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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #SYMBOLISME CHRETIEN

L'iconographie emblématique de Jésus-Christ

LE CHEVAL : (L'HIPPOGRIFFE, LE PÉGASE, LE BUCÉPHALE L'ANAMELECH) ( LE FER A CHEVAL)

I. — LE CHEVAL DANS L'EMBLÉMATIQUE PRÉ-CHRÉTIENNE

De très bonne heure, et dès l'époque de la civilisation du Bronze en Europe, nous trouvons le Cheval attaché aux représentations symboliques de l'idée de la Divinité. Dès ce temps là, il fut attelé à la Roue solaire [1](i), comme le Cygne le fut à la barque céleste du Soleil.

Le premier Age du Fer en Espagne nous a laissé des bijoux formés d'un Cheval, monté ou non, qui dévore une tête humaine ou bien un petit monstre indéterminable (Fig. 1). De savant Déchelette a pensé qu'il serait chimérique d'y reconnaître avec M. Mélida « l'image d'un dieu cavalier, propre aux Ibères[2] ». Je le crois bien, puisque certains de ces chevaux ne sont pas montés. Mais il serait peut-être moins aventuré d'y voir l'image de la lumière solaire détruisant la nuit. Par ailleurs, cette composition ressemble beaucoup à d'autres qui lui sont postérieures et qui figurent nettement la lutte victorieuse du Bien contre le Mal. Elle se rapproche même singulièrement des grands Chevaux sculptés aux façades de nos églises romanes du Poitou, qui portent Constantin et posent le pied droit de leur avant-train sur un petit monstre humain dans lequel il est bien difficile de méconnaître le Paganisme vaincu. L'idée du reste est la même : Lumière et ténèbres, Christianisme et paganisme.

Chez les Slaves, bien avant le Christianisme, le Cheval était adoré. Des survivances de ce culte sont demeurés longtemps dans la région de Triglaw et de Volyn où l'on regardait un cheval vivant comme un dieu national dont les évolutions étaient considérées comme des oracles.

Son culte ne fut définitivement aboli que par l'apostolat du saint évêque Otto de Bamberg[3].

Les navires Cretois des temps antiques portaient communément à lavant de leur carène l'image d'un cheval, et ce serait, si l'on en croit le savant S. Reinach, l'imagé divine de Posseidon-Hippios apparaissant sous la forme du cheval [4].

Un peu postérieurement au VII9 siècle avant J.-C, l'un des cultes à mystères de la région hellénistique immolait le cheval dans une cérémonie mystique où chaque initié, avant de participer à la manducation de la victime, se revêtait d'une peau de cheval afin de se rapprocher ainsi davantage d'elle et de la divinité qu'elle représentait.

Aussi, de nombreuses monnaies grecques portent elles l'image d'un cheval ou le protomée du cheval. Sur celle de la ville d'Arpi[5] (Fig. 2), comme sur celles de l'Emporium de Tarraconnaise[6], le Cheval est placé sous un astre radieux ; même particularité sur quelques pièces de Sagdiane[7] et sur les monnaies cypriotes[8]. Les monnaies des armées puniques en Sicile, d'inspiration grecque, représentent le Cheval en relation avec le Palmier, symbole de vie et de résurrection.

(FiG. 1). Bijou protohistorique d'Ibérie. D'après Déchelette

Dans la mythologie des Grecs, tous les chevaux divins sont fils des Vents : ceux des Dioscures, fils du Vent Padagré ; ceux d'Erechtée, fils de Borée et d'Aélopos ; celui de Sthénelos, fils de Zéphir et d'une Harpyie ; les chevaux de Mars naissent de Borée et d'une Erinys [9], etc.. Et dans ces fables intervient encore, comme agent formateur des Vents, la Lumière solaire agissant sur l'atmosphère terrestre.

C'est le divin cheval solaire qui enfante ainsi des fils rapides comme lui et qui, parfois, comme celui d'Erechtée emportent les mortels vers le ciel. Toutes ces fictions plus ou moins merveilleuses furent en réalité, à leur naissance, des symboles sous lesquels la vieille humanité, « assise dans les ténèbres de l'erreur » a clamé l'immense besoin de plus grande lumière, de connaissance plus ample à l'endroit de la Divinité, dont souffrait son âme.

En Extrême-Orient, le Cheval blanc est la dernière incarnation de Vishnou, Celle qui se rapporte à la fin du monde, ou, tout au moins, à la fin du cycle actuel. Vishnou prend alors le nom de Kalkin Avantara, ce qui veut dire : « Celui qui monte le cheval blanc ».

Chez les Japonais l'antique cheval blanc d'Iyéyâs est vénéré dans le grand temple de Nikko et son origine se perd dans celle même de cette intéressante nation.

II. — LE CHEVAL DANS L'EMBLÉMATIQUE CHRÉTIENNE.

Le cheval seul, avec les attributs du Christ, a rarement été représenté dans l'iconographie chrétienne. Il se voit cependant dans l'art roman de France, par exemple sur la décoration de la crypte du XIIe siècle en l'église de Notre-Dame de Montmorillon, au diocèse de Poitiers, où le Cheval blanc apparaît isolément, couronné du nimbe crucifère, comme « l'Agneau de Dieu [10]».

(FIG. 2). : Monnaie grecque d'Arpi.

Dans l'ancienne commanderie de Biot en Provence, une pierre fort ancienne, réemployée dans la construction d'une maison du XVe siècle, porte une tête de cheval au centre d'une croix recerclée.

Sur un modillon du XIIe siècle de l'église romane de Saint-Contest (Calvados) se trouve un quadrupède qui porte la croix. (Fig. 3). Th. du Moncel l'a pris pour un Agnus Dei, alors que son propre dessin le dénonce comme un authentique cheval[11] chargé de la croix à la façon du « boeuf de Carie » que nous montre une sculpture d'Ephèse.

Le plus souvent, le Cheval emblématique porte un cavalier (Fig. 4). Dans l'ancien symbolisme iconographique le Cheval et celui qui le monte ne forment ensemble qu'un seul et même emblème. Et nos pères ont d'autant moins hésité à les associer que leur vie, plus encore que la nôtre, les réunissait quasi quotidiennement ; souvent même, surtout durant le premier millénaire de notre ère, une même sépulture recevait le cheval et son maître. Je l'ai constaté de mes yeux et sous mes mains à La Petite-Boissière (Deux-Sèvres) et à Pouant, près -Loudun (Vienne) ; même observation a été faite à Nozay, près Nantes[12] ; à Briarres-sur-Essonnes en Orléanais[13] ; à Charroux[14] (Vienne) ; à Montaigu[15] (Vendée) ; à Envermeu[16] ; à Douvrend[17] , etc..

Dans la mythologie gauloise, l'union du cheval et du cavalier symbolisait le ciel qu'un géant anguipède, emblème de la Terre, portait sur ses épaules [18]. Dans l'emblématique mystique du Moyen-âge, en Occident tout au moins, le Cheval monté figura Jésus-Christ Dieu et Homme, l'animal correspondant à son Humanité et le cavalier à sa Divinité. Les iconographes, Mgr Barbier-Montault et

Cloquet [19] se sont fait les échos de ce symbolisme, que nous retrouverons dans le Centaure, et que Rhaban-Maur, abbé de Fulde et archevêque de Mayence en 856, exposait en disant que le Cheval blanc de l'Apocalypse représente l'humanité du Christ dont le rayonnement s'étend sur tout être sanctifié :

Equus est humanitas

Christi : ut in Apocalypti,

Ecce equus albus

Id est, caro Christ omni

Sanctifitate julgens [20].

(Fig 3). Modillon roman de Saint Contest Calvados XII s.)

[1] J. Déchelette. Les Origines de la Drachme el de l'Obole, in Revue Numismat. 1911, P- 28. [2]  J. Déchelette. Chronologie préhistorique de la Péninsule Ibérique, in Revue Archéologique, 40 Sér. T. XII, C1908), p. 403. [3] Cf L. Léger, Etudes de Mythologie slave, in Revue Hist. des Religions,

1899, p. 6. [4] Cf. S. Reinach. Le disque de Phaistos, in Revue Archéologique. 4e Sér.,-T. XV (1910), p. 33. [5] Cf. Ménard. Hist. des Grecs, T. I, p. 261. [6] A. de Barthélémy, Numismatique Ancienne, Alb. PI. 8, N» 163.[7] Cf. Revue Numismatique, 4« Sér., T. XIV (1910) PI. X, VI.[8] G. d'Alviéla, L'influence des Symboles, in Revue de l'Hist. des Religions,ann. 1889, p. 150. [9] Cf. G. F. Cerquand, Les Harpyies, in Revue Archèolog. 2" Sér., T. Il, (1860), p. 367. [10] Cf. Auber, Hist. et théorie du symbolisme religieux. T. II, p. 17s. — Congrès Archèol. de France, ann. 1870, p. 70. — Bulletin Monumental. T. XXXIX, 1873, p. 724. [11] Th. du Moncd. Modillons des- églises romanes de la Basse-Normandiem. Bullet. Monumental, T. VIII, 1842, p. 21, n° 32. [12] Cf. Léon Maître, Congrès Archéologique de France, ann. 1887, p. 179. [13] L. Dumuy. Le cimetière franc de Briarres-sur-Essonnes. Ibid. 1894, p. 198. 

[14] Bull. soc. Antiq. de l'Ouest, mars 1894. [15] Massé Isidore, La Vendée poétiq. et pill. T. II, p. 48 et pièces justif. [16] Ab. Cochet, Normandie souterraine. [17] D. Leclercq, Diction. d'Archeolog. chrét. T. V., vol. I, col. 98. [18] Cf. A. Grenier. Les Gaulois, p. 117. [19] Cloquet. Eléments d'Iconographie chrétienne, p. 316. [20] Apocal. VI, 2, Rhaban Maur, Allégories.

(FIG. 4). Le groupe équestre sur lampe de Rome. D'après Diction d'Archéolog. chrét. T. III, vol. I, gr. 2767.

Dans ce même esprit, une stèle byzantine du musée archéologique de Berlin que Dom Leclercq a reproduite d'après Strzygowski, montre le Christ à cheval qui bénit des anges à pied groupés autour de lui[1].

C'est également en raison de ce symbolisme relatif aux deux natures de Jésus-Christ, Dieu et Homme, que la girouette terminale dé certains clochers du Midi de la France représente un cavalier[2].

La couleur de la robe du Cheval reçut aussi, dans la mystique et dans l'hermétisme du Moyen-âge, des sens différents selon ses diverses nuances : Le Cheval blanc est celui que montent les héros vierges, les personnages dont la conscience est sans tache ; c'est aussi celui des glorieux, et quand il porte le Christ, il le présente comme le Roi victorieux du Monde, de l'Enfer et de la Mort ; il le pose dans une atmosphère d'allégresse et d'apothéose. C'est pourquoi sur la grande fresque du « Triomphe du Christ », dans la crypte de la cathédrale d'Auxerre, qui est du XIIe siècle, Jésus sceptre en main, chevauche le Cheval blanc au centre d'un grand décor crucifère que cantonnent quatre anges également montés sur des coursiers blancs. Un sujet analogue se voit dans l'église Notre-Dame-de-Brou, qui date de la Renaissance [3].

Dans tout l'art du Moyen-âge, le roux, comme le rouge vif, est la couleur du sang. Le Cheval roux que l'on voit dans les manuscrits enluminés et sur les vitraux de cette époque a deux sens : il est la monture du Christ, rédempteur et victime, dont le sang répandu a racheté les hommes ; il est aussi le Christ-Juge, le Vengeur des droits divins lésés par le mal ; dans ces deux cas, le Sauveur est vêtu de rouge et son cheval est roux parce que toute victime est rougie de son sang, parce que les amples habits rouges sont, depuis nombre de siècles, ceux des juges souverains qui ont pouvoir de punir de mort, et aussi parce que le prophète Isaïe le décrit sous cette couleur quand il le dépeint d'avance en vengeur qui foule au pressoir de Bosra ses ennemis comme une vendange maudite :

« Quel est celui qui vient d'Edom, de Bosra en habits écarlates ?

« Il est splendide en son vêtement, il se redresse en la grandeur de sa force.

« — C'est moi, qui parle avec justice et qui suis puissant pour sauver.

« — Pourquoi du rouge à ton vêtement, pourquoi tes habits sont-ils comme ceux du pressureur ?

« — Au pressoir j'ai foulé seul, et parmi les peuples, personne n'a été avec moi. Et je les ai foulés dans ma colère, et piétiné dans ma fureur, le jus en a jailli sur mes habits, et j'ai souillé mon vêtement de leur sang [4]!  ».

Les Chevaux pâles ou noirs sont pris en mauvaise part dans l'emblématique [5]. Nous verrons en effet plus loin que le Cheval représente parfois le mal sous plusieurs de ses aspects.

III. — CHEVAUX ET CAVALIERS DES VISIONS BIBLIQUES

Nous lisons au premier chapitre de la prophétie de Zacharie :

« J'ai eu une vision pendant la nuit : Voici qu'un homme était monté sur un cheval roux, et il se tenait entre des myrtes dans un lieu ombragé, et il y avait derrière lui des chevaux roux alezans et blanc. Je dis : Que sont ceux-ci, mon Seigneur ? Et l'ange qui parlait avec moi (ou en moi) me dit : Je te ferai voir ce que sont ceux-ci ». Et l'homme qui se tenait entre les myrtes prit la parole et dit : « Ce sont ceux que Yahweh a envoyé pour parcourir la terre. Et ils répondirent à l'ange d'Yahweh qui se tenait entre les myrtes, et ils dirent : « Nous avons parcouru la terre, et voici que toute la terre est habitée et tranquille[6] ».

Les commentateurs des Ecritures sacrées ont vu dans l'homme qui, sur le cheval roux, se tenait entre les myrtes à la tête du bataillon des anges, et que le prophète appela lui-même « l'ange d'Yahweh », l'image prophétique de Jésus-Christ. L'archevêque Rhaban-Maur, cité déjà plus haut, le dit formellement en ses Allégories : Il est le Seigneur et le Sauveur qui gouverne la destinée de notre chair pour l'orienter vers les choses élevées : « Vir ascendit super equum rujum (Zacharie I, 8). Dominus atque salvator est, qui dispensationem nostrae carnis assumpsit ».

Nous voyons aussi que, dans les dernières lignes du texte prophétique, -Zacharie identifie l'ange d'Yahweh qui stationne entre les myrtes avec le cavalier au cheval roux. C'est que, dans l'Ecriture, l'Ange est aussi l'une des figures du Verbe, du divin Logos qui est le Christ[7] .

C'est donc dans le sens d'image emblématique du Christ que l'art chrétien a toujours compris et traduit le groupe équestre de la prophétie de Zacharie.

Quand l'instant providentiel fut arrivé « le Verbe se fit chair, et vint habiter parmi nous ». Et Jean, l’Évangéliste, son disciple privilégié, vit, à Patmos, se dérouler devant ses yeux les horizons éternels en des scènes d'une inconcevable grandeur.

Dans une de ces visions lui apparut un Livre scellé de sept sceaux que seul l'Agneau divin put rompre. Et voilà qu'à la rupture du premier de ces sceaux « il apparut un cheval blanc, Celui qui le montait avait un arc ; on lui donna une couronne, et il partit en vainqueur pour vaincre[8] ».

A la rupture du second sceau parut un cheval roux monté par un homme armé d'une épée et qui reçut pouvoir de propager la guerre sur la terre. Le troisième sceau fit avancer un cheval noir dont le cavalier portait une balance ; et le quatrième sceau fit apparaître un cheval pâle que la Mort chevauchait. Et l'Enfer le suivait[9] !

Des quatre chevaux montés qui passent dans l'épouvante de cette vision, l'emblématique chrétienne n'a retenu que le premier, le Cheval blanc, comme une figure du Seigneur Jésus, le Victorieux. Sur sa blanche monture il porte un arc, et cette arme de jet, ainsi que la flèche qui la complète, est, dans la symbolique littéraire des Ecritures sacrées, l'emblème reçu du

Verbe, de la Parole de Yahweh.

L'éminent théologien qu'est l'ancien cardinal Billot a écrit :

« Partout où paraît, dans l'Apocalypse, un personnage monté, la monture et le personnage figurent ensemble la même chose...le Cheval blanc avec son cavalier représentent un objet unique qui est Jésus-Christ Vainqueur [10]».

Les quatre chevaux célestes de saint Jean ont plusieurs fois inspiré de grands artistes chrétiens : En 1498, Albert Durer tailla une grande gravure qui les représente dans le genre ordinaire de cauchemar échevelé dont il est coutumier [11].

Très supérieur en noblesse et, en grand style à l'oeuvre de Durer, l'un des splendides bas-reliefs du tombeau de l'évêque de Limoges, Jean de Langeac, exécuté en 1544 et très vraisemblablement par Jacques d'Angoulême[12], demeure la plus impressionnante représentation de ce sujet que la peinture, de son côté, a plusieurs fois interprété.

Dans une autre vision, saint Jean nous dépeint encore un cavalier porté par un Cheval blanc : « Je vis le ciel ouvert, et il parut un Cheval blanc ; celui qui lé montait s'appelle Fidèle et Véritable ; il juge et combat avec justice. Ses yeux étaient comme une flamme ardente ; il avait sur la tête plusieurs diadèmes, et portait un nom écrit que nul ne connaît que lui-même ; il était revêtu d'un vêtement teint de sang ; Son nom est : le Verbe de Dieu.

(FIG. 5). Le Christ Vainqueur de l'Apocalypse de Beatus (XII – XIII° s.)

Les armées du ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtus de fin lin, blanc et pur. De sa bouche sortait un glaive effilé à deux tranchants, pour en frapper les nations ; c'est lui qui les gouvernera avec un sceptre de fer, et c'est lui qui foulera la cuve de vin de l'ardente colère du Dieu Tout puissant. Sur son vêtement et sur sa cuisse, il portait écrit ce nom : Roi des rois et Seigneur des seigneurs.[13] »

C'est la plus grandiose des images emblématiques du Christ puissant et triomphant, et tous les enlumineurs des copies médiévales de l'Apocalypse l'ont affectionnée. Je reproduis ici (Fig. 5), la belle miniature des « Commentaires sur l'Apocalypse de Beatus, XIIe siècle ou XIIIe[14]. A l'épée du Verbe, façonnée comme celles des barons du bon roi Robert, l'artiste a ajouté la lance, l'arme chevaleresque par excellence à son époque, et le grand nimbe multiforme qui couronne le divin Chevalier remplace avantageusement les multiples diadèmes que d'autres artistes ont étages sur sa tête.

Je me suis laissé affirmer que dans un groupement initiatique d'Asie extrêmement ancien, et qui n'est certainement pas un mythe, la traduction sanscrite de l'Apocalypse johannique est regardée, d'une part, comme le Livre par excellence, et, que d'autre part, le Cavalier vêtu de la robe sanglante et sa monture y sont considérés comme le plus sacré des emblèmes terrestres.

On l'y désigne d'un nom qui signifie : « le grand Attendu du dernier jour », ou plus exactement : « Celui qui s'est promis pour le dernier jour ». Le Cheval blanc qu'il monte porte une tête d'aigle ; il a des ailes d'or ; et des éclairs d'or, aussi, jaillissent, de ses yeux : c'est l'Hippogriffe.

IV. — L'HYPOGRIFFE.

Ce cheval de féerie que nous voyons entrer ainsi, par une porte très inattendue, dans une emblématique plus ou moins orthodoxe du Christ, n'est pourtant pas la plus ancienne représentation de l'Hippogriffe, cheval imaginaire aux longues ailes, qui porte noblement la tête d'un grand aigle.

Si l'art gréco-romain ne l'a pas eu en aussi grande faveur que le simple Pégase, les arts barbares et préchrétiens de l'Occident l'ont cependant connu : Nous le voyons déjà aux temps protohistoriques sur le sol de l'Espagne actuelle (fig. 1 ), et chez les Gaulois Carnutes il se cabre, les ailes éployées, sur les bronzes du chef Pixtilos (Fig. 6). Son image survivra même au paganisme, et nous la retrouvons dans l'art roman de nos provinces de l'Ouest.

Je le reproduis ici d'après un chapiteau du prieuré bénédictin de Nueil-sur-Dive, près Loudun, qui est du XIIe siècle (Fig. 7).

Il est donc parfaitement erroné de répéter avec nos actuels encyclopédistes (1), que l' « Hippogriffe » est une création du poète Eojardo, gouverneur de Reggio au XVe siècle, qui fut pelu après, popularisée par le Roland Furieux de l'Arioste.

(FIG. 6) Monnaie du Chef Gaulois Pixtilos

(FIG. 7). Hippogriffe roman du prieuré de Nueil-sur-Dive, en Loudmiois (XII. s.)

 

[1] Dom Leclercq, Dict. Archèol. Chrétienne. T. II, v. I, vol. 796, fig. 1536. [2] V. J. Claustres, Interméd. des Chercheurs et Curieux, Juil. 1925, col. 578. [3] Grimouard de Saint-Laurent, Guide de l'Art chrétien, T. II, p. 438. [4] Isaïe, Prophétie LXIII, I. 4. [5] Voir notamment Fel. d'Ayzac. Le Cheval in Revue de l'Art chrétien. Ann..1872, p. 242. [6] Zacharie, Prophétie, 1, 8-12. Traduct. Crampon faite sur le texte hébreu. La sainte Bible. (Ane. Test.) p. 1415. [7] Cf. Crampon. La sainte Bible, Diction, du nouv. Testam. Vbo Verbe, p.  355. [8] Saint Jean, Apocalypse VI, 2. [9] Ibid. VI, o- [10] Billot, La Parousie, p. 233 (note). [11] V. Abbé Texicr. L'Iconographie de la Mort in Annales archéologiq. T. XVI. (1856) p. 164. [12] Arbellot, Notice sur le tombeau de Jean de Longeac, p. 22 ; et Bullet soc. archéolog. et Hist. du Limousin, T. XVIII (1869). [13] Saint Jean, Apocalypse, XIX, 11-17. [14] Biblioth. Nationale, Nouv, acq. lat., 2,270, f° 182. Ap. Lauer, Les enluminures romanes des Mss de la B. N. XXX.

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