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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar

SAINT JEAN L'ÉVANGÉLISTE. 27.12

L'Apôtre qui eut le privilège de poser sa tête et d'entendre le rythme cardiaque, le Coeur sacré du Christ. Le Disciple Bien-Aimé à qui le Roi devait confier sa mère, Marie, Parèdre du Saint Esprit. Saint Jean, détenteur du Graal, recteur secret du Royaume de France, Saint patron de la Chevalerie représente, sur le plan symbolique et cosmologique, le passage de la Porte de Dieux...

À tous les Johannites. Rhonan de Bar.

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Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #HISTORIQUE VILLE

DE QUELQUES FONTAINES DE PARIS. ANCIENNES ET NOUVELLES.

DESSINS AU TRAIT PAR M. MOISY. TEXTES ET DESCRIPTIONS HISTORIQUES PAR M. AMAURY DUVAL.

FONTAINE OU GROTTE DU LUXEMBOURG.

PLANCHE XII.

La fontaine du Luxembourg est un de ces monuments d'apparat uniquement destinés à l'embellissement des jardins. Elle fut élevée pour servir de point de vue à l'une des grandes allées, d'après les dessins de Jacques Desbrosses, à qui l'on doit aussi la construction du palais. On sait qu'en faisant bâtir cet édifice au commencement du dix-septième siècle, Marie de Médicis avait ordonné à l'architecte de se rapprocher, dans sa composition, de l'ensemble et des détails du palais Pitti, que l'on admire à Florence. Aussi, tous les bâtiments, et la fontaine elle-même, portent-ils le caractère de l'architecture toscane.

La fontaine ou grotte du Luxembourg, se compose de deux avant-corps formés par des colonnes d'ordre toscan, et d'une grande niche au milieu, qui est surmontée d'un attique et d'un fronton cintré. Dans l'entrecolonnement des avant-corps se présente, de chaque côté, une plus petite niche à laquelle un masque de satyre sert de clé. Les colonnes, le fonds des niches, l'attique, le fronton, toute la surface, en un mot, de cette fontaine, sont couverts de congélations, ornement bien précieux, puisque dans ce monument c'est la seule chose qui caractérise une fontaine. Au-dessus de chaque avant-corps est une statue colossale couchée, et représentant l'une un fleuve, par Duret, l'autre une naïade, par Ramey. Dans l'origine, ces figures avaient été exécutées par des contemporains de Desbrosses, et devaient être sans doute d'un meilleur style que celles qui, depuis peu d'années, les ont remplacées. Quoique la plus considérable, cette restauration n'est pas, au reste, la seule qu'on ait faite à la fontaine du Luxembourg, qui, depuis longtemps, était tombée dans le plus triste état de dégradation. On voyait autrefois, au bas et en avant de la niche du milieu, une vasque avec un jet-d'eau ; on y a substitué un maigre rocher des cavités duquel s'échappe un très-mince filet d'eau, et qui sert de piédestal à une fort mauvaise figure en marbre blanc représentant Vénus au bain. On a encore sculpté des congélations dans la table de l'attique, à la place des armes de France et des Médicis, qui avaient été effacées pendant la révolution.

Si au lieu de construire un rocher si mesquin, et qui ne pouvait jamais être en proportion avec l'architecture, on s'était occupé d'amener à cette fontaine un volume d'eau plus considérable, de l'y faire jaillir de différents côtés, chacun s'empresserait de louer M. Chalgrin, qui a dirigé ces réparations, ainsi que toutes celles du palais du Sénat. Mais ne troublons point la cendre de cet estimable architecte[1]  ; sachons lui gré, au contraire, d'avoir montré tant de respect pour la mémoire de Desbrosses ; car telle était la détérioration de ce monument, qu'il aurait pu, sans qu'on lui en fît de reproches, le démolir, comme l'on a détruit les balustres des terrasses que Blondel regardait comme des modèles en ce genre.

Derrière cette fontaine se trouve un reste de bâtiment qu'on a déjà cherché à masquer par des arbres, et qui, s'il était abattu, donnerait à la fontaine un aspect plus grand, et à cette partie du jardin, un point de vue plus pittoresque.

La fontaine du Luxembourg s'alimente des eaux que conduit à Paris l'aqueduc d'Arcueil.

FONTAINE DE LA COUR BATAVE,

SITUÉE RUE SAINT-DENIS.

PLANCHE XIII.

En 1791, lorsque l'on commençait à vendre les biens des communautés religieuses, une compagnie de négociants hollandais acheta les bâtiments de la confrérie du Saint-Sépulchre, église collégiale fondée, en 1326, par des pèlerins qui venaient d'accomplir le vœu de visiter le Saint Tombeau du Seigneur, à Jérusalem. Sur les décombres du cloître, et de toutes les dépendances d'un monastère, on vit bientôt s'élever une suite de maisons de commerce, formant un plan régulier ; et l'on donna à cette enceinte le nom de Cour Batave, pour rappeler sans doute la nation à laquelle appartenaient les propriétaires. Messieurs Sobre et Happe, architectes, en dirigèrent les travaux, qui furent exécutés pendant le cours du papier monnaie, et qu'on évalua à plus de dix-huit cents mille francs en numéraire, somme immense, sans doute, mais trop peu considérable encore, puisqu'une partie de cet édifice n'a pu être terminée.

Des marchands, des fabricants de toute espèce occupent les boutiques et les étages supérieurs de ces bâtiments. Pour une telle destination fallait-il une décoration extérieure et intérieure aussi fastueuse ? Pourquoi des colonnes, des bas-reliefs, des caissons, des ornements de toute espèce ? Une ordonnance simple, commode et peu coûteuse, voilà pour des constructions de ce genre les premières conditions à remplir.

Quoiqu'il en soit, cet ensemble de bâtiments forme à-peu-près un plan carré terminé par un rond-point, à l'extrémité duquel se trouve la fontaine dont nous offrons ici la gravure. Ce monument n'est point isolé, et fait, au contraire, partie de la décoration intérieure de la cour. Placée à la suite d'une arcade qui répète l'entrée principale, il sert là comme de point de vue. Au milieu d'un bassin, on voit sur un socle carré une figure de femme assise, ayant sur la tête une couronne murale, et appuyant chaque main sur la tête  d'un lion placé de chaque côté, près d'elle. Du mufle de ces animaux s'échappait autrefois un filet d'eau qui retombait dans le bassin. Ce morceau de sculpture, assez lourdement traité, est de M. Augé.

On ne sait trop par quel motif cette fontaine est, depuis peu d'années, entièrement privée d'eau. Elle est cependant heureusement située au centre d'un édifice extrêmement étendu, et servait à la consommation journalière du grand nombre de personnes qui l'habitent. En cas d'incendie, un monument de cette espèce serait aussi d'un grand secours. Il faut espérer que la quantité d'eau amenée dans le quartier Saint-Denis, par l'aqueduc souterrain du canal de l'Ourcq, permettra à messieurs les ingénieurs de rendre à cette fontaine son précieux aliment.

On assure que cette fontaine n'est point une propriété publique ; qu'elle appartient aux propriétaires de la Cour-Batave. Mais on ajoute que la ville se propose d'en faire l'acquisition.

FONTAINE DU PARVIS NOTRE-DAME.

PLANCHE XIV.

Dès 1639 il existait une fontaine sur le Parvis Notre-Dame, du côté opposé au bâtiment de l'Hôtel-Dieu. Elle était placée, dit-on, près d'une ancienne statue qui a été un grand sujet de discussion entre les divers historiens de Paris.

En effet, les uns ont prétendu reconnaître dans cette figure celle d'Esculape, d'autres ont cru y voir celle d'Archambaud, maire du palais sous Clovis II, tandis que l'abbé Leboeuf, après plusieurs examens, l'a jugée être une représentation de Jésus-Christ, tenant dans sa main le livre des évangiles. Entre tant d'avis différents, il serait embarrassant de choisir aujourd'hui surtout que cette statue est détruite, et qu'il n'en reste point de gravure exacte. Elle fut abattue en 1748, ainsi que la fontaine, monument fort simple dans son ensemble comme dans ses détails on a conservé seulement l'inscription qui était gravée sur celle-ci.

QUI SITIS HUC TENDAS ; DESUNT SI FORTE LIQUORES,

PROGREDERE, ETERNAS DIVA PARABIT AQUAS.

C'est-à-dire,

« Approchez ici vous qui êtes altéré, et si par hasard mes eaux ne vous suffisent point, avancez jusques dans le temple, la Vierge qu'on y invoque vous prépare des eaux éternelles. »

Ce fut pour donner plus d'étendue et une forme moins irrégulière au Parvis, qu'on supprima et la fontaine et la statue dont nous venons de parler. En même-temps on abattit la petite église de Saint-Jean-le-Rond, qui était attenante à la tour droite de la cathédrale et fermait le cloître Notre-Dame. On y substitua une façade percée de trois portes, qui avait été dessinée par Boffrand[2], et que depuis on démolit pendant la révolution.

A la même époque cet architecte était chargé de construire, au coin du Parvis et de la rue Notre-Dame, un bâtiment pour les Enfants-Trouvés, et qui maintenant est occupé par la pharmacie de l'Hôtel-Dieu. Il devait ensuite élever de l'autre côté un bâtiment parallèle pour servir de point de vue à la Cathédrale ; mais ce projet ne reçut point son exécution, et même le premier commencé vers 1748 n'est point encore entièrement terminé.

C'est sur la façade principale de ce bâtiment, d'architecture assez lourde et très peu d'accord avec le style gothique de l'église Notre-Dame, que l'on a placé, dans une niche pratiquée de chaque côté de la porte, la nouvelle fontaine dont l'érection a été ordonnée par le décret de 18o6.Cette fontaine est double, si l'on peut s'exprimer ainsi, et consiste de chaque côté, en un vase imité d'un des beaux vases grecs de la collection du chevalier Hamilton, et gravés par d'Hancarville. On en a seulement un peu allongé le galbe, qui, dans l'original, est plus pur et se rapproche davantage de la forme de l'œuf Sur la partie la plus renflée de chacun de ces vases, qui sont en pierre, on a sculpté un petit bas-relief représentant des femmes qui portent des secours à un moribond.

L'artiste a voulu par-là rappeler en même-temps la destination de l'édifice auquel ces fontaines sont attenantes, et de l'Hôtel-Dieu, près duquel elles sont situées. Un petit piédestal carré sert de socle à ces vases, et du milieu s'échappe, par un mascaron de bronze, un filet d'eau qui retombe dans une cuvette placée au-dessous.

La sculpture de cette double fontaine, qui s'alimente des eaux de la pompe

Notre-Dame, est de M. Fortin, la composition, de M. Brale.

FONTAINE DE SAINT-COME.

PLANCHE XV.

Cette fontaine, située à l'extrémité de l'École de Médecine, du côté de la rue de la Harpe, a été construite vers 1624, lorsqu'après l'achèvement de l'aqueduc d'Arcueil on commença à embellir de fontaines le quartier Saint-Jacques.

Dans l'origine, elle s'alimentait seulement d'une partie des eaux qu'amène à Paris cet aqueduc ; on y adjoignit par la suite une portion de celle de la pompe Notre-Dame, et aujourd'hui, depuis l'érection de la fontaine de l'École de Médecine, elle ne coule plus et ne sert que de réservoir.

Sous le rapport de l'art, cette fontaine n'a rien de remarquable, si ce n'est son extrême simplicité, qui s'accorde bien avec le peu d'eau qu'elle fournissait.

Comprise entre deux piliers extérieurs d'une église, elle ne consiste que dans une façade de très peu d'épaisseur, dont le milieu, marqué par des pieds-droits avec bossages, est surmonté d'un petit fronton triangulaire. Les ailes ornées de refends, sont percées chacune d'une porte.

Il paraît qu'autrefois on était encore moins qu'aujourd'hui, dans l'usage d'isoler les fontaines; les anciennes, pour la plupart, sont toujours adossées à quelque édifice. Celle qui fait le sujet de notre planche n° XV, est comme on peut le voir dans notre gravure, tout-à-fait attenante à l'église Saint Côme, monument gothique du XIIIe siècle.

La fondation de cette église remonte jusqu'à 12 12, époque où elle fut bâtie aux dépens de l'abbé et des religieux de Saint-Germain-des-Prés, qui en eurent le patronage jusqu'en 1345. Ils en furent alors privés par un arrêt du parlement, rendu en faveur de l'université, à l'occasion d'une querelle qui s'était élevée entre les écoliers de cet établissement et les domestiques de l'Abbaye.

L'université nomma à la cure de Saint-Côme jusqu'au moment où les églises furent supprimées, et depuis ce temps, celle-ci ne s'est plus ouverte.

Parmi les souvenirs que rappelle ce quartier, nous n'en rapporterons qu'un seul ; celui qui concerne la mort d'un des plus grands monstres du régime révolutionnaire. C'est, tout près de la fontaine dans la rue de l'École de Médecine, nommée alors rue des Cordeliers, que le 13 juillet 1793, une jeune fille, Charlotte Cordai, venue exprès de Caen à Paris, plongea un poignard dans le sein de Marat, qui, reposant dans sa baignoire, méditait sans doute quelque nouveau crime. On sait les honneurs qu'on lui rendit après sa mort et de quelle ignominie ils furent suivis. Enterré avec pompe dans le jardin des Cordeliers, son corps en fut bientôt exhumé pour être précipité dans l'égout Montmartre.

 

[1] Les arts ont perdu Jean-François-Thérèse Chalgrin, le 3o janvier 1811. Il était âgé de 71 ans. Reçu dès l'âge de 29 ans à l'Académie d'Architecture, il a consacré toute sa vie à l'étude et à la pratique de son art. Peu d'architectes ont été aussi occupés. Entre autres édifices, on doit à ses talents, l'une des tours, les chapelles, et l'orgue de Saint-Sulpice ; le collège de France, place Cambrai ; le séminaire du Saint-Esprit ; l'église de Saint-Philippe du Roule, etc. M. Chalgrin avait dirigé encore les travaux de toutes les fêtes publiques qui ont eu lieu depuis l'an 6. Il s'occupait, au moment où la mort est venu le surprendre, de l'érection de l'arc de triomphe de l'Étoile. [2] Boffrand, architecte, neveu de Quinault, naquit en 1667. Il apprit la sculpture chez Girardon, et l'architecture sous Jules Hardouin Mansard. Après avoir été employé à plusieurs grands travaux, il mourut en 1754. Il a laissé sur son art plusieurs ouvrages imprimés.

 

 

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DE QUELQUES FONTAINES DE PARIS. ANCIENNES ET NOUVELLES.

DESSINS AU TRAIT PAR M. MOISY. TEXTES ET DESCRIPTIONS HISTORIQUES PAR M. AMAURY DUVAL.

 

FONTAINE DE LA PLACE DU PALAIS-ROYAL,

CONNUE SOUS LE NOM DE CHATEAU-D'EAU.

PLANCHE IX.

LE CHATEAU-D’EAU n'est, à bien dire, qu'une dépendance du Palais-Royal. Il ne fut construit que pour lui servir de point de vue.

En 1629, le cardinal de Richelieu, qui venait d'acheter l'hôtel Mercoeur, celui de Rambouillet, et quelques maisons voisines, fit abattre tous ces bâtiments, et chargea Jacques Lemercier[1], premier architecte du Roi, de lui construire un hôtel sur cet emplacement.

Il n'y eut point d'abord de place devant le Palais-Royal. La largeur de la rue

Saint - Honoré, le séparait seule des maisons qui étaient en face; mais Anne d'Autriche, régente du royaume, étant venue habiter avec le jeune roi Louis

XIV, ce palais qu'on appelait alors le Palais Cardinal, parce qu'il avait appartenu au cardinal de Richelieu, fit former en avant une place carrée. On commença par abattre l'hôtel de Sillery, dont le cardinal avait hérité par testament[2] ; et c'est sur les ruines même de cet hôtel, que Philippe d'Orléans, qui avait reçu de Louis xiv le Palais-Royal, en augmentation d’apanage, fit élever le Château-d'eau, pour donner à la place un plus bel aspect. En 1719, Robert Decotte, premier architecte du Roi, fut chargé de la construction de ce monument, destiné à servir de réservoir aux eaux de la Seine et d'Arcueil, et à entretenir les bassins du Palais-Royal et des Tuileries. Peu de changements ont été faits à cet édifice, qui se composait alors, comme aujourd'hui, d'une façade ornée de bossages vermiculés, et terminée par deux pavillons quarrés décorés dans le même goût. Au milieu est un avant-corps formé de quatre colonnes d'ordre toscan, qui supportent un fronton, dans le tympan duquel étaient sculptées les armes de France. Deux statues de Coustou, le jeune, couronnent ce fronton. Elles représentent la figure de la Seine, et celle de la nymphe d'Arcueil. Au milieu de cet avant-corps, on a pratiqué une niche, au bas de laquelle s'échappait autrefois l'eau par un robinet, et où l'on a depuis substitué un mascaron, qui laisse tomber l'eau dans une cuvette placée en avant. Un trottoir, d'un mètre de haut environ, sert de soubassement, dans toute sa longueur, à la façade de ce monument. L'inscription qui y avait été gravée existe encore ; on l'a faussement attribuée à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, On ignore de qui elle est.

QUANTOS EFFUNDIT IN USUS.

« Pour combien d'usages elle épanche ses eaux ».

D’après la description qu'on vient de lire, on voit que la fontaine n'est dans ce monument qu'un très-petit accessoire. Aussi l'on s'est peu embarrassé d'en rendre les abords faciles et commodes. Cette fontaine ne sert guères, quoi qu'en dise l'inscription, qu'à abreuver les chevaux des fiacres qui sont continuellement sur la place. Les eaux d'Arcueil, de la Samaritaine et de la pompe de Chaillot s'y réunissent.

FONTAINE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE.

PLANCHE X.

Le bâtiment de l'École de Médecine, élevé, en 1744, sur l'emplacement de l'ancien hôtel de Bourgogne, passe généralement pour le chef-d'oeuvre du siècle dernier ; c'est au moins celui qui offre le moins de traces du style faux et maniéré dont tous les édifices de ce temps portent l'empreinte. Quoiqu'on puisse en trouver l'ordonnance trop théâtrale, on ne saurait disconvenir que les masses en sont bien balancées entre elles, que les lignes en sont grandes, et que les ordres employés à sa décoration ne sont point surchargés d'ornements étrangers et superflus. Dans l'histoire des arts, ce monument, ainsi que l'église de Sainte-Geneviève, serviront par la suite à marquer le passage du goût affecté de l'ancienne école, au goût sévère de la nouvelle, et M. Gondoin partagera avec Soufflot, la gloire d'avoir contribué à cette révolution en architecture.

Longtemps l'École de Médecine se trouva comme enterrée dans une rue étroite, d'où, faute de reculée, on ne pouvait apercevoir l'effet de son ensemble. La place qu'on voit aujourd'hui est prise sur le terrain qu'occupait l'église des Cordeliers, et quelques maisons voisines, que l'on a démolies tout récemment. Bientôt elle sera décorée de bâtiments symétriques qui se lieront à la fontaine déjà élevée dans l'axe de la porte principale de l'École de Médecine.

Cette fontaine, comme on peut le voir dans notre planche X, se compose de quatre colonnes d'ordre dorique cannelé, formant trois entrecolonnements, et couronné d'un entablement, derrière lequel est placé un réservoir, d'où l'eau tombe en nappe dans une large piscine semi-circulaire.

Si l'on considère cette fontaine comme un édifice d'utilité publique, rien ne saurait être plus mal imaginé. L'eau qui jaillit continuellement, et qui, par la hauteur de sa chute, tombe en pluie, en rend l'approche très-incommode.

Comment ensuite y recueillir l'eau, à moins d'y puiser dans le récipient même, ce qui n'est ni propre ni facile. Aussi, pour remédier à tous ces inconvénients, a-t-on été forcé, après coup, de placer en avant deux petites bornes avec des robinets pour l'usage domestique.

Telle n'a point été l'intention de l'architecte : dans cette fontaine il n'a voulu faire qu'une décoration qui correspondît avec le péristyle de l'amphithéâtre de l'École de Médecine, et qui lui servît de point de vue. Mais en lui prêtant cette idée, comment le justifierons-nous d'avoir violé les règles de son art, et d'avoir élevé un monument dont l'aspect n'a rien de pittoresque.

Quelques gens de goût ont déjà remarqué que les colonnes de ce monument sont trop allongées, et qu'elles sont d'un diamètre trop égal dans leur hauteur.

Pourquoi l'architecte, a-t-on ajouté, n'a-t-il point donné à son entablement le caractère ni les proportions de l'ordre dorique.

Quant à l'effet pittoresque, nous ne craindrons point d'avancer que l'architecte n'a nullement atteint le but qu'il s'était proposé. S'il a prétendu obtenir des jeux d'ombres et de lumières piquants et variés, en faisant tomber une nappe d'eau entre ses colonnes, il ne fallait pas mettre pour fond un long mur, que l'humidité a promptement coloré d'une teinte noire-verdâtre, et sur lequel l'eau se détache toujours d'une couleur sale. Pour donner de la diaphanéité et du brillant à une chute d'eau, il ne faut pas de fond ; l'air doit circuler derrière, et l'on doit apercevoir au travers, ou le ciel ou des arbres.

L'inscription un peu prétentieuse, placée dans la frise, fait connaître seulement que les eaux de la Seine alimentent cette fontaine ; mais on se propose  d'y faire arriver une partie des eaux de l'Ourcq, qui se réuniront à celles que fournissent déjà les pompes Notre-Dame et de Chaillot, ainsi que l'aqueduc d'Arcueil.

NAPOLEONIS. AUGUSTI. PROVIDENTIA

DIVERGIUM SEQUANE

CIVIUM COMMODO. ASCLEPIADEI ORNAMENTO.

C'est-à-dire :

« Par les soins prévoyants de l'Empereur Napoléon, des eaux de la Seine « ont été amenées ici pour la commodité des citoyens et l'ornement du sanctuaire d'Esculape ».

FONTAINES DE LA RUE GARANCIÈRE, DE RICHELIEU,

ET DE LA RUE MONTMARTRE.

PLANCHE X I.

FONTAINE DE LA RUE GARANCIÈRE.

La fontaine de la rue Garancière, par son emplacement, et par la simplicité de sa décoration, mérite à peine le nom de monument. Adossée contre un mur, placée sur le même alignement que les maisons, elle ne sert en aucune façon à l'embellissement de cette rue. Pour l'apercevoir, il faut s'en approcher de très-près. Elle se compose d'une niche encadrée dans un chambranle, et surmontée d'une espèce de cartouche, qu'entoure une moulure lourde et contournée. Au bas est un mascaron de bronze, qui laisse couler, de temps en temps, un maigre filet d'eau.

Cette fontaine fut construite, en 1715, aux frais et par ordre de la veuve d'un prince de Condé, ainsi que nous l'apprend l'inscription qu'on lisait autre fois sur un marbre noir placé dans le cartouche. Nous la rapporterons ici avec sa traduction :

AQUAM A PREFECTO ET EDILIBUS ACCEPTAM HIC, SUIS IMPENSIS, CIVIBUS FLUERE

VOLUIT SERENISSIMA PRINCEPS ANNA-PALATINA EX BAVARIIS, RELICTA SERENISSIMI

PRINCIPIS HENRICI-JULII BORBONII PRINCIPIS CONDAEI. ANNO DOMINI M.DCCXV.

« La princesse sérénissime Anne-Palatine de Bavière, veuve du prince sérénissime Henri-Jules de Bourbon, prince de Condé, a voulu qu'à ses frais l'eau donnée par le prévôt des marchands, et les échevins de la ville, coulât  ici pour la commodité des citoyens. L'an du seigneur 1715 ».

Le prince de Condé, dont il est ici question, était fils du grand Condé, et renommé lui-même, autant par un esprit cultivé, que par le courage dont il donna des preuves au passage du Rhin, et à la bataille de Senef.

Il paraît que la rue Garancière a pris son nom de l'hôtel Garancière qui y était bâti. Elle a, dit-on, porté successivement le nom de Garancée et de Garance ; mais cette différence dans les noms des rues a dû souvent provenir de l'ignorance de ceux qui les écrivaient.

Cette fontaine s'alimente du trop-plein des bassins du Luxembourg. Aussi ne coule-t-elle que très-rarement. Elle n'est même pas comprise dans la distribution des fontaines de Paris.

FONTAINE DE RICHELIEU.

Cette fontaine a pris son nom du nom même de la rue où elle est située, comme celle-ci avait pris le sien du nom du cardinal de Richelieu. On sait que ce prélat avait fait construire un palais dont une des façades donnait sur cette rue, et qui a d'abord été appelé Palais-Cardinal, et ensuite Palais-Royal.

Placée à la bifurcation de la rue de Richelieu et de la rue Traversière, cette fontaine se trouve adossée à l'angle que forment les maisons des deux rues. Elle offre dans son ensemble un massif carré, ayant, un peu en avant corps, un chambranle avec consoles qui soutiennent un fronton, comme sont les croisées des grands édifices; le tout est surmonté d'un petit attique qui répète les profils et les renfoncements du dessous. Le tympan du fronton est décoré d'une coquille, et dans le milieu du chambranle sont deux tables un peu en saillie. Au bas de la première est un mascaron de bronze, qui jette de l'eau, et dans la seconde on lisait cette inscription de Santeuil :

QUI QUONDAM MAGNUM TENUIT MODERAMEN AQUARUM ,

RICHELIUS, FONTI PLAUDERET IPSE NOVO.

C'est-à-dire :

« Richelieu, qui eut autrefois le gouvernement de la navigation, verrait lui

« même avec plaisir couler l'eau de cette nouvelle fontaine ».

Dans cette inscription, le chanoine de Saint-Victor, avait cherché à faire allusion à la surintendance de la navigation, charge que le cardinal joignit à tant d'autres. Déjà pour rappeler cette qualité, l'architecte du Palais-Royal, Lemercier, avait orné de proues de vaisseau la façade qui donne sur la seconde cour de ce palais.

La fontaine de Richelieu, comme la plupart des anciennes fontaines, est dépourvue d'une cuvette pour recevoir les eaux qui coulent du mascaron. Ces eaux, tombant sur une pierre, et rejaillissant de tous côtés, rendent l'entrée des deux rues toujours sale et incommode pour les piétons.

Cette fontaine est du nombre de celles qui avaient été ordonnées par arrêt du 22 avril 1671. Ce sont les eaux réunies de la pompe à feu de Chaillot et de la Samaritaine, qui servent à l'alimenter.

FONTAINE DE LA RUE MONTMARTRE.

Soit que jusqu'ici l'on n'ait point regardé les fontaines de cette capitale comme des monuments assez importants pour en faire une mention particulière, soit que la multiplicité des objets, dont les historiens de Paris avaient à rendre compte ne leur ait point permis d'entrer dans de longs détails à cet égard, toujours est-il que les nombreuses descriptions ou histoires de cette ville n'offrent que des renseignements très-vagues et très-incertains sur l'origine et la construction de chaque fontaine. Plus que toute autre, celle de la rue

Montmartre paraît avoir été oubliée. On ne trouve dans aucun ouvrage imprimé, la trace de sa fondation. Dans ses recherches historiques et critiques, Jaillot n'en parle point ; Piganiol et ses copistes ne font que la nommer en passant.

Thierri seulement, qui la désigne sous le nom de fontaine de Montmorency, dit que peu d'années auparavant elle avait été rétablie; et il écrivait en 1787.

Mais en fouillant dans les archives de la préfecture, nous avons trouvé différents titres et transactions qui font connaître que le terrain sur lequel l'on a bâti cette fontaine, a été cédé aux échevins de la ville par M. de Luxembourg Montmorency, moyennant une concession de trente lignes d'eau pour la consommation de son hôtel. On fut obligé aussi d'acheter, près du même emplacement, une échoppe appartenant à une dame veuve Lebrest La date de ces titres est de 1713 ; mais la fontaine ne fut réellemcnt construite qu'en 1717.

S'il est permis de placer ici quelque hypothèse, nous avancerons, sans toutefois rien affirmer, que la fontaine de la rue Montmartre a été faite à la place de la fontaine qu'on avait projetée au Petit-Carreau, et qui, très-probablement, ne fut jamais exécutée[3] . Nous avons déjà eu occasion de faire remarquer que toutes celles qui avaient été ordonnées par l'arrêt du 22 avril 1671, ne furent point construites sur-le-champ, ni dans les emplacements même qui d'abord avaient été choisis. Ce qui donnerait quelque vraisemblance à cette conjecture c'est que dans le plan perspectif de Paris, gravé par Lucas, en 1734, d'après les dessins de Bretez, et par ordre de M. Turgot, prévôt des marchands, se trouve l'élévation de la fontaine Montmartre, et que celle du Petit-Carreau ne s'y trouve pas.

Adossée à une des maisons de la rue Montmartre, cette fontaine n'a que très peu de saillie. Elle ne consiste que dans un assez petit avant-corps dont les pieds-droits sont ornés de congélations, et qui est surmonté d'un fronton triangulaire. Le milieu se divise en trois tables lisses d'inégales proportions, et au bas desquelles est le robinet d'où coule l'eau réunie de la pompe Notre

Dame et de celle de Chaillot.

 

[1] Jacques Lemercier est un des architectes qui ont exécuté à Paris le plus de travaux. Il éleva la Sorbonne, l'Oratoire, le Palais Cardinal, l'église Saint-Roch, etc... On lui doit aussi, et ce n'est pas là son chef-d'oeuvre, le couronnement du pavillon du milieu de l'ancien Louvre. C'est lui qui imagina ces grandes cariatides placées au troisième étage, et qui gâtent beaucoup la décoration de cette façade. Un reproche plus grave à faire à sa mémoire, c'est sa conduite envers le Poussin : avec Vouet et Fouquières, il contribua à empêcher ce grand artiste de peindre la galerie du Louvre. [2] On raconte une anecdote assez singulière, et propre à donner une idée du caractère et de la puissance du cardinal. Brulart de Sillery, fils du président de ce nom, quelque temps avant de léguer son hôtel au prélat, jouait avec lui, et perdait beaucoup. Un coup douteux survint, et on en appela à la galerie pour le décider. D'une voix unanime, Brulart fut condamné par les courtisans, et comme il eut peine à contenir son indignation, le cardinal qui s'en aperçut, alla le soir auprès de lui lorsqu'il sortait, et, le prenant familièrement par la tête, lui dit : « Voilà « une belle tête sur un beau corps; il serait dommage de l'en détacher ». [3] Il ne faut pas regarder comme une preuve du contraire, l'inscription que Santeuil a faite pour y être gravée. Nous rapporterons ici cette inscription, qui ne trouverait pas sa place autre part :

Auri sacra sitis non larga expletur opum VI :

Hinc disce aeterno fonte levare sitim.

« L'infâme soif de l'or ne peut se rassasier, même à force de richesses. Apprenez de-là à vous désaltérer aux sources éternelles. »   Cette inscription est à-la-fois critique et mystique. Elle faisait allusion à la cupidité des hommes de finance dont ce quartier était rempli ; et l'on y reconnaît l'influence de l'habit que portait l'auteur.

 

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DE QUELQUES FONTAINES DE PARIS. ANCIENNES ET NOUVELLES.

DESSINS AU TRAIT PAR M. MOISY. TEXTES ET DESCRIPTIONS HISTORIQUES PAR M. AMAURY DUVAL.

FONTAINE DE SAIX.

PLANCHE V et VI.

La place Dauphine, au centre de laquelle s'élève la fontaine de Desaix, formait encore, au temps de Charles IX, une partie des jardins du Palais. Là se terminait la pointe de l'île, qui plus tard a été prolongée jusqu'à l'extrémité du terre-plein du Pont-Neuf, par la réunion de deux autres petits îlots, que le temps avait séparés de la Cité, ou qui peut-être avaient été formés par les alluvions du fleuve. L'un de ces petits îlots, dont le nom n'est pas bien déterminé, mais que l'on connaît plus communément sous la dénomination de l'ile aux Tuiles, est célèbre pour avoir servi de théâtre au supplice de Jacques Molay, grand-maître de l'ordre des Templiers. Au même endroit où l’injustice avait consommé un crime, la reconnaissance éleva par la suite une statue au meilleur des rois ; et aujourd'hui la munificence d'un souverain auguste y fait ériger un obélisque magnifique à la gloire des armes françaises.

Le 31 mai 1578, Henri III posa la première pierre du Pont-Neuf, Androuet Ducerceau en était l'architecte. On commença par combler les petits bras de rivière qui séparaient d'avec la Cité les deux îlots dont nous venons de faire mention, afin de former un point de centre qui joignît le pont à ce quartier, et sur lequel reposassent les deux parties du pont. Des travaux si utiles furent suspendus par l'effet des guerres de la ligue, et on ne les termina qu'en 16o4, sous la direction de Guillaume Marchand, architecte. Pour subvenir aux frais d'achèvement de ce pont, Henri IV mit un impôt de dix sous d'entrée par muid de vin.

C'est encore à ce prince qu'on doit les premières places régulières qui aient été faites à Paris. De ce nombre est la place Dauphine, dont il adopta le plan en 16o8, et qu'il dénomma ainsi à cause de la naissance de Louis XIII, alors dauphin de France. On a pu remarquer que les maisons de cette place portent le même caractère d'architecture que celles de la place Royale, également bâties par ordre de Henri IV. Elles sont, l'une et l'autre, construites en briques, avec des chaînons de pierre de taille. La place Dauphine offre la forme d'un triangle aigu, et n'a que deux ouvertures, l'une au milieu de la base (celle-ci fait face à l'une des portes du palais), l'autre, vis-à-vis, coupe la pointe de l'angle, et vient aboutir sur le Pont-Neuf.

La fontaine qui décore le milieu de cette place est un monument triomphal érigé en 18o2, à la mémoire du général Desaix, par le patriotisme d'un certain nombre de souscripteurs qui se réunirent pour en faire les frais. Ils ouvrirent un concours où l'on appela tous les artistes. Aussi plus de cent dessins furent envoyés, et exposés pendant plusieurs jours sous les yeux du public. Une commission d'artistes fut juge du concours. Le dessin de la fontaine que nous voyons aujourd'hui sur la place, lui parut mériter le prix. Si quelque chose doit dégoûter des concours, c'est assurément le résultat qu'a eu celui-ci. On croyait avoir employé tous les moyens de se procurer le plan d'un monument parfait; comment se fait-il que le goût même le moins sévère ne puisse avouer la fontaine Desaix ?

A la vérité, c'était déjà manquer de goût que de proposer d'ériger une fontaine à la mémoire d'un guerrier mort dans les combats. Qu'on lui consacre une statue, un tombeau, rien de mieux ; mais une fontaine !

« Desaix, dit M. Denon, dans son voyage d'Égypte, n'était point l'enfant gâté

«de la fortune ; son étoile était nébuleuse». Eh quoi ! un sort fâcheux l'aurait-il donc poursuivi au-delà du tombeau ? Jusqu'ici le mauvais goût a présidé à tous les monuments érigés en son honneur. Nous signalons surtout cette fontaine comme un exemple dangereux à suivre, parce qu'elle est l'ouvrage d'un homme de talent, de M. Percier, chef de la plus nombreuse école d'architecture.

Ce monument s'élève au milieu d'un bassin circulaire où l'eau tombe par quatre mascarons de bronze. Au pied du soubassement sont gravés dans toute la circonférence, sur une plinthe de marbre, les noms des souscripteurs. Au-dessus est un piédestal rond comme le soubassement, mais un peu en retraite, et autour duquel se déroule un bas-relief, formé d'un trophée d'armes modernes, de la figure du Nil, de celle de l'Éridan, et de deux génies qui inscrivent dans des cartouches les noms des principales victoires remportées par ce général.

Sur la face principale on lit dans un autre cartouche : A Desaix, et plus bas les paroles mémorables qu'il prononça un moment avant d'expirer : Allez dire au premier Consul que je meurs avec le regret de n'avoir point assez fait pour la postérité.

Le piédestal supporte un groupe composé du génie militaire représenté sous la figure d'un jeune homme ayant la tête casquée, et posant une couronne de lauriers sur le buste de Desaix. Toute la sculpture de ce monument est de M. Fortin.

Les inscriptions suivantes sont gravées sur les deux côtés principaux du  premier soubassement. Telle est l'intempérie de notre climat, qu'elles sont déjà devenues presque illisibles.

L. CH. ANT. DESAIX,

NÉ A AYAT, DÉPARTEMENT DU PUY-DE-DÔME,

LE XVII AOUST M. DCCLXIII ;

MORT A MARENGO

LE XXV PRAIRIAL AN VIII DE LA RÉPUBLIQUE

M. DCCC.

CE MONUMENT LUI FUT ÉLEVÉ

PAR DES AMIS

DE SA GLOIRE ET DE SA VERTU,

SOUS LE CONSULAT DE BONAPARTE

L'AN DIX DE LA RÉPUBLIQUE

M. DCCCII.

LANDAU, KEHL, WEISSEMBOURG,

MALTE,

CHEBREIS, EMBABÉ,

LES PYRAMIDES,

SEDIMAN, SAMANHOUT, KENÉ,

THÈBES, MARENGO,

FURENT LES TÉMOINS DE SES TALENTS

ET DE SON COURAGE.

LES ENNEMIS

L'APPELAIENT LE JUSTE ;

SES SOLDATS, COMME CEUX DE BAYARD,

SANS PEUR ET SANS REPROCHE.

IL VÉCUT, IL MOURUT

POUR SA PATRIE.

La fontaine Desaix s'alimente en partie des eaux de la Samaritaine, en partie de celles que fournit l'aqueduc d'Arcueil, dont des tuyaux passent dans toute la longueur du Pont-Neuf, et vont servir, de l'autre côté de la rivière, quelques autres fontaines.

FONTAINE DE LA RUE DE SÈVRES.

PLANCHE VII

Cette fontaine, du nombre de celles dont l'Empereur a ordonné l'érection en 18o6, est située rue de Sèves ou de Sèvres, un peu plus haut que les Incurables, hospice fondé en 1734, par le cardinal de Larochefoucauld. Elle présente dans son ensemble une porte de temple égyptien, dont la baie sert de niche à une statue qui tient un vase de chaque main, et en verse de l'eau dans une cuvette demi-circulaire. Le trop-plein de ce réservoir se vide par un mascaron en bronze, représentant une tête de lion ou de sphinx égyptien.

Il n'y a pas vingt ans que cette fontaine aurait paru bizarre ; elle plaît aujourd'hui. On ne saurait la voir sans se rappeler une expédition mémorable.

Heureuse l'idée de rattacher ainsi aux monuments publics d'intéressants souvenirs, quand toutefois ils n’altèrent point le caractère de ces monuments ! Mais, en applaudissant à l'intention de M. Bralle, qui a cherché un des premiers, à reproduire ici un genre d'architecture tout nouveau pour les Français, des gens de goût auraient désiré dans sa composition plus de noblesse, d’élégance, et de développement. Dans plusieurs ouvrages, et notamment dans l'atlas de l'excellent voyage de M. Denon, il eût été facile de prendre de meilleurs modèles. Pourquoi, demandent-ils, une clé si massive et si lourde au-dessus de la niche ? Pourquoi dans les pieds-droits, une moitié en avant-corps, et l'autre en arrière ? La mesure était-elle rigoureusement donnée pour s'astreindre à une proportion si petite ? Ce qui frappe d'abord dans les monuments de la

Haute-Égypte, c'est la grandeur, l'étendue. Qui reconnaîtra jamais là une copie de la porte de ces temples si vastes ? L'entrée d'un temple monolithe,

c'est-à-dire d'une seule pierre, est beaucoup moins resserrée. Nous ajouterons qu'il est étonnant que l'artiste qui a imaginé d'ajuster, dans le goût du globe ailé, l'aigle impérial, n'ait point cherché à placer dans tout son monument quelques hiéroglyphes. Les pieds-droits lui fournissaient une page à remplir ; il aurait pu essayer de représenter, au moyen de la sculpture en creux, quelque sujet analogue à l'érection de la fontaine. Avec du goût, cet essai pouvait devenir heureux.

La statue qui décore la niche, et à laquelle on n'a fait qu'ajouter un vase à chaque main, est une copie en pierre faite par M. Beauvallet, d'après la figure en marbre pentélique qui est au musée Napoléon. On nous saura gré sans doute de placer ici, sur ce beau morceau d'antiquité, quelques détails extraits du livret du Musée, ouvrage auquel a travaillé M. Visconti.

Antinoüs, jeune favori d'Hadrien, s'était jeté dans le Nil, et avait volontairement sacrifié sa vie pour prolonger celle de son maître. Touché d'un dévouement si rare, l'Empereur voulut en éterniser la mémoire, en lui élevant des statues et des temples, et en bâtissant en l'honneur de son favori la ville d'Antinopolis. Cette statue, l'un des nombreux monuments de la reconnaissance de ce prince, représente Antinoüs en divinité égyptienne. Il est debout dans l'attitude ordinaire des dieux égyptiens, et nu à l'exception de la tête et de la ceinture, qui sont couvertes d'une espèce de draperies ornées de plis ou canelures parallèles, faites peut-être pour imiter les étoffes rayées de noir et de blanc dont les habits sacrés étaient formés.

Cette statue étant en marbre blanc contre l'usage des Égyptiens qui exécutaient toujours celles de leurs divinités en marbre de couleur, on pourrait conjecturer qu'on a voulu y représenter Antinoüs sous la forme d'Orus, le seul dont ils faisaient les images en marbre blanc, comme étant le dieu de la lumière. Au surplus, quoique dans la composition et l'attitude de cette figure on ait cherché à imiter la manière des anciens ouvrages de l'art égyptien, la beauté des formes, la belle exécution des détails indiqueraient assez qu'elle n'en est qu'une imitation de style grec, lors même que le portrait bien connu d'Antinoüs ne servirait pas à en constater l'époque précise.

Cette belle figure est tirée du musée du Capitole ; elle a été découverte en

1738, à Tivoli, dans la Villa Hadriana. On a donné une couche de bronze à la copie en pierre.

La fontaine de la rue de Sèvres s'alimente de l'eau qu'envoie dans une grande partie du faubourg Saint-Germain la pompe à feu de Chaillot.

FONTAINE DITE DU MARCHÉ-AUX-CHEVAUX.

PLANCHE VIII.

Dans le nombre des nouvelles fontaines érigées en 18o6 par ordre de l'Empereur, il faut remarquer celle du Marché-aux-Chevaux. Isolée de tout édifice, d'une ordonnance extrêmement simple, elle porte le seul caractère qui convienne à nos fontaines, auxquelles le manque d'eau donnera toujours un aspect d'autant plus ridicule, qu'il sera plus grand et plus théâtral. Le modeste ruisseau s'échappe sans bruit du pied de la montagne, pour aller arroser la prairie ; tandis que le torrent se précipite avec fracas du haut des rochers, et forme ces cataractes imposantes destinées à l'entretien des fleuves. Qu'on s'imagine au lieu du Niagara, la rivière des Gobelins, tombant de deux cents pieds de haut, le spectacle n'aura plus rien que de mesquin et de bizarre. Pourquoi donc ces masses énormes de pierre, ces vastes monuments où l'on ne peut ajuster qu'un très-mince robinet !

Parturiunt montes, nascetur ridiculus mus.

L'architecte, auquel on doit la composition de cette fontaine, a été heureusement inspiré. Empressons-nous de l'en féliciter. Rarement nous aurons les mêmes éloges à faire. L'auteur de presque toutes les nouvelles fontaines est loin d'avoir montré, dans la plupart, autant de discernement et de goût.

Si l'on en excepte la moulure servant d'encadrement, ici rien d'inutile, de superflu. Pour toute masse, une borne dans le goût antique; pour toute déco ration un aigle sculpté en relief dans une couronne de lauriers, ornement d'un bon effet, et qui sert à rappeler sous quel règne cette fontaine a été construite. Un simple mascaron de bronze, appliqué au bas de la borne et un peu au-dessus du soubassement, laisse échapper un filet d'eau qui tombe dans un bassin quarré placé en avant. Peut-être le voisinage du Marché-aux

Chevaux eût-il exigé un récipient plus spacieux; au-lieu de cette petite cuvette quarrée, un bassin circulaire, au centre duquel se serait élevée la borne, eût été plus commode, plus convenable. Par ce moyen, on aurait pu abreuver, à-la-fois à cette fontaine plusieurs chevaux, sans gêner la circulation continuelle des citoyens que les besoins domestiques appellent à puiser de l'eau.

Au reste, cette observation critique est peut-être la seule qu'on puisse se permettre sur ce monument, qui, si l'on plantait derrière quelques massifs d'arbres, deviendrait l'un des plus pittoresques, comme il est déjà l'un des mieux conçus.

Le Marché-aux-Chevaux, qui a donné son surnom à cette fontaine, se tenait encore en 1687 dans une partie de l'emplacement qu'occupent les rues Gaillon, d'Antin et des Petits-Champs. Plus tard il fut transporté sur le terrain où nous le voyons encore aujourd'hui ; mais pendant longtemps ce terrain resta vague et non circonscrit. On doit à M. de Sartines d'y avoir fait observer de bons règlements de police, et de l’avoir fait planter d'arbres. Ces travaux furent exécutés en 176o; avant ce temps, le Marché-aux-Chevaux était impraticable pendant la mauvaise saison.

On ne saurait trop rendre raison du motif qui a fait appeler cette fontaine, fontaine du Marché-aux-Chevaux, plutôt que fontaine du Jardin des Plantes.

Outre que ce dernier surnom eût été plus noble, il semble mieux convenir encore en ce que ce monument est situé à l'extrémité de la rue du Jardin des

Plantes, où elle sert de point de vue, tandis qu'il ne laisse point d'être assez éloigné du Marché-aux-Chevaux.

Cette fontaine est alimentée par les eaux réunies de la pompe Notre-Dame, et de celle du Gros-Caillou.

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