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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

symbolisme chretien

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #SYMBOLISME CHRÉTIEN

A  Paray. Devant une vieille pierre

Quand vous sortirez de la chapelle mystérieuse et fervente où vous aurez longuement prié, sonnez à la porterie du monastère. Un déclic : celui qui ouvrit à tant de saintes filles la porte qu'elles n'ont plus jamais  repassée.  Vous  voilà  dans  la  petite cour  intérieure  qui  donne  accès  aux parloirs.  Faites  dix  pas.

Retournez-vous vers  l'entrée  que  vous  venez de  franchir.

A  deux  fois  hauteur  d'homme,  c'est  elle,  la  belle  vieille pierre  de  Paray.

Une tradition orale.

Il y avait naguère à la porterie du couvent une vieille sœur qui avait fait son  oblation de Tourière en  1833.  Elle est morte en 1891, à l'âge de 84 ans, bientôt suivie (1892) d'une compagne qui avait alors 64 ans.

Et les Soeurs qui m'ont parlé d'elles se rappellent fort bien que ces deux vieilles Soeurs, parlant de la vieille pierre, disaient toujours : « cette pierre-là,  elle  était sur l'ancienne façade  de la chapelle ».

Or, les deux vieilles soeurs devaient le savoir, parce que  toutes  les  deux— et la  plus  ancienne pendant  22  ans (de 1833 à 1835) — elles avaient vu de leurs yeux cette ancienne façade[1].

L'ancienne façade.

Elle  n'avait  rien  d'artistique,, cette  façade  qu'avait  fait élever en  1633 la  mère  de Lingendes, et qui fut remplacée,  en 1855,  par  celle  d'aujourd'hui.  Elle «était  sans  sculpture ; au milieu  se  trouvait une  grande fenêtre  cintrée [2]».

Mais, si elle était saris art, elle avait le grand mérite d'avoir accueilli, à  son  entrée au  monastère,  une jeune fille  qui  venait du  hameau  de  Lhautecour...

Établies à Paray depuis le 4 septembre 1626, c'est le 14 septembre  1632  que  les  Visitandines  s'étaient  installées  dans  le local  qu'elles  occupent  encore  aujourd'hui  et  que  leur  avait cédé   les   Jésuites.

« Le  petit essaim fondateur sortait du monastère de  Lyon-en-Bellecour,  à  l'ombre  duquel  saint  François  de  Sales  était mort en  1622 et qui avait l'insigne privilège de posséder le cœur de ce bienheureux Père.

Ce  fut donc bien l'esprit primitif de l'Institut qu'apportèrent avec elles,  en cette nouvelle ruche, les soeurs fondatrices.

«Toutes ces  âmes,  d'après-les mémoires du temps, étaient de  grande vertu, extraordinairement gratifiées de Dieu, surtout d'un don  d'oraison très sublime.   

«C'est  sœur Marie-Marguerite  Fontaney  qui,  sur  son  lit d'agonie, et souffrant d'étranges douleurs,  s'écriait :   « O  douce main de mon Époux, crayonnez,  crayonnez en  moi  selon votre volonté » ! La  supérieure pria  la  mourante de  lui  dire  quelle était sa  pensée,  en  poussant cette  exclamation  :   « Ma  chère Mère », répondit-elle, « c'est que je me tiens devant Dieu comme «ne toile d'attente devant son peintre ; je le supplié de crayonner en moi l'image parfaite de mon Jésus crucifié ».

Ainsi semble-t-il que, dès l'origine, le divin Maître ait voulu  initier les  âmes  de cette Maison  au  mystère de la toile d'attente, sur lequel la bienheureuse devait recevoir de si vives et pénétrantes lumières[3]»

Faut-il croire  aussi  qu'il les  ait,  dès  l'origine, initiées  au mystère  de  son  coeur ?

Un jour, se présentant couvert de plaies, à sainte Marguerite-Marie,  Il lui dit « de regarder l'ouverture de son sacré côté, qui était un  abîme sans fond  qui  avait  été fait  d'une flèche sans mesure,   qui   est  celle  de  l'amour[4] »

Le Coeur.

Or,  voici, sur notre vieille pierre,  l'image du vrai  coeur  de Jésus,  percé  en  abîme  et  transverbéré de  deux flèches.

Ce n'est point-là le coeur visitandin, cet « unique coeur percé de  deux  flèches,  enfermé  dans  une  couronne  d'épines...  servant l'enclavure  à  une  croix ; et...  gravé  des saints noms  de  Jésus et de  Marie »  que  le  saint Fondateur avait donné  pour armes à sa  Famille.  Expliquant le  choix qu'il  avait fait  de  ces  armes, Saint François de  Sales avait dit « J'ai pensé... qu'il nous faut prendre  pour armes  un  unique coeur  etc..  car  vraiment notre petite congrégation est un ouvrage du coeur de Jésus et de Marie.

Le  Sauveur  mourant nous  a  enfantés  par  l'ouverture de  son Sacré-Coeur... »— C'est le coeur ouvert qui les a enfantées qu'ont voulu reproduire les  Visitandines de  Paray, vraies dépositaires de  l'esprit  du  Fondateur.

Mais  ce  coeur  de  Jésus  n'est point  tel  que  l'a  représenté sainte Marguerite-Marie. Il n'a ni la croix, ni la couronne d'épines. Et la forme de sa blessure est totalement étrangère à la Voyante. Par tous ces  détails, il nous dit, ce  coeur naïf, qu'il est antérieur   aux  Grandes   Révélations  qu'il  présage.

On  dit  que  l'autel  même  des  Apparitions  fut  « détruit vingt ans  après la  mort de  la Sainte,  au  moment des  grandes réparations faites  à l'intérieur de  la chapelle[5] ».

Il  est  assez peu vraisemblable que les  Soeurs  de la  Confidente, aujourd'hui si vénérée, aient voulu fixer,  dans une façade où l'on ne signale aucune  modification  avant   1855,   le   souvenir   d'événements dont  elles  perdaient sans  trouble  le  plus  précieux témoin.  En tout cas,  si  l'on avait fait sculpter notre pierre en souvenir ou sous l'influence de la Grande Apôtre du Sacré-Coeur, on y aurait certainement  reproduit les  caractéristiques de l'image de  1685.

D'ailleurs  à  quoi  bon  tant d'hypothèses ?  Regardez  bien la pierre silencieuse. Par la forme archaïque du coeur, par la tournure  des  naïfs angelots qui  le  dominent, elle vous  dira qu'elle est « Louis XIII » et  qu'elle  date  de  la  construction  même  de la  chapelle.

Les flèches.

— Mais  dans les  armoiries pieuses les flèches frappant un coeur, de  haut en  bas,  ne symbolisent-elles pas d'ordinaire la grâce  et  l'amour  divin  qui  transperce  le  coeur  du  chrétien ?

— Elles  signifient  la  grâce  et  l'amour divin  transperçant le  coeur que le blason présente. C'est le coeur de Jésus qui nous est ici  montré.  C'est lui  qu'atteind la flèche  de  l'amour divin.

N en  a-t-il  pas  été  réellement navre? «Vous avez  blesse mon coeur,  ma soeur  et mon  épouse » (î) dit Jésus à l'âme qui le  contraint suavement à l'amour. Parlant à  l'Esprit d'Amour dont vous apercevez dans notre vieille pierre le battement d'ailes, Jésus peut lui dire aussi :  « Vous avez blessé mon coeur ». L'Esprit Saint qui «forma ce  coeur dans le sein  de  Marie » lui a fait une  inguérissable plaie  que  la  blessure du  coup  de  lance devait  un jour symboliser.

—Mais c'est là une idée mystique et que nul n'avait reproduite  encore !

— Regardez cette gravure  du  musée  de Munich ci-contre, qui précéda de  cent cinquante  ans  notre  pierre  de  Paray.

« Cette image, dit le Père Hilaire de Barenton qui la reproduit  lui-même,  représente  Dieu  le  Père  frappant  le coeur  de son  Fils[6] » Et cette interprétation, qui  favorise celle  que je viens  de   donner  des  flèches «parodiennes», est manifestement vraie.

Mais un autre détail m'incite, mon Révérend Père, à vous quereller.

La plaie en forme de  croissant.

Dans son  beau  livre,  que je  n'oserais  pas appeler parfait, mais que j'estime nécessaire à qui ne veut pas se laisser déformer l'esprit par certaines idées courantes, le Père Hilaire de Barenton présente  un  sceau  d'inspiration  franciscaine,  qu'il  m'a  aimablement  autorisé  à  reproduire  dans  Regnabit.

« Ce  sont, dit le  Père  Hilaire de Barenton, les  cinq  Plaies sur  la  croix  et la  couronne  d'épines».

« Les  cinq  Plaies  ainsi représentées  sont  considérées  comme  faisant partie des  armes franciscaines.  Mais  nous  ignorons  quand  a  commencé  l'usage de  telles  armes».  «On  n'y voit  pas  le  coeur,  mais  seulement la plaie  du  côté ».

— Pourquoi la plaie du côté, mon Révérend Père ? Ce croissant entouré de quatre étoiles ce n'est pas plus la plaie du côté que  la plaie du  coeur.  C'est la plaie.

Certes,  dans  les  armoiries  profanes,  étoiles  et  croissants « laïques »  ne  sont point rares.  Le  blason  de  Jean Bochart de Champigny,  membre  du  Parlement en  1628  porte «d'azur  au croissant d'or  surmonté  d'une étoile de même». Celui  de  François Bailly,  conseiller au parlement de Bourgogne, vers 1644, est «d'azur,  à  fasce  d'argent,  accompagnée de trois  étoiles d'or en chef  et  d'un  croissant en  pointe  de  même ».

Celui  de  Gabriel Aunon,  conseiller  au  parlement de Grenoble  vers  1680,  est  de sable, au lion d'argent chargé d'un croissant montant de gueules, accosté de deux étoiles d'azur». Celui d'Annet Rauvier, échevin de la ville de  Lyon, vers 1694,  est d'azur au croissant d'argent surmonté  d'une  étoile  de  même».

Celui  de  Carpentier,  de  la Chambre des Comptes, 1699, est «d'azur, à un chevron d'or accompagné  de  deux  étoiles   de   même  en   chef,   et  d'un  croissant montant d'argent en  pointe».

Celui  de  Franquetot de  Coigny, maréchal de  France,  mort  en  1759,  est  «de gueules,  à la fasce d'or chargée de trois étoiles d'azur et accompagnée de trois croissants montant d'or, deux en chef, un en pointe. Celui de Lethors de Thory à la cour des Monnaies en 1772, est « d'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux croissants d'argent, et en pointe d'une étoile  de  même ».  — J'en omets vingt  que  j'ai là  sous les  yeux.  Et  que  d'autres  on  pourrait  trouver !

Mais dans le sceau du Commissaire de la nouvelle Espagne, comme  dans  les  belles  armoiries  de  la  famille  séraphique,  le croissant et les quatre étoiles ce sont évidemment les cinq plaies de Jésus,  celle  du  milieu se  manifestant la  plus  importante.

On sait que, dès la seconde moitié du XVe siècle se trouvent abondantes les images des Cinq Plaies comprenant le coeur blessé de  Jésus.  A  cette  époque on  ne  représente pas  tout le  Christ vulnéré.  On  en  est  encore aux simplifications héraldiques. On ne  représente pourtant pas le  coeur  tout seul.  On le  figure  au milieu des deux mains et des deux pieds percés. Et, si nous comparons ces  deux  manières héraldiques  de  représenter  le  cœur de Jésus, ne vous semble-t-il pas que celle du  quinzième siècle a  ses  avantages ?

Puis,  on  simplifie  encore.  Parfois  l'apparence des  mains et des pieds disparaît, laissant voir quatre plaies en forme d'étoiles ou  de  larmes,  au  milieu  desquelles  reste  le  coeur  au  naturel.

Parfois — comme dans les  exemples  donnés plus haut — on ne voit plus  que les  cinq plaies : celle  du  coeur— la plus importante —  en  forme  de  croissant.

Et ce m'est un bonheur de retrouver cette forme archaïque de la plaie sur le  coeur  que  la pierre  de  Paray nous  présente.

Le vrai coeur  vivant de  Jésus. A quelle influence d'ailleurs obéit l'artisan qui la sculpta ?

Et quel fut cet homme dont je serrerais volontiers la main rugueuse ?  Est-ce vous,  Anthoine Guillemin, «bon  maçon et tailleur de pierres,  qui  aviez « reçu la  commande» de  la  bâtisse ?

Ou quelqu'un de vos sous-ordres, compagnon du tour de France, qui  avait  beaucoup  vu ?

Et qui  donna l'idée de  mettre sur la façade extérieure de la  chapelle l'image  du  vrai  coeur  vivant  qui  allait  se  révéler dans cette chapelle même pour rayonner de là sur l'univers ?

Les religieuses n'ont point parlé. La pierre garde son secret.

Les  angelots fixent dans le  vague leurs  grands yeux gris.

Pieusement relégués dans la petite cour intérieure, ils n'ont pas vu l'affluence des pèlerins qui, aux grands jours de l'Année jubilaire, se pressaient dans la rue voisine pour aller contempler, dans l'enclos même du couvent, la  cour des Séraphins,  le  célèbre  noisetier,  la  chapelle  édifiée  par la  Voyante  elle-même.

Qui  sait!  Peut-être préfèrent-ils ne  plus  rien  voir.  Le  samedi  20  juin  1671,  ils  ont aperçu,  venant par la   grand'route, une  jeune fille  qui  sans  doute  ne  les  remarqua  point...

Au  moment où,  sous la vieille pierre impassible, l'élue  de Dieu franchit la porte de la  chapelle, les vrais anges  des cieux la saluèrent, la  vraie colombe  d'amour la couvrit de  ses  ailes, et,  dans  le  Tabernacle devant lequel  elle s'agenouilla,  le  cœur vivant  de  Jésus  palpita  d'un  ardent  amour...

F. ANIZAN.

[1]  Ces détails m'ont été donnés, de vive voix, au monastère. [2] Abbé Châtelet. Guide des Pèlerins à Paray-le-Monial, p. 29. [3] Vie et OEuvres de ta Bse Marie Alacoque, T. III, p. 181,182. [4] Vie et OEuvres, T. II, p. 141. [5] Abbé Châtelet, Guide des Pèlerins à Paray-le-Monial, p. 30. [6] La dévotion au Sacré-Coeur. Doctrine, iconographie, histoire, p. 125.

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Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #SYMBOLISME CHRETIEN

LA GAULE MÉROVINGIENNE

CHAPITRE PREMIER

L’établissement des barbares en gaule

L'Empire romain ne s'effondra pas d'un seul bloc ; miné longuement et de toutes parts, il se désagrégea peu à peu. Son ossature demeura, imposant sa forme aux nouvelles sociétés fondées sur ses ruines par les peuples germaniques.

L'établissement des Barbares en Gaule fut l’œuvre de plusieurs siècles, multiple en ses formes, tour à tour et simultanément colonisation et invasion. Les Germains apparurent en Gaule tantôt comme alliés des Romains, tantôt comme ennemis ; les uns s'établissant pacifiquement en vertu de traités, les autres violemment, les armes à la main ; pénétrant par toutes les portes jusqu'à la complète soumission de la Gaule à leur autorité.

1. Origine des Germains. — Les Germains qui occupaient les pays situés au delà du Rhin et au nord du Danube, appartenaient au rameau européen de la grande famille aryenne.

Sortis de l’Asie, ils s'étaient d’abord établis dans les vallées de l’Oder et de l’Elbe, en même temps que d'autres peuples, venus eux aussi de l'Orient, envahissaient l'Italie et la Grèce. Ils étaient divisés en petits groupes n'ayant d'autres liens entre eux que la communauté des, croyances religieuses. Ce sont les Gaulois qui leur ont donné ce nom de Germains qui ne signifiait probablement rien autre chose que voisins.

2. La Germanie romaine. — Ils furent constamment une menace pour la Gaule. Les Romains durent renoncer à la conquête de la Germanie, se bornant à soumettre quelques peuplades établies sur la rive gauche du Rhin et à réduire leur territoire en province romaine : ce furent les deux provinces de Germanie, la Germanie supérieure avec Mayence, la Germanie inférieure avec Cologne pour capitales. Au cours du second siècle après J.-C, une ligne de défense fut construite, composée d'une série de postes fortifiés, distants les uns des autres d'une demi-journée de marche, et reliés par une route protégée, là où les fleuves ne formaient pas une défense naturelle, par un retranchement en terre en avant duquel était creusé un fossé. Cette ligne, limite de l'Empire, limes du côté de la Germanie, s'étendait de Rheinbrohl sur le Rhin, en aval d'Andernach, jusqu'en un point voisin de Lorch (Wurtemberg) où elle se reliait au limes de Rétie.

3. Incursions des Germains en Gaule. — Grâce à cette ligne fortifiée, grâce aussi aux stations militaires établies en arrière, les Romains purent contenir pendant plus de deux siècles les Germains dans leur pays. Mais les luttes qui éclatèrent en Germanie, luttes intestines dans l'intérieur de chaque peuple, luttes de peuple à peuple, comme aussi l'organisation de bandes guerrières formées d'hommes liés par des serments à des hommes plus puissants ou plus audacieux qui leur servaient de chefs, lancèrent sur la Gaule à partir du troisième siècle des troupes de pillards qui, franchissant le Rhin, s'avançaient jusqu'au cœur de la Gaule, ravageant les campagnes, s'attaquant même aux villes, et retournant dans leur patrie chargés de butin

Il ne faut pas chercher la cause de ces invasions dans une haine de race de la part des Germains à regard des Romains. Ces barbares se jetaient sur l’empire, les uns chassés de leur domicile par de nouveaux occupants, les autres alléchés par l’appât des richesses accumulées dans les villes gauloises. Ils étaient si peu les ennemis de la société romaine qu'on les trouvait toujours prêts à s'y introduire comme alliés et comme colons dès qu'on leur faisait une place. A partir du milieu du troisième siècle après J.-C, c'en fut fait pour la Gaule de la paix romaine.

Fig-. 1. — Momaie en bronze de l’empereur Maximilien représentant cet empereur à cheval, précédé par la Victoire et foulant aux pieds deux Germains (236 après J.-C).

Les efforts des empereurs s'épuisèrent contre les afflux toujours nouveaux de Barbares. Les expéditions des empereurs en Germanie, encore qu'elles fussent le plus souvent marquées par des succès, n'imposèrent aux Germains que des arrêts provisoires dans leur poussée vers l'Occident. Ni Maximin (235-238), ni Gallien (253-268), ni Postume (258-267) ne parvinrent à les maintenir sur la rive droite du Rhin.

Des bandes de pillards germains couraient la Gaule, jetant partout l'effroi et ne laissant derrière eux que des ruines. De CCS destructions, des preuves matérielles subsistaient encore il y a quelques années. Vers la fin du IIIème siècle en effet, les villes de l'intérieur, jusque-là ouvertes, s'entourèrent de fortes murailles qui servirent pendant tout le moyen âge, et dont la plupart n'ont été jetées à bas que dans notre siècle.

C'est une de ces rares démolitions que ne puissent déplorer les archéologues ni les historiens, car elles ont mis aujourd’hui des monuments antiques, bas-reliefs et inscriptions qui nous ont fait pénétrer dans la vie même des cités romaines.

Fig. 2. Monnaie en bronze de l’empereur Gailien. Au revers : Victoire aux pieds de laquelle deux Germains captifs (253-268 après J.-C.).

Fig 3. Murs gallo-romains de Sens. Tour vis-à-vis le Clos-le-Roi, aujourd’hui détruite.

En effet, les soubassements de ces puissantes murailles étaient composés d'énormes blocs de pierres provenant d'anciens édifices, tombeaux, temples, arcs de triomphe.

Ces murailles avaient été édifiées rapidement, sous l'influence de pressantes nécessités, avec des matériaux empruntés aux édifices qui s'élevaient en dehors du périmètre de la nouvelle enceinte, et déjà à moitié ruinés par les Barbares.

Vers l'an 273, Aurélien détruisit un corps franc près de Mayence, victoire que les soldats romains célébrèrent dans une chanson qui courut les camps.

Probus (276-282) ne combattit pas les Germains avec moins le succès. Il pénétra en Germanie et contraignit les rois barbares à implorer sa clémence, à lui livrer des otages et à lui payer les contributions. Le retranchement lui couvrait les terres Décumales fut relevé, des camps retranchés et des greniers furent établis au-delà du Rhin.

L’empereur distribua des terres à des colons et livra à la culture des territoires jusque-là déserts ; enfin, il prit à sa solde I6.OOO Germains qu'il incorpora dans les légions. Les victoires de Probus eurent un singulier retentissement; il semblait aux Romains que les Germains fussent à jamais fixés dans leur pays. Les nations barbares sont soumises, disait-on, à quoi bon forger des armes ? Il n'y a plus besoin de soldats.

L'ère des guerres est close. La paix romaine va régner partout. Le monde entier est soumis aux lois de l'Empire.

Espérances éphémères, optimisme auquel la recrudescence des invasions qui suivit la mort de Probus donna bientôt un cruel démenti.

Aussi bien, les luttes intestines qui sévissaient en Gaule dans le même temps nécessitèrent qu'on dégarnît de troupes la frontière du Rhin et favorisèrent les incursions des Barbares.

Maximien Hercule, à qui Dioclétien avait confié le gouvernement de la Gaule, dut tout ensemble réprimer la guerre civile et faire face aux Hérules et aux Chaibons, aux Burgondes et aux Alamans qui, les uns au nord, les autres au sud, franchissaient le Rhin.

Certains corps sont détruits ; la famine décime les autres. Mais en 288 les Barbares reparaissent aux portes de Trêves.

En 297, les Alamans s'avancent dans le voisinage de Langres. Constance Chlore les arrête.

En 357, le césar Julien rejeta au-delà du Rhin une armée de 35.000 Alamans, puis il pénétra en Germanie. Après avoir relevé les forteresses romaines, il conduisit ses troupes sur la basse Meuse contre les Francs Saliens, auxquels il abandonna la Toxandrie entre les embouchures de la Meuse et de l'Escaut ; en retour, il exigea d'eux qu'ils se reconnussent sujets de l'Empire et qu'ils lui fournissent un corps de cavalerie. Les Francs Chamaves furent rejetés au-delà du Rhin. Une dernière campagne en Germanie, l'an 359, acheva la pacification de la frontière. Mais, dès 367, Jovinus, général de Valentinien, dut arrêter un nouveau corps d'Alamans.

L'année suivante, la ville de Mayence fut pillée ; Valentinien eut raison de cette nouvelle bande.  

Fig. 4.  Monnaie d’or de Constantin-le-Grand avec la représentation de la Porta inclyta de Trêves.

Fig 5. Monnaie d’or de Constantinople-le-Grand avec, au revers, les légendes Gaudium Romanorum et Francia et la représentation de la Francia vaincue (305-337 après J-C.)

Quelques années après, en 370, les Saxons se montrent en Gaule. En 377, 30.000 Alamans s'étant aventurés jusqu'à Strasbourg furent défaits par les troupes impériales.

4. La grande invasion (406). — Déjà des peuples germaniques autrement compacts, nombreux et puissants, menaçaient l'Empire. Tandis que les Goths se jettent sur l'Italie, les Alains, les Suèves et les Vandales, appelés par Stilicon qui voilait porter son fils à l'Empire, envahissent la Gaule, la traversent tout entière comme un torrent, et arrivent jusqu'aux Pyrénées ; arrêtés par les montagnes, ils se répandent sur les provinces du sud (406). Cependant l'usurpateur Constantinus, que les légions de la Bretagne avaient proclamé empereur, les pousse en Espagne et les y enferme. Il fait reconnaître son pouvoir en Gaule ; mais bientôt, l’empire lui étant contesté, il appelle à son secours les Barbares (411) ; la Gaule devient un champ clos où luttent Romains et Germains. La misère lui à son comble ; les villes furent détruites, les campagnes ravagées, les populations massacrées, les églises même pillées et incendiées. «. L'Océan tout entier, s'écrie un poète, s'il s'était répandu sur la Gaule aurait causé moins de ruines. » Les cris de détresse de la population s'entendirent jusqu'en Orient et vinrent troubler saint Jérôme dans sa solitude de Bethléem ; nous en trouvons l’écho dans une de ses lettres où il déplore en termes émus la destruction des plus somptueuses villes de la Gaule.

L'ère des invasions n'était pas close. L'an 451, les Huns, sortis d'Asie, chassant devant eux les Germains, les poussant sur le Danube ou sur le Rhin, ou passant sur leur corps, envahirent la Gaule, conduits par un chef redoutable, Attila, le fléau de Dieu.

Ils s'avancèrent jusqu'en Champagne. Les Romains se coalisèrent avec les Germains contre ces ennemis communs. Le général Aétius, un Romain, avec une armée composée de Wisigoth, de Burgondes, de Francs, de Saxons, les défit complètement à Moirey (bataille des champs Catalauniques), près de Troyes, et les rejeta au-delà du Rhin.

Fig 6 : Bracelet en or trouvé à Pouan  (Aube)

Fig 7 . Poignée de Scramasse trouvée à Pouan (Aube)

5.  Résultats des invasions. — Pour n'avoir laissé derrière elles aucun établissement durable, ces invasions n'en ont pas moins contribué à la chute du pouvoir impérial en Gaule et à la fondation les royaumes barbares.

Sans doute les Barbares aussi souvent qu'ils s'étaient avancés sur la rive gauche du Rhin avaient été repoussés. Mais ils semaient partout la terreur; le manque de sécurité faisait disparaître tout commerce et partant la richesse-. Les villes incendiées et pillées étaient déchues de leur antique prospérité.

Au lieu de campagnes cultivées et fertiles, ce n'étaient plus que champs dévastés et incultes. Les envahisseurs ne s'en retournaient pas sans laisser derrière eux la misère. Ces coups répétés épuisaient les forces de la population gallo-romaine ; de sorte qu'on peut dire que ces incursions et invasions ont amené par leur continuité la ruine matérielle et morale de la civilisation romaine.

6. Pénétration de l'Empire par l'élément barbare. — Plus encore que ces attaques à main armée, la pénétration pacifique de l'élément barbare dans l'Empire, et spécialement en Gaule, a préparé le terrain à l'établissement définitif des états germaniques.

Tout d'abord, c'est comme soldats que les Germains entrèrent dans l'Empire. Les troupes romaines ne pouvaient plus suffire ni à la défense des frontières, ni aux grandes expéditions entreprises par les empereurs. Aux Barbares, on opposa d'autres Barbares. Quand l'Italie, à la fin du second siècle, eut cessé de participer au recrutement des armées, que les provinciaux même eurent perdu le goût des armes et en vinrent à se racheter à prix d'or de l'impôt du sang, une armée soldée se substitua naturellement et nécessairement à l'armée nationale. Les Germains entrèrent au service de Rome, les uns librement, comme fédérés, les autres contraints, en vaincus. Dès le premier siècle, des peuplades germaniques s'étaient soumises comme alliées à l'Empire : par exemple les Bataves, les Mattiaci, les Ubiens, les Sicambres. Les conditions auxquelles ces fédérés devaient servir l'Empire étaient fixées par des traités. Ainsi Constance ayant mandé à Julien, qui résidait en Gaule, de lui envoyer, pour combattre les Parthes, des corps bataves et hérules, Julien répondit que ceux-ci n'avaient quitté les régions d’outre-Rhin qu'à condition de ne pas être conduits au-delà des Alpes. Une nation barbare était-elle vaincue, aussitôt on lui imposait de fournir un certain nombre de soldats. On incorporait aussi dans les légions des prisonniers de guerre; ainsi fit Probus ; ainsi encore Julien qui, après sa victoire sur Les Saliens et les Ouades, en enrôla une partie dans son armée. Un roi des Alamans, Vadamaire, après avoir fait pluvieuses incursions en Gaule, passa au service de l’empire et termina sa carrière comme duc de Phénicie.

Bien d'autres Germains se sont élevés aux plus hautes dignités de l’Empire. On compte au IV* siècle quatre consuls d'origine franque. Arbogaste, qui commanda les armées sous Valentinien II, était aussi un Franc. Est-il besoin de rappeler le nom du Vandale Stilicon? Des Germains ont revêtu la pourpre impériale : Magnence (350-353) et le Franc Silvanus (355).

C'était surtout pour la garde des frontières que les Romains avaient recours aux Barbares. Tibère au l" siècle, Alexandre Sévère au 111° siècle, établirent sur la frontière des Germains chargés de repousser les autres Barbares. Ce fut l'origine des colonies militaires, des Laeti. On désignait sous le nom de Lètes des troupes de Barbares à qui l'on donnait des terres à cultiver, à charge de service militaire. Le mot Lète est d'origine germanique ; il désignait chez les Francs, les Frisons et les Saxons, des hommes jouissant d'une demi-liberté. Ces Lètes s'établissaient dans les limites qui leur étaient assignées, avec leurs femmes et leurs enfants.

En temps de paix, ils se livraient à la culture; en temps de guerre, ils devenaient soldats. Leur condition était héréditaire. A la tête de chaque corps de Lètes était un préfet ; mais ces barbares, pourvu qu'ils acquittassent les charges que l'Etat leur avait imposées et qu'ils avaient acceptées, formaient un corps indépendant, conservant son droit propre, vivant suivant ses lois nationales. L'empereur seul avait le droit d'assigner des terres aux Lètes. Vers la fin du IVème siècle, les Lètes eurent une tendance à élargir leur cantonnement, quelquefois avec la connivence des autorités municipales.

Au commencement du Vème siècle, il y avait douze campements de Lètes en Gaule. Le souvenir de certains de ces corps s'est perpétué dans quelques noms de lieux, par exemple dans le village de Tiffauges-sur-Sèvres qui tire son nom des Taifali, hommes de race scythique établis dans le Poitou.

Les Germains ne remplissaient pas seulement l'armée ; ils avaient pénétré dans la société civile, surtout comme agriculteurs et colons. Les marchés d'esclaves étaient alimentés par des Barbares. Ces esclaves étaient employés aux services de la maison ou à la culture des champs. D'autres Barbares jouissaient d'une condition meilleure. La population gallo-romaine, décimée par la misère, résultat des incursions des Barbares, ne pouvait plus suffire à la culture. Un grand nombre de terres étaient désertes : on y installa des Barbares.

A la suite de chaque campagne en Germanie, on ramenait des captifs auxquels l’État assignait des terres du fisc, ou bien qu'il cédait aux grands propriétaires. Et comme c'était là une mesure d'intérêt public, défense était faite aux propriétaires de vendre ces colons qui étaient attachés de père en fils à leur lot de terre. Le rhéteur Eumène, à la fin du IIIème siècle, félicitait Constance Chlore d'avoir établi des Barbares dans des lieux déserts. « De grands espaces incultes, dit-il, dans les territoires d'Amiens, de Beauvais, de Troyes, de Langres, reverdissent maintenant, grâce aux Barbares. » Ainsi les Barbares tenaient l'Empire par les colonies militaires et agricoles.

Quelques esprits perspicaces s'alarmaient d'un pareil état de choses. A la veille de l'invasion de 406, l'évêque Synésius s'écriait : « La garde de la patrie et des lois appartient à ceux qui ont intérêt à les défendre ; ce sont là les chiens dont parle Platon, prédestinés à la garde du troupeau. Que si le berger mêle les loups à ses chiens, il aura beau les prendre jeunes et chercher à les apprivoiser, malheur à lui ! Dès que les louveteaux auront senti la faiblesse ou la lâcheté des chiens, ils les étrangleront, et avec eux le pasteur et le troupeau. »

Ce n'est pas que les Barbares qui s'étaient attachés à la fortune de l’Empire n'y restassent fidèles. L'Empire trouva généralement dans les Barbares des serviteurs dévoués. Les révoltes parmi les soldats germains étaient rares ; on ne voit pas que les Lètes ou les colons aient prêté main forte aux Barbares nouveaux venus. Il n'en est pas moins vrai que les races se mélangeaient, que ces Barbares, chaque jour de plus en plus nombreux, débordaient la population romaine, et tendaient à l'absorber. Leurs moeurs et leurs lois s'infiltraient dans les usages et les institutions romaines. Un rapprochement insensible s'opérait sourdement et lentement entre les deux civilisations romaine et germanique ; l'élément barbare était pour l'Empire un dissolvant. Il devait arriver que dans cette lutte entre deux sociétés, la plus jeune l'emporterait.

7. Fondation des royaumes barbares. — C'est ce qui eut lieu au V* siècle, quand trois royaumes barbares se fondèrent en Gaule, celui des Wisigoths, celui des Burgondes et celui des Francs.

8. Le royaume des Wisigoths. — Les Goths apparaissent très anciennement dans le nord de la Germanie et en Scandinavie où ils ont laissé leur nom à l'île de Gothland. Dès le IIIème siècle, une partie de ce peuple s'établit sur les côtes du Pont-Euxin. Mais en 375, les Goths de l'Ouest, qu'on désigne sous le nom de Wisigoths pour les distinguer des Goths de l'Est ou Ostrogoths, chassés par les Huns des pays qu'ils occupaient, se présentèrent en suppliants aux frontières de l'Empire, demandant à être admis sur les terres romaines ; on les cantonna en Mésie. Plus tard leur roi Alaric, qui aspirait au commandement des forces romaines, passa en Italie, saccagea Rome et fit donner la pourpre à Attalus , gardant pour lui le litre de maître de la milice. Son successeur Ataulphe se jeta sur la Gaule en 412. Valence et Narbonne tombèrent en son pouvoir. Il devint l’allié de l’empereur Honorius dont il épousa la soeur, Placidie, puis il marcha à la conquête de l'Espagne.

Fig 8 : Bas-relief du musée de Narbonne.

Fig 9 : Pierre gravée du trésor de Guarrazar représentant l’Annonciation (Musée de Madrid)

Wallia, son successeur, obtint en 419 de l'empereur Constance la cession de I ’Aquitaine depuis Toulouse jusqu'à l’Océan.

Toulouse devint la capitale des rois wisigoths qui, de 419 à 466, restèrent les sujets de l'Empire ; sujets insoumis toutefois, tournant sans cesse leurs armes contre leur suzerain, concluant des traités, mais pour les rompre aussitôt, assez puissants pour faire des empereurs ; grâce à l'appui de Théodoric II, un Arverne, Avitus, fut proclamé auguste à Toulouse en 455. D'ailleurs, nombre de Gallo-Romains favorisaient les accroissements de puissance des Barbares, les gens de médiocre condition par lassitude, les grands par ambition. Les rois wisigoths reconnurent la souveraineté de Rome jusqu'à Euric (466-484) qui s'affranchit de toute sujétion. Sous son règne, les Wisigoths étendirent leur domination sur toute l'Aquitaine seconde, et soumirent même la portion de la Touraine sise au sud de la Loire ; déjà, en l’an 463, un frère de Théodoric s'était emparé de Chinon. Si la plupart des cités s'abandonnèrent volontiers aux Barbares, quelques-unes ne se livrèrent pas sans résistance. Le clergé catholique d'ailleurs ne se soumettait qu'à regret aux Wisigoths qui étaient ariens. A l'instigation de Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont, l'Auvergne se défendit vaillamment et avec succès. Les habitants de Clermont, soutenus par leur évêque et par son beau-frère Ecdicius, supportèrent avec courage les horreurs d'un long siège.

Fig 10 : Couronne du roi Receswinthe, provenant du trésor de Guarazzar (Musée de Cluny).

Vains efforts ! L'empereur Nepos, pour conserver la seconde Narbonnaise et les Alpes Maritimes, sacrifia l'Auvergne et la céda aux Wisigoths (475). Sidoine Apollinaire s'interposa; il écrivit à Gracus, évêque de Marseille, pour le prier de s'opposer à la conclusion de ce traité honteux qui rendait inutiles les sacrifices des Arvernes. Sa lettre, qui nous a été conservée, témoigne de la répugnance des plus distingués d'entre les Gallo-Romains à se soumettre aux Barbares.

Le royaume d'Euric s'étendait désormais sur tout le pays compris entre l'Océan, la Loire, le Rhône et la Méditerranée.

Ses limites furent encore reculées. Le traité conclu entre le roi Euric et l'empereur Nepos n'eut pas les résultats qu'on en attendait : il ne sauvegarda pas la Provence, car pour les Barbares l’Empire s'identifiait avec l’empereur; ils ne s'élevaient pas jusqu'à la conception abstraite de l'Etat, de telle sorte que par les traités qu'ils signaient; ils ne se considéraient comme engagés que vis-à-vis de la personne même de l'empereur et non vis-à-vis de l'Empire. Nepos mort (180), Euric se tint pour délié des engagements qu'il avait contractés envers lui ; il s'empara d'Arles et de Marseille et soumit le pays compris entre la Durance, la mer et les Alpes Maritimes, qui d'ailleurs avait été déjà cédé partiellement aux Burgondes. A la mort d'Euric (484), la puissance wisigothique  avait atteint son apogée; elle touchait à sa ruine, car Clovis s'approchait…

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L'iconographie emblématique de Jésus-Christ

LE CHEVAL : (L'HIPPOGRIFFE, LE PÉGASE, LE BUCÉPHALE L'ANAMELECH) ( LE FER A CHEVAL)

I. — LE CHEVAL DANS L'EMBLÉMATIQUE PRÉ-CHRÉTIENNE

De très bonne heure, et dès l'époque de la civilisation du Bronze en Europe, nous trouvons le Cheval attaché aux représentations symboliques de l'idée de la Divinité. Dès ce temps là, il fut attelé à la Roue solaire [1](i), comme le Cygne le fut à la barque céleste du Soleil.

Le premier Age du Fer en Espagne nous a laissé des bijoux formés d'un Cheval, monté ou non, qui dévore une tête humaine ou bien un petit monstre indéterminable (Fig. 1). De savant Déchelette a pensé qu'il serait chimérique d'y reconnaître avec M. Mélida « l'image d'un dieu cavalier, propre aux Ibères[2] ». Je le crois bien, puisque certains de ces chevaux ne sont pas montés. Mais il serait peut-être moins aventuré d'y voir l'image de la lumière solaire détruisant la nuit. Par ailleurs, cette composition ressemble beaucoup à d'autres qui lui sont postérieures et qui figurent nettement la lutte victorieuse du Bien contre le Mal. Elle se rapproche même singulièrement des grands Chevaux sculptés aux façades de nos églises romanes du Poitou, qui portent Constantin et posent le pied droit de leur avant-train sur un petit monstre humain dans lequel il est bien difficile de méconnaître le Paganisme vaincu. L'idée du reste est la même : Lumière et ténèbres, Christianisme et paganisme.

Chez les Slaves, bien avant le Christianisme, le Cheval était adoré. Des survivances de ce culte sont demeurés longtemps dans la région de Triglaw et de Volyn où l'on regardait un cheval vivant comme un dieu national dont les évolutions étaient considérées comme des oracles.

Son culte ne fut définitivement aboli que par l'apostolat du saint évêque Otto de Bamberg[3].

Les navires Cretois des temps antiques portaient communément à lavant de leur carène l'image d'un cheval, et ce serait, si l'on en croit le savant S. Reinach, l'imagé divine de Posseidon-Hippios apparaissant sous la forme du cheval [4].

Un peu postérieurement au VII9 siècle avant J.-C, l'un des cultes à mystères de la région hellénistique immolait le cheval dans une cérémonie mystique où chaque initié, avant de participer à la manducation de la victime, se revêtait d'une peau de cheval afin de se rapprocher ainsi davantage d'elle et de la divinité qu'elle représentait.

Aussi, de nombreuses monnaies grecques portent elles l'image d'un cheval ou le protomée du cheval. Sur celle de la ville d'Arpi[5] (Fig. 2), comme sur celles de l'Emporium de Tarraconnaise[6], le Cheval est placé sous un astre radieux ; même particularité sur quelques pièces de Sagdiane[7] et sur les monnaies cypriotes[8]. Les monnaies des armées puniques en Sicile, d'inspiration grecque, représentent le Cheval en relation avec le Palmier, symbole de vie et de résurrection.

(FiG. 1). Bijou protohistorique d'Ibérie. D'après Déchelette

Dans la mythologie des Grecs, tous les chevaux divins sont fils des Vents : ceux des Dioscures, fils du Vent Padagré ; ceux d'Erechtée, fils de Borée et d'Aélopos ; celui de Sthénelos, fils de Zéphir et d'une Harpyie ; les chevaux de Mars naissent de Borée et d'une Erinys [9], etc.. Et dans ces fables intervient encore, comme agent formateur des Vents, la Lumière solaire agissant sur l'atmosphère terrestre.

C'est le divin cheval solaire qui enfante ainsi des fils rapides comme lui et qui, parfois, comme celui d'Erechtée emportent les mortels vers le ciel. Toutes ces fictions plus ou moins merveilleuses furent en réalité, à leur naissance, des symboles sous lesquels la vieille humanité, « assise dans les ténèbres de l'erreur » a clamé l'immense besoin de plus grande lumière, de connaissance plus ample à l'endroit de la Divinité, dont souffrait son âme.

En Extrême-Orient, le Cheval blanc est la dernière incarnation de Vishnou, Celle qui se rapporte à la fin du monde, ou, tout au moins, à la fin du cycle actuel. Vishnou prend alors le nom de Kalkin Avantara, ce qui veut dire : « Celui qui monte le cheval blanc ».

Chez les Japonais l'antique cheval blanc d'Iyéyâs est vénéré dans le grand temple de Nikko et son origine se perd dans celle même de cette intéressante nation.

II. — LE CHEVAL DANS L'EMBLÉMATIQUE CHRÉTIENNE.

Le cheval seul, avec les attributs du Christ, a rarement été représenté dans l'iconographie chrétienne. Il se voit cependant dans l'art roman de France, par exemple sur la décoration de la crypte du XIIe siècle en l'église de Notre-Dame de Montmorillon, au diocèse de Poitiers, où le Cheval blanc apparaît isolément, couronné du nimbe crucifère, comme « l'Agneau de Dieu [10]».

(FIG. 2). : Monnaie grecque d'Arpi.

Dans l'ancienne commanderie de Biot en Provence, une pierre fort ancienne, réemployée dans la construction d'une maison du XVe siècle, porte une tête de cheval au centre d'une croix recerclée.

Sur un modillon du XIIe siècle de l'église romane de Saint-Contest (Calvados) se trouve un quadrupède qui porte la croix. (Fig. 3). Th. du Moncel l'a pris pour un Agnus Dei, alors que son propre dessin le dénonce comme un authentique cheval[11] chargé de la croix à la façon du « boeuf de Carie » que nous montre une sculpture d'Ephèse.

Le plus souvent, le Cheval emblématique porte un cavalier (Fig. 4). Dans l'ancien symbolisme iconographique le Cheval et celui qui le monte ne forment ensemble qu'un seul et même emblème. Et nos pères ont d'autant moins hésité à les associer que leur vie, plus encore que la nôtre, les réunissait quasi quotidiennement ; souvent même, surtout durant le premier millénaire de notre ère, une même sépulture recevait le cheval et son maître. Je l'ai constaté de mes yeux et sous mes mains à La Petite-Boissière (Deux-Sèvres) et à Pouant, près -Loudun (Vienne) ; même observation a été faite à Nozay, près Nantes[12] ; à Briarres-sur-Essonnes en Orléanais[13] ; à Charroux[14] (Vienne) ; à Montaigu[15] (Vendée) ; à Envermeu[16] ; à Douvrend[17] , etc..

Dans la mythologie gauloise, l'union du cheval et du cavalier symbolisait le ciel qu'un géant anguipède, emblème de la Terre, portait sur ses épaules [18]. Dans l'emblématique mystique du Moyen-âge, en Occident tout au moins, le Cheval monté figura Jésus-Christ Dieu et Homme, l'animal correspondant à son Humanité et le cavalier à sa Divinité. Les iconographes, Mgr Barbier-Montault et

Cloquet [19] se sont fait les échos de ce symbolisme, que nous retrouverons dans le Centaure, et que Rhaban-Maur, abbé de Fulde et archevêque de Mayence en 856, exposait en disant que le Cheval blanc de l'Apocalypse représente l'humanité du Christ dont le rayonnement s'étend sur tout être sanctifié :

Equus est humanitas

Christi : ut in Apocalypti,

Ecce equus albus

Id est, caro Christ omni

Sanctifitate julgens [20].

(Fig 3). Modillon roman de Saint Contest Calvados XII s.)

[1] J. Déchelette. Les Origines de la Drachme el de l'Obole, in Revue Numismat. 1911, P- 28. [2]  J. Déchelette. Chronologie préhistorique de la Péninsule Ibérique, in Revue Archéologique, 40 Sér. T. XII, C1908), p. 403. [3] Cf L. Léger, Etudes de Mythologie slave, in Revue Hist. des Religions,

1899, p. 6. [4] Cf. S. Reinach. Le disque de Phaistos, in Revue Archéologique. 4e Sér.,-T. XV (1910), p. 33. [5] Cf. Ménard. Hist. des Grecs, T. I, p. 261. [6] A. de Barthélémy, Numismatique Ancienne, Alb. PI. 8, N» 163.[7] Cf. Revue Numismatique, 4« Sér., T. XIV (1910) PI. X, VI.[8] G. d'Alviéla, L'influence des Symboles, in Revue de l'Hist. des Religions,ann. 1889, p. 150. [9] Cf. G. F. Cerquand, Les Harpyies, in Revue Archèolog. 2" Sér., T. Il, (1860), p. 367. [10] Cf. Auber, Hist. et théorie du symbolisme religieux. T. II, p. 17s. — Congrès Archèol. de France, ann. 1870, p. 70. — Bulletin Monumental. T. XXXIX, 1873, p. 724. [11] Th. du Moncd. Modillons des- églises romanes de la Basse-Normandiem. Bullet. Monumental, T. VIII, 1842, p. 21, n° 32. [12] Cf. Léon Maître, Congrès Archéologique de France, ann. 1887, p. 179. [13] L. Dumuy. Le cimetière franc de Briarres-sur-Essonnes. Ibid. 1894, p. 198. 

[14] Bull. soc. Antiq. de l'Ouest, mars 1894. [15] Massé Isidore, La Vendée poétiq. et pill. T. II, p. 48 et pièces justif. [16] Ab. Cochet, Normandie souterraine. [17] D. Leclercq, Diction. d'Archeolog. chrét. T. V., vol. I, col. 98. [18] Cf. A. Grenier. Les Gaulois, p. 117. [19] Cloquet. Eléments d'Iconographie chrétienne, p. 316. [20] Apocal. VI, 2, Rhaban Maur, Allégories.

(FIG. 4). Le groupe équestre sur lampe de Rome. D'après Diction d'Archéolog. chrét. T. III, vol. I, gr. 2767.

Dans ce même esprit, une stèle byzantine du musée archéologique de Berlin que Dom Leclercq a reproduite d'après Strzygowski, montre le Christ à cheval qui bénit des anges à pied groupés autour de lui[1].

C'est également en raison de ce symbolisme relatif aux deux natures de Jésus-Christ, Dieu et Homme, que la girouette terminale dé certains clochers du Midi de la France représente un cavalier[2].

La couleur de la robe du Cheval reçut aussi, dans la mystique et dans l'hermétisme du Moyen-âge, des sens différents selon ses diverses nuances : Le Cheval blanc est celui que montent les héros vierges, les personnages dont la conscience est sans tache ; c'est aussi celui des glorieux, et quand il porte le Christ, il le présente comme le Roi victorieux du Monde, de l'Enfer et de la Mort ; il le pose dans une atmosphère d'allégresse et d'apothéose. C'est pourquoi sur la grande fresque du « Triomphe du Christ », dans la crypte de la cathédrale d'Auxerre, qui est du XIIe siècle, Jésus sceptre en main, chevauche le Cheval blanc au centre d'un grand décor crucifère que cantonnent quatre anges également montés sur des coursiers blancs. Un sujet analogue se voit dans l'église Notre-Dame-de-Brou, qui date de la Renaissance [3].

Dans tout l'art du Moyen-âge, le roux, comme le rouge vif, est la couleur du sang. Le Cheval roux que l'on voit dans les manuscrits enluminés et sur les vitraux de cette époque a deux sens : il est la monture du Christ, rédempteur et victime, dont le sang répandu a racheté les hommes ; il est aussi le Christ-Juge, le Vengeur des droits divins lésés par le mal ; dans ces deux cas, le Sauveur est vêtu de rouge et son cheval est roux parce que toute victime est rougie de son sang, parce que les amples habits rouges sont, depuis nombre de siècles, ceux des juges souverains qui ont pouvoir de punir de mort, et aussi parce que le prophète Isaïe le décrit sous cette couleur quand il le dépeint d'avance en vengeur qui foule au pressoir de Bosra ses ennemis comme une vendange maudite :

« Quel est celui qui vient d'Edom, de Bosra en habits écarlates ?

« Il est splendide en son vêtement, il se redresse en la grandeur de sa force.

« — C'est moi, qui parle avec justice et qui suis puissant pour sauver.

« — Pourquoi du rouge à ton vêtement, pourquoi tes habits sont-ils comme ceux du pressureur ?

« — Au pressoir j'ai foulé seul, et parmi les peuples, personne n'a été avec moi. Et je les ai foulés dans ma colère, et piétiné dans ma fureur, le jus en a jailli sur mes habits, et j'ai souillé mon vêtement de leur sang [4]!  ».

Les Chevaux pâles ou noirs sont pris en mauvaise part dans l'emblématique [5]. Nous verrons en effet plus loin que le Cheval représente parfois le mal sous plusieurs de ses aspects.

III. — CHEVAUX ET CAVALIERS DES VISIONS BIBLIQUES

Nous lisons au premier chapitre de la prophétie de Zacharie :

« J'ai eu une vision pendant la nuit : Voici qu'un homme était monté sur un cheval roux, et il se tenait entre des myrtes dans un lieu ombragé, et il y avait derrière lui des chevaux roux alezans et blanc. Je dis : Que sont ceux-ci, mon Seigneur ? Et l'ange qui parlait avec moi (ou en moi) me dit : Je te ferai voir ce que sont ceux-ci ». Et l'homme qui se tenait entre les myrtes prit la parole et dit : « Ce sont ceux que Yahweh a envoyé pour parcourir la terre. Et ils répondirent à l'ange d'Yahweh qui se tenait entre les myrtes, et ils dirent : « Nous avons parcouru la terre, et voici que toute la terre est habitée et tranquille[6] ».

Les commentateurs des Ecritures sacrées ont vu dans l'homme qui, sur le cheval roux, se tenait entre les myrtes à la tête du bataillon des anges, et que le prophète appela lui-même « l'ange d'Yahweh », l'image prophétique de Jésus-Christ. L'archevêque Rhaban-Maur, cité déjà plus haut, le dit formellement en ses Allégories : Il est le Seigneur et le Sauveur qui gouverne la destinée de notre chair pour l'orienter vers les choses élevées : « Vir ascendit super equum rujum (Zacharie I, 8). Dominus atque salvator est, qui dispensationem nostrae carnis assumpsit ».

Nous voyons aussi que, dans les dernières lignes du texte prophétique, -Zacharie identifie l'ange d'Yahweh qui stationne entre les myrtes avec le cavalier au cheval roux. C'est que, dans l'Ecriture, l'Ange est aussi l'une des figures du Verbe, du divin Logos qui est le Christ[7] .

C'est donc dans le sens d'image emblématique du Christ que l'art chrétien a toujours compris et traduit le groupe équestre de la prophétie de Zacharie.

Quand l'instant providentiel fut arrivé « le Verbe se fit chair, et vint habiter parmi nous ». Et Jean, l’Évangéliste, son disciple privilégié, vit, à Patmos, se dérouler devant ses yeux les horizons éternels en des scènes d'une inconcevable grandeur.

Dans une de ces visions lui apparut un Livre scellé de sept sceaux que seul l'Agneau divin put rompre. Et voilà qu'à la rupture du premier de ces sceaux « il apparut un cheval blanc, Celui qui le montait avait un arc ; on lui donna une couronne, et il partit en vainqueur pour vaincre[8] ».

A la rupture du second sceau parut un cheval roux monté par un homme armé d'une épée et qui reçut pouvoir de propager la guerre sur la terre. Le troisième sceau fit avancer un cheval noir dont le cavalier portait une balance ; et le quatrième sceau fit apparaître un cheval pâle que la Mort chevauchait. Et l'Enfer le suivait[9] !

Des quatre chevaux montés qui passent dans l'épouvante de cette vision, l'emblématique chrétienne n'a retenu que le premier, le Cheval blanc, comme une figure du Seigneur Jésus, le Victorieux. Sur sa blanche monture il porte un arc, et cette arme de jet, ainsi que la flèche qui la complète, est, dans la symbolique littéraire des Ecritures sacrées, l'emblème reçu du

Verbe, de la Parole de Yahweh.

L'éminent théologien qu'est l'ancien cardinal Billot a écrit :

« Partout où paraît, dans l'Apocalypse, un personnage monté, la monture et le personnage figurent ensemble la même chose...le Cheval blanc avec son cavalier représentent un objet unique qui est Jésus-Christ Vainqueur [10]».

Les quatre chevaux célestes de saint Jean ont plusieurs fois inspiré de grands artistes chrétiens : En 1498, Albert Durer tailla une grande gravure qui les représente dans le genre ordinaire de cauchemar échevelé dont il est coutumier [11].

Très supérieur en noblesse et, en grand style à l'oeuvre de Durer, l'un des splendides bas-reliefs du tombeau de l'évêque de Limoges, Jean de Langeac, exécuté en 1544 et très vraisemblablement par Jacques d'Angoulême[12], demeure la plus impressionnante représentation de ce sujet que la peinture, de son côté, a plusieurs fois interprété.

Dans une autre vision, saint Jean nous dépeint encore un cavalier porté par un Cheval blanc : « Je vis le ciel ouvert, et il parut un Cheval blanc ; celui qui lé montait s'appelle Fidèle et Véritable ; il juge et combat avec justice. Ses yeux étaient comme une flamme ardente ; il avait sur la tête plusieurs diadèmes, et portait un nom écrit que nul ne connaît que lui-même ; il était revêtu d'un vêtement teint de sang ; Son nom est : le Verbe de Dieu.

(FIG. 5). Le Christ Vainqueur de l'Apocalypse de Beatus (XII – XIII° s.)

Les armées du ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtus de fin lin, blanc et pur. De sa bouche sortait un glaive effilé à deux tranchants, pour en frapper les nations ; c'est lui qui les gouvernera avec un sceptre de fer, et c'est lui qui foulera la cuve de vin de l'ardente colère du Dieu Tout puissant. Sur son vêtement et sur sa cuisse, il portait écrit ce nom : Roi des rois et Seigneur des seigneurs.[13] »

C'est la plus grandiose des images emblématiques du Christ puissant et triomphant, et tous les enlumineurs des copies médiévales de l'Apocalypse l'ont affectionnée. Je reproduis ici (Fig. 5), la belle miniature des « Commentaires sur l'Apocalypse de Beatus, XIIe siècle ou XIIIe[14]. A l'épée du Verbe, façonnée comme celles des barons du bon roi Robert, l'artiste a ajouté la lance, l'arme chevaleresque par excellence à son époque, et le grand nimbe multiforme qui couronne le divin Chevalier remplace avantageusement les multiples diadèmes que d'autres artistes ont étages sur sa tête.

Je me suis laissé affirmer que dans un groupement initiatique d'Asie extrêmement ancien, et qui n'est certainement pas un mythe, la traduction sanscrite de l'Apocalypse johannique est regardée, d'une part, comme le Livre par excellence, et, que d'autre part, le Cavalier vêtu de la robe sanglante et sa monture y sont considérés comme le plus sacré des emblèmes terrestres.

On l'y désigne d'un nom qui signifie : « le grand Attendu du dernier jour », ou plus exactement : « Celui qui s'est promis pour le dernier jour ». Le Cheval blanc qu'il monte porte une tête d'aigle ; il a des ailes d'or ; et des éclairs d'or, aussi, jaillissent, de ses yeux : c'est l'Hippogriffe.

IV. — L'HYPOGRIFFE.

Ce cheval de féerie que nous voyons entrer ainsi, par une porte très inattendue, dans une emblématique plus ou moins orthodoxe du Christ, n'est pourtant pas la plus ancienne représentation de l'Hippogriffe, cheval imaginaire aux longues ailes, qui porte noblement la tête d'un grand aigle.

Si l'art gréco-romain ne l'a pas eu en aussi grande faveur que le simple Pégase, les arts barbares et préchrétiens de l'Occident l'ont cependant connu : Nous le voyons déjà aux temps protohistoriques sur le sol de l'Espagne actuelle (fig. 1 ), et chez les Gaulois Carnutes il se cabre, les ailes éployées, sur les bronzes du chef Pixtilos (Fig. 6). Son image survivra même au paganisme, et nous la retrouvons dans l'art roman de nos provinces de l'Ouest.

Je le reproduis ici d'après un chapiteau du prieuré bénédictin de Nueil-sur-Dive, près Loudun, qui est du XIIe siècle (Fig. 7).

Il est donc parfaitement erroné de répéter avec nos actuels encyclopédistes (1), que l' « Hippogriffe » est une création du poète Eojardo, gouverneur de Reggio au XVe siècle, qui fut pelu après, popularisée par le Roland Furieux de l'Arioste.

(FIG. 6) Monnaie du Chef Gaulois Pixtilos

(FIG. 7). Hippogriffe roman du prieuré de Nueil-sur-Dive, en Loudmiois (XII. s.)

 

[1] Dom Leclercq, Dict. Archèol. Chrétienne. T. II, v. I, vol. 796, fig. 1536. [2] V. J. Claustres, Interméd. des Chercheurs et Curieux, Juil. 1925, col. 578. [3] Grimouard de Saint-Laurent, Guide de l'Art chrétien, T. II, p. 438. [4] Isaïe, Prophétie LXIII, I. 4. [5] Voir notamment Fel. d'Ayzac. Le Cheval in Revue de l'Art chrétien. Ann..1872, p. 242. [6] Zacharie, Prophétie, 1, 8-12. Traduct. Crampon faite sur le texte hébreu. La sainte Bible. (Ane. Test.) p. 1415. [7] Cf. Crampon. La sainte Bible, Diction, du nouv. Testam. Vbo Verbe, p.  355. [8] Saint Jean, Apocalypse VI, 2. [9] Ibid. VI, o- [10] Billot, La Parousie, p. 233 (note). [11] V. Abbé Texicr. L'Iconographie de la Mort in Annales archéologiq. T. XVI. (1856) p. 164. [12] Arbellot, Notice sur le tombeau de Jean de Longeac, p. 22 ; et Bullet soc. archéolog. et Hist. du Limousin, T. XVIII (1869). [13] Saint Jean, Apocalypse, XIX, 11-17. [14] Biblioth. Nationale, Nouv, acq. lat., 2,270, f° 182. Ap. Lauer, Les enluminures romanes des Mss de la B. N. XXX.

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Je vous souhaite une bonne fête Johannite. Que la Lumière soit ✨✨✨ #ioan #jean #aigle #patmos #apocalypse #reveletion #Mystique #mystère #cosmogonie #cosmologie #Posédiôn-Ionnès 🔱🔱🔱
 

 

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LIVRE PREMIER

NOTIONS GENERALES.

CHAPITRE VII

LE MOUVEMENT.

1. — Le mouvement met en jeu les différentes parties du corps, séparément ou simultanément. Le visage donne l'expression, le corps prend une attitude, le bras fait le geste.

2.—Le visage exprime les sentiments de l'âme, passion, joie, deuil, douleur, indignation, espérance, résignation.

Les yeux baissés indiquent la modestie et fixes, l'orgueil ; dirigés vers le ciel, la prière; ils voient, pleurent, menacent et commandent.

La tète droite dénote le calme; rejetée en arrière, l'arrogance; inclinée, la compassion et la pitié, la mort (le Christ sur la croix  penchée en avant, la modestie, la soumission.

La bouche s'ouvre pour chanter ou vociférer, ce qui n'est pas toujours gracieux (chœur de la façade de N. D. d’Avioth, XIVe s.). Elle reste fermée, quand il s'agit simplement de la parole. Montrer les dents est signe de colère et tirer la langue signe de mépris.

L'oreille écoute ; le nez odore (panneau du XIVe s. au mus. Chrét du Vatican, résurrection de Lazare).

3. —L’attitude est, suivant l'Académie, « la position du corps. »

Le personnage est debout, dignité ou résurrection ; assis, majesté, sainteté et enseignement (les évangélistes, les arts libéraux) ; agenouillé, supplication (les donateurs) ; couché, mort et abaissement; prosterné, soumission, adoration, pénitence et humiliation ; incliné, respect ; soulevé de terre, extase ; volant, glorification ; transporta, vénération.

4. — Los pieds marchent ou sont immobiles. La marche dénote l'activité et l'agilité, le voyage, le pèlerinage, les affaires. Les pieds superposés sont un indice de fatigue et de lassitude : le Christ les a ainsi sur la croix, ce qu'expliquent ces vers du Dies irae :

Quaerens me sedisti lassus

Redemisti renecem passus.

 

Quand les jambes sont croisées, le personnage est au repos et prend ses aises ; par exemple, Hérode ordonnant le massacre des Innocents, sur la chape de Boniface VIII, à Anagni.

5. — Le geste accompagne d'ordinaire la parole qu'il accentue : on iconographie, il la remplace presque constamment. Il se fait avec le bras, la main et le doigt.

Bras levés, supplication ; bras ouverts, joie, accueil, bonté (le Père éternel, le père de l'enfant prodigue) ; bras tendus, rédemption (le Christ en croix) ; bras droit levé, geste de colère (le Christ du jugement dernier de Michel-Ange) ; bras droit tendu et main horizontale, silence demande ou imposé ; bras tendu et main ouverte, démonstration (Pilate à la scène de l'Ecce homo) ; bras passé autour du cou, protection (S. Pierre et S. Paul pour Sainte Praxède et Sainte Pudcntienne, mosaïque romaine du ix" s.); coude appuyé, méditation, attention à ce qui se dit.

6. — Les mains gesticulent, agissent, combattent, tiennent les attributs: mains jointes, prière, grâce reçue (la Vierge à la Conception et à l'Assomption) ; mains serrant le genou, hésitation, angoisse (Pilate siégeant au prétoire) ; mains voilées d'un linge ou couvertes du vêtement, usage romain pour la présentation et l'acceptation (les martyrs tenant leur couronne), signe de vénération (le vieillard Siméon à la Présentation) ; mains imposées sur une personne ou un objet, bénédiction, protection (multiplication des pains) : « Imponens manus superillos benedicebat cos » (S. Marc., X, 16) ; guérison: « super aegros manus imponens et bene habebunt» (S. Marc., XXI, 18) ; confirmation, pénitence, sacrement de l'ordre; mains serrées, amitié, pacte, foi conjugale ; mains vues par fa paume, joie.

Main ouverte, déclaration (le Père éternel proclamant la divinité de son Fils); main appuyée sur l’épaule, présentation, protection (mosaïq. de Rome, spécialement pour les donateurs) ; main portée à la joue, méditation, réflexion, douleur (S. Jean à la crucifixion): « Manum ad maxillam tristi admiratione ponerent » (S. Augustin., in Judic, quaest. 55) ; main couvrant la figure, honte, douleur; main levée pour frapper, colère, emportement ; main droite appuyée sur la tête, sommeil ; main sous le menton, perplexité (Pilate sur les sarcophages primitifs) ; main donnée par le mari, tandis que la femme s'appuie sur son épaule, soutien, confiance; main prenant le pied, adoration (mos. de Rome); « Et tenuerunt pedes ejus et adoraverunt eum » (S. Matth., XXVIII, 9) ; poignée demain, fraternité, alliance, amour conjugal.

Doigts portés à la tête inclinée ou au front, rêverie, mélancolie; trois doigts levés et les deux autres repliés sur la paume de la main, allocution, bénédiction latine; les deux index levés, négation.

Index incliné, affirmation; index levé, dirigé vers une personne ou un objet, indication, prophétie, désignation: S. Jean Baptiste indiquant l'agneau de Dieu, ce qu'expliquent ces deux vers à ; Vézelay :

 Agnoscant omnes quia dicitur iste Johannes :

Ecco tenet populum, demonstraus indice Christum.

Doigt sur les lèvres, discrétion, silence.

7. — L’embrassement se fait avec les deux bras : il est l'indice de l'accueil bienveillant (scène de la Visitation) ou de l'amour passionné, quand il se joint au baiser.

8. — Le baiser est un signe d'union, d'amour, de paix, d'adieu, de réconciliation. Baiser la main signifie déférence et vénération : Marthe baise ainsi le Christ quand elle lui annonce la mort de Lazare ; baiser le visage, affection, tendresse; baiser les objets, par exemple une croix ou une image, dévotion.

9. — Types iconographiques. Fig. 44 : Mains couvertes par respect, Ezéchias, min. grecque, XIe s. — Fig. 45 : Geste indicateur, S. Jean Baptiste, miniat. franc, XIVe s. — Fig. 46 : Baiser et embrassement de S. Joacbim et St e Anne, vitrail de Ferrières (Loiret), XVIe s.

CHAPITRE VIII

LES CHEVEUX ET LA BARBE

1. — Les cheveux et la barbe constituent, en iconographie, une double caractéristique qui ne doit pas être négligée, car elle a sa signification.

2. — La barbe est le signe do la virilité. Longue et épaisse, elle désigne plus particulièrement un vieillard et inculte, un solitaire ou ermite, comme S. Jean Baptiste qui vécut dans le désert.

L'absence de barbe indique la jeunesse ou, symboliquement, une jeunesse sans fin, comme font pratiqué les premiers siècles pour le Christ et comme on l'observe encore pour les anges.  

La barbe fut portée constamment en Orient : en Occident, elle cesse avec le VIe siècle et un des derniers qui l'ait portée est S. Grégoire le Grand. Le moyen âge ne l’a pas reprise et il faut arriver au commencement du XVIe siècle, au pontificat de Jules II, pour la voir reparaître dans Tordre ecclésiastique.

3. — Les cheveux dénotent la force, la plénitude de l'âge : les enfants n'en ont pas et les vieillards les ont perdus en partie, aussi les représente-t-on presque toujours avec le front chauve et ceux qui leur restent sont blancs. Quant à leur couleur ordinaire, elle varie : noir, roux, blond, châtain.

Les cheveux présentent trois aspects : longs, courts, taillés aux ciseaux ou au rasoir. Les cheveux longs, tombant sur les épaules, conviennent au Christ, qui se conformait à la coutume des Nazaréens; ils attestent l'état d'innocence, comme pour la Vierge et les jeunes filles, ou une parure mondaine, par exemple pour la Madeleine, ou la vie dans le désert, ainsi qu'on figure S. Jean Baptiste ou encore le désespoir, au massacre des Innocents entre autres. Incultes, ils sont appropriés à la vie érémitique; hérissés, ils expriment l'effroi.

Taillés aux ciseaux, ils forment la couronne cléricale, le reste de la tête tant rasé: au XVIe siècle, les réguliers sont seuls ainsi représentés. Au moyen âge, il y eut deux sortes de tonsures : la tonsure large, qui est celle dite de S. Pierre et se fait obliquement sur la tête; la tonsure étroite, qui est celle dite de Simon le magicien et se fait horizontalement au sommet de la tête.

4. — La tête est nue ou couverte. Nue, elle exprime la soumission, l'infériorité, la béatitude et la glorification, à moins qu'elle ne porte un signe distinctif, comme sont la mitre et la couronne royale qui font reconnaître les personnages.

La tête couverte différencie quatre catégories d'hommes : la dignité, civile, ecclésiastique, militaire ; les trois jeunes hébreux et les mages, qui, aux hautes époques, ont le bonnet persan, pour attester une origine lointaine; les juifs, que le moyen âge a coiffés d'une petite calotte pointue; les gens de métier ou de bas étage, comme militaires, infirmes, voyageurs, paysans, pécheurs, marins, ouvriers.

5. — Types iconographiques. Fig. 47 : Le Christ imberbe, à la résurrection de Lazare, ivoire du Ve s. — Fig. 48 : Bonnet juif, sculpture de la cathédrale de Chartres, XIIIe s.

CHAPITRE IX

LES VÊTEMENTS

1. — Les vêtements sont le résultat immédiat de la chute de l'homme, qui s'aperçoit de sa nudité après son péché : « Cumque cognovissent se esse nudos, consuerunt folia ficus et fecerunt sibi perizomata » (Gènes., III, 17,). Ils indiquent donc la vie sur la terre.

2. — Le costume est de deux sortes : costume usuel, qui convient à tous indistinctement ; \ costume de fonction ou de dignité, pour distinguer la personne qui en est revêtue. Au point de vue de la condition sociale, on doit créer plusieurs catégories : de là le costume royal, pontifical, ecclésiastique, religieux, militaire, civil.

Les insignes sont la partie la plus saillante du costume et rentrent dans la classe des attributs. Ce sont par exemple, pour l'empereur, la couronne, le sceptre, le globe ; pour l’évêque, la mitre et la crosse; pour le prêtre, le calice et la chasuble, etc.

Le costume des hommes est toujours différent de celui des femmes, de même que le costume des enfants.

3— Au détail, on rencontre pour les enfants, les langes et les bandelettes, la robe longue sans ceinture, la tunique courte ; pour les femmes, la robe, avec ou sans ceinture, le manteau et le voile ; pour none, la tunique, longue ou courte, la ceinture qui n'existe pas toujours, le manteau jeté .d'une épaule à l'autre, porto en chape ou formant chlamyde, c'est-à-dire agrafé sur l'épaule.

La tunique exomide, propre aux esclaves, paysans et artisans, ne dépasse pas le genou : elle laisse à découvert l'épaule et lo bras droit, afin d'assurer la liberté d'action.

Le vêtement est ordinairement double, tunique et manteau : « Vestiti sunt duplicibus » (Proverbe XXXI, 21).

La ceinture signifie particulièrement le travail, la marche, la force et la chasteté : « Accinxit fortitudine lumbos suos » [Prov., XXXI, 17). « Induam illum tunica tua et cingulo tuo confortabo eum » (Isaï., XXII, 21). « Renes vestros accingetis » (Exod., XII, 10).

4. — Les jambes sont tantôt nues, tantôt couvertes. Aux premiers siècles, les anaxyrides sont attribuées aux orientaux ; c'est pourquoi elles sont portées par les rois mages.

5. — La chaussure varie, suivant les temps et les circonstances : soulier, sandale h la romaine, brodequin, cothurne.

6. — La nudité complète devrait être le signe de l'apothéose, comme le pratiquait le paganisme : le moyen âge n'a pas osé aller jusque-là. Il y a donc, pour les saints et les élus, un costume glorieux. A la Transfiguration, celui du Christ est blanc : « Vestimenta autem ejus facta sunt alba sicut nix. »(S. Matth., XVII, 2), Les anges, assimilés à l'homme puisqu'ils en prennent la forme, ont aussi des vêtements blancs : « Et vestimentum ejussicut nix. » (5. Matth., XXVIII, 3). « Duos angelos in albis. » (S. Joan., XX, 12) ; « in vestibus albis» (Act. Ap, I, 10). Dans l'Apocalypse, les martyrs sont habillés de même, « amicti slolis albis » (VII, 9), parce qu'ils ont lavé leurs robes dans le sang de l'Agneau, « et laverunt stolas suas et dealbaverunt eas in sanguine Agni » (VII, 14). Le Te Deum le répète dans ce verset : « Te martyrum candidatus laudat exercitus. »

L'Apocalypse a pu sur ce point déterminer l'iconographie, car il y est écrit des martyrs : « Et datae sunt illis singulae stolae albae » (VII, 11). Le bréviaire romain a ce verset au commun des confesseurs : « Amavit cum Dominus et ornavit eum, stolam gloriae induit eum », parce que l'Apocalypse dit des saints : «. Qui non inquinaverunt vestimenta sua et ambulabunt mecum in albis» (III, 4). Dans les miniatures du moyen âge, on voit souvent les anges remettre une robe aux élus, à leur entrée au ciel, suivant le texte de Saint Paul : « Si tamen vestiti, non nudi inveniamur,,. nolumus expoliari sed supervestiri. » (2 ad Corint., V, 3-4).

En général, les saints gardent au ciel le costume qu'ils ont porté sur la terre, comme marque de distinction ; autrement, l'uniformité empêcherait de les reconnaître. Les artistes, pour exprimer l'état glorieux, ont employé trois moyens : les étoffes pré-rieuses, un glacis ou des reflets d'or sur les vêtements, un semis d'étoiles, comme l'a fait Fra Angelico pour la chape de S. Dominique (tabl. du couronnement de la Sainte Vierge, au Louvre).

7. — Type iconographique. — Fig. 49 : la Vierge, on voile, robe et manteau, dalmatique impériale à Rome, XIIe s.

CHAPITRE X

LA NUDITÉ

1. — Le nu est essentiellement païen et anti-chrétien. Le christianisme ne l'a pas pratiqué, parce qu'il y voyait la conséquence de la faute originelle : « Et timui eo quod nudus ossem et abscondi me » (Gen. III, 10) et un sujet de confusion : « Non appareat confusio nuditatis tua » (Apoc, III, 18). Aussi le pape S, Damaso a-t-il dit qu'elle ne convenait qu'aux idoles : « Huic homini, qui in habitu idoli incedit, numquam adscribendum est nomen Christianu »

2. — Quand la nudité a été imposée par la nécessité, on a toujours eu soin de sauvegarder les lois de la pudeur, soit par un geste, soit par un feuillage ou un linge enroulé autour des reins. Ces faits sont rares et exceptionnels : citons Adam et Eve dans le paradis terrestre, les prophètes Jonas et Daniel, le crucifix, la résurrection des corps.

On peut la classifier ainsi : Nudité historique, qui se manifeste dans Adam et Eve, Noé ivre, le Christ au baptême et à la crucifixion ; nudité symbolique, comme Daniel dans la fosse aux lions et le prophète Jonas, en vue de la résurrection; nudité naturelle, pour des personnifications à Y antique, tels que les fleuves, la terre, etc, nudité païenne, représentation d'une idole.

3. — La nudité, en dehors de ces quelques exceptions, signifie la damnation et la misère. Les démons et les damnés sont nus, pour ajouter la honte h la réprobation. Les pauvres sont h peu près nus et la lèpre est indiquée par des taches sur la peau (vitr, de la cath. de Poitiers, XIIIe s). À Vézelay, XIIe siècle, une femme nue est au pouvoir du démon et, en regard, une femme habillée se tient sur ses gardes.

4. — L'âme est nue complètement, mais sans sexe, pour attester que l'état du mariage qui n'existe plus n'appartient qu'à la vie terrestre : « Cum enim a mortuis resurrexerint, neque nubent neque nubentur, sed sunt sicut angeli in coelis » (S. Marc, XII, 25). L'âme, qui est pur esprit, reprend donc la nature angélique, autant qu'il est possible de l'exprimer par une forme conventionnelle.

5. — Le moyen âge ne s'est pas gêné, dans ses miniatures et sculptures, d'aller jusqu'à l'obscénité. Faut-il y attacher un sens symbolique? Quelques archéologues le prétendent, mais leur opinion n'est pas très sûre. Serait-il mieux de croire les artistes naïfs à l'égal des spectateurs? Je n'oserais l'affirmer. La pensée n'est pas toujours suffisamment évidente. Le vice est montré dans sa réalité, mais est-ce constamment pour en détourner ? La licence a eu une grande part dans l'art. Or quatre scènes se reproduisent assez fréquemment : l'indécence absolue de l'homme et de la femme, attirant l'attention sur les parties sexuelles, la séduction, l'accouplement et l'accouchement.

6. —Le XIe siècle a commencé à déshabiller l'Enfant Jésus, et à étaler le sein de la Vierge dans l'allaitement. La Renaissance naturaliste a érigé le nu en système : elle a fait des anges nus, elle a mis des femmes nues partout, elle a rendu les vertus indécentes et, en mille détails de l'ornementation, a copié l'antiquité dans ses poses éhontées et ses attitudes provocantes. Une des statues du tombeau de Paul III, à Saint Pierre de Rome, chef-d'oeuvre de Guillaume délia Porta, a beau être vêtue d'une chemise de fer blanc, mise après coup, le geste n'en reste pas moins lascif comme la pose et le regard.

Il y a dans cette iconographie un désordre réel. Dès lors, on préfère les sujets scabreux, uniquement parce qu'ils prêtent à des études anatomiques : la tentation de nos premiers parents, l'histoire de Loth et de ses filles, la rencontre de David et de Bethsabée, Suzanne au bain, la circoncision, Sainte Madeleine pénitente, les martyres de Sainte Agathe et de Saint Sébastien, la tentation de Saint Antoine etc.

7. — La nudité des pieds a été érigée en principe pour attester la divinité ou une mission remplie dans le monde. Elle est exclusivement réservée à la Trinité, aux anges et aux apôtres ; ce n'est que par exception qu'on la voit attribuée aux prophètes. La Vierge elle-même a les pieds chaussés.

La nudité est complète sur les monuments français ; en Grèce, la plante des pieds est protégée par une sandale, admise aussi généralement par les Italiens.

8. — Types iconoyraphiques. Fig. 50 : Pieds nus, le Christ enfant, émail du XIIIe s. — Fig. 51 : Pieds chaussés, la Vierge, même émail. — Fig. 52 : Pieds sandales, Isaïe, miniature grecque du Xe s.

CHAPITRE  XII

LA BÉNÉDICTION

1. — La bénédiction, étymologiquement, consiste à dire du bien a quelqu'un. Le saint souhaite ce bien et cherche à l'attirer sur son client, mais Dieu seul le donne réellement : c'est donc un symbole de la grâce et de la protection divine.

2. — La bénédiction est un geste de la main droite, qui imite celui de l'allocution chez les latins.

Elle est grecque ou latine.

Les Grecs forment avec les doigts les noms abrégés de Jésus et de Christ. L'index se tient droit et le médius se recourbe en C, forme archaïque du sigma, ce qui fait l'initiale et la finale de Іησου C. Le pouce se croise sur l'annulaire et le petit doigt se recourbe en C, d'où résulte, par un procédé identique, Хριστo C. En réalité, les doux sigma ne sont pas toujours nettement dessinés et la forme grecque est plutôt accusée par la juxtaposition du pouce et de l'annulaire.

Chez les Latins, les trois premiers doigts sont lovés et les deux autres repliés sur la paume de la main, par allusion aux trois personnes divines.

3. — La bénédiction est propre à Dieu, aux anges et aux évêques. La Trinité bénit collectivement ou chaque personne séparément :

« Terra... accipit benedictionem a Deo » (S. Paul., ad Hebr., VI, 7), L'Eglise ne dit-elle pas dans sa liturgie : « Deus a quo bona cuncta procedunt »?

L'ange ne bénit pas à proprement parler, mais il transmet la bénédiction de Dieu dont il est l'envoyé, par exemple après la lutte de Jacob : « Non dimittam te nisi benedixeris mihi « (Genes., XXXII, 20), et à l'Annonciation: « Benedicta tu in mulieribus » (S. Luc, I, 28).

L'évoque, en bénissant, invoque la Sainte Trinité : « Benedicat vos omnipotens Deus, Pater et Filius et Spiritus Sanctus. ». Le Droit dit, en effet, que sa fonction principale est de bénir et de présider : « officium episcopi est benedicere et preacesse ».

4. — La bénédiction de Jacob est une des figures de la croix, parce que le patriarche croisant les bras plaça la droite sur la tête d'Éphraïm, qui était à sa gauche et la gauche sur Manassé, qui était à sa droite, voulant montrer par là qu'il donnait la préférence au cadet des enfants de Joseph : « Et posuit Ephraïm ad dexteram suam, id est ad sinistram Israël, Manassen vero in sinistra sua, ad dexteram scilicet patris applicuit que eos ad cum. Qui extendens manum dexteram, posuit super caput Ephraïm minoris fratris ; sinistram autem super caput Manasse, qui major natu erat. commutans manus. Benedixitque Jacob filiis Joseph et ait... Angélus, qui eruit me de cunctis malis, benedicat pueris istis » {Gènes, XLVIII, 13,16).

5. — Types iconographiques : Fig. 54 : Bénédiction latine : Dieu, sculpture de la cath. de Chartres, XIIIe s. — Fig. 55 : Bénédiction grecque : le Christ, fresq. de Salamine, XVIIIe s.

 

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Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #SYMBOLISME CHRETIEN

LIVRE PREMIER

NOTIONS GÉNÉRALES.

CHAPITRE IV.

LA COURONNE

1. — La couronne est le symbole de la dignité ou de la récompense, on l'appelait, au moyen Age, chapeau de triomphe.

2. — Elle est formée de feuilles de laurier vert, parce qu'elle est immarcescible : « Immarcessibilem gloriae coronam » (I Ep. S. Pétri, VI, 4) ; des emblèmes des quatre saisons, pour montrer que le temps de la vie terrestre est passé d'un bandeau d’or, souvent rehaussé de gemmes : « In capite suo coronam auream » (Apoc, XIV, 14) ; « Posuisti in oapite cjns coronam de lapide pretioso » {Psatm. xx, 4). Elle est ouverte ou fermée, c'est-à-dire surmontée de cercles entrecroisés et on la nomme alors royale ou impériale* En façon de murailles flanquées de tours, et crénelée, elle constitue la couronne murale.

3. — La couronne murale distingue les personnifications de villes et de provinces. La couronne royale est attribuée à Dieu et aux rois, la couronne impériale à Dieu et aux empereurs. Elle est aussi un signe de haute noblesse, pour Sainte Catherine par exemple.

4. — On assigne la couronne aux vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse, aux martyrs, aux saints, à l'espérance, aux élus, car elle symbolise la vie éternelle: « Beatus vir qui suffert tentationem, quoniam, cum probatus fuerit, accipiet coronam vita, quam repromisit Deus diligentibus se » (Ep. S. Jacobi, I; 12).

5. — Elle est imposée par Dieu lui-même ou par un ange.

6. — Elle se voit au-dessus de la tête, sur la tête ou entre les mains. Jusqu'au xi* siècle, à Rome, les martyrs tiennent leur couronne dans un pli de leur manteau, dont ils enveloppent leurs mains par respect. A Rome, sur une colonne du ciborium, des SS. Nérée et Achillée, elle surmonte la croix, pour indiquer la fin de l'épreuve et la récompense du martyre (IVe siècle).

7. — Au VIIe siècle, elle forme auréole autour de l'Agneau ('ivoire du trésor de Milan) ou d'un saint (mosaïq. de la chapelle S. Satyre, à S. Ambroise de Milan). A la Renaissance, Luca délia Robbia en a entouré ses Madones.

8. —La couronne est d'origine païenne: on la trouve sur des vases donnés en récompense aux vainqueurs des courses du cirque, entre les mains des cochers qui portent aussi une palme, avec des inscriptions de ce genre : NICA PRASINVS INVICTVS EST ; PANNONI NIKA IN PRASINO (la faction des verts).

9. — Au moyen âge, la couronne fut souvent un motif décoratif. On la suspendait au-dessus de l'autel, où elle exprimait la royauté du Christ; aux arcades du sanctuaire, image du paradis; de chaque côté des saints, en vue de la récompense dont ils jouissent.

10. — Une triple variété de la couronne-est le diadème, en triangle, connu des seuls Byzantins; le bandeau, qui retient les cheveux et dont les bouts flottent en arrière de la tête ; la ferronnière qui, au XVe siècle, se complique d'une croix au-dessus du joyau. Ces trois insignes ne sont attribués qu'aux anges.

11 . — Types iconographiques : Fig. 34 : Couronne royale, la Vierge, émail du XIIIe s. — Fig. 35 : Couronne formant auréole au chrisme, sarcophage du IVe  s. à Rome. — Fig. 36 : Couronne formée du produit des saisons, ivoire de Milan, Ve s. — Fig. 37: Couronne surmontant la croix, égl. des SS. Nérée et Achillée, à Rome, IVe s. — Fig. 38: Couronnes suspendues au-dessus de l'autel, bas-relief de Monza, XIVe s.

CHAPITRE V

LE TRÔNE

1.— Le trône est le signe de la souveraineté et de l'admission au ciel. Celui qui s'y assied est dit en majesté.

2. — Il est complet ou incomplet, suivant qu'on a figuré toutes les parties qui le composent ou seulement quelques-unes d'elles.

Le trône complet comporte: un escabeau, un siège, un coussin, une housse, un dossier et un dais.

L’escabeau sert h poser les pieds: il fait corps avec le siège et est orné comme lui : « scabellum aureum » (2 Paralip., IX, 18). Pour les personnages debout, il se change en un sol fleuri, symbole des joies du paradis (mosaïq. de Rome et de Ravenne), ou en une console feuillagée, qui a la même signification (statues des apôtres, à la Sainte-Chapelle de Paris, XIIIe siècle). Dieu a parfois les pieds posés sur l'arc-en-ciel ou sur la terre : » Hae dicit Dominus : Coelum sedes mea, terra autem scabellum pedum meorum. » (Isai, LXVI, I).

Le siège est fait pour asseoir : c'est ordinairement un banc allongé, menuisé et sculpté. Souvent il est en or avec gemmes ; pliant, il a ses extrémités terminées par des têtes d'animaux ("sceaux des rois de France).

11 constitue à proprement parler le type de la majesté : « Cum sederit Filius hominis in sede majestatis sua) » (S.Matth., XIX, 28).

Le COUSSIN surmonte le siège qu'il rend moelleux. Les Byzantins n'y manquent jamais et les Latins leur ont emprunté ce type.

La HOUSSE est une draperie riche qui couvre le dossier et le siège.

Le DOSSIER adhère au trône, alors il forme la CATHEDRA. Au XVe siècle surtout, il est en étoffe.

Le DAIS est ou un édicule, nommé JÉRUSALEM CÉLESTE ou une tenture, en pavillon conique, en carré, appelée CIEL.  Il signifie donc de toute façon le séjour où Dieu appelle ceux qu'il veut faire participer à sa gloire.

3. — Le trône est incomplet en certaines circonstances. Ainsi, à l'Ascension, les Byzantins mettent un simple escabeau sous les pieds de la Vierge pour l'exhausser au-dessus des apôtres. On supprime le coussin et la housse. Parfois l'absence de dossier transforme le siège en banc vulgaire : c'est le cas ordinaire dans les voussures des portails. Aux XVe et XVIe siècles, sur les vitraux et les miniatures, les saints ne se distinguent guère que par une tenture placée derrière le dos et un dais au-dessus de la tête. Dans la NICHE, qualifiée au moyen âge TABERNACLE, on retrouve ces trois éléments principaux : INCONSOLÉ, le DOSSIER et le DAIS.

4. — Le trône convient essentiellement aux trois personnes divines, au Christ en particulier. Il se distingue par son éclat : « Thronus ejus sicut dies coeli, Thronus ejus sicut sol. » (Psalm. LXXXVIII, 30, 37.) « Iris erat in circuitu sedis. » (Apoc, IV, 3).

La sainte Vierge y a droit également elles plus anciennes représentations la montrent constamment assise, comme une reine. Sur l'ivoire de Nevers, les fresques des catacombes et les sarcophages primitifs, dans la scène de l'Épiphanie, elle trône sur une CATHEDRA, souvent recouverte d'une housse.

Les apôtres sont assis, au-dessous du Christ juge, au portail des cathédrales, au XIIe siècle, suivant la parole du maître : « Sedebitis et vos super sedes duodecim, judicantes duodecim tribus Israël. » (S. Matth., XIX, 28). « Sedeatis super thronos, judicantes duodecim tribus Israël. » (S. Luc, XXII, 30).

On donne aussi des sièges aux saints, par exemple dans les voussures des portails et la dispute du Saint-Sacrement de Raphaël ; et aux vingt-quatre vieillards: « Super thronos viginti quatuor seniores sedentes. » (Apoc, IV, I).

Les évoques et les souverains ont le privilège du trône, en raison de leur éminente dignité, spirituelle et temporelle.

5 .— Dans les représentations symboliques de la Trinité chez les Byzantins, le trône remplace le Père.

6. — Marie est le trône même du roi, comme le porte cette inscription au bas d'un tableau de Gurk (XIIe siècle,) où la mère et l'enfant se tiennent étroitement embrassés :

Ecce thronus magni fulgescit regis et agni.

7, — Types iconographiques : Fig. 39: Pavillon suspendu au-dessus de la tête de Saint Pierre, vitr. au grand Andely, XVIe s. — Fig. 40. Christ assis sur un trône, sculpt. de l'église Sainte-Radegonde, à Poitiers, XIe s. — Fig. 41. Trône avec escabeau et coussin, miniat. du XIIe s.

CHAPITRE VI

LA COMPOSITION

1. — La composition est la mise en scène d'une idée. Cette idée, l'artiste la conçoit ou la reçoit d'un conseiller, puis il l'exprime, d'abord à l'état d'ébauche et ensuite dans sa forme définitive. Les esquisses, croquis, études, sont très recherchés pour suivre l'origine et le développement de la pensée.

2 .— Le mode a varié suivant les siècles et les circonstances et l’idée est alors plus ou moins complète. Ce n'est qu'à l'époque moderne qu'elle s'est manifestée dans toute son extension : dans le principe, elle est aussi sommaire que possible et se laisse plutôt deviner.

3. — L'art chrétien ayant pour but direct de faire aimer Dieu et la vertu, par conséquent de porter au bien, il faut, dans toute image, examiner scrupuleusement tout ce qui peut aider à faire jaillir la lumière sur une oeuvre souvent obscure et énigmatique. Ces détails sont : l’invention, qui fixe l'idée de l'artiste; le dessin, qui en montre l'exécution; la forme, qui se réfère à la couleur ou au relief; la pose, qui révèle le sentiment mis en jeu ; l’équilibre, qui harmonise toutes les parties au moyen du vide et du plein; la distinction des plans, qui empêche la confusion ; la perspective, qui fait tenir compte des distances.

4. — La perspective fut ignorée pendant tout le moyen âge, qui n'admet qu'un premier et un second plan : la Renaissance l’a mise en vogue. Comme dans un tableau, elle déroute le spectateur dans une composition purement décorative, qui exige une grande sobriété pour être nette.

Le moyen âge a superposé les plans, et chaque plan est souvent lui-même subdivisé en compartiments ou panneaux, de façon à isoler les scènes. Des inscriptions aident, d'ailleurs, à leur intelligence (Paliotto deMonza, XIVe s.)

5. — L'unité est une loi absolue en esthétique, mais elle n'a pas été toujours fidèlement observée. Elle concerne l’action, le temps et le lieu.

L'unité de la composition veut que l'on cherche le rapport qui existe entre les sujets représentés, par exemple sur les sarcophages primitifs où s'entremêlent les faits bibliques et évangéliques, avec une intention manifeste. L'ensemble doit aussi guider l'archéologue : c'est ainsi que le portail de l'église d'Avioth (Meuse), sculpté au XIVe siècle, présente un thème magnifique.

A certaines époques, on ne s'est pas gêné de représenter en même temps deux actions successives. Sur les sarcophages, le serpent parle à Eve et cependant déjà elle a cueilli la pomme et s'est couverte d'une feuille; à Oberzell, les fresques du XIe siècle montrent le Christ à un bout de la barque dormant et, à l'autre bout, conjurant la tempête.

6. — Le moyen fige a emprunté à l'antiquité la loi de la proportionnalité, mais en la pratiquant à sa façon.

La taille n'est pas la même pour tous. Il y a quatre types: la taille héroïque, qui exprime la supériorité; la taille ordinaire ou moyenne, qui signifie un ou deux degrés au-dessous du précédent ; la taille petite,  symbole d'infériorité. Le Christ et la Vierge dépassent de beaucoup ceux qui les entourent : la grandeur physique correspond alors à la grandeur morale. Rien n'est plus fréquent dans l'iconographie du moyen âge que la proportionnalité. Ainsi, dans la mosaïque absidale de Sainte Marie Majeure, le couronnement de la Vierge est dessiné dans des proportions considérables, relativement aux saints qui se groupent autour du trône. L'exemple est encore plus saisissant à Saint Jean de Latran, toujours au XIIIe siècle : la Vierge et les apôtres ont une taille ordinaire, saint François est réduit à la taille moyenne, et enfin le pape donateur est pour ainsi dire minuscule.

Sur les monuments, le corps varie de six à neuf têtes : dans le premier cas, il est lourd et trapu ; dans le second, élancé et gracieux.

7. — Une loi fort commune aux premiers siècles est celle do la substitution. Elle a lieu quand on représente le figuré au lieu du figurant. Ainsi, nu musée Kircher, à Rome, sur un verre doré, un poisson, symbole du Christ, est couché sous la courge, à la place de Jouas ; dans les catacombes, S. Pierre est substitué à Moïse lors du frappement du rocher; l'agneau remplace le Christ sur le sarcophage de Junius Bassus, à Saint Pierre de Rome (IVe s.), où, une baguette à la patte droite, il ressuscite Lazare et multiplie les pains. Au XVe siècle, sur les vitraux de la cathédrale d'Auch, Moïse, au lieu de Saint Pierre, commence le Credo : « Credo in unum Deum.

8. — Types iconographiques: Fig. 42 : Dualité dans la composition, la tempête apaisée, fresq. d'Oberzell, XIIe s. —.Fig. 43 : Substitution de l'agneau au Christ dans la scène de la résurrection de Lazare, sarcoph. de Saint Pierre de Rome, IVe s.

 

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LIVRE PREMIER

NOTIONS GÉNÉRALES.

CHAPITRE II

L'AURÉOLE

1. — L'auréole est L’IRRADIATION DU CORPS, c'est-à-dire que par elle le corps devient transfiguré : mais comme il est impossible de le représenter lumineux en lui-même, on y supplée en le montrant enveloppé dans la lumière qu'il projette.

2. — L'auréole, unie au nimbe presque constamment, signifie L’ÉTAT GLORIEUX de l'être tout entier.

3. — La lumière est DIFFUSE ou CIRCONSCRITE.

Les contours de l'auréole affectent quatre formes : le CERCLE, assez commun ; L’ OVALE, qui se prête mieux à rallongement du corps et dont la pointe est tantôt arrondie et tantôt aiguë ou ogivée ; le quadrilobe, qui convient surtout, au type de la majesté ; le losange, qui est plus rare.

Les rayons sont droits ou alternativement droits et flamboyants.

A. — Une variété de l'auréole circulaire est la roue : autrement dit, du centre partent des rayons qui vont aboutir à la circonférence et coupent le champ en quatre (tombeati.de S. Junien, XIIe s.) ou en huit (vitr. de la Transfiguration, à la cath. de Chartres, XIIe s.)

5. — L'auréole est parfois double : dans ce cas, le personnage s'assied au sommet de la seconde auréole qui enveloppe la partie inférieure du corps, la première étant affectée à la partie supérieure (Ms. du Xe s., à la Bibl. Nat.).

Elle est encore traversée horizontalement par un bandeau, imitant l'arc-en-ciel, si le personnage doit être assis. (Fresque du Campo Santo de Pise, XIVe  s.)

6. — Le champ de l'auréole est habituellement uni, cependant on le trouve aussi rempli de rayons filiformes.

La bordure est ornée de diverses façons. Les trois types les plus intéressants sont les nuages (vit.de la cath. de Chartres, XIIIe s.), les gemmes (évangéliaire de la cath. de Trêves, XIIes.) les inscriptions (tombeau de S. Junien XIIe s.)

On lit ces quatre vers autour de l'auréole qui enserre la Vierge-mère, à l'un des petits côtés do ce tombeau :

Ad collum matris pendet Sapiencia Patris.

Me Xpisti matrem prodo gerendo patrem. Mundi farturam genitrix gerit et genitorem

Maternosque sinus sarcinat hic Dominus.

7. — La couleur normale du champ est or ou jaune, sans préjudice toutefois du bleu, du vert et du rouge.

8. — Le symbolisme de l'auréole est facile à comprendre, puisqu'il s'agit exclusivement de lumière. « Solus potens, rex regum et dominus dominantium, qui solus habet immortalitatem et lucem habitat inaccessibilem » (S. Paul., i ad Timoth., VI, 15-16).

Le moyen âge qui l'appelait amande, y voyait un symbole du Christ glorifié et glorifiant ses élus. Adam de S. Victor en parle en ces termes :

Contemplemur adhuc nucem,

Nam prolata nux in lucem

Lucis est mysterium.                                  

 

Trinam gerens unionem

Tria confort : unetionem

Lucem et edulium.

 

Nux est Christus ; cortex nucis

Circa carnem poena crucis ;

Testa, corpus osseum

 

Carne tecta Deitas

Et Christi suavitas

Signatur per nucleum.

 

Lux est caecis et unguentum

Christus aegris, et fomentum

Piis animalibus.

Les archélologues ont inventé, pour désigner l'auréole, la locution vesica piscis, qui est aussi impropre qu'inconvenante et que nous devons résolument repousser de la terminologie chrétienne.

 

9. — L'auréole convient avant tout à la Trinité, qui est lumière : « 0 lux, beata Trinitas "(Hymne du brev. rom.) On l'attribue au Christ, splendeur du Père, « splendor paternae gloriae » {ibid.) à ses symboles, comme la croix et l'agneau ; à son nom (Monogramme de S. Bernardin de Sienne, à Rome), au S. Sacrement; on la rencontre surtout dans ces six scènes de sa vie, la Nativité, In Transfiguration, « Ecce nubes lucida obumbraviteos » (S. Matth., XVII, 5), la Crucifixion ; la Résurrection, l'Ascension, « nubes suscepit cum » (Act. Ap.,1, 19) et la Majesté, « Filium hominis... venientcm in nibibus coeli. » (S. Matth., XXVI, 61.) Le S. Esprit l'a surtout à l'Annonciation et quand, colombe divine, il apparaît au baptême du Christ ou plane sur le monde.

La Vierge y a droit, d'après l’Apocalypse : « Mulier amicta sole » (XII, I). Le bréviaire de Paris avait dit excellemment dans l'hymne de l'Assomption : « Te Verbum proprio lumine yestit. » L'auréole lui est principalement décernée dans ces trois circonstances : la Conception, l'Assomption et les apparitions.

Les saints n'ont jamais été privilégiés de l'auréole, à part toutefois S. Pierre en majesté sur un émail du XIIIe siècle, mais seulement leur âme, au moment où elle entre dans le séjour céleste. Elle signifie alors la joie de l'élu, auquel le Christ dit avec la liturgie ; « Euge, serve bone et fidelis, intra in gaudium Domini tui. »

L'âme est toujours debout, tandis que les trois personnes divines et la Vierge peuvent s'asseoir en majesté.

10. — En certaines circonstances, l'auréole est soulevée par les anges, par exemple à l'Ascension et l'Assomption ou encore pour les Ames portées au ciel.

11. — Le paganisme avait des imagines clypeatae pour ses dieux, ses héros et les défunts, qu'il encadrait dans des médaillons circulaires. Ce type a reparu à la Renaissance comme signe d'honneur et de distinction, mais sans qu'on y attache à proprement parler l'idée d'auréole de lumière.

12. — Types iconographiques. Fig. 23. Auréole circulaire : le Christ à l'Ascension, sculpt- du XIVe s.— Fig. 24. Auréole elliptique : le Christ à l'Ascension, vitr. de la cath. de Poitiers XIIIe s. — Fig. 25. Auréole en quatre-feuillcs : le Christ, fresq. de la cath. d'Àuxerre, fin du XIIe s. — Fig. 26. Auréole crucifère : Agneau, autel portatif de Conques, XIIe s. —Fig. 27. Auréole nuageuse: âme de Saint-Martin, vitr. de la cath. de Chartres, XIIe  s. — Fig. 28. Rayonnement du corps ; le Père étemel, grav. vénitienne, fin du xvc s. — Fig. 29. Imago clypeala ou médaillon : aigle de Saint Jean, pupitre de Sainte-Radegonde, VIe s. — Fig. 30. Auréole double : la Vierge à l'Assomption, miniat. franc., Xe s. — Fig. 31 . Auréole de feuillage : le Christ, arbre de Jesse, psautier de Saint- Louis, XIIIe s. —Fig. 32. Auréole rayonnante et flamboyante : la Vierge, gravure du XVIIe s.

 

 

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LIVRE PREMIER

NOTIONS GÉNÉRALES.

CHAPITRE PREMIER

 

LE NIMBE

1. — Le nimbe, du latin NIMBUS, se définit L’IRRADIATION DE LA TÊTE, qui est la partie la plus noble du corps, parce qu'elle est le siège de l'intelligence et de la volonté. Dès le Vie  siècle, S. Isidore de Séville lui donnait ce nom: « Lumen quod circa angelorum capita pingitur, nimbus vocatur » (Isid. Hispalen., lib. XIX, cap. 31).

2.—Il signifie la SAINTETÉ acquise, c'est-à-dire la béatitude céleste et, secondairement, la PUISSANCE et la SOUVERAINETÉ : aussi le donne-t-on aux rois, par exemple à Hérode dans la mosaïque de Sainte Marie-Majeure (ve siècle,), aux vents, aux saisons et même à la bête à sept têtes. (VITRAIL DE S . NIZIER, À TROYES, XVI e s.)

3. — Sa forme est double, DIFFUSE ou CIRCONSCRITE.

Dans le premier cas, la tête rayonne et projette sa lumière autour d'elle, mais sans que les contours en soient délimités.

Dans le second cas, le nimbe est ROND, CARRÉ, TRIANGULAIRE, LOSANGE, RAYONNANT, À PANS, ÉTOILE. Le type ordinaire est le nimbe circulaire ou en disque ; le triangle et le losange constituent une exception ; le nimbe carré ou en table,, à pans ou hexagone est spécial à une catégorie de personnes ; le rayonnement se fait en dehors du rond ou du triangle, pour en augmenter l'éclat. Le nimbe est dentelé en étoile ou les étoiles se groupent en cercle et suppriment la circonférence

4. — Le nimbe consiste en un champ et une bordure.

La bordure, réduite souvent à un simple filet de couleur qui fait ressortir le fond, est plus ou moins large et ornée ; on y voit des perles ou des gemmes, des rinceaux, des festons, une inscription nommant ou désignant le personnage, par exemple Karolus magnus rex dans les vitraux de Strasbourg (XIIe s.) et les premiers mots du Miserere autour du nimbe de David, au portail de la cathédrale d'Angers, XIIe s.) : MISERERE {mei, Deus, Secu) NDVM

Le champ est généralement uni; au moyen âge, on l'orne de stries, pour imiter les rayons lumineux et de rinceaux, pour exprimer la vie éternelle.

5. — Le nimbe crucifère est la variété la plus importante du nimbe orné. Une croix le traverse et le coupe en quatre parties égales. Dans le principe, les branches do la croix sont droites, puis elles deviennent pattées aux extrémités, enfin elles forment des courbes gracieuses. Les Grecs y inscrivent les deux mots o wv, car Dieu est l'être par excellence et les Latins y ajoutent des pierres précieuses.

Ce nimbe a été précédé, dans les premiers siècles, par un nimbe spécial, marqué du chrisme ou monogramme du nom du Christ. A partir du XVIe siècle, souvent, la croix seule subsiste, comme aux hautes époques.

6. — Le nimbe se place verticalement derrière la tête dont il épouse la forme : parfois, il est surhaussé, c'est-à-dire élevé au-dessus du cou. Ou bien, il est appliqué obliquement au sommet de la tête, pratique très usitée en Italie; ou encore, réduit à l'état de filet, il est vu en perspective au-dessus do la tête à laquelle il ne touche pas : ces deux dernières formes appartiennent essentiellement à la décadence de l'art et de la tradition, leur effet d'ailleurs laisse beaucoup à désirer.

7. — La couleur vraie du nimbe est IV ou le jaune, parce que tous les deux rendent mieux l'idée d'une lumière brillante : alors, le contour est rouge. Mais cette règle n'est pas absolue et le moyen âge a souvent employé le blanc, couleur d'innocence et de chasteté ; le bleu, couleur céleste ; le rouge, emblème du martyre et de la charité ; le vert, symbole d'espérance; le violet, qui exprime l'humilité et la pénitence. 11 a même imaginé pour Judas le nimbe noir en signe de deuil et de déchéance.

Le nimbe crucifère, dans sa forme normale, offre une croix rouge sur champ d'or ou une croix d'or sur champ rouge, parce que le rouge équivaut à la pourpre royale et, pour le Christ., rappelle le sang versé sur l'instrument du salut. Mais cette croix est d'or quand elle est seule et sans nimbe, réduite à trois rayons pour chaque branche ou à trois fleurs de lis, emblème de royauté.

8. — Le nimbe rond se donne aux anges, aux saints, aux symboles et aux vertus ; parfois, on en gratifie les ancêtres du Christ, les patriarches et les prophètes : une variante est le nimbe dont la circonférence rayonne.

Le nimbe crucifère est propre aux trois personnes divines. Une de ses variétés est le nimbe en losange, préféré des Italiens du XVIe siècle. Exceptionnellement, il entoure la main du Père et, sur une gravure du musée de Nuremberg, qui date de 1140 environ, les pieds et les mains percés, pour honorer la Passion.

Le nimbe triangulaire a été emprunté par Raphael aux Grecs qui en parent la Trinité, tandis que lui l a réservé au Père éternel.

Le nimbe en étoiles est spécial à la Vierge : « Et in capite ejus corona stellarum duodecim » (Apoc. XII, 1.).

Le nimbe hexagone est affecté, en Italie, pendant les XVe et XVIe  siècles, aux vertus, aux mages panneau du XVe s. au musée du Mans) et à deux personnages delà crucifixion : Longin et le Centurion.

Le nimbe carré indique un vivant, suivant la règle posée par Jean Diacre, dans la Vie du pape S. Grégoire-le-Grand (Lib. IV cap. 88) : « Circa verticem vero tabulae simililudinem, quod viventis insigne est, praeferens, non coronam ».

9. —Le moyen âge appela le nimbe indifféremment couronne ou diadème. Rond, avec ses dérives ou coiffure et en perspective, il signifie une gloire sans fin, rendue dans le bréviaire par ce verset ; « Gloria et honore coronasti eum, Domine. » La gloire est encore mieux accusée par les gemmes : « Posuisti, Domine, super caputejus coronam de lapide pretioso », dit aussi la liturgie romaine.

Le nimbe crucifère ajoute la croix, qui est un des symboles de la Trinité, comme le triangle. Une de ses formes est le losange, parce que ses quatre pointes dessinent une croix.

Le rayonnement a été réservé parle Saint-Siège, a une époque récente, aux bienheureux, pour les distinguer des saints, parce que leur gloire n'est pas encore complète ; or, le complément consiste précisément dans un contour délimité et non vague.

La découpure en pans indique un état intermédiaire et inférieur : six, en effet, n'est pas un nombre complet.

Enfin, le carré par ses quatre angles exprime les quatre vertus cardinales, fondement d'une vie aspirant à la perfection, ainsi que renseigne Guillaume Durant, évoque de Mende au XIIIe  siècle : « Cum vero aliquis praelatus aut sanctus vivens depingitur, non in forma scuti rotundi sed quadrati corona ipsa depingitur, ut quatuor cardinalibus virtutibus vigere monslretur » (Ration, div. offîc, lib. I, cap. 13).

10. — Le nimbe nous vient, sous sa forme circulaire, directement des païens qui en ont gratifié les dieux et les rois. Sur les bas-reliefs de l'arc de Constantin à Rome, empruntés à l’arc de Trajan, cet empereur est quatre fois nimbé : chassant un sanglier, vainqueur d'un lion, offrant un sacrifice, invoquant Jupiter.

Ne pourrait-on pas en constater une manifestation dès l'Age apostolique? En effet, Saint Jean, dans l'Apocalypse (X, I), voit un ange qui a l'arc-en-ciel sur la tête: « Et vidi alium angelum fortem, descendentem de coelo, amictum nube et iris in capite ejus ; et facies ejus erat ut sol. » Le nimbe, par son fond d'or, exprime la clarté brillante de la face, sa bordure irisée correspond à Tare-en ciel de la tête.

11. — Le nimbe est d'abord uni : du IVe au Ve siècle, on ne le donne qu'à Dieu. Quand le Christ, au Ve, a le nimbe monogrammatique, on commence à attribuer le nimbe uni aux anges. Au VIee , le Christ ayant pris le nimbe crucifère, le nimbe uni devient le signe distinctif des apôtres et des saints.

Il persévère jusqu'à nos jours sous sa forme de disque épais, de lumière solidifiée. La renaissance altère ce type en le faisant transparent ou en lui substituant le filet et le rayonnement.

Le nimbe crucifère a aussi subi une éclipse presque totale a partir du XVIIe siècle.

Pour le nimbe triangulaire, il n'a qu'une vogue éphémère au XVIe siècle : de même pour le nimbe en losange, dont l'usage a été très restreint.

Enfin le nimbe carré, qui commence au vic siècle, ne se rencontre plus après le XIe. Les Italiens l'ont surtout admis, mais on le rencontre aussi en France et en Allemagne, témoin l'évangéliaire d'Egbert, archevêque de Trêves, à la fin du Xe siècle.

12. — Types iconographiques. Fig. 1 Nimbe païen ; Mercure, sculpture romaine. — Fig. 2. Nimbe circulaire : le Christ, fresque des catacombes. — Fig. 3. Nimbe rectangulaire : le pape Pascal I, mos. de Sainte-Cécile à Rome, IXe s. — Fig. 4. Nimbe triangulaire : le Père éternel, fresq. grecque, XVIIe s. — Fig. 5. Nimbe au losange : le Père éternel, miniat. italienne, XIVe  s. — Fig. 6. Nimbe à pans : la Foi, sculpt. d'André de Pise, XIVec s. — Fig. 7. Nimbe strié : Isaïe, miniat. grecque, Xe s. — Fig. 8. Nimbe festonné : le Christ, ivoire italien, Xe s. — Fig. 9. — Nimbe surhaussé : le Christ, fresq. à Montoire, XIe s. — Fig. 10. Nimbe non adhérent à la tête : l'Honneur, statuette de la cath. de Chartres, XIIIe s. — Fig. 11. Nimbe crucifère à croisillons droits : le Christ, miniat. du Psautier de Saint-Louis, XIIIe s. —Fig. 12. Nimbe crucifère à croisillons pattes : le Père éternel, miniat. française, fin du XIIIe s. — Fig. 13. Nimbe crucifère à croisillons inscrits : le Christ, fresq. grecque en Thessalie, XIVe s. — Fig. 14. Rayonnement en croix, miniat. française, XVIe  s. — Fig. 15. Nimbe marqué du monogramme du nom du Christ : agneau divin, sarcophage du Vatican, IVe s. — Fig. 16. Nimbe à bordure écrite : Charlemagne, vitr. de la cath. de Strasbourg, XIIe s. — Fig. 17. Nimbe gemmé et perlé : le Christ, ivoire byzantin, Xe s. — Fig. 18. Rayonnement de la tête : la Vierge, fresq. du Campo Santo de Pise, XIVe s. — Fig. 19. Nimbe en filet de lumière : Dispute du Saint-Sacrement par Raphaël, XVIe s. — Fig. 20. Nimbe posé sur la tête : le Christ, S. Pierre, gravure vénitienne, fin du XVe  s. — Fig. 21. Nimbe posé obliquement, Saint Pierre et Saint Jean, fresq. de Lippi, XVe s. — Fig. 22. Nimbe étoile : Vierge, gravure du XVIIe s.

 

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Cet opuscule (93 pages) fait état du Tétradyme à travers les différentes civilisations. En effet, croire que le Tétramorphe est spécifiquement de culture chrétienne relève d'une erreur. Après un survol général de l'historique, nous nous sommes attachés à révéler, autant que possible, le symbolisme qui s'en dégage.

Prix à déterminer. ©Rhonandebar.

 

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CRÉDENCE HÔTEL DES FRÈRES LALLEMANT.

BOURGES ET SES MYSTÈRES.

Étude arithmosophique. À paraître prochainement dans la Revue LIBER MIRABILIS sur :

http://www.liber-mirabilis.com/PBSCCatalog.asp?CatID=214615.

 

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