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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #ETUDES HISTORIQUES SUR LIEUX SAINTS

LA CATHÉDRALE NOTRE-DAME DE REIMS.

F.T JOLIMONT. 1826.

Nous n'essaierons point de pénétrer à travers l'obscurité qui enveloppe le berceau de l'église de Reims : son origine est rapportée avec beaucoup d'incertitude, par les nombreux historiens qui nous ont transmis le résultat de leurs recherches[1] ; incertitude, que nous retrouvons dans les ouvrages de presque tous ceux qui ont écrit sur nos vieux monumens, et dont nous avons déjà donné des exemples dans nos descriptions des cathédrales de Paris, d'Amiens et d'Orléans. Celle de Reims n'est pas une des moins anciennes et des moins célèbres de la France, et fut toujours la métropole de la Gaule Belgique: il paraît qu'elle prit naissance vers le milieu du troisième siècle, et que, comme ailleurs, ce fut pendant les plus sanglantes persécutions, que les nouveaux prosélytes commencèrent à élever un temple, ou plutôt un modeste et solitaire asile, bien différent, sans doute, des immenses basiliques actuelles, orgueil des contrées où fleurit le christianisme. Nous passons donc sous silence l'histoire de ces monumens informes ou trop peu connus, et nous ne parlerons que de celui que l'on suppose avoir été bâti par Saint-Nicaise [2] vers l'an 401, sur les ruines d'un temple consacré à Vénus, monument dont l'existence ne serait point sans intérêt, si l'on avait des preuves certaines que Clovis y eût été sacré et baptisé par Saint-Remi en 496, comme le prétendent les historiens.

Ce temple, réduit, vers le commencement du neuvième siècle, à un état complet de vétusté, fut reconstruit sur un plan plus magnifique, par l'archevêque Ébon, élevé au pontificat en 822, sous le règne de Louis I, dit le Débonnaire. Rumualde ou Rumualdus, architecte de ce prince, cité pour ses talens et son goût pour les arts, en dirigea les travaux et les termina en 846, époque à laquelle Hincmar avait succédé à Ebon au siège apostolique. Si l'on en croit l'historien Flodoard, qui nous a laissé une description fort détaillée de cet édifice, c'était alors un des plus beaux monumens de la France. Les voûtes et les murs , décorés de peintures et de dorures éclatantes; des pavés de marbre et de mosaïque; des vitraux magnifiques; la quantité et la beauté des sculptures; de riches tapisseries; de nombreux chefs - d'œuvre d'orfèvrerie; attestaient aux regards émerveillés la pieuse munificence de ses fondateurs; mais ce temple, sur lequel nous ne pouvons toutefois avoir que des idées très vagues, malgré les pompeuses descriptions de Flodoard, et le témoignage d'un vieux sceau qui en représentait l'extérieur, conservé long-temps, dit-on, au chapitre[3], devint entièrement la proie des flammes en l'an 1210, ainsi qu'une partie de la ville. C'était alors le temps où, plus que jamais, les peuples étaient dévorés du zèle de la maison du Seigneur: Alors, dans chaque province, comme nous l'avons observé ailleurs[4], on rivalisait à qui bâtirait sur de nouveaux modèles la plus belle église, la cathédrale la plus magnifique; aussi, le désastre affreux de l'église de Reims ne pouvait rester long-temps sans être réparé : On se mit de suite à l'ouvrage, et les caisses du trésor, promptement épuisées, furent presqu'aussi tôt remplies, comme par enchantement, du produit immense des quêtes et des libéralités des princes, des seigneurs, du clergé et du peuple, tellement que, l'année suivante, l'archevêque Albéric de Humbert put poser la première pierre du nouvel édifice : cet édifice est celui qui subsiste encore aujourd'hui , et que nous allons décrire. Les travaux, poussés avec une activité dont on voit peu d'exemples ailleurs, furent presqu'entièrement terminés dans le court espace de trente ans, sous la direction d'un seul architecte, Robert de Couci, né à Reims, et qui, par cet ouvrage, l'un des plus parfaits de ce genre, rendit son nom justement célèbre.

Depuis, la cathédrale de Reims, en traversant les siècles, a subi le sort commun aux choses dont l'existence est marquée par une longue durée; non-seulement, l'influence des élémens a noirci ses murs, calciné ses pierres et altéré la pureté et la délicatesse des profils, mais encore les événemens qui dépendent des passions, de la volonté ou de la négligence des hommes, l'ont quelquefois menacée d'une ruine totale, et lui ont du moins fait perdre quelques-uns de ses primitifs ornemens[5]. Enfin, combien le manque absolu de réparations et d'entretien pendant plus de vingt années [6] n'a-t-il pas accéléré les effets pernicieux du temps, et laissé des traces, que des réparations incomplètes n'ont point encore fait disparaître.

EXTÉRIEUR.

L'extérieur de l'église de Reims offre un exemple intermédiaire entre l'architecture du douzième siècle et celle des quatorzième et quinzième , c'est-à-dire un mélange de masses unies, pesantes, d'ornemens grossiers, qui tiennent encore à l'état peu avancé de l'art: et de parties plus sveltes, plus délicates , qui annoncent le nouvel essort, que ce même art allait prendre dans les siècles suivans, où il fut poussé jusqu'à la plus extrême élégance et jusqu'à la hardiesse en apparence la plus téméraire. La régularité des lignes l'unité du style et d'assez heureuses proportions en font le principal mérite, on le doit sans doute au petit nombre d'années qui furent employées à la construction de cet édifice[7], et a son exécution sous la conduite du seul architecte qui en avait conçu le plan.

Le Grand Portail Ou Portail Occidental est regardé comme la plus belle chose connue en ce genre et suivant un adage populaire est une des quatre parties essentielles proposées pour modèle dans la composition d'une cathédrale parfaite[8]. Nous ne chercherons point a affaiblir cet éloge par une critique peut être trop sévère, et nous admettrons avec l'opinion commune ce portail comme le chef-d'œuvre, du moins de ceux qui existent. La partie inférieure divisée suivant l'usage[9] en trois grandes ouvertures ou portes d'entrées, a beaucoup d'analogie avec la même partie dans le portail de la cathédrale d'Amiens. On y remarque peut-être moins de grandiose et de majesté dans l'ensemble; mais beaucoup plus de richesse et de profusion dans les sculptures et les détails, quoique distribués peut-être avec moins de bon goût. Ces vastes portiques élevés sur un perron de cinq degrés sont appuyés à droite et à gauche sur une masse solide ou contrefort avancé, orné de sculpture et sont élégamment surmontés, ainsi que ces contreforts, de pignons à angle aigu disposés pyramidalement et enrichis de chardons, de dais à jour et de groupes de figures. Cette partie toute entière forme un avant portail comme à l'église d'Amiens, mais beaucoup plus en saillie et plus détaché du fond. Puisque dans celle-là les portes ne remplissent que l'intervalle de la base des arrière-contreforts, tandis qu'ici elles les recouvrent entièrement et les excèdent même de plusieurs pieds.

Les parois latéraux de ces trois entrées sont encore décorés de même qu'à Amiens d'une suite de statues colossales au nombre de trente-cinq placées sur un stylobate d'assez mauvais goût et qui probablement ainsi que le pense M.Gilbert[10] aura été refait dans le dernier siècle. Elles représentent, des patriarches, des prophètes, des rois, des évêques, des vierges et des martyrs. Sur le trumeau qui partage en deux l'entrée du milieu, est placée la statue de la Ste-Vierge, sous l'invocation de laquelle ce temple est consacré. La figure est surmontée d'un dais en forme de pyramide très-délicatement travaillé, et le trumeau décoré de huit reliefs représentant la chute de nos premiers parens. Les pieds droits et les linteaux des trois portes offrent aussi en sculpture des faits historiques et des emblèmes du paradis, du purgatoire, de l'enfer, des travaux agricoles dans les diverses saisons de l'année, des arts et métiers, des vices, des vertus, etc[11]. Mais c'est particulièrement dans les voussures de ces portes et les frontons qui les surmontent, que l'artiste a donné carrière à son génie, en traçant avec son ciseau un poème religieux tout entier. On y reconnaît les personnages et les figures de l'ancienne loi, précurseurs du messie, le règne de Jésus-Christ, le grand mystère de la rédemption, le triomphe de la loi nouvelle, la conversion des idolâtres, etc. Et ce grand et magnifique tableau est terminé par la résurrection générale, le jugement dernier, la punition des méchans et l'entrée des élus dans les demeures célestes. Enfin l'apothéose et le couronnement de la sainte vierge au milieu des anges, et des chérubins, domine toute cette composition, comme étant la créature la plus parfaite et la patronne de l'édifice[12].

On observe comme une particularité assez remarquable que le tympan ou mur du fond, au-dessus des entrées n'a point été consacré comme cela se voit presque partout ailleurs à l'exécution principale de ces tableaux et de ces sculptures; au contraire, ici, ces parties sont à jour et occupées par une très-jolie rose et par deux vitraux d'un effet fort agréable, surtout dans l'intérieur. Enfin des gargouilles ou gouttières, très-saillantes, en forme de dragons et de chimères, surmontées de figures, dont quatre dit-on représentent les quatre fleuves qui arrosaient le paradis terrestre, et des campanilles à jour s'élevant gracieusement du sommet de l'angle formé par la retombée des pignons et au centre desquelles sont placées des statues d'anges, tenant des vases et des instrumens de musique, complètent la décoration de ce riche avant portail.

A quelques pieds en retraite de la première partie que nous venons de décrire, commence la seconde ou si l'on veut le second étage du portail, partagé aussi dans son élévation en trois corps distincts par quatre grands contreforts d'un style peu commun et fort élégant, ornés de statues de saints personnages dans de grandes niches formées de colonnes isolées, élevées sur un piédestal et terminées par des clochetons octogones. Au centre, la grande rose travaillée avec tout le soin et la richesse de détails que les artistes mettaient alors à cet espèce de chef-d'œuvre, qui excitait souvent leur rivalité, occupe toute l'étendue d'une grande arcade ogive dans la voussure de laquelle on remarque dix figures, qui toutes, ainsi que celles sculptées sur le mur au-dessus, ont rapport à l'histoire du roi David. A droite et à gauche une double fenêtre très-élevée et sans vitraux, laisse voir à travers ses divisions et ses découpures en pierre, l'intérieur de la tour et même au-delà dans le lointain, les sommités des contreforts des côtés latéraux de l'église, ce qui produit un effet piquant et semble donner encore plus de légèreté au portail. Le troisième étage appelé la galerie de rois, consiste en une charmante colonnade qui règne sur les quatre faces du portail en suivant les parties saillantes des contreforts, et est formée d'une suite de petites arcades ogives ornées de découpures en trèfles, surmontées de pignons aigus et soutenues sur des petits faisceaux de colonnes menues d'une extrême légèreté, on y compte quarante-deux statues des rois de France, depuis Clovis jusqu'à Charles VI [13]. Quant aux sept figures du milieu, elles offrent le tableau du baptême de Clovis, le roi y est représenté nu dans une cuve jusqu'à mi-corps, près de lui saint Denis étend les mains vers une colombe qui lui apporte du ciel l'huile sainte, de l'autre côté la reine Clotilde et quelques autres personnages, seigneurs ou religieux. Aux pieds de ces statues règne une petite galerie ou l'on avait coutume de venir chanter le Gloria Laus le dimanche des Rameaux et qu'on appelle pour cette raison la galerie du Gloria.

C'est immédiatement au-dessus de ce troisième étage, que s'isolent les deux tours régulières qui terminent et complètent le magnifique portail de la cathédrale de Reims. Elles ont des proportions sveltes et élégantes, sont évidées à jour par de grandes ouvertures dans toute leur hauteur, et sont flanqués de quatre tourelles octogones également évidées et d'une grande légèreté[14]. Assurément il ne manquerait rien à ce portail pour être en effet le plus parfait si ces tours étaient surmontées de flèches ou pyramides en pierres, telles qu'elles ont peut-être existé ou qu'elles avaient du moins été projetées par l'architecte, ce qui paraît prouvé par les arrachemens d'attente que l'on trouve sous les toitures en ardoise qui les recouvrent[15]. Les dimensions de ce portail sont de cent quarante pieds de largeur, d'un angle à l'autre, et de deux cent cinquante-deux pieds jusqu'au sommet des tours. Les façades latérales au nord et au midi, et le chevet offrent comme dans presque tous les édifices de ce genre, une suite de verrières aux intervalles desquelles viennent se rattacher des doubles arcs-boutants, appuyés sur autant de contreforts , qui en font en même temps la solidité et l'ornement : mais si dans la plupart des cathédrales nous remarquons dans ces accessoires un grand luxe de décoration, une hardiesse étudiée, une prodigalité extrême de clochetons de fleurons et de découpures, ici au contraire règne une noble simplicité qui n'exclut point cependant l'élégance. Les piliers butants du premier rang sont les seuls ornés et présentent le même style que ceux du grand portail auxquels  ils font suite; les statues, qui représentent des saints personnages, des rois et des anges, chacun avec des attributs particuliers, sont d'une exécution assez soignée et d'assez bon goût, et les somitées aigues sont surmontées de grandes croix au lieu de fleurons ou de groupes de chardons et d'acchantes. Au-dessus de la corniche des murs de la nef du cœur et des chapelles du rond-point, règne une galerie avec une balustrade à petites arcades ogives en pierre et à jour, à hauteur d'homme dont l'appui supporte de distance en distance des petites statues, et des figures d'animaux ou de chimères, et est un des plus agréables ornemens de l'extérieur de la cathédrale que nous décrivons.

Enfin, également au nord et au midi, les deux pignons de la croisée présentent deux beaux portails d'une structure à-peu-près semblables, flanqués l’un et l'autre de deux tours carrées, isolées sur trois faces et percées sur chacune de ces faces dans la partie supérieure, de grandes ouvertures sans vitraux, subdivisées en double arcades et en rosaces. Des toitures en ardoises remplacent aussi sur ces tours les flèches qui existaient avant l'incendie de 1481[16]. Et qui avec celles du grand portail, le clocher de la croisée détruit aussi par le même événement, et celui du chevet auraient produit un effet admirable qui entrait sans doute dans le plan du plus grand nombre de ce genre d'édifices, et dont aucun ne nous fournit du moins aujourd'hui d'exemple complet. Nous ne ferons qu'indiquer les ornemens et la distribution relative de ces deux portails, dont les sculptures sont expliquées très-au long et d'une manière fort ingénieuse dans la brochure de M. Povillon Pierard que nous avons déjà citée[17]; tous deux offrent principalement au centre, une belle rose encadrée dans un arc ogive orné de figures, et plusieurs galeries et compartimens, dans la partie supérieure des pignons et des contreforts, également enrichis de statues, de dais, de trèfles et de fleurons[18]. La partie inférieure du portail méridional n'a point de  décorations ni d'entrées, tout ce côté de l'édifice environné des cours, bâtimens et dépendances du palais archiépiscopal, n'est point accessible au public[19]. Le portail septentrional et tout l'édifice du même côté est à découvert, et longe une belle rue construite sur l'emplacement d'un ancien cimetière et de bâtimens claustraux destinés dans les premiers temps aux chanoines, et à la mense canoniale. On y trouve trois portes à profondes voussures dont deux seulement sont décorées dans le goût de celles du grand portail[20], une seule est ouverte, les autres sont anciennement murées.

Du centre de la croisée s'élevait primitivement un fort beau clocher qui fut consumé par l'incendie de 1481, et n'a point été rétabli. La totalité de l'église est couverte en plomb, et le faîte était élégamment orné avant 1793 de fleurs de lys, et de trèfles en plomb doré, régulièrement espacées. Un seul des plus beaux ornemens de cette toiture a survécu aux outrages du temps ou des hommes, c'est le charmant clocher appelé le clocher à l'ange, parce que l'extrémité supporte un ange doré, élevé sur un globe et portant une croix. Placé à la pointe du chevet, ce clocher n'attire pas moins les regards par sa position pittoresque, dont on voit peu d'exemple, que par l'élégance de sa structure. Il est en charpente revêtu de plomb, et à cinquante-cinq pieds de hauteur au-dessus du toit de l'église. Sa base en encorbellement est supportée par huit figures courbées ou espèces de cariatides, dont l'expression, les attitudes et les attributs singuliers ont en vain exercé la sagacité des curieux qui n'ont pu encore expliquer d'une manière bien satisfaisante à quel sujet historique ou emblématique ces figures avaient rapport[21].

INTÉRIEUR.

L'intérieur de la cathédrale de Reims est vaste, d'un aspect imposant, et l'architecture n'a pas moins de noblesse et de simplicité qu'à l'extérieur. Le plan est en croix latine; mais la croisée est beaucoup plus rapprochée de l'extrémité du chevet que dans la plupart des autres églises: cette disposition qui, jointe à la réserve assez inutile d'un emplacement nommé l'arrière-chœur et au besoin d'une vaste enceinte pour les décorations et les cérémonies du sacre, a sans doute nécessité d'agrandir le cœur aux dépens de la nef dont elle occupe trois arcades , nuit peut être à l'aspect général de l'intérieur et semble en rétrécir les proportions, surtout en interceptant le transept dont l'effet est toujours si pittoresque et contribue si puissamment à la beauté de ces édifices. La masse principale des piliers, est ronde cantonnée en forme de croix, de quatre autres piliers ronds d'un moindre diamètre à bases saillantes et couronnés l'un et l'autre de chapiteaux à feuillage à la naissance des arcades des bas cotés. Au-dessus de ces chapiteaux s'élève un faisceau de torres, ou piliers d'un très-petit diamètre également ornés les bases, de cordons et de chapiteaux qui supportent la retombée des arcs et les nervures des voutes. Entre les arcades des ailes latérales et les fenêtres de la nef, règne dans tout le pourtour de l'église, une galerie composée d'une suite de petites colonnes avec chapiteaux, et d'arcades ogives de dix pieds d'élévation parfaitement en harmonie avec la gravité du style du reste de l'église.

Un ornement essentiel manque aux bas-côtés de la nef; c'est cette suite de chapelles qui les accompagne ordinairement, et qui, en rendant cette partie plus vaste, est souvent si intéressante par les ornemens de sculpture, les fermetures, les autels ou les mausolées qui les enrichissent. II n'existe ici de chapelles isolées qu'autour du chevet ou rond-point; elles sont au nombre de sept, sans compter les autels élevés dans la croisée, et ne présentent aujourd'hui aucune particularité remarquable dans leur structure[22]. Le cœur, qui occupe à lui seul près de la moitié de la longueur de l'église, est divisé en trois parties : le cœur proprement dit ; il s'étend depuis les deux gros piliers du centre de la croisée jusqu'à ceux de la troisième travée de la nef inclusivement; il était anciennement entouré d'une clôture en pierre, et l'entrée fermée par un magnifique jubé, monument curieux du quinzième siècle, orné d'autels, de statues, de colonnes, d'escaliers en spirale, et de sculptures les plus délicates[23]; il fut détruit, comme tant d'autres, à une époque où le mauvais goût faisait une guerre à outrance au gothique, ou, pour satisfaire la vanité de gens opulens qui croyaient bien mériter de la postérité, en substituant à grands frais, à ces respectables antiquités, de prétendus embellissemens de mode, que les motifs les plus puériles semblaient rendre nécessaires; on doit déplorer, dans l'église de Reims, plus d'un exemple de cette espèce d'attentat officieux. Cette partie est occupée par des stales assez belles, exécutées dans le dix-neuvième siècle, des pupitres, et un petit buffet d'orgue qui accompagne le chant et donne les intonations.

Le sanctuaire, placé au centre de la croisée et élevé sur plusieurs degrés, est remarquable par son pavé en mosaïque d'un effet surprenant, et non moins curieux par le choix et l'arrangement des marbres que pour sa parfaite exécution[24]. L'autel, construit à la moderne en marbre de différentes couleurs, orné de bronzes ciselés et dorés, mériterait un titre de reconnaissance au riche chanoine qui en fit don, si cet acte de générosité n'avait pas occasionné la destruction de l'ancien autel, beaucoup plus précieux sous tous les rapports, et particulièrement sous celui de l'histoire de l'art, puisque, non-seulement, à la plus rare magnificence, il joignait le mérite d'offrir un exemple presque introuvable aujourd'hui du style de ce genre de monument usité dans les douzième, treizième et quatorzième siècles[25]. L'arrière-chœur, comme cette dénomination l'indique, est un lieu réservé derrière le cœur, dans cette partie du rond-point, qui, dans l'ordre naturel, devrait être occupé par le sanctuaire; c'est dans cet endroit, qui ne paraît point avoir aujourd'hui une destination utile et que l'on pourrait, peut-être sans inconvénient, restituer à son véritable emploi, que se trouvait placé le trésor, avant les changemens faits au cœur lors de la démolition de l'ancien autel, vers l'an 1747 {voyez ci-dessus, la note 2 page 16). Ce trésor, immense dépôt des précieuses offrandes de tant de prélats, de monarques, de princesses et de pieux personnages, était un des plus considérables et des plus riches de France. H contenait une quantité immense de chefs-d'œuvre d'orfèvrerie, vases sacrés, châsses, reliquaires, images de la Sainte Vierge et de différens saints, d'or et d'argent massif, et beaucoup d'autres pièces de fantaisie, la plupart remontant à des siècles très-reculés, et non moins admirables par la richesse des matières que par la beauté et le fini du travail[26]. Tous ces objets, dont l'intérêt des arts au moins réclamait la conservation, ont été, avec tant d'autres, anéantis dans les creusets de l'hôtel des monnaies, par un décret de l'Assemblée nationale, en 1791[27].

On voyait encore dans l'arrière-chœur, avant 1793, un siège formé d'une seule pierre, regardé comme le siège de Saint-Rigobert, évêque d'Amiens en 696. C'était dans cette chaise qu'on installait les archevêques de Reims à leur prise de possession, et que l'on déposait la crosse quand l'archevêché était vacant[28]. Enfin, un autel curieux élevé en 1545, appelé l'autel du Cardinal, ou l'autel de la Croix, parce qu'il avait été donné par le cardinal de Lorraine[29], ainsi qu'une croix de vermeil de quatre pieds de haut, du poids de cent marcs, et ornée de vingt-quatre figures en relief. Les curieux qui visitent l'église de Reims, n'ont pas seulement à regretter la perte des monumens rares dont nous venons de parler, mais encore de quelques autres non moins intéressans, que les pieux dévastateurs de 1747, ou les barbares impies de 1793, n'ont pas plus respecté. Tels étaient un fragment du portail de la cathédrale qui existait dans le cinquième siècle, devant lequel Saint-Nicaise reçut le martyre, pieusement conservé en mémoire de cet événement, dans la nef de l'église actuelle, et que Jean Quinart, chanoine, avait enchâssé en 1663, dans une espèce de mausolée en marbre, orné de bronzes[30]. Le labyrinthe, espèce de mosaïque du treizième siècle, formé de traits anguleux ou circulaires, exécutés en marbre noir sur le pavé au milieu de la nef, et qui offrait au centre et aux quatre coins les figures de l'architecte et des maîtres de maçonnerie auxquels on doit la construction de l'édifice, avec des inscriptions qui indiquaient leurs noms, l'époque de leur mort, et les travaux qu'ils avaient exécutés[31]. La chaire, morceau peu remarquable, mais fort ancien. On croyait que Saint-Bernard y avait prêché[32]. La plus grande partie des vitraux des fenêtres inférieures; enfin, une immense quantité d'ornemens sacerdotaux, aussi remarquables par le précieux des étoffes, le nombre des pierreries et la beauté des broderies, que par l'ancienneté de la plupart et la source auguste qui en avait enrichi l'église[33].

Nous terminerons cette description, en indiquant ce que la cathédrale de Reims a conservé, ou ce qu'un nouvel ordre de choses a pu lui faire acquérir, digne de l'attention de ceux qui visitent ce célèbre monument. Après avoir examiné les divers aspects plus ou moins pittoresques qu'offre de divers points l'intérieur de l'église, surtout celui de l'entrée de la nef, vu des degrés du sanctuaire, le dos tourné à l'autel, quand cette partie est éclairée des feux du soleil couchant : il faut s'approcher des portes et considérer les nombreuses statues placées par rangs dans de petites niches qui décorent toute la surface du mur, au-dessus et autour, tant de la porte principale que des portes latérales; elles sont au nombre decent vingt-deux, d'un assez bon style, et paraissent avoir été exécutées vers la fin du quinzième siècle[34]. Les tambours de ces portes latérales, ouvrage de menuiserie et de sculpture, fait en 1764, méritent aussi d'être cités[35]. Près de là, on trouve, adossé au mur du bas-côté à droite, un mausolée d'un seul bloc de marbre blanc élevé sur deux colonnes de granit, et surmonté d'une urne funéraire, monument de sculpture du Bas-Empire, érigé dans le cinquième siècle, à Flav. Val. Jovin Rémois, préfet des Gaules, chef des armées et consul romain. Les sculptures, qui ont un peu souffert, paraissent représenter des chasses, mais on n'a, sur leur véritable sujet, que des conjectures plus ou moins vraisemblables[36]. Dans la nef, la tombe de Hugues le Berger (Hues Libergiers), architecte de l'église de l'ancienne abbaye de Saint-Nicaise [37]. La nouvelle chaire, d'une forme assez élégante, ornée d'un bas-relief estimé représentant la guérison du boiteux [38]. Dans la croisée méridionale, un autel du seizième siècle, en marbre noir, composé de plusieurs groupes de figures historiques dans des niches et encadremens dans le goût du temps, ouvrage d'un sculpteur de Reims nommé Jaques[39].

Dans la croisée septentrionale, le buffet d'orgues et une horloge à carillon et à figures mouvantes, appelée l'horloge du cœur [40]. Quelques tableaux remarquables, tels que la cène, par le Mutian, estimé cent mille francs : il est placé au-dessus de la porte de la sacristie; la nativité de Jésus-Christ, par le Tintoret (dans la chapelle de la Vierge); l'apparition de Jésus-Christ à la Magdelaine, par le Titien; une descente de croix, par Thadea-Zucchero ; la manne recueillie par les Israélites, peint par le Poussin, placé sur le pilier à droite de la chapelle de la Vierge; et Jésus-Christ sur la croix, peint en 1813, par M. Germain, élève de M. Regnaud, placé vis-à-vis de la chaire. La plupart de ces tableaux sont dus à la munificence du cardinal de Lorraine. Enfin, les vitraux peints des fenêtres supérieures de la nef et du cœur[41]  et les roses du grand portail et de la croisée, non moins dignes de remarque par leur composition que par la légèreté de la sculpture et la vivacité des couleurs[42]. L'église de Reims tient un des premiers rangs dans les églises de France : douze princes ont été assis sur son siège, entre lesquels deux fils de France, Arnoult fils de Lothaire et Henri fils de Louis-le-Gros, et quatre princes du sang royal, Hugues de Vermandois, Henri de Dreux, Jean et Robert de Courtenay; elle a fourni quatre papes, Sylvestre II, Urbain H, Adrien IV et Adrien V; et elle joint à ces titres le titre plus glorieux d'être en quelque sorte le berceau de la catholicité en France. Peu d'événemens mémorables se sont passés dans la cathédrale de Reims, si on en excepte le fameux concile de 1148[43]; mais on sait que les archevêques jouissent du brillant privilège de sacrer les rois de France, qui semblent, dans cette circonstance, déposer la majesté du trône pour venir recevoir dans cette antique basilique l'onction sacrée qui sanctifie leur puissance, et jurer d'observer pendant leur règne les lois de justice et de paix du Dieu au nom duquel ils commandent.

DES CÉRÉMONIES DU SACRE

DU ROI CHARLES X, ET

DES DÉCORATIONS CONSTRUITES EN CETTE OCCASION.

Dans L'église Métropolitaine De Reims, Au Mois De Mai de l'an 1825.

Le sacre des rois, est une cérémonie politique et religieuse, qui remonte aux temps les plus reculés de l'antiquité et fut en usage dans presque toutes les nations.

Les rois n'ont établi et consolidé leur autorité, qu'en s'annonçant comme les mandataires de la divinité, révérée par les peuples qu'ils voulaient gouverner, et le premier qui ceignit le bandeau royal ne fût point, comme on se plaît à le répéter, un soldat heureux, mais un sage, qui civilisa ses semblables, en leur commandant au nom d'une puissance surnaturelle et immuable, dont il semblait lui-même recevoir les ordres suprêmes. Ce ne fut pas seulement devant une supériorité humaine et éphémère, que les hommes crurent d'abord fléchir leur tête, mais devant un envoyé des cieux, empruntant un langage et un caractère divin, pour leur dicter des lois de justice, de paix et d'union : les premiers rois furent donc pontifes et législateurs. Depuis : les choses ont changé : l'autel s'est séparé du trône: mais les rois en n'appuyant plus leur droit que sur leur épée et la sanction des peuples, n'ont point négligé l'égide nécessaire que leur prête encore la religion. Les descendans de Clovis et de Saint-Louis surtout, ces fils aînés de l'église catholique, ont toujours signalé leur avènement, en s'empressant de recevoir dans le temple de l'éternel, l'onction sainte et la couronne, avec ce cérémonial auguste et solennel, dont le but est de rappeler aux princes comme aux peuples, la source divine de la puissance royale, et qui ajoute à l'éclat du trône en l'environnant de plus de respect et de plus de majesté.

L'histoire ne nous a conservé presqu'aucun document sur le sacre et le couronnement des rois de France de la première race et fort peu même sur celui des rois de la seconde. Pépin paraît être le premier et le seul de cette race dont les circonstances du sacre aient été recueillies avec quelques détails[44]. Ce ne fut que sous la troisième race que celte cérémonie fut réglée d'une manière invariable, et que le privilège en fut accordé exclusivement à la ville et aux archevêques de Reims par Louis VII, en 1179, lorsqu'il fit, de son vivant, couronner Philippe-Auguste son fils. Aucuns des rois de France n'ont dérogé depuis à cet usage, excepté Henri IV qui fut sacré à Chartres à cause des événemens qui avaient mis la ville de Reims au pouvoir de la ligue. Depuis cette époque chaque règne vit ajouter quelque chose à la pompe et à la magnificence du cérémonial; les historiens en recueillirent jusqu'aux moindres particularités et la description des sacres de Louis le jeune, de Philippe-Auguste, de Saint-Louis, de Charles VII, de Louis XII, de François Ier, de Louis XIV, de Louis XV, de Louis XVI, occupent une place importante dans nos annales : mais avec quel intérêt la France entière sortant d'un long deuil, n'a-t-elle pas vu, à l'instant même, renouveler dans la cité de Clovis, cet antique et pieux usage qui semblait interrompu pour jamais[45] : avec quel intérêt la postérité n'en lira-t-elle pas le récit, auquel tant de circonstances prêteront de nouveaux charmes: avec quel plaisir n'élevons-nous pas nous-mêmes dans ce recueil national des plus beaux monumens de la piété de nos pères, un monument non moins national, à l'acte mémorable qui consacre la réintégration des fils de Saint-Louis sur le plus beau trône de l'Europe: à la gloire de nos artistes, de nos magistrats, des dignitaires étrangers, qui ont concouru à la pompe de cette grande fête de famille, par leurs talens, leur zèle ou leur magnificence : Au noble enthousiasme d'un grand peuple, encore prosterné devant l'éternel qu'il invoque sur les destinées du monarque nouveau que ses acclamations élèvent au trône. Heureux si en remplissant cette honorable tâche, nos contemporains y trouvent un hommage digne du prince et de la patrie.

PREMIÈRE JOURNÉE.

ARRIVÉE DU ROI AUX FRONTIERES

DU DEPARTEMENT DE LA MARNE.

A l'époque fixée pour l'auguste cérémonie que nous allons décrire, la population entière de la ville de Reims et du département de la Marne, augmentée d'un concours immense d'étrangers de tous les pays et de tous les rangs, s'était portée sur la route, comme sur les différent points où on pouvait contempler les traits de Sa Majesté et jouir du spectacle imposant dont le retour n'avait point embelli ces contrées depuis près d'un demi-siècle. Le Roi parti de Compiègne le 27 mai 1825 avec Monsieur le Dauphin, arriva à Fismes, frontière du département vers le soir. Complimentée à l'entrée de la ville par les autorités départementales civiles et militaires[46], réunies sous un arc de triomphe élégant, orné des statueset de la France, de la religion, de l'agriculture et de l'industrie, et après y avoir reçu l'hommage des clefs, Sa Majesté parvint au palais, qui lui avait été préparé, au bruit des cloches et de l'artillerie, et en recevant à chaque pas les témoignages les plus expressifs de l'amour de son peuple et de l'allégresse publique, redoublés par la grâce et la touchante bienveillance avec lesquelles elle daigna y répondre. Toutes les maisons étaient pavoisées, le soir elles furent illuminées et le Roi donna audience à l'archevêque de Reims, aux autorités et aux principaux personnages de l'endroit.

DEUXIÈME JOURNÉE.

ROUTE DE FISMES A REIMS: ENTREE DANS REIMS :

RÉCEPTION DU ROI DANS L'ÉGLISE CATHÉDRALE.

Le lendemain 28, le même empressement, le même désir avait appelé de bonne heure, sur le chemin de Reims, la même affluence de inonde que la veille aux portes de Fismes, mais à peine avait-on salué le départ de Sa Majesté qu'un événement qui pouvait être funeste excite tout-à-coup un cri d'alarme : la vie du Roi a été en danger: les chevaux effrayés et que rien ne pouvait plus retenir, entrainaient dans un précipice inévitable les voitures de la cour, et sans la présence l’esprit de l'un des conducteurs et la protection du génie qui veille sur la France, un jour de bonheur et de triomphe allait être changé en un jour de douleur et d'effroi. Bientôt les coursiers se ralentissent : le Roi est sauvé! et la joie succède au plus sinistre abattement : mais Charles, seul ne paraît pas se souvenir du danger qu'il a couru : une seule pensée l'occupe : de braves compagnons, des serviteurs fidèles, ont reçu de graves blessures; il leur prodigue les soins les plus touchants et ne consent à s'éloigner qu'après s'être assuré qu'il n'aura point de perte à déplorer[47].

A Tinqueux, village aux limites de l'arrondissement de Reims, s'élevait un nouvel arc de triomphe de style gothique, orné d'emblèmes et d'inscriptions. Le Roi y arriva à une heure, y fut complimenté par M. le sous-préfet de Reims (Voyez le discours ci-dessous[48]), et s'arrêta quelque temps dans une maison appartenant à l'archevêque. De là à Reims, quatre arcs en feuillage placés à distance égale, désignaient les quatre arrondissemens du département dont ils portaient les noms[49], on y trouvait à chacun, le sous-préfet, les maires et un détachement de la garde nationale à cheval. Cent quatre-vingt écussons suspendus à des pins d'Ecosse, ornés de draperies et de guirlandes, régulièrement espacés dans les intervalles de ces berceaux de verdure, indiquaient les communes du département, et aux pieds de ces espèces de trophées champêtres, des jeunes filles vêtues de blanc et couronnées de fleurs devaient agiter et présenter des écharpes blanches pendant le passage de Sa Majesté. C'est au milieu de cette double baye d'emblèmes d'amour, de cœurs dévoués et fidèles ; au milieu de ce concours général d'hommages et de bénédictions, que s'avança lentement vers l'antique cité, le magnifique cortège qui accompagnait l'auguste Monarque[50]. Le ciel que quelques sombres nuages avaient obscurci jusqu'à ce moment, s'éclaira tout-à-coup des vifs rayons du soleil, et un horizon pur, succédant à la brume, semblait présager, avec la fin de nos maux, des années futures de bonheur et de paix. Tous les yeux fixés sur le monarque ne pouvaient être distraits que par la beauté du spectacle qui se déployait sur une ligne immense , la belle tenue des troupes, l'élégance des costumes, des livrées , des équipages, et surtout la richesse et le bon gout de la voiture du sacre, un des chefs-d‘œuvres le plus parfait en ce genre qui soit sorti des ateliers français[51].

A deux heures et demie le son des cloches, les cris mille fois répétés de vive le Roi! et cent et un coups de canon annoncent aux habitants de Reims qu'ils possèdent enfin ce prince bien aimé, qui vient, restituer à leur ville son antique privilège, récompenser leur amour, en recevant au milieu d'eux la sanction divine de sa puissance, et les rendre dépositaires de ses augustes sermens. Après avoir écouté avec une vive émotion la harangue prononcée par M. le maire et reçu les clefs (Voyez le discours ci-dessous[52]. SA MAJESTÉ fit son entrée dans la ville au milieu de l'ivresse générale et d'un concert unanime d'acclamations et d'actions de grâces. Tout le monde pouvait jouir sans obstacle de la présence du Roi; tous les yeux pouvaient lire dans les siens : l'habile artiste[53] chargé des décorations de la ville avait su remplir le vœu d'un bon Prince[54] qui avait dit dans une circonstance semblable : je ne veux rien qui empêche le peuple et moi de nous voir, sans nuire à la pompe qui convenait à la fête. Des ceps de vigne entrelacés de feuillages et de guirlandes de fleurs remplaçaient d'une manière fort heureuse les anciennes tapisseries d'usage, et laissaient voir à travers leurs intervalles les fenêtres des maisons et de nombreux amphithéâtres élégamment drapés, où se groupait à l'envi une foule immense de spectateurs, également avides de contempler les traits de leur souverain.

Parvenue à l'entrée de la sainte basilique, où soixante rois furent sacrés, SA MAJESTÉ y fut reçue par l'archevêque de Reims, vêtu pontificalement, et les évêques de Soissons, Beauvais, Châlons et Amiens ses suffragans, accompagnés de leur clergé, sous un immense porche richement construit dans le style gothique, en avant du portail. De là conduite processionnellement sous le dais jusque dans le sanctuaire, précédée des services de sa maison civile et militaire, et suivie des ducs d'Orléans et de Bourbon, elle fut après une courte prière complimentée par l'archevêque, (Voyez le discours ci-dessous[55]), qui ensuite entonna les vêpres, après quoi le cardinal Lafare[56], prononça un sermon dans lequel l'habile orateur empruntant la mâle éloquence des Bossuet et des Fénélon, sut dicter avec énergie au nom de la religion, les devoirs réciproques du prince et des sujets, et peindre en caractères non moins vivement tracés, l'influence sacrée, de cette même religion, sur les vertus des rois et le bonheur des peuples[57]. Ce discours écouté par Sa Majesté, par les princes, les princesses, et les nombreux assistans avec le plus profond recueillement, fut suivi du Te Deum, et de la présentation des dons offerts par le Roi qui furent successivement déposés sur l'autel par le Roi lui-même, et les chanoines.

A quatre heures le Roi se retira dans le palais qui lui avait été préparé dans l'archevêché[58], et où furent admis à lui faire la cour, le clergé et les autorités civiles et militaires du département qui furent ensuite reçus successivement chez les princes et princesses du sang. Le soir, des repas, des jeux, des illuminations brillantes et des fêtes de toutes espèces animaient sur tous les points, une immense population, livrée sans réserve à cette joie pure, à ces émotions douces, qu'inspire un heureux jour.

TROISIÈME JOURNÉE.

DÉCORATIONS INTERIEURES DE L'ÉGLISE DE REIMS:

CÉRÉMONIES DU SACRE ET DU COURONNEMENT:

FESTIN ROYAL. ETC.

Quand il s'agit de donner avec des mots, une idée d'immenses décorations dont les nombreux détails échappent long-temps, même à l'œil le plus curieux, on sent combien le langage est insuffisant, jjt dans ce cas les dessins instruisent mieux que les descriptions les plus pompeuses: aussi nous n'ajoutons ici qu'un faible supplément, aux précieuses lithographies qui composent ce recueil et qui, à la plus sévère exactitude, réunissent l'effet le plus pittoresque. Les magnifiques décors dont on

On peut donner une idée de cette restauration en disant que cent vingts milliers de plâtre et quarante ouvriers y ont été employés pendant un mois.

avait enrichi l'intérieur de la cathédrale de Reims, n'étaient pas moins remarquables par le grandiose de l'exécution, la richesse des draperies, la beauté des peintures, que par leur parfaite harmonie et l'heureux accord avec l'architecture de l'édifice, à laquelle ils semblaient tellement liés, qu'on aurait pu croire qu'ils n'étaient point un accessoire ajouté pour une cause étrangère, mais une partie essentielle de l'édifice, conçue, dès l'origine, par le même génie.

La partie intérieure du temple, spécialement réservée pour la cérémonie, était drapée en étoffes précieuses parsemées de fleurs de lys d'or, ajustées sans altérer les profils et les formes architecturales. Des amphithéâtres aussi vastes qu'élégamment disposés, occupaient le bas de quatre travées de la nef et des ailes de la croisée, un autre d'une dimension beaucoup plus étendue remplissait tout le fond de l'arrière-chœur et produisait le plus bel effet. Chaque amphithéâtre de la croisée et des travées de la nef était surmonté de tribunes, toujours construites dans le style général, dont l'intérieur tapissé en étoffe de bourre de soie armoiriée, avait le double avantage d'être très-agréable au coup d'œil, et d'offrir un produit nouveau de l'industrie française; enfin les devants étaient ornés de rideaux et de draperies en velours cramoisi, relevés avec des cordons d'or et enrichis des armes de France et du chiffre du Roi. Au-dessus de ces tribunes on remarquait, avec intérêt, les portraits des rois de France, depuis Clovis jusqu'à Louis XVIII, grandeur colossale, surmontés, eux-mêmes, des portraits des archevêques de Reims les plus célèbres, sous le règne de chaque prince, et d'une longue suite de statues représentant les bonnes ville de France , le tout terminé par des trophées militaires des armées anciennes et nouvelles : enfin la voute avait été peinte en bleu d'azur parsémé d'étoiles.

L'autel placé à l'entrée du sanctuaire répondait, par sa richesse et sa noble simplicité, à la majesté du tout ensemble.

Mais le trône, construit entre la quatrième et la cinquième travée de lanef, attirait principalement les regards. Sa forme était celle d'un arc de triomphe à jour, élevé sur un stylobate de grande proportion, orné de cariatides, formant l'entrée de la magnifique enceinte que nous venons de décrire, et soutenu sur huit pilastres et douze colonnes, dont quatre isolées sur chaque face étaient surmontées de renommées portant le sceptre, la main de justice, la couronne et l'épée, insignes de la royauté. Sur les tympans des deux faces étaient figurées des renommées attachant des guirlandes de laurier sous la frise, sur laquelle on lisait le Domine salvum fac Regem : enfin une dentelle d'écussons enlacés de branches de lauriers et d'oliviers ornait la corniche supérieure, et la plate-forme était surmontée d'un beau groupe de figures représentant la France, la religion et le génie tutélaire des Français. Tous ces ornemens se détachaient en or sur un fond général de marbre blanc, et les colonnes en lapis lazuli étaient décorées d'arabesques ingénieusement composées, des armes de France, du haume royal, du chiffre de Charles X et des décorations du St. Esprit, de St. Louis et de la Légion d'Honneur. Au centre de l'arc principal, au-dessus du siège royal, était suspendu un riche baldaquin dont les draperies, les étoffes ainsi que les coussins et le tapis de pied étaient de velours violet, semé d'étoiles et de fleurs de lys d'or. La beauté de ces décorations, dues aux talens de MM. le Cointe et Hittorff architectes du gouvernement, était relevée par l'éclat d'un magnifique luminaire, composé de soixante lustres de sept pieds de haut, placés en avant des tribunes, portant chacun trente-six bougies, d'un lustre de vingt bougies dans chaque tribune et d'un porte lumière de vingt cierges placé au-dessus de chaque colonne.

Le 29, jour du sacre, dès l'aurore une foule immense obstruait les avenues de la basilique, et avant 9 heures du matin les tribunes étaient occupées, dans le sanctuaire à droite, par les députations de la chambre des pairs, les ministres secrétaires-d'état, les ministres d'état, les conseillers d'état, les maîtres des requêtes, les gouverneurs des divisions militaires; à gauche les grands officiers de la couronne et de la maison du Roi. Sur des banquettes dans le sanctuaire, les maréchaux de service portant la couronne, le sceptre, la main de justice et l'épée, les autres maréchaux de France, les quatre évêques chantant les litanies, les grandes députations des députés, les chevaliers et Grand-Croix des ordres de St. Louis et de la Légion d'Honneur; près de l'autel les prélats invités pour assister au sacre, et sur des degrés à droite et à gauche de la croisée les pairs qui ne faisaient point partie de la députation. Dans les tribunes de la nef, adroite près de la croisée, Madame la Dauphine[59], Madame la Duchesse de Berry[60], les princesses du sang[61] et les dames de la cour. Dans les tribunes en face les ambassadeurs. Chacun étant placé, les deux cardinaux assistants se rendirent auxappartemens du Roi , auprès duquel se trouvaient d'avance le Dauphin, le duc d'Orléans, le duc de Bourbon, les grands officiers de la couronne, les grands officiers de la maison du Roi, les premiers officiers et les officiers ayant fonctions au sacre, après les formalités d'usage[62], le Roi a été introduit dans l'église, précédé des princes et du clergé et suivi par un nombreux et brillant cortège.

Quelques prières préliminaires étant terminées, le Roi, les princes et les personnages ayant fonctions, prirent leur place dans l'ordre qui leur était indiqué[63]. Alors commencèrent ces cérémonies, augustes et mystérieuses, par lesquelles la religion s'associant à la royauté, répand, avec l'onction sainte, les grâces du ciel sur les peuples et les rois. Ces cérémonies dont les bornes de cet ouvrage ne nous permettent de ne faire ici qu'un très-court exposé, sont fort curieuses ainsi que les prières et les formules mystiques que l'on y récite[64] (6), et frappent vivement l'imagination, autant par leur appareil imposant, que par la grandeur du caractère qu'elles impriment et le rang des personnages qui y concourent.

Ces cérémonies consistent d'abord dans le serment[65] ; après le Veni Creator, l'archevêque étant revêtu de ses habits pontificaux, le Roi assis et couvert, la main sur les évangiles et sur la relique de la vraie croix, a juré, d'abord comme Roi, de maintenir et d'honorer la religion chrétienne, de rendre exactement justice à tous ses sujets, et de gouverner conformément aux lois du royaume et à la Charte Constitutionnelle, ensuite comme chef souverain et grand-maître des ordres royaux, du St. Esprit, de St. Louis et de la Légion d'Honneur, de maintenir lesdits ordres sans les laisser déchoir de leurs glorieuses prérogatives, d'observer et de faire observer les statuts desdits ordres et d'en porter les décorations. Après quoi le Roi ayant oté la grande robe de soie lamée d'argent qu'il avait porté jusqu'alors et n'étant plus revêtu que d'une camisole de satin ouverte sur les épaules et sur la poitrine, a reçu avec un cérémonial particulier pour chaque chose , les bottines, les éperons et l'épée, et puis sitôt après, pendant le chant des litanies et le récit de diverses prières, l'archevêque a fait avec la sainte ampoule [66] divers onctions sur le corps du Roi, prosterné devant l'autel, alors on l'a revêtu de ses habits royaux, savoir: la tunique et dalmatique de satin violet semé de fleurs de lys d'or et manteau pareil doublé d'hermine, on a fait de nouvelles onctions aux mains après lesquelles Sa Majesté a reçu l'anneau et les gants bénits, le sceptre et la main de justice; puis l'archevêque ayant pris sur l'autel la couronne de Charlemagne, et la tenant élevée, soutenue par les princes, l'a bénie et l'a posée sur la tête de Sa Majesté, qui a été aussitôt conduite au trône avec le même cortège qui l'accompagnait à son entrée dans l'église, et y a reçu, après le salut des drapeaux des différens corps, placés sur les degrés, l'accolade de l'archevêque et des princes qui ont crié par trois fois vivat Rex in eternum. Au même instant, suivant un ancien usage on a laissé envoler dans l'église plusieurs douzaines d'oiseaux, on a distribué des médailles, et les fanfares, l'artillerie et les cloches ont publié au loin l'acte solennel qui venait d'affermir à jamais le trône des Bourbons.

Ces cérémonies ont été suivies du Te Deum: de la messe, pendant laquelle le Roi a présenté, en offrande , un vase d'or rempli de vin, un pain d'argent, un pain d'or et un plat de vermeil contenant des médailles: et du chant du psaume Exaudiat après lequel Sa Majesté s'est rendue dans la salle du festin royal, ornée avec magnificence et dans laquelle étaient dressées trois tables, celle du Roi, celle de Madame la Dauphine et celle de Madame.

Des fêtes non moins brillantes que celles de la veille, des réunions non moins nombreuses et non moins animées par l'allégresse la plus franche et la plus vive, terminèrent cette mémorable journée.

Le lendemain le Roi présida le chapitre des ordres royaux, et la réception des nouveaux chevaliers qui furent armés par Sa Majesté elle-même , ensuite il visita les divers établissemens publics, les expositions, passa la revue générale des troupes et laissa partout sur son passage des marques touchantes de sa bonté paternelle, de cette grâce affable qui le distingue; répandit de toute part les bienfaits, combla du plus doux espoir ceux qui le réclamèrent contre l'injustice du sort ou des hommes, et laissa comme ses prédécesseurs des souvenirs qui ne s'effaceront jamais du cœur du Rémois.

En payant un juste tribut d'éloges au talent des artistes chargés des décorations et des immenses travaux exécutés à Reims à l'occasion du sacre de S. M. Charles X, nous ne devons point oublier de signaler tout ce que l'on doit également à M. le duc de Doudeauville, ministre de la maison du Roi  et à M. le vicomte de la Rochefoucault chargé du département des beaux-arts qui ont dirigé et surveillé ces travaux avec ce zèle aussi actif qu'éclairé qui sait présider à tout, prévoir tout, et surmonter comme par enchantement Us difficultés qu'offrent souvent les circonstances et les localités.

 

[1] Les principaux sont Flodoabd, Historiée remensis eclœsiœ cum appendice, qui écrivait en 956; son ouvrage a été traduit par Nicolas Chenau, en 1581 Dom Marlot, métropolis remensis historia, en 1666. Pierre Cocquault, chanoine de Reims, table chronologique de l'histoire de l’église, ville et province de Reims 165o. Anquelil, Histoire civile et politique de Reims, 1756. Gérusez, description historique et statistique de Reims, 1817. Gilbert, auteur de plusieurs ouvrages sur les édifices religieux du moyen âge, description historique de l'église métropolitaine de Notre-Dame de Reims, 1815 et 1825. Povillon Pierard, même titre, 1823.Une histoire manuscrite de Reims, sans nom d'auteur, et quelques notices insérées dans des almanachs ou des mémoires de sociétés savantes. [2] Saint-Nicaise que l'on croit né à Reims en fut évêque et y fut martyrisé par les Vandales, vers l'an 407. [3] Ce sceau serait pour nous une chose fort curieuse et il est à regretter que les historiens qui en parlent, ne nous indiquent point si le chapitre possède encore cet objet ou si l'on sait ce qu'il est devenu. [4] Description de l'église d'Amiens, p. 4. [5]  En 1481, un incendie allumé par l'imprudence des plombiers qui travaillaient alors, accident si fréquent dans le moyen âge, réduisit en cendres, en peu d'instans, toute la couverture, la charpente inférieure des tours du portail, mit en fusion tous les plombs, ainsi que onze cloches, et détruisit les cinq flèches ou pyramides qui ornaient le centre et les extrémités de la croisée. La pénurie des finances et les affaires du temps ne permirent de réparer ce malheur que très-lentement, et jamais il ne l'a été entièrement. En 1793, ce même édifice n'échappa aux spéculations destructives de la bande noire, qui en provoqua la démolition, que par la motion adroite d'un Rémois qui proposa de le conserver pour y établir un club patriotique et un temple au culte de la raison. Ce moyen le préserva aussi de l'excès des dévastations de cette époque, dont tant d'autres ont beaucoup plus souffert. [6] A diverses époques l'ancien chapitre a fait faire plusieurs réparations assez importantes à ce monument, mais on s'est aperçu que quelques-unes des réparations n'avaient pas été exécutées avec tous les soins que ce travail exigeait. Le chapitre de Reims employait annuellement vingt-cinq mille francs pour l'entretien de cette cathédrale. Depuis 18o9 on a commencé de nouvelles réparations devenues d'autant, plus urgentes qu'elles avaient été plus long-temps négligées. M. Oubut, architecte, avait été chargé à cette époque des travaux de restauration, ils furent continués par M. Rondelet fils, architecte de ce monument, mais l'invasion de 1814, vint tout à-coup suspendre cette restauration -, on a déjà réparé la croisée à droite et les arcs-boutans du rond-point, dont plusieurs étaient dégradés, ce premier travail a été terminé au mois de mai 1813. (Descript. historiq. de l'église métropolitaine de Reims; par M. Gilbert, 1825.) [7] Comparativement surtout au temps que l'on a mis à construire la plupart des autres édifices aussi considérables, voy. ci-dessus. [8] On dit communément que pour faire une cathédrale parfaite, il faudrait réunir ensemble le portail de Reims, les clochers de Chartes, la nef d'Amiens et le cœur de Beauvais. Mais il nous semble que cette opinion exprime plutôt le mérite exclusif de chacune de ces parties, considérées isolément que la pensée réelle que leur réunion produirait un tout parfait. [9]  Nous nous sommes déjà servis ailleurs de cette expression, sans avoir expliqué le motif de cet usage; ces trois portes correspondaient et servaient d'entrées particulières, au trois divisions intérieures de l'église qui, dans les premiers temps du Christianisme, avaient une destination spéciale celle du milieu ou la grande nef était réservée au clergé et aux cérémonies religieuses, l’aile à droite était destinée aux hommes et celle à gauche aux femmes. [10]  Description historique de l'église métropolitaine de Reims, 1 vol. in-12 ; Reims , chez Robinet 1825, p. 11.[11]  Deux de ces bas-reliefs sculptés sur le linteau de la porte principale et qui représentaient l'Annonciation, la Visitation et la purification, ont été détruits en 93, pour y placer la fameuse inscription qui fut alors gravée sur la façade de toutes les églises en France.

TEMPLE DE LA RAISON. LE PEUPLE FRANÇAIS RECONNAIT L'Être SUPRÊME
ET L'IMMORTALITÉ DE L'AME.

Et qui depuis a été remplacée à Reims par celle-ci:

DEO OPTIMO MAXIMO.
SUR INVOCATION BEATÆ MARIÆ VIRGINIS DEIPARÆ
TEMPLUM SECULO XIII REÆDIFICATUM.

[12] On trouvera une description très-détaillée de toutes les sculptures extérieures ou intérieures de l'église de Reims, dans l'ouvrage publié à Reims en 1823, par M. Povillon-Pierard, sous le titre de Description historique de l'église métropolitaine de Notre-Dame de Reims. [13] Ces statues sont les plus anciennes et par conséquent les plus grossièrement sculptées, les rois sont dans l'attitude du repos, tenant leur robe d'une main et posant l'autre, pour la plupart, sur la poitrine, quatre ou cinq cependant ont le sceptre en main et un seul tient un livre; tous ont la couronne sur la tête. [14] Dans une de ces quatre tourelles on a pratiqué, avec beaucoup d'art, un escalier à jour en spirale, d'une construction aussi hardie qu'élégante. Pour parvenir au sommet des tours on compte 42o marches. [15] Ces toits en ardoises qui remplacent les pyramides d'une manière beaucoup moins agréable, sont peu élevés, de forme octogone et terminés à leur sommet par une fleur de lys en plomb doré. Des petits toits semblables surmontent aussi les quatre petites tourelles des angles. [16] Voy ci-dessus. [17] Voy ci-dessus. [18] Les figures du pignon du portail méridional, achevé en 1501, représentent l'Assomption de la Vierge, il est surmonté d'un sagittaire qui termine la pointe. Celle du pignon du portail septentrional, représentent l'Annonciation, celles des contre-forts des galeries et des voussures de l'arcade, représentent pour le premier, des martyrs, des apôtres, des évangélistes et des prophètes, et pour le second des saints, des rois, des reines, des patriarches et l'histoire d'Adam et Eve. [19] C'est-à-dire que comme au portail principal, les parois latérales sont ornées de statues colossales. Elles représentent Saint-Nicaise, Saint-Rémi, Saint-Eutrope, un roi et des anges et les voussures des arcades, des groupes de diverses figures, aussi en rapport avec les deux sujets principaux, le jugement dernier et le martyr de Saint-Nicaise, sculptés ici sur les tympans, au-dessus des entrées. [20]  Voy. les diverses descriptions de la cathédrale de Reims. [21] Beaucoup d'églises en Angleterre et quelques-unes en France, présentent cette même disposition, principalement celles qui remontent aux douzième siècle ou qui sont antérieures. [22] II paraît qu'elles étaient primitivement fermées par des clôtures en pierres, travaillées à jour, comme on en voit encore des vestiges dans beaucoup d'anciennes églises; quelque frivole motif sans doute aura déterminé leur destruction ainsi que celles des ornemens du même genre que l'on admirait particulièrement dans l'intérieur d'une de ces chapelles ( la chapelle du saint lait ), ainsi appelée , parce qu'on avait la croyance que l'image de la Vierge que l'on y révérait, renfermait quelques particules du lait qui avait nourri Notre Seigneur. [23]  Il avait été construit en 1420 et avait 29 pieds de hauteur, sur 42 de largeur et 13 de profondeur; on le détruisit pour le remplacer par des grilles en fer, données par un chanoine nommé Jean Godinot ( voy. ci-après.) [24] Ce pavé n'existait point dans la cathédrale de Reims avant 1791, il avait été donné à l'église de l'ancienne abbaye Saint-Nicaise, de la même ville, par le grand prieur de cette maison, dom Hubert, en 1747; il est composé de morceaux de marbre d'échantillon, de quatre couleurs, formant des cubes qui produisent l'illusion du relief, et est l'ouvrage d'un nommé Thomas, marbrier à Baumont, en Hainault; lorsque l'église de Saint-Nicaise fut démolie, ce pavé fut transporté et placé dans le sanctuaire de la cathédrale, en 1791. [25] Cet autel qui paraissait avoir été érigé lors de la construction de l'église actuelle, mais qui avait été augmenté et enrichi dans les siècles suivans, était au rapport des historiens, un des plus beaux morceaux du temps; l'or et l'argent massifs, les marbres et les pierres les plus précieuses , les statues, les colonnes, les nombreux ornemens de sculptures, les chasses, les reliquaires émerveillaient les regards et donnaient une haute idée de l'état des arts, dans ce temps-là, malgré l'injuste mépris que leur avait voué le siècle dernier (Voy. la description de cet autel dans les divers historiens de la ville et de l'église de Reims). L'autel actuel est un don de M. Godinot, chanoine de l'église, en 1747, qui par son économie, sa frugalité et un talent particulier pour la culture des vignes; avait acquis une fortune considérable, qu'il employa toute entière avec plus de générosité que de discernement, à l'embellissement de l'église de Reims, aux soulagemens des pauvres et aux besoins publics. [26] On y trouverait le calice de l'évêque Hincmard, monument d'orfèvrerie de l'an 880. Ce vase si précieux avait été déposé dans le musée de la ville, et a dit-on été volé.... ! Un texte de l'évangile en langue esclavone, avec une couverture enrichie de diamans, c'est sur ce livre que les rois faisaient serment le jour de leur sacre; il est conservé dans la bibliothèque de la ville, un autre évangile en lettres bleues; une croix d'or de cinq pieds de hauteur, donnée en 1176 ; une statue d'or de la Sainte-Vierge, donnée par Blanche, comtesse de Troyes; une chapelle d'or composée de tout ce qui était nécessaire au service de l'autel, donné par Charles VII, en 1429 ; un tombeau de vermeil, donné par Henri II, en 1547; une image de Saint-François, d'or massif, donnée par François 1er ; un soleil de vermeil, donné par Charles IX, en i56i; un vaisseau dont la calle était une agate d'une seule pièce, donné par Henri III, en 1515; un buste de Saint-Louis, en vermeil, donné par Louis XIII; un buste de Saint-Remi, en vermeil, donné par Louis XIV, en 1654; un magnifique soleil, en vermeil, exécuté par le fameux Germain, donné par Louis XV, en 1722; un ciboire d'or enrichi de bas-reliefs , donné par Louis XVI; et beaucoup d'autres objets précieux dont on trouvera une description plus détaillée, dans les divers ouvrages sur la ville et la cathédrale de Reims. [27] Il n'est resté à l'église que les présens de Henri II et Henri III, dont la matière était moins précieuse que le travail, ou du moins, moins propre à être monnoyée et une croix d'or ornée de pierreries, donnée par Guillaume de Champagne, laissée comme un objet nécessaire au culte. [28] Elle fut brisée en 1793. [29]  Derrière cet autel il existait un tombeau, soutenu par quatre colonnes de marbre noir, lequel reposaient les cendres) de ce cardinal inhumé en 1554 et celles de quelques membres de sa famille, tels que le cardinal de Guise et François de Lorraine. L'un et l'autre furent détruits en g4, et remplacés depuis par un autel plus moderne, provenant de l'église de l'ancienne abbaye Saint-Nicaise, il est en marbre fin, fut exécuté par Dropsi, marbrier de Paris, en 1764 et avait coûté 6,000 livres. [30] Ce monument fut démoli en 1744, comme embarrassant la nef et gênant les processions...! on le remplaça par une simple inscription, incrustée dans le pavé, ainsi conçue : Hoc in loco sanctus Nicasius j Remensis archiprcosu,jtruncato capite, martyr occubuit, anno domini 4o6. [31] On voyait dans beaucoup de cathédrales une mosaïque semblable, presque toutes ont été détruites, celles de Reims qui offrait le plus grand intérêt, le fut en 1779, sur les représentations et aux frais d'un chanoine, nommé Jaquemart, qui était choqué des courses des enfans et des étrangers qui s'amusaient quelquefois à parcourir pied à pied toutes les sinuositées et les contours de ce labyrinthe. [32] Détruite en 1793. [33] Ils provenaient, en grande partie, des dons faits par les archevêques à leur prise de possession, et par les rois qui avaient coutume de laisser à l'église les vêtemens précieux dont ils s'étaient servis à leur sacre , et qui étaient pour l'ordinaire transformés en chappes, en chasubles et en tuniques, ou appropriés de toute autre manière pour le service divin. [34] Elles représentent plusieurs personnages et faits historiques, de l'Ancien et du Nouveau-Testament; quelques allégories religieuses ainsi que des martyrs et des patrons honorés dans l'église de Reims. [35] Ils proviennent de l'église de l'ancienne abbaye Saint-Nicaise et furent exécutés par un nommé Gaudry, menuisier de Reims, 1764. [36] On peut consulter sur ce monument l'ouvrage du Comte de Caylus, les mémoires sur Reims, par Lacourt, les histoires de Reims, par Bergier, Mariât, Gérusez, etc.; le dictionnaire de la Martinière, article Reims, etc. [37] Cette tombe assez curieuse et gravée en creux avec du plomb fondu dans les traits, offre l'image de cet habile architecte, avec une inscription qui commence ainsi : ci-gist maître Hues Libergiers qui commença cette église en M. CC. et XJCJX, etc., etc. , et qui pourrait à l'avenir induire en erreur les étrangers , si l'on ne prenait pas le soin nécessaire d'instruire par une deuxième inscription du déplacement de cette pierre et de quelle église il est question. [38] Cette chaire provient de l'église de Saint-Pierre de Reims, et est l'ouvrage d'un sieur Blondel, habile menuisier de Reims, mort en 1812. [39]  Cet autel est appelé l’autel de la résurrection à cause du sujet que les figures représentent. [40] Dans le goût des horloges de Strasbourg, de Lyon, de Dijon, de Sens et d'Auxerre, mais moins curieuse et moins compliquée. [41] Ces vitraux paraissent dater du treizième siècle, ils représentent une suite des archevêques et des évêques suffragans, dont on trouve en partie les noms inscrits au-dessus des figures. [42]  Les peintures des roses du portail représentent des prophètes, des patriarches, des papes, des rois, des martyrs, des évêques, des anges, etc.; celles de la rose méridionale représentent l'Éternel dans toute sa majesté, environné de toutes les puissances célestes et celles de la rose septentrionale, la création du monde, et la chute d'Adam et Eve. [43] Le concile fut présidé par le pape Eugène III, on y comptait plus de mille prélats, parmi lesquels étaient les primats d'Espagne et d'Angleterre; on y traita de différens points de dogmes et de discipline; on remarque entre les principaux canons, le sixième qui défend aux avoués des églises de rien prendre par eux ni par leurs inférieurs , au-delà de leurs anciens droits, sous peine d'être privés de sépulture; le septième qui défend le mariage aux évêques, diacres sous-diacres, moines et religieuses et le douzième qui défend les joutes, tournois , etc. [44] Pépin fut sacré à Soissons, par Saint-Boniface, légat du pape, évêque de Mayence. [45] On sait que Napoléon jugea à propos de ne point suivre l'usage établi par les Rois de France, et il est probable que les successeurs de sa race auraient à son exemple été sacrés à Paris, et qu'ainsi Reims eût perdu son privilège. [46]  M. le préfet s'exprima ainsi : « Sire, l'antique cité où Clovis fut consacré au Christianisme » et à la royauté vous attend. Depuis cette époque si féconde, treize siècles ont passé sur la monarchie et à votre avénenient au trône, vous la trouverez encore jeune de gloire et d'espérance. » La religion embrassant, dans sa faveur, le royaume très-chrétien, semble le faire participer de sa » perpétuité, l'amour des peuples qui se reproduit d'âge en âge, ajoute ses trésors à tant de souvenirs » imposants et à ce merveilleux triomphe sur le temps. Oui, Sire, vous allez entendre les acclamations des fils de ceux que commandait Clovis qu'instruisait Saint-Remy, ils accourent avides de contempler, sur votre visage, l'empreinte de  vos royales vertus, ils élèvent leurs voix jusqu'au ciel, à la vue du monarque qu'ils attendaient  si ardemment. Je ne peux être ici que l'organe de leur impatience et de cette ivresse d'un grand peuple, qui sont le seul langage qui ne soit point au-dessous d'un roi de la vieille France et de l'auguste cérémonie qui l'attire au milieu de nous. » [47]  A la descente de Fismes, les chevaux des voitures du cortège, effrayés par le bruit de l'artillerie placée dans un vallon près de la roule, et que redoublait un écho très-fort, s'emportèrent tout à coup sans qu'il fut possible de les dompter: une des voitures renversée au fond d'un précipice fut entièrement brisée, et plusieurs personnes atteintes des blessures les plus graves qui pendant plusieurs jours ont mis leur vie en danger. Le Roi et les Princes ne durent leur salut qu'à la présence d'esprit du cocher et du postillon, qui surent avec beaucoup d'adresse et de force maintenir leurs coursiers sur le milieu de la route, jusqu'à ce qu'épuisés par la rapidité de leur course ils s'arrêtassent d'eux-mêmes. A cet instant le cocher s'évanouit et les nombreux témoins de ce cruel événement restèrent consternés jusqu'à ce qu'on eut acquis la certitude que personne n'avait péri. [48]  C'est dans ces contrées où la France devient chrétienne, c'est au pied de l'autel où fut sacré  Clovis, où les aïeux de Votre Majesté ont reçu l'onction royale, que le Dieu de Saint-Louis semble se plaire à verser ses plus abondantes bénédictions sur les rois que sa bonté nous donne. Du même autel aussi partent plus puissantes les inspirations d'amour , dont sont animés les Français , pour votre auguste Majesté et pour son auguste dynastie, et ce sont surtout les habit ans de l’arrondissement de Reims qui, placés à la source même de ces inspirations sacrées, y puisent les sentimens de fidélité, de dévouement sans bornes et de profond respect, qu'ils déposent par mon organe, aux pieds de Votre Majesté ; Sire, le ciel a entendu leur voix, Vive Le Roi, Vive Charles X.» Le roi daigna exprimer avec la plus aimable affabilité, combien il appréciait les sentimens d'affection dont M. le sous-préfet se rendait l'organe. [49] Epernay, Châlons-sur-Marne, Vitry-le-François, Sainte-Ménéhould. [50]  Le cortège était composé de l'état-major de la division, l'état-major de la garde royale, un détachement du 3ième de hussards, un détachement de lanciers de la garde, la garde nationale du 5ième  arrondissement ; un équipage à huit chevaux, à la livrée du duc de Bourbon, dans lequel étaient les aides-de-camp du prince; un second équipage à huit chevaux, à la livrée du duc d'Orléans, dans lequel étaient les aides-de-camp du prince; six autres équipages magnifiques, à huit chevaux, à la livrée du Roi, dans lesquels se trouvaient les grands officiers de la couronne, un détachement des gardes-du-corps, un officier des cérémonies, et les aides-de-camp du Roi; la voiture du sacre, dans laquelle était le Roi, à sa gauche le Dauphin, en face du Roi, le duc d'Orléans et le duc de Bourbon, après la voiture du sacre, des détachemens des gendarmes des chasses , des grenadiers-à cheval, des cuirassiers et des hussards de la garde, la gendarmerie à cheval de Paris, des escadrons du 3ième régiment et un du 5ième des cuirassiers de ligne, un escadron des dragons de la ligne, deux des chasseurs à cheval de la ligne, plusieurs batteries d'artillerie à cheval de la garde et plusieurs bataillons d'infanterie de la garde et de la ligne.[51]  L'exécution en est due à M. Belorme,  élève de Girodet, pour les peintures, M. Persillé pour les ornemens, M. Roguez pour les sculptures : les bronzes sont de M. Denière et la dorure de M. Gautier. [52] « Sire, heureux de pouvoir être auprès de Votre Majesté, l'organe des sentimens qui animent la ville de Reims, mon cœur sent mieux qu'il ne peut exprimer, l'élan que votre auguste présence excite en ce moment dans cette grande cité; daignez, Sire, recevoir les clefs de votre» bonne ville; c'est l'amour, c'est la fidélité qui s'empressent aujourd'hui, comme dans tous les  temps, à vous en faire hommage. Tous nos cœurs sont à vous, Sire, ils le sont à jamais et dans ce moment où nous avons le bonheur de contempler les traits de notre Roi bien aimé, il ne nous reste plus qu'à adresser des vœux au Tout-Puissant, pour qu'il répande ses bénédictions, sur Votre Majesté et qu'il lui accorde de longs jours pour le bonheur de la France. » Le Roi a répondu: « Je suis touché des sentimens qui viennent de m'être exprimés, je désirerais avoir la voix assez forte pour me faire entendre de tous les Rémois et de tous les Français et leur faire connaître la vive émotion que j'éprouve en ce moment : je prierai le Tout-Puissant dans la cérémonie de mon sacre, de doubler mes forces pour assurer le bonheur de mon peuple. » [53]  Le Ch. Isabey. [54] Louis XVI. [55] « Sire, aux vives acclamations de bonheur et d'amour qu'excite dans mon diocèse la présence d'un Roi digne fils île Saint-Louis, et aux sincères expressions de la reconnaissance et de la fidélité de cette bonne ville, si heureuse de se voir encore la ville du sacre, qu'il me soit permis d'ajouter les hommages et les vœux d'un chapitre aussi recommandable par la pureté de ses principes, que par la solidité de ses vertus et de tout un clergé qui connaît et qui aime à remplir ses devoirs. Quant à moi, Sire, j'ose me croire dispenser de manifester des sentimens qui, invariables comme mes principes, sont depuis long-tems connus de Votre Majesté.  Mais après avoir, comme un serviteur fidèle , pris part pendant une si longue suite d'années, à tous les événemens de la vie de Votre Majesté , je dois aujourd'hui bénir hautement la divine Providence qui, dans une cérémonie si remarquable par toutes ses circonstances, m'a destiné auprès de votre auguste personne , la plus belle et la plus consolante des fonctions de mon saint ministère, et je rends grâce à Dieu, la sagesse éternelle, de vous avoir inspiré, Sire, la grande et religieuse pensée de venir sanctifier la dignité royale, par un acte solennel de religion , au pied du même autel où Clovis reçut l'onction sainte. Car dans tout, soumis à votre puissance, Sire, tout vous fera assez entendre que vous êtes chrétien, tout vous dira que pour votre bonheur, comme pour le bonheur de vos peuples, et afin d'accomplir les destins de Dieu, en marchant sur les traces de tant de rois, dont par le droit de votre naissance, vous portez la couronne, oui, Sire, tout vous dira que vous êtes le fils aîné de l'église et le roi très-chrétien. Daigne le Roi agréer l'expression de nos sentimens, daigne le ciel exaucer tous nos vœux. » [56]  C'est le même qui, en 1789, étant alors évêque de Meaux, prononça un sermon devant les états généraux. [57] Nous regrettons que l'étendue de cet ouvrage ne nous permette pas de transcrire ici ce discours, ni d'en donner même une courte analyse; on peut le trouver dans la plupart des journaux ou des ouvrages publiés lors du sacre. [58] L'archevêché de Reims tombait presqu'en ruine, M. Mazois, architecte chargé de sa restauration, s'en est acquitté avec toute l'habileté et le bon goût qu'on devait attendre de ses talens; en peu de temps il a su vaincre les plus grandes difficultés et transformer une vieille masure en un palais digne du prince qui devait l'habiter, et de la circonstance mémorable qui en nécessitait l'emploi; la rigueur des convenances, la commodité des distributions s'y trouvaient jointes à la richesse et à l'élégance des décors ; mais les amis des arts sauront surtout bon gré à l'artiste d'avoir conservé et rétabli dans son état primitif, la telle salle dite du Festin Royal, construite en 1499 morceau fort curieux de l'architecture intérieure de cette époque. On peut donner une idée de cette restauration en disant que cent vingts milliers de plâtre et quarante ouvriers y ont été employés pendant un mois. [59] En robe brodée d'argent sur un fond d'or, diadème étincelant de diamants. [60] En robe rose lamée d'argent, couronne de rose mêlée de diamants. [61] En robe blanche brochée d'argent. [62] Les deux cardinaux parvenus à la porte de la chambre du Roi, le grand chantre heurte avec son bâton, le chambellan dans l'intérieur demande : que voulez-vous? Le premier assistant répond: Charles X que Dieu nous a donné pour roi. Les huissiers ouvrent les portes et les cardinaux ayant salué le Roi et les princes, leur présentent l'eau bénite, récitent quelques oraisons et accompagnent le Roi dans son entrée à l'église. [63] Le Roi sur un fauteuil, sous un dais, au milieu du sanctuaire; à droite le Dauphin, à gauche les ducs d'Orléans et de Bourbon, derrière deux capitaines des gardes-du-corps et les deux seigneurs chargés de porter la queue du manteau; le connétable et le chancelier sur deux tabourets, au bas des degrés du sanctuaire, plus loin le grand maître des cérémonies, le grand chambellan et le premier gentil-homme de la chambre. Sur un banc, quelques pas en arrière, le premier chambellan maître de la garde-robe et autres personnes de service, enfin aux côtés de l'épitre et de l'évangile, les quatre chevaliers portant les offrandes. [64] On trouvera la description de ces cérémonies dans les divers ouvrages qui traitent du sacre des rois de France, et dans ceux publiés à l'occasion du sacre de Charles X, ainsi que dans les journaux de cette époque. [65]  Mais une particularité très-remarquable et que nous ne pouvons-nous dispenser de faire observer, c'est qu'un nouvel ordre de choses, en France, a nécessité des changemens et des suppressions dans les formules des prières, des serments et des allocutions du sacre. Ces changemens très-notables, et par les circonstances qui les ont nécessités et par les principes qu'ils consacrent, font époque dans L'histoire. On peut facilement les reconnaître en comparant les nouveaux formulaires aux anciens, on peut consulter sur ce sujet le Journal de Paris Au 2 juin 1825 et quelques ouvrages du temps. [66] La sainte ampoule était une petite fiole d'huile figée et extrêmement durcie, en vénération dans l'église de Reims, comme ayant été apportée miraculeusement par un ange pour le baptême de Clovis. Cette fiole qui servait depuis au sacré de nos rois, fut brisée sur le pied d'estal de la statue de Louis XV, en 93, mais les espérances sacrilèges des impies furent déçues, des mains fidèles parvinrent à recueillir des fragmens de ce monument de piété, et une partie du baume qu'il renfermait, ainsi qu'il est constaté par un procès-verbal authentique, déposé au greffe du tribunal de Reims. Ces précieux restes sont aujourd'hui conservés dans un reliquaire en vermeil, donné par S. M. Charles X.

 

Cathédrale Notre Dame de Reims. Photos Rhonan de Bar (Copyright) sauf Litographies par Chapuy (1826).
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Cathédrale Notre Dame de Reims. Photos Rhonan de Bar (Copyright) sauf Litographies par Chapuy (1826).
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