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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar/Arphays
Publié dans : #PRESENTATION LIVRES
LES ÉMERALDISTES. LE CARDO RÉVÉLÉ.
TOME 1
ARPHAYS. ATHANHORUS.
 
1ère de couverture.
 
 
Dans ce roman co-écrit avec l'auteur Athanhorus https://www.liber-mirabilis.com/la-saga-en-deux-volumes-pax-mundi-f1475419.html, l’initiation dépasse l’entendement. Outre le fait que les deux impétrants sont guidés depuis leur naissance dans un univers bien mystérieux et ésotérique, le 11 août 1999, à Rennes-le-Château, ils franchissent le seuil de la porte du temple - et quel temple - avec succès. Tous les moyens, tous les outils temporels et spirituels comme les rencontres énigmatiques sont mis en œuvre pour les éveiller et les guider sur la voie initiatique : rêves, intuitions, inspirations, symbolismes, kabbale, alchimie, arithmosophie, astrologie, mystères politico-historico-hermétiques…Un coin du voile de la Connaissance se lève. Les vérités apparaissent, les secrets se dévoilent. Quelle chance inouïe ! Mais s’ils semblent privilégiés, ce n’est pas pour l’égo ou la gloire. Bien au contraire, leurs histoires individuelles deviennent rapidement une histoire collective. Elles participent à une œuvre magistrale. L’acceptation totale est de mise pour ces destins hors norme. Transcendance, ouverture d’esprit, service, don de soi font partis de la règle d’or. La France et l’Humanité attendent leur part de cet héritage spirituel.L’âme brille a un niveau supérieur ; la mort du «vieil homme» fait place au «nouvel homme» ; le phénix renaît de ses cendres ; la réintégration dans le UN pour se fondre dans le TOUT. Mais que de chemin à parcourir encore ; les arcanes hermétiques sont bien complexes et bien sûr l’élan fraternel leur permettra d’arriver à parfaire le Grand Œuvre.
 
Ils ont des clés à recevoir ; ils sont les clés d’un grand dessein qui va au-delà de la compréhension humaine. Le temps est nécessaire à chaque étape : patience et sagesse sont de rigueur. Nos deux globe-trotters vont vivre de nombreuses étapes initiatiques avec leur cortège d’espoir, de doute, de certitude et de lassitude... En somme, tout ce qui fait le Chemin de l’Homme sur cette Terre. Incroyable roman qui n’en est peut-être pas un. Allez savoir. Et pourquoi pas vous ? Osez faire ce pas décisif. Votre vie va changer. Bons mystères initiatiques et belle route illuminée !
 
«Soyez des porteurs de lumière et des éveilleurs de consciences ! », Pharamond II in Les Émeraldistes, le Decumanus d’Or. Tome 2.
 

4ième de couverture.

 Dans ce premier volet qui, tel un Phénix, renaîtra bientôt de ses cendres grâce aux Éditions https://editions-ace.com/?srsltid=AfmBOoqaX5N3WsiaboErmi5ZfO2--BGtYIO5b0Dohyp97CvM0VaUrBkC (Les amis de la Culture Européenne) -que nous saluons et remercions ici-, mon grand ami (#paulgeorgessansonetti) https://editions-ace.com searchq=sansonetti&options%5Bprefix%5D=last
a écrit :
 
"Ouvrir ce livre et, à sa lecture, s'aventurer dans un déconcertant jeu de piste entrecroisant époques, territoires et songes, c'est se retrouver face à une France que le présent monde ne peut imaginer."
 
Le second tome : Les Émeraldistes. Le Decumanus d'Or paraîtra courant mars ou avril.  

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Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #PRESENTATION LIVRES
LE CODE ARSÈNE LUPIN
MAURICE LEBLANC, MAÎTRE DU SAVOIR PERDU
#Arphays postface de l'éminent #GinoSandri.
 
Genèse :
 
« Maurice Leblanc, Supérieur Inconnu. » C’est l’affirmation posée par Patrick Ferté aux Éditions Trédaniel il y a bientôt trois décennies ! À moins qu’il ne s’agisse là d’un questionnement ?
 
Quelques années plus tard, Richard Khaitzine in « Les Faiseurs d’or de Rennes-le-Château », louant pourtant l’auteur, lui reproche cependant de ne pas avoir abordé l’œuvre lupinienne d’un point de vue alchimique !
C’est à cette source que l’auteur de "Le Code Arsène Lupin, Maurice Leblanc et le Savoir Perdu", est allé puiser pour répondre au désir de Richard Khaitzine. Entre autres, car en fait, il est bien évident que l’œuvre de Maurice Leblanc retient également divers éléments se rattachant à la Tradition, du verbe latin tradere : transmettre.
 
Le présent ouvrage débute par le portrait du Maître incontesté qu’est Maurice Leblanc ! suivi par celui de son héros : Arsène Lupin. S’ouvre alors une longue quête qui mène le lecteur dans les méandres labyrinthiques de l’Histoire secrète et sacrée de France, notamment les salons très prisés des 19ième et 20ième siècles.
Le lecteur sera également confronté à autant de sciences traditionelles que sont la #Cosmologie, #Arithmosophie, #Cabale, #Stéganographie, #Géographie Sacrée, #Mythologie, #Astrologie religieuse, etc…
 
L’œuvre lupinienne, ici dévoilée par les éléments propres à la Tradition, prouve que l’auteur était incontestablement un véritable initié, peut-être même hors les murs. Arphays fait en sorte ici, qu’une fois l’ouvrage terminé, le lecteur trouve bon de partir sur les traces du père d’Arsène Lupin pour découvrir son univers fascinant.
Voilà l’historique qui a concouru à la rédaction de : Le Code Arsène Lupin. Maurice Leblanc, Maître du Savoir Perdu.
 
Ouvrage de 600 pages. 22€90 Nouvelle version revue et corrigée parue le 12.9.2023 aux https://www.editionsopportun.com 🙏🙏🙏.
 

L'auteur en prière devant la Fontaine Arphaÿs.

 
Quelques liens sur lesquels vous pouvez trouver l'ouvrage :
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
https://www.lecteurs.com/livre/le-code-arsene-lupin-maurice-leblanc-et-le-savoir-perdu/6066430 ce lien vous permet de trouver une librairie partenaire plus ou moins proche de chez vous.

 https://www.chasse-aux-livres.fr/search?query=arphays&catalog=fr ce lien est un comparateur de prix.

https://portail-rennes-le-chateau.com/maurice-leblanc-initie-et-initiateur/ ce lien vous permet de lire l'interview de l'auteur.

https://www.youtube.com/watch?v=_1CGI-TeVdg interview dans le Jardin de Marie à Rennes-le-Château.

Rhonandebar/Arphays #auteur #ecrivain

Du côté du boulevard Saint-Michel, tête de gondole! librairie Gibert, Lupin attend...#Posédiôn-Ionnès 🔱🔱🔱 @editionsopportun

 
Rhonan de Bar/Arphays "Le Code Arsène Lupin. Maurice Leblanc et le Savoir Perdu" 🕵🎩 postface #ginosandri aux Les Éditions de l'Opportun. Coup de cœur Fnac les Halles Paris #mauriceleblanc #arsenelupin #Tradition #initiation #salons #19ieme #siècle #fm #rosecroix #martiniste #Posédiôn-Ionnès 🔱🔱🔱
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #SACRE COEUR

LA MISSION DE SAINTE-MARGUERITE. 

Vision du Sacré-Coeur. Photo Rhonan de Bar

Il ne  convenait point que Regnabit séparât deux âmes si étroitement unies.

Après avoir parlé du Père de la Colombière, nous désirions vivement que soit présentée à nos lecteurs sainte Marguerite-Marie. Et nul ne pouvait exposer avec plus de compétence que le R.P. HAMON, S. J., la mission de celle que « le Sauveur daigna choisir pour instituer et répandre au loin parmi les hommes le culte si salutaire de son Très Sacré-Coeur ».

La canonisation de Sainte Marguerite Marie vient d'ajouter son reflet modeste au nimbe de gloire qui auréole le front de notre Mère la Sainte Église de Jésus Christ. La douceur delà vierge de Paray, son abnégation, son désir passionné de souffrir, d'être abaissée, la flamme d'amour divin qui la consume, toutes ses précieuses et admirables vertus, témoignent de leur origine céleste ; une force toute puissante les surnaturalise et les divinise. Pour exprimer sa passion de souffrir et magnifier la douleur, elle a trouvé quelques unes des plus belles paroles sorties des lèvres humaines : « La vie me serait insupportable sans la croix, c'est tout le bonheur d'ici bas que de pouvoir souffrir».

« Qui nous empêche donc de l'être (saintes) puisque nous avons des coeurs pour aimer et des corps pour souffrir » ? « Son humilité, son insatiable besoin d'humiliations nous effraie et nous ravit : elle brûle de se voir toute immolée ; corps, coeur, âme, liberté, « pourvu, dit-elle, ô mon souverain Maître que vous ne  fassiez rien paraître en moi d'extraordinaire que ce qui me pourra causer plus d'humiliations et d'abjections devant les créatures et me détruire dans leur estime». Sa vie héroïque n'a jamais démenti cet héroïque désir.

Quand elle chante son amour pour Jésus, pour Dieu, elle a des accents séraphiques : le charbon ardent d'Isaïe a brûlé ses lèvres : «Tout m'est bon pourvu qu'il se contente et que je L'aime, cela me suffit ».

« Si j'avais mille corps, mille amours, mille vies, «Je les immolerais pour vous être asservies ».

Sans qu'elle y réfléchisse sa pensée s'assujettit au rythme du vers et pour une fois elle rime richement. Un jour Notre Seigneur lui montrait les ardeurs dont brûlent les Séraphins : « N'aimerais-tu pas mieux, lui demande-t-il, jouir avec eux que de Bref de béatification. Vie et Œuvres, T. III, p. 149. Mission de Sainte Marguerite-Marie souffrir et être humiliée, et être méprisée pour contribuer à l'établissement de mon règne dans le coeur des hommes ?» — « A cela sans hésiter, ajoute-t-elle, j'embrassai la croix toute hérissée d'épines et de clous qui m'était présentée, et je disais : Ah ! mon Unique Amour ! Oh ! qu'il est bien plus selon mon désir et que j'aime bien mieux souffrir pour vous faire connaître et aimer, ' si vous m'honorez de cette grâce, que d'en être privée pour être un de ces ardents Séraphins ».

Nous pourrions continuer à énumérer les merveilleuses vertus de cette âme, nous n'y trouverions pas le trait qui la distingue, le caractère propre de sa physionomie. Sainte Marguerite Marie est l'élue du Coeur de Jésus, elle a été choisie pour une mission, comme sainte Jeanne d'Arc ; c'est là leur gloire et leur beauté à toutes deux. Leur mission est sur leur vie l'empreinte de Dieu. Le Maître tout-puissant avait dit à sainte Marguerite Marie : « Je ne me suis rendu ton Maître et ton Directeur que pour te disposer à l'accomplissement de ce grand dessein, et  pour te confier ce grand trésor que je te montre ici à découvert ».

Les grâces surnaturelles de l'élue de Paray-le-Monial lui sont toujours faites à cause de sa mission, elles y sont toujours proportionnées.

Au printemps de notre vingtième siècle que réjouit la canonisation de la Vierge de Paray, la dévotion au Coeur de Jésus est la grande dévotion des âmes chrétiennes, la plus chère, la plus universelle. Dévotion individuelle, elle tend à devenir la dévotion des peuples et demain, nous l'espérons tous, elle deviendra chez nous une dévotion nationale. Nous fêtons le Cœur divin le vendredi qui suit l'octave du Saint Sacrement ; acclamant l'amour de Jésus symbolisé dans son Coeur de chair, nous voulons surtout réparer les injustices et les ingratitudes dont l'Hôte divin du Tabernacle est victime au Sacrement de sa tendresse.

Eh bien, les révélations de Paray-le-Monial sont la seule cause historique, la seule cause de fait qui a déterminé l'Église à fixer le jour de cette fête à ce vendredi et non pas à un autre jour, et les chrétiens à rendre au Coeur divin surtout un culte d'amour réparateur; comme elles sont encore la seule cause historique, ou à peu près, la seule cause de fait du grand et irrésistible mouvement qui soulève et emporte le monde chrétien vers la dévotion au Sacré-Coeur. Dieu aurait pu s'y prendre autrement, voilà comment il s'y est pris.

Il sait, ce Dieu qui a tout disposé dans l'univers suavement et fortement, proportionner la cause à l'effet, l'instrument au labeur, l'envoyé à la mission. Ouvrier divin, il sait aussi, quand il lui plait, agir seul ou presque seul. Il a choisi pour son œuvre sainte Marguerite Marie, c'est Lui-même qui le lui a dit, par ce que rien ne légitimait un pareil choix, parce que les qualités les plus essentielles manquaient à son élue.

Il veut établir le règne de son Coeur Sacré, il le veut malgré les efforts des puissances de la terre et des puissances infernales : « Je régnerai malgré mes ennemis ! » Eh bien, est-il permis de voir le moindre rapport entre l'immense effort que suppose ce désir divin et les faibles forces de la pauvre fille de Claude Alacoque et de Philiberte Lamyn ! Quel secours Jésus pourra-t-il bien rencontrer dans la visitandine inconnue, raillée, persécutée ?

Quelles magnifiques -occasions de réaliser sa volonté souveraine n'a-t-il pas laissé échapper avant les jours de Paray ?

Les connaître, c'est mieux comprendre la mission de sainte Marguerite Marie.

Pourquoi la dévotion au Sacré-Coeur n'a-t-elle pas été une dévotion de l'Église naissante ? Pourquoi, comme l'Eucharistie, n'a-t-elle pas illuminé et réchauffé les catacombes ? Incliné sur la poitrine du Maître aux heures de la Cène, saint Jean a entendu les battements du Coeur divin ; la Très Sainte Vierge : a tenu sur ses genoux de Mère désolée le corps de son Fils descendu de la Croix ; peut-être, au fond de la plaie du côté, a-t-elle entrevu le Coeur blessé par l'amour avant d'avoir été blessé par la lance ; peut être aussi, les saintes femmes l'ont-elles touché de leurs mains filiales et respectueuses ; Thomas l'incrédule a été invité à mettre sa main dans la blessure divine ; s'il en a eu l'audace, il a, sans aucun doute, senti les brûlantes pulsations qui rythment l'infinie charité. Qui sait ? elles lui ont peut-être arraché le cri magnifique de son incrédulité vaincue : Dominus Meus et Deus meus ! Le témoignage est en effet irrésistible : le sang versé, les plaies ne peuvent tromper, elles affirment le surprenant et indicible amour de celui qui les garde même dans sa chair glorifiée : Marie, Jean, les saintes Femmes, les apôtres, les disciples, croient à l'amour de Jésus, ils ont vu, senti, touché peut-être, le coeur de chair symbole de cet amour ; comment l'idée ne leur est-elle pas venue de réunir dans un même culte et l'amour infini du Sauveur et le coeur de chair qui en est le glorieux et vivant symbole ? Pourquoi la dévotion au Sacré-Coeur n'a-t-elle pas germé au pied de la Croix, pourquoi n'a-t-elle pas fleuri au Cénacle ?

Pendant dix siècles les docteurs de l'Église, ses apôtres, ses martyrs, ses théologiens sont venus, les uns après les autres, s'agenouiller devant l'image du divin Crucifié ; pendant dix siècles les rachetés du Calvaire ont baisé les pieds et les mains, du Rédempteur, contemplé son côté ouvert, médité sa Passion et sa mort : le sang et l'eau jaillissant sous la lance, leur rappellent les flots de grâce surnaturelle, où baignent leurs âmes, Mission de Sainte Marguerite-Marie purifiées, et symbolisent les sacrements : le Baptême, la Pénitence, l'Eucharistie.

Du côté du Nouvel Adam, endormi du sommeil de la mort, l'Église est née pure, immaculée, mère sans tache des chrétiens, comme du côté d'Adam plongé dans le sommeil est née la première femme, la mère du genre humain.

La blessure du côté, c'est la porte de l'arche, la porte de la vie, la porte du ciel, c'est le trou de la pierre où s'enferme l'âme bien aimée ; blanche colombe, c'est là qu'elle fait son nid. Dans tous ces souvenirs, à travers toutes ces images, au fond de la plaie, le Coeur de Jésus bat et saigne encore ; les plus passionnés amants du Sauveur ne l'ont pas découvert! Ils ont jeté vers le miséricordieux Rédempteur les cris les plus émus de la plus magnifique tendresse, ils ont trouvé pour traduire leur amour des paroles qui font l'admiration et le désespoir de ceux qui les lisent et voudraient les égaler : ils n'ont pas vu dans le coeur de chair le naturel et vivant symbole de l'amour de Jésus pour son Père et pour les hommes. Ils ont puissamment et divinement aimé, ils n'ont pas eu la dévotion au Sacré-Coeur.

Au XIIe siècle, saint Bernard, au XIIIe saint François d'Assise, tous ceux qui alors, vont chercher dans leurs écrits ou dans leurs exemples une règle de vie intérieure, inaugurent, dans l'Église de Dieu, non pas une piété nouvelle, la piété est de tous les temps, mais une forme nouvelle de la piété éternelle : Jésus-Christ, le Verbe Incarné, Homo Christus Jésus, dont la très sainte Humanité était restée jusque là comme un peu voilée, dans le rayonnement de la divinité, apparaît aux yeux des chrétiens dans la pleine réalité de sa double nature divine et humaine. C'est le temps des croisades ; nos pères rougissent de leur sang les routes d'Asie et de la Palestine, ils se font tuer pour délivrer le tombeau du Christ ; un brûlant séraphin imprime les stigmates sacrés dans la chair du poverello d'Assise ; la Passion de Jésus hante les esprits et les coeurs. L'image du Crucifié, non plus triomphant comme aux premiers siècles, mais vaincu, torturé dans son corps, se dresse partout devant les fidèles terrifiés au souvenir et à la vue des divines douleurs. Ce Dieu martyr est plus proche d'eux, ils éprouvent à le contempler une piété plus sentie parce qu'elle est plus humaine, ils l'aiment non pas plus que ceux qui déjà l'ont aimé à plein coeur, mais autrement.

Ils comprennent mieux ses souffrances, et ses souffrances mieux comprises, humanisent davantage, mettent plus à leur portée sa tendresse. Jésus les a aimés en hommes, ainsi ils l'aiment eux-mêmes. Comme leur amour, son amour a battu dans un coeur de chair. La blessure du côté découvre la blessure du coeur, et la blessure du coeur chante l'amour. Voilà bien le coeur symbole de l'amour, voilà bien la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus.

Combien sont-ils au XIIe et au XIIIe siècle qui parviennent à en trouver même la seule formule ? Quand ils la rencontrent au hasard de leurs écrits, elle ne sort pas de leur intelligence, elle reste une idée ; elle ne passe pas, ou du moins nous ne la voyons pas passer dans la volonté pour y devenir une dévotion, au sens précis, au sens complet du mot. Dire ou écrire que Saint Bernard OU quelque autre des docteurs et des saints qui vivent dans la chaude atmosphère surnaturelle du grand abbé de Clairvaux, ont été des dévots du Sacré-Coeur, c'est prononcer des mots ou qui n'ont pas de sens, ou qui ont un sens tout différent de celui que nous leur donnons aujourd'hui. Saint Bonaventure est plus précis : « Votre coeur, crie-t-il à Jésus, a été blessé pour que nous puissions y demeurer... pour que, par la blessure visible, nous voyions la blessure invisible de l'amour... Aimons autant que possible, rendons amour pour amour, embrassons Celui qui a été blessé pour nous » ! La dévotion est pourtant chez lui surtout une conclusion de l'intelligence, chaude et tendre sans doute, mais, qui n'atteint guère la volonté par des exercices pratiques. Ils sont d'ailleurs très clairsemés dans une œuvre immense les passages où le Séraphique Docteur parie de ce Cœur divin.

Dans les dernières années du XIIIe siècle, Dieu semble exquisser une première ébauche du grand geste de Paray : au Monastère d'Helfta, en 1288, un rayon de lumière, trait d'amour, transperce le coeur de Gertrude, la grande moniale bénédictine. La dévotion au Coeur de Jésus, elle la comprend, elle la vit, elle la fait vivre autour d'elle : *PER TUUM TRANSVULNERATUM COR TRANSFIGE, AMANTISSIME DOMINE, COR EJUS JACULIS AMORIS TUI. Par votre Coeur blessé, ô très aimant Jésus, blessez mon coeur des flèches de votre amour !» Le coeur divin lui est manifesté sous forme de coupe, de lyre, d'autel, d'hostie, d'encensoir, de demeure ; il est une source où l'on boit à longs traits l'amour de la Trinité, du Rédempteur, de Marie ; il donne la paix, il enivre de joie. Comme l'apôtre bien-aimé, Gertrude a entendu battre dans la poitrine de Jésus le rythme sacré de son amour. Dans une apparition célèbre, Jean raconte à la Vierge d'Helfta ses impressions de la Cène, Gertrude doit communiquer aux hommes les messages de Dieu, l'un de ces messages est celui qui proclame son amour, le message de son Coeur.

Pourquoi donc la dévotion au Sacré-Coeur, si vivante au (déclin du xme siècle dans le coeur de Gertrude et dans le monastère bénédictin d'Helfta, n'en est-elle pas sortie, souriante de jeunesse et d'espérance, pour réjouir et vivifier le monde, comme, quatre siècles plus tard, née au monastère de la Visitation de Paray et dans le coeur de Marguerite Marie, elle rayonnait sur la France et puis sur le monde, soleil de grâce, soleil d'amour ?

Les voies de Dieu sont impénétrables. Dieu est le maître des heures, et l'heure de Dieu n'a pas sonnée. La jeune fleur qui s'épanouissait au chaud rayonnement de l'âme de Gertrude, se germe dans l'ombre et le froid.

On peut y trouver des raisons humaines. La dévotion de sainte Gertrude n'aurait pu que difficilement devenir populaire. Faut-il dire qu'elle est trop séraphique ? Peut-être. La vision du Coeur de Jésus, surtout considérée dans sa gloire, semble trop exclusive, un peu trop céleste, pour être comprise sur la terre et par tous les fidèles. En outre, le Coeur de Jésus est toujours dans les visions de Gertrude obscurci et comme caché par les symboles qui le représentent ; il n'apparaît guère dans sa réalité humaine. Il faut dire encore que la dévotion au Sacré-Cœur mêlée à beaucoup d'autres, à celle de la Sainte Face par exemple, ne se détache pas d'un relief assez vigoureux dans les écrits de la Sainte : les contemporains et les soeurs de Gertrude n'en furent pas frappés comme nous qui vivons dans les clartés de Paray... Il reste que, la première, la vierge d'Helfta a vraiment aimé, chanté, glorifié, montré le Coeur de Jésus. Cette aurore de la dévotion fut si lumineuse que nos yeux en sont encore charmés, après six siècles ; la lumière est si chaude qu'elle brûle toujours.

II est impossible de faire passer dans une traduction la jeunesse, la joie, la beauté, la tendre et sainte passion, la candide naïveté de Gertrude. Son âme vit à fleur de texte, on la touche, elle est tellement mêlée aux mots que les changer, c'est la changer. La sainte seule pourrait se traduire, parce que ce serait la même âme qui parlerait deux langues. Les dévots du Sacré-Coeur ont toujours été, ils seront toujours les dévots de Sainte Gertrude.

Au XIVe et XVe Siècle, on trouve dans des textes assez nombreux l'idée de la dévotion au Sacré-Coeur ; beaucoup d'autres textes ou bien sont encore inconnus, ou bien perdus à jamais." Dans les grands ordres religieux : Bénédictins, Cisterciens, Dominicains, surtout Franciscains et Chartreux, les ascètes et les mystiques en parlent ici et là, plus ou moins nettement. Certains recueils modernes — celui du Père Bainvel est le plus répandu et le meilleur, — citent des passages fort beaux : ils font les délices des âmes qui les méditent. Cependant, après la merveilleuse floraison d'Helfta, la dévotion au Sacré-Coeur pendant deux siècles semble un peu s'étioler et languir. Mêlée à la dévotion des Cinq Plaies, au souvenir de la Passion, elle ne se présente pas comme une dévotion spéciale, pratiquée pour elle-même.

Le Père Deniffe a composé avec des extraits d'auteurs mystiques, dominicains allemands du XIVe Siècle, Maître Eckart, Nicolas de Strasbourg, Ruysbroeck, Henri Seuse (Suso), Doctrine Jean Tauler, un petit chef d'oeuvre sur la VIE SPIRITUELLE.

C'est à peine si on y rencontre quelques allusions au Coeur de Jésus. Cela ne veut pas dire que ces écrivains l'ignorent : Ruysbroeck, Suso, Tauler, en traitent ici ou là magnifiquement.

Cela signifie seulement que cette dévotion n'occupe dans leurs esprits et dans leur vie intérieure qu'une place restreinte, et dont personne ne parait s'être avisé avant les révélations de Paray-le-Monial. Il faut en dire autant des auteurs franciscains et des admirables mystiqes franciscaines. Thureau Dangin a écrit en 1896 une notice fort intéressante, sur saint Bernardin de Sienne, il y parle longuement de sa dévotion au Nom de Jésus, il ne dit pas un mot de la dévotion au Sacré-Coeur ; saint Bernardin en a pourtant très bien parlé, mais chez lui elle s'éclipse dans le rayonnement de la première.

Si l'on pouvait relier entre elles les diverses manifestations qui apparaissent chez les Chartreux, et montrer que, sortie de Ludolphe le Chartreux, la dévotion atteint, d'un mouvement continu, fleuve fécond d'amour et de grâce, le docte et pieux Lansperge, il faudrait écrire que les fils de saint Bruno ont été du XIVe au XVIe siècle les grands dévots du Coeur de Jésus. Mais il y a bien peu de chances de voir notre hypothèse réalisée un jour.

Dans les premières années du XVIe Siècle, il existe à la Chartreuse de Cologne un vrai petit cénacle où dans la méditation et dans l'étude, la dévotion se développe et se précise ; Lansperge en est l'âme. Il médite la Passion, il baise les plaies de Jésus et, par l'ouverture du côté, il atteint vite le Coeur divin. Il le rencontre aussi dans les écrits de sainte Gertrude et de sainte Mechtilde. Penché sur les pages chaudes et vivantes qu'il traduit, qu'un de ses frères éditera, le savant chartreux VIR PRAETER HUMANAM ERUDITIONEM, prévenu lui-même par la bonté divine de grâces de choix UNCTIONE ETIAM INTERNA INSIGNITER ILLUSTRATUS, vit, pendant de longues années, au contact immédiat du coeur de Gertrude où repose celui de Jésus. Comme elle, il repasse sans cesse dans sa mémoire, les souffrances du Rédempteur : miel sur ses lèvres, mélodie à son oreille, joie de son âme ; plus nettement qu'elle, il contemple, il adore, chacune des plaies sacrées : « Exercitium ad quinque vulnera Christi, ad dexteram manum, ad sinistram manum, ad Cor ». Sur cette plaie du Coeur, il est intarissable ; il y cherche le pardon de ses fautes, l'union de son coeur avec celui de Jésus, la fusion de sa volonté dans la volonté divine. Comme personne ne l'avait fait avant lui, Lansperge sépare nettement de la dévotion aux cinq Claies la dévotion au Sacré-Coeur.

Son Exercitium ad piissimum fidelissimumque cor Jesu, est suivi d'une prière splendide : « Ô. Coeur très noble, très bon et très doux de mon plus fidèle ami Jésus-Christ, mon Dieu et mon Seigneur, attirez à vous, absorbez en vous, je vous en supplie, mon coeur, toutes mes pensées, toutes mes affections, toutes les forces de mon âme et de mon corps, tout ce qui est en moi, tout ce que je suis, tout ce que je puis, pour votre gloire et selon votre très sainte volonté... Tout ce qui vous plait, de votre Coeur très saint, versez-le en moi ».

Il demande que chaque mois, chaque semaine, l'âme pieuse fasse régulièrement des actes de dévotion au Coeur de Jésus : ainsi naîtront de saintes habitudes chrétiennes; Ce n'est pas  chaque mois, chaque semaine qu'il viendra, lui, échauffer son amour et raffermir sa force par ces actes, il en fait chaque jour, à chaque heure du jour.

« Ante somnum, post somnum, quum horarum auditur signum...

quando inspicis crucifixi imaginem... inter edendum et

potum, quidquid occurerit, lavando manus... »

« Étudiez-vous, écrit-il, excitez-vous à vénérer le Cœur du très bon Jésus, tout débordant d'amour et de miséricorde, pensez-y souvent avec dévotion, baisez-le, pénétrez-y en esprit... ayez donc une image du Coeur du Seigneur ou des Cinq Plaies, ou de Jésus blessé et sanglant, mettez-la dans un endroit où vous passez souvent, afin qu'elle vous rappelle votre pratique et vous aide à réveiller l'amour de Dieu en votre âme... Vous pourriez aussi, poussé par votre dévotion, baiser cette image, c'est-à-dire le Coeur du Seigneur Jésus, et vous figurer que c'est vraiment le Coeur du Seigneur Jésus que vous baisez de vos lèvres... »

Voilà bien l'idée pure de la grande dévotion ; rien de plus précis que les pratiques conseillées. Il faut cependant remarquer combien, même chez Lansperge, elle a peine à se dégager des cinq Plaies. L'image du Coeur, l'image du Crucifix, l'image des cinq Plaies, le chartreux de Cologne permet de choisir celle qu'on voudra. Il finit par mettre en évidence et choisir celle du Coeur, mais il avait commencé par la mêler aux autres.

La dévotion de Lansperge rayonne : Van Esche (Eschius), son ami, compose des Exercices en l'honneur des plaies et du Coeur de Jésus. Ses formules sont celles de Lansperge, l'imitation évidente devient presque une copie. Van Esche qui n'a pu se faire chartreux, enseigne la rhétorique au collège du Mont à Cologne. Surius et Canisius sont ses meilleurs élèves. Tous deux connaissent Lansperge et les Chartreux qu'ils visitent souvent. - Canisius sera le premier jésuite qui nettement parlera de la dévotion au Coeur de Jésus. Il l'a apprise de Notre-Seigneur lui-même, sa vie en fait foi, mais aussi des Chartreux de Cologne ; chez eux il a lu les écrits de sainte Mechtilde et de sainte Gertrude.

Grâce encore aux traductions de Cologne, le Bienheureux Lefèvre, le seul prêtre parmi les premiers compagnons de saint Ignace, a pu feuilleter à Ratisbonne, dès 1541, les précieux volumes, il leur emprunte diverses manières de prier.

Réimprimés en 1536, les ouvrages de la sainte se répandent très vite dans les .Pays-Bas, et, par les Pays-Bas, en Espagne, et en Italie. Partout on les médite ; l'admirable abbé de Lieissies, le Bienheureux Louis de Blois, les estime pardessus tout, il en fait un éloge magnifique,: au témoignage de Tilmann Bredembach, chanoine de l'Église Saint Géréon de Cologne, il les avait lus douze fois la même année. Aussi, Louis de Blois est-il un grand dévot du Sacré-Coeur.

Àve Latus fons dulcoris

In quo jacet vis amoris

Te saluto Cor amoerium

Cor omnibus bonis plénum.

Traduit en cinq ou six langues, approuvé par les plus grands docteurs, Bânès et Suarez l'ont loué, il semble que le livre de Gertrude aurait dû, porté et soutenu par le mouvement de Cologne, répandre dans les Pays-Bas, en Espagne, en Italie et en  Flandre, la dévotion au Coeur de Jésus. Il faut, hélas ! le reconnaître, la plupart de ceux qui le lisent ou le traduisent ou le copient ne semblent pas s'y arrêter ; il ne la signalent pas. Les •pages radieuses qui touchent, jusqu'au fond, les âmes contemporaines ne les émeuvent guère ; ceux mêmes qui les publient n'en paraissent pas frappés. Les écrits de la sainte ne seront compris qu'à la lumière des révélations de Paray-le-Monial.

Ses derniers éditeurs, les Bénédictins de Solesmes, consacrent, en 1875, trois grandes pages de leur préface à sa belle doctrine sur le Sacré-Coeur, ils écrivent deux siècles après que Jésus a dit à Marguerite-Marie : « Voilà ce Coeur qui a tant aimé les hommes».

Les faits s'imposent. Le mouvement de Cologne, auquel sont mêlés trois bienheureux : Louis de Blois, Lefèvre, Canisius, qui pouvait par les oeuvres de sainte Gertrude traduites partout, ébranler la chrétienté entière, entraîner les pays catholiques ; qui, tout au moins, devait naturellement se développer et grandir sur les bordsdu Rhin ; le mouvement de Cologne à peine déclanché s'arrête brusquement. Comme le grand fleuve historique dans les sables de la mer du Nord, la source qui semblait si féconde, se perd absorbée au sortir même de la terre.

Les voies de Dieu sont impénétrables. Les guerres de religion terminées, dans la France qui renaît, au matin du grand XVIIe Siècle, la vie chrétienne rajeunie semble sortir du tombeau, comme, au matin de Pâques, le corps radieux de Jésus ressuscité. Les prêtres viennent apprendre à l'école de Bérulle, de Mr Olier, de Saint Vincent de Paul, la science et la piété ; les vieux ordres religieux retrouvent, dans de ferventes réformes, l'éclat et l'élan des premières années ; ceux qui sont nés d'hier sentent la fougue tumultueuse de leur adolescence se calmer dans la paix de la maturité ; de nouvelles congrégations sortent partout de terre. Grandies en quelques années, au soleil de leur ferveur, elles portent les plus beaux fruits de sainteté et de fécond apostolat. Venues d'Espagne, les Carmélites jettent, sur ce prodigieux élan de vie chrétienne le rayonnement céleste de leur vie mystique et l'enflamment de leur brûlant amour.

Et la dévotion au Coeur de Jésus ? Appel spécial de Dieu à des âmes choisies, grâce qui semble alors se multiplier et que beaucoup vont puiser dans les traductions des écrits de sainte Gertrude, don précieux fait par leur fondateur à plusieurs sociétés religieuses, on la rencontre un peu partout, sur notre terre d'Europe, au midi, au nord, au levant et au couchant, dans le monde et dans le cloître, chez les Franciscains et les Franciscaines, les Bénédictins et les Bénédictines, les Chartreux, les Dominicains, les Jésuites ; elle entre à Port Royal pour en sortir très, vite, hélas !

Dès 1613, soixante ans avant les révélations de Paray-le-Monial, alors que Jean Eudes n'a encore que douze ans, le Père Joseph, l’Éminence Grise, le confident et l'auxiliaire très discuté de Richelieu, mais aussi le fils très aimant et très pieux de saint François d'Assise, du grand stigmatisé de l’Alverne, écrit dans son Introduction à la vie spirituelle, des choses fort belles sur la dévotion au Coeur de Jésus ; dès 1626, dans la Pratique intérieure des principaux exercices de lu vie chrétienne, il, développe une méthode pour assister à la sainte messe, toute pénétrée de cette dévotion bénie. De l'Épitre au Sursum Corda il faut « affermir la vue intérieure sur le Coeur de Jésus, le Paradis des Coeurs, comme si on était au pied de la Croix, en la compagnie de la Vierge et de saint Jean ». Dans le saint corps de Jésus mourant, le Père Joseph voit le Coeur divin ouvert comme une fournaise ardente. A ce brasier du céleste amour il voudrait consumer son être, mais .cet être n'est pas de cire qui s'amollisse, il est d'argile qui se durcit : «Au moins mon Roi : que ce vaisseau de terre vous serve à quelque chose, mettez-y votre Coeur, lequel en se fondant verse tant de trésors que vous pouvez sans les diminuer en remplir ceux qui vous aiment», (p. 143)

Plus tard, en 1671, dans les Exercices spirituels des religieuses bénédictines de la Congrégation de N. D. du Calvaire, cette méthode du P. Joseph est appliquée par ses" filles non plus à une partie, mais à la messe entière.' Jusqu'à l'Épitre on médite sur le Coeur.de Jésus ouvert en la Croix, mer infinie d'amour, dans laquelle il faut noyer toutes les affections humaines ; de l'Épitre à l'Agnus Dei, Factum est cor meum tanquam cera liquescens (Ps. 21, 15) le Coeur de Jésus « est représenté comme une cire fondue par l'ardeur de l'amour et du zèle qu'il a de sauver les âmes ; » l'âme doit pleurer avec Jésus la perte des âmes, et se résoudre à n'épargner rien pour le servir ; de l'Agnus Dei à la fin de la messe, le Coeur de Jésus est considéré comme une fournaise ardente, où tout est consumé par le céleste amour ; Consummatum est ! Sur la croix, avec Jésus, l'âme doit aussi se laisser brûler par les flammes divines ; mourir à soi-même par l'amour actif, vivre à Dieu et jouir de lui par l'amour fruitif.

Monsieur l'abbé Dedouvres dans son livre : Le Père Joseph et le Sacré-Coeur a dit avec quel zèle le Père Joseph prêcha, en 1635 et 1636, le divin Coeur à ses religieuses du Monastère de la Compassion, au faubourg Saint-Germain, et comment de ce monastère les ardentes leçons du fondateur gagnèrent tous les autres. En 1636, la Maîtresse des novices du Couvent de Tours s'appelle la Mère Marie du Coeur de Jésus ; c'est sans doute la  première religieuse qui a porté ce nom béni ! Grâce à sa formation franciscaine et sans doute aussi à des lumières spéciales, le P. Joseph comprend admirablement la grande dévotion ; l'amour, le zèle de Jésus lui apparaissent brûlants dans le Cœur de chair blessé, au milieu de la poitrine ouverte du divin Crucifié.

Quelques années plus tard, le Père Eudes fonde la Congrégation de Jésus et de Marie, (les Pères Eudistes), et, à Caen, le premier monastère de Notre-Dame de Charité. A ses deux instituts il donne, dès le début, la fête du Saint Coeur de Marie, et quelque trente ans après, en 1672, la fête du Coeur de Jésus.

Le saint missionnaire formé à l'Oratoire par Bérulle et le Père de Condren garde toute sa vie leur empreinte profonde : leur doctrine spirituelle très haute, aux larges horizons surnaturels, où l'oeil de l'âme dépasse, du premier regard, les réalités de la terre pour se fixer dans les choses de l'éternité, est celle du Père Eudes. Grandeurs de Jésus et de Marie, Intérieur de Jésus et Marie, Coeurs de Jésus et de Marie, trois noms différents qui, pour Bérulle, pour M. Olier et pour le Père Eudes désignent à peu près une même conception. Sous trois aspects c'est la même doctrine de St Paul: OMNIA IN OMNIBUS CHRISTUS ; VITA VESTRA ABSCONDITA EST CUM CHRISTO IN DEO. Les trois grands serviteurs de Dieu, les trois maîtres de la vie spirituelle, laissant, de côté la vie extérieure et l'aspect extérieur de Jésus, semblent ne voir que son âme ; ils sont du XVIIe Siècle. Les célestes merveilles qu'ils y admirent, les ravissent, et tous les trois, dans des offices magnifiques, qu'ils lèguent à leurs enfants, ils chantent ce qu'ils ont contemplé : l'Oratoire fête les Grandeurs de Jésus et de Marie, Saint Sulpice l'Intérieur de Jésus et de Marie, les religieuses de Notre Dame de Charité et les Eudistes, le Coeur de Jésus et de Marie.

Jésus est le divin Exemplaire dont Marie est la plus exacte Image et chaque âme chrétienne doit se conformer à ce double idéal, qui n'est qu'un idéal : OMNIA IN OMNIBUS CHRISTUS ; VITA VESTRA ABSCONDITA EST CUM CHRISTO  IN DEO.

Les deux offices que le Père Eudes a composés pour ses deux fêtes sont très beaux, il y laisse parler son grand coeur ; les hymnes en particulier sont tous brûlants de son amour. Grâce à lui, quelques années avant sainte Marguerite Marie, dans plusieurs séminaires de Normandie, les louanges du Coeur adorable de Jésus sont admirablement célébrées.

Quand la voix et les forces commencent à lui manquer, le vaillant missionnaire compose son ouvrage sur le Coeur admirable de la Très Sainte Vierge. Toute sa vie il en avait mûri la grande et belle idée. Le Xe Livre, le dernier, est consacré au Coeur de Jésus. Ce qu'il avait prêché, ce qu'il avait chanté, il l'écrit pour ses enfants, et pour tous les chrétiens. Il donne des pratiques de piété très simples et très fécondes qui, selon toutes les apparences, seront demain dans l'âme et sur les lèvres de tous en France, et, après demain, peut-être, dans le monde entier : deux familles religieuses ne sont-elles pas là pour continuer son oeuvre et la grandir ! L'ardeur bouillonne chaude et généreuse dans l'âme de ces premiers tenants de la jeune dévotion. Ils la chantent, ils la vivent ; dans les écrits et dans le coeur de leur père vieilli, mais infatigable, ils peuvent encore la boire comme dans une source pure et féconde. Pourquoi,—nous avons, le devoir de nous le demander,— la dévotion au Coeur de Jésus ; n'a-t-elle pas fleuri sur les deux instituts du Père Eudes, comme sur sa tige naturelle ? Celui qui, d'après toutes les vraisemblances, sera bientôt canonisé, que l'Église universelle fêtera demain, est digne de l'élection divine. Pourquoi n'a-t-il pas été choisi ? Les voies de Dieu sont impénétrables.

Il faut d'ailleurs le reconnaître : dans la dévotion eudistine, beaucoup moins précise que celle du Père Joseph, le Coeur de Jésus est trop mêlé au Coeur de Marie, ces deux coeurs au cœur du Fidèle ; l'idée de la dévotion n'apparaît pas assez nette, ni assez distincte ; l'objet matériel, le coeur physique reste trop dans l'ombre ; presque jamais il n'est présenté comme le symbole de l'amour. Le rapprochement était si simple ! Ce ne sont pas les hommes qui en ont pourtant trouvé la si naturelle expression, c'est Jésus lui-même qui a dit à sainte Marguerite Marie, montrant sa poitrine, ouverte : « Voilà ce Coeur qui a tant aimé les hommes »!

(A suivre) A. HAMON.

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Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #SACRE COEUR

LE PÈRE DE LA COLOMBIÈRE

II - RAISONS DE SON INFLUENCE»

Nous avons vu le zèle du Père de la Colombière à soutenir la confidente du Sacré-Coeur, à se donner lui-même au Sacre- Coeur, à Le faire connaître aux âmes qu'il pouvait atteindre.

Mesurons la portée de son influence. Trois aspects de sa vie nous la feront deviner.

A) L'ORATEUR.

Le Père de la Colombière tient une place très importante parmi les réformateurs de la Chaire au XVIIe siècle. A vrai dire, Bourdaloue est le grand réformateur de la chaire, dans la Compagnie de Jésus, et on doit souscrire absolument à ce jugement de l'abbé d'Olivet : «Ce grand orateur, le premier qui ait réduit parmi nous l'éloquence à n'être que ce qu'elle doit être, je veux dire à être l'organe de la raison et l'école de la vertu, n'avait pas seulement banni de la chaire les Concetti production d'un esprit faux, mais encore les matières vagues et de pure spéculation, amusements d'un esprit oisif. »

Pour comprendre la justesse de l'observation qui précède il faut lire les Sermonnaires de cette époque et voir quel besoin de réforme s'imposait à la chaire chrétienne, pour y rétablir les règles du bon goût, la saine doctrine, la grande et forte éloquence.

Cette question demanderait une longue étude qui n'a pas sa place ici.

Mais Bourdaloue n'apparut pas comme un météore. Il eut parmi les Pères Jésuites des précurseurs et des maîtres. Lui-même en a fait la touchante et magnifique profession dans le Panégyrique de Saint-Ignace. Terminant son admirable sermon, il s'écrie : «Pardonnez-moi, chrétiens, et permettez-moi de rendre aujourd'hui ce témoignage à une Compagnie dont je reconnais avoir tout reçu, et à qui je crois devoir tout. »

Bourdaloue en effet ne s'est pas formé seul ; il trouva dans on ordre des maîtres pleins de doctrine et de goût qui lui frayèrent la voie. Celui qui eut incontestablement cet honneur et qu'on doit regarder comme un des grands réformateurs de la chaire, parmi les Jésuites est le père Claude de Lingendes qui avait eu lui-même un précurseur dans le Père Caussin.

Certes la grande figure de Bourdaloue éclipse tous ses contemporains ; mais il n'en reste pas moins que le Père de la Colombière figure avec honneur parmi les restaurateurs de la chaire chrétienne. On ne trouve pas chez lui de ces coups de maître, de ces éclats puissants qui signalent un tempérament oratoire -: de la race des Bossuet et' des Bourdaloue, mais jamais on ne surprendra chez lui des négligences de style, d'incorrection de langage, encore moins de lieux communs. Le Père de la  Colombière est un orateur correct, plein de doctrine et d'une doctrine sûre, -large et élevée; Il excelle surtout dans le pathétique. Il possède au suprême degré cette qualité exquise qui vient du coeur et de la piété : l'onction, avec laquelle on accomplit plus de conversions et on pénètre plus d'âmes qu'avec la force et la puissance du génie proprement dit.

Ses sermons, qui, presque tous ont été prêches devant la Cour Catholique de la Duchesse d'York, nous donnent la plus haute idée de la doctrine et de l'éloquence de ce digne religieux.

Dans l'impossibilité de les analyser, une appréciation sommaire et quelques citations suffiront.

On a imprimé 78 sermons prêches devant la Duchesse d'York.

Ils embrassent toute la série des mystères et des enseignements, chrétiens, et les fêtes principales de l'année.

Les qualités maîtresses de l'oeuvre oratoire du Père de la Colombière sont d'abord : une grande clarté dans l'exposition du sujet, des divisions sages et naturelles, un choix heureux de preuves tirées de la raison, de l'Écriture Sainte et des Pères.

Rien de prétentieux, ni de trop scolastique. Il a une certaine, ampleur de discussion qui est un vrai progrès sur les méthodes, encore en faveur de son temps. Ce qui brille surtout parmi ses effets oratoires, c'est sa piété vraie, convaincue, communicative, qui se traduit en élans fréquents vers le Seigneur et en invocations touchantes. Il est sobre d'images bien qu'il en ait rencontré d'heureuses. Peut-être pourrait-on lui reprocher d'être un peu abondant dans ses développements et dans son style. Mais, à part quelques défauts qu'une critique sévère pourrait relever dans son oeuvre, le Père de la Colombière peut être cité encore aujourd'hui comme un modèle de la chaire, et ses oeuvres, pour être vieilles de plus de deux siècles, n'en sont pas moins à admirer et à étudier. Il suffit de se rappeler quels furent ses prédécesseurs, pour constater le progrès immense qu'a fait l'éloquence sacrée avec le Père de la Colombière. Avec lui nous sommes désormais, dans le règne du bon goût, de la saine doctrine, des vraies traditions de la chaire chrétienne.

Tous les Sermons de cet orateur offrent au même degré la convenance du style, la bonne disposition  des preuves, le choix des pensées et la plus pure science théologique.

On y trouve aussi de précieux témoignages sur les sentiments des prêtres les plus éminents de son temps, touchant les questions théologiques qui divisaient alors les esprits et qui ont reçu depuis une solution si désirable. Le Père de la Colombière s'exprime ainsi sur l'Immaculée Conception et sur l'infaillibilité du Siège apostolique : « Vous savez sans doute, dit-il, le bruit qu'ont fait dans l'Église les contestations arrivées au sujet de l'Immaculée Conception de la Sainte-Vierge. Quelques docteurs, éclairés d'ailleurs et très catholiques, ayant cru que Marie ne pouvait avoir été préservée des malédictions que tous les enfants d'Adam avaient encourues, la révolte des esprits devint très générale, contre cette opinion, que, durant plusieurs années, toutes les écoles, toutes les chaires retentirent des arguments qu'on répéta en faveur de la Vierge Immaculée. Toutes les Universités d'Italie, d'Espagne, de France, d'Allemagne, soutinrent hautement landoctrine favorable, à l'honneur de Marie ; on ferma les Académiesnà quiconque refuserait de s'engager par serment d'enseigner, qu'elle avait reçu le privilège unique d'être conçue sans péché ; Les princes mêmes de Sicile, s'intéressèrent dans la cause de la Reine du Ciel et employèrent leur autorité pour la défendre.

Jamais on n'a ouï plus de discours, jamais plus de conférences, jamais plus de disputes, jamais on n'a écrit plus de livres sur aucune matière. Enfin, le Vicaire de Jésus-Christ a parlé et a fermé la bouche à tous ceux dont les sentiments n'étaient pas assez favorables à.la Sainteté de notre Mère.

«Tout l'univers a regardé ce jugement comme une victoire importante, comme un triomphe. Ceux du parti contraire se sont joints à nous et aujourd'hui tout est calme, tout est réuni dans la même croyance. Avantage incomparable de reconnaître un Souverain Juge l Les questions sont décidées, le repos des peuples n'est point troublé par ces divers secrets de doctrine ; tous les esprits, tous les coeurs se réunissent, et nulle opinion contraire à l'honneur de Dieu ou de ses Saints ne prend de stabilité dans l'Église de Jésus-Christ. »

Parmi ses 78 Sermons livrés à l'impression, on aimerait à; s'arrêter à quelques discours plus  caractéristiques comme, par exemple, le sermon pour le second dimanche de l'Avent, prononcé à l'occasion de l'abjuration de l'hérésie par un Seigneur de la première qualité, comme on disait alors. L'orateur y développe magnifiquement et avec ces mêmes arguments qui lui seront tant de fois empruntés, le thème suivant : L'établissement de l'Église est le plus grand de tous les miracles ; il les renferme tous et il les surpasse tous. Ce projet ne pouvait s'exécuter naturellement, quelques moyens humains qu'on eût pu employer ; son exécution est donc un vrai miracle. On n'y a employé aucun moyen humain ; le miracle en est donc encore plus surprenant.

On y a employé des moyens qui, dans l'ordre matériel, y devaient apporter des obstacles invincibles ; c'est donc là, si l'on peut ainsi parler, le comble des miracles.

Ces divisions sont fortement enchaînées et sont ménagées dans une progression aussi habile que naturelle.

Pour remplir ce vaste cadre, l'orateur avait à éviter la prolixité et l'obscurité, à raison même de l'ampleur de son plan. -Il y a réussi pleinement.

Dans un premier point il représente brièvement mais vivement l'état du monde au point de vue religieux, lorsque le fils de Dieu se fit homme. Et il n'a pas de peine à montrer la monstrueuse confusion où l'idolâtrie avait jeté les hommes. Puis continuant : « Les égarements de l'esprit humain étaient montés à cet excès de bizarrerie, lorsqu'il se présente un homme qui a formé le dessein de rassembler tous les hommes dans une Église, et de ne souffrir dans le monde qu'une seule religion. Quel projet Messieurs ! Il serait sans doute plus facile de faire parler un même langage à toutes les nations, et de les réduire toutes sous une même Monarchie... Mais par quelle voie cet homme extraordinaire se propose-t-il d'exécuter son projet ? Peut-être qu'il composera sa nouvelle loi des débris de toutes les autres — Peut-être qu'il cherchera un moyen de les accorder toutes. Non, Messieurs, la religion que cet homme veut établir sape jusque dans leur fondement toutes les autres. Ce n'est point en accordant les opinions, c'est en les renversant toutes qu'il prétend réunir les esprits — Qui jamais entendit parler d'une entreprise plus chimérique en apparence? Du moins faut-il que cette doctrine qu'il veut faire passer dans tous les esprits soit extrêmement plausible. Nullement il n'est rien qui paraisse plus opposé à la raison, rien qui soit, en effet, plus contraire aux sens. C'est une théologie au-dessus de toute intelligence, une morale qui semble surpasser toutes les forces de la nature. »

Ici le Père de la Colombière montre par un exposé éloquent de la sublimité des dogmes chrétiens et de leur contradiction avec les erreurs dominantes alors, qu'ils étaient presque impossibles à faire croire aux païens. Puis il condense admirablement en quelques phrases toutes ces réflexions : «Nous qui avons été élevés dans cette religion, nous que tant de grands hommes ont précédés, et qui marchons sur leurs traces, nous qu'on a accoutumés dès l'enfance à soumettre notre esprit et notre raison, si, malgré tous ces avantages, nous avons tant de peine à croire, si notre raison se révolte, si notre esprit se trouble, s'il s'inquiète, s'il se défend si difficilement du doute et de l'incrédulité, quelle pensez-vous que dut être, sur des mystères si incroyables la répugnance de ces philosophes païens accoutumés à ne croire que ce qu'ils voyaient, accoutumés à examiner, à contredire, à pointiller sur tout, à se faire un honneur d'être inébranlables dans leurs sentiments, de ne se rendre qu'à des preuves évidentes et sensibles, de ne se rendre que quand ils ne pouvaient plus résister ? Quelle difficulté pour eux d'avouer que toute leur théologie n'était qu'une fable, que jusqu'alors leur philosophie n'avait été qu'un tissu d'erreurs, et de faire ces aveux sans y être forcés par aucun raisonnement naturel, sans rien voir qui les convainquît qu'ils s'étaient trompés ! Oui, sans doute, Messieurs, ils ont eu de la peine à croire. D'abord ce nouveau maître n'a paru être à leurs yeux qu'un visionnaire, ils ont reçu ses disciples avec des risées. Ils se sont récriés, ils ont disputé, ils ont écrit : on ne leur a rien répondu, on s'est contenté de leur dire qu'il fallait croire et ils ont cru. »

Ce passage est plein de force, de verve et vraiment oratoire.

L'orateur s'attachera ensuite à prouver — et il n'a aucune peine à le faire — que la morale chrétienne, avec sa pureté et son austérité, était bien plus difficile encore que les dogmes, à être acceptée de la Société païenne. Et quand il a accumulé les difficultés : « Quelle apparence, s'écrie-t-il, d'introduire une si grande réforme dans un monde si dépravé ? Plutôt que de porter les hommes à ce changement ne leur fera-t-on pas changer de nature ?

Cependant ce changement s'est fait et il s'est fait tout d'un coup.

Le Christianisme, avec toute la rigueur de ses lois, a été reçu par les peuples les plus voluptueux, les plus mous, les plus superbes, les plus indociles, les plus sauvages, les plus emportés, disons-le, les plus brutaux. Ces commandements que nos réformateurs, que nos lâches chrétiens trouvent impossibles, ces commandements ont été acceptés par les Romains, par les Grecs, les Scythes, les Perses, les Mèdes, les Indiens, les Égyptiens, les Africains, les Gaulois, les peuples du Mexique et du Canada. Ils n'ont point été rebutés par la sévérité de cette morale, elle ne les a point empêchés d'embrasser la loi du Sauveur au péril de leurs biens et de leur vie. »

Pour accomplir ce vaste dessein de la régénération du monde, de quels moyens s'est servi Jésus-Christ ? Tel est le second point de ce discours. C'est le thème admirable qu'à si bien développé Bossuet, et que le Père de la Colombière traite à peu près de la même manière que lui, moins toutefois le vol puissant et hardi de l'aigle.

Dans le troisième point, l'orateur montre que non seulement aucun moyen humain n'a été mis en oeuvre pour l'établissement du Christianisme mais encore qu'il s'est établi par tout ce qui semblait le plus propre à le détruire. Et à ce propos la véhémence de l'orateur égale la force du logicien. Ce point est très remarquablement traité. Notons quelques passages. Voici par exemple une comparaison des mieux développées :

« Quel miracle, s'écrie-t-il, chrétiens auditeurs ! Un seul grain, un grain presque imperceptible qu'on vient de semer n'a pas plutôt germé que ce germe est assailli par les vents, par la  grêle, par les gelées ; il croît néanmoins, il forme un tronc et des branches, il se couvre de feuilles, il se charge de fruits. A peine commence-t-il à s'étendre, ce nouvel arbre, qu'on met la cognée à la racine, qu'on le taille, qu'on le coupe de toutes parts ; on y applique le feu, on allume alentour un bûcher capable de consumer les plus vastes forêts ; il subsiste encore cet arbre ; que dis je ? il subsiste, il se fortifie sous les coups qu'on lui porte, il se nourrit des feux qu'on allume, il croît au milieu de cet incendie, et il y croît tellement que déjà il couvre la terre de son ombre, et qu'il offre une retraite à tous les oiseaux du Ciel. »

Enfin cette dernière citation qui donne toute la mesure de la vivacité des pensées, de la chaleur des mouvements et de l'excellent style oratoire de notre religieux. Il est peu de pages plus expressives et plus éloquentes dans nos meilleurs auteurs.

« Cette religion n'a pas plutôt paru dans le monde, que le monde entier s'est levé pour la détruire. On s'est récrié de toutes parts. On a craint un embrasement général. On a fait couler partout des fleuves de sang, pour éteindre le feu sorti des cendres de Jésus-Christ. Ce feu a néanmoins continué de s'allumer sur la surface, de la terre. Saint-Augustin compte jusqu'à quatorze grandes persécutions dans les deux premiers siècles de l'Église.

Elle en a souffert une de la part des Juifs, dix sous les Empereurs de Rome, une sous Julien l'apostat, une autre sous Valens, et la dernière, dans la Perse, sous Sapor, c'est-à-dire que, pendant plus de deux cents ans, quiconque voulait embrasser la Croix de Jésus-Christ, devait se résoudre à perdre les biens, les emplois, les honneurs, la liberté, la vie. Tous les apôtres, la plupart des disciples du Sauveur furent d'abord emportés par la tempête ; tous moururent dans diverses parties du monde. La Religion dont ils étaient comme les colonnes, devait, selon toutes les apparences, expirer avec eux. La tyrannie néanmoins n'est pas encore satisfaite. Après avoir immolé les pasteurs on se jette avec furie sur le troupeau ; on n'a égard ni à la qualité des personnes, ni à leur sexe, ni à leur âge ; les gouverneurs des Provinces, les juges particuliers de toutes les villes ont des ordres exprès, des ordres puissants, ils n'osent épargner ni leurs enfants, ni leurs épouses ; toutes les prisons sont pleines de nouveaux chrétiens, les places publiques d'échafauds ; des centaines, des milliers d'hommes tombent sous le couteau du persécuteur, la terre est comme noyée dans leur sang : on en voit expirer jusqu'à treize millions pour la même cause. Quel effet produit un si grand carnage ? Quo plus sanguinis effusum est, hoc magis ac magis effloruit multitudo fidelium. Plus la persécution est violente ; plus l'Église s'étend et se multiplié. Loin de fuir la mort, on y court, les enfants se dérobent au sein de leurs mères, les mères y portent elles-mêmes leurs enfants : on dirait que les supplices, inventés pour pervertir les fidèles, sont pour les idolâtres, un attrait au Christianisme ; on veut être chrétien pour être déchiré, pour être brûlé, pour mourir avec les chrétiens. Ce n'est ni par la vertu de la parole divine, ni par l'éclat des miracles que la religion se répand ; c'est par la mort de ceux qui l'embrassent. La seule vertu d'un martyr souffrant convertit plus de païens que ne le ferait la prédication d'un apôtre, confirmée par la résurrection d'un mort. »

On ne se trompe pas en disant que le Père de la Colombière peut être regardé encore aujourd'hui comme un maître de la chaire. Tous ses sermons offrent au même degré, les qualités maîtresses de l'orateur.

Dans un autre ordre d'Idées, le Père de la Colombière a, dans ses sermons, des maximes judicieuses qui décèlent un esprit pénétrant, et aussi des élans qui montrent toute la bonté de son coeur. Il a des pages exquises sur l'amitié, qu'il nous faut, faute de place, laisser de côté.

Notre religieux avait une piété ardente et il excellait à l'exprimer. C'est surtout dans les sujets pathétiques, dans les mouvements qui réclament l'onction, que l'apôtre du Sacré-Coeur s'est élevé au-dessus du vulgaire et c'est par là qu'il vivra.

Oui ses oeuvres vivront et seront toujours lues et goûtées par les âmes capables de tendresse et de reconnaissance. C'est à ces âmes que le saint religieux s'adresse surtout dans ses sermons intimes, notamment dans la retraite où il s'est plu à dévoiler une partie" des révélations de Paray.

Écoutons-le, par exemple, parler de l'amour de Dieu : « Nous donnons, dit-il, notre coeur, nous le prodiguons, nous l'abandonnons au premier qui se présente. Vous seul, ô mon Dieu, ne pouvez «n avoir de part, vous qui seul êtes grand, bon, sage, fidèle, constant, saint, libéral, impeccable, vous qui êtes sans défauts, qui possédez toutes les perfections, qui les possédez toutes et pour toujours.

« Nos coeurs ont tant de pente à aimer ; on consent plutôt de souffrir, de languir, de se fatiguer inutilement, d'être dans le trouble, dans l'inquiétude, de perdre la joie, le repos, les biens, la conscience et l'honneur que de n'aimer rien. Et nous refusons pour ainsi parler, d'entrer avec vous en commerce d'amour, ô mon divin. Maître ! de cet amour si doux, si pur, si satisfaisant, qui porte avec lui la gloire, la paix, qui rend heureux tous ceux qu'il enflamme.

« Vous seul, ô mon Dieu, vous seul pourrez être, à moi autant de temps que je le voudrais. Nul désastre, nul renversement d'affaires, nulle puissance, soit au Ciel, soit dans les enfers, ne peut vous enlever à mon âme. Je ne puis m'assurer un séjour de vingt-quatre heures dans aucun endroit de la terre, je ne puis me promettre un moment de vie, mais je sais que ni l'exil ni la mort ne sauraient me séparer de vous ; je sais que je vous trouverai partout, que partout je vous trouverai également bon, également aimable, que rien ne peut m'empêcher de vivre avec vous, de mourir entre vos bras, et d'entrer, après ma mort, dans une possession encore plus parfaite et plus douce de votre divine présence. O âmes mortes, âmes insensibles ! Sous quel climat, sous quel ciel de fer et de bronze habitent les hommes sans coeur, les hommes de marbre et de glace, qui ne vous rendent pas, ô Seigneur, amour pour amour. Hélas ! C’est nous-mêmes peut-être, mes frères, qui sommes si ingrats et si froids quand il s'agit d'aimer le seul être qui nous aime éternellement. »

Voilà véritablement des accents du coeur, l'onction chrétienne et l'éloquence qui touche et émeut. Ajoutons à ces paroles l'action qui les accompagne, une action que les contemporains nous représentent comme accomplie de tous points, et l'on conviendra que le Père de la Colombière a été mis justement au nombre des meilleurs orateurs, du second ordre, du XVIIe siècle.

Déjà l'autorité d'un pareil talent devait bien accréditer les efforts de l'Apôtre du Sacré-Coeur.

Mais les souffrances valent mieux encore que le talent.

B. — LE TÉMOIN ...

La plupart des sermons du Père de la Colombière, livrés à l'impression, ont été prêches à Londres. Le fait peut paraître étonnant, surtout si l'on se rappelle que, sous le règne du faible et frivole Charles II, la persécution contre les Catholiques fut marquée par une série d'atrocités, dignes des plus mauvais jours d'Elisabeth et de Henri VIII. Ce fait s'explique ainsi.

Le duc d'York, héritier présomptif de la couronne d'Angleterre, avait épousé la gracieuse et catholique princesse, Marie de Modène, d'une piété fervente et d'une irréprochable orthodoxie. Selon les clauses du contrat de mariage, la jeune duchesse d'York devait avoir la jouissance d'une chapelle publique et la liberté de remplir les devoirs de son culte. Après diverses péripéties dont nous n'avons pas à nous occuper, et qui montrent les odieux procédés de l'intolérance protestante d'alors, la duchesse, à force de bonté et de vertus, désarma à peu près l'esprit de parti, put vivre à la Cour de St-James et avoir son aumônier, et son prédicateur. Ce poste difficile fut dévolu au Père de la Colombière et l'honore singulièrement.

Etre prêtre catholique Romain était alors un crime en Angleterre ; être Jésuite avec cela, c'était se livrer par avance à la persécution.

C'est dans ces conjonctures que le Père de la Colombière arriva à Londres, le 13 octobre 1676. Il y resta dix-huit mois, prêcha deux carêmes entiers, et de plus tous les dimanches et jours de fête, devant la petite Cour Catholique.

Après quelques mois de séjour, il écrivait de cette ville à son père : « Au milieu de l'entière corruption que l'hérésie a produite en cette grande ville, je trouve bien de la ferveur et des vertus fort parfaites, une grande moisson toute prête à être cueillie, et qui tombe sans peine sous la main dont il plait à Dieu de se servir. Je sers une princesse, entièrement bonne en tous sens, d'une piété fort exemplaire, et d'une grande douceur. Au reste je ne suis pas plus troublé du tumulte de la Cour que si j'étais dans un désert, et il ne tient qu'à moi d'y être aussi réglé que dans nos maisons. »

En effet, notre religieux, et c'est le témoignage des contemporains eux-mêmes, vécut fort retiré du milieu de cette Cour bruyante et fastueuse. Il choisit un appartement à l'écart, rejeta loin de lui tout ce qui pouvait sentir le luxe et la mollesse, à ce point qu'il couchait sur un matelas étendu à terre, et eut de plus recours aux austérités corporelles les plus crucifiantes. Il enchaîna sa vie dans l'étroite observation des règles de la Compagnie et il disait à ce propos : «O saintes règles, bienheureuse est l'âme qui a su vous mettre dans son coeur, et connaître combien vous êtes avantageuses ! J'y trouve tant de biens enfermés, qu'il me semble que quand je serais tout seul dans une île, au bout du monde, je me passerais de toute autre chose, et que je ne désirerais autre secours, pourvu que Dieu me fit la grâce de les bien observer. »

Le Père de la Colombière devait, en effet, trouver à Londres des peines et des persécutions de tout genre. Le bien qu'il y faisait, les conversions qu'il suscitait, surtout dans la haute classe, l'avaient mis tout d'abord en état de suspicion. Les Lords ombrageux qui n'avaient supporté qu'avec peine son arrivée en Angleterre, ourdirent contre lui une machination bien conforme à leurs procédés habituels de mensonge et de persécution. Ils imaginèrent un complot Papiste, dont le Père de la Colombière était accusé d'être l'âme. Ce complot dont le Pape était présumé le chef, et le Jésuite le bras, ne tendait à rien moins qu'à attenter à la vie du Roi, à s'emparer de l'Angleterre et à y installer un gouvernement nommé et dirigé par Innocent XI. Tout cela était extravagant, mais Shaftesbury, l'ennemi personnel du duc d'York, disait avec raison : « Ne voyez-vous pas que plus notre complot sera extravagant, plus le peuple sera crédule. » Lord Macaulay a dit à propos de ce complot : « De semblables fictions trouvaient crédit dans le vulgaire et des magistrats éminents faisaient Semblant d'y croire. Les juges du Royaume étaient corrompus, cruels et timides, les chefs du parti du pays encourageaient l'erreur dominante... Des hommes de la trempe de Shaftesbury et de Buckingham voyaient bien sans doute que tout cela n'était que fausseté, mais cette fausseté servait leurs intérêts, et la mort d'un innocent ne pesait pas plus sur leur conscience flétrie que la mort du gibier qu'ils tuaient à la chasse. »

Ce complot célèbre dans les annales de l'Angleterre, eut pour résultat de faire périr cinq Jésuites par la main du bourreau ; trois autres dans, les prisons, et monter sur l'échafaud de nobles lords, la fleur de l'aristocratie anglaise. Le Père de la Colombière fut arrêté, à une heure avancée de la nuit, et conduit en prison. Deux jours après, il fut confronté devant les Commissions de la Chambre des Lords avec Lusancy, espèce de moine apostat, son accusateur. Son attitude pleine de calme et de dignité, disent les historiens, frappa d'admiration toute l'assistance. On le vit, sans se soucier des menaces de la foule, prendre son bréviaire et le réciter pendant les intervalles de l'audience. Il fut condamné d'abord à la prison et ne dut son salut qu'à l'intervention de l'ambassadeur français qui fit valoir qu'il était couvert par sa qualité de Français et de chapelain de la duchesse d'York, suivant les clauses du contrat. On se contenta, d'ailleurs, n'ayant pu trouver à sa charge aucun fait délictueux, de le bannir à perpétuité du Royaume.

Ce qu'on reprochait surtout au Père de la Colombière, c'était son zèle, c'était le succès de sa prédication, lés abjurations nombreuses qu'il avait reçues, la confiance et la sympathie dont il jouissait auprès des plus belles intelligences de Londres.

C. - LE FORMATEUR

Le Père de la Colombière savait que tout effort personnel est vite à son terme, et que le meilleur moyen d’assurer son influence c'est de préparer des continuateurs.

Il sut inspirer la chère dévotion à quelques âmes d'élite qui continuèrent son oeuvre et, entre autres, au Père de Galiffet qui devint, à son tour, l'apôtre du Sacré-Coeur. Voici cornment ce Père raconte lui-même l'événement qui donna naissance à son apostolat. « L'an 1680, dit-il, au sortir de mon noviciat, j'eus le bonheur de tomber sous la direction spirituelle du R. P. Claude de la Colombière, le Directeur que Dieu avait donné à la Mère Marguerite,  laquelle était alors encore vivante. C'est de ce Serviteur de Dieu que je reçus les premières instructions touchant le Sacré-Coeur de Jésus-Christ et je commençai, dès lors, à l'estimer et à m'y affectionner. Après la fin de mes études de théologie, je fus envoyé à la maison de Saint-Joseph, destinée à Lyon pour le troisième an de noviciat que nous faisons, suivant l'institut de notre Compagnie. Là, en servant les malades à l'hôpital j'y ai pris une fièvre maligne qui me réduisit en peu de jours à la dernière extrémité. Je fus abandonné des médecins puis tombai dans l'agonie et on attendait, de moment en moment, que je rendisse le dernier soupir. Ma vie ainsi désespérée, le Père de la Colombière promit à Jésus-Christ que s'il lui plaisait de me conserver la vie, je l'emploierais toute entière à la gloire de son Sacré-Coeur. Sa prière fut exaucée. Je guéris au grand étonnement des médecins. J'ignorais le voeu que l'on avait fait à mon insu ; mais, le danger passé, il me fut donné par écrit. Je le ratifiai de tout mon coeur, et je me regardai dès lors comme un homme dévoué au Coeur adorable du divin Maître.

Tout ce qui regardait sa gloire me devint précieux, et j'en fis l'objet de mon zèle. »

Le Père de la Colombière devait ainsi laisser après lui un digne continuateur de sa mission et de sa ferveur.

***

L'autorité de son talent, celle plus grande encore de ses souffrances, le soin qu'il prit de former des apôtres, tels furent, semble-t-il les moyens qui multiplièrent l'influence de son zèle.

Ce zèle, il le réchauffa toujours aux ardeurs de Paray-le-Monial. Il demeura en relations de lettres, très suivie, avec Sainte Marguerite-Marie. Il puisa dans les lumières et les conseils de la Sainte autant de force et de consolations qu'il s'efforçait de lui en inspirer par ses propres écrits.

Qu'elle est édifiante cette correspondance entre ces deux saintes âmes et qu'il serait bon de s'y arrêter. Citons seulement quelques fragments.

Le 20 novembre 1676, c’est-à-dire un mois environ après son arrivée, le Père de la Colombière écrivait à Paray : «Oh ne trouve point ici de filles de Sainte-Marie, et beaucoup moins encore de soeur Marguerite ; mais on trouve Dieu partout quand on le cherche, et on ne le trouve pas moins aimable à Londres qu'à Paray. Je le-remercie de tout mon cœur de la grâce qu'il me fait d'être dans le souvenir de cette sainte religieuse. Je ne doute pas que ses prières ne m'attirent de grandes grâces. Je tâcherai de faire un bon usage des avis que vous me donnez Par l'écrit, et surtout de celui que vous me marquez avoir été confirmé dans la dernière solitude.»

L'année suivante, 25 novembre 1677 : «Je ne puis vous dire, écrit-il, combien votre lettre m'a donné de consolation. Le billet de la soeur Alacoque me fortifie beaucoup et me rassure sur mille doutes qui me viennent tous les jours... » puis, plus tard, le 3 mai 1678 : « Je ne crois pas que sans le billet où étaient les avis de la soeur Alacoque, j'eusse jamais pu soutenir les peines que j'ai souffertes, et qui ne m'ont jamais attaqué avec plus de violence que lorsque j'étais pressé, et comme accablé de travail. »

Puis, quelques jours après, 9 mai 1678 : « Il faut nécessairement se remettre du succès à Celui qui en peut donner un bon à nos peines, selon le salutaire avis que m'a envoyé une fois la soeur Alacoque. J'en ai reçu d'elle trois ou quatre qui me servent de règle pour ma conduite, et qui font tout le bonheur de ma vie.

Dieu soit béni éternellement qui daigne nous éclairer, nous autres pauvres aveugles, par les lumières des personnes qui communiquent plus intimement avec Lui. »

Enfin, pour achever de montrer quelle influence avaient les avis de l'humble fille de Paray sur l'éminent religieux, citons encore ces-quelques lignes du 27 juin 1678 : « La lettre de notre soeur Alacoque m'a causé beaucoup de confusion. Mais je ne saurais assez vous faire comprendre combien ses avis me sont venus à propos. Quand elle aurait lu dans le fond de mon âme elle n'aurait rien pu dire de plus précis... Je reçus le papier, écrit de sa main, justement le jour que j'avais parlé au, médecin, et dans un temps où je me trouvais si abattu et affaibli, que je ne me sentais plus capable pour les travaux que je prévois l'année prochaine, et je regardais mon mal comme un effet de la ; Providence qui-, connaissant l'impuissance où j'étais de soutenir le fardeau, voulait me tirer de ce pays. J'y étais résolu, mais après avoir lu le billet qui m'ordonnait de ne pas perdre courage pour les difficultés, et qui me faisait ressouvenir qu'on est tout puissant quand on se confie en Dieu, je commençai à changer de sentiment et à croire que je demeurerais encore ici. »

Les douleurs de son coeur d'apôtre à la vue de tous les maux que l'hérésie avait: accumulés en Angleterre, sa prison, ses austérités et ses fatigues avaient altéré profondément sa santé. Sa poitrine fut atteinte, les crachements de sang se multiplièrent, bref il tomba dans un état de langueur qui ne pouvait avoir d'autre issue que la mort.

Le Père de la Colombière voulut revoir Paray-le-Monial, son petit monastère et cette religieuse si suave et si sainte qui avait nom Marguerite-Marie. Dieu permit à ses deux serviteurs cette dernière joie. Le Père fortifia Marguerite contre les épreuves et les contradictions et l'encouragea à remplir jusqu'au bout la mission que Notre-Seigneur lui avait confiée, d'être l'apôtre de son Divin Coeur. Marguerite avertit de son côté le Père que Notre Seigneur voulait le sacrifice de sa vie à Paray-le-Monial. Le digne religieux le fit de grand coeur, et quelques jours après, il mourut saintement, le 15 février 1682, en murmurant un dernier acte d'amour au Coeur de Jésus. Il avait quarante et un ans.

Marguerite-Marie en apprenant sa mort écrivit à Melle de Bischaud le billet suivant : « Cessez de vous affliger, invoquez-le, ne craignez rien, il est plus puissant pour vous secourir que jamais.. « Ce fut pour elle, dit la mère Greyfié, une perte bien sensible.

Cette chère soeur perdait en lui le meilleur ami qu'elle eut au monde, Cependant elle ne.se troubla ni ne s'inquiéta nullement, parce qu'elle aimait ses amis pour la gloire de Dieu et pour leur avancement propre en son divin amour et non pour son intérêt.

Je ne lui ai jamais vu regretter, mais ouï bien souvent se réjouir de son bonheur éternel auquel elle prenait part en rendant grâces au Sacré-Coeur de Jésus-Christ de toutes celles qu'il avait faites à ce digne religieux en sa vie.et en sa mort. ».

Ce « bonheur éternel » de l'ardent et très influent Apôtre du Sacré-Coeur, souhaitons que bientôt l'Église nous l'atteste officiellement, en lui décernant les honneurs du culte public.

Ce projet, c'est la Révolution qui l'a brusquement interrompu. Tous les chrétiens prieront le Sacré-Coeur de le faire aboutir.

G. LOTH.

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Publié le par Rhonan de Bar

Le Père de la Colombière

I. - LE DIRECTEUR. - L'APÔTRE

Les fêtes religieuses qui viennent d'avoir lieu à Paray-le-Monial, en l'honneur de Sainte Marguerite-Marie, ramènent l'attention sur la grande figure du religieux qui eut un rôle providentiel dans l'établissement de la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus, le Père de la Colombière. Il est bon de rappeler ces précieux souvenirs.

Le célèbre Jésuite qui compte parmi les grands réformateurs de la chaire au XVIIe siècle, avant Bossuet et Bourdaloue, naquit le 2 février 1641 à Saint-Symphorien-d'Ozon (Isère) d'une famille considérable.

Il avait dix-huit ans lorsqu'il se présenta au Noviciat de la Compagnie de Jésus. Son père qui avait manifesté un grand déplaisir à le voir entrer dans l'Institut, finit par céder à ses instances. Il lui dit en le quittant : « J'espère, mon fils, que vous vous conduirez toujours de manière à faire honneur au nom que vous portez. — Oui, mon père, répondit Claude de la Colombière, je vous le promets, et puisque l'honneur d'un religieux consiste à être Saint, je tâcherai de le devenir ». Il tint parole.

Tout jeune, il professa la Rhétorique au collège de Lyon.

Quand il eut achevé le cours des études complètes et des épreuves de la Compagnie, il fut appelé à l'âge de trente-trois ans à la résidence de Paray-le-Monial. C'est là, dans cette obscure petite ville, que la Providence lui destinait une mission qui devait le rendre aussi célèbre dans les annales de l'Église que précieux à la piété catholique.

Paray-le-Monial est une jolie petite ville, assise au bord de la Bourbince, dans le département de Saône-et-Loire, au milieu d'une gracieuse et fertile vallée, surnommée autrefois la vallée d'or, en raison de ses avantages et de sa fécondité. Il y avait eu autrefois un prieuré de Bénédictins, fondé en 973, dont la belle église gothique subsiste encore, et de là était venu à la ville le surnom de Monial qu'elle a porté depuis. En 1617, à la suite d'une retraite donnée à la ville par des religieux de la Compagnie de Jésus, les bons habitants du lieu avaient obtenu l'établissement d'un Couvent de filles de la, Visitation* Ce Couvent allait toujours en prospérant, lorsqu'un jour du printemps de 1671, une jeune fille de vingt-trois ans, partie de Verosvre, venait frapper à la porte du Monastère et, en y entrant, apportait la bénédiction, la gloire, et la sainteté. En mettant le pied sur le seuil du monastère, elle éprouve un terrible assaut et comme un frémissement de tout son être : « il me semblait, dit-elle, que mon esprit allait se séparer de mon corps ». Méprisant ces vaines terreurs, elle entre et, sur le champ, elle sentit son âme apaisée et inondée d'une douceur céleste. Elle s'en allait répétant avec le prophète : « Le Seigneur a .rompu le roc de ma captivité : il m'a revêtue du manteau de Joie. C'est ici où il me veut, et le lieu de mon repos pour l'Éternité». Le 25 Août 1671, Marguerite-Marie prenait l'habit et commençait le temps de son noviciat.

Nous ne pouvons que parler incidemment de cette vie exquise dont l'étude et des plus attachantes, et nous n'avons pas à suivre le vol de cette âme que l'amour de Dieu a blessée ; mais comme la vie de Marguerite-Marie est inséparable de celle du Père de la Colombière, nous lui devons quelques instants d'attention. Marguerite, après un noviciat exemplaire, fit profession le 6 novembre 1672. A partir de ce moment, Notre Seigneur honora sa jeune et sainte épouse de communications exceptionnelles, il la destinait à être l'apôtre de son Divin Coeur et lui en fit connaître toutes les beautés, toutes les profondeurs, toutes les amabilités infinies.

De là, ces manifestations extraordinaires dont elle allait être privilégiée. Ces mystères de l'amour divin échappent sans doute au contrôle de notre infirme et pauvre raison, mais ils entraînent l'assentiment, quand ils sont revêtus de l'approbation de l'Église.

Voici donc comment Marguerite-Marie raconte la manifestation Divine qui enchaîna pour jamais son affection, sa vie entière : « Etant un jour devant le Saint Sacrement, je me trouvai investie de cette Divine présence, mais si fortement que je m'oubliais de moi-même et du lieu où j'étais, et je m'abandonnais à ce divin Esprit, livrant mon coeur a la force de son amour. Le Sauveur me fit reposer longtemps sur sa divine poitrine, où il me découvrit les merveilles de son amour et les secrets impénétrables de son Sacré-Coeur qu'il m'avait toujours tenus cachés jusqu'alors. II me l'ouvrit pour la première fois, mais d'une manière si effective et si sensible, qu'il ne me laissa aucun lieu d'en douter, par les effets que cette grâce produisit en moi, qui crains pourtant de me tromper en tout ce que je dis. « Mon divin Coeur, dit le Sauveur, est si passionné d'amour pour les hommes que ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu'il les répande par ton moyen, et qu'il se manifeste à eux pour les enrichir de ces précieux trésors que je te découvre et qui contiennent les grâces sanctifiantes et salutaires, nécessaires pour les retirer de l'abîme de perdition. Je t'ai choisie comme un abîme d'indignité et d'ignorance pour l'accomplissement de ce grand dessein, afin que tout soit fait par moi ».

Depuis ce moment, les révélations et les faveurs mystérieuses furent comme multipliées à l'humble fille de Paray-le-Monial.

Cependant la Supérieure du monastère qui voyait l'état extraordinaire de Marguerite la força de tout raconter, n'approuva pas et ne comprit même pas ces révélations, qu'elle traita de rêveries et de pures imaginations. Elle voulut qu'elle consultât plusieurs directeurs lesquels furent unanimes à la désapprouver. Ils condamnèrent le grand attrait qu'elle avait pour l'oraison, la traitèrent de visionnaire et lui défendirent de s'arrêter à ses inspirations. .

On peut juger du supplice de cette sainte jeune fille, qui avait assez de discernement pour voir qu'on se trompait à son égard et qui avait trop de vertu pour ne pas obéir. « Je fis, dit-elle, tous mes efforts pour résister à ces attraits, croyant assurément que j'étais dans l'erreur. Mais n'en pouvant venir à bout, je ne doutais plus que je fusse abandonnée, puisqu'on me disait que ce n'était pas l'esprit de Dieu qui me gouvernait, et que cependant il m'était impossible de résister à cet esprit ».

Marguerite-Marie, en butte à la contradiction et aux sévérités de ses Supérieurs dut boire largement à la coupe de la souffrance.

Dieu la fit passer par toutes les amertumes, tous les crucifiements, tous les délaissements qui peuvent éprouver une pauvre âme, abandonnée de tous. Parfois elle cherchait à récréer sa douleur par des cantiques qu'elle composait elle-même. Elle chantait, la pauvre enfant :

Je suis une biche harassée,

Qui cherche l'onde avec ardeur.

La main du chasseur m'a blessée

Son dard a percé jusqu'au Coeur.

Marguerite-Marie, incomprise de ses Soeurs, traitée durement par la Supérieure, désavouée par ses directeurs, était brisée par tant d'épreuves, quand le Sauveur lui annonça qu'il lui donnerait enfin un guide et un directeur digne d'elle.

On était en 1674. Le Père de la Colombière était envoyé comme Supérieur de la petite résidence de la Compagnie à Paray-le-Monial. Religieux plein de zèle et de piété, dont la réputation naissante, à cause de ses premiers sermons, n'était pas sans éclat, on se demandait pourquoi un mérite si rare était condamné à l'obscurité d'une petite bourgade.

Le Père Daniel, reproduisant plusieurs passages de la préface des Sermons de l'édition de Lyon, de la retraite spirituelle elle-même de notre religieux, et du nécrologe de la Compagnie de Jésus* a tracé du Père de la Colombière le portrait suivant : « Jeune encore, doué d'un heureux génie et de beaucoup de distinction personnelle, le Père de la Colombière avait débuté dans la chaire avec applaudissement. Il possédait en outre, à un degré remarquable, tous les dons qui charment et qui attachent dans l'usage ordinaire de la vie : un esprit vif et naturellement fort poli, un jugement solide, fin et pénétrant, une âme noble, les inclinations honnêtes, de l'adresse même et de la grâce en toutes choses. Son langage était exquis aussi bien que ses manières, et l'on assure même que Patru faisait si grand cas de la délicatesse de son goût, qu'il entretînt avec lui, pendant plusieurs années, un commerce de lettres où il lui marquait beaucoup d'estime. On sentait en lui ce je ne sais quoi d'achevé qui dénote l'homme supérieur. L'honnêteté et la douceur accompagnaient tous ses mouvements et elles avaient quelque chose de si noble, qu'elles relevaient toutes ses actions. On se laissait volontiers persuader qu'il avait   de grands sentiments, lors même qu'il s'acquittait des devoirs ordinaires dans le commerce des hommes ». En un mot, disent ceux qui l'ont connu et pratiqué : « Son silence, son entretien, son maintien, tout son extérieur était si peu gêné et si concerté qu'en toute rencontre il paraissait un honnête homme et un parfait religieux». Naturellement il avait aimé la gloire, mais depuis qu'il s'était convaincu du néant de tout ce qui passe, il ne se glorifiait plus qu'en Jésus-Christ et en Jésus-Christ Crucifié ».

Il venait de prendre tout récemment une de ces graves déterminations qui font époque dans la vie spirituelle, et renouvellent tout l'homme intérieur. Il s'était engagé par voeu à observer fidèlement les règles et constitutions de son institut, toutes sans exception. Or, parmi ces règles, outre celles qui assujettissent le religieux à la vie commune, non sans beaucoup de gêne pour la nature, il .en est d'autres plus relevées qui ne vont à rien moins qu'à séparer l'âme d'elle-même pour la vouer, sans ménagement et sans réserve, à la sainte folie de la Croix ; but sublime où tous n'atteignent pas, mais que tous doivent poursuivre, s'efforçant d'en approcher le plus possible.

« Quelles qu'elles soient d'ailleurs, d'après la déclaration expresse du saint Fondateur, les règles de la compagnie de Jésus n'obligent pas sous peine de péché. C'eut été trop exiger de la fragilité humaine et demander la perfection même, une perfection consommée, à ceux qui n'ont embrassé ce genre de vie que comme un moyen de l'acquérir. Saint Ignace avait sagement jugé qu'on n'impose pas à un corps entier la pratique des vertus les plus héroïques, et que c'est assez d'y tendre avec la grâce de Dieu.

L'expérience a montré qu'il ne s'était pas trompé. Toutes ces règles donc, les plus grandes comme les moindres, le Père de la Colombière les avait souvent lues et méditées et il s'appliquait, depuis quinze ans, à y conformer sa vie, lorsque, pendant la grande retraite de sa troisième Probation, mû par une grâce extraordinaire et voulant, comme il le dit lui-même, « rompre tout d'un coup toutes les chaînes de l'amour-propre», il demanda et obtint de son directeur la permission d'en vouer à Dieu  l'observation pleine et entière ; résolution des plus généreuses et, comme parle un pieux contemporain, capable d'effrayer les plus spirituels ».

«Je voue, à Dieu, avait-il dit, de souhaiter d'être outragé, accablé de calomnies et d'injures, de passer pour un insensé».

C'est ce que Saint Ignace appelait « se revêtir de la robe et des livrées de Jésus-Christ » : noble ambition de tous les Saints, de toutes les grandes âmes chrétiennes. Et à l'instant même où, il allait mettre le dernier sceau à cette résolution, le Père de la Colombière pouvait ajouter : « il me semble que pour cela je n'ai qu'à demander à Dieu qu'il me conserve les sentiments qu'il m'a déjà donnés par sa miséricorde infinie ». Par où l'on voit quelles victoires signalées il avait déjà remportées sur l'amour-propre avant de s'engager dans cette voie de sublime perfection. Il avait voué «la plus grande abnégation de soi-même et une mortification continuelle ». Il avait voué enfin « de tout faire pour la gloire de Dieu, rien par respect humain ». Ce dernier point, disait-il encore, me plaît fort ; il me semble qu'il m'établira dans une grande paix intérieure ». Il ne se trompait pas, et lié si étroitement à l'exercice de toutes les vertus les plus contraires à la nature, il n'éprouva dans la suite ni gêne ni scrupule, tant il resta constamment fidèle à cet engagement sacré. « Ceux qui ont demeuré avec lui et qui ont appris, depuis sa mort ce qu'il avait voué, portent aussi témoignage, qu'ils ne l'ont jamais vu se démentir de sa promesse dans la moindre chose ».

Par là s'explique la haute édification que l'on éprouvait partout, rien qu'à le voir. « Pénétré de la grandeur de Dieu et du néant des créatures, il ne pouvait cacher l'esprit qui le gouvernait. On était touché en le voyant et quand on l'entendait parler, on n'eût plus osé concevoir des pensées indignes de sa sainteté et un désir médiocre de l'acquérir. Sa seule présence inspirait des sentiments relevés à l'égard de Dieu et du Salut ».

Tel était, ajoute le Père Daniel, qui vient de reproduire diverses appréciations fondues ensemble, tel était, au témoignage des contemporains, cet homme éminent, ce saint religieux, que Notre Seigneur lui-même, en le désignant à la sainte, avait appelé son serviteur. Éloge devant lequel pâlissent tous les autres, et qui suffit, pour rendre à jamais précieuse la mémoire du Père de la Colombière...

II

La première fois que le Père de la Colombière parut à la Communauté, soeur Marguerite entendit intérieurement, ces paroles : «Voilà celui que je t'envoie».

Depuis ce moment se nouèrent entre ces deux âmes des relations saintes et élevées qui étaient dans les desseins de Dieu et qui ne contribuèrent pas peu à en assurer la réalisation.

Le Père de la Colombière bien différent, dans son action sur la bienheureuse, des Directeurs qui l'avaient précédé, comprit les opérations extraordinaires que la grâce accomplissait dans cette âme d'élite, et, éclairé lui-même sans doute par une lumière surnaturelle, entra dans l'intelligence des volontés du divin maître sur la mission de la sainte religieuse.

Cette mission, c'était de répandre dans le monde la dévotion au Sacré-Coeur et d'instituer, le premier vendredi après l'octave du Saint-Sacrement, une fête particulière en son honneur.

Voici comment sur l'ordre du Père de la Colombière, Marguerite-Marie écrivit cette importante révélation, que l'Église a sanctionnée.

« Etant, dit cette sainte âme, devant le Saint Sacrement, un jour de son octave, je reçus de mon Dieu des grâces excessives de son amour. Le Sauveur me découvrant son divin Coeur : « Voilà ce coeur, dit-il, qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné, jusqu'à s'épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour ; et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes par les mépris, irrévérences, sacrilèges et froideurs qu'ils ont pour moi dans ce Sacrement d'amour. Mais ce qui m'est encore plus sensible, c'est que ce sont des coeurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi. C'est pour cela que je demande que le premier vendredi d'après l'octave du Saint Sacrement soit dédié à une fête particulière pour honorer mon coeur, en communiant ce jour là et en lui faisant réparation d'honneur par une amende honorable, pour réparer les indignités qu'il a reçues pendant le temps qu'il a été exposé sur les autels. Je te promets aussi que mon coeur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son Divin Amour sur ceux qui lui rendront cet honneur, et qui procureront qu'il lui soit rendu ».

L'humble fille tout effrayée de la responsabilité que cette mission divine faisait peser sur elle;qui n'était rien dans l'Église qu'une pauvre religieuse inconnue, se permit de répliquer : « Donnez-moi donc le moyen de faire ce que vous me commandez».

Le Sauveur ajouta : « Adresse-toi à mon Serviteur le Père de la Colombière Jésuite, et dis-lui de ma part de faire son possible pour établir cette dévotion et donner ce plaisir à mon divin Coeur.

Qu'il ne se décourage pas, pour toutes les difficultés qu'il rencontrera, car il n'en manquera pas ; mais il doit savoir que celui-là est tout puissant qui se défie de lui-même, pour se confier entièrement en moi ».

Le Père de la Colombière, qui avait le discernement fort juste, n'était pas homme à croire légèrement qui que ce soit ; mais il avait des preuves trop éclatantes de ,1avertu solide de la personne qui lui parlait, pour craindre en ceci la moindre illusion. C'est pourquoi il s'appliqua aussitôt au ministère que Dieu venait de lui confier ; et pour s'en acquitter solidement et parfaitement il voulut commencer par lui-même. Il se consacra donc entièrement au Sacré-Coeur de Jésus, et lui offrit tout ce qu'il crut en lui capable de l'honorer et de lui plaire.

Cette consécration eut lieu le vendredi 21 juin 1675. Ce jour suivait l'octave du Saint Sacrement.

Les grâces extraordinaires que le saint Jésuite reçut de cette pratique le confirmèrent bientôt dans l'idée qu'il avait déjà eue de l'importance et de la solidité de cette dévotion.

Il la communiqua d'abord autour de lui et la porta ensuite dans ses discours où, — sans être annoncée officiellement, le Saint-Siège n'ayant pas encore parlé — elle perce à travers les élans de son amour et de sa foi.

Notre orateur prit souvent pour sujet la Sainte Eucharistie, et la traitant, de prédilection, au point de vue de l'amour que Jésus-Christ nous y témoigne, il a su rencontrer les plus nobles et les plus pathétiques accents.

Prenons par exemple le premier de ces sermons, prononcé à l'occasion de la Fête Dieu.

Le texte annonce l'idée mère du discours. Cum dilexisset suos qui erant in mundo, in finem dilexit eos.

Il exprime d'abord cette pensée que, si au sujet du grand mystère qu'il va célébrer, sa foi pouvait jamais être ébranlée, ce ne serait pas par les arguments qui touchent le plus les hérétiques, comme le changement des substances, la multiplication et la réduction du corps du Sauveur, parce que après tout le pouvoir de Dieu est infini, mais ce qui la rendrait chancelante, ce serait plutôt l'amour extrême qu'il nous y témoigne.

Comment ce qui est pain devient-il chair, sans cesser de paraître pain ? Comment le corps d'un homme se trouve-t-il en même temps dans plusieurs lieux ? Comment peut-il être enfermé dans un espace presqu'indivisible ? A tout cela il donne une réponse invincible. Dieu qui peut tout, peut opérer ces prodiges. Mais si l'on me demande comment il se peut faire que Dieu aime une créature aussi faible que l'homme, aussi imparfaite, aussi peu digne de son amour, et que néanmoins son amour pour cette faible créature aille jusqu'à une sorte de passion, de transport, d'empressement tels qu'on n'en vit jamais entre les hommes : J'avoue, dit-il, que je n'ai pas de réponse, et que je ne comprends pas même cette vérité... Le Sacrement de l'autel est l'amour des amours, selon cette parole de Saint Bernard : Sacramentum Altaris est amor amorum, c'est à dire l'effet du plus grand de tous les amours. L'amour de Jésus le fait sortir hors de lui-même pour ne plus vivre que dans nous ; son amour fait qu'il s'oublie soi-même en quelque sorte pour ne plus vivre que pour nous.

Dans quel temps Jésus-Christ vient-il à nous par le sacrement de l'Eucharistie ? Lorsque tous les motifs qui l'avaient porté à se revêtir de notre chair n'existent plus — lorsqu'il a réparé tous nos malheurs — lorsque l'ouvrage de notre rédemption est accompli — que nos chaînes sont brisées — nos ennemis vaincus — les portes de l'enfer fermées — les portes du Ciel ouvertes. Jésus est remonté à la droite de son Père. Pourquoi donc revient-il, tous les jours, invisiblement sur la terre, si ce n'est parce qu'il ne peut se séparer des hommes, et que ses délices sont d'être avec eux ?

Quel temps choisit-il encore ? Le temps où il est élevé au plus haut de la gloire. C'est du séjour éternel qu'il pense à conserver une demeure auprès de nous, une demeure dans nos coeurs. Comme s'il manquait quelque chose à son bonheur tandis qu'il est éloigné de nous; rien n'arrête, rien ne refroidit l'ardeur qu'il a de s'unir à nous, et pour cela il affronte tous les périls. L'orateur ne met pas au rang des périls, cette indigence, cette humilité des lieux où il s'engage d'entrer et de reposer. Il ne dira pas que si, le plus souvent, il attend son épouse sous des lambris dorés, dans des temples superbes, il la va aussi chercher dans les plus viles cabanes ; que ni la fange, ni la pauvreté ne le rebutent. Il considérera plutôt les mépris, les insultes qu'il endure de la part de tant de mauvais chrétiens, d'infidèles et d'hérétiques qui le méconnaissent et le blasphèment ; comment en cherchant une âme sainte, il tombe tous les jours entre les mains de ses ennemis, et y souffre une seconde passion plus cruelle qu'au Calvaire. A ce moment, l'orateur, par un mouvement qui lui est habituel, s'adresse au Divin maître et trouve des accents de la plus pathétique et de la plus saisissante vérité. « O mon aimable maître, que venez-vous chercher dans cette terre maudite ? Ne savez-vous pas que vos ennemis y règnent, qu'ils conservent contre vous tout leur venin, qu'ils sont altérés de votre sang ? Ne vous rappelez-vous plus les mauvais traitements que vous avez reçus parmi nous? N'y avez-vous pas été rassasié d'opprobres ? Il est vrai que vous vous unissez étroitement avec vos élus, mais combien de fois serez-vous  contraint d'avoir pour des rebelles, pour des réprouvés, les complaisances qui ne sont dues qu'aux âmes saintes ? Le Cœur d'une personne chaste et fervente est pour vous un séjour agréable : mais combien en trouverez-vous de ces âmes ferventes parmi cette foule de chrétiens qui communieront aux fêtes les plus célèbres ? Pourrez-vous supporter la froideur, le peu de foi, l'épouvantable corruption de ces hommes qui ne vous recevront que par contrainte ? Pourrez-vous vous souffrir dans la bouche, sur la langue de ce médisant, de ce blasphémateur, dans le corps de cet impudique ? Dieu d'amour, et de pureté, vous qui nous assurez que rien de souillé n'entrera dans votre royaume, vous qui ne versez vos dons que dans les âmes pures et innocentes, vous-même vous vous livrerez à toutes ces horreurs ? »

Dans le second point de son discours, le Père de la Colombière achève sa démonstration en prouvant que le Fils de Dieu rie pouvait nous marquer d'une manière plus sensible qu'il ne veut vivre que pour nous dans l'Eucharistie, qu'en nous y sacrifiant en premier lieu sa vie, en second lieu sa gloire. Et quand il a établi ces deux pensées, il se laisse aller aux élans de son cœur et trouve encore d'entraînantes et de douces paroles que nous aimons à recueillir. « Vous seul, s'écrie-t-il, ô aimable Sauveur, étiez capable de porter l'amour jusqu'à cet excès, capable de nous aimer jusqu'à vous consumer entièrement pour vos créatures. Vous avez voulu être tout à nous, nous tenir lieu de tous les biens, être tout à la fois notre Dieu, notre roi, notre maître, notre père, notre trésor, notre caution, notre victoire, en un mot notre ressource dans notre faim, dans notre soif ; et cela pour nous persuader que vous aviez pour nous le zèle, l'empressement d'un véritable amour. O Jésus, le plus parfait, le plus tendre de tous les amants ! O amour, divin amour ! Amour excessif ! Amour ineffable ! Amour incompréhensible ! Pardonnez-nous, mon admirable rédempteur, si nous hésitons quelquefois à croire le mystère de l'Eucharistie : ce n'est point un défaut de soumission qui nous rend indociles à cette créance ; notre peu de foi est une suite nécessaire de votre excessive bonté ».

Disons, en passant, combien cette manière d'interrompre la suite de ces démonstrations pour s'adresser directement, par une invocation pathétique, à Dieu, donne de vie à la parole du prédicateur.

« Que ferez-vous donc, Seigneur, s'écrie le Père de la Colombière, après avoir montré les glaces et l'indifférence des chrétiens vis-à-vis de la Sainte Communion, pour vaincre une insensibilité si opiniâtre ? Vous vous êtes épuisé dans ce mystère d'amour, vous êtes allé, disent les Pères, aussi loin que votre pouvoir a pu s'étendre. Si l'action sacrée de votre corps ne peut détruire le charme infernal qui nous séduit, il ne faut pas espérer qu'un autre remède puisse avoir plus de vertu. Je ne vois dans un si grand mal qu'une seule ressource : il faut, ô mon Dieu, il faut que vous nous donniez un autre Coeur, un coeur tendre, un coeur sensible, un coeur qui ne soit ni de marbre ni de bronze ; il vous faut donner un coeur tout semblable au vôtre, il vous faut donner votre Cœur même. Venez, aimable Coeur de Jésus, venez vous placer dans mon sein, venez y allumer un amour qui réponde, s'il est possible, aux obligations que j'ai d'aimer mon Sauveur. Coeur adorable, aimez le en moi ce divin Sauveur, autant que vous vous m'avez aimé en lui ; faites que je ne vive plus qu'en lui, que je ne vive plus que pour lui, afin qu'éternellement je puisse vivre avec lui dans les Cieux ».

Ces paroles qui sont passées aujourd'hui dans le langage habituel de la chaire, paraissaient alors nouvelles dans leur forme.Ce sera l'une des gloires du Père de la Colombière d'avoir contribué grandement à les accréditer.

(A suivre) G. LOTH.

 

 

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Publié le par Rhonan de Bar
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LA SOCIÉTÉ

DU REGNE SOCIEL DE JESUS-CHRIST

IV. - APOSTOLAT ACTUEL :

VISITE EXPLIQUÉE DU HIÉRON

Il est un fait de l'histoire contemporaine reconnu par tous les écrivains de bonne foi et logique pour tous les penseurs : Le bien comme le mal nous vient d'en haut, soit par l'action formelle soit par la défaillance des classes responsables du pouvoir.

La bourgeoisie voltairienne, la noblesse sceptique ont les premières embrassé le rationalisme, rompu avec la tradition religieuse, fait ou laissé faire la Révolution. Ce n'est que peu à peu que les erreurs irréligieuses de celle-ci ont pénétré le peuple de nos campagnes.

Maintenant le mouvement se fait au rebours. C'est aux classes très mêlées comme origine mais qui ont une valeur directive quelconque à dégriser le peuple des apparences de liberté dont on l'enivre, à lui faire recouvrer sa vraie grandeur morale et ses droits essentiels en lui donnant la notion et l'estime de ses devoirs. Mais, avant de se jeter dans la mêlée où tant d'idées fausses et homicides revêtent des masques d'affranchissement et de fraternité, il faut une préparation spéciale.

Nous venons de voir la société du R. S. J. C. la donner à ses élites pendant trente ans, leur forger le bouclier d'une foi intégrale et les flèches d'arguments artistiques et historiques.

A la nouvelle direction une nouvelle tâche s'imposait : Appeler les foules à en profiter, rendre les idées et les monuments, par un langage très simple et très clair, assimilables à la mentalité populaire, imiter d'ans sa faible mesure le grand geste du Sauveur : Venite omnes ad me.

Pour cela après avoir remanié tous les objets des collections, écarté les douteux et les inutiles, classé les autres par ordre logique elle commença les Visites expliquées. Ce moyen facile et pratique lui permit dès lors de se livrer à un apostolat d'autant mieux accepté que plus inattendu de la part des visiteurs, apostolat aussi yarié que les connaissances rudimentaires, ou moyennes, pu très étendues des classes laborieuses, des gens instruits ou des savants, pèlerins ou touristes qui chaque année sont attirés par milliers à Paray-le-Monial.

En lui faisant visiter succintement le Hiéron le lecteur verra lui-même les réflexions et ce qui est plus désirable les résolutions qu'il peut inspirer.

VUE EXTÉRIEURE DU HIÉRON

Pour bien jouir de la vue du monument il faut se placer à une cinquantaine de pas en avant, sur le trottoir de gauche du côté de l'Avenue de Charolles. De là l'oeil embrasse à la fois le corps principal du Hiéron et ses deux ailes fuyant l'une dans la rue du Général-Petit l'autre dans la rue des Fossés. L'architecte parisien Noël Bion, orienté par un Comité de la société, a fait preuve d'une vraie science technique en vainquant toutes les difficultés de l'angle de ces deux rues et en donnant au Hiéron une parfaite unité de style ionien.

Partout on y rencontre la ligne horizontale grecque ; elle court à travers les frises de l'entablement elle se développe en éventail et donne l'impression de la stabilité, de la puissance et du calme divin. Elle est la raison de cette « Eurythmie », de cette harmonie que les Grecs recherchaient pour leurs édifices sacrés.

Sur la masse de l'immeuble qui comprend 800 mètres carrés se détache le dôme central éclairé aux quatre points cardinaux par quatre fenêtres à trois baies dans sa lanterne aérienne. Au sommet de la lanterne l'épi de couronnement est formé par la lettre H inscrite dans un cercle et une croix ancrée. Airisi le Hiéron est déjà signalé au loin comme le domaine de l'Hostie-sainte qui par sa mort sur la Croix sauve le monde, cette Hostie dont St Thomas a dit avec vérité qu'elle était le « Microcosme » l'appui et le résumé des mondes.

D'ailleurs si de l'ensemble notre regard se reporte sur le frontispice il y rencontre une audacieuse et fière inscription qui étale dans nos rues modernes sans fausse honte notre profession de foi et tout le sens du Musée : A JÉSUS-HOSTIE ROI.

Elle domine la superbe façade d'entrée encadrée de deux grandes volutes. A côté des larges pilastres surmontés de la lettre emblématique H ornée de palmes se dégagent deux colonnes d'un bel effet.

Le fut en est d'une seule pièce. Les chapiteaux portent en relief le Chrisme ou monogramme du Christ XP surmonté d'une couronne royale et environné de fleurs du lotus sacré.

Au tympan du fronton un emblème symbolique du meilleur travail mérite aussi une attention particulière. Le sujet en est l'onction divine du Christ-Roi et l'alliance éternelle faite par Lui entre Dieu et l'homme.

En effet, le Saint-Esprit représenté par la Colombe dépose la tiare de la triple puissance sur le Tau mystique T qui après avoir marqué anciennement le pouvoir de gouverner les peuples est devenu le signe de l'Agneau Vainqueur et a été longtemps la forme du bâton pastoral de nos Pontifes.

Tout autour de ce médaillon du tympan qui est enfermé dans un cercle d'oves comme un chaton dans sa bague s'étalent des trophées de palmes et de feuilles de chêne, des faisceaux, de piques et des hampes d'étendards. Un flambeau allumé surgit d'en bas et domine tout le sujet : C'est la lumière de la foi et le feu de la Charité que Jésus-Christ a apportés sur la terre et qui seuls peuvent consommer le triomphe du Divin Roi en établissant la paix sociale parmi les nations.

Les écussons sculptés au-dessous des corniches aux huit angles du dôme central appellent tous les éléments et tous les êtres de la création à exalter la gloire de l'Eucharistie... N'est-ce pas justice ? N'est-ce pas ici le cas plus que jamais de répéter le cantique de louange : « Benedicite omnia opéra Domini Domino »!

Sur tous ces cartouches qui sont eux-mêmes ornés de palmes, voyez l'image de l'Hostie Sainte et au-dessous lisez d'abord à gauche cette inscription : « Cieux » C'est le Benedicite coeli Domino : Puis regardez à droite ces caractères enchevêtrés formant le mot « Humanité » C'est le Benedicite Filii hominum Domino.

Vous avez ainsi les deux notes extrêmes, les deux principaux exécutants du concert : l'Ange et l'homme. Il appartient surtout à ce dernier d'achever et d'ordonner cette harmonie. Suivez le contour de l'édifice, vous trouverez les notes intermédiaires « l'Air, la Terre, l'Espace, le Temps, le Feu et l'Eau ». Cet Hymne de pierre chanté dans une gamme parfaite n'est pas pour nous étonner puisqu'il s'agit d'un sujet « où la louange ne peut assez dire, et d'un Thème qui n'a point son égal, Laudis thema specialis (St Thomas off. S. S. Sacr.[1] )

Les connaisseurs techniciens architectes et sculpteurs ne se trompent pas sur le goût très pur et l'art qui ont présidé à cette expressive construction. Mais sauf eux et quelques archéologues membres du Clergé ou non, avec lesquels nous pouvons étudier l'ensemble et les détails extérieurs, tous les visiteurs s'engouffrent à l'intérieur par l'entrée principale orientée à l'Est. Nous allons les y précéder.

INTÉRIEUR DU HIÉRON

Ils pénètrent d'abord dans l'Atrium où comme dans le reste des salles une lumière abondante et douce descend des vastes vitrages dépolis qui remplacent les toits. Ils sont accueillis par la célèbre Vierge de Romay dont on voit une excellente reproduction photographique à droite en entrant.

Pas de meilleure introduction auprès du Divin Roi que sa propre Mère. Nous leur conseillons donc de reporter vers elle avec la sainte Église le gracieux « Salve » que leur adresse la mosaïque : « Salve Regina... et Jesum benedictum nôbis post hoc exilium ostende[2] »

Déjà nous avons eu l'occasion d'éclairer les nombreux étrangers qui reviennent de Romay déçus, nous disent-ils d'avoir trouvé une statue sans beauté dans une chapelle insignifiante sans que nulle personne leur ait indiqué la raison de ce pèlerinage fait par acquit de conscience.

Et cependant cette petite statue de pierre qui a échappé aux hordes révolutionnaires[3] (2) est le témoignage du culte rendu de temps immémorial par les peuplades du Val d'Or à la Virgo Paritura sous, le nom d'Isis et depuis l'évangélisation de la région aux ne et ine siècles, à la Vierge Mère sous le nom de Notre-Dame de Romay.

Son socle, preuve de son antiquité, portait en relief, deux lettres grecques P et B, initiales des mots Phos et Bios, Lumière et vie, séparées par le flambeau de l'amour : Lumière Amour et vie semblent être un résumé de l'Évangile de Saint Jean. Or le pays reçut précisément la foi des missionnaires envoyés par Saint Pothin et Saint Irénée[4], (3) disciples eux-mêmes de Saint Jean.

Ce qui est certain c'est que Notre-Dame de Romay fit au cours des âges de nombreux miracles en ressuscitant de petits enfants mort-nés, le temps nécessaire à la réception du Baptême et justifia ainsi le grand concours de peuple qui se succédait à son sanctuaire[5].

Tandis que le pèlerin se réjouit de connaître enfin la Dame de céans, le touriste murmure « sommes-nous, dans une église ou dans un Musée » ? Qu'il se rassure : près de la porte d'entrée deux sculptures sont signées d'Orcagna (1329-1389) et de Philibert Delorme (1518-1587) tandis qu'en face de lui deux colonnes massives de marbre de Carrare soutiennent deux Tabernacles antiques des écoles de Donatello (1313-1466) et de Bramante (1444-1514).

Il ne les étudiera pas longtemps car aux heures d'entrée publique les trois grandes portes de chêne ouvertes attireront irrésistiblement son regard jusqu'au fond des trois axes de développement du Hiéron et charmé par le chatoiement des vieux ors et des pourpres il se dirige vers la salle de droite.

Si déjà nous avons pu préluder à l'apostolat, ici il commence à battre son plein. Nous sommes dans la première salle ou…

SALLE DU DROIT ET DES DOCTEURS

…Le Christ est Roi, Roi par droit de la Création qu'Il a faite conjointement avec le Père.

Le Christ Homme-Dieu est Roi par droit de conquête ayant racheté le monde par l'effusion de son sang.

Le Christ a tant aimé le monde que l'ayant embrassé dans toute l'horreur de ses crimes, l'ayant purifié dans son sang, Il n'a pu le quitter et que Lui qui domine les Cieux a établi sa demeure parmi nous dans l'Hostie. Dilexit eos usque ad finem.

C'est jusqu'au bout qu'il nous a aimés et ce sera jusqu'à la fin des temps qu'il nous aimera ainsi.

L'Hostie est dons le siège du Roi vivant parmi nous. C'est là, dans cette fonction'sociale par excellence d'Hostie, de sacrifié pour le rachat de la société humaine pécheresse en Adam, c'est là que notre Roi doit recevoir l'adoration et les hommages sociaux, qui lui sont dûs.

L'institution de l'Eucharistie est donc l'acte fondamental de sa royale présence parmi nous et elle est ici représentée dès l'entrée sur le panneau parallèle à la porte par une grande toile de l'ancienne école de Venise précédant de cinquante ans celle de Léonard de Vinci, où S* Pierre interroge, où Jean le disciple de l'amour adore déjà les bras croisés sur son coeur tandis que plus haut le Tiépolo et Ciro Ferri ont peint les deux disciples d'Emmaùs reconnaissant la Vérité et réchauffant leur cœur à la fraction du pain.

L'Hostie n'est-elle pas Lumière, pour les intelligences. Rationis lux [6] (Saint Thomas) Force pour les volontés Volontatis virtus (St Jean Chrysostome) et fournaise embrasante pour les coeurs les plus tièdes Cordis ignis, d'après Si Bonaventure.

Le Christle savait bien et pour vaincre les ténèbres, l'égoïsme et la haine de la société païenne, le Padouan nous Le montre communiant Lui-même de sa propre main les martyrs des Catacombes. — (panneau de gauche n° 48) C'est ainsi que douze millions de héros en versant leur sang comme témoignage de leur foi ont eu raison de l'incrédulité du monde antique.

Dans la seconde vitrine de précieuses ampoules qui ont contenu ce sang sacré et les fac-similés des plus belles lampes des catacombes, dont beaucoup sont surmontées de symboles eucharistiques, achèvent de rendre vivante cette démonstration. D’ailleurs, tous les Docteurs, Pontifes et Thaumaturges ont affirmé et exalté les Droits sociaux du Christ-Hostie.

C'est Augustin (de Bernardino Luini) l'admirable commentateur du discours sur la Cène — Ce sont saint Jérôme, S* Ambroise, St Augustin, St Grégoire-le-Grand réunis autour du sacrement de vie qui rivalisent dans leurs louanges (N° 12).

C'est Ste Claire qui la mohstrance en main adjure le Seigneur des armées de repousser les Sarrazins des murs d'Assise (N°22) et l'on sait que ceux-ci aveuglés par la lumière de l'Hostie dégringolèrent des remparts et s'enfuirent sans retour.

Plus loin, St Thomas d'Aquin recule saisi d'effroi à la pensée de porter son génial regard sur le Dieu trois fois saint. Il a pu traiter de l'Incarnation, de la Rédemption, des Anges ; mais qu'est-il donc pour oser étudier le Mystère qui résume tous les autres. Un Ange l'y contraint. Saint Thomas vaincu se plonge dans l'adoration et s'écrie : Venite Adoremus Christum Regem Dominantem gentibus. (Off. S. S. Sac. Invit.) Mais à sa droite, quelle est donc cette physionomie transfigurée qui resplendit d'une beauté surhumaine ? Saint Philippe de Neri en extase, car dans l'Hostie il vient d'apercevoir[7] le Roi d'amour et ce Roi d'amour lui communique ses secrets pour organiser les ouvriers, pour relever les pauvres, pour créer les premières maisons de louage et de prêts....Il lui apprend tout en lui disant un seul mot : « Aime mes enfants comme je les ai aimés[8].

Le saint écoute, entend, comprend et son regard profond d'humilité comme un abîme répond : « Je ne suis pas digne, mais je ferai tout ce qu'il Vous plaira ».

La sainte Église qui épuise les beautés de sa liturgie à retracer les mystères de son Divin Époux ne fêterait-elle pas sa permanence parmi nous ?

Dès la première moitié du XIIIe siècle Julienne de Mont Cornillon (1258) humble Augustine de Liège l'en supplie avec ardeur. Mais en 1263 Jacques Pantaléon fils d'un simple cordonnier de Troyes[9] tenait prudemment le gouvernail de la barque de Pierre et hésitait encore. Pour le décider il ne faut rien moins que le fameux miracle de Bolsène peint depuis par Raphaël et dont voici la copie par Jules Romain (n° 108)

Dès l'année suivante 1264, Pantaléon pape français sous le nom- d'Urbain IV (n°88) instituait la Fête-Dieu, fête de singulière allégresse et reconnaissance où le Christ-Jésus, où le Corpus Dei processionne solennellement avec tous les honneurs royaux sur les routes de ses campagnes et les grandes rues de ses cités.

Mais ce n'est pas seulement sur la terre que « toute puissance a été donnée au Christ[10]. C'est dans les enfers et sur les Cieux.

Voyez donc ces flammes infernales atténuées ou gisent les condamnés au Purgatoire. Figures torturées de sinistres lueurs, bras d'épouvante, yeux désorbités vers quel point se soulèvent-ils dans un suppliant espoir ? — Vers la blanche Hostie déposée sur un autel, vers le seul divin sacrifié qui dans son propre sang les a achetés, vers Celui qui Per proprium sanguinem introivit in Sancta oeterna redemptione inventa[11].

Au milieu de leur indicible malheur ils peuvent devenir bienheureux par le sacrifice de l'Agneau : Beati qui lavant stolas suas sanguine agni et in civitatem intrent[12].

Et les droits de l'Agneau immolé sur les Cieux, pouvons nous les oublier après que saint Jean dans son Apocalypse nous les a ineffablement chantés.

Sur le panneau du fond un peintre vénitien nous montre le dernier soleil couchant à la fin des temps. Les ténèbres commencent à envahir la basilique de saint Pierre. Mais les anges viennent, chercher sur l'autel le Divin Captif. Pleins d'un indicible respect, ils élèvent dans les Cieux l'Hostie trois fois sainte.

Du Christ vivant émanent des rayons de gloire qui irradient tous les bienheureux Anges et hommes. Ceux-ci sont enivrés, perdus, noyés dans la lumière divine, In lumine tuo videbimus lumen (Ps. 35 C. 10) tandis que le Père et le Saint-Esprit jubilent de recevoir en leur sein leur Égal en puissance et en amour.

« A l'Agneau immolé soient bénédiction, honneur et gloire dans la suite des siècles[13].

Et nous sentons souvent que bien des visiteurs s'unissant aux beati coelicoli de cette apothéose de l’eucharistie répondent en silence Amen !

Ainsi en soit-il de nous un jour.

A dessein nous négligeons ici et les vitrines et quantité de toiles, et des plus belles, signées de Mignard, de Camoncini, du Corrège, de Daniel, Ziegers etc.

Notre dessein n'est point de composer un guide — on en trouvera de tous genres au Musée — mais de dégager l'idée maîtresse de cette salle.

Bien des personnes voudraient s'y attarder, nous les stimulons   passer outre car

« Jésus-Christ n'est pas seulement Roi de droit des sociétés Il l'est de fait ». C'est ce que nous nous proposons d'étudier dans le prochain article en passant en revue la Salle du Fait ou du Règne historique de Jésus-Christ.

Georges de Noaille. Dir. du Hiéron de Paray-le-Monial et de la Société R. S. J. C.

 

[1] Le Hiéron. Explications sommaires par le R. P. Zelle. S. J. 1897. [2] Avant de voir les tableaux des Saints et des Anges proclamant la gloire du Christ nous saluons Marie qui les domine et préside tous. « Ave gloria anglorum, ave proe coelestibus ac terrestribus electa (Liturgie copte, page 261.) Ave quoeproedestina es, quoe consilio ceterno ante soecula proeelecta es... ut habitaculum divini ignis. ] St Jean Damascène. Orat. III. In Deip. dorm.—Migne. t. XLVIII, col. 60. [3] Une jeune fille, Catherine Rouiller, l'arracha au péril de sa vie d'une grange où elle, devait être brisée dès le lendemain avec plusieurs autres objets du culte. Elle la transporta avec son frère jusque dans les eaux de la Bourbince qui coule au pied de la Basilique. Ainsi soustraite à la rage de ces nouveaux iconoclastes elle put après diverses pérégrinations être reportée en grand honneur dans son sanctuaire actuel. [4] Un excellent prêtre, témoin des controverses sur l'âge de la statue primitive, et poussé plus par le zèle de la charité que,par celui de la science, fit effacer pendant la nuit l'inscription grecque objet du litige. Au jour, grande fut la déception des savants... Heureusement le Hiéron en avait pris et en conserve précieusement la reproduction.[5] On a compte environ 295 de ces résurrections. Le Cardinal Boyer, Archevêque de Bourges a affirmé avant de mourir en avoir vu un s'accomplir à Romay alors qu'il assistait comme enfant de choeur le prêtre qui y avait été appelé. [6]Et la Sainte Église divinement inspirée nous fait précisémentlire à l'Épître de la Messe de St Thomas : Optavi et datus est mini sensus... proposui pro luce habëre illam : quoniam inextinguibile est lumen illius. (Sapientioe. 7.) [7] N" 21. Chef-d'oeuvre de Guido Reni. [8] Ama et fac quod vis (St Augustin). Voir la vie de St Philippe de Neri dans les petits Bollandistes (26 mal). [9] Occasion de faire remarquer aux visiteurs que la Ste Église loin d'être « l'éternelle alliée de la force et du capitalisme « selon les théories de l'Humanité et de la Lanterne prend les vraies valeurs où elle les trouve.[10] Voir le magnifique développement de cette phrase dans Mgr Nègre : Le Règne Social du Sacré-Coeur p. 20, déjà cité. Au Hiéron de Paray-le-Monial (3 f.) ut in nonime Jesu, omne genuflectatur, ecclestium, terrestrium et infernorum. (Philipp. II. 10) [11] Epist. Heb. IX. In guern speramus, quoniam et adhuc eripiet (II. cor. I. 10). [12]Apoc. XXI. 14.[13] Et omnis lingUa confiteatur quia Dominus Jésus Christus in gloria est Dei Patris ! (Philippe II, 11.)— Et erat numerus eorum millia millium dicentium voce magna: Dignus est Agnus qui occisus est accipere virtutem et divinitatemet sapientiam et fortitudinem et gloriam et behedictionem (Apoc. V, 13).

 

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Publié le par Rhonan de Bar

Rhonandebar/Arphays #auteur #ecrivain #Posédiôn-Ionnès 🔱 🔱 🔱 attristé d'apprendre le décès survenu hier de l'homme de Tradition qu'était Jean Robin...R.I.P 🙏🌟

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Publié le par Rhonan de Bar
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A  Paray. Devant une vieille pierre

Quand vous sortirez de la chapelle mystérieuse et fervente où vous aurez longuement prié, sonnez à la porterie du monastère. Un déclic : celui qui ouvrit à tant de saintes filles la porte qu'elles n'ont plus jamais  repassée.  Vous  voilà  dans  la  petite cour  intérieure  qui  donne  accès  aux parloirs.  Faites  dix  pas.

Retournez-vous vers  l'entrée  que  vous  venez de  franchir.

A  deux  fois  hauteur  d'homme,  c'est  elle,  la  belle  vieille pierre  de  Paray.

Une tradition orale.

Il y avait naguère à la porterie du couvent une vieille sœur qui avait fait son  oblation de Tourière en  1833.  Elle est morte en 1891, à l'âge de 84 ans, bientôt suivie (1892) d'une compagne qui avait alors 64 ans.

Et les Soeurs qui m'ont parlé d'elles se rappellent fort bien que ces deux vieilles Soeurs, parlant de la vieille pierre, disaient toujours : « cette pierre-là,  elle  était sur l'ancienne façade  de la chapelle ».

Or, les deux vieilles soeurs devaient le savoir, parce que  toutes  les  deux— et la  plus  ancienne pendant  22  ans (de 1833 à 1835) — elles avaient vu de leurs yeux cette ancienne façade[1].

L'ancienne façade.

Elle  n'avait  rien  d'artistique,, cette  façade  qu'avait  fait élever en  1633 la  mère  de Lingendes, et qui fut remplacée,  en 1855,  par  celle  d'aujourd'hui.  Elle «était  sans  sculpture ; au milieu  se  trouvait une  grande fenêtre  cintrée [2]».

Mais, si elle était saris art, elle avait le grand mérite d'avoir accueilli, à  son  entrée au  monastère,  une jeune fille  qui  venait du  hameau  de  Lhautecour...

Établies à Paray depuis le 4 septembre 1626, c'est le 14 septembre  1632  que  les  Visitandines  s'étaient  installées  dans  le local  qu'elles  occupent  encore  aujourd'hui  et  que  leur  avait cédé   les   Jésuites.

« Le  petit essaim fondateur sortait du monastère de  Lyon-en-Bellecour,  à  l'ombre  duquel  saint  François  de  Sales  était mort en  1622 et qui avait l'insigne privilège de posséder le cœur de ce bienheureux Père.

Ce  fut donc bien l'esprit primitif de l'Institut qu'apportèrent avec elles,  en cette nouvelle ruche, les soeurs fondatrices.

«Toutes ces  âmes,  d'après-les mémoires du temps, étaient de  grande vertu, extraordinairement gratifiées de Dieu, surtout d'un don  d'oraison très sublime.   

«C'est  sœur Marie-Marguerite  Fontaney  qui,  sur  son  lit d'agonie, et souffrant d'étranges douleurs,  s'écriait :   « O  douce main de mon Époux, crayonnez,  crayonnez en  moi  selon votre volonté » ! La  supérieure pria  la  mourante de  lui  dire  quelle était sa  pensée,  en  poussant cette  exclamation  :   « Ma  chère Mère », répondit-elle, « c'est que je me tiens devant Dieu comme «ne toile d'attente devant son peintre ; je le supplié de crayonner en moi l'image parfaite de mon Jésus crucifié ».

Ainsi semble-t-il que, dès l'origine, le divin Maître ait voulu  initier les  âmes  de cette Maison  au  mystère de la toile d'attente, sur lequel la bienheureuse devait recevoir de si vives et pénétrantes lumières[3]»

Faut-il croire  aussi  qu'il les  ait,  dès  l'origine, initiées  au mystère  de  son  coeur ?

Un jour, se présentant couvert de plaies, à sainte Marguerite-Marie,  Il lui dit « de regarder l'ouverture de son sacré côté, qui était un  abîme sans fond  qui  avait  été fait  d'une flèche sans mesure,   qui   est  celle  de  l'amour[4] »

Le Coeur.

Or,  voici, sur notre vieille pierre,  l'image du vrai  coeur  de Jésus,  percé  en  abîme  et  transverbéré de  deux flèches.

Ce n'est point-là le coeur visitandin, cet « unique coeur percé de  deux  flèches,  enfermé  dans  une  couronne  d'épines...  servant l'enclavure  à  une  croix ; et...  gravé  des saints noms  de  Jésus et de  Marie »  que  le  saint Fondateur avait donné  pour armes à sa  Famille.  Expliquant le  choix qu'il  avait fait  de  ces  armes, Saint François de  Sales avait dit « J'ai pensé... qu'il nous faut prendre  pour armes  un  unique coeur  etc..  car  vraiment notre petite congrégation est un ouvrage du coeur de Jésus et de Marie.

Le  Sauveur  mourant nous  a  enfantés  par  l'ouverture de  son Sacré-Coeur... »— C'est le coeur ouvert qui les a enfantées qu'ont voulu reproduire les  Visitandines de  Paray, vraies dépositaires de  l'esprit  du  Fondateur.

Mais  ce  coeur  de  Jésus  n'est point  tel  que  l'a  représenté sainte Marguerite-Marie. Il n'a ni la croix, ni la couronne d'épines. Et la forme de sa blessure est totalement étrangère à la Voyante. Par tous ces  détails, il nous dit, ce  coeur naïf, qu'il est antérieur   aux  Grandes   Révélations  qu'il  présage.

On  dit  que  l'autel  même  des  Apparitions  fut  « détruit vingt ans  après la  mort de  la Sainte,  au  moment des  grandes réparations faites  à l'intérieur de  la chapelle[5] ».

Il  est  assez peu vraisemblable que les  Soeurs  de la  Confidente, aujourd'hui si vénérée, aient voulu fixer,  dans une façade où l'on ne signale aucune  modification  avant   1855,   le   souvenir   d'événements dont  elles  perdaient sans  trouble  le  plus  précieux témoin.  En tout cas,  si  l'on avait fait sculpter notre pierre en souvenir ou sous l'influence de la Grande Apôtre du Sacré-Coeur, on y aurait certainement  reproduit les  caractéristiques de l'image de  1685.

D'ailleurs  à  quoi  bon  tant d'hypothèses ?  Regardez  bien la pierre silencieuse. Par la forme archaïque du coeur, par la tournure  des  naïfs angelots qui  le  dominent, elle vous  dira qu'elle est « Louis XIII » et  qu'elle  date  de  la  construction  même  de la  chapelle.

Les flèches.

— Mais  dans les  armoiries pieuses les flèches frappant un coeur, de  haut en  bas,  ne symbolisent-elles pas d'ordinaire la grâce  et  l'amour  divin  qui  transperce  le  coeur  du  chrétien ?

— Elles  signifient  la  grâce  et  l'amour divin  transperçant le  coeur que le blason présente. C'est le coeur de Jésus qui nous est ici  montré.  C'est lui  qu'atteind la flèche  de  l'amour divin.

N en  a-t-il  pas  été  réellement navre? «Vous avez  blesse mon coeur,  ma soeur  et mon  épouse » (î) dit Jésus à l'âme qui le  contraint suavement à l'amour. Parlant à  l'Esprit d'Amour dont vous apercevez dans notre vieille pierre le battement d'ailes, Jésus peut lui dire aussi :  « Vous avez blessé mon coeur ». L'Esprit Saint qui «forma ce  coeur dans le sein  de  Marie » lui a fait une  inguérissable plaie  que  la  blessure du  coup  de  lance devait  un jour symboliser.

—Mais c'est là une idée mystique et que nul n'avait reproduite  encore !

— Regardez cette gravure  du  musée  de Munich ci-contre, qui précéda de  cent cinquante  ans  notre  pierre  de  Paray.

« Cette image, dit le Père Hilaire de Barenton qui la reproduit  lui-même,  représente  Dieu  le  Père  frappant  le coeur  de son  Fils[6] » Et cette interprétation, qui  favorise celle  que je viens  de   donner  des  flèches «parodiennes», est manifestement vraie.

Mais un autre détail m'incite, mon Révérend Père, à vous quereller.

La plaie en forme de  croissant.

Dans son  beau  livre,  que je  n'oserais  pas appeler parfait, mais que j'estime nécessaire à qui ne veut pas se laisser déformer l'esprit par certaines idées courantes, le Père Hilaire de Barenton présente  un  sceau  d'inspiration  franciscaine,  qu'il  m'a  aimablement  autorisé  à  reproduire  dans  Regnabit.

« Ce  sont, dit le  Père  Hilaire de Barenton, les  cinq  Plaies sur  la  croix  et la  couronne  d'épines».

« Les  cinq  Plaies  ainsi représentées  sont  considérées  comme  faisant partie des  armes franciscaines.  Mais  nous  ignorons  quand  a  commencé  l'usage de  telles  armes».  «On  n'y voit  pas  le  coeur,  mais  seulement la plaie  du  côté ».

— Pourquoi la plaie du côté, mon Révérend Père ? Ce croissant entouré de quatre étoiles ce n'est pas plus la plaie du côté que  la plaie du  coeur.  C'est la plaie.

Certes,  dans  les  armoiries  profanes,  étoiles  et  croissants « laïques »  ne  sont point rares.  Le  blason  de  Jean Bochart de Champigny,  membre  du  Parlement en  1628  porte «d'azur  au croissant d'or  surmonté  d'une étoile de même». Celui  de  François Bailly,  conseiller au parlement de Bourgogne, vers 1644, est «d'azur,  à  fasce  d'argent,  accompagnée de trois  étoiles d'or en chef  et  d'un  croissant en  pointe  de  même ».

Celui  de  Gabriel Aunon,  conseiller  au  parlement de Grenoble  vers  1680,  est  de sable, au lion d'argent chargé d'un croissant montant de gueules, accosté de deux étoiles d'azur». Celui d'Annet Rauvier, échevin de la ville de  Lyon, vers 1694,  est d'azur au croissant d'argent surmonté  d'une  étoile  de  même».

Celui  de  Carpentier,  de  la Chambre des Comptes, 1699, est «d'azur, à un chevron d'or accompagné  de  deux  étoiles   de   même  en   chef,   et  d'un  croissant montant d'argent en  pointe».

Celui  de  Franquetot de  Coigny, maréchal de  France,  mort  en  1759,  est  «de gueules,  à la fasce d'or chargée de trois étoiles d'azur et accompagnée de trois croissants montant d'or, deux en chef, un en pointe. Celui de Lethors de Thory à la cour des Monnaies en 1772, est « d'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux croissants d'argent, et en pointe d'une étoile  de  même ».  — J'en omets vingt  que  j'ai là  sous les  yeux.  Et  que  d'autres  on  pourrait  trouver !

Mais dans le sceau du Commissaire de la nouvelle Espagne, comme  dans  les  belles  armoiries  de  la  famille  séraphique,  le croissant et les quatre étoiles ce sont évidemment les cinq plaies de Jésus,  celle  du  milieu se  manifestant la  plus  importante.

On sait que, dès la seconde moitié du XVe siècle se trouvent abondantes les images des Cinq Plaies comprenant le coeur blessé de  Jésus.  A  cette  époque on  ne  représente pas  tout le  Christ vulnéré.  On  en  est  encore aux simplifications héraldiques. On ne  représente pourtant pas le  coeur  tout seul.  On le  figure  au milieu des deux mains et des deux pieds percés. Et, si nous comparons ces  deux  manières héraldiques  de  représenter  le  cœur de Jésus, ne vous semble-t-il pas que celle du  quinzième siècle a  ses  avantages ?

Puis,  on  simplifie  encore.  Parfois  l'apparence des  mains et des pieds disparaît, laissant voir quatre plaies en forme d'étoiles ou  de  larmes,  au  milieu  desquelles  reste  le  coeur  au  naturel.

Parfois — comme dans les  exemples  donnés plus haut — on ne voit plus  que les  cinq plaies : celle  du  coeur— la plus importante —  en  forme  de  croissant.

Et ce m'est un bonheur de retrouver cette forme archaïque de la plaie sur le  coeur  que  la pierre  de  Paray nous  présente.

Le vrai coeur  vivant de  Jésus. A quelle influence d'ailleurs obéit l'artisan qui la sculpta ?

Et quel fut cet homme dont je serrerais volontiers la main rugueuse ?  Est-ce vous,  Anthoine Guillemin, «bon  maçon et tailleur de pierres,  qui  aviez « reçu la  commande» de  la  bâtisse ?

Ou quelqu'un de vos sous-ordres, compagnon du tour de France, qui  avait  beaucoup  vu ?

Et qui  donna l'idée de  mettre sur la façade extérieure de la  chapelle l'image  du  vrai  coeur  vivant  qui  allait  se  révéler dans cette chapelle même pour rayonner de là sur l'univers ?

Les religieuses n'ont point parlé. La pierre garde son secret.

Les  angelots fixent dans le  vague leurs  grands yeux gris.

Pieusement relégués dans la petite cour intérieure, ils n'ont pas vu l'affluence des pèlerins qui, aux grands jours de l'Année jubilaire, se pressaient dans la rue voisine pour aller contempler, dans l'enclos même du couvent, la  cour des Séraphins,  le  célèbre  noisetier,  la  chapelle  édifiée  par la  Voyante  elle-même.

Qui  sait!  Peut-être préfèrent-ils ne  plus  rien  voir.  Le  samedi  20  juin  1671,  ils  ont aperçu,  venant par la   grand'route, une  jeune fille  qui  sans  doute  ne  les  remarqua  point...

Au  moment où,  sous la vieille pierre impassible, l'élue  de Dieu franchit la porte de la  chapelle, les vrais anges  des cieux la saluèrent, la  vraie colombe  d'amour la couvrit de  ses  ailes, et,  dans  le  Tabernacle devant lequel  elle s'agenouilla,  le  cœur vivant  de  Jésus  palpita  d'un  ardent  amour...

F. ANIZAN.

[1]  Ces détails m'ont été donnés, de vive voix, au monastère. [2] Abbé Châtelet. Guide des Pèlerins à Paray-le-Monial, p. 29. [3] Vie et OEuvres de ta Bse Marie Alacoque, T. III, p. 181,182. [4] Vie et OEuvres, T. II, p. 141. [5] Abbé Châtelet, Guide des Pèlerins à Paray-le-Monial, p. 30. [6] La dévotion au Sacré-Coeur. Doctrine, iconographie, histoire, p. 125.

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Publié le par Rhonan de Bar
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LA SOCIÉTÉ DU RÈGNE SOCIAL DE JÉSUS-CHRIST.

III. – COLLABORATEURS ET VIE DE LA SOCIÉTÉ[1]

Une pléiade d'hommes remarquables attirés à la Société par la franchise de ses déclarations et l'utilité du but poursuivi en devenaient les collaborateurs et les soutiens. Presque tous ont disparu avant Mr de Sarachaga. Pas un ne s'est éteint sans avoir jeté un rayon dans sa sphère d'action. Ainsi le voulait le soleil eucharistique autour duquel ils gravitaient. C'étaient, entre autres le Cte Grimouard de Saint-Laurent, de Vendée, et Mgr Barbier de Montault, de Poitiers, bien connus par leurs travaux archéologiques, le Père Ladislas, Capucin, qui a fourni à la société une documentation de premier ordre sur l'iconographie eucharistique à toutes les époques et dans les différents rites, l'abbé Garnier qui devait plus tard fonder le Peuple français et la Ligue de l’Évangile. Louis de Farcy, d'Angers, qui à l'heure actuelle fait encore bénéficier nos églises, même pauvres, de son goût pour l'ornementation antique, Léon Harmel, du Val des Bois, Jules de Magallon, d'Aix, le Cte Léon de Maricourt, de Blois, M. de la Morlière d'Ainval, de Périgueux, dont les oeuvres sociales avaient toujours comme base et centre la personne royale de Jésus-Christ, les R.R. P.P. de Lachau, Fristot et Zelle[2], S.J. dont les écrits et les prédications jetèrent tant d'éclat sur les hommages à cette royauté d'amour, enfin Mgr Gauthey, futur Archevêque de Besançon. Celui-ci innovait alors sa belle carrière littéraire en photographiant à traits superbes et inédits le musée et la bibliothèque du Hiéron, les temples historiques et artistiques du Sacré-Coeur. Il devait la terminer en publiant sa magistrale et si complète étude sur la Vie et les écrits de Marguerite-Marie, la confidente du Sacré-Coeur [3].

Parmi les femmes, Melle Tamisier, une familière de la Société, vouait sa vie tout entière à l'établissement des Congrès Eucharistiques internationaux et elle avouait loyalement ainsi que nous l'avons vu[4] que leur idée-mère, la Royauté- Sociale de Jésus-Christ, avait eu avant elle comme premier dépositaire et apôtre Mr de Sarachaga.

Par-delà les frontières d'autres hommes de non moindre valeur tendaient la main à ceux-ci. Tout naturellement leurs pensées et leurs coeurs s'orientaient vers Paray-le-Monial, vers la Cité et vers la Société du Règne. C'étaient en Belgique le Père Schoutens avec le Cte d'Alcantara, en Hollande l'abbé Van Groeningen, Eliodore Villafuerte au Chili, au Venezuela Jaurégui-Moreno[5] digne neveu de Garcia Moreno, à l’Équateur le Sénateur Matovelle, en Italie le Cte Acquaderni et le P. Sanna-Solaro[6], en Suisse le chanoine Shorderet[7] promoteur, nous l'avons vu, du célèbre Congrès de Fribourg et Mr de Wuilleret, président du Grand Conseil de cette ville, en Portugal le Docteur de Séabra, de Porto, qui nous rapportait les échos de la « Sœur ainée » de la Société, la Rèv. Mère Marie du Divin Coeur, Comtesse Droste zù Vischering, en Espagne Gras y Granollers fondateur de l'Académie et Cour du Christ, de Grenade, et l'Académicien Don Vicente de la Fuente.

Les bornes d'un article sont trop étroites pour que nous puissions les suivre dans la diversité de leurs actions. Pour se rendre compte des ferments qu'ils jetèrent dans ces divers pays et surtout de la grâce divine qui les féconda il faut lire l'abrégé chronologique de 50 ans d'histoire religieuse touchant la dévotion au Sacré-Coeur [8]. Là aucune éloquence humaine n'intervient.

Seule l'éloquence providentielle des faits marque un contraste frappant. Tandis que les neuf-dixièmes, hélas, de la presse vénale, des théâtres et des cinémas en excitant les trois concupiscences de l'homme le révoltent contre toute autorité et cela sous tous les cieux, sous tous les cieux aussi les élites des peuples, élites de toutes les classes, s'évadent des ténèbres environnantes et fixent un point lumineux, le Sacré-Coeur ! Que leurs gouvernants aveugles soient contre elles, ou qu'ils marchent à leur tête comme en Espagne, en Colombie et ailleurs, ces élites appellent, proclament la domination divine. Pour échapper aux tourbillons révolutionnaires elles tendent les bras vers le régime logique pour toute créature humaine, le régime sain et sauveur, le régime d'obéissance au Règne Social du Christ-Jésus. Fondamentum aliud nemo potest ponere propter id quod positum est, quod est Christus Jésus (1 Cor. III. 11)-—Bienheureux, bienheureux seuls sont ceux qui écoutent la parole divine et la pratiquent (Luc. XI. 28) — Divites facti estis in Illo, ita ut nihil vobis in ulla gratia (I. Cor. I. 5-7).

Mr de Sarachaga recevait chacun de ces collaborateurs avec une dignité et simplicité parfaites. Il donnait beaucoup de sa pensée, de ses travaux, de sa bourse. Il se laissait même piller avec une bonne grâce charmante. On en vint un jour à lui prendre un des titres qu'il donnait à sa Société et nous connaissons tel livre qui eut grand succès dont toute l'inspiration et des pages entières furent prises dans ses propres travaux, sans le citer sinon une fois et d'une façon un peu vague. « Je suis le semeur, disait il, qui commence par rassembler beaucoup de grains dans son aire. Que d'autres les prennent, les volent même pour les semer à leur tour, que d'autres récoltent je m'en réjouis pourvu que les idées germent et fructifient »..

Alors que tant de savants se laissaient imprégner par l'engouement du jour pour tout ce qui était étranger, surtout pour ce qui nous venait du rationalisme allemand plus ou moins déguisé, Sarachaga avait le bon esprit d'étudier et de goûter sa patrie d'adoption, la Cité privilégiée entrer toutes après Jérusalem[9], Paray-le-Monial. Il en aimait passionnément la Dame et maîtresse Notre-Dame de Romay[10], il en aimait tout, le sol physique, le sol moral, le passé et le présent [11]. Et quand aujourd'hui nos visiteurs nous expriment leur satisfaction de la « révélation historique de Paray-le-Monial faite au Hiéron » nous savons à qui nous devons adresser notre reconnaissance.

Pourtant à ce tableau la Vérité nous oblige à joindre quelques ombres.

Mr de Sarachaga était un innovateur merveilleux, un constructeur de plans moraux et matériels à vues amples et profondes. C'est le mérite le plus original, le moins fréquent actuellement. Pour être un bon fondateur de Société il lui eut fallu un second de son âge, de son éducation et doué d'esprit pratique. Cet esprit lui manquait. Attirant à lui et de tous pays des hommes remarquables, les lançant bien dans une action « sociale parce que catholique » selon le mot d'Henri Bazire, leur inspirant ces manifestations collectives, parfois nationales, dont le cercle ira toujours en s'élargissant[12] en l'honneur du Sacré-Coeur, il négligeait ensuite de les grouper en réunions forcément espacées, mais périodiques, de leur trouver des continuateurs, de former des recrues. C'est ce qui nous oblige aujourd'hui à reformer nos cadres, oeuvre délicate et de longue haleine puisque société à nombre limité nous ne pouvons nous adjoindre que des membres de doctrine sûre, de tendances sociales, d'un catholicisme intégral et de caractère apostolique[13] .

En second lieu son origine espagnole et slave lui faisait goûter' les mots sonores et majestueux que notre génie français clair et positif traite volontiers de grandiloquents. Sa familiarité du grec, ses connaissances en sanscrit, en quichua l'amenèrent dans la dernière période de sa vie à se servir dans ses pancartes de musée et ses explications de termes étrangers ou de mots français qui, décomposés selon leurs racines par des traits d'union, affublés d'une majuscule, surpassaient beaucoup de ses visiteurs, étonnaient les autres et masquaient parfois l'orthodoxie de sa pensée au point de faire le jeu de quelques chercheurs d'hérésie.

Enfin, et c'est ce qui nous coûta le plus de patientes expurgations, ce savant presque universel, ce travailleur inlassable, manquait d'esprit critique. Les idées mères de la Société : la Royauté sociale, donc même temporelle du Christ, le « Primogénitus omnis crenturoe», «l'agneau immolé avant tous les siècles» le sacrifice base et centre de toutes les religions sont irréfragablement appuyés sur l'Ecriture, la Tradition, sur l'histoire profane comme sur l'histoire religieuse. Or, trop souvent, dans son désir d'accumuler les preuves Mr de Sarachaga mettait l'hypothèse sur le même pied que la thèse, il acceptait sans un contrôle assez rigoureux les faits qui corroboraient des idées évidentes et en certains cas seulement sa vraie science du Symbolisme chrétien débordait en interprétations hasardeuses[14].

A ses successeurs doués moins brillamment que lui est échu le travail qu'ils ont accompli en premier lieu de remédier à ces lacunes, d'appliquer aux plus belles collections les méthodes chartistes, de simplifier, classer et tamiser selon la mission qu'ils avaient reçue de l'autorité épiscopale et sous son contrôle très aimé.

Cette autorité épiscopale avait passé des mains de l'illustre Cardinal Perraud, membre de l'Académie française, à celles de Mgr Villard, prélat de sens très sûr, de parfaite et délicate bonté[15].

L'un et l'autre voyaient plus haut que quelques détracteurs qui fonçaient triomphants sur des faiblesses de détail. Ils savaient que c'était au fondateur de la Société qu'ils devaient l'origine des grands pèlerinages au Sacré-Coeur. Ils savaient que le monument du Hiéron, sa bibliothèque et ses toiles augmentaient pour les élites l'attrait de Paray-le-Monial. Ils savaient qu'en 1902 Mr de Sarachaga avait terminé la décoration du musée par une salle centrale qui surpassait toutes les autres et était par ses fresques et ses blasons le résumé du Règne de Jésus-Christ à travers les âges, salle unique en sa conception et son exécution.

Ils savaient que Mr de Sarachaga vieilli avait encore trouvé dans son coeur une idée toute moderne qui exerçait sur les foules une bienfaisante attraction vers la Cité de Marguerite-Marie. Il avait imaginé une affiche d'une réelle valeur artistique et acheté à prix d'or sa publicité dans toutes les gares du P.L.M.

Pour réaliser son projet il avait fait appel au maître d'alors Hugo d'Alési qui, dit-on, emporta dans sa tombe le secret de son relief et de sa couleur. Un charmant enfançon s'ébat aux pieds de sa mère, une toute jeune Charollaise[16] à physionomie souriante et grave comme celle d'une Madone, tandis qu'à l'horizon le soleil couchant dore de ses feux la vieille basilique clunisienne et se reflète dans les eaux murmurantes de la Bourbince ; dans un médaillon le beau monument du Hiéron prolonge et complète l'appel suggestif que lance à tous le captivant paysage.

Cette affiche fut pour beaucoup dans l'afflux des pèlerins et des touristes de 1902 à 1905.

En 1912 la Société faisait applaudir au Congrès Eucharistique international de Vienne un rapport sur le musée du. Hiéron.

Et en 1914 au Congrès Eucharistique international de Lourdes[17] la Providence Elle-même daignait intervenir et montrer combien un des grands buts poursuivis par la Société entrait dans, le Plan Divin[18]. Trois rapporteurs, de trois classes différentes, de nationalités diverses, représentant l'Eglise enseignante et l'Eglise enseignée : Mgr de Vasconcellos, Evêque Portugais[19], le R. P. Calot, Directeur Général de l'Apostolat de la prière, dont l'organe le «Messager du Coeur de Jésus,» paraît en trente-cinq langues et cinquante éditions, enfin Mr Çazaux, Président de l'Adoration Nocturne de Montmartre, concluaient leurs trois différents rapports par un même vœu : « qu'une fête mondiale célèbre la Royauté du Sacré-Coeur sur toutes les Sociétés.» Pouvions-nous espérer du Ciel une plus précieuse sanction des efforts passés, un meilleur encouragement des efforts futurs. Gratias Deo super inenarrabili dono ejus (II Cor. IX. 15).

Ce fut le suprême sourire de Notre Dame de Romay à son fidèle serviteur avant qu'il ne descendit dans la tombe. A son avant-dernier séjour à ce Paray où il n'avait prié, écrit, travaillé que pour la gloire du Christ-Amour[20] , appuyé sur celui auquel il léguait sa mission il disait humblement : « J'espère quand même[21] que le Sacré-Coeur et Notre-Dame me recevront dans leur royaume de Là-Haut ; j'ai tant désiré que leur royaume s'établisse ici-bas [22]».

Que l'ultime écho de la pensée du descendant de Sainte Thérèse[23] soit une lumière pour tous les membres actuels et futurs de la Société !

G. DE NOAILLAT, Directeur du Hiéron et de la Société du R.S. de J.C.

 

 

[1] * Errata du précédent article (Septembre), p. 259. 4 §. 1873 au lieu de 1875. — p. 262. 4. § 1898 au lieu de 1888 - Note 1. Mr, au lieu de Mgr Caseaux. [2] Le P. Zelle donna pendant 30 années à Paray l'exemple d'un zèle inlassable, surtout dans la direction. Il fut le successeur du Père Drevon pour l'Association de la Communion réparatrice et l'auteur apprécié de plusieurs articles sur Paray, sur le Règne social de J. C. et sur la société qu'il aimait et estimait. Vice postulateur de la cause du P. de la Colombière, il avait obtenu du Hiéron la permission de photographier un précieux authentique que nous possédons, par lequel Marguerite-Marie invoque son Confesseur comme un Bienheureux du ciel, dès 1683 ; il le répandit dans le monde entier à des milliers d'exemplaires. Soldat rigoureux et intrépide il tomba pendant une mission, sur le champ de bataille de l'apostolat, frappé en pleine chaire le mercredi saint de l'année 1921, après avoir prononcé la veille ces paroles : « Pour sauver l'âme d'un seul d'entre, vous, je donnera} volontiers ma vie s. La population entière se porta à ses funérailles. Il eut l'heureuse idée d'inspirer la création d'une Maison de famille, la pension de Nazareth sur l'avenue de Charolles, à prix très réduits pour faciliter les retraites et les pèlerinages aux prêtres et personnes peu aisées.[3] Signalons aussi Félix de Rosnay, pendant quelques années Secrétaire du Hiéron, auteur de deux ouvrages estimés : Le « Hiéron du Val d'Or » et « Histoire de Paray » aujourd'hui presque épuisés. [4] Lettre précitée. [5] Résidant au Venezuela il y transporta les idées de l'éminent Président de l'Equateur. Exilé de ce pays par le président Castro il vient se fixer pendant plusieurs années à Paray-le-Monial auprès du directeur du Hiéron. [6] Voir l'article précédent paru dans le n° de septembre dé „Regnabit ". — A notre dernier voyage à Turin on nous disait de celui-ci « Des hommes de cette trempe auront toujours des contradicteurs, mais leur passage laisse une trace. Au point de vue intellectuel on ne saurait mesurer son influence et cependant elle dépassait celle qu'il exerçait au point de vue charité. Or Turin bénéficie j'encore d'une institution dédiée au Sacré-Coeur où 150 jeunes filles reçoivent grâce à lui une éducation profondément chrétienne. [7] Voir article précédent, n° de Septembre de Regnabit. [8] Deuxième Partie du « Régné Social du Sacré-Coeur » brochure éditée au Hiéron de Paray-le-Monial, Prix 3 fr. [9] Parole de Léon XIII. [10] Et qu'on n'imagine pas ici une affection simplement platonique. M. de Sarachaga chaque jour et par tous les temps se rendait à Romay. Il ne faisait rien sans consulter Celle qui est demeurée au Musée „ Maîtresse de Céans ". La fidélité quotidienne à ce rendez-vous ainsi que les études de la Société sur les origines de Paray remirent en vogue le pèlerinage de Romay. [11] Il fonda même une ''Union parodienne" réservée aux seuls habitants de Paray, pour étudier son histoire à travers tous les âges. Cette union dans laquelle il sut grouper des commerçants, des petits industriels et de simples ouvriers créa parmi eux un courant de sympathie dont nos oeuvres bénéficient encore.   [12] Voir encore la brochure précitée « Le Règne Social du Sacre-Coeur ». [13] Nous donnerons plus tard des extraits de nos statuts. [14] L'Église toujours sage veillait à des questions qui la touchent de si près. Outre que les Pères Jésuites, entr'autres le P. Zelle qui fut jusqu'au bout l'ami et le conseiller de l'oeuvre, maintenaient l'intégrité de la doctrine, Mgr Villard, qui avait succédé à l’éminent Cardinal Perraud, faisait appeler le plus jeune et dernier venu des collaborateurs de la Société, alors entièrement adonné à l'A. C. J. F., dont il était Vice-président pour l'Union Régionale de Paris, et surtout aux oeuvres sociales agricoles. Il lui disait en substance : A Dieu ne plaise que sur des dénonciations de détail je jette un blâme sur l'oeuvre magnifique en général de votre Président. Il a bien servi mon diocèse et la France. Mais je vous pense appelé à lui succéder. Et je compte sur vous pour simplifier, pour clarifier et faire disparaître les exagérations. —. Puis dans des entretiens particuliers et en présidant les Congrès et organisations d'oeuvres féminines de celle qui devait être la collaboratrice de Mr de Noaillat il s'était rendu compte de son jugement et de ses études doctrinales et, encourageant leur union, il daignait leur affirmer : J'ai confiance ! — Dieu veuille que malgré notre faiblesse nous ne décevions pas trop les espérances du vénéré prélat et de son digne successeur Monseigneur Berthoin. [15] Mgr Villard appartenait à une très bonne famille de Langres. [16] On sait que Paray-le-Monial est situé dans le Charollais. [17] Congrès présidé par le Légat du Pape S. E. le Cardinal Granito de Belmonté et par 189 Cardinaux, archevêques et Évêques. [18] Nous n'entendons point par ces termes faire pression sur la Sainte église aux décisions infaillibles de laquelle nous nous soumettons d'avance, avec amour. Mais quand le but est noble, surnaturel, approprié aux besoins du temps, le fait de le poursuivre est déjà générateur d'actes de dévouement social et de sanctification. On réalise déjà une partie du plan divin… [19] Maintenant archevêque de Damiette, résidant à Rome, au collège Pio Latino, assistant au trône pontifical. [20] Expression favorite de Ste Catherine de Sienne par laquelle elle termine presque toutes ses lettres et qui ne désigne autre que le Sacré-Coeur. [21] Il faisait allusion à ses détracteurs dont il ne parlait qu'avec réserve et charité.  [22] Le Baron Alexis de Sarachaga y Lobanof de Rostof s'éteignit pieusement le 4 mai 1918 à Marseille. [23] Il descendait en ligne-directe d'un frère de Ste Thérèse. (Voir Regnabit n° de juillet, page 79 — Ses armes étaient : d'azur aux douze coeurs et aux deux lévriers sur champ de neige).

 

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Publié le par Rhonan de Bar

1. Gino Sandri a préfacé, puis postafacé votre ouvrage. Quelle en est la raison ? Était-ce un moyen pour vous de relier directement, « dès le départ », à travers sa signature, la figure d’Arsène Lupin aux mystères Castelrennais ? De donner à votre livre, une orientation immédiate de lecture.

Je me dois d'abord de préciser la genèse du livre. Le périple pour trouver un éditeur fut long, près d'un an et demi. Ce n'est qu'au bout d'une conversation sur la toile qu'une amie m'a conseillé les Éditions la Pierre Philosophale dirigée par Serge Goasguen. Ce dernier fut emballé par le projet. Il manquait juste une préface. Auteur inconnu, je n'avais personne à proposer. Il me dit : « je m'en charge. » J'ai donc eu la surprise de voir "Maurice Leblanc, Maitre du savoir" préfacé par Gino Sandri et devenu depuis, par le biais d’une seconde parution en 2023 aux éditions de l’Opportun : Le Code Arsène Lupin. Maurice Leblanc et le Savoir Perdu postfacé par le même auteur. Quelle en est la raison profonde ? Vu la teneur de l'ouvrage, c'est une commande expresse de l'éditeur auprès de Gino Sandri. La préface devait faire un nombre précis de pages, traiter de sujets tout aussi précis et il est bien évident que ces prolégomènes conséquents contiennent des éléments cruciaux, des clés utiles à la compréhension de l'ouvrage. Il faut pour cela lorgner sur l’un des livres de Pierre-Vincenti Piobb : « Clef Universelle des Sciences Secrètes ». Mais Gino Sandri retrace de manière magistrale les liens qui unissent ou divisent les différents réseaux de l'époque (on peut parler ici de forces diamétralement opposées) mais aussi des interactions entre les différentes sociétés qui furent conséquentes et permirent la transmission, d'une façon plus élargie, mais occultée, de ce savoir perdu que j'évoque et sur lequel nous allons revenir.  

Piobb évoque deux forces et leur alternance cyclique qui se manifestent au monde à tour de rôle.

L’ouvrage de Fulcanelli « Les Demeures Philosophales » est fondamental et il est issu d’un même courant. Fulcanelli relève du courant du Hiéron ! Est-ce à dire que Dujols et Fulcanelli sont une seule et même personne ? C’est en tout cas ce que disait Paul Le Cour, continuateur officieux du Hiéron qui n’est, en fait, que le cercle extérieur d’un réseau plus secret encore. Ce même Paul Le Cour qui, dès son premier passage à Paray-le-Monial fut aiguillé par Pierre Dujols vers un vieux jésuite qui devait lui fournir, pour une bonne part, des travaux encore inédits du Hiéron.  

Fulcanelli inspire deux courants : celui de Piobb et un autre avec Warrain et Beltékhine.

Tous les ouvrages parus au 19ième siècle sont précurseurs et ils définissent ce qu’il convient de nommer la "Wouivre littéraire" qui coure encore aujourd'hui.

Et donc pour répondre à la question, c’est bien une manière directe de mettre d’emblée en rapport, parce qu’il y a un tronc commun, l’Argonne et l’Aude, régions toutes deux liées par un grand secret qui doit être révélé dans les temps futurs.  

2. Vous posez en exergue du Chapitre I, une sentence relative au mystère de la Rose, que vous associez aux figures du Chevalier et de la Noble Dame… Vous considérez que les aventures d’Arsène Lupin ont suivi un principe de création, un canevas plus ou moins similaire aux romans arthuriens… Que ces derniers recèlent en leur fabrication, un secret, un arcane, pouvez-vous esquisser pour nous, les contours de cette nébuleuse énigme ?  (G.M peut-être ?)

C'est exact, d'emblée j'entre dans le vif du sujet. En effet la vertu de ce chapitre est de démontrer qu'il existe un pendant entre les romans de Maurice Leblanc et ceux de la quête arthurienne dont on sait que le Roi n'est pas mort, mais demeure en sommeil pour resurgir à la Fin des Temps. L’un des romans de Maurice Leblanc « L’île aux Trente cercueils », roman sombre à souhait, quasi apocalyptique, nous mène sur une île fictive[1], dont les noms sont quand même évocateurs (Sarek -anagramme de Arques- ; le bois du grand-chêne ; le Dolmen aux fées ; le calvaire fleuri ; le Prieuré…de Sion) de quoi tout de même nous placer dans des conditions particulières qui nous renvoient aux mystères audois dont Rennes-le-Château reste le fer de lance. Certains ont glosé sur la présence d’un trésor dans le village audois, cela se peut, il serait étonnant que Saunière n’ait rien trouvé. Seulement Saunière, c’est comme Leblanc, Fulcanelli, Nostradamus…il n’est qu’un exécuteur testamentaire d’un corpus plus secret.

De récentes recherches m’ont mené à établir un lien entre Paray-le-Monial et Rennes-le-Château. Les deux cités sont indissociables de la venue du Grand Monarque, actuellement l’une rayonne malheureusement moins bien que l’autre et il va falloir rééquilibrer ce déficit !

Peut-être est-ce cette notion de trésor qui rend Rennes-le-Château si sulfureux ? Mais si trésor il y a, et Bérenger Saunière en a sûrement eu connaissance, dans le futur, celui-ci revient de droit au Grand Monarque. Cette manne lui permettra de redresser un pays bien mal en point.

Concernant le lien entre Paray-le-Monial et Rennes-le-Château, il faut noter l’implication du Hiéron du Val d’Or dont les adeptes, dit Hiérophantes, qualifiés de « Chevaliers du Graal » se disaient « Franc-Maçonnerie Traditionnelle du Grand Occident » en parfait désaccord, voire en totale opposition avec celle du Grand Orient de France.

Or, il est évident et les Christophanies établissent les faits, que le culte du Sacré-Cœur, donc du Christ-Roi est réservé à la « Fin des Temps » !

 

[1] Notons au passage que c’est sur l’île d’Avalon que repose le roi Arthur.

3. Comme Patrick Ferté, vous pensez donc que l’œuvre de Maurice Leblanc est codée… Pouvez-vous éventuellement nous éclairer sur la manière qu’avait Maurice Leblanc de crypter ses livres ? utilisait-il des méthodes essentiellement littéraires telles que les anagrammes, les acrostiches, les anacycliques et autres charades, ou usait-il de moyens, de procédures, de pratiques d’occultation beaucoup plus ésotériques ? Jean Parvulesco parlait de littératures chiffrées en profondeur… Quel serait pour vous le sens de cette formule concernant les aventures d’Arsène Lupin ?  

Oui c’est vrai l’œuvre est codée et du reste je le dis à de nombreuses reprises, notamment d’emblée dans les liminaires, sans Patrick Ferté, l'ouvrage n'aurait jamais vu le jour ou du moins pas de cette manière-là. Maurice Leblanc aura en fait recours à de nombreux artifices, et ce n’est pas le seul auteur, Gaston Leroux en est un autre exemple. Cela passe par la cryptographie et stéganographie[1], car je pense que c’est sur ce terrain que vous voulez nous emmener. Or ces deux disciplines sont plus ou moins complexes selon le code que l’on pose.

Aussi prenons pour exemple ANGELIQUE, prénom d'une héroïne de Maurice Leblanc. Admettons que l’on ne veuille pas, au travers du message envoyé et potentiellement interceptable, savoir quel est réellement son prénom. On décide de choisir une base 5.

Ainsi le A = E ; N = S et ainsi de suite, ce qui conduit à : ANGELIQUE = ENKIPMUXI. Incompréhensible certes mais peu fiable. Le tableau de Vigenère est beaucoup plus sûr.

Avec celui-ci, il faut un mot code, prenons un exemple simple qui peut se complexifier à plaisir NEFERTITI que l’on applique à ANGELIQUE. Sur le tableau de Vigenère, à la croisée des lettres A et N = N ; N et E = R ; G et F = L ; E et E = I ; L et R = C ; I et T = B ; Q et I = Y ; U et T = N ; E et I = M soit NRLICBYNM.

Un beau galimatias qui préserve d’autant mieux le secret contenu dans le message et conserve, sauf pour celui qui a la clef ou le code, l’anonymat de la personne.

4. Ce blasonnement, ce chiffrement, ce cryptage implique qu’il y ait des des blasonneurs, des déchiffreurs, des décrypteurs… Il implique aussi le fait que Maurice Leblanc fut le Maitre d’une connaissance, d’un savoir, — peut-être perdu comme vous le soulignez dans le sous-titre de votre ouvrage —, assez important pour qu’il reste invisible aux lecteurs profanes… Quel serait ce savoir selon vous, hormis le secret relatif à la venue d’un Grand Monarque ? 

Sur ce sujet, le panel de Maurice Leblanc et du cénacle qui l'entoure est relativement large. Mais l’essentiel, à mon avis gravite autour d’un secret étatique romain que l’on occulte depuis plusieurs siècles.  Je pense d'abord, et il me semble que l’ouvrage sur le sujet est assez explicite que Maurice Leblanc, dans son œuvre codée, remonte à une Tradition très ancienne, une civilisation engloutie mais dont les connaissances ont été transmises par les Druides auprès desquels les Grecs venaient quérir connaissance et sagesse. Cette connaissance et cette sagesse, venues de la nuit des Temps ne sont pas sans lien avec la Géographie sacrée, la Cosmologie, l’Arithmosophie et autres sciences qui desservent la Tradition. Pour ne pas trop m’étendre, les druides embrassant en grande partie le christianisme primitif, y trouvant donc des corrélations avec leurs pratiques, bien moins barbares que supposées, se sont réfugiés dans les monastères afin de préserver cette Tradition.

Les éléments cités (Géographie Sacrée, Cosmogonie…) en fait se méritent et c’est bien le rôle de la Tradition que de les préserver secrètement aux yeux des profanes. Pour revenir à notre sujet, car tout est base d’occultation, on peut donc lire un roman à un degré N de compréhension, dès lors que l’on est éveillé à certains mystères, ce degré passera à N+1 et ainsi de suite ce qui permet de saisir des massages plus complexes.

 

[1] La Stéganographie est une méthode pratique d’écriture secrète basée sur les Décans du Zodiaques er des Heures planétaires.  Nous vient du grec ancien στεγανός / steganós (« étanche ») et γραφή / graphế (« écriture ») ou écriture secrète, hermétique !

5. Pouvez-vous nous en dire plus sur la science de la Gématrie en règle générale et ensuite sur celle élaborée ou plutôt proposée par Maurice Leblanc dans les confidences d’Arsène Lupin et plus précisément au chapitre intitulé Les jeux du Soleil ?... Chapitre dont le titre m’a aussitôt fait penser, je ne sais pas trop pourquoi, à celui d’un livre de Raymond Roussel « Poussière de Soleil » dont on sait qu’il évoquait les rudiments nécessaires à la réalisation de ce que les alchimistes entendent par le Grand Œuvre…

La Guématrie ou Gématrie est l’une des trois disciplines de la Kabbale qui se réfèrent aux calculs mystiques et relève donc du symbolisme.

Pour faire simple, parce que nous risquerions de lasser ceux qui nous lisent, on peut qualifier la Guématrie ou Gématrie de symbolisme géométrique du mysticisme, certains le bornant à la culture hébraïque, d'autres dont je fais partie, l'étendant à d'autres cultures, c'est le cas pour celle grecque (isopséphie) mais aussi française (onomancie). C’est par ce biais que les mystique et les initiés sont parvenus aux nombres et aux mots sacrés. Même si elles reposent sur des bases similaires, il faut cependant clairement différencier la Kabbale (avec un K) de la Cabbale (avec un C).

Pourtant, il ne faudrait pas confondre la Cabbale, dont nous voulons parler, avec la Kabbale ordinairement envisagée et demeurée purement hébraïque ; aussi bien, pour les différencier, convient-il d'appliquer, à chacun des deux termes, l'orthographe qui lui est propre et que réclame d'ailleurs leur étymologie différente : le premier se réfère au grec kaballés, qui veut dire cheval, tandis que le second vient de l'hébreu kabbalha avec le sens de tradition. Pour Eugène Canseliet, la Kabbale (K) est orientale, judaïque, la Cabbale (C) est occidentale (celto-grecque).

Maurice Leblanc, en effet nous entraine clairement dans ce domaine dans Les Confidences d’Arsène Lupin. C’est pour moi l’un des exemples des plus frappants. Dans ce roman l’auteur expose distinctement les faits en donnant à un adverbe a priori sans conséquence un sens tout autre. Les lettres deviennent des chiffres selon le code alphénumérique suivant qu’il dévoile (A = 1… Z = 26) et cet adverbe devient donc une valeur numérale. En l’occurrence ici SURTOUT vaut 134. Ce nombre 134 est aussi très précisément celui qui fait la valeur onomantique ARSENE LUPIN… Il y a aussi l’anagramme SURTOUT qui devient TROU SUR T soit une grotte, cavité ou caverne dans laquelle repose un T de Trésor ! Ceci renvoie quelque peu à la stèle de la marquise de Blanchefort ou le mot CATIN (catinum = grotte) apparaît explicitement selon l’interprétation qu’en a donné notre ami Jean-Pierre Monteils dans l’émission.

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Maurice Leblanc va plus loin lorsqu'il dévoile une série de nombres qui vont par paires, à l'exception de deux nombres isolés. Cette série finit par nous conduire à une phrase dont les erreurs relèvent un mot code ETNA. Ce mot, une fois permuté, comme l'autorise la gématrie ou l'anagrammatique, donne ANTE. Ce mot énigmatique apparait sur la stèle de la marquise de Blanchefort. Le mot ANTE, au dictionnaire, nous lisons : « nom féminin singulier ; pilier en bois ». Aux synonymes nous avons : « balustre, montant, pilier ». Or il est aujourd’hui indéniable et indiscutable que Bérenger Saunière a bien trouvé des documents dans l’un des piliers du Maître-Autel !!! Que ceux-ci l’ont aiguillé vers le balustre puis, du balustre, vers un tombeau sous crypte. Quel que soient ces documents, et au regard du CHEVAL qui est la propriété du Baron Repstein, on se demande si dans cette affaire, il n’est pas question d’une certaine CABALE-CHEVAL phonétique. Le mot ANTE[1] renvoie enfin à la rivière d'Argonne qui couvre certains domaines Templiers de cette mystérieuse région. J'en veux pour exemple NOIRLIEU. C'est ici, dit-on de l’Argolide des Gaules, que les Templiers pratiquaient l'alchimie, dans une crypte…  

Bernard Fontaine. Romuald Cassiaux. Tony Baillargeat avec la première édition.


[1] ANTE ou ANTÉ est un géant brutal. Fils de Poséidon et de Gïaa. Personnage légendaire des mythologies grecque et berbère. Roi de Lybie.

6. Hormis leurs portées eschatologiques, pensez-vous que les livres de Maurice Leblanc continssent comme pouvait le penser par exemple Richard Khaitzine, un secret lié non seulement à l’alchimie mais aussi à l’identité sociale de Celui qui se dissimulait sous le nomen de Fulcanelli ?

C'était en effet l'un des reproches fait à Patrick Ferté par Richard Khaitzine. Ne pas avoir abordé le versant alchimique contenu dans l'œuvre de Maurice Leblanc. À mon sens ce n'était pas l'objectif de Patrick Ferté qui, cependant, s'est magistralement attaché, entre autres, à révéler les interactions existantes entre les grandes familles à travers l’histoire de l’Europe.

Pour l’œuvre de Maurice Leblanc, je pense avoir démontré, en utilisant les propres artifices de l’auteur qu’il y a bien dans son œuvre une évidente allusion à l’alchimie et que celle-ci trouve ses racines dans la quête de la Toison d’Or qui, d’ailleurs, est littéralement le titre d’un chapitre du roman Dorothée, danseuse de corde : Vers la Toison d’Or. La présence continuelle, dans les différents romans du soleil et de la lune, est une évidence limpide puisque ces deux luminaires entrent en ligne de compte dans le processus du Grand Œuvre, que l’on soit dans l’opératif ou non !

Concernant l’adepte Fulcanelli, tant de suppositions, tant de noms ont été avancés que l’on finit par s’y perdre. Il est cependant fort probable que Fulcanelli, à l’instar de Maurice Leblanc, ne soit en fait que l’exécuteur testamentaire d’un même cénacle. On sait peu de choses, je ferai cependant remarquer que Canseliet, disciple de Fulcanelli, connaissait Paul Le Cour et que l’année de parution du livre Le Mystère des cathédrales date de 1926, année de la fondation de l’association Atlantis…

 

7. Dans le chapitre VI de votre ouvrage, vous abordez la ville de Blois et les origines solaires d’Arsène Lupin. Je sais qu’en admirateur et continuateur de l’œuvre de Jean Phaure, vous portez une grande attention à la géographie secrète. Que pouvez-vous nous dire sur cette ville dont on sait qu’elle a vu naître non seulement René Guénon mais aussi le créateur de la revue Atlantis Paul le Cour ?

 

En effet, mon attention a été attirée à Blois par le simple fait que Maurice Leblanc y fait naitre son héros. On aurait pu l'imaginer le faire naître à Rouen, à Paris, mais Blois, c’est quelque chose qui m’a interpellé. Ça a donc été une longue série de lecture pour décortiquer le symbolisme de cette ville, notamment celui du blason, dont René Guénon disait : "On appelle Blois "la ville aux loups". Bleiz ou Beleiz était en effet le nom celtique du loup, symbole de Belen, "l'Apollon gaulois". En fait, on se rend compte que la cité est solaire, mais aussi lunaire puisque le loup a plutôt une activité nocturne ! Je crois que Jean Robin a écrit que les armes de cette ville (loup et porc-épic soutenant le Lys) évoquent l’idée du « Roy perdu », du « Grand Monarque ». Abus de cet archétype dans les salons du 19ième.

Puis il y a effectivement, Paul le Cour (1871) et René Guénon (1886), tous deux natifs de cette ville. Pour ma part, je pense que si Maurice Leblanc y fait naître Arsène Lupin, c'est qu'il a une volonté délibérée de projeter la lumière sur ces deux auteurs, très engagés l'un et l'autre, souvent en lutte, à tort à mon sens, et dont Paul Le Cour, grand défenseur de la Tradition occidentale s'opposera à René Guénon qui lui, avait pris fait et cause pour Tradition orientale. Je termine ici sur une notion, récurrente chez Leblanc, de la notion de double ou de gémellité.  

On ne doit pas oublier que le « Grand Monarque », souvent nommé le « Roi de Blois » par Nostradamus (lui aussi affilié à un cénacle et sûrement agent de la maison d’Anjou-Lorraine-Bar). C’est ce roi caché, ce roi perdu qui relèvera la Tiare Pontificale. Ce même « Roi de Blois » est aussi appelé le « Grand Chyren » que certains érudits ont traduit par « Henri ». En fait le terme Chyren (St Chrême ?) serait plutôt en lien avec l’onction traditionnelle qui consacre les monarques.

Faisant naître son héros à Blois, le nommant Arsène LUPIN = ULPIAN[1], Maurice Leblanc faisait-il de son héros le « Roi caché », c’est une question qui reste posé mais qui est envisageable.  En fait il est possible aussi qu’au travers des termes « Grand Monarque » ; « Roi de Blois » ; « Grand Chyren » ; « Henri » nous trouvions, selon Nostradamus une allusion à la branche du duc Henri de Guise qui fut assassiné au château de Blois.

8. Dans ce même chapitre, dans une note de bas de page, vous dites que Blois est inscrite sur un axe qui comporte entre autres, Le mont St Michel, le Mans, Bourges Paray le Monial et Lyon… à quoi correspond cet axe ?

Cet axe n'est en fait que l’un des nombreux rayons d'un réseau beaucoup plus complexe et étendu sur la France avec des influences qui vont, ou nous viennent d’autres pays. Je me suis donc limité à celui-ci pour éviter un ouvrage beaucoup plus conséquent. Ces axes, au nombre de trois (évocation de la Tri-unité ou de la Triade) est centré sur le Mont Saint-Michel dont le rôle protecteur est une évidence. Lorsque l’on parle de la France, on parle d’Hexagone. Terme en fait très ésotérique que Paul le Cour et Jean Phaure ont développé en leur temps et dont on n’a retenu que le terme, en écartant tout le symbolisme qui en émane et rejoint le Sénaire.

Dans l’Hexagone et de fait sur celui-ci, se dessine un arbre des séphiroth. Bourges répond à Tipheret[2] (œuvre au Blanc). Cette cité fut longtemps considérée comme le Centre des Gaules et de fait se voyait relié à l’Univers par l’Axis Mundi (axe du Monde). Cette cité de Bourges est exceptionnelle par son symbolisme alchimique que l’on trouve essentiellement dans le Palais des frères Lallemant et dans la demeure de Jacques Cœur.

Ce dernier me permet de rebondir sur Paray-le-Monial, autre point de l’axe, rendu célèbre par les Christophanies (dévoilement du Cœur du Christ aux hommes) à Marguerite-Marie Alacoque. Je ne peux m’étendre ici, mais il faut impérativement noter la fondation, au 19ième, encore et toujours le 19ième siècle, du Hiéron du Val d’Or par le R.P Drevon et le baron de Sarachaga. Quant à Lyon on sait qu’elle est comparable, pour le pays des Gaules, à la Delphes des Grecs et à la Rome des Romains. Lyon est une ville secrète, sacrée. Lyon et les naissances de Denizard-Rivail (Kardec) ; le sâr Péladan ; Nizier (Maitre Philippe). Puis les apparitions mariales quasiment inconnues…

Carte extraite du livre de Philippe Lavenu : L'ésotérisme du Graal.


[1] Centurie VIII. Quatrain 66 = 528 nombre de la clef en kabbale.

[2] ARLES (Aigues-Mortes, les Saintes-Maries) = YESOD. Pointe du triangle Beaucaire. Tarascon. BOURGES (Issoudun, Nevers) Pointe du triangle Orléans = TIPHERETH. PARIS (Versailles, Melun) = KETHER Pointe du triangle Lille.

9. Il y a un nom qui arrive comme un mot de passe, c’est celui d’ARGONNE… Il apparaît fortement en plein milieu de votre livre dans le chapitre intitulée le Cercle de Dorothée… Vous y précisez que très jeune, vous ressentiez que c’était une Terre d’élection et de prédilection…

On pourrait en effet considérer le terme ARGONNE comme un mot de passe. Il en est même sûrement un, mais n’étant pas allé réellement au bout de mes investigations dans l'ouvrage dont nous parlons aujourd’hui, je me bornerai à vous conter les lieux comme étant enchanteurs. On y trouve de vastes forêts, faites de chênes et de sapins, avec des clairières verdoyantes où l’on peut supposer que les fées, les elfes et autres éléments subliminaux s’y réunissent certaines nuits. Les étangs sont également forts nombreux et les brumes se lèvent, en Argonne, aussi vite que celles qui recouvrent les terres en Avalon, je fais ici allusion ici au légendaire arthurien.

Cependant, pour revenir à nos propos, n’oublions pas que l’une des héroïnes de Maurice Leblanc, Dorothée porte le nom d’Argonne par son père. Elle est infirmière, porte blouse blanche à « Croix-Rouge » et il en faut donc peut pour établir un lien avec l’ordre des antonins qui avait vocation à secourir les nécessiteux. De même le parallèle avec les Templiers est-il évident et du reste mon ouvrage aborde l’implication des deux Ordres.

Puis Dorothée part en tournée, avec sa troupe suivant en voiture moderne son antique chariot très mérovingien vers l’ouest. Avant le départ, Dorothée s’exprime : « Saint-Quentin, je te confie la roulotte et les trois gosses. Dirige-toi d’après la ligne rouge que j’ai marquée sur la carte. » sic !

Cette ligne rouge qui va d’est en ouest n’est pas sans être une allusion à celle qui va du nord au sud et qui passe, entre autres, par Saint-Sulpice[1], Rennes-le-Château. Un méridien qui défraye la chronique depuis des décennies. On a alors l’évidence même du Cardo et du Decumanus qui s’impose à nous…

J’ai rejoint Patrick ferté dans sa théorie selon laquelle derrière l’héroïne (Yolande-Isabelle-Dorothée d’Argonne) se cache en réalité une personnalité politique forte de l’époque de la maison de Bar : Yolande. Plus tard, dans la lignée, Charles de Lorraine (4ième des ducs de Guise) épousera Henriette Catherine de Joyeuse détentrice des domaines d’Arques, de Couiza…La Maison de Bar entre alors dans le secret des mystère audois. Précisons que Charles de Lorraine eut Robert Fludd comme précepteur !

10. Au chapitre suivant, vous abordez Rennes-le-Château… puis revenez magnétiquement, presque par aimantation intime en Argonne… Pourriez-vous dire que le secret de RLC contient en son sein, un secret d’Argonne… un secret visiblement zodiacal, solsticial, cyclique ? Le secret d’un retour… le signe des gémeaux, je pourrais dire des jumeaux,— puisque vous abordez avec une certaine insistance pour ne pas dire une insistance certaine, Castor et Pollux—, est très présent… Pouvez-vous nous faire une révélation au sujet de ces bessons qui semblent vous préoccuper tant ?

La question est aussi limpide que la réponse va être complexe parce qu'en fait, à l'instar des travaux laissés en suspens sur l'Argonne, cette référence à un retour est prévue dans un ouvrage que j'entamerai après celui consacré aux Mystères Parodiens. Il portera le titre suivant : « Varennes ou le Grand Œuvre Solaire de Louis XVI. »

On peut répondre par l’affirmative à la question concernant la présence d’un zodiaque centré sur l’Aude. Il est une sorte de résonance à celui qui couvre l’Argolide des Gaules que j’ai défini à partir du village de Clermont-en-Argonne, longtemps apanage de la Maison de Bar et de Lorraine.  

Ce zodiaque permet aussi de morceler la région de l’Aude et de révéler des lieux en analogies avec les Signes, les éléments qui les régissent etc… Cette notion de Zodiaque est présente dans le roman La Comtesse de Cagliostro mais sous forme de Cromlech. Le roman fait état du chandelier à sept branches qui est représentatif des sept étoiles de la Grande Ourse ou Septemtriones. Par intuition, mais aussi par canalisation médiumnique, j’ai fini par transposer les sept étoiles sur sept des citadelles et châteaux de l’Aude et de l’Ariège.

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Ainsi, les jumeaux Castor et Pollux sont-ils représentés par les citadelles de Montségur et de Puylaurens qui, dans leur aspect vu du ciel, forme une sorte de gémellité pour le moins troublante.

En fait, je n’ai pas tant cherché à développer cette notion de double, de gémellité, c’est au fil de mes recherches et au travers les nombreux domaines qui structurent l’ouvrage qu’elle s’est imposée comme une évidence, comme une assertion qu’il convenait de donner à la réflexion des lecteurs!

 

L'ouvrage est disponible sur de nombreux sites : https://www.fnac.com/a18082701/Arsene-Lupin-Maurice-Leblanc-et-le-savoir-perdu-Le-code-Arsene-Lupin-Arphays ; https://www.cultura.com/p-le-code-arsene-lupin-maurice-leblanc-et-le-savoir-perdu-9782380158083.html ; https://www.e.leclerc/fp/le-code-arsene-lupin-maurice-leblanc-et-le-savoir-perdu-grand-format-9782380158083 ; https://www.amazon.fr/code-Ars%C3%A8ne-Lupin-Maurice-Leblanc/dp/2380158088 ; https://www.eyrolles.com/Loisirs/Livre/le-code-arsene-lupin-9782380158083/ ; https://www.decitre.fr/livres/le-code-arsene-lupin-9782380158083.html ; https://www.mollat.com/livres/2902965/arphays-le-code-arsene-lupin-maurice-leblanc-et-le-savoir-perdu et sur le réseau : https://www.leslibraires.fr/livre/22445708-le-code-arsene-lupin-maurice-leblanc-et-le-savoir-perdu-arphays--editions-de-l-opportun en ligne et sur près de 170 points de vente proches de chez vous.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Concernant l’Argonne, le village où j’ai grandi comporte une plaque. Ici est né Charles-François Delacroix, Homme politique et père du célèbre peintre Eugène Delacroix. Or certaines fresques de l’église Saint-Sulpice, comme celles de Signol, laissent songeuses.

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