CHÂTEAU DE PIERREFONDS.
Eugène-Emmanuel Viollet le Duc.
SIXIÈME EXTRAIT.
Si, après s'être emparé des terrasses, des boulevards et de l'esplanade de Pierrefonds, l'assiégeant voulait attaquer le château par le côté de l'entrée, il lui fallait prendre le châtelet, combler un fossé très-profond, enfilé parla grosse tour du donjon et par la tour de coin ; sa position était plus mauvaise encore, car soixante hommes suffisaient largement sur ce point pour garnir les défenses supérieures; et, pendant l'attaque, une troupe faisant une sortie par la poterne P allait prendre l'ennemi en flanc. Les deux grosses tours de César et de Charlemagne, tenant au donjon, au logis seigneurial, sont couronnées par un système défensif qui permet d'empêcher toute approche. Le chemin de ronde des mâchicoulis donne dans une salle percée d'un grand nombre d'ouvertures. Le dallage de cette salle posé sur voûte est placé à 2 mètres en contre-bas du sol des mâchicoulis, de sorte qu'on peut approvisionner, dans ce réservoir, une masse énorme de projectiles. Des servants les passent aux défenseurs qui se tiennent sur le chemin de ronde; le capitaine, posté à un niveau supérieur, sur un balcon intérieur, voit toute la campagne et les abords par un grand nombre d'ouvertures; il peut ainsi donner des ordres à ses hommes sans que ceux-ci aient à s'inquiéter des dispositions de l'ennemi.
Chacun agit à son poste, sans perte de temps et sans confusion. Le châtelain de Pierrefonds pouvait donc, à l'époque où ce château fut construit, se considérer comme à l'abri de toute attaque, à moins que le roi n'envoyât une armée de plusieurs mille hommes bloquer la place et faire un siége en règle.
L'artillerie à feu seule devait avoir raison de cette forteresse, et l'expérience prouva que, même devant ce moyen puissant d'attaque, la place était bonne. Pendant la Ligue, la place de Pierrefonds tenait pour les Seize, et était confiée au commandement d'un certain seigneur de Rieux, gouverneur de Marie, et en dernier lieu de Laon et du château de Pierrefonds .
Ce Rieux était venu à Paris en 1591 avec sa compagnie, le 16 novembre, pour prêter main-forte aux Seize, qui firent arrêter ce jour-là grand nombre de gens qu'ils pensaient leur être contraires (2). Il était grand pillard, avait fait ses preuves pendant l'expédition des ligueurs au comté de Montbéliard en 1588 (8) et s'était fait grandement redouter dans les campagnes du Soissonnais et jusqu'aux environs de Paris. « Il faut, » lui fait dire l'auteur de la Satire Ménippée, « qu'il y ait quelque chose de divin en la Sainte-Union, puisque par son moyen, de commissaire d'artillerie assez malotru, je suis devenu gentilhomme, et gouverneur d'une belle forteresse : voire que je me puis égaler aux plus grands, et suis » un jour pour monter bien haut à reculons, ou autrement (4).
« J'ay bien occasion de vous suivre, monsieur le Lieutenant, et faire service à la noble Assemblée, à bis ou à blanc, à tort ou à droit, puisque tous les pauvres prestres, moynes et gens de bien, dévots catholiques, m'apportent deschandelies et m'adorent comme un saint Maccabée au temps passé. C'est pourquoi je me donne au plus viste des diables, que si aucun de mon gouvernement s'ingère de parler de paix, je le courray comme un loup gris. Vive la guerre! il n'est que d'en avoir, de quelque part qu'elle vienne. Je vois je ne sçay quels dégoustez de nostre Noblesse qui parlent de conserver la Religion et l'Etat tout ensemble; et que les Espagnols perdront à la fin l'un et l'autre, si on les laisse faire. Quant à moy, je n'entends point tout cela: pourveu que je lève toujours les tailles et qu'on me paye» bien mes appointements, il ne me chaut que deviendra le Pape, ny sa femme. Je suis après mes intelligences pour prendre Noyon.... »
Rieux avait pour proche parent Henri de Sauveulx ou de Savereulx, prêtre, religieux et chanoine régulier de l'abbaye de Saint-Jean des Vignes à Soissons. Cet Henri de Sauveulx, ayant obtenu la permission de ses supérieurs de prendre les armes pour la foi, s'était enfermé à Pierrefonds avec le seigneur de Rieux. Tous deux tentèrent de surprendre Noyon, et y entrèrent en effet; mais laissés sans secours, Rieux fut fait prisonnier, et son parent étant parvenu à s'échapper, rentra dans son monastère.
A la date du 11 mars 1594, on lit dans le journal de J. Vaultier: « M. de Rieux étant prisonnier dans Compiègne, son procès lui fut fait par M. Miron, maître desrequestes de l'hôtel du roy; et, par son jugement, il fut pendu et étranglé; lequel étoit lors gouverneur de Laon et en son lieu de » Pierrefonds y avoit établi M. d'Arcy, son oncle, pour le gouvernement d'iceluy, pour le parti de la Ligue.
La présence de ce nouveau gouverneur de Pierrefonds pour la Ligue est encore mentionnée à la date du 20 juin 1594 :
«Ledit jour le seigneur d'Arcy, oncle dudit défunt sieur de Rieux, gouverneur de Pierrefonds, qui avoit naguères mandé à Sa Majesté qu'il tenoit la place pour lui, et à l'occasion d'une querelle qu'il avoit contre quelque personne, il lui prioit lui donner la garde d'icelui ; de quoi le seigneur Dupescher, en étant averti, et craignant qu'on n'y mît autre garnison qui l'eût grandement importuné, fut de la Ferté-Milon audit Pierrefonds avec deux pétards et intelli gence qu'il y avoit pratiquée; et avec quelques soldats, ils entrèrent dedans, tuèrent ceux qui se mirent eu défense, prirent prisonnier ledit seigneur d'Arcy et son fils, qui estoient blessés; de quoi à l'instant la demoiselle sa femme décéda d'effroi : et étant assuré de la dite place, après y avoir laissé garnison et pourveu à tout, il se retira à la Ferté-Milon. »
Ce sire Dupescher tenait également pour la Ligue et ne rendit le château dela Ferté-Milon au roi, que le 11 septembre 1594. Il est à croire que le château de Pierrefonds fut livré en même temps, car à la date du 10 août 1595 le journal de J. Vaultier relate ce fait : « Un religieux de Soissons, cousin du défunt de Rieux, voyant que Pierrefonds était au roi, et connaissant le secret d'icelui, par intelligence de quelques soldats, prit le château et y introduisit les Espagnols qui le gardèrent encore pour la Ligue et en expulsèrent la garnison de M. d'Estrées que Sa Majesté avoit commis à la garde d'icelui. Ledit religieux, aussitôt que les Espagnols furent jouissans de Pierrefonds, fut envoyé par eux au bureau d'Arras pour avoir récompense, mais en y allant, il fut fait prisonnier des gens du roi auquel il fut présenté ; et eut telle récompense que l'avoit eue le seigneur de Gomeron, gouverneur de Ham, ci-dessus nommé . »
Ce religieux, cousin de Rieux, est H. de Sauveulx, mais Vaultier se trompe en quelques points. Des renseignements inédits qui nous ont été fournis avec une extrême obligeance par M. d'Harriet, archiviste de l'hôpital de Saint-Louis-desFrançais, à Madrid, fondé par le même de Sauveulx, lorsqu'il se fut réfugié en Espagne, jettent un jour tout nouveau sur cette dernière période de l'histoire de Pierrefonds. D'après ces documents, de Sauveulx sort une deuxième fois en 1595 de son monastère, toujours autorisé par son prieur, et de plus par un bref personnel du pape. H. de Sauveulx, aidé d'un certain Jérôme Dentici, sergent-major (sergeante maïor) dans la légion napolitaine en garnison à Soissons, et d'une, vingtaine de ses hommes, escalade la nuit les murs de la place avec des échelles de cordes jetées par des soldats gagnés, et chasse la garnison. Maître de Pierrefonds, H. de Sauveulx déclare au comte de Fuentès, gouverneur général des provinces belgiques, qu'il tient la place et la veut défendre au nom du roi des Espagnes. Il n'y met aucune condition, bien que le château soit bien à lui, l'ayant pris en légitime guerre, et pouvant, pour le livrer au roi Philippe, en exiger une forte somme comme bien d'autres ont fait. Le comte de Fuentès lui envoie, pour y tenir garnison, sept cents Napolitains et trois cents Wallons, et le nomme capitaine et gouverneur de la place.
H. de Sauveulx fortifie sa conquête, y fait entrer des vivres pour un an, des armes, munitions et artillerie. Il dépense de ses deniers et sur la bourse de ses amis 20 000 ducats pour subvenir à ces préparatifs de défense.
Cependant dès le 15 août M. de Maniquant(l) avec son » régiment et plusieurs compagnies de Sa Majesté, investirent » ledit château de Pierrefonds, afin que l'ennemi ne sortît et » que les autres n'entrassent. »
H. de Sauveulx est assiégé à trois reprises (1505) par les troupes de Henri IV, essuie d'innombrables coups de canon (1174 en un seul siége), sans que l'ennemi le puisse entamer. Pendant l'un de ces siéges, le ducd'Épernon est blessé, mais H. de Sauveulx, mandé à Cambrai par le comte de Fuentès, tombe dans une embuscade et est pris. Le roi Henri IV, à Péronne, veut le voir et l'engage à se soumettre; il lui fait offrir, par le comte de Nevers, l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, et 10 000 couronnes d'or comptant, s'il veut livrer Pierrefonds au roi. H. de Sauveulx refuse tout; condamné à mort, il parvient à s'évader la veille de la Toussaint (1595), et se réfugie en Belgique. La place de Pierrefonds est alors vendue par les troupes napolitaines 18 000 ducats à Henri IV . H. de Sauveulx fait valoir ses droits à une pension auprès de Philippe III, en récompense des services rendus par lui à sa Majesté Très-Catholique; il s'adresse aux « très-nobles et très-illustres consuls, échevins et sénat de » Bruxelles, par son représentant Remy Pavillon, docteur en théologie, afin d'obtenir qu'une commission soit nommée, laquelle, sur la déposition de plusieurs nobles français, réfugiés en Belgique, informe sur sa vie, ses mœurs, sa religion et sa noblesse. Cette commission, composée d'un échevin et des secrétaires de la ville de Bruxelles, entend les témoignages de Mathias la Bruïère, propriétaire civil de Paris, réfugié depuis cinq ans et demi; de Michel de Blanon, seigneur temporel de Charmes, réfugié, autrefois gouverneur de la ville de Véli, pensionné de Sa Majesté Très-Catholique; de Jean Seillier, receveur général des consignations de la ville de Paris; de Jacques de Colas, comte de la Fère, sénéchal de Montlimar ; de Mathieu de Lannoy, prêtre, docteur en théologie, chanoine de la cathédrale de Soissons; de Gaspard Darloys, noble écuyer, pensionné par Sa Majesté Très-Catholique; de Jacques de Brunaulieu, noble français, réfugié pour la foi. » Sur les dépositions tle ces personnages, et d'après un mémoire et une relation dressés, est remise une consultation de sept avocats et neuf théologiens, appuyant les prétentions de H. de Sauveulx, sont rendus divers arrêts royaux, un avis du conseil des finances, etc.. H. de Sauveulx passa cinq ans en Belgique au service du roi d'Espagne. Les témoins interrogés à Bruxelles en juin 1600, plusieurs gens de guerre, tous intéressés aux événements, ne font néanmoins nulle mention de la remise de Pierrefonds aux gens du roi de France, par suite de la trahison des Napolitains. Seul, un second document en parle à Madrid, et il est rédigé sous l'inspiration de H. de Sauveulx, mais pas avant le 15 janvier 1600. Il semblerait donc que la place de Pierrefonds demeura cinq ans aux mains des gens du roi d'Espagne; toutefois les documents français détruisent cette conjecture.
La consultation des sept avocats et des neuf théologiens comprise dans le deuxième document déclare que le roi d'Espagne devait indemniser en conscience le sieur H. de Sauveulx, parce que celui-ci avait perdu une valeur de 300 000 ducats en fournitures de vivres, de munitions et armes, en meubles, joyaux, bénéfices, offices et ventes. Le château seul de Pierrefonds lui valait 10 000 ducats de rente annuelle, car dit le document « c'était une place de telle force et importance, que la charge de gouverneur de Pierrefonds fut achetée pendant la Ligue 32 000 ducats d'or. » H. de Sauveulx fut nommé en 1601 capellan des asiento, chapelain en titre de Castille, aux honoraires de 40 ducats par an. Le 8 février 1596 (étant encore en Belgique), il fut nommé prieur de l'armée aux gages de 1200 ducats par an.
La même année, on lui fit en Flandre 40 écus de recette par mois. En septembre 1600, on lui donna à Madrid 480 sous de pension ecclésiastique annuelle, etc., etc.
H. de Sauveulx mourut dans cette ville en septembre 1633.
Quant à la garnison des vieux ligueurs, compagnons de Rieux, elle finit misérablement. Le journal de J. Vaultier signale d'abord à la date du 25 novembre 1594, huit d'entre eux qui furent pris à Saint-Germain-en-Laye « et furent pendus tout à l'instant, armés et bottés, qui étoient là venus pour faire quelques bons prisonniers qu'ils eussent menés dans leur forteresse.... » Puis à la date du 14 octobre 1595 il ajoute : « Furent encore pendus en cette ville (de Senlis), sept voleurs de Pierrefonds, pris çà et là, pour ce qu'ils ne faisaient plus leurs retraites, attendu qu'il étoit assiégé, et, depuis iceux, il en fut exécuté quelque quatre-vingts, tant en cette ville que à Compiègne. »
La place de Pierrefonds était devenue si redoutable pour tous les environs et jusqu'aux portes de Paris, qu'après la remise du château aux gens du roi de France, le prévôt des marchands et les échevins de Paris adressèrent, le 6 novembre 1595, une circulaire ainsi conçue aux notables des villes de Compiègne, de Crespy et de Meaux (1).
« Messieurs, vous avez entendu la reprise du château de Pierrefonds et sçavez combien ceste place a apporté d'incommodité tant à ceste ville que aultres, et pour mettre fin à pareils accidens nous sommes requis de plusieurs per» sonnes supplier le roy ladicte place estre desmolie et razée, et prévoyons qu'il y pourra avoir quelque empeschement, et d'aultant que ceste affaire vous importe, nous vous prions voulloir depputer quelques uns des vostres pour nous venir trouver et adviser ensemblement les moyens pour faire trouver bon à Sa Majesté la démolition de ladicte place, priant Dieu, messieurs, vous donner ce que désirez. »
« A Paris, au bureau de la ville, le 16 novembre 1595.
« Le prévost des marchands et eschevins de la ville de Paris. »
Nous n'avons pu découvrir si la démarche fut faite auprès de Henri IV; mais ce qui est certain, c'est que le bon roi ne fit pas démolir le château, qu'il le considéra comme une des résidences royales les plus importantes, et qu'il en fit peindre le plan et la vue extérieure dans la galerie des Cerfs à Fontainebleau.
En 1616, le marquis de Coeuvre, capitaine de Pierrefonds, ayant embrassé le parti des mécontents, le conseil du roi décida que la place serait assiégée par le comte d'Angoulême gouverneur de Compiègne. Cette fois, elle fut attaquée avec méthode et en profitant de la disposition des collines environnantes. Des batteries, protégées par de bons épaulements qui existent encore, furent élevées sur la crête de la demi-lune de coteaux qui entourent le promontoire en partant de sa jonction avec le plateau, et sur un petit monticule s'avançant dans le vallon du côté du sud-est. Les ouvrages avancés ayant été écrasés de feux, furent abandonnés par les assiégés; le comte d'Angoulême s'en empara aussitôt, y établit des pièces de gros calibre, et, sans laisser le temps à la garnison de se reconnaître ouvrit contre les grosses tours du donjon, la courtine sud, la poterne T et les deux tours d'Artus et d'Alexandre, un fèu terrible qui dura deux jours sans relâche (1). A la fin du second jour, le 1er avril, une des grosses tours du donjon s'écroula, entraînant dans sa chute une partie des courtines environnantes. Le capitaine Villeneuve, qui commandait pour le marquis, s'empressa dès lors de capituler; la place fut évacuée le 2. Ce fut un an après que le conseil du roi Louis XIII, alors âgé de quinze ans, fit entièrement démanteler le château. Voici la lettre du roi au comte d'Angoulôme, gouverneur de Compiègne, écrite le 16 mai 1617, reçue le 19 et enregistrée le 22 :
« Mon cousin, ayant encores depuis quelques jours considéré combien il estoit utile pour le bon repos et tranquillité de mes subjects de la province de l'Ile-de-France que, conformément à ma première intention, le chasteau de Pierrefonds feust démolis, et m'estant en mesme tems souvenu que je vous avois envoyé mes lettres patentes pour ce faire, j'ay estimé qu'il estoit raisonnable, trouvant le premier juste et nécessaire, de vous en adresser le second commandement et de vous depescher ce porteur exprès pour vous rendre ceste-cy et par le mesme vous asseurer de la continuation de ma bonne volonté et que je suis très-certain, puisque c'est chose que je désire, que en toute diligence et sans aucun délay vous ferez parachever la démolition» dudit chasteau, et que je prie Dieu vous avoir, mou cousin, en sa sainte et digne garde.
» Écrit à Paris, le 16 de may 1617. »
Le comte d'Angoulême exécuta dès lors les ordres du roi. On fit sauter les grosses tours par la mine; les logements furent détruits, les planchers et charpentes brûlés, les tours et courtines du nord éventrées à la sape, parce que de ce côté le voisinage immédiat du village ne permettait pas d'employer la mine.
Pendant la Révolution le château de Pierrefonds, dont les ruines dépendaient toujours du domaine de la Couronne, fut vendu comme bien national. En 1813, l'Empereur Napoléon Ier racheta le château 2700 fr. et le fit rentrer ainsi dans les dépendances de la forêt de Compiègne.
Depuis le commencement de l'année 1858, des travaux considérables de déblayement, puis de restauration, ont été entrepris au château de Pierrefonds, par ordre de l'Empereur Napoléon III et, en très-grande partie, à l'aide de crédits ouverts sur la cassette particulière de Sa Majesté.
L'Empereur a reconnu l'importance des ruines de Pierrefonds au point de vue de l'histoire et de l'art. Le donjon, le château et toutes les défenses extérieures reprennent leur aspect primitif; ainsi pourrons-nous voir bientôt le plus beau spécimen de l'architecture féodale du XVe siècle en France renaître par la volonté auguste du Souverain. Nous n'avons que trop de ruines dans notre pays, et les ruines, si pittoresques qu'elles soient, ne donnent guère l'idée de ce qu'étaient ces habitations des grands seigneurs les plus éclairés du moyen âge, amis des arts et des lettres, possesseurs de richesses immenses. Le château de Pierrefonds, rétabli en totalité, fera connaître cet art à la fois civil et militaire qui, de Charles V à Louis XI, était supérieur à tout ce que l'on faisait alors en Europe. C'est dans l'art féodal du XVe siècle en France, développé sous l'inspiration des Valois, que l'on trouve en germe toutes les splendeurs de notre Renaissance, bien plus que dans l'imitation des arts italiens.
FIN
Voyez, dans la Satire Ménippée, le discours de Rieux.