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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #ETUDES HISTORIQUES SUR LIEUX SAINTS

LA CATHÉDRALE SAINTE-CROIX D'ORLÉANS.

F.T DE JOLIMONT. 1825

L'origine de l'église d'Orléans remonte, si l'on en croit quelques historiens, à la naissance même du Christianisme, et fut fondée par saint Altin, un de ceux délégués par saint Pierre, chef des apôtres, pour prêcher la foi dans les Gaules, vers l'an 69 de Jésus-Christ.

Il paraît que cette Église naissante eut moins à souffrir que beaucoup d'autres des sanglantes persécutions des empereurs païens : la liberté dont jouirent quelque temps les nouveaux fidèles, ne les obligea point à se réfugier dans des chryptes ou des lieux souterrains : ils purent élever des temples publics, et l'on cite la magnificence de la première basilique bâtie par saint Altin qui subsista long-temps au lieu où fut érigée depuis l'église paroissiale de saint Étienne, et était aussi dédiée au premier martyr : mais il ne nous reste sur ce premier monument aucuns documens certains.

Au commencement du quatrième siècle, le Christianisme triomphant sous l'empire de Constantin, vit bientôt soumettre à ses lois tous les peuples de la Gaule, et le culte du vrai Dieu s'établit sans obstacles sur les débris des idoles. L’Église d'Orléans était dès-lors une des plus florissantes : Le temple bâti par saint Altin ne pouvait plus suffire à l'affluence des fidèles et à l'état de splendeur où se trouvait déjà la religion du Christ.

Saint Euverte, appelé dans ce temps par une vocation surnaturelle à l'épiscopat et au siège d'Orléans[1], prit soin de faire édifier une nouvelle église, plus vaste et plus magnifique que l'ancienne : on sait que cette époque fut une des plus fertiles en prodiges et en miracles, et il se faisait alors peu de fondations religieuses qui ne fussent accompagnées de quelque fait extraordinaire qui indiquât l'ordre direct ou tout au moins l'approbation du Ciel. C'est ainsi qu'à Orléans, un ange révéla au pieux évêque le lieu même où il devait bâtir, que les ouvriers trouvèrent un trésor immense en creusant les fondemens, (car de tout temps l'argent fut le premier moyen des grandes entreprises[2], et que le jour même de la consécration du nouveau temple, lorsque saint Euverte célébrait la Messe , une nue resplendissante parut au-dessus de sa tête, et de cette nue sortit une main qui bénit par trois fois le temple, le clergé et le peuple assemblé, miracle qui convertit en même temps plus de sept mille païens et mit l'église d'Orléans en grande réputation. Pour conserver la mémoire de ce fait, elle fut à l'instant consacrée sous le titre de Sainte-Croix, et l'on représenta depuis en sculpture, la nue et la main bénissante, sur le grand portail, aux voûtes et à plusieurs endroits de l'édifice[3].

Cette première Cathédrale, augmentée parle successeur de saint Euverte, ruinée plusieurs fois, soit dans les invasions des peuples du nord, soit en d'autres circonstances[4], réparée provisoirement par l'évêque Arnould, s'écroula presqu'entièrement de vétusté vers la fin du douzième siècle; il fallut donc en reconstruire une troisième qui précéda celle que nous voyons aujourd'hui et en forme même une partie. Robert de Courtenai, arrière-petit-fils de Louis-le-Gros, alors évêque d'Orléans, en avait conçu le projet, fait tracer les plans et affecté à cet ouvrage une grande partie de ses revenus, générosité que s'empressèrent d'imiter un grand nombre de princes, de seigneurs et d'habitans de la ville, mais la mort le surprit avant d'avoir pu mettre la main à l'œuvre, et Gilles Pastay, son successeur , en jeta les fondemens le 12 septembre 1287, sous le règne de Philippe-le-Bel. Le nom de l'architecte n'est point parvenu jusqu'à nous, il paraît même qu'il n'acheva point son ouvrage, qui était encore imparfait, lorsqu'en 1567, les calvinistes en firent écrouler la plus grande partie en faisant jouer des mines dans les principaux piliers. L'ancien portail qui n'était pas joint à l’Église, les chapelles du Rond-Point et quelques portions du chœur, échappèrent seulement à ce désastre. On ne fit pour le moment qu'une réédification partielle, indispensable pour pouvoir célébrer les saints Mystères, et les choses restèrent en cet état jusqu'en l'année 1598.

Peut-être l'église d'Orléans n'eût jamais été relevée de ses ruines sans la protection spéciale et la libéralité du roi de France, Henri IV, et du pape Clément VIII qui, à la sollicitation du clergé et des habitans, assurèrent par des donations considérables et par la publication d'un Jubilé solennel dans la ville, les moyens de pourvoir à la dépense. Le roi lui-même et la reine, venus à Orléans pour gagner les indulgences du Jubilé, posèrent en grande pompe la première pierre du nouvel édifice , le 18 avril 1601. Dieu soit loué, s'écria le roi en terminant la cérémonie, mais ce n'est pas assez de commencer cet édifice, si nous n'avons soin de le bien continuer et parachever, et il ajouta beaucoup d'autres dons à ceux qu'il avait déjà faits[5]. Mais malgré tant de zèle et de secours si abondans, la construction fut lentement exécutée, souvent arrêtée par des obstacles imprévus, et cette cathédrale n'est point encore entièrement finie.

En décrivant chacune de ses parties, nous indiquerons succinctement les faits qui se rattachent à leur construction.

EXTÉRIEUR.

La plupart des historiens, et particulièrement des habitans d'Orléans, citent leur Cathédrale comme la plus considérable et la plus magnifique de la France, et assurent que les étrangers en portent le même jugement. Sans admettre entièrement cet éloge, si naturel dans leur bouche ou dans leurs écrits, nous pensons qu'il y a en général, peu ou point d'édifices, anciens ou modernes, assez parfaits pour mériter une préférence universelle sur tous les autres. Chacun a son mérite relatif et des beautés ou des imperfections qui lui sont propres, mais il est vrai de dire que la Cathédrale d'Orléans est en effet une des plus spacieuses et des plus remarquables, et une de celles, peut-être, dont l'extérieur charme davantage l'œil par sa légèreté, son extrême élégance, la quantité des ornemens de détail et le caractère entièrement neuf des tours du grand portail.

La reconstruction actuelle de l'église d'Orléans est un ouvrage du commencement du dix-septième siècle et fait honneur au bon goût de ceux qui en ont dirigé les travaux: ils ont su s'affranchir du mauvais style et des innovations introduits dans l'art à cette époque, et en imitant scrupuleusement dans les nouvelles parties, la structure des anciennes , ils ont conservé à ce monument, sauf le portail et quelques légères exceptions, une unité parfaite et le caractère primitif de l'architecture des treizième et quatorzième siècles. Le plan a de la grandeur, de la régularité, et l'ensemble, offre un aspect d'autant plus pittoresque et d'autant plus agréable, que les arcs-boutans, les galeries, les contreforts, les clochetons et tous ces ornemens qui donnent tant de mouvement et font le principal charme de l'architecture gothique, y sont plus multipliés et d'une forme plus svelte que dans beaucoup d'autres édifices semblables. C'est particulièrement en se plaçant dans les jardins du Palais épiscopal, à quelque distance du Chevet, que l'œil peut embrasser dans toute son étendue, le développement successif de cette belle Église, en mesurer les heureuses proportions et admirer toute la science et l'artifice de la construction[6]. Mais si naturellement l'attention doit être d'abord préoccupée du coup-d'œil général et de l'ensemble d'un monument tel que celui-ci, chacune des principales parties mérite encore un examen particulier.

La façade occidentale ou grand portail commencée en 1723, et laquelle on travaille encore, a remplacé un portail fort ancien, qui datait à ce que l'on assure, presqu'en entier du temps des primitives constructions de l’Église, et pouvait offrir un exemple curieux d'architecture Lombarde ou même du Bas-Empire, puisque quelques antiquaires l'ont regardé comme ayant appartenu à l'Église bâtie par saint Euverte, au commencement du quatrième siècle[7]. Son état de vétusté et l'isolement où il se trouvait de l’Église avec laquelle il n'était plus en rapport, nécessitèrent sa démolition. Celui-ci est d'un gothique de composition fort élégant, d'un style assez pur, qui, bien qu'il ne soit pas entièrement en harmonie avec le reste de l'édifice, ne présente cependant aucun contraste désagréable, et fait beaucoup d'honneur au génie et au talent de M. Gabriel, premier architecte du Roi, qui en a créé le premier plan, posé les fondemens et dirigé les travaux jusqu'en l'année 1766. Depuis cette époque jusqu'à présent, divers architectes ont successivement travaillé à ce beau monument, et ont fait quelques additions ou corrections utiles au plan de M. Gabriel [8].

Le portail de l'église Sainte-Croix, se compose de deux parties principales; le portail, proprement dit, et les tours qui le surmontent; le portail est divisé régulièrement, et soutenu dans toute son élévation, par quatre grands contre - forts, triangulaires dans les trois quarts de leur hauteur, et ornés de petites colonnes, de figures de saints, et de niches à jour terminées en pyramides; les intervalles sont de même divisées, mais horizontalement en trois étages. Le premier, offre trois grandes entrées de dimensions égales; celle du milieu, légèrement profonde, est ornée de statues placées dans les enfoncemens, et des armes de France sculptées dans le tympan : celles des côtés se subdivisent chacune en deux petites portes, surmontées d'un imposte commun, en forme d'arcade ogive, correspondant à celle du milieu , et dont le tympan est également orné d'un côté, des armes de M. de Jarente, évêque d'Orléans, en 1766; et de l'autre, des armes du Chapitre. Deux autres portes dans le même genre, existent encore aux faces latérales de ce portail, au nord et au midi, et occupent toute la partie inférieure du portail. Immédiatement au - dessus de ces portes, de grandes rosaces ou roses d'égales dimensions et à compartimens réguliers, remplissent le nud du mur, et forment le second étage; le troisième est composé d'une galerie élégante à clairevoie, qui règne sur toute la surface de l'édifice, et en forme le couronnement.

C'est de ce point que naissent et s'élèvent les tours, le plus bel ornement de cette façade, et la partie où les artistes ont développé le plus d'art et de goût. Elles présentent aussi trois étages à quatre faces , semblables superposés pyramidalement : le premier, orné d'une grande fenêtre qui occupe le centre, accompagnée de chaque côté de figures de saints portées sur des consoles dans des niches gothiques peu profondes, est flanqué aux encoignures de quatre charmans escaliers en spirale avec des campanilles de la plus grande légèreté; le second étage, dont les angles sont rentrans, offre une galerie continu dont les colonnes et les arceaux, découpés en trèfle, sont extrêmement sveltes, d'une délicatesse étonnante, et laissent voir à travers, le massif ou dé de la tour, percé d'une grande fenêtre, le tout surmonté d'une jolie balustrade; enfin, une colonnade circulaire entièrement à jour, couronnée par une riche dentelle en pierre, ornée de quatre figures d'anges colossales, termine d'une manière fort élégante et fort heureuse chacune des tours, qui, toutes évidées dans l'intérieur et percées à jour sur toutes les faces, ont une forme aerienne, et un aspect qui captive involontairement l'œil le plus sévère[9].

Il est facile de reconnaître dans la composition de ce portail, une imitation plus ou moins heureuse des masses et des détails de l'architecture gothique du treizième siècle , mêlée de beaucoup d'innovations, ajustée peut-être plus en décors de fantaisie, que dans les principes , et le vrai goût du temps; mais dont l'effet agréable dissimule les défauts. Les proportions générales de cet édifice, sont de cent vingt-six pieds d'élévation, pour la partie inférieure du portail proprement dit: deux cent quarante - deux pieds, jusqu'au sommet des tours, cent soixante-deux pieds de largeur d'un angle à l'autre, et quarante-huit de profondeur. Lorsqu'il sera entièrement achevé, il aura coûté plus de huit millions, somme assez considérable pour bâtir une Cathédrale entière, et qui n'a point suffi pour joindre ici à un luxe d'apparat, une solidité réelle, car, en 1782, quelques foulemens et des ruptures survenues , dans les masses principales de ce portail, firent naître de vives inquiétudes, et donnèrent lieu à plusieurs examens, et à des rapports d'experts, dont le résultat fut de remédier aux vices de la primitive construction à-peu-près comme on le fit il y a quelques années à la nouvelle église Ste-Geneviève de Paris; c'est-à-dire, au préjudice de quelques parties, et de la disposition générale du premier plan; c'est ainsi qu'on a supprimé, dans l'intérieur du péristile, l'effet des rosaces, en élevant des doubles voûtes, et diminué par des contre-murs, les ouvertures des côtés ; qu'on a également supprimé les escaliers pratiqués dans les massifs pour conduire aux tours, et ôté de la légèreté et de l'élévation de la partie supérieure de ces mêmes tours. Enfin, qu'on a été obligé d'arrêter les progrès de l'écartement, en liant toute la surface extérieure, d'un tirant de fer de quatre pouces d'épaisseur.

En élevant à l'Eglise d'Orléans une façade aussi importante, on n'avait point oublié tous les accessoires extérieurs qui devaient contribuer au développement de son aspect et l'entourer d'une manière convenable, soit en démolissant d'anciens bâtimens inutiles qui nuisaient à son coup-d'œil ou à celui du reste de l'Eglise, soit en formant une place spacieuse à laquelle doit aboutir une rue magnifique, l'une et l'autre bâties avec élégance et régularité ; ces travaux, non seulement d'embellissement mais encore d'utilité publique, trop longtemps ajournés , vont aujourd'hui s'exécuter avec le zèle le plus louable de la part des habitans et des autorités locales, et ont tout récemment mérité l'attention particulière du gouvernement, essentiellement protecteur des entreprises qui concourent à la splendeur et à la prospérité de nos grandes villes[10].

Les façades latérales de l'église Ste-Croix au nord et au midi, présentent entre elles , à peu de chose près , le même aspect, dans l'ensemble et dans les détails. Les deux extrémités de la croisée sont terminés par deux grands portails remarquables par leur belle structure, leurs rosaces et leurs ornemens, mais qu'il serait difficile de décrire et que l'œil jugera beaucoup mieux sur le dessin [11]. Le premier du côté du nord, fut commencé à bâtir en 1622, et terminé en 1628. Dans les fouilles qui furent faites, on trouva les fondemens d'une construction romaine, sur les ruines de laquelle on assure que saint Euverte avait établi sa cathédrale. Celui du côté du midi, commencé en 1662, fut terminé en 1676. Plus loin, du côté du nord, vers le chevet, on trouve encore une jolie petite porte dans le genre de la porte rouge de la Cathédrale de Paris [12], et non moins pittoresque, elle se nomme Porte épiscopale, parce qu'elle conduit de l'évêché à l'Eglise, et elle a fourni le sujet d'un des plus jolis dessins de ce Recueil. Enfin, du centre de la croisée, s'élève un clocher, ornement presqu'indispensable des grands édifices religieux du moyen âge et qui contribue singulièrement à la beauté de leur aspect ; celui-ci construit en charpente revêtue de plomb, fut achevé le 1er septembre 1707. On employa six mois à le poser, il est de forme octogone, à trois étages, flanqué aux angles de petits contre-forts et de clochetons, et terminé en obélisque. Sa hauteur, au-dessus du toit, est de quatre-vingt-onze pieds, non compris le globe et la croix, et les travaux en furent adjugés pour la somme de quarante mille francs.

INTÉRIEUR.

L'intérieur de l'Église d'Orléans est vaste, présente de belles lignes, d'heureuses proportions, et comme tous les beaux édifices de ce genre, beaucoup de grandeur et de majesté. Mais on n'y trouve rien de particulièrement remarquable, ni dans l'ensemble, ni dans les ornemens, si ce n'est peut-être le rond point du chœur, qui est cité pour son élégance et sa légèreté. Comme à l'extérieur, l'architecture est aussi celle des XIIIe et XIV siècles, les piliers sont ronds , cantonnés en forme de croix, de petits pilastres carrés, profilés sans interruption jusqu'aux nervures des voûtes et des arcades avec lesquelles ils se lient immédiatement sans chapiteaux ni couronnemens ; une galerie dont les arcades et la balustrade sont découpées en trèfles, règne tout autour de la nef, de la croisée et du chœur, au-dessous des grandes fenêtres qui occupent la partie supérieure des travées , et est à-peu-près la seule décoration des murs de cette Église; la nef, accompagnée d'un double rang de bas-côtés, a cent soixante-neuf pieds de long, y compris la croisée, et quatre-vingt-six pieds de large y compris les bas-côtés, et la croisée, cent soixante-quatre pieds d'une porte collatérale à l'autre ; le chœur, y compris le sanctuaire, élevé sur plusieurs rangs de degrés, a cent seize pieds de long et la même largeur que la nef, il est accompagné d'un seul bas-côté régnant à l'entour, et de onze chapelles qui forment le rond point. La longueur totale de l'édifice, depuis l'entrée jusqu'au fond de la chapelle de la Vierge, est de trois cent quatre-vingt-dix pieds; enfin, l'élévation générale des grandes voûtes est de quatrevingt-dix-huit pieds, et celle des voûtes inférieures de quarante pieds, les unes et les autres sont soutenues sur cinquante-sept piliers isolés et quarante engagés dans les murs.

Il eût été difficile de songer à embellir l'intérieur de l'église Sainte Croix d'ornemens accessoires, quand des sommes immenses et plus de deux siècles n'ont pu suffire à achever sa construction. Cependant, avant l'époque funeste du vendalisme révolutionnaire, on y admirait un magnifique Jubé construit en marbre sur les dessins de Jules Hardouin Mansard en 169o et orné de statues et de vases de la plus grande beauté[13]. Les grilles et les fermetures des chapelles étaient également estimées; enfin, le chœur était décoré de stalles superbes en menuiserie, dont les panneaux sculptés par le célèbre Dugoullon, représentaient divers attributs religieux et des sujets de la Vie de Jésus-Christ[14], et d'un autel en marbre précieux enrichi de bronzes dorés, travaillés par Vassé. Ces chefs-d'ceuvres ont disparu à l'exception d'une fort belle statue de la Vierge, sculptée par Bourdin, artiste d'Orléans, (dans la chapelle de la Vierge). La chair que l'on voit aujourd'hui a été exécutée avec goût par M. Romagnesy jeune, sur les dessins de M. Pagot ; les grilles et les stalles qui règnent autour du chœur répondent peu à la majesté de l'édifice. Lors des travaux de la nouvelle halle au blé, construite dans l'emplacement de l'ancien grand cimetière , les restes de Pothier, inhumés dans cette enceinte le 4 Mars 1772, en furent exhumés et transférés en grande pompe dans l'église Sainte-Croix où ils furent déposés le 17 Novembre 1823, dans la travée à gauche auprès de la porte latérale qui conduit à l'évêché.

Dans l'une des chapelles on remarque aussi le tombeau de M. de Varicourt, décédé évêque d'Orléans, le 9 décembre 1822, et membre de la Société royale des sciences de cette ville. Ce prélat, si distingué par ses belles qualités, a laissé des souvenirs ineffaçables dans le cœur des Orléanais. A peu de distance reposent les restes de Mme. la comtesse de Choiseul-d'Aillecourt, épouse de l'ancien Préfet du Loiret, et que sa bienfaisance avait fait surnommer la mère des malheureux.

L’Église d'Orléans a été illustrée par plusieurs prélats et saints personnages de haute réputation : Eusèbe, Ancelme, Théodoric, Arnoult et autres, ne furent pas moins recommandables par leur science que par leurs vertus. Un grand nombre de conciles où furent agités les points les plus importans de la discipline ecclésiastique et séculière, ont été tenus dans cette église et l'ont également rendue célèbre ; enfin, c'est aussi dans cette cathédrale qu'eurent lieu les cérémonies du sacre des rois Charles-le-Chauve, Eudes, Robert, Louis-le-Gros, Louis-le-Débonnaire, et Louis-le-Jeune, qui y célébra en même temps ses noces avec la princesse Constance.

 

[1] On peut lire dans les anciennes légendes, dans l'Histoire d'Orléans par le père Guyon et dans d'autres ouvrages, l'histoire singulière de la vacation de saint Euverte. [2] Saint Euverte, disent les chroniques, ne crut pas devoir s'approprier ce trésor sur lequel le prince pouvait revendiquer des droits. Il le fit remettre à Constantin, qui le renvoya au prélat pour être employé à la construction de son église, et y ajouta d'autres présens considérables. [3] Ces faits miraculeux que l'incrédulité et une saine critique s'accordent souvent aujourd'hui pour réfuter, sont cependant l'objet de tant de traditions écrites , l'origine de tant d'usages ou de cérémonies, et constatés par tant de monumens que leur connaissance, quelque soit leur degré de crédibilité, est presque toujours étroitement liée à l'histoire et à la description des édifices religieux du moyen âge. Ces miracles sont d'ailleurs, la plupart, des faits matériels dont la cause réelle ou supposée peut être contestée, mais dont on peut rarement nier la réalité malgré tout le merveilleux qui les enveloppe. [4] Les historiens sont peu d'accord sur les causes et les époques des divers incendies et désastres qu'éprouva l'église d'Orléans dans les 9ième et 10ième siècle. [5] Un arrêt du Conseil du 28 décembre i642, nous apprend que Clément VIII, en accordant à Henri IV l'absolution de l'excommunication qu'il avait encourue comme hérétique, l'avait obligé de faire construire un monastère de religieux et un de religieuses, dans chacune des provinces de la France et du Béarn, mais que le roi avait obtenu qu'il serait dispensé de fonder ces monastères en faisant rétablir la cathédrale d'Orléans. Ce fut aussi tout en faveur de cette entreprise que le pape accorda les indulgences du jubilé à ceux qui, au lieu d'aller à Rome comme c'était l'usage, visiteraient dévotement l'église d'Orléans et contribueraient à sa réédification. Ce jubilé attira dans la ville un si grand concours de monde pendant trois mois, qu'on donna, dit un des historiens qui rapporte ce fait (le P. Guyon), la communion à plus de cinq cent mille personnes. On célébra dix mille messes, et on fut obligé de prêcher dans les places publiques, l'église ne pouvant contenir l'affluence des pèlerins dont la pieuse générosité produisit des sommes considérables. [6] Ces parties anciennes sont le Chevet, les chapelles qui l'entourent et une partie du chœur qui ne furent point détruites par les calvinistes; elles appartiennent à l'église bâtie en 1287, et ont servi de type pour la dernière restauration. [7] Voyez les histoires d'Orléans par le père Guy on, Lemaire, une notice historique par l’abbé Dubois, etc. Cet ancien portail était composé de deux tours de cent cinq pieds d'élévation, non compris des toits forts élevés qui les recouvraient, réunies par une partie centrale de vingt-quatre pieds de large qui en était, à ce qu'il paraît, la partie la plus ancienne. Ce portail se trouvait isolé de l'église, depuis un temps immémorial il tombait en ruines et fut démoli en 1725 .(8] Ces architectes sont MM. Trouard, depuis 1766 jusqu'en 1773 -, M. Legrand depuis 1773 jusqu'en 1782, MM. Guillemot, Miqueet Jardin, de 1782 à 1787 ; M.Pâris, de 1787 à 179o; enfin, depuis quelques années, après une longue interruption, M. Pagot, architecte de la ville et du département du Loiret a repris ces travaux et réparé les nombreux et funestes accidens survenus dans cet intervalle et qui pouvait causer la ruine totale de cet édifice. Cet architecte, aussi plein de mérite que de modestie, a employé dans la reconstruction des grandes voûtes de trois travées de la nef, des méthodes simples, ingénieuses et d'une économie inattendue, notamment dans son système d'échafaudage. Il serait à désirer que dans l'intérêt de l'art, il put réaliser son projet de publier tout ce qui a rapport à son importante restauration dans un ouvrage spécial. En 1739, M. Gabriel avait fait faire à Versailles, sur l'échelle de quatre pouces pour toise, un modèle en bois des tours du portail et de l'achèvement de la nef; c'est un espèce de chef-d’œuvre qui a coûté 11, 548 fr., et que l'on a exposé aux regards des curieux dans une des salles de la bibliothèque publique. Il y a d'autant plus de mérite à M. Gabriel et aux architectes qui lui ont succédé, et on doit leur savoir d'autant plus gré d'avoir construit cette façade à la gothique, que c'était à une époque où l'on avait pour ce genre plus que du mépris, et que presque partout on croyait faire un acte de goût, particulièrement dans la plupart des maisons religieuses, en démolissant souvent des chefs-d'œuvre pour les remplacer par d'assez ignobles constructions à la moderne. [9] Cette colonnade ou ce troisième étage de tours n'existait pas dans le plan de M. Gabriel, il fut ajouté dans celui de M. Trouard, et n'a «Hé exécuté qu'en 179o par M. Paris, qui y fit de grands changemens. [10] Les étrangers qui visitent cette belle Cathédrale, ont vu jusqu'à présent avec surprise qu'on la laissât enfouie derrière un immense amas de vieilles masures du plus vilain aspect qui l'encombrent de toutes parts et en rendent l'abord si difficile. La continuation d'un tel état de choses était d'autant plus remarquée, qu'on sait généralement que depuis long-temps on avait l'intention d'ouvrir une large rue en face du portail de la Cathédrale, que l'exécution de ce projet n'avait été interrompue que par les désastres de la révolution, survenus au moment où on s'occupait de le réaliser, qu'enfin aujourd'hui, depuis que M. le vicomte de Riccé, préfet du département du Loiret; et M. le comte de Rocheplatte, maire d'Orléans, sont à la tête de l'administration, de nombreux, travaux en tous genres se poursuivent avec la plus grande activité et qu'en moins de quelques années on a dû à ces deux magistrats l'achèvement de la Cathédrale, un palais de justice, un abattoir, une halle aux grains, des quais et des promenades de la plus grande beauté, un musée à peine fondé depuis quelques mois, et déjà riche de nombreuses offrandes de tous les habitans; tout portait donc à croire qu'un projet dont l'exécution se lie évidemment avec l'achèvement de la Cathédrale, ne tarderait pas aussi à être réalisé : cet espoir, en effet, n'a point été trompé. Dans les premiers mois de 1824, vaincu pat les instances réitérées des personnes les plus recommandables et cédant d'ailleurs à sa propre conviction, M. le maire d'Orléans entretint le conseil municipal du projet concernant la confection de la rue de Bourbon, et fit connaître qu'une Compagnie financière se chargerait de toute la dépense, évaluée à trois millions. Ce projet fut accueilli à l'unanimité; une décision du Conseil-d'Etat ayant rejeté une opposition de quelques propriétaires à l'ouverture de la rue, la Compagnie a adressé ses propositions au conseil municipal d'Orléans, qui les a agréées dans sa séance du 6 avril dernier, et ses commissaires, MM. de Bertrand, quartier-maître de l'hôtel du Roi, J. Thayer, propriétaire à Paris, et de Crusy et Cabet, banquiers à Paris, ont déposé, le 2o juin dernier, en l'étude de Mr Cottenet, notaire à Paris, l'acte de Société, arrêté entre les Sociétaires, et sont chargés de le soumettre à l'approbation de Sa Majesté, aussitôt que la ville d'Orléans aura obtenu l'ordonnance royale qu'elle sollicite par l'organe de ses députés. Circonscrite jusqu'à ce jour dans les travaux préliminaires et dans l'étude de ce qui pouvait la conduire à l'heureux résultat qu'elle se propose, la Compagnie de la rue de Bourbon a maintenant surmonté tous les obstacles qu'elle avait à vaincre, et son succès est désormais assuré.  Ainsi Orléans et la France entière verront bientôt se réaliser les deux plus belles entreprises, qui depuis long-temps aient été exécutées dans le département du Loiret, et qui devaient en effet avoir lieu à la même époque et sous les mêmes auspices, l'achèvement de la magnifique Cathédrale qui vient d'être décrite, et l'ouverture de la rue de Bourbon en face de son entrée principale. (Note communiquée. ) [11] Les connaisseurs regretteront avec nous que le style des trois portes qui décorent ces portails, soit étranger à celui du reste de l'église, ces portes sont dans le goût de la renaissance et celle du milieu est ornée de chapiteaux et d'un entablement corinthien. [12] Voyez la description de la Cathédrale de Paris et le dessin, page 8. [13] On peut consulter sur toutes les dimensions détaillées de l'église d'Orléans, la notice publiée en 1818, par M. l'abbé Dubois, qui donne sur cet objet les renseignemens les plus étendus. [14] Elles ont été vendues pour le pris de bois à brûler, les panneaux sculptés ont seuls été conservés.

Photos Cathédrale Sainte-Croix. Source internet. Lithographie Chapuy. 1825
Photos Cathédrale Sainte-Croix. Source internet. Lithographie Chapuy. 1825
Photos Cathédrale Sainte-Croix. Source internet. Lithographie Chapuy. 1825
Photos Cathédrale Sainte-Croix. Source internet. Lithographie Chapuy. 1825
Photos Cathédrale Sainte-Croix. Source internet. Lithographie Chapuy. 1825
Photos Cathédrale Sainte-Croix. Source internet. Lithographie Chapuy. 1825
Photos Cathédrale Sainte-Croix. Source internet. Lithographie Chapuy. 1825
Photos Cathédrale Sainte-Croix. Source internet. Lithographie Chapuy. 1825

Photos Cathédrale Sainte-Croix. Source internet. Lithographie Chapuy. 1825

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D
jolie cathédrale avec une belle nef et une belle histoire ( jeanne d'arc )
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