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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

maison de bourbon

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #MAISON DE BOURBON

LES BOURBONS.

CHAPITRE III.

ANCIENS SEIGNEURS DE BOURBON.

LOUIS Ier, SURNOMMÉ LE GRAND ET LE BOITEUX, DUC DE BOURBON, COMTE DE CLERMONT ET DE LA MARCHE, SEIGNEUR D'ISSOUDUN, DE SAINT-PIERRE LE MOUTIER, DE MONTFERRAND, DE CREIL ET DE GOURNAY ; ROI TITULAIRE DE THESSALONIQUE ; PAIR ET GRAND CHAMBRIER DE FRANCE.

Louis Ier (fils du précédent), comte de Clermont et premier duc de Bourbon, né en 1279, fut appelé Louis-Monsieur du vivant de son père; il succéda, l'an 1310, à Béatrix, sa mère, dans la sirerie de Bourbon. Il fit ses premières armes à la bataille de Furnes, en Flandre (1297). L'an 1302, à la funeste journée de Courtrai, il sauva l'armée  française d'une destruction totale. Deux ans après, il eut part à la victoire de Mons-en-Puelle. En 1308, Philippe le Bel lui conféra la charge de grand chambrier de France, qui demeura dans la maison de Bourbon jusqu'en 1525, époque de la défection du connétable de Bourbon. En 1312, le concile de Clermont, qui prononça la dissolution de l'ordre des templiers, ayant décrété une croisade, Louis-Monsieur, nommé généralissime de cette expédition, se rendit à Lyon pour réunir les croisés ; mais l'enthousiasme de ces saintes entreprises était passé, la croisade n'eut pas lieu, et le prince n'en recueillit que les vains titres de roi de Thessalonique, que le duc de Bourgogne, Eudes, lui céda moyennant une somme de quarante mille écus. Sous les règnes des trois fils de Philippe le Bel, Louis-Monsieur continua de jouir d'un grand crédit. Rien dans la vie publique du comte de Clermont ne lui fit plus d'honneur que la loyale fermeté avec laquelle, lors de la mort de Louis X le Hutin, il soutint la loi salique et sut affermir la couronne sur la tête de Philippe le Long (1316), malgré les efforts du duc de Bourgogne et du comte de la Marche pour élever au trône Jeanne de France, fille du feu roi. Ce qui rendit cette circonstance bien remarquable, c'est que le comte de la Marche devait, douze ans plus tard, être appelé lui-même sur le trône, en vertu de ce principe fondamental de la monarchie française qu'il avait voulu méconnaître.

Lorsque le nouveau roi, par une sage ordonnance sur les monnaies, voulut ôter aux grands vassaux le droit de frapper des monnaies d'or et d'argent, Louis-Monsieur, qui venait de succéder à son père dans le comté de Clermont, entra des premiers dans les vues de Philippe le Long, et lui vendit, moyennant quinze mille livres, le privilège qu'il avait d'en fabriquer dans le Bourbonnais et le Clermontois. Sous Charles IV, dit le Bel, la guerre ayant éclaté contre l'Angleterre, le comte de Clermont prit les places de Montségur, de Sauveterre, de Saint-Macaire et d'Agen; et, de concert avec le comte de Valois qui prit Bordeaux et Bayonne, réduisit la Guienne qui par un traité fut rendue au roi Edouard II, à l'exception de l'Agenois, qu'on réunit à la couronne. Cependant Charles IV, né à Clermont en Beauvoisis, désirait joindre cette ville aux domaines royaux. Il donna au comte, en échange de son apanage, le comté de la Marche et les villes d'Issoudun, de Saint-Pierre le Moutier et de Montferrand. Il érigea de plus le Bourbonnais en duché-pairie, par lettres du 27 décembre 1327, dans lesquelles il s'exprimait ainsi : Nous espérons que la postérité du nouveau duc, marchant sur ses traces, sera dans tout temps l'appui et l'ornement du trône. Ce nouveau duc, en adoptant pour lui et pour sa postérité le nom de Bourbon au lieu de celui de Clermont, retint dans son écu les armes de France qui rappelaient sa royale origine. Lorsque Charles le Bel descendit à son tour dans la tombe avant l'âge, comme ses frères, et comme eux sans laisser d'héritier (1328), le duc de Bourbon se prononça avec une nouvelle force pour la loi salique en faveur de Flandre ; il contribua au gain de la victoire de Cassel. Cependant Edouard III chicanait sur la nature de l'hommage qu'il devait au roi de France, prétendant qu'il n'était que simple et non pas lige. Le duc de Bourbon, envoyé à Londres, amena l'Anglaisa accomplir son devoir féodal; le 6juin 1329, Edouard rendit l'hommage à Philippe de Valois dans la cathédrale d'Amiens. Pour prix de tous ces services, le roi de France remit en pur don au duc de Bourbon le comté de Clermont, qu'il érigea en pairie (1331). En 1333, ce monarque ayant concerté à Avignon avec le pape le projet d'une croisade, Bourbon se crut enfin, à la veille de reconquérir les états dont il portait le titre ; mais les menées d'Edouard contre Philippe de Valois firent encore avorter ce projet. La guerre ayant enfin éclaté entre les deux rois, le duc de Bourbon suivit Philippe de Valois en Flandre pendant les campagnes de 1338, 1339 et 1340; puis, après la trêve d'Espléchin, fut un des plénipotentiaires au congrès d'Arras, qui se termina par une trêve de deux ans. Le duc de Bourbon n'en vit pas la fin ; il mourut vers la fin de janvier 1341, à l'âge de soixante-deux ans, et fut inhumé comme son père aux Jacobins de la rue Saint-Jacques. De Marie de Hainaut, qu'il avait épousée en 1310 et qui mourut en 1353, il eut deux fils, Pierre Ier, dont la postérité s'éteignit en 1527; Jacques de Bourbon, comte de la Marche, tige commune des maisons qui occupent encore aujourd'hui les trônes de France, d'Espagne et de Naples; car, par une coïncidence assez remarquable, ce comte de la Marche se trouve également le treizième aïeul, dans la branche aînée des Bourbons, des rois Louis XVI, Louis XVIII, Charles X, et, dans la branche cadette, de Louis-Philippe Ier.

LES BOURBONS.

CHAPITRE IV.

ANCIENS SEIGNEURS DE BOURBON.

PIERRE Ier, DUC DE BOURBON, COMTE DE CLERMONT, PAIR ET GRAND CHAMBRIER DE FRANCE, SOUVERAIN-CAPITAINE EN LANGUEDOC, GUIENNE, GASCOGNE, POITOU, BERRI, LA MARCHE, AUVERGNE ET BOURBONNAIS.

Pierre Ier, formé à l'école d'un père grand homme de guerre et grand homme d'état, ne dégénéra point du sang dont il était sorti; sa naissance, son courage et la faveur du roi, dont il avait épousé la soeur, l'appelaient aux grands emplois de la monarchie ; il justifia autant dans les conseils que dans le commandement des armées le choix de Philippe de Valois.

Lorsque, dans la querelle engagée au sujet de la succession de Bretagne, Philippe se fut prononcé pour Charles de Blois (1341), le roi d'Angleterre Edouard III embrassa la défense de Jean de Montfort, rival de ce prince. Il s'agit alors de conquérir la Bretagne sur Montfort et sur les Anglais : le roi réserva l'honneur de cette expédition au duc de Normandie, héritier de la couronne ; mais pour suppléer à l'inexpérience du jeune prince, qui faisait ses premières armes, il lui donna pour conseil le duc de Bourbon, Jacques de Bourbon, comte de la Marche, et le comte d'Alençon. Les succès de cette campagne furent rapides. Bientôt une trêve fut conclue avec le roi d'Angleterre ; mais Edouard ne tarda pas à la rompre (1345). Ses troupes conquirent la Guienne française, le Périgord, l'Angoumois et la Saintonge, remportèrent une victoire complète à Auberoche, et se rendirent maîtresses d'Aiguillon qui passait pour une place imprenable : toutes les provinces d'au-delà de la Loire furent menacées du même sort.

Dans ces circonstances, Philippe de Valois confia au duc de Bourbon le soin de sauver la moitié de la monarchie : il lui donna un pouvoir sans bornes pour commander en Languedoc, Gascogne, Guienne, Berri, Auvergne, la Marche et le Bourbonnais ; le duc était le maître de lever des troupes et de l'argent, de donner des lettres de grâce, d'anoblissement et de légitimation, d'accorder des privilèges et des franchises aux villes et aux communautés, d'établir des foires, d'évoquer à lui tous les procès civils et criminels; en un mot, l'exercice du pouvoir suprême lui était dévolu dans toute son étendue.

Le duc de Bourbon arriva à Cahors sans troupes et sans argent, n'ayant pour lui que son nom et son courage. Son premier soin fut de prodiguer les grâces et les caresses, pour réconcilier la noblesse et le peuple avec le gouvernement : il racheta à ses dépens plusieurs barons faits prisonniers par les Anglais à la journée d'Auberoche, entre autres Roger de Cominges, d'une des plus grandes maisons du royaume. La générosité du prince ranima l'amour de la patrie presque éteint dans tous les coeurs ; il profita du zèle qu'il avait inspiré pour ordonner à tous les gentilshommes et roturiers de son gouvernement, depuis l'âge de quatorze ans jusqu'à celui de soixante, de se rendre auprès de lui ; il choisit ceux qui lui parurent les plus propres à la guerre, les arma et les exerça. C'est avec le secours de ces milices qu'il vint à bout, non-seulement d'arrêter les Anglais, mais encore de reprendre presque toutes leurs conquêtes, et surtout les places situées sur la Dordogne ; il se préparait au siège de Bordeaux, lorsque le duc de Normandie lui ordonna de venir le joindre devant Aiguillon.

Cette place, quoique défendue par l'élite des troupes anglaises, n'aurait pu éviter de succomber sans la puissante diversion du roi Edouard en Normandie. Ce prince, entraîné par le fameux Geoffroi d'Harcourt, trouva cette province dans le même état où ses généraux avaient trouvé la Guienne française ; tout plia sous la terreur de son nom ; les villes n'attendaient que sa présence pour se soumettre ; Caen, dont le comte d'Eu, connétable de France, avait entrepris la défense, fut emporté d'assaut : Edouard pénétra jusqu'aux portes de Paris ; il livra les environs de la capitale au fer et au feu. Philippe de Valois se hâta demander une partie de l'armée, qui assiégeait Aiguillon, et les chefs en qui il avait le plus de confiance, entre autres le duc de Bourbon, le comte de la Marche et le maréchal de Montmorency. Le roi était à Saint-Denis, occupé à rassembler toutes les forces de la monarchie. Ce prince fit partir sur-le-champ le duc de Bourbon pour le Beauvoisis, avec ordre d'arrêter la marche d'Edouard, qui dirigeait sa retraite vers les Pays-Bas, emportant avec lui les dépouilles de la Normandie et de l'Ile-de-France. Le duc harcela l'ennemi et donna au roi le temps de se mettre en route avec une armée où l'on comptait plus de cent mille hommes et presque pas un soldat. La bataille de Créci fut livrée bientôt après (1346). Si, dans cette fatale journée, Philippe de Valois donna l'exemple de la valeur la plus déterminée, s'il combattit jusqu'à la nuit, il fut dignement imité par le duc de Bourbon, par Jacques de Bourbon, comte de la Marche, par le maréchal de Montmorency, par Jean de Hainaut, par Montfort, par d'Aubigny et par soixante hommes d'armes, restes héroïques de cette armée immense qui, le matin, couvrait les plaines du Ponthieu. Cette défaite coûta trente mille hommes à la France. La plupart des écrivains ont ajouté à la liste des morts le nom du duc de Bourbon; c'est une erreur. Pierre Ier ne fut que blessé ; il devait mourir pour la patrie dans une journée encore plus funeste.

La désertion de presque tous les barons eût laissé, pour ainsi dire, le roi sans troupes, si le duc de Bourbon, le comte de la Marche, Montmorency et quelques seigneurs dignes encore du nom français, ne fussent restés auprès de lui avec les soldats levés sur leurs domaines. Le monarque parut sensible au zèle et à la grandeur dame des deux princes de Bourbon ; il fit don au puîné du comté de Ponthieu, confisqué sur Edouard III. Puis, pour sauver Calais, assiégé par le roi d'Angleterre, il confia la moitié de son armée au nouveau comte de Ponthieu, dont les premières opérations furent signalées par des succès. Mais la situation des habitants de Calais devenait de jour en jour plus déplorable. Résolu de tout hasarder pour les sauver, Philippe de Valois rappela le comte de Ponthieu et s'avança contre les Anglais (1347) avec soixante mille combattants. D'abord il envoya défier Edouard à un combat singulier à la tête des deux armées, ou bien à une bataille générale ; le monarque anglais ne parut pas plus ému du cartel qu'il ne l'avait été du désespoir des Flamands.

Philippe se disposait à livrer l'assaut au camp des assiégeants qu'Edouard avait rendu inattaquable : le duc de Bourbon et les autres chefs représentèrent au roi que c'en était fait de la France s'il exposait a une défaite l'armée qui en était l'unique ressource. Philippe céda à leurs conseils et se retira, abandonnant les habitants de Calais aux rigueurs de la destinée.

Cependant Humbert, dernier dauphin de l'illustre et ancienne maison de la Tour-du-Pin, avait jeté les yeux sur le duc d'Orléans, second fils du roi, pour lui donner ses états; il lui préféra ensuite Charles, l'aîné des petits-fils de France; mais tandis qu'on le croyait plus disposé que jamais à terminer cette grande affaire, Humbert recherchait l'alliance de Jeanne de Bourbon. Le roi le prévint habilement; il donna la princesse à son petit-fils : alors le dauphin abdiqua en faveur du prince, possesseur de l'épouse qu'il s'était destinée, et alla s'ensevelir dans l'ordre des Jacobins. Jeanne de Bourbon, fille aînée de Pierre Ier et d'Isabelle de Valois, à l'âge de quatorze ans fut donc unie à l'héritier de la couronne.

Philippe de Valois étant mort, le roi Jean lui succéda. La première démarche de celui-ci fut un attentat contre le droit des gens : il fit arrêter et conduire au supplice, presque sans forme de procès et sur quelques soupçons vagues d'infidélité, le connétable d'Eu, prisonnier des Anglais, et par conséquent mort civilement; les grands, à la tête desquels on voyait les ducs de Bourbon et de Bourgogne, le comte d'Armagnac, le duc d'Athènes, de la même maison que le connétable, et de plus son beau-frère, assistèrent à l'exécution nocturne de cet infortuné. D'autres actes, et surtout la faveur de Charles d'Espagne, sur qui s'accumulèrent toutes les grâces, irritèrent la noblesse contre le souverain. Le roi de Navarre, Charles le Mauvais, fit assassiner le favori, revêtu de la charge de connétable (1353).

Après bien des agitations douloureuses, l'intérêt de l'état l'emporta chez le roi sur le ressentiment : il manda le due de Bourbon et le cardinal de Boulogne, leur confia un pouvoir illimité, et les chargea de ramener à la cour le roi de Navarre qui venait de l'outrager si cruellement. Pour achever de se réconcilier avec ses sujets, Jean disposa de l'épée de connétable en faveur de Jacques de Bourbon, comte de Ponthieu, qui, par ses vertus et ses exploits, avait mérité le surnom glorieux de Fleur des Chevaliers. C'est de ce héros, auteur de la branche de Bourbon-la-Marche et de Bourbon- Vendôme, que descendent tous les princes de la maison royale.

Soit que le duc de Bourbon et son collègue fussent persuadés qu'on ne pouvait acheter trop cher le repos de l'état, soit plutôt qu'ils se fussent laissé séduire par l'éloquence et les promesses artificieuses du roi de Navarre, comme celui-ci s'en vanta dans la suite, ils lui accordèrent des conditions si favorables, que Charles le Mauvais, quand même il aurait sauvé l'état, n'eût osé en exiger de semblables. Quoi qu'il en soit, le duc de Bourbon amena le roi de Navarre, après lui avoir donné pour otage le second fils de France. Jean le reçut dans son lit de justice, au milieu des seigneurs du sang, des pairs et des grands officiers de la couronne, environné de tout l'éclat de la puissance royale. Charles parla avec tant d'audace et de fierté, que Jean ordonna au connétable de l'arrêter.

Aussitôt Jacques de Bourbon, assisté des deux maréchaux de France, se saisit du roi de Navarre et le conduisit prisonnier dans une des chambres du palais. Mais les deux reines douairières de France, l'une tante, l'autre soeur de Charles le Mauvais, implorèrent sa grâce, et Jean pardonna à son gendre ; alors le connétable alla reprendre le prisonnier et le ramena dans la salle; Charles se jeta aux genoux de son souverain avec les deux reines et le remercia. Le roi néanmoins regrettait cet acte de faiblesse. Il s'en prit au cardinal de Boulogne, dont la prévarication avait transpiré, et le chassa de la cour et du royaume. Il s'en fallait bien qu'il eût la même idée du duc de Bourbon, puisqu'il le chargea de la mission la plus importante qu'il pût lui confier : il s'agissait de la paix avec l'Angleterre.

Le pape Innocent VI avait entrepris de réconcilier la France et l'Angleterre, et les deux rois avaient accepté sa médiation ; mais la négociation du duc de Bourbon n'aboutit qu'à une prolongation de la trêve, qui laissa respirer la France un an de plus.

Quelque temps auparavant (1354), le duc avait reçu une ambassade de Pierre Ier, roi de Castille, qui lui demandait en mariage Blanche de Bourbon, la seconde de ses filles. Le duc donna à la princesse une dot qui répondait à l'éclat de sa naissance. Le roi, cousin germain de Blanche, y ajouta des sommes considérables : elle lut mariée comme l'eût été une fille de France ; elle eut en dot trois cent mille florins. Le sort de Blanche, mariée à un prince farouche, violent et sanguinaire, fut misérable et tragique ; la déplorable destinée de cette reine de Castille causa en Espagne les révolutions les plus sanglantes.

Charles le Mauvais, sur le point d'être encore une fois arrêté par ordre du roi Jean, se sauva à Avignon, et de là en Navarre, d'où il retourna en Normandie,  plus fier et plus terrible ; il était à la tête d'une armée anglaise. Au lieu de se saisir de son apanage, le roi, son beau-père, s'était contenté de le proscrire par des arrêts ; il fallut de nouveau rechercher le rebelle. Ce furent le connétable Jacques de Bourbon et le duc d'Athènes qui le ramenèrent à la cour, après lui avoir accordé de nouveaux avantages, et surtout une amnistie générale pour lui et ses partisans, tant publics que secrets. Ce fut alors que Charles le Mauvais produisit la liste des derniers ; à la tête de cette liste se trouvait le nom du duc de Bourbon, oncle du roi, beau-père de l'héritier de la couronne. Ses regrets pourtant furent si sincères, que Jean continua de le mettre, comme auparavant, à la tête des armées et de lui confier les principaux soins du gouvernement.

La trêve était expirée avec l'Angleterre (1355), et déjà Edouard III inondait de troupes la Picardie, tandis que son fils, le prince de Galles, se préparait à soumettre les provinces voisines de la Guienne. Le roi Jean partagea la défense de l'état entre lui et les princes de Bourbon; il envoya le connétable contre le prince de Galles, et marcha lui-même contre Edouard avec une armée commandée sous ses ordres par le duc de Bourbon. Le roi d'Angleterre évacua la Picardie, mais le connétable fut moins heureux contre le prince de Galles.

Le roi lui avait associé dans le commandement les comtes d'Armagnac et de Foix, et la discorde qui s'éleva entre les généraux nuisit au succès de la guerre. Pour comble de malheur, Jacques de Bourbon se vit abandonné d'un corps de troupes italiennes, que le roi soudoyait, et qui n'eut pas honte de déserter au milieu de la campagne. Le connétable vit le prince de Galles porter le fer et le feu dans toute l'étendue du Languedoc et des provinces voisines ; dans sa douleur, il remit au roi l'épée de connétable, sans se retirer toutefois du service.

La patrie avait plus que jamais besoin de défenseurs. Le frère du roi de Navarre venait de livrer la Normandie aux Anglais. Jean vola dans celte province avec les deux princes de Bourbon et presque toutes les forces du royaume (1356); mais bientôt il dut marcher contre le prince de Galles, qui avait tenté de passer la Loire pour joindre en Normandie l'armée anglaise et marcher de là sur Paris. Ce fut aux environs de Poitiers que le roi de France, à la tête d'une armée de quarante-huit mille hommes d'armes, accompagné de ses quatre fils, du duc d'Orléans, son frère, du duc de Bourbon, de Jacques de Bourbon, comte de la Marche, de tous les princes du sang et de presque tous les chevaliers du royaume, se flattait de rendre enfin avec usure au prince de Galles et aux Anglais tous les maux que lui et son père en avaient reçus. Personne n'ignore les circonstances et l'issue de cette bataille, la plus mémorable de ce siècle et la plus funeste à la France. C'est en défendant la personne du roi que le duc de Bourbon tomba mort à ses pieds ; la destinée de son frère, le comte de la Marche, et de son fils naturel, Jean de Bourbon, seigneur de Rochefort, ne fut guère moins glorieuse et moins déplorable : percés de coups, il furent renversés et pris à quelques pas du roi.

Le corps du duc de Bourbon fut transporté du champ de bataille aux Jacobins de Poitiers, où il demeura en dépôt, sans qu'on osât lui rendre les derniers devoirs. Pierre 1er était mort chargé de dettes et d'anathèmes. Pour l'obliger à les payer, ses créanciers, selon l'usage du temps, avaient eu recours, mais en vain, aux foudres de l'Église; on le traitait après sa mort en excommunié ; peut-être même que ce prince, arrière-petit-fils de saint Louis, beau-frère du roi Philippe de Valois, de l'empereur Charles IV, du roi de Bohême, père des reines de France et de Castille, mort en combattant pour la patrie, aurait été privé à jamais de la sépulture, sans la piété de son fils. Louis II, duc de Bourbon, âgé seulement de dix-huit ans, se hâta d'offrir au pape Innocent VI tous ses biens, pour satisfaire les créanciers de son père. Ce ne fut qu'à ce prix qu'il obtint du pontife la révocation de l'anathème lancé contre l'auteur de ses jours; il alla lui-même chercher à Poitiers ses tristes restes, les conduisit à Paris, et les fit inhumer avec beaucoup de pompe, sous un tombeau de marbre noir, aux Jacobins, dans la chapelle de Bourbon.

Pierre Ier, duc de Bourbon, laissa d'Isabelle de Valois, son épouse : 1° Louis II, duc de Bourbon ; 2° Jeanne , reine de France ; 3° Blanche, reine de Castille ; 4° Bonne, comtesse de Savoie; 5° Catherine, épouse de Jean III, comte d'Harcourt ; 6° Marguerite, épouse d'Arnaud Amanieu, sire d'Albret; 7° Isabelle, non mariée ; 8° Marie, prieure de Poissy, et un fils naturel, Jean, seigneur de Rochefort.

HISTOIRE DE LA MAISON DE BOURBON. AGUSTE SAVAGNER.

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LES BOURBONS.

CHAPITRE II.

ANCIENS SEIGNEURS DE BOURBON.

ROBERT DE FRANCE, COMTE DE CLERMONT, BARON DE BOURBON ET DE CHAROLAIS,

SEIGNEUR DE CREIL, DE GOURNAI ET DE SAINT-JUST.

Robert de France, sixième fils de saint Louis, venait de perdre son père devant Tunis (1270). Il avait à peine atteint l'âge de porter les armes, qu'il accompagna le roi Philippe le Hardi dans son expédition des Pyrénées (1271) contre Roger Bernard, comte de Foix. Le jeune comte de Clermont se montra digne héritier de la valeur de ses ancêtres; il força des postes, prit des villes et se couvrit de gloire. Quelques années après, le roi lui fit épouser Béatrix de Bourgogne, princesse du sang, fille unique et héritière de Jean de Bourgogne, baron de Charolais, et d'Agnès, dame de Bourbon et de Saint-Just. Ce fut au milieu des fêtes préparées pour ce mariage que Philippe le Hardi lui conféra l'ordre de la chevalerie. Cette cérémonie fut suivie de joutes et de tournois où Robert se fit admirer ; mais la réputation qu'il y acquit lui devint funeste. L'arrivée du prince de Salerne, héritier de la couronne de Sicile, prince du sang de la branche d'Anjou, donna lieu à de nouvelles fêtes guerrières.

Impatient de signaler et son adresse et sa force, le comte de Clermont voulut être le principal tenant du tournoi : il reçut de si furieux coups sur la tête, que son esprit et son corps s'en ressentirent également. Il survécut quarante ans à ce déplorable accident. Certainement il eut des intervalles lucides, puisqu'on le voit admis dans les conseils et chargé de négociations très-importantes. Ce fut lui qui, ayant pour collègue le roi de Navarre, depuis Louis X, son petit neveu, et le prince Louis de Clermont, son fils, négocia et conclut heureusement un traité perpétuel de ligue offensive et défensive entre Philippe le Bel et l'empereur Henri VII (1310). Il avait déjà témoigné beaucoup de fermeté et de vigueur en défendant les droits de son épouse contre sa belle-mère, Agnès de Bourbon. Cette princesse, après avoir épousé en secondes noces Robert II, comte d'Artois, entreprit (1282) de démembrer la baronnie de Bourbon en faveur de ce prince, dont elle n'avait point d'enfants. Robert de France réclama l'appui des lois : le parlement, à la tête duquel était Philippe III, déclara de nouveau, ainsi qu'il avait été fait sous Philippe-Auguste, la baronnie indivisible, et l'adjugea dans toute son étendue à la comtesse de Clermont.

C'est ainsi que le Bourbonnais, cette belle province, le Charolais, plus fertile encore, et la seigneurie de Saint-Just entrèrent dans la maison de France, beaux et vastes domaines, qui, joints au comté de Clermont et aux seigneuries de Creil et de Gournay, formèrent aux descendants de Robert un patrimoine qui répondait à la splendeur de leur naissance. Mais de tous les événements auxquels le comte de Clermont eut part, nul ne le toucha plus que la canonisation du roi Louis IX, son père (1297). Philippe le Bel consacra au nouveau saint la fête la plus magnifique : on leva le corps à Saint-Denis, et on le porta à la Sainte-Chapelle de Paris, où il fut exposé pendant plusieurs jours à la vénération publique. Le roi ne voulut confier qu'à lui-même, aux comtes de Valois et d'Évreux, ses frères, au comte de Clermont, son oncle, et aux deux fils de ce prince, tous fils ou petits-fils de saint Louis, le soin attendrissant de rendre à Saint-Denis les reliques du bon roi : ils chargèrent sur leurs épaules ce glorieux fardeau et le transportèrent à pied au milieu des bénédictions du peuple[1]. Le comte de Clermont ne s'en tint point à de stériles hommages envers l'auguste auteur de ses jours ; il marcha sur ses traces avec autant de joie que de courage : comme lui il fut bon, juste, généreux, compatissant, chaste, et partagea ses biens avec les pauvres ; il fonda l'hôpital de Saint-Julien de Moulins, et mourut en 1317. Il fut enterré à Paris, aux Jacobins de la rue Saint-Jacques, sous un tombeau de marbre, au-dessus duquel on voyait sa statue. Le couvent et le tombeau ont été détruits durant les orages révolutionnaires du dernier siècle.

Le célèbre Santeul consacra l'épitaphe suivante à ce père de tant de héros et de rois :

« Hic stirps Borbonidum, hic primus de nomine princeps

» Conditur ; hic tumuli, velut incunabula regum,

» Hue ventant proni regali e stirpe nepotes :

» Borbonii hic régnant, invita funere, mânes, »

Robert, avant sa mort, avait eu la joie et la consolation de voir ses deux fils combattre en héros pour la patrie, et lui rendre les services dont ses infirmités ne lui permettaient plus de s'acquitter.

 

[1] Le dessin ci-contre représente fidèlement la châsse de saint Louis, telle qu'elle existait avant la révolution. Elle est placée sur un brancard, soutenu de six lances ou bannières, nombre égal à celui des fils qu'avait eus saint Louis; les ornements» accessoires sont appropriés à la touchante cérémonie de la translation. Au-dessous on voit les armes de Robert de France et de Béatrix de Bourgogne, son épouse.

CARTEL ALLÉGORIQUE DE LA TRANSLATION DES RELIQUES DE SAINT LOUIS.CARTEL ALLÉGORIQUE DE LA TRANSLATION DES RELIQUES DE SAINT LOUIS.

CARTEL ALLÉGORIQUE DE LA TRANSLATION DES RELIQUES DE SAINT LOUIS.

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LES BOURBONS.

CHAPITRE PREMIER.

ANCIENS SEIGNEURS DE BOURBON.

L'origine des anciens sires de Bourbon se perd dans la nuit des temps. Ils prenaient, au commencement de la seconde race de nos rois, les titres de princes, de barons et de comtes. Aymar, l'un d'eux, fonda, en 921, le prieuré de Souvigny en Bourbonnais; deux frères de cette ancienne maison, nommés l'un Anceaume et l'autre Archambaud, jetèrent en même temps les fondements de deux villes qui existent encore aujourd'hui, la première sous le nom de Bourbon-Lanci, et l'autre sous celui de Bourbon-l'Archambaud.

Lorsque Hugues Capet parvint au trône, les barons de Bourbon relevaient immédiatement de la couronne, et tenaient leurs fiefs en même dignité que les ducs de Bourgogne, de Normandie et de Guienne, et les comtes de Toulouse, de Champagne et de Flandre, seuls compris depuis au nombre des pairs de France. Ils partageaient encore ce glorieux avantage avec les comtes de Vermandois, de Chartres, de Blois, de Tours, d'Anjou, d'Auxerre, du Perche, de Meaux et de Mâcon; les barons de Montmorency, de Beaujeu, de Couci et quelques autres ; mais la baronnie de Bourbon fut toujours réputée la première et la plus ancienne du royaume, jusqu'à ce que, ayant été érigée en duché-pairie, les sires de Montmorency prirent alors, de l'aveu du roi et de la nation, le magnifique titre de premiers barons de France. La première dynastie des sires de Bourbon subsista pendant trois siècles, et compta douze princes ou barons, dont sept Curent connus sous le nom d'Archambaud. Leur histoire présente de grands exploits, des croisades, des fondations de villes, de châteaux, d'églises et de monastères; ils ne contractèrent que des alliances dignes d'eux, avec les maisons de Limoges, de Sully-Champagne, d'Auvergne, de Tonnerre, d'Anjou, de Savoie et de Bourgogne; riches, braves et puissants, ils étaient tour à tour, comme les grands vassaux de la couronne, l'appui et la terreur du trône.

Les états de ces anciens seigneurs de Bourbon furent dévastés non-seulement par des guerres étrangères, mais encore par des guerres intestines. Archambaud V trouva des oppresseurs jusque dans sa famille ; il fut dépouillé de ses domaines par Aymon II, son oncle, surnommé Vaire-vache, à cause de la variété des couleurs de son poil. Archambaud chercha un asile auprès du roi Louis VI qui, à force de courage, d'application et d'équité, s'était élevé à un degré de puissance que ses prédécesseurs n'avaient pu atteindre; le monarque somma l'usurpateur de comparaître devant lui ; Aymon ne répondit aux ordres de son souverain que par des refus insultants. Louis, indigné, marcha en Bourbonnais à la tête de son armée, conquit la province et assiégea le rebelle dans le château de Germini, où il s'était puissamment fortifié : après une vigoureuse résistance, Aymon fut obligé de tomber aux pieds du vainqueur; il réclama sa clémence. Louis, qui pouvait venger la majesté du trône par le supplice du coupable, lui pardonna; mais il rendit le Bourbonnais à Archambaud V, qui peu de temps après mourut sans enfants, laissant ses états à l'oncle ambitieux qui s'en était si déloyalement emparé.

Archambaud VII, le dernier prince de la première race de Bourbon, ne laissa de son mariage avec Alix de Bourgogne qu'une fille appelée Mahaud de Bourbon. Mahaud épousa successivement : Gaucher de Vienne, seigneur de Salins, dont elle fut séparée pour cause de parenté ; et Gui de Dampierre, d'une des plus illustres maisons de Champagne. Elle eut de son premier mari, Marguerite de Salins, épouse de Guillaume de Sabran, comte de Forcalquier; et du second, une postérité qui effaça l'éclat de la première race de Bourbon.

L'aîné des fils de Mahaud de Bourbon et de Dampierre prit le nom, le cri et les armes de Bourbon, et devint le chef de la seconde dynastie des sires de Bourbon ; il est connu sous le nom d'Archambaud VIII. Il eut à soutenir un célèbre procès contre la comtesse de Forcalquier, sa soeur utérine, qui lui disputait la possession de la baronnie. Archambaud prouva devant Philippe-Auguste et son parlement : 1° que la baronnie de Bourbon ne pouvait être le partage des filles qu'au défaut des mâles ; 2° qu'elle ne pouvait être ni divisée ni démembrée. La comtesse de Forcalquier renonça à ses prétentions, moyennant une indemnité de treize cents marcs d'argent, somme alors très-considérable ; cette transaction, autorisée par une charte de Philippe-Auguste, datée de 1211, laissa Archambaud VIII paisible possesseur d'un des plus nobles fiefs de la couronne.

Archambaud, par ses exploits et par sa puissance, mérita le surnom de Grand ; il défit le comte d'Auvergne qui s'était révolté contre le roi, soumit ses états, et partagea avec Philippe-Auguste les dépouilles du vaincu. Il eut la gloire, avant sa mort, de placer sur le trône de Navarre Marguerite de Bourbon, sa fille, à qui il donna en dot la somme de trente six mille livres, qui en vaudrait aujourd'hui plus de huit cent mille ; enfin, après une longue et brillante carrière, Archambaud fut tué en 1238, à la bataille de Cognac.

Archambaud IX, fils et héritier d'Archambaud VIII, fut aussi brave et beaucoup plus puissant que son père ; il mourut dans la première croisade de saint Louis, et fut universellement regretté. Il avait épousé Yoland de Châtillon, la plus riche héritière du royaume, qui lui avait apporté les comtés de Nevers, d'Auxerre et de Tonnerre, et les baronnies de Montjai, de Thorigny, de Broigny, de Donzy, de Saint-Aignan et du Perche-Gouet ; elle ne lui donna que deux filles, Mahaud et Agnès de Bourbon, qui furent mariées aux deux fils aînés de Hugues IV, duc de Bourgogne : l'aînée eut en partage les biens maternels, Agnès les biens paternels; celle-ci n'eut de son mariage avec Jean de Bourgogne que Béatrix de Bourgogne, épouse de Robert de France, comte de Clermont.

Archambaud VIII, surnommé le Grand, eut un frère, Guillaume de Dampierre-Bourbon, dont la puissance et la fortune parvinrent au plus haut degré : il épousa l'héritière du comte de Flandre; sa postérité régna longtemps et avec éclat; le dernier de ses descendants fut Jeanne de Dampierre, qui porta les comtés de Flandre, d'Artois et de Nevers dans la maison de Bourgogne, d'où ils ont passé dans celle d'Autriche par le mariage de Marie de Bourgogne avec l'empereur Maximilien 1er. C'est ainsi que les deux plus augustes maisons de l'Europe, celles de Bourbon et d'Autriche, tirent leur origine maternelle de la maison de Dampierre-Bourbon.

Nous verrons le nom de Bourbon, déjà si illustre, acquérir encore plus de puissance et de célébrité...

Image : Source Wikipedia.

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