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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #EN FAVEUR DE LA MONARCHIE

 

ESSAI

SUR

LE PRINCIPE GÉNÉRATEUR

DES CONSTITUTIONS POLITIQUES

ET DES AUTRES INSTITUTIONS HUMAINES.

 De Maistre 17

 

DEUXIEME EXTRAIT.

 

 

VI.Dans la séance de la chambre des communes du 26 juin 1807, un lord cita l'autorité d'un grand homme d'État pour établir que le Roi n'a pas le droit de dissoudre le parlement pendant la session; mais cette opinion fut contredite. Où est la loi? Essayez de la faire, et de fixer exclusivement par écrit le cas où le Roi a ce droit ; vous amènerez une révolution.

Le Roi, dit alors l'un des membres, a ce droit lorsque l'occasion est importante; mais qu'est-ce qu'une occasion importante? Essayez encore de le décider par écrit.

VII.Mais voici quelque chose de plus singulier.

Tout le monde se rappelle la grande question agitée avec tant de chaleur en Angleterre en l'année 1806 : il s'agissait de savoir si la cumulation d'un emploi de judicature avec une place de membre du conseil privé s'accordait ou non avec les principes de la constitution anglaise; dans la séance de cette même chambre de communes du 3 mars, un membre observa que l'Angleterre est gouvernée par un corps (le conseil privé) que la constitution ignore[1]. Seulement, ajouta-t-il, elle le laisse faire[2].

Voilà donc chez cette sage et justement fameuse Angleterre un corps qui gouverne et fait tout dans le \rai, mais que la constitution ne connaît pas. Delolme a oublié ce trait, que je pourrais appuyer de plusieurs autres.

Après cela, qu'on vienne nous parler de constititutions écrites et de lois constitutionnelles faites à priori. On ne conçoit pas comment un homme sensé peut rêver la possibilité d'une pareille chimère.

Si l'on s'avisait de faire une loi en Angleterre pour donner une existence constitutionnelle au conseil privé, et pour régler ensuite et circonscrire rigoureusement ses privilèges et ses attributions, avec les précautions nécessaires pour limiter son influence et l'empêcher d'en abuser, on renverserait l'État.

La véritable constitution anglaise est cet esprit public admirable, unique, infaillible, au-dessus de tout éloge, qui mène tout, qui sauve tout. — Ce qui est écrit n'est rien [3].

VIII.On jeta les hauts cris, sur la fin du siècle dernier, contre un ministre qui avait conçu le projet d'introduire cette même constitution anglaise (ou ce qu'on appelait de ce nom) dans un royaume en convulsion qui en demandait une quelconque avec une espèce de fureur. Il eut tort, si l'on veut, autant du moins qu'on peut avoir tort lorsqu'on est de bonne foi ; ce qu'il est bien permis de supposer, et ce que je crois de tout mon coeur. Mais qui donc avait le droit de le condamner? Vel duo, vel nemo. Il ne déclarait pas vouloir rien détruire de son chef, il voulait seulement, disait-il, substituer une chose qui lui paraissait raisonnable, à une autre dont on ne voulait plus, et qui même par le fait n'existait plus. Si l'on suppose d'ailleurs le principe comme posé (et il l'était en effet), que l'homme peut créer une constitution, ce ministre (qui était certainement un homme) avait droit de faire la sienne tout comme un autre, et plus qu'un autre. Les doctrines sur ce point étaient-elles douteuses? Ne croyait-on pas de tout côté qu'une constitution est un ouvrage d'esprit comme une ode ou une tragédie? Thomas Payne n'avait-il pas déclaré avec une profondeur qui ravissait les universités, qu'une constitution n'existe pas tant qu'on ne peut la mettre dans sa poche? Le dix-huitième siècle, qui ne s'est douté de rien, n'a douté de rien : c'est la règle ; et je ne crois pas qu'il ait produit un seul jouvenceau de quelque talent qui n'ait fait trois choses au sortir du collège : une néopédie, une constitution et un monde. Si donc un homme, dans la maturité de l'âge et du talent, profondément versé dans les sciences économiques et dans la philosophie du temps, n'avait entrepris que la seconde de ces choses seulement, je l'aurais trouvé déjà excessivement modéré ; mais j'avoue qu'il me parait un véritable prodige de sagesse et de modestie lorsque je le vois, mettant (au moins comme il le croyait) l'expérience à la place des folles théories, demander respectueusement une constitution aux Anglais, au lieu de la faire lui-même. On dire : Cela même n'était pas possible. Je le sais, mais il ne le savait pas : et comment l'aurait-il su? Qu'on me nomme celui qui le lui avait dit.

IX.Plus on examinera le jeu de l'action humaine dans la formation des constitutions politiques, et plus on se convaincra qu'elle n'y entre que d'une manière infiniment subordonnée, ou comme simple instrument ; et je ne crois pas qu'il reste le moindre doute sur l'incontestable vérité des propositions suivantes :

1. Que les racines des constitutions politiques existent avant toute loi écrite ;

2. Qu'une loi constitutionnelle n'est et ne peut être que le développement ou la sanction d'un droit préexistant et non écrit ;

3. Que ce qu'il y a de plus essentiel, de plus intrinsèquement constitutionnel, et de véritablement fondamental, n'est jamais écrit, et même ne saurait l'être, sans exposer l'État ;

4. Que la faiblesse et la fragilité d'une constitution sont précisément en raison directe de la multiplicité des articles constitutionnels écrits[4] (1).

X.Nous sommes trompés sur ce point par un sophisme si naturel, qu'il échappe entièrement à notre attention. Parce que l'homme agit, il croit agir seul, et parce qu'il a la conscience de sa liberté, il oublie sa dépendance. Dans l'ordre physique il entend raison ; et quoiqu'il puisse, par exemple, planter un gland, l'arroser, etc., cependant il est capable de convenir qu'il ne fait pas des chênes, parce qu'il voit l'arbre croître et se perfectionner sans que le pouvoir humain s'en mêle, et que d'ailleurs il n'a pas fait le gland ; mais dans l'ordre social, où il est présent et agent, il se met à croire qu'il est réellement l'auteur direct de tout ce qui se fait par lui : c'est, dans un sens, la truelle qui se croit architecte. L'homme est intelligent, il est libre, il est sublime, sans doute ; mais il n'en est pas moins un outil de Dieu, suivant l'heureuse expression de Plutarque dans un beau passage qui vient de lui-même se placer ici.

« Il ne faut pas s'esmerveiller, dit-il, si les plus belles et les plus grandes choses du monde se font par la volonté et providence de. Dieu, attendu que, en toutes les plus grandes et principales parties du monde, il y a une ame; car l'organe et util de l'ame, c'est le corps, et l'ame est L'UTIL DE DIEU. Et comme le corps a de soy plusieurs mouvements, et que la pluspart, mesmement les plus nobles, il les a de l'ame, aussy l'ame ne faict ne plus, ne moins, auscunes de ses opérations, estant meuë d'elle-mesme; es autres, elle se laisse manier, dresser et tourner à Dieu, comme il lui plaist; estant le plus bel organe et le plus adroist util qui sçauroit estre: car ce seroit chose estrange que le vent, les nuées et les pluyes fussent instruments de Dieu, avec lesquels il nourrit et entretient plusieurs créatures, et en perd aussy et deffaict plusieurs austres, et qu'il ne se servist nullement des animaux à faire pas une de ses oeuvres, Ains est beaucoup plus vraysemblable, attendu qu'ils dépendent totalement de la puissance de Dieu, qu'ils servent à tous les mouvements et secondent toutes les volontés de Dieu, plus-tost que les arcs ne s'accommodent aux Scythes, les lyres aux Grecs ne les haubois[5]. »

On ne saurait mieux dire ; et je ne crois pas que ces belles réflexions trouvent nulle port d'application plus juste que dans la formation des constitutions politiques où l'on peut dire, avec une égale vérité, que l'homme fait tout et ne fait rien.

 

 



[1] This country is governed by a body not known by Législature.

[2] Connivedat. V. le LondonChronicledu 4 mars 1806. Observez que ce mot de Législature, renfermant les trois pouvoirs, il suit de cette assertion que le Roi même ignore te conseil privé.— Je crois cependant qu'il s'en doute.

[3]Cette constitution turbulente, dit Hume, toujours flottante entre la prérogative et le privilège, présente une foule d'autorités pour et contre. (Ilist. d'Angl., Jacques I", chap. XLVIÎ, ann. 1621.) Hume, en disant ainsi la vérité, ne manque point de respect à son pays ; il dit ce qui est et ce qui doit être.

 

[4] Ce qui peut servir de commentaire au mot célèbre de Tacite : Pessimae Reipublicae plurimae Leges.

[5] PLUTARQUE. Banquet des sept Sages, traduction d'Amyot.

 


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Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #EN FAVEUR DE LA MONARCHIE

ESSAI

SUR

LE PRINCIPE GÉNÉRATEUR

DES CONSTITUTIONS POLITIQUES

ET DES AUTRES INSTITUTIONS HUMAINES.

 De Maistre 17

 

 


PREMIER EXTRAIT.

 

I. Une des grandes erreurs du siècle qui les professa toutes, fut de croire qu'une constitution politique pouvait être écrite et créée à priori, tandis que la raison et l'expérience se réunissent pour établir qu'une constitution est une oeuvre divine, et que ce qu'il y a précisément do plus fondamental et de plus essentiellement constitutionnel dans les lois d'une nation ne saurait être écrit.

II. On a cru souvent faire une excellente plaisanterie aux Français en leur demandant dans quel livre était écrite la loi salique? mais Jérôme Bignon répondait fort à propos, et très probablement sans savoir à quel point il avait raison, qu'elle était écrite ES cœurs des Français. En effet, supposons qu'une loi de cette importance n'existe que parce qu'elle est écrite, il est certain que l'autorité quelconque qui l'aura écrite, aura le droit de l'effacer ; la loi n'aura donc pas ce caractère de sainteté et d'immutabilité qui distingue les lois véritablement constitutionnelles. L'essence d'une loi fondamentale est que personne n'ait le droit de l'abolir : or, comment sera-t-elle au-dessus de tous, si quelqu'un l'a faite? L'accord du peuple est impossible ; et, quand il en serait autrement, un accord n'est point une loi, et n'oblige personne, à moins qu'il n'y ait une autorité supérieure qui le garantisse.

Locke a cherché le caractère de la loi dans l'expression des volontés réunies ; il faut être heureux pour rencontrer ainsi le caractère qui exclut précisément l'idée de loi. En effet, les volontés réunies forment le règlement et non la loi, laquelle suppose nécessairement et manifestement une volonté supérieure qui se fait obéir[1] . Dans le système de Hobbes » (le même qui a fait tant de fortune dans notre siècle sous la plume de Locke), « la force des lois civiles ne porte que sur une convention ; mais s'il n'y a point de loi naturelle qui ordonne d'exécuter les lois qu'on a faites, de  quoi servent-elles? Les promesses, les engagements,  les serments ne sont que des paroles : il est aussi aisé de rompre ce lien frivole, que de le former. Sans le dogme d'un Dieu législateur, toute obligation morale est chimérique. Force d'un côté, impuissance  de l'autre, voilà tout le lien des sociétés humaines[2]. »

Ce qu'un sage et profond théologien a dit ici de l'obligation morale, s'applique avec une égale vérité a l'obligation politique ou civile. La loi n'est proprement loi, et ne possède une véritable sanction qu'en la supposant émanée d'une volonté supérieure ; en aorte que son caractère essentiel est de n'être pas la volonté de tous. Autrement les lois ne seront, comme on vient de le dire, que des règlements; et, comme le dit encore l'auteur cité tout à l'heure, « ceux qui ont eu la liberté de faire ces conventions, ne se sont pas ôté le pouvoir de les révoquer ; et leurs descendants, qui n'y ont eu aucune part, sont encore moins tenus de les observer[3]. » De là vient que le bon sens primordial, heureusement antérieur aux sophismes, a cherché de tous côtés la sanction des lois dans une puissance au-dessus de l'homme, soit en reconnaissant que la souveraineté vient de Dieu, soit en révérant certaines lois écrites, comme venant de lui.

III. Les rédacteurs des lois romaines ont jeté, sans prétention, dans le premier chapitre de leur collection, un fragment de jurisprudence grecque bien remarquable.

Parmi les lois qui nous gouvernent, dit ce passage, les unes sont écrites et les autres ne le sont pas.

Rien de plus simple et rien de plus profond. Connaît-on quelque loi turque qui permette expressément au souverain d'envoyer immédiatement un homme à la mort, sans la décision intermédiaire d'un tribunal?

Connait-on quelque loi écrite, même religieuse, qui le défende aux souverains do l'Europe chrétienne[4]?

Cependant le Turc n'est pas plus surpris de voir son maître ordonner immédiatement la mort d'un homme, que de le voir aller à la mosquée. Il croit, avec toute l'Asie, et même avec toute l'antiquité, que le droit de mort exercé immédiatement est un apanage légitime de la souveraineté. Mais nos princes frémiraient à la seule idée de condamner un homme à mort ; car, selon notre manière de voir, cette condamnation serait un meurtre abominable : et cependant je doute qu'il fût possible de le leur défendre par une loi fondamentale écrite, sans amener des maux plus grands que ceux qu'on aurait voulu prévenir.

IV. Demandez à l'histoire romaine quel était précisément le pouvoir du sénat ; elle demeurera muette, du moins quant aux limites précises de ce pouvoir. On voit bien en général que celui du peuple et celui du sénat se balançaient mutuellement, et ne cessaient de se combattre ; on voit bien que le patriotisme ou la lassitude, la faiblesse ou la violence terminaient ces luttes dangereuses, mois nous n'en savons pas davantage[5]. En assistant à ces grandes scènes de l'histoire, on se sent quelquefois tenté de croire que les choses seraient allées beaucoup mieux s'il y avait eu des lois précises pour circonscrire les pouvoirs ; mais ce serait une grande erreur : de pareilles lois, toujours compromises par des cas inattendus et des exceptions forcées, n'auraient pas duré six mois, ou elles auraient renversé la république.

V. La constitution anglaise est un exemple plus près de nous, et par conséquent plus frappant. Qu'on l'examine avec attention : on verra qu'elle ne va qu'en n’allant pas (si ce jeu de mots est permis). Elle ne se soutient que par les exceptions, l’habeas corpus, par exemple, a été si souvent et si longtemps suspendu,  qu'on a pu douter si l'exception n'était pas devenue règle. Supposons un instant quo les auteurs de ce fameux acte eussent eu la prétention de fixer le cas où il pourrait être suspendu, ils l'auraient anéanti par le fait.

 

A suivre...




[1] L'homme dans l'état de nature n'avait que des droits... « En entrant dans la société, je renonce à ma volonté particulière i pour me conformer à la loi, qui est la volonté générale.»— Le Spectateur français (t. I, p. 194) s'est justement moqué de cette définition ; mais il pouvait observer de plus qu'elle appartient au siècle, et surtout à Locke, qui a ouvert ce siècle d'une manière si funeste.

[2] BERGIER, Traité hist. et dogm. de la Relig., in«8o,t. III, f chap. iv, § 12, pages330, 831. (D'après TERTULIEN.,pol. 45.)

[3] BERGIER, Traité historique et dogmatique de la Religion, in-8°, t. III, chap. îv, §12, pages 330,331.(D'après TERTULIEN, Apol., 45.)

[4] L'Église défend à ses enfants, encore plus fortement que les lois civiles, de se faire justice à eux-mêmes ; et c'est par son esprit que les rois chrétiens ne se la font pas, dans les crimes mêmes de lèse-majesté premier chef ,et qu'ils remettent les criminels entre les mains des juges pour les faire punir selon les lois et dans les formes de la justice. (PASCAL X,IV6 Lettre Prov.) Ce passage est très important et devrait se trouver ailleurs.

[5] J'ai souvent réfléchi sur ce passage de Cicéron (De Leg., II, 6.) : Leges Livae proesertim uno versiculo senatus puncto temporis sublatae sunt. De quel droit le sénat prenait-il cette liberté? et comment le peuple laissait-il faire? Il n'est sûrement pas aisé de répondre : mais de quoi peut-on s'étonner dans ce genre, puisqu'après tout ce qu'on o écrit sur l'histoire et sur les antiquités romaines, il a fallu de nos jours écrire des dissertations pour savoir comment le sénat se recrutait?

 

 

 

 

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JOSEPH DE MAISTRE.

 

 

ESSAI SUR

LE PRINCIPE GÉNÉRATEUR

DES CONSTITUTIONS POLITIQUES

ET DES AUTRES INSTITUTIONS HUMAINES.

 


 PRÉFACE

 

La politique, qui est peut-être la plus épineuse des sciences, à raison de la difficulté toujours renaissante de discerner ce qu'il y a de stable ou de mobile dans ses éléments, présente un phénomène bien étrange et bien propre à faire trembler tout homme sage appelé à l'administration des États :  c'est que tout ce que le bon sens aperçoit d'abord dans cette science comme une vérité évidente, se trouve presque toujours, lorsque l'expérience a parlé, non seulement faux, mais funeste.

A commencer par les bases, si jamais on n'avait ouï parler de gouvernements, et que les hommes fussent appelés à délibérer, par exemple, sur la monarchie héréditaire ou élective, on regarderait justement comme un insensé celui qui se déterminerait pour la première, Les arguments contre elles se présentent si naturellement à la raison, qu'il est inutile de les rappeler.

L'histoire cependant, qui est la politique expérimentale, démontre que la monarchie héréditaire est le gouvernement le plus stable, le plus heureux, le plus naturel à l'homme, et la monarchie élective, au contraire, la pire espèce des gouvernements connus.

En fait de population, de commerce, de lois prohibitives, et mille autres sujets importants, on trouve presque toujours la théorie la plus plausible contredite et annulée par l'expérience. Citons quelques exemples.

Comment faut-il s’y prendre pour rendre un État puissant? « Il faut avant tout favoriser la population par tous les moyens possibles.» Au contraire, toute loi tendant directement à favoriser la population, sans égard à d'autres considérations, est mauvaise. Il faut même tâcher d'établir dans l'État une certaine force morale qui tende à diminuer le nombre des mariages, et à les rendre moins hâtifs.

L'avantage des naissances sur les morts établi par les tables, ne prouve ordinairement que le nombre des misérables, etc., etc. Les économistes français avaient ébauché la démonstration de ces vérités, le beau travail de M. Malthus est venu l'achever.

Comment faut-il prévenir les disettes et les famines? — « Rien de plus simple. Il faut défendre l'exportation des grains » — Au contraire, il faut accorder une prime à ceux qui les exportent.

L'exemple et l'autorité do l'Angleterre nous ont forcés d’engloutir ce paradoxe.

Comment faut-il soutenir le change en faveur d'un pays? -— « Il faut sans doute empêcher le numéraire de sortir ; et, par conséquent, veiller par de fortes lois prohibitives à ce que l'État n'achète pas plus qu'il ne vend. » Au contraire, jamais on n'a employé ces moyens sans faire baisser le change, ou, ce qui revient au même, sans augmenter la dette de la nation ; et jamais on ne prendra une route opposée sans le faire hausser, c'est-à-dire, sans prouver aux yeux que la créance de la nation sur ses voisins, s'est accrue, etc., etc.

Mais c'est dans ce que la politique a de plus substantiel de plus fondamental, je veux dire dans la constitution même des empires, que l'observation dont il s'agit revient le plus souvent. J'entends dire que les philosophes allemands ont inventé le mot métapolitique  pour être à celui de politique ce que le mot métaphysique est à celui de physique. Il semble que cette nouvelle expression est fort bien inventée pour exprimer la métaphysique de la politique; car il y en a une, et cette science mérite toute l'attention des observateurs.

Un écrivain anonyme qui s'occupait beaucoup de ces sortes de spéculations, et qui  cherchait à sonder les fondements cachés de l'édifice social, se croyait en droit, il y a près de vingt ans, d'avancer, comme autant d'axiomes incontestables, les propositions suivantes diamétralement opposées aux théories du temps.

1° Aucune constitution ne résulte d'une délibération : les droits du peuple no sont jamais écrits, ou ils ne le sont que comme de simples déclarations de droits antérieurs non écrits.

2° L'action humaine est circonscrite dans ces sortes de cas, au point que les hommes qui agissent ne sont que des circonstances.

3° Les droits des peuples proprement dits, partent presque toujours de la concession des souverains, et alors il peut en conster historiquement : mais le droit du souverain et de l'aristocratie n'ont ni date ni auteurs connus.

4° Ces concessions même ont toujours été précédées par un état de choses qui les a nécessitées et qui ne dépendait pas du souverain.

5° Quoique les lois écrites ne soient jamais que des déclarations de droits antérieurs, il s'en faut de beaucoup cependant que tous ces droits puissent être écrits.

6° Plus on écrit, et plus l'institution est faible.

7° Nulle nation ne peut se donner la liberté, si elle ne l'a pas[1] ; l'influence humaine ne s'étendant pas au delà du développement des droits existants.

8°Les législateurs proprement dits sont des hommes extraordinaires qui n'appartiennent peut-être qu'au monde antique et à la jeunesse des nations.

9°Ces législateurs, même avec leur puissance merveilleuse, n'ont jamais fait que rassembler des éléments préexistants, et toujours ils ont agi au nom de la Divinité.

10° La liberté, dans un sens, est un don des Rois ; car presque toutes les nations libres furent constituées par des Rois[2] .

11° Jamais il n'exista de nation libre qui n'eût dans sa constitution naturelle des germes de liberté aussi anciens qu'elle, et jamais nation ne tenta efficacement de développer par ses lois fondamentales écrites d'autres droits que ceux qui existaient dans sa constitution naturelle.

12° Une assemblée quelconque d'hommes ne peut constituer une nation. Une entreprise de ce genre doit même obtenir une place parmi les actes de folie les plus mémorables [3].

Il ne paraît pas que, depuis l'année 1796, date de la première édition du livre que nous citons[4],  il se soit passé dans le monde rien qui ait pu amener l'auteur à se repentir de sa théorie. Nous croyons au contraire que, dans ce moment, il peut être utile de la développer pleinement et de la suivre dans toutes ses conséquences, dont l'une des plus importantes, sans doute, est celle qui se trouve énoncée en ces termes au chapitre X du même ouvrage.

L'homme ne peut faire de souverain. Tout au plus, il peut servir d'instrument pour déposséder un souverain et livrer ses États à un autre souverain déjà prince... « Du reste, il n'a jamais existé de famille souveraine dont on puisse assigner l’origine plébéienne. Si ce phénomène paraissait, ce serait une époque du monde[5] (1). »

On peut réfléchir sur cette thèse, que la censure divine vient d'approuver d'une manière assez solennelle.

Mais qui sait si l'ignorante légèreté de notre âge ne dira pas sérieusement : S'il l’avait voulu, il serait encore à sa place? comme elle le répète encore après deux siècles : Si Richard Cromwell avait eu le génie de son père, il aurait fixé le protectorat dans sa famille; ce qui revient précisément à dire : Si cette famille n'avait pas cessé de régner, elle régnerait encore.

Il est écrit : C'EST MOI QUI FAIS LES SOUVERAINS [6]. Ceci n'est point une phrase d'église, une métaphore de prédicateur ; c'est la vérité littérale, simple et palpable. C'est une loi du monde politique. Dieu fait les Rois, au pied de la lettre. Il prépare les races royales ; il les mûrit au milieu d'un nuage qui cache leur origine. Elles paraissent ensuite couronnées de gloire et d'honneur; elles se placent ; et voici le plus grand signe de leur légitimité.

C'est qu'elles s'avancent comme d'elles-mêmes, sans violence d'une part, et sans délibération marquée de l'autre, c'est une espèce de tranquillité magnifique qu'il n'est pas aisé d'exprimer. Usurpation légitime me semblerait l'expression propre (si elle n'était point trop hardie) pour caractériser ces sortes d'origines que le temps se hâte de consacrer.

Qu'on ne se laisse donc point éblouir par les plus belles apparences humaines. Qui jamais en rassembla davantage que le personnage extraordinaire dont la chute retentit encore dans toute l'Europe?

Vit-on jamais de souveraineté en apparence si affermie, une plus grande réunion de moyens, un homme plus puissant, plus actif, plus redoutable?

Longtemps nous le vîmes fouler aux pieds vingt nations muettes et glacés d'effroi ; et son pouvoir enfin avait jeté certaines racines qui pouvaient désespérer l'espérance. — Cependant il est tombé, et si bas, que la pitié qui le contemple, recule, de peur d'en être touchée. On peut, au reste, observer ici en passant que, par une raison un peu différente, il est devenu également difficile de parler de cet homme, et de l'auguste rival qui en a débarrassé le monde. L'un échappe à l'insulte et l'autre à la louange.'— Mais revenons.

Dans un ouvrage connu seulement d'un petit nombre de personnes à Saint-Pétersbourg, l'auteur écrivait en l'année 1810 :

« Lorsque deux partis se heurtent dans une révolution, si l'on voit tomber d'un côté des victimes précieuses, on peut gager que ce parti finira par l'emporter, malgré toutes les apparences contraires. »

C'est encore là une assertion dont la vérité vient d'être justifiée de la manière la plus éclatante et la moins prévue. L'ordre moral a ses lois comme le physique, et la recherche de ces lois est tout à fait digne d'occuper les méditations du véritable philosophe.

Après un siècle entier de futilités criminelles, il est temps de nous rappeler ce que nous

sommes, et de faire remonter toute science à sa source. C'est ce qui a déterminé l'auteur de cet opuscule à lui permettre de s'évader du portefeuille timide qui le retenait depuis cinq ans. On en laisse subsister la date, et on le donne mot à mot tel qu'il fut écrit à cette époque. L'amitié a provoqué cette publication, et c'est peut-être tant pis pour l'auteur ; car la bonne dame est, dans certaines occasions, tout aussi aveugle que son frère. Quoi qu'il en soit, l'esprit qui a dicté l'ouvrage jouit d'un privilège connu : il peut sans doute se tromper quelquefois sur des points indifférents, il peut exagérer ou parler trop haut ; il peut enfin offenser la langue ou le goût, et dans ce cas, tant mieux pour les malins, si par hasard il s'en trouve; mais toujours il lui resta l'espoir le mieux fondé de ne choquer personne, puisqu'il aime tout le monde ; et, de plus, la certitude parfaite d'intéresser une classe d’hommes assez nombreuses et très estimable, sans pouvoir jamais nuire à un seul : cette foi est tout à fait tranquillisante.

 



[1] Machiavel est appelé ici en témoignage : Un popoto uso a viçere sotto un principe, si per qualche accidente diventa libero, con difficolta mantiene la liberta. (Disc. sopr. Tit. Liv., I, cap. xvi.)

[2] Ceci doit être pris en grande considération dans les monarchies modernes. Comme toutes légitimes et saintes franchises de ce genre doivent partir du souverain, tout ce qui lui est arraché par la force est frappé d'anathème. Écrire une loi, disait très bien Démosthène, ce n'est rien; c'est LE FAIRE VOULOIR qui est tout. (Olynt. III.) Mais si cela est vrai du souverain à l'égard du peuple, que dirons-nous d'une nation ; c'est-à-dire, pour employer les termes les plus doux, d'une poignée de théoristes échauffés qui proposeraient une constitution à un souverain légitime, comme on propose une capitulation a un général assiégé? Tout cela serait indécent, absurde, et surtout nul.

[3] Machiavel est encore cité ici : E necessario che uno sia quello elie iia il modo e della cui mente dipenda qualunque simite ordinazione. Disc. sopr. Tit. Liv., lib. I, cap. iv.

[4] Considérations sur ta France, chap. IV.

[5] Considérations sur la France, chap. x, § 3*

[6] Per me Reges régnant. Prov., Vlll, 15.

 

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LA PROPHÉTIE D'ORVAL

ou

PROPHÉTIE CISTERCIENNE

 

 

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Fragment pour les années 1793 à 1911.

Napoléon Empereur (1804)

 
 

  2ième Restauration. 1815


 

 Voici encore venir le Vieux Sang de la Cap[1]. Dieu veut la paix, et que son Saint Nom soit béni. Or, paix grande et florissante sera au pays des Celtes-Gaulois[2]. La Fleur-Blanche[3] est en honneur moult grand ; la Maison de Dieu[4] chante moult saints Cantiques[5].

 

 

 A suivre...

 


[1]  Cap, racine de Capet. Ce mot indique la Race Royale de France qui descend de Hugues, surnommé Capet ou Capel, lequel monta sur le trône de France en 987, proclamé par les Seigneurs assemblés à — Noyon. Hugues Capet a reçu du Ciel la promesse, rapportent les Chroniqueurs, que ses fils, en récompense de sa piété, régneront à jamais.

[2]  Pendant le règne de Louis XVIII quelques mécontents essayèrent bien, mais en vain d'agiter les masses de la population et l'armée sur plusieurs points de la France; toutes leurs tentatives furent promptement et énergiquement réprimées. La sécurité du Royaume permit d'envoyer en Espagne, travaillée par les sociétés secrètes, une armée qui aida le Roi Ferdinand VII à les dominer. Cette expédition, commandée par le neveu du Roi, le Duc d'Angoulême, entreprise malgré les menaces de l'Angleterre et l'opposition de son Ministre Canning, releva beaucoup la gloire de la France (1823). Le commerce, la navigation, l'industrie, le crédit refleurirent ; et c'est de ce moment que le bien-être général commença à décupler les fortunes de la bourgeoisie et de la banque. Louis XVIII supprima l'Ecole Normale et fonda l'Ecole des Chartes. Bientôt l'on oublia le drapeau aux trois couleurs et les aigles sanglantes clans la prospérité d'une paix grande et florissante.

[3]  La Famille Royale de France, désignée par ses armoiries qui portent des fleurs de Lys

[4] La Maison de Dieu : l'Eglise.

[5] « Des missions, à partir de 1816, furent accordées à toutes les villes de France de quelque importance ; les vocations de l'un et de l'autre sexe pour l'état religieux, se multiplièrent; et les Temples de Dieu retentirent partout de chants religieux au milieu des populations revenant en foule aux exercices, aux consolations et aux bienfaits de la parole de Dieu. » (Le Chanoine Lacombe, p. 31.)

 

 

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LA PROPHÉTIE D'ORVAL

ou

PROPHÉTIE CISTERCIENNE

 

 

images-copie-2

Fragment pour les années 1793 à 1911.

Napoléon Empereur (1804)

 

 

 

Louis XVIII. 1ère Restauration. 1814

 

Les Hauts[1], abaissés, reprennent force et font ligue[2] pour abattre l'homme tant redouté ; voici venir, avec maints guerroyers, le Vieux Sang des Siècles[3], qui reprend lieu et place en la Grande Ville[4] pendant[5] que l'Homme dit, moult abaissé, va au pays d'outre-mer d'où était advenu[6].

Dieu seul est grand!... La lune 11ième n'a pas lui encore [7] et le Fouet sanguinolent du Seigneur[8]...

 

Les Cent Jours.

 


…revient en la Grande Ville[9] et le Vieux Sang quitte la Grande Ville[10]. Dieu seul est grand!... Il aime son peuple et a le sang en haine. La 5ième lune[11] a relui sur maints et maints guerroyers d'Orient[12] ; la Gaule est couverte d'hommes[13] et de machines de guerre [14] c'est fait de l'homme de mer[15]. 

 

 

 A suivre...

 

 



[1] Les divers Souverains de l'Europe.

[2] La Coalition, qui venait rendre la paix à l'Europe.

[3] Le Sang Royal de France; les Bourbons sont appelés le Vieux Sang des siècles, parce que de toutes les familles royales de l'Europe, il n'en est point de plus ancienne.

[4] Première Restauration. Louis XVIII, frère de Louis XVI, est appelé au trône par le Sénat de France; il y prit la place de Dauphin, héritier légitime de la Couronne et reconnu Roi par les émigrés et les puissances étrangères sous le nom de Louis XVII.

[5] Pendant, mis en lieu et place de cependant.

[6] Le Sénat de France proclame la déchéance de Napoléon Ier. Celui-ci, après une tentative de suicide, restée sans effet, abdique au Château de Fontainebleau (sur la table même où il avait voulu forcer Pie VII à renoncer au Souverain-Pontificat) ; il est exilé dans l'île d'Elbe, entre le continent et l'île de Corse. Une frégate anglaise déposa l'ex-empereur à Porto-Ferrajo, le 5 mai.

[7] Louis XVIII était entré à Paris, le 3 mai, avec la Duchesse d'Angoulême, Madame Royale, fille de Louis XVI ; la première nouvelle lune qui suivit, fut au 20 du même mois (1814); la onzième devait luire le 11 mars 1815 ; mais Bonaparte (le fouet sanguinolent du Seigneur) était débarqué à Cannes, dix jours auparavant.

[8] Quelle image sublime? Comment mieux nommer le moderne Attila?

[9]  La trahison de Labédoyère, du Maréchal Ney et de tant d'autres livre Paris à Napoléon

[10] Le Roi Louis XVIII quitte Paris et se retire à Gand.

[11] La première pleine lune, après le débarquement de Cannes, était le 11 mars 1815; la cinquième arrivait le 7 juillet, et Louis XVIII ne rentra à Paris que le lendemain 8.

[12] Sur la Prusse et la Russie.

[13] Les alliés pénètrent en France. Assemblées à Vienne (en Autriche) les Puissances avaient proclamé que Napoléon s'était mis au ban de l'Europe; qu'il s'était livré à la vindicte publique; qu'avec lui il ne pouvait y avoir désormais ni paix, ni trêve.

[14] De canons, etc.

[15] Battu à Waterloo, Napoléon se rend au port de Rochefort, d'où le navire anglais le Bélérophon le conduit, prisonnier, à l'île Sainte-Hélène, au milieu de l'Océan.

 

 

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PROPHÉTIE CISTERCIENNE

 

 

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Fragment pour les années 1793 à 1911.

Napoléon Empereur (1804)

 

 

Mais c'est fait[1]. Les lunes sont passées[2]. Le Vieillard de Sion[3] a crié à Dieu de son cœur moult endolori par peine cuisante[4] ; et voilà que le Puissant est aveuglé pour péchés et crimes[5]. Il quitte la Grande Ville[6] avec ost[7] si belle que oncques ne vit jamais si telle ; mais point de[8] guerroyer ne tiendra bon devant la face du temps[9]. 

Et voilà que la tierce-part de son armée et encore la tierce-part a péri par le froid du Seigneur tout-puissant[10]. Mais 2 lustres sont passés[11] depuis[12] (3) le siècle de la désolation [13](4), comme j'ai dit à son lieu; tout plein fort ont crié à Dieu les veuves et les orphelins[14] (5); et voilà que Dieu n'est plus sourd.

 

 

  A suivre...  

 



[1]La mission de Napoléon Ier est remplie : l'Autel et le Trône sont restaurés. La grande oeuvre du Général que sacra Pie VII est d'avoir subjugué l'hydre maçonnique et montré au monde combien, avec la grâce de Dieu, il est facile de dominer cette synagogue de Satan, qui, alors et dans le même temps où elle voulait anéantir l'Eglise, s'efforçait de réintroduire le paganisme dans le monde (!). La Renaissance fut le retour à l'art payen, à la sauvage nudité ; puis vint le régicide, suivi d'une persécution semblable à celle des Césars, et finalement de hideuses Vénus hissées sur des chars de triomphe et adorées publiquement comme des divinités

[2]Les lunes sont passées : cette expression indique qu'un espace de temps, fixé sans doute avec plus de précision ailleurs, est enfin révolu. Il est probable qu'il s'agit des deux lustres mentionnés dans l'alinéa qui suit.

[3]Le Souverain-Pontife, le Pape Pie VII.

[4]  (4) De toutes les expressions faisant image dans la Prophétie, nulle n'est plus fidèle et plus saisissante que celle-ci : Après avoir sacré l'Empereur, le Pape Pie VII était rentré à Rome sans même répondre à ses paroles artificieuses insinuant des projets de séjour en France, tantôt à Avignon, et tantôt à Paris.

Aussitôt commença la comédie par laquelle Napoléon Ier préparait ses déclarations de guerre et ses annexions. Comme on le vit à Genève, quelques créatures salariées eurent mission de se livrer à des voies de fait métamorphosées bientôt en attentats au droit des gens.

A la protestation du Souverain-Pontife contre l'occupation d'Ancône par les troupes françaises (13 novembre 1805), Napoléon n'exhala qu'ironie et arrogance (réponse du 7 janvier suivant). Cet emportement s'accrut par degrés à mesure que le Pape refusait de reconnaître la suprématie de l'Empereur; la souveraineté de son frère Joseph, à Naples; le blocus continental, et l'interdiction de ses ports de mer aux Anglais L'envahissement des principautés de Bénévent et de Pontecorvo préluda à celui de Rome même, que le général Miollis osa profaner le 2 février 1808.

L'orgueil faisant d'étranges ravages dans la tête du Puissant, les Etats de l'Eglise furent réunis à l'empire par un décret du 17 mai 1809 (daté de Vienne en Autriche). Renversant des traditions trente fois séculaires, les nouvelles cartes de géographie portèrent alors ce mot impossible : Département de Rome.

La bulle d'excommunication (parue sur les Eglises de Rome à l'aube du 11 juin) trouva dans la personne de Napoléon un coeur fermé au repentir. Et, le 6 juillet, le Général Radet ayant escaladé le Palais Quirinal et enfoncé les appartements à coups de hache, enlevait, à trois heures du matin, dans une voiture fermant à clé, et aux persiennes clouées, le Souverain Pontife et le Cardinal Pacca, sans autres vêtements que ceux qui les couvraient, et quoiqu'ils n'eussent à eux deux que trente-huit sous, en monnaie romaine.

Reconnu presque partout sur la route, Pie VII bénissait et apaisait les peuples, disposés à se soulever en sa faveur....

C'est au milieu des angoisses et des mauvais traitements que Pie VII fut déposé à la préfecture de Savone, ayant passé par la Chartreuse de Florence (où il reprit l'appartement qui, dix ans auparavant, avait  servi de prison à Pie VI), Gênes, Alexandrie, Grenoble, Valence, Avignon, Aix et Nice. Dans cette dernière ville les rues étaient illuminées et semées de fleurs, et les populations accouraient pour saluer le magnanime pontife.

Dès lors Pie VII fut sans relâche assailli de sollicitations et de députations, même d'illustres Prélats pour en obtenir des concessions funestes. Napoléon ne put être satisfait dans ses prétentions, et le Roi des Rois, le Prince des Apôtres fut brutalement dépouillé de ses vêtements pontificaux (10 juin 1812) pour être, renfermé quoique malade et souffrant (jusqu'au point d'avoir reçu l'Extrême-Onction en route, à Stupinigi) dans le château de Fontainebleau.

Tout à coup, Napoléon arrive à Paris, fuyant les glaces et les armées de la Russie. Par la ruse et la violence, l'Empereur parvint à arracher un nouveau Concordat, inique, spoliateur et nul (celui de 1813) au Vieillard de Sion, âgé de soixante-et-onze ans, affaibli autant qu'affligé, anéanti et qui ne pouvait plus recevoir de nourriture.

Telle fut la peine cuisante qui endolorit le coeur du Pontife au point de lui ravir son humeur joviale et son gracieux sourire. Car aussitôt, après la protestation aussi ferme qu'explicite du 24 mars, son visage devint plus serein et il avoua qu'après ce qu'il venait de faire, il s'était senti soulagé d'un poids douloureux qui le fatiguait jour et nuit.

Le Pape déclara donc à Napoléon qu'il ne concluerait plus aucun traité tant qu'il serait retenu hors de Rome. (D'après Arthaud de Montor, Histoire de Pie VII.)

[5]Les crimes de Napoléon Ier ils sont aussi nombreux que ses campagnes et que ses batailles. Le divorce auquel il contraignit son frère Jérôme, malgré l'union sacramentelle ; le sien propre, qui le sépara de Mme e Beauharnais (Joséphine Tascher de la Pagerie) pour l'unir à l'Archiduchesse Marie Louise d'Autriche  ses relations coupables, et, dit-on, quelquefois incestueuses avec plusieurs Dames ou Demoiselles de sa cour ; l'horrible assassinat du Duc d'Enghien et quelques autres plus enveloppés de mystères; l'infâme guet-à-pens qui lui livra au même moment deux Rois d'Espagne; plusieurs autres spoliations non moins artificieuses que violentes ; des incarcérations de personnes distinguées dans toutes les forteresses de l'Empire; des procédés inouïs et sacrilèges envers le Souverain-Pontife et l'Eglise font de Napoléon Ier un vrai prodige où le génie le dispute au péché et au crime.

[6] Paris.

[7] Ost, vieux mot, pour armée (du latin hostis).

[8] Ici, dans le texte primitif, se trouvait le mot oncques; on l'a suppléé par la locution moderne point de.

[9] Ne pourra braver les éléments dont la divine Providence dispose à son gré.

[10] Campagne de Russie; en 1812. Au paroxysme de l'orgueil, Napoléon Ier s'était demandé si l'excommunication du Souverain-Pontife ferait tomber les armes des mains des soldats (lettre de Napoléon au Prince Eugène du 22 juillet 1807) mais dans ce mémorable hiver de 1812, il put voir tomber baïonnettes, fusils et soldats par centaines de mille.

[11] Dix ans.

[12]Depuis, à la place de d'après.

[13]A partir du moment où la Révolution fut définitivement subjuguée, soit depuis l'année 1804, où Napoléon devint Empereur. L'histoire nous porte ainsi à 1814.

[14] Les veuves et les orphelins de la république et du premier empire... qui pourrait les compter?

 

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LA PROPHÉTIE D'ORVAL

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PROPHÉTIE CISTERCIENNE

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Fragment pour les années 1793 à 1911.

Napoléon Empereur (1804)

 

La victoire le ramènera au pays premier[1].

Les fils de Brutus[2], moult stupides seront à son approche[3], car il les dominera[4], et prendra nom Empereur[5].

Moult hauts et puissants Rois sont en crainte vraie; car l'Aigle enlève moult sceptres et moult couronnes. Piétons et cavaliers, portant aigles sanglantes, avec lui courront autant que moucherons dans les airs ; et toute l'Europe est moult ébahie, aussi moult sanglante; car sera tant fort que Dieu sera cru guerroyer avec [6] lui[7] .

 

L'Eglise de Dieu[8], moult désolée[9], se console tant peu, en oyant ouvrir encore ses temples à ses brebis[10] tout plein égarées, et Dieu est béni[11] .

 

A suivre...

 



[1] En France, après la prise de Malte, et les batailles des Pyramides, de Mont-Thabor, d'Aboukir, etc.

[2] Les révolutionnaires français meurtriers du Roi Louis XVI et de la Reine Marie-Antoinette, comme L. J. Brutus l'avait été du Roi Tarquin et M. J. Brutus de César, son père adoptif.

[3]Singulière fut la surprise du dit Directoire lorsque, à la fin de l'année 1799, le Général Bonaparte parut inopinément à Paris!...

[4] Le 9 novembre 1799, Napoléon se fait nommer Consul.

[5] Le Sénat français proclame Napoléon Empereur, en 1804; le Pape Pie VII le sacre à Paris, le 2 décembre de la même année, dans l'Eglise Notre-Dame.

[6] Le texte original d'avec ; mais cette conjonction est dès longtemps inusitée

[7]Cette phrase est un magnifique témoignage de la mission providentielle de Napoléon Ier..La Révolution avait, dans son impiété, voulu abolir le Christianisme; mais Dieu suscita Napoléon qui la fit périr sur le champ de bataille.

[8] La Sainte Eglise de Jésus-Christ.

[9] En France, l'Eglise sortait de cette époque d'angoisses et de terreur que la Prophétie nomme si bien ailleurs le Siècle de la désolation. Le Pape Pie VI, avait dû combattre les rêves de la France révolutionnaire et repousser cette odieuse constitution civile du Clergé. A la suite du meurtre tout accidentel d'un envoyé français (M. Basseville), les Etats de l'Eglise furent envahis et le Saint-Père se vit forcé de signer avec le Général Bonaparte le traité de Tolentino (19 févr. 1797), qui, outre 31 millions, lui enlevait les objets d'art les plus précieux et plusieurs provinces (les Légations de Ferrare, de Bologne et de Ravenne).

A l'occasion de la mort du Général Duphot, tué à Rome dans une sédition, le Pape Pie VI fut attaqué dans Rome même (1798), arraché de son Palais et transporté successivement, malgré son âge et ses infirmités, à Sienne, à Florence, à Grenoble, enfin à Valence, où il succomba, victime des violences du Directoire (D'après le Dicl. de M. Bouillet)

[10] Brebis à la place de berbis.

[11] Le Pape Pie VII monta sur le trône Pontifical le 14 mars 1800. — Bonaparte, alors simple Premier- Consul, et après des fourberies qui nous ont été divulguées par le Cardinal Consalvi, signa avec ce Pape un Concordat (15 juillet 1801) en vertu duquel le libre exercice de la Religion fleurit de nouveau en France. Les Evêques furent rappelés, les Prêtres rétablis en leurs presbytères, les Eglises rendues à leurs solennités. Des fonds assurèrent le bienfait de ce rétablissement. Le Concordat fut inauguré à Notre-Dame de Paris, le jour de Pâques (18 avril 1802), au bruit de l'artillerie et au son des cloches, condamnées depuis dix ans au mutisme, partout où elles n'avaient pas été fondues pour se convertir en canons ou en gros sous. La splendeur de cette cérémonie fut relevée par la magnificence royale dont s'était entouré Bonaparte, après avoir menacé de traduire devant un Conseil de guerre les Généraux qui refuseraient de s'y réunir. D'après M. LE CHANOINE LACOMBE, p. 37.

 

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LA PROPHÉTIE D'ORVAL

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PROPHÉTIE CISTERCIENNE

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Les copies prises sur le texte original portent pour titre : PRÉVISIONS CERTAINES RÉVÉLÉES PAR DIEU A UN SOLITAIRE POUR LA CONSOLATION DES ENFANTS DE DIEU.

 

Dans ces mots « Prévisions certaines » il faut voir un acte d'humilité du Saint, à qui fut révélée la Prophétie.

 

Fragment pour les années 1793 à 1911.

 

La Mort du Roi XVI (1796)[1] 

 

En ce temps-là [2], un jeune homme[3], venu d'outre-mer[4], dans le pays du Celte-Gaulois[5] , se manifeste par conseil de force[6], mais les Grands[7] ombragés[8] l'envoieront guerroyer dans la Terre de la Captivité[9].

 

A suivre....



[1] Le 21 janvier 1793. — « 0 jour de triomphe pour Louis XVI, à qui Dieu a donné et la patience dans les tribulations et la victoire au milieu de son supplice (et in passione virtoriam !) Nous avons la ferme confiance qu'il a heureusement changé une couronne royale toujours fragile, et des lys qui se seraient flétris bientôt, contre cet autre diadème impérissable que les anges ont tissu de lys immortels. »

ALLOCUTION DE NOTRE TRÈS-SAINT PÈRE LE PAPE PIE VI AU SUJET DE L'ASSASSINAT DE SA MAJESTÉ TRÈS-CHRÉTIENNE LOUIS XVI, Roi DE FRANCE.— A Rome de l'imprimerie de la Chambre Apostolique. —1793.

[2] Le contexte fixe l'année 1793.

[3] Napoléon Bonaparte âgé de 24 ans.

[4] De l'île de Corse, dans la mer Méditerranée.

[5] En France, appelée alors « la Celte-Gaule. » Le nom de Gaulois fut donné aux Celtes (d'origine japhétique) habitant le territoire situé entre le Rhin, les Alpes maritimes, la Méditerranée, les Pyrénées et l'Océan. De là le nom composé Celte-Gaulois ou Celte-Gaule.

[6] Au siège de Toulon, dont les Anglais s'étaient emparés à l'aide de la trahison et où les troupes françaises rentrèrent le 21 décembre 1793.

[7] Les hommes qui avaient usurpé le pouvoir en France : le Directoire révolutionnaire composé des nommés : Barras, Rewbel, Larévallière-Lepeaux, Merlin de Douai, et François de Neuf-Château.

[8] L'édition de la Prophétie d'Orval, publiée par M. le Chanoine Lacombe, et qui parut à Paris, chez J. Lecoffre et Ce, en 1848, dit : OMBRAGÉS, que de perfidies du coeur humain, renfermées en ce seul mot. — La signature de Bonaparte, mise au nom de la France, au bas des préliminaires du traité de Campo-Formio, fut un événement qui consterna le Directoire....

« Plus l'habile Général attirait à lui l'attention publique, plus il inquiétait le Directoire et suscitait dans les régions du gouvernement des appréhensions secrètes et des jalousies.... Le Directoire se gardait bien de laisser pénétrer le mystère de ses appréhensions. Il méditait contre Bonaparte un glorieux ostracisme, tel que le commandement d'une armée dans des parages lointains et le 19 mai 1798, la grande flotte cingla vers l'Egypte. » GABOURD. Hist. du Directoire, p. 97 à 509.

[9] Dans l'Egypte, lieu de la captivité des Hébreux.

 

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LA PROPHÉTIE D'ORVAL

D'APRÈS LES COPIES PRISES

SUR LE TEXTE ORIGINAL

dans l'Abbaye d'Orval et à Luxembourg

 

Abbaye-d'Orval-Cour-d-honneur

AVEC LES CONCORDANCES HISTORIQUES

de 1793 à nos jours et les événements à accomplir

en 1883, 1893, 1908 et 1911.

 

DEUXIÈME EDITION.

Augmentée de Prophéties

SUR LE PAPE SAINT ET LE GRAND MONARQUE

 

 

PRÉFACE

 

Il suffisait de faire connaître la Prophétie d'Orval, de l'offrir à l'attention bienveillante d'un public éclairé pour la faire apprécier.

Aussi la première édition a-t-elle été enlevée en quelques semaines.

Mais l'invasion n'est pas refoulée ; la terre des fils de saint Louis s'abreuve encore de sang et de larmes; la paix a fui de l'Europe; la liberté se voile le visage devant ces rêves d'un nouvel empire ; le doux et magnanime Pontife que la Chrétienté vénère a vu l'enfer précipiter contre la Ville Sainte des hordes barbares, et l'on n'a pas encore restitué à l'Eglise le Patrimoine de saint Pierre.

Cette seconde édition répondra donc à de légitimes angoisses, soutiendra encore la foi et l'espérance, consolera les fidèles jusqu'au triomphe promis de la France et de l'Eglise.

Il est des choses qu'il faut savoir attendre. Les quatre lettres adressées, en 1848, à Mgr de Verdun par M. le Chanoine Lacombe, de Bordeaux, ont démontré dans toute son évidence l'origine céleste de la Prophétie d'Orval, et rendu à l'histoire un document inspiré dont la perte aurait été à jamais regrettable.

L'ancienneté de cette Prophétie peut être fixée, par son style ; les mots et la construction des phrases rappellent la manière d'écrire du seizième siècle :

Cependant que (pour pendant que) paraît dans les oeuvres de RABELAIS.

Dans le même temps, gaudir est synonyme, de se réjouir, et le mot endolori se lit dans les oeuvres immortelles de SAINT FRANÇOIS DE SALES.

Guerroyer (faire la guerre) était d'un usage très-fréquent au seizième siècle. " En bienfaisant, l'on guerroie le méchant. „ (RECUEIL DE GRUTHER.)

Le mot ire (courroux, colère.) a été souvent employé à la même époque dans le sens de

la Prophétie d'Orval : " Nous ne pouvons nier „ ni déguiser que Vire de Dieu ne soit justement enflammée contre nous. (L'HÔPITAL.)

Au onzième siècle, on disait irur.

Saoul dérive du latin satur, saturus, rassasié,

— de sat, assez. Dans ces mots : " Le Prince ne fust onques saoul ni lassé, depuis qu'il se commença premièrement à armer, de guerroyer et de tendre à tous hauts et „ nobles faits d'armes, le Chroniqueur FROISSART donne au mot saoul le sens de fatigué, rassasié [1].

Comme ce travail n'a trait qu'au seul fragment de la Prophétie s'étendant entre les années 1793 et 1911, il suffira de prouver son existence au moment où s'ouvrent les événements et d'ajouter aux preuves données dans la préface de la première édition, celles fournies par M. Langdon, dans I'AVENIR (Révélations sur l'Eglise et la Révolution.)

"La matinée du 20 mai 1793, quelques émigrés de distinction, tels que M. de Manouville, logés au château de Margny, arrivaient à l'Abbaye d'Orval (que les dragons autrichiens de Latour avaient une seconde fois sauvée de la violence des bandes incendiaires... la maison était sens dessus dessous, et au lieu d'une hospitalité confortable, une mauvaise soupe, mangée à la gamelle et arrosée de piquette, fut tout ce que l'Abbé put offrir à leur robuste appétit.... Pour abréger, nous dirons qu'un des Pères apporta un petit livre, manuscrit ou imprimé, que les Religieux conservaient dans leurs Archives et dont la lecture eut pour effet d'apaiser les plaintes et les murmures.

«Ce livre, suivant M. le Baron de Manouville, contenait la fameuse Prophétie d'Orval » 

M. Langdon ajoute, en note, que l'on doit ces détails à M. de Manouville lui-même, lequel les a transcrits dans une lettre du 29 mars 1849 sur la Prophétie d'Orval. Cette lettre, que nous possédons, a été imprimée dans celles écrites à Monseigneur de Verdun par M. le Chanoine Lacombe (page 191)[2].

Dans le " Recueil complet des Prophéties les plus authentiques „ publié en 1870, à Lyon,

par M. P.-N. Josseranel, nous trouvons cette nouvelle preuve de l'existence de la Prophétie d'Orval à la fin du siècle dernier : " Ce qu'il y a de certain, c'est qu'en 1793, Mgr de Chaînon, Evêque de Saint-Claude, et plusieurs personnages de distinction prirent connaissance de cette fameuse Prophétie dans l'Abbaye d'Orval même, où ils s'arrêtèrent en émigrant....

Le texte complet de cette Prophétie concernait tous les événements antérieurs à cette époque, en remontant jusqu'au temps où elle fut inspirée ; puis il s'étendait dans l'avenir, comme nous le voyons ici, jusqu'à la persécution de l’Antéchrist, et à la fin des temps.

Le fragment relatif aux événements futurs d'alors, c'est-à-dire à partir de Bonaparte et de sa campagne d'Egypte, fut copié en présence de l'Evêque de Saint-Claude, par un Prêtre de ses amis qui l'accompagnait en exil.

Durant l'émigration française, cette pièce fut communiquée à un grand nombre d'Evêques et de personnes distinguées.... „

Quelques jours après le passage de Mgr de Saint-Claude à Orval, et toujours en 1793, l'Abbé et les Religieux quittèrent leur Monastère qui bientôt devint la proie des flammes et durent se réfugier auprès du Maréchal de Bender dans la place de Luxembourg. Mais les fils de St-Bernard n'oublièrent point d'emporter avec eux leur Prophétie et, bientôt, à Luxembourg, il s'en fit de nouvelles copies.

La visite de M. de Manouville à l'Abbaye d'Orval et sa présence dans le Réfectoire lorsqu'on y lut la célèbre Prophétie sont confirmées par l'attestation de Madame la Marquise de Saint-Germain (née Demoiselle de Feydeau), âgée de 89 ans, et habitant le château de Struss, près de Fribourg (Diocèse de Lausanne).

La chronologie de la Prophétie d'Orval n'est pas moins digne d'attirer l'attention des esprits sérieux « qui selon le conseil de l'Apôtre, ne méprisent pas les prophéties, mais qui éprouvent tout et s'attachent à ce qui est bon. » On peut même dire que le caractère distinctif de cette Prophétie, que son cachet propre est d'avoir été ordonnée sur un système chronologique, de porter depuis le commencement jusqu'à la fin de son texte des dates d'une merveilleuse précision. Le mot lune désigne l'unité de temps qui sert aux supputations.

La Prophétie a donc pour chronologie le mois lunaire, jadis en grand usage chez les juifs et les Gentils, et employé encore dans le comput ecclésiastique où il est un des éléments qui fixent le jour dans lequel on doit solenniser la Pâques.

En calculant les pleines lunes pour chercher le jour où les prédictions s'accompliraient, quelques personnages ont pu annoncer à l'avance la chute de Louis-Philippe. Un prêtre des plus respectables, M. l'Abbé F, a été ainsi violemment incarcéré à Lyon, sans doute par des esprits forts dédaigneux de lire les prophéties et d'y conformer leur vie. A Paris, plusieurs personnes voyaient également dans le mois de février 1848 la date fatale où devait tomber une royauté usurpée.

La somme de 500 francs déposée dans les mains du R. Père de Ravignan, comme gage d'un pari, fut ainsi distribuée aux pauvres.

Après de pareils faits, il devenait utile de compléter l'oeuvre de M. H. Dujardin et de dresser un tableau indiquant le jour du mois où commence chaque nouvelle lune de 1793 à 1911.

Ainsi il sera très-facile de vérifier les calculs et de prendre à l'avance ses précautions.

Cette deuxième édition contient en outre le texte de quelques prophéties appuyant par leur concordance la révélation faite au Solitaire d'Orval et dont l'authenticité peut être historiquement prouvée, la célèbre Prophétie de S. Malachie sur la succession des Papes, et l'interprétation que le Vénérable Holzhauser donne des versets de l'Apocalypse concernent le Pape Saint et le grand Monarque. La traduction du latin en français est de M. le Chanoine de Wuilleret, du Vénérable Chapitre de Saint-Nicolas à Fribourg[3] .

Le lecteur remarquera le rapport qui existe entre l'Abbaye d'Orval et la dynastie de France.

« L'infortuné Louis XVI devait s'y réfugier dans son voyage à Luxembourg pour échapper à la fureur de la révolution. Mais, par l'arrestation de la Famille Royale à Varennes, le saint asile n'eut pas le privilège de recevoir l'illustre fugitif[4]. » On peut ainsi comprendre pourquoi, en annonçant le futur Roi de France, la Prophétie de Blois (1808) porte : " Mais ce ne sera pas celui qu'on croit qui régnera : ce sera le Sauveur accordé a la France et sur lequel elle ne comptait pas. „

En 1279 , la Prophétie du bienheureux Werdin, d'Otrante, l'annonçait en ces termes: « Lorsque sur la Chaire de Pierre, brillera une étoile éclatante, élue contre l’attente des  hommes, au sein d'une grande lutte électorale, étoile dont la splendeur illuminera l'Eglise  Universelle...

«  Alors, un gracieux jeune homme de la postérité de Pépin, se trouvant en pays étranger viendra pour contempler la gloire de ce Pasteur; lequel Pasteur placera, d'une manière admirable, ce jeune homme sur le trône de France[5]..... „

Ailleurs on voit que ce Prince est jeune encore, d'une dynastie que l'on croyait éteinte, de la Race de S. Louis. La Prophétie d'Orval le nomme : « Le Rejeton de la Cap. »

Lorsque le grand Apôtre des nations écrivait aux fidèles de son temps et de tous les siècles à venir de respecter les Prophéties, il affirmait que Dieu peut, en tout temps, en tous lieux, se révéler aux hommes.

Est-ce à dire que la Prophétie d'Orval ait été inspirée par Dieu ?

Oui, c'est évident; nous l'affirmons avec hardiesse. En voici la preuve.

La prophétie d'Orval est connue en Europe depuis l'année 1792[6]. Dans les premières années de ce siècle, elle était répandue dans plusieurs Diocèses, au nombre desquels on peut nommer ceux de Trêves et de Lausanne.

Or, en cette année 1870, plus de soixante-dix années d'histoire et d'événements prédits par cette Prophétie avant 1792 se sont réalisés.

Les faits, ainsi annoncés dès longtemps à l'avance, ont été accomplis par les personnes désignées, dans les circonstances prévues, à la date prédite. Donc, il faut  nécessairement croire que la science humaine n'est pour rien dans ces révélations, que l'auteur de la Prophétie a été inspiré, et, comme chacun de ses mots retourne à la gloire de Dieu et au salut des hommes, que Dieu seul a pu parler par sa bouche.

Ainsi, la raison humaine affirme que la prophétie d'Orval a été inspirée par Dieu.

La Sainte Eglise Romaine, qui a mission, autorité et pouvoir de prononcer sur les choses de cet ordre, n'a certes pas érigé la prophétie d'Orval à l'état de dogme ; mais, en permettant de la publier, plusieurs Evêques en ont affirmé l'utilité et encouragé la lecture.

Le nom de Prophétie d'Orval vient de l'Abbaye d'Orval, de l'Ordre de Cîteaux, qui est située dans l'ancien Diocèse de Trêves, dans une des gorges de la forêt de Chiny (Ardennes)[7]. Le village où se voient encore les ruines imposantes de l'Abbaye d'Orval appartient aujourd'hui à la Province et au Vicariat Apostolique de Luxembourg.

L'histoire fournit, sur la révélation et la publication de la célèbre Prophétie, les renseignements que voici. Ils ont été critiqués et vérifiés avec un soin tout particulier. C'est dire qu'on a retranché tout ce qu'une main téméraire, qui avait eu le malheur, en matière aussi grave, de blesser les lois de la vérité, s'était permis d'y ajouter.

A la fin du siècle dernier, alors que la grande Révolution sévissait dans toute sa fureur, l'Abbé et les Religieux d'Orval durent se réfugier avec un grand nombre d'émigrés lorrains dans la place forte de Luxembourg, où commandait le Maréchal de Bender. Ils apportaient avec eux les vases sacrés de l'Abbaye, les ornements les plus précieux, une partie des archives et la Prophétie d'Orval, ou les Prévisions d'Orval, révélées à un Religieux de l'Abbaye à qui son amour de la retraite et du silence avait fait donner le surnom de Solitaire. Aussitôt l'Abbé crut devoir la communiquer au Maréchal de Bender, qui, dit-on, en rit beaucoup.... Quelques Français de distinction, présents dans le salon du Maréchal, demandèrent cependant à pouvoir en prendre des copies. C'était assez pour que, dans peu de jours, la Prophétie d'Orval se fut répandue dans toute la ville de Luxembourg et au-delà. Elle parvint ainsi dans notre Diocèse de Lausanne, soit par les copies levées à Orval même, avant 1793, soit par celles que prirent les hôtes du Maréchal de Bender à Luxembourg.

Maintenant, pourquoi les Précis Historiques de Belgique, en l'année 1870, et dans un article intitulé les Prophéties en vogue, ont-ils ouvert la lutte contre la Prophétie d'Orval? Un fait aussi étrange exige une réponse, car il sort des attaques vulgaires.

La réfutation sera pourtant facile, et la prophétie du fils du Saint-Bernard sortira victorieuse de la lice.

Nous dirons d'abord que toute l'argumentation des Précis Historiques est nulle, parce qu'elle part d'une base fausse. Ils portent, en effet : " Ce qu'il y a d'authentique quant à „ l'antiquité de la Prophétie d'Orval, c'est „ qu'elle a été communiquée en manuscrit „ pour la première fois en 1828 !!... „ Mais, pour être magistrale, cette affirmation n'en est pas moins erronée, car nous avons déjà donné des témoignages historiques de l'existence de cette prophétie d'Orval en 1792.

 

(Voir la préface de la nouvelle édition).

 

La lettre de Mgr l'Evêque de Verdun, du 6 février 1849, citée mal à propos par les Précis

Historiques, frappe le Prêtre M. D..., Curé de B...., qui a altéré l’Histoire de la Prophétie, en publiant des choses qu'il n'avait pas suffisamment étudiées et dont la critique a prouvé, en partie, l'inexactitude; mais elle n'atteint point la Prophétie, protégée au contraire, par la Sentence Episcopale.

Ayant ainsi rendu justice à une critique qui portait à faux, tout en ayant les meilleures intentions de sauvegarder l'honneur de l'Episcopat et les droits de la vérité, il convient de mettre en évidence que, dès 1793, chacun des mots du texte prophétique s'est réalisé à la lettre. La Prophétie d'Orval a prédit tout ce qui s'est passé en France depuis la mort si tragique du Roi Louis XVI et l'emprisonnement dans la cour du Temple du Dauphin Louis XVII. Pour les événements qui restent à accomplir, c'est sa recommandation auprès du public, sa valeur et son titre. Elle n'en saurait désirer de meilleur...

 

A suivre.

 

 

[1] L. DOCHBZ, Nouveau Dictionnaire de la langue française; Paris, lib eccl. et class. de Cb. Fouraut, 1860.

[2] HENRY D. LANGDONY, Avenir, 7e édition ; Bruxelles, H. Goemaere, lib.-édit. 1870. Voir aussi : M.JBANTIN, les Ruines et Chroniques de l'Abbaye d'Orval ; Paris, Tardieu, éditeur, 2e édit., 1857.

[3]  Paris, Louis Vives, libraire-éditeur, rue Cassette, 23. 1857.2ième édition,

[4]  L'AVENIR, ouv. cit., dans l'Introduction.

[5] Texte latin : «Cum in sede Petri fulgebit Stella coruscans, praeter hominum expeotationem electa, in maxima  electorum controversiâ, cujus splendor universatem Ecclesiam irradiabit.,.. Tunc gratiosus juvenis de posteritate Pipini veniet peregre, ad videndum hujus Pastoris claritatem, —qui Pastor  mirifice collocabit hune juvenem in Gallicane Sede , hactenus vacante, —eique imponet diadema Regni, ipsumque in  adjutorium Regni vocabit. »

M.H. Dujardin a publié le texte complet de la Prophétie du bienheureux Werdin (mort au mois de novembre 1279) dans le 1ersupplément à l'Oracle pour 1840, p. 183. Cet auteur dit au sujet du Pape que la Prophétie appelle une Etoile Resplendissante. « Je pourrais rappeler ici une Prophétie célèbre (celle de S. Malachie) qui annonce un Pape qu'elle surnomme Luminen Coelo, c'est-à-dire Lumière dans le Ciel.» Or, d'après tous les interprètes, ce Pontife {Luminen Coelo) doit être le successeur de Sa Sainteté le Pape Pie IX dont la gloire et la majesté remplissent l'univers.

[6] Cette date de 1792est historiquement fixée par une lettre de M. le Chanoine Mansuy, Supérieur du Séminaire de Verdun en 1822, adressée à M.Dujardin, auteur de l’Oracle. En voici le texte, publié, en mars 1840, dans l’Oracle (p. 83, Paris, lib. Camus, rue Cassette, 20) : « Verdun-sur-Meuse, le 25 novembre 1639. » Il est vrai, et très-vrai, Monsieur, que j'ai entendu raconter souvent, depuis 1810,alors que j'étais Vicaire à Verdun, Or en cette année 1870, plus de soixante-dix années d'histoire et d'événements prédits par cette Prophétie avant 1792 se sont réalisés.

Les faits, ainsi annoncés dès longtemps à l'avance, ont été accomplis par les personnes désignées, dans les circonstances prévues, à »jusqu'en 1823 que j'y étais Supérieur du Séminaire, les  événements annoncés dans les Prévisions d'Orval, par un  Magistrat, qui, veuf, se fit Prêtre en 1817, et mourut Chanoine de Verdun en 1823. (Il s'agit de M.Lagrellette.) Un de ses amis, aussi pieux que lui et  Juge à Varennes, avait j lu la pièce, à Orval même, en 1792, et lui en avait rapporté » tous les points les plus remarquables, qu'il nous racontait » sans en avoir tiré copie.... D'autres avaient fait des copies » de la Prévision, etc.  (Signé) MANSUY Chanoine-Doyen.

Alors qu'il était encore Grand-Vicaire de l'Evêché de Verdun, et dans une lettre adressée, le 4 novembre 1831, à M.de la S***, de Nancy, Chevalier.de Saint-Louis, M. l'Abbé Mansuy avait déjà affirmé qu'un Prêtre bien respectable et qui, alors, n'était pas encore ordonné, avait vu la Prophétie, au moment de la révolution, à Orval.

Le Journal des Villes et des Campagnes, du 19juillet 1839, cite le texte de cette lettre et nomme diverses personnes, non moins dignes de foi, qui, toutes, affirment que la Prophétie d'Orval était répandue dans le monde à la fin du XVIIIe siècle.

« Mme la Comtesse Adèle de Ficquelmont, Chanoinesse de Porchais, en émigration avec son père, en entendit lire des  copies chez le Comte de la Tour, son oncle (depuis Ministre  de la guerre à Vienne). M. le Baron de M***, ex-Colonel au service d'Autriche,  alors en garnison à Luxembourg, en a entendu parler à la  même époque, vers 1792.La Comtesse Alexandrine de Raigecourt, Chanoinesse de Saint-Louis, à Metz, affirme l'avoir » entendu lire à son Chapitre, lors de l'émigration. Un Chevalier de Saint-Louis, M. D***, de Nancy, en possède une copie prise, sur celle que sa mère eut à Luxembourg, à la  même époque. »

Le journal ajoute encore qu'une vieille Religieuse, « qui habite à Trouard, près de Nancy, » en possédait une copie prise également à la fin du siècle dernier. Extrait de la Revue l'Invariable, t. XIV, liv. 81, pages 181et 182,1839. Fribourg en Suisse, imprimerie S. Delisle, à Lausanne. —Voyez aussi : Le Chroniqueur de Fribourg, n° 127, jeudi 20 octobre 1870.

Dans le Diocèse de Lausanne et Genève, plusieurs personnes du canton et de la ville de Fribourg peuvent encore affirmer avoir vu la prophétie vers le même temps.       

[7] Voir: Les Saintes Montagnes et Collines d'Orval et de Clairvaux, par André Vulladier, Abbé de Saint-Arnould de Metz. —Luxembourg, 1629,in-4°.

 

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Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #EN FAVEUR DE LA MONARCHIE

 

marie-antoinette-vigee-lebrun

 

Ecrite le 16 octobre 1793, à 4h30 du matin -soit environ 8 heures avant son exécution- , cette lettre testament témoigne à la fois de la grandeur d'âme, mais aussi du courage de la Reine devant la mort. Reine innocente des crimes, Reine vertueuse. Reine sur qui l'on a beaucoup menti. Je vous adresse, Madame, comme j'aime à le dire, les hommages d'un fils, non point de sang, mais d'âme! 16 octobre 2011.

 

 

 

LETTRE DE MARIE-ANTOINETTE

A SA SŒUR

MARIE-ELISABETH.

 

Paris le 16 Octobre 1793. 4h30 du matin.

 

« C'est à vous, ma soeur, que j'écris pour la dernière fois : je viens d'être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère, comme lui, innocente, j'espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers momens.

Je suis calme comme on l'est quand la conscience ne reproche rien ; j'ai un profond regret d'abandonner mes pauvres enfants ;: vous savez que  je n'existais que pour eux et vous, ma bonne et tendre sœur. Vous qui avez, par votre amitié, tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse! J'ai appris, par le plaidoyer même du procès, que ma fille était séparée de vous. Hélas! la pauvre enfant, je n'ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre ; je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra : recevez pour eus deux ici ma bénédiction. J'espère qu'un jour, lorsqu'ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous, et jouir en entier de vos tendres soins.

Qu'ils pensent tous deux à ce que je n'ai cessé de leur inspirer : que les principes et l'exécution exacte de ses devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelle en feront le bonheur. Que ma fille sente qu'à l'âge qu'elle a elle doit toujours aider son frère par des conseils que l'expérience qu'elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer; que mon fils, à son tour', rende a sa sœur tous les soins, les services que l'amitié peut inspirer ; qu'ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union. Qu'ils prennent exemple de nous : combien, dans nos malheurs notre amitié nous a donné de consolation; et dans le bonheur on jouit doublement, quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille ? Que mon fils n'oublie jamais, les derniers mots de son père, que je lui répète expressément : " qu'il ne cherche jamais à venger notre mort. »

J'ai à vous parler d'une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine; pardonnez-lui, ma chère sœur ; pensez à l'âge qu'il a, et combien il est facile de l'aire dire à un enfant ce qu'on veut, et même ce qu'il ne comprend pas : un jour viendra, j'espère, où il ne, sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux. Il me reste à vous confier encore, mes dernières pensées; J'aurais voulu les, écrire dès le commencement du procès ; mais outre qu'on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si rapide que je n'en aurais réellement pas eu le ténus.

Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j'ai été élevée, et que j'ai toujours professée ; n'ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s'il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop, s'ils y entraient une fois, je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j'ai pu commettre depuis que j'existe. J'espère que, dans sa bouté, il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis long-tems pour qu'il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais, et à vous, ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j'aurais pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs. J'avais des amis; l'idée d'en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j'emporte en mourant ; qu'ils sachent, du moins, que, jusqu'à mon dernier moment, j'ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre sœur; puisse cette lettre vous arriver! Pensez toujours à moi; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfans : mon Dieu ! qu'il est déchirant de les quitter pour toujours. Adieu, adieu, je ne vais plus m'occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m'amènera peut-être un prêtre ; mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger. »

 

 


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