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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #MAISON DE LORRAINE. LES ORIGINES.

FERRI 1er (1) 

-1205-1206-

 

Nous  sommes ici dans la nuit noire. Ferri a-t-il régné? On ne sait rien de certain. Dans tous les cas, ce comte de Bitche qui avait passé sa vie à guerroyer contre son frère et lui avait arraché par lambeaux une grande partie du duché, ne jouit pas longtemps de cette couronne qu'il avait tant ambitionnée.

De gré ou de force, il avait abdiqué en faveur de son fils dès le mois de septembre 1206. Il alla s'endormir à côté de son frère à l'abbaye de Stürzelbronn. On prétend que ce fut Ferri II -voir ci-après- qui introduisit les alérions dans les armes des ducs de Lorraine.

 

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FERRI II (2)

-1206-1213-

 

Ferri II régna peu et ne fit rien d'important. Il avait épousé Agnès, fille de Thiébault, comte de Bar.

Le beau-père était fort impérieux et prétendait tenir son gendre en tutelle. Ferri se dégagea le plus tôt qu'il put et fut soutenu par Bertram, évêque de Metz. Alors Thiébault s'en prit au prélat et envahit ses terres avec une armée de mercenaires bourguignons, français et gascons. Il détruisit en partie la place de Vie, puis tourna sur Prény, une des principales forteresses des ducs de Lorraine (3) et en démolit les murailles.

Ferri, par représailles, ravagea les terres de l'abbaye de Gorze, située dans le temporel de Metz, mais dont Thiébault était le voué. Celui-ci garda l'avantage et le 3 février 1208 battit son gendre en rase campagne et le fit prisonnier avec ses deux frères, Thierry d'Enfer et Philippe de Gerbéviller. Enfermé au château de Bar, Ferri y resta plus de sept mois et n'en sortit qu'au prix d'un traité onéreux (2 novembre 1208) : remise à Thiébault pour toute sa vie des villes de Longwy, Stenay, Amance, qui avaient formé la dot de la duchesse Agnès et paiement d'une rançon de 2000 marcs d'argent. Trente seigneurs lorrains garantirent le traité. Le duc parvint assez vite à verser les 2000 marcs et à dégager ainsi la parole de ses féaux.

Heureusement que Thiébault, d'humeur fort remuante, s'éloigna peu après de son comté pour aller prendre part à la croisade contre les Albigeois.

Ferri II vit renaître, sous des noms nouveaux, la lutte du sacerdoce et de l'empire. Frédéric Barberousse mort en 1190 avait eu pour successeur son fils Henri VI qui avait épousé Constance de Sicile, l'héritière des rois normands. Les Allemands se trouvaient ainsi maîtres du nord et du sud de l'Italie.

Henri VI mourut en 1197, laissant un fils âgé de deux ans, qui devint célèbre sous le nom de Frédéric

Un an avant, était monté sur le trône pontifical Innocent III, un nouveau Grégoire VII et plus grand que lui par son génie comme par ses vues politiques.

On put croire un moment qu'il réaliserait la monarchie universelle de la papauté. Son impérieuse hégémonie se fit sentir dans toute l'Europe et surtout en France sous Philippe-Auguste et en Angleterre sous Jean sans Terre. Il fut le promoteur de la quatrième croisade qui aboutit à la fondation de l'empire latin de Constantinople (1204) et de la croisade contre les hérétiques albigeois, qui eut pour conséquence l'extermination de la Langue d'oc.

En Allemagne, Innocent III intervint entre les deux grandes maisons qui se disputaient l'héritage de Barberousse, les Gibelins qui avaient pour chef Philippe de Souabe, frère d'Henri VI, et les Guelfes dont le chef était Othon de Brunswick. Il se déclara pour les Guelfes sur qui il comptait pour sauver l'indépendance du Saint-Siège et de l'Italie. Il fit proclamer et couronna lui-même à Rome l'empereur Othon IV. La mort de Philippe de Souabe en 1208 consolida le triomphe du candidat du pape.

Mais les deux puissances cessèrent bientôt de s'entendre. Le pape avait pris la tutelle du jeune Frédéric de Souabe dans la pensée qu'en lui attribuant, pour sa part séparée, le royaume de Sicile, il romprait l'étouffante domination des Allemands en Italie. Or, de son côté, Othon prétendait tout prendre et tout garder. La rupture fut éclatante. Par un revirement inattendu, Innocent III frappa de ses anathèmes son empereur guelfe et fit couronner roi des Romains, son pupille le gibelin Frédéric, et l'envoya en Allemagne où les partisans de sa maison le reçurent avec enthousiasme.

Le duc de Lorraine Ferri II était cousin de Frédéric.

Il alla au-devant de lui en Alsace, lui promit son alliance et, tout de suite, alla faire le siège de l'importante place de Haguenau dont il s'empara pour le compte du prétendant. Celui-ci de son côté s'engagea, pour le couvrir des frais de guerre à lui verser une somme de trois mille marcs d'argent et lui remit à titre de gage la ville de Rosheim (1212) (4).

Ferri II mourut pou après (octobre 1213) sans laisser grand renom.

 

(1) Né vers 1143. Second Fils de Mathieu 1er et de Judith de Hohenstaufen.

(2) Fils de Ferri 1er de Lorraine et de Ludmilla de Pologne.

(3)Prény était le boulevard de la Lorraine contre le pays messin. On le trouvait dans une euclave au-dessus de Pont-à-Mousson, possession du comte de Bar. Les Lorrains avaient adopté son nom comme cri de guerre: Prény! Prény! —C'est aujourd'hui un petit village qui conserve les ruines du château-fort.

(4)Suivant un autre récit, ces trois mille marcs étaient un prêt par Ferri à Frédéric. Voir Pfister, Histoire de Nancy, p. 35, d'après Hicher de Sonones.

 

Ernest MOURIN. 1895.

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