Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #MARTYRS DE FRANCE

Le " champ des martyrs" de l'île Madame. 

 

 IMGP0662.jpg

 


L'OEuvre des Prêtres martyrs de la déportation.

 

 

Sans vouloir rêver trop beau, ni enfermer d'avance dans une formule une action qui doit se plier avec souplesse aux inspirations divines, aux suggestions providentielles des circonstances, el aux directions de l'autorité ecclésiastique, il ne parait ni illégitime ni inutile d'indiquer avec une certaine précision sous quelles formes diverses il semble que pourraient présentement s'exercer les bonnes volontés et se produire les concours.

Il y a pour tout chrétien un devoir à remplir, d'autant plus impérieux et plus urgent que le délaissement a été plus grand et plus long: sur ce principe on ne voit pas de contradiction possible Nous avons dit ailleurs, et tout le monde sait et sent que manquer aux morts est une faute de conséquence.

S'il y a des bénédictions à recevoir pour qui les honore, n'y a-Hl rien à craindre pour qui ferme l'oreille à leur appel ?...

Avant de les vénérer comme des saints et des martyre — ce qui serait prématuré — nous pensons qu'on leur doit les prières, les hommages, les visites qu'on doit à tous ceux qui sont morts dans le Seigneur Et c'est cela d'abord que nous demandons.

Rien de contraire à l'orthodoxie à ce qu'on «éprouve», si j'ose dire, l'efficacité de leur intervention, à ce qu'on les prie de se manifester par des grâces bien sensibles, à ce qu'on leur promette un peu de soi, de son temps, de sa peine ou de son argent en échange de leurs bienfaits.

L'Eglise, en son haut magistère de prudence, défend qu'on prononce avant elle ; mais elle a toujours respecté les dévotions populaires qui lui ont paru pures, et toujours tenu grand compte des mouvements de prières et des miracles qui en naissent Donc, que les âmes des vivants aillent vers ces âmes des morts, c'est sans doute l'essentiel ; et tout le reste que Dieu voudra viendra ensuite par surcroit. Les pèlerinages individuels ou en groupe, aux principaux lieux de sépulture, (j'ai dit comme ils étaient accessibles), les prières, les ex-votos, les messes, voilà, sans doute, ici comme ailleurs, les moyens les plus ordinaires de la piété qui invoque ou fait action de grâces.

Et puisque Dieu al voulu que le premier monument qui sortit de terre fût la Croix de Port-des-Barques, admirablement placée d'ailleurs pour dominer toute la rade où stationnèrent les pontons du martyre, et pour être comme la lanterne des morts au centre du vaste cimetière, puisque déjà il y a là, tout près du principal ossuaire de l'île Madame une chapelle et que le pèlerinage y est maintenant régulièrement institué, il n'est guère douteux que doive être là le premier rendez-vous.

Mais l'île d'Aix a droit aussi à une visite, et s'il plaît à Dieu, à une église plus digne d'elle et des reliques qu'elle a recueillies. Et à Brouage, et au cimetière de Rochefort, et à Saintes, et sur les roules de France partout où sont tombées ces saintes victimes, il y a aussi quelque chose à faire. Il y a à repérer le plus possible de ces sépultures, et, les ayant retrouvées, de les marquer au fur et à mesure d'un signe sacré : Sta, viator, heroem calcas.

Dans la plaine de Loigny, écrivait récemment François Laurentie, au retour des obsèques du général de Charetle, la croix se dresse partout, prière vivante, gage de résurrection. Au coin du petit bois voici celle de fer qui commémore Ferdinand de Troussure, mort, dit l'inscription, en chrétien et en brave.

Un peu plus loin, vers Villours, voici celle de pierre qui marque l'endroit où tomba Sonis... Voici en plein champ un haut calvaire, un vaste terre-plein sablé entouré d'une grille où repose Fernand de Perron...etc., etc.

A l'heure même où je complète ces lignes, je vois qu'un Comité du centenaire de 1812 a ouvert une souscription dans les journaux pour élever sur le champ de bataille de la Moskowa un monument aux morts de la Grande Armée. Pourquoi, répéterai-je après un jeune écrivain de la Revue Montalembert qui fit écho à mon premier appel, comme les champs de bataille d'hier ou ceux de jadis, les champs de carnage de la guerre "à l'Eglise ne seraient-ils pas plantés de croix où fraterniseraient dans la gloire du martyre commun tant de noms, nobles, bourgeois, ou roturiers, de l'ancienne France, qui sont encore vivants dans la France d'aujourd'hui ? »

Et ce que fait le Souvenir français qui, non seulement élève et entretient les tombes partout où nos soldats sont enterrés, mais qui, dans chaque province de France et presque en chaque ville bientôt aura érigé des monuments à la mémoire des enfants du pays morts à l'ennemi, ne le peut-on, ne le doit-on pas faire aussi pour les héros du sacerdoce? Il n'est pas bien difficile, ni bien coûteux, comme on t'a fait à la cathédrale de Saintes pour Mgr de La Rochefoucauld, et certainement en plusieurs endroits, d'inscrire ici ou là, dans la paroisse où il est né, dans la paroisse où le principal de sa vie s'est écoulé, dans celle d'où il est parti pour ne plus revenir, le nom du prêtre qui a donné sa vie pour son troupeau, et d'interrompre au moins ainsi la prescription de l'oubli.

Or, pour que se mette ainsi à l'oeuvre la piété partout où par ignorance elle dort encore, pour lui donner un aliment là où elle a commencé d'agir, et lui permettre de travailler à bon escient, il faut nécessairement tirer de la poussière les noms ignorés, faire connaître et répéter l'histoire, l'histoire générale de la persécution des pontons, l'histoire particulière de chacune des victimes à honorer.

Ce travail, qui, à première vue, paraît immense, n'est heureusement pas tout à faire. Pour ce qui est de l'histoire générale de la déportation de la Terreur et du supplice des pontons, en attendant le maître ouvrier qui consacrera dix ans de sa vie à en édifier avec les matériaux nouveaux mis au jour le monument définitif, il y a les mémoires et relations des survivants, qu'on pourrait rééditer à peu de frais, annoter, commenter el répandre. Leur collection constituerait la bibliothèque authentique du martyrologe. Pour les biographies individuelles et le détail des procès, exécutions, internements, et proscriptions en chaque endroit, dans un grand nombre de nos provinces on a déjà beaucoup travaillé, et on travaille de plus en plus. Des ecclésiastiques, des religieux, des érudits, des chercheurs ont déjà publié des documents, des listes, des pièces d'archives, des monographies. Je sais des diocèses où tout est fait, ou presque.  Ailleurs on manque d'initiative, ou de direction et de méthode, ou d'encouragement, ou d'organe… Ne serait-il pas excellent qu'un Comité central guidât les bonnes volontés qui ne sauraient manquer, fournit les indications pour les recherches et les références, mît eh relations les travailleurs dispersés qui s'ignorent, leur trouvât quand ils ne l'ont ;>as le moyen de publier leurs documents ou leurs études? Il y a un peu partout, en France, des gens intelligents et hélas ! désoeuvrés à cause de leur isolement; il y a aujourd'hui quantité de femmes instruites et qui, ayant le goût d'écrire, donnent dans la décevante vanité des romans et des vers. Combien trouveraient leur joie, tout en se gagnant devant Dieu des mérites, à faire pour une oeuvre aussi belle ces recherches d'histoire, toujours si passionnantes aussitôt qu'on les a seulement commencées... El si les bulletins et les revues qui existent venaient à ne pas suffire, la fonction sans doute ici encore créerait l'organe.

Il n'est pas fou de penser que ces messieurs ou ces dames trouveraient le moyen de faire vivre un petit bulletin.

Par bulletin, par collection de brochures ou par tracts, il faudrait que fussent tirés des gros livres de savants ou de sociétés savantes qu'on ne lit guère, ou des semaines religieuses et des revues locales, tant d'excellents morceaux qui se trouvent dispersés dans le temps et l'espace et souvent perdus qu'on les amenât au grand jour, qu'on triât, qu'on classât, qu'on fit peu à peu une sorte de musée historique et littéraire de cette persécution.

C'est l'avis des hommes compétents : comme nous partons de l'île Madame et de sa croix commémorative, il faut partir aussi d'un point solide et fixe : la déportation purement ecclésiastique de 1793-91 C'est déjà un millier de noms, un millier de marbres. Dieu fera sortir du grain de sénevé l'arbre qu'il voudra et qui durera plus qu'aucun de nous qui le semons et cultivons. El s'il lui plaît que de proche en proche il étende aussi ses branches sur les victimes de la déportation de fructidor, ou sur les massacrés de septembre, et les prêtres çà et là guillotinés pendant toute la Révolution, tous ceux dont on établira qu'ils sont vraiment morts en confesseurs de la foi sont également dignes de mémoire. Et la gloire des uns ne fait pas tort aux autres. Mais à chaque jour suffit sa peine, et à chaque marcheur son horizon.

Or, il va sans dire que le chanoine Lemonnier, qui est officiellement chargé de réunir le dossier de canonisation, que Mgr de Teil qui, après avoir mené à bien la canonisation des Carmélites de Compiègne, a été désigné par l'ordinaire de Paris pour s'occuper des martyrs parisiens des pontons, seraient les premiers bénéficiaires de ces travaux, comme ils ont promis d'en être les premiers guides. Mais l'œuvre de propagande et d'action que nous croyons s'imposer aux catholiques de France, prêtres et fidèles, comme un devoir qui ne souffre pas de retard, ne peut pas se confondre avec l'instruction d'un procès canonique aux prudentes lenteurs.

Tout en ne la concevant que faite d'après la bonne méthode et sur pièces authentiques, nous ne voulons, nous, celte histoire, qu'en vue d'éclairer, soutenir et répandre le culte dû à ces morts.

Et ce culte, qui n'a pas eu besoin, pour commencer, que fût établie toute cette histoire, n'a pas nécessairement besoin d'elle pour s'étendre. Dès qu'il y a un nom certain, ou une tombe certaine, la certitude d'une persécution et d'une mort, on peut, on doit tomber à genoux et prier. Encore une fois, ce qu'a fait le Souvenir français, avec ses tombes, ses monuments, ses pèlerinages aux ossuaires de l'Est, et aussi ses conférences,

ses messes et ses fêtes, trace aux catholiques français l'exemple à suivre.

Et dans le Comité central nécessaire, dont j'inscris ici le projet après avoir vu quelles hautes sympathies et quelles précieuses promesses de concours en recueillait partout l'idée, je prévois que, toutes les bonnes volontés, et tous les dévouements y trouvant leur place, il se formerait naturellement des groupements divers et des sections: ceux-ci ou celles-ci — puisque les femmes de France ne peuvent pas ne pas être les premières à cette oeuvre de piété envers les morts ;'— s'occupant de préférence des recherches ou publications historiques et littéraires, d'autres, de la propagande de parole et de plume, qui doit être large, populaire, étendue à toute la France; d'autres, suivant leurs goûts et leurs moyens, des ressources à créer pour aider ceux qui voudront élever aux lieux de sépulture des tombes ou des monuments, aux lieux d'origine des victimes poser un médaillon, une plaque commémorative ; — d'autres, encore, des pèlerinages à susciter, faciliter, organiser, des messes et offices à faire célébrer... Ama et fac quod vis... Bien des formes d'action sans doute sont légitimes et peuvent sous la direction de Comités, filialement soumis eux-mêmes aux autorités des évêques, devenir fécondes. En attendant toutes les idées peuvent se faire jour, et les adhésions de principe se produire ainsi que les offres de concours et de secours.

Dieu saura bien que faire de tous ces efforts et de toutes ces générosités. Comme dit le poète, s'il lui plaît de bénir l'oeuvre à nouveau tentée, la prendra du doigt pour la conduire au port !

 

 

FIN.

Gabriel AUBRAY.

 

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog