était destinée à dissimuler la différence de largeur qui existe entre les collatéraux et le déambulatoire. En effet, tandis que les bas-côtés mesurent 6m55 de largeur, la galerie qui contourne le sanctuaire forme un passage large de 3m20, et si ce rétrécissement se produisait dès le transept, la perspective serait beaucoup moins gracieuse. Les deux travées dont nous venons de parler sont voûtées d'arête et éclairées par deux fenêtres cintrées elles correspondent à la partie droite du chœur. Le déambulatoire s'ouvre au fond de chacune d'elles entre deux demi-colonnes qui soutiennent un arc en plein cintre. Il est recouvert de neuf voûtes d'arête séparées par des doubleaux en tiers point qui viennent retomber d'un côté sur le tailloir des colonnes isolées, de l'autre sur deux colonnettes engagées dans la muraille à une certaine hauteur. Quatre fenêtres en plein cintre, entourées de colonnettes dont les fûts sont ornés d'écaillés, éclairent la galerie à une faible distance au-dessus du sol; sept autres baies plus petites sont percées plus haut dans l'axe de chaque travée. Le mur extérieur du déambulatoire est tapissé de neuf grandes arcatures cintrées garnies de billettes et soutenues par des pilastres à trois cannelures. Six arcades font corps avec les assises du mur, les trois autres jouent le rôle d'un doubleau placé en avant des chapelles rayonnantes. Chacune de ces chapelles, éclairée par cinq fenêtres en plein cintre, se compose d'une partie droite voûtée en berceau et d'un hémicycle voûté en cul-de-four.[6] Le doubleau qui sépare les deux voûtes retombe sur deux pilastres cannelés. Toute la décoration des chapiteaux est conçue dans un excellent style qui porte l'empreinte des caractères particuliers à l'ornementation des édifices religieux de la Bourgogne au milieu du douzième siècle. Le déambulatoire de Paray est d'autant plus intéressant à étudier qu'il nous donne une idée assez exacte de celui qui entourait le chœur de la basilique de Cluny. On peut également faire observer qu'il présente une certaine analogie avec le déambulatoire de Saint-Philibert de Tournus. La façade est occupée au centre par le narthex qui fait une saillie très accentuée sur le mur de la nef. A sa partie inférieure s'ouvrent trois arcades cintrées qui donnent accès dans le narthex où l'on peut également pénétrer par deux autres baies placées sur le côté gauche. Au-dessus se trouvent cinq fenêtres en plein cintre destinées à éclairer la salle supérieure du porche, et cette construction est couronnée par deux clochers qui s'élèvent à 34 mètres de hauteur. La tour du sud, épaulée par deux contreforts à chacun de ses angles, renferme trois étages. Le premier est percé de quatre baies cintrées, le second présente sur chaque face deux baies géminées en plein cintre dont l'archivolte s'appuie au milieu sur deux colonnettes isolées et de chaque côté sur de simples pieds-droits. Le troisième étage offre une disposition identique il repose comme le précédent sur une moulure e~ biseau. La tour du nord n'est pas exactement semblable à celle du sud. On remarque sur chacune de ses faces deux baies géminées en plein cintre. Celles du premier étage sont encadrées par trois colonnettes[7], car la colonne centrale, engagée dans un pied-droit, est commune aux deux archivoltes. Au second étage, toutes les baies géminées reposent sur deux colonnettes dont les tailloirs sont garnis de billettes et tes chapiteaux de feuillages à peine dégrossis. A chaque angle du clocher s'élève une longue colonne engagée qui se termine sous la corniche. Le dernier étage est conçu dans un style identique; néanmoins les baies sont plus hautes et le pilastre qui les sépare est flanqué d'une colonne. La corniche se compose de petites arcades cintrées dépourvues de modillons. Ce clocher qui doit être attribué à la fin du onzième siècle offre une très grande ressemblance avec les tours latérales des églises de Rhuis et de Morienval (Oise), de Rétheuil et d'Oulchy-le-Château (Aisne), qui appartiennent à la même époque. Pour en expliquer la raison, il convient de remarquer qu'au onzième siècle, l'architecture religieuse des diverses provinces de la France n'était pas encore empreinte de caractères bien tranchés. Les procédés de construction étaient à peu près analogues dans des régions très éloignées les unes des autres et le style particulier à chacune d'elles ne s'était pas encore développé. Les deux tours sont couronnées par des flèches en charpente refaites par M. Millet en 1860. Les anciennes toitures étaient beaucoup moins élancées et la pente de leurs côtés était à peine sensible.

Les deux clochers de la façade de Paray remontent au onzième siècle, mais il est évident que la tour du nord fut élevée longtemps après la tour du sud. Quant à la partie inférieure de la façade, elle est contemporaine du clocher du nord et peut fort bien être considérée comme un débris de l'église abbatiale consacrée à Paray en 1004. En arrière du narthex, le mur de la nef est percé de cinq fenêtres en plein cintre; une baie analogue s'ouvre dans le chevet du bas-coté nord. Quant au pignon du bas-côté sud, il est complètement dissimulé par un grand bâtiment du dix-huitième siècle adossé à la façade.

L'élévation extérieure de la nef et des collatéraux est d'une très grande simplicité. La nef épaulée par des contreforts peu saillants présente à chaque travée trois fenêtres en plein cintre accouplées dont l'archivolte, au lieu d'être soutenue par des colonnettes, comme à l'intérieur, repose sur des pieds-droits. Le mur du bas-côté nord, renforcé par deux contreforts, est percé au dehors de trois baies cintrées le bas-côté sud offre la même disposition, mais il est en partie masqué à l'extérieur par le cloître du prieuré et par le bâtiment élevé au dix-huitième siècle. Les corniches qui règnent sous les toitures sont formées d'une tablette appuyée sur des modillons très simples.

Les deux croisillons du transept méritent une description plus étendue. Celui du nord est décoré d'un curieux portail qui appartient, comme tout le reste de la construction, au milieu du douzième siècle. Encadrée par deux pilastres cannelés qui se terminent sous un entablement garni de onze petites arcatures, cette porte se compose d'une archivolte en plein cintre soutenue par deux colonnettes. Les fûts des colonnes sont recouverts d'étoiles habilement découpées dans la pierre et la même ornementation se répète entre deux rangs de perles sur le gros tore de l'archivolte. Une guirlande de fleurs à six pétales se déroule le long des pilastres et au-dessous de l'entablement, tandis qu'un cordon de billettes, d'oves et de feuilles d'acanthes accompagnent les pieds-droits. Les deux chapiteaux sont couverts de feuilles d'acanthes; leurs tailloirs sont formés de trois rangs de billettes et leurs bases d'une gorge entre deux tores. Cette riche sculpture rappelle beaucoup celle qui décore les belles portes des églises de Charlieu et de Semur-en-Brionnais.

Le croisillon du nord est occupé dans sa partie supérieure, par quinze fenêtres en plein cintre, accouplées trois par trois au-dessus du triforium. Une baie analogue s'ouvre au milieu du pignon. Du côté de l'orient, on aperçoit la petite chapelle que nous avons décrite à l'intérieur. Elle est épaulée au dehors par deux grosses colonnes engagées qui jouent le rôle de contreforts et qui sont surmontées d'un chapiteau à feuillages et d'un glacis. Les trois baies en plein cintre qui l'éclairent sont entourées par un cordon de billettes.

Le croisillon sud est orné d'un portail bâti dans le même style que le précédent. Son archivolte en plein cintre garnie de billettes et de bâtons brisés appliqués sur un gros tore, s'appuie sur deux colonnettes dont les fûts sont recouverts de nattes entrelacées. Le tympan est dépourvu de toute espèce de décoration comme celui des deux portails dont nous avons déjà parlé. Les fenêtres supérieures de ce croisillon sont analogues à celles que nous avons signalées dans le croisillon du nord, mais la chapelle adossée au mur oriental ne présente aucune ressemblance avec l'autre puisqu'elle a été reconstruite au quinzième siècle. Ses longues fenêtres à remplage flamboyant sont séparées par de minces contreforts qui s'arrêtent sous la corniche et l'élégance de son architecture mérite d'attirer l'attention.

L'abside offre un aspect très original grâce aux chapelles qui font une saillie sur le déambulatoire. Chacune des trois chapelles se compose d'une partie droite couronnée par un pignon et d'une absidiole en hémicycle épaulée par deux contreforts à colonnes. Ce genre de contreforts ne fut pas fréquemment employé en Bourgogne au douzième siècle, et l'église du Bois-Sainte-Marie (Saône-et-Loire) est un des rares édifices religieux de la région où l'on en rencontre de semblables. C'est cette particularité qui donne aux chapelles rayonnantes de Paray l'apparence de celles qui entourent l'abside des églises de Notre-Dame-du-Port, à Clermont, et de Saint-Paul d'Issoire, en Auvergne. Cinq fenêtres en plein cintre s'ouvrent dans le mur extérieur de chaque chapelle leur archivolte est décorée d'un cordon de billettes qui se continue sur les tailloirs des chapiteaux des contreforts et sur les claveaux des cinq baies cintrées qui éclairent le soubassement du déambulatoire. Au-dessus des trois chapelles sont placées sept fenêtres en plein cintre séparées les unes des autres par des contreforts peu épais qui épaulent les assises supérieures du mur. Des corniches très simples analogues à celles de la nef couronnent l'hémicycle du rond-point ainsi que les chapelles rayonnantes. La partie droite du chœur présente au dehors le même aspect que les travées de la nef; elle est garnie de fenêtres en plein cintre accouplées trois par trois et deux baies analogues font pénétrer la lumière dans la travée qui précède le déambulatoire. Au-dessus de la toiture de cette galerie, s'ouvrent neuf fenêtres cintrées qui éclairent la partie supérieure du sanctuaire. Leur archivolte ornée de besants s'appuie sur des pilastres cannelés très élégants. On remarque au sommet du mur une corniche sans modillons formée d'une série de petites arcatures en plein cintre.

Le clocher central de l'église qui s'élève sur le carré du transept a été entièrement reconstruit par M. Millet en 1860. Il se composait auparavant d'un étage octogone bâti au douzième siècle et surmonté de larges baies en tiers point construites au quatorzième siècle. Chacune de ces baies, encadrée par quatre colonnettes, était subdivisée en deux ouvertures trilobées par une petite colonne centrale qui supportait également un oculus à quatre lobes. D'élégantes moulures décoraient les claveaux des archivoltes, mais l'ensemble de la tour était gâté par une tourelle d'escalier fort disgracieuse et surtout par le dôme à huit pans établi au sommet du clocher en 18i0. Depuis que la restauration entreprise par M. Millet est terminée, la tour centrale comprend deux étages conçus dans le même style. L'étage inférieur, bâti sur un plan octogonal, présente sur chacune de ses faces deux arcatures en plein cintre qui reposent sur de minces colonnettes engagées. L'étage supérieur offre la même disposition, mais toutes ses baies sont ajourées et leurs archivoltes sont garnies d'une moulure en coin émoussé. Il est couronné par une flèche en charpente dont la pointe se termine à cinquante-six mètres de hauteur au-dessus du sol.

Le nouveau clocher élevé par M. Millet couronne très heureusement le transept de l'église. M. l'abbé Cucherat a cru pouvoir regretter que l'architecte ait reconstruit la tour centrale dans le style du onzième siècle au lieu d'avoir pris pour modèle l'un des clochers élevés au douzième siècle dans la région « Dans cinquante ans, dit-il, on en concluerait avec une rigoureuse apparence de vérité que l'édifice tout entier est du onzième siècle » [8]

Ce reproche ne nous semble pas suffisamment justifié. M. Millet aurait peut-être pu s'inspirer davantage du beau clocher qui se dresse encore aujourd'hui sur le croisillon nord de la basilique de Cluny pour donner plus d'élancement aux baies supérieures de la tour, mais il n'a pas commis d'erreur archéologique en adoptant la disposition actuelle. En effet, au moment où il a entrepris la démolition de l'ancien clocher, l'étage inférieur qui appartenait au douzième siècle existait encore et la forme de ses baies a été scrupuleusement reproduite dans la nouvelle construction. L'architecte a bâti le second étage sur le même plan et il a pris soin d'ajourer les baies en leur donnant des proportions identiques à celles du premier étage. Il n'a donc pas fait une œuvre de fantaisie et le nouveau clocher est en harmonie avec le style général de l'église. La seule critique que l'on peut adresser avec raison à M. Millet, c'est d'avoir fait placer sur la tour centrale une flèche en charpente aussi aiguë. II est certain que ce genre de couronnement n'était jamais employé par les architectes de la Bourgogne au douzième siècle. Tous les clochers romans de la région étaient surmontés de toits en pavillon très plats recouverts de laves ou de tuiles. C'est ainsi que sont établies les toitures des clochers d'Uchizy, de Chapaize, de Semur-en~Brionnais et d'Anzy-le-Duc (Saône-et-Loire), et M.Millet aurait dû appliquer cette disposition à la grosse tour de Paray ; puisque les deux clochers du narthex en présentaient des exemples avant leur restauration.

L’église de Paray-le-Monial, dans son état actuel, doit être considérée comme un des plus curieux édifices religieux bâtis en Bourgogne pendant la période romane[9] Les particularités de son plan, l'importance du narthex, l’élégance du déambulatoire et de l'abside, la pureté du style de la nef et du transept, la richesse de l'ornementation des portails, lui donnent une grande valeur architecturale, et bien qu'elle soit très connue des archéologues, elle pourra toujours être étudiée avec un nouveau profit.

[1] Les principales dimensions de l’église de Paray-le-Monial sont les suivantes : Longueur totale 63m50 ; Profondeur du narthex 9m40 Longueur de la nef 22m00 ; Longueur du transept. 40m50 Longueur du chœur 25m00 ; Largeur totale. 22m35 Largeur du narthex. 10m80 ; Largeur de la nef. 9m25 ; Largeur des bas-côtes. 6m55 ; Largeur du transept. 9m50 ; Largeur du chœur. 9m75 Largeur du déambulatoire. 3m20 ; Hauteur de la nef. 22m00 ; Hauteur des bas côtes 12m00 ; Hauteur de la coupole du transept. 25m50. [2] Chronion Trenorchiense, ap. dom Bouquet, t. XI, p. 112. [3] On sait que cette particularité se retrouve dans les triforiums d'Autan, de Beaune, de Cluny et de Semur-en-Brionnais.qui n'étaient pas destinés à servir de galerie de circulation comme les triforium des églises de l’Ile-de-France. [4] Monographie de la basilique du Sacré-Cœur, à Paray-le-Monial, p. 20. [5] Ibid., p. 16. [6] On remarque dans l'une des chapelles rayonnantes un autel en pierre du douzième siècle. Il se compose d'une datte garnie de trous cubiques disposés en lignes diagonales et flanquée de deux petits pilastres qui sont ornés d'oves et de feuilles d'acanthes. [7] Quelques-unes de ces colonnettes sont cannelées en spirale. [8] Monogrphie de la basilique du Sacré-Cœur, à Paray-le-Monial, p.55. [9] On trouvera les relevés complets de l’église de Paray-le-Monial dans les Archives de la Commission des monuments historiques, t.II.

 

Photos copyright Rhonan de Bar.
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Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #EN FAVEUR DE LA MONARCHIE

L’exposition exceptionnelle

«  Alphonse DAUDET »

Ce Nîmois connu mais pas assez reconnu

organisée par  Monsieur  Christian Lacour

en partenariat avec la fédération des associations

« éternel Alphonse Daudet »

Librairie Papeterie Editions LACOUR-OLLE

25 Boulevard Amiral Courbet 30000 Nîmes.

Le vernissage aura lieu vendredi 24 juin 2016 de 16h à 18h.

Horaires d’ouverture

du lundi au samedi de 9h à 19h au premier étage.

Entrée Libre.

EXPOSITION ALPHONSE DAUDET
EXPOSITION ALPHONSE DAUDET

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