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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #SACRE COEUR

 

LA SOCIÉTÉ DU RÈGNE SOCIAL DE JÉSUS-CHRIST.

Buste du Révérend Père Victor Drevon. Musée Hiéron du Val d'Or.

Buste du Baron Alexis de Sarachaga. Musée Hiéron du Val d'Or.

On était alors au lendemain de la guerre de 1870. La France vaincue d'hier, mais « dont les maladies ne vont jamais à la mort », comme le déclarait Pie X[1] ; qui « fluctuât sed non mergitur », selon sa fière devise[2], se tournait vers le signe que Léon XIII devait appeler le « Labarum des temps modernes [3]», vers ta Sacré-Coeur de Jésus.

Déjà, au plus fort de la tourmente, MM. Rohault de Fleury et Legentil avaient fait voeu d'ériger, à Montmartre, le Temple de réparation et d'impétration nationales. Or, en 1872, vivait un fervent religieux, frère, disciple, et émule du P. de la Colombière, le R. P. Drevon S. J., descendant par sa mère de Bayard, le Chevalier sans peur et sans reproches ; il en avait l'envergure d'idées et la tenace bravoure.

Passionné de l'Eucharistie, il avait déjà fondé la Communion Réparatrice qui, absorbée ensuite par « l'Apostolat de la Prière », allait bientôt se répandre sur le monde entier.

Habitué à créer de vastes mouvements, il méditait souvent et profondément devant Jésus-Hostie exposé là où jadis, en 1689, Il avait dit : Je veux que mon Coeur soit adoré dans le Palais des Grands... Je veux les Consécrations et les Hommages... Je veux régner... Je régnerai malgré mes ennemis[4]...

Sans doute, le P. Drevon entendait déjà le murmure grandissant du voeu de Montmartre, les négociations du Cardinal Guibert, les prières particulières qui jaillissaient de tous côtés au Sacré-Coeur, Mais cela ne suffisait pas à l'Apôtre de l'Eucharistie.

Il voulait que « tout cela » éclatât en public ; il voulait procurer à son Roi les Hommages officiels, la pompe qu'il a daigné réclamer[5]. La Chambre des députés est devenue le Palais du peuple français. C'est à la Chambre des députés qu'il veut faire prescrire des Prières publiques ; mieux que cela, il attirera les députés, représentants de la nation, à Paray-le-Monial même ; il courbera leur tête devant le Christ vivant dans l'Hostie que viendront également acclamer les foules...

Et, parce qu'il était profondément humble, détaché de tout amour-propre, l'Eucharistie réalisa par ce religieux lié par l'obéissance et la pauvreté, cette chose que ses supérieurs estimaient d'une irréalisable beauté. En 1873, il avait, au prix de quelles démarches ? Dieu le sait ! gagné deux cents députés à son idée.

Le 20 juin, deux mille prêtres et trente mille pèlerins, répondant à ses appels, envahissaient la petite cité sainte, le jour même de la fête du Sacré-Cœur, et ponctuaient la consécration lue par Mgr l'évêque d'Autun[6] par ce cri répété : «Ô Jésus, Vous serez notre Roi ! Le pèlerinage de Paray-le-Monial était créé.

Le 29 Juin de la même année, les deux cents députés dont nous avons parlé, faisaient, par la voix de M. de Belcastel et de cinquante des leurs, hommage au Sacré-Coeur de leur patrie, de leurs biens et de leurs personnes, à l'endroit même où Notre-Seigneur avait réclamé ce culte social.

Bientôt après, ces fiers chrétiens, grandis eux-mêmes par l'acte généreux qu'ils venaient d'accomplir, faisaient décréter des prières publiques par l'Assemblée Nationale, et reconnaître par elle l'érection de Montmartre comme étant d'utilité publique[7]. Nul ne peut dire la profonde influence de cette grande Manifestation.

Elle fut le germe de deux Œuvres providentielles : « Les Congrès Eucharistiques internationaux [8]» et « La Société du Règne de Jésus-Christ » qui, nous occupe actuellement.

En effet, au soir de ces journées inoubliables, par lesquelles le P. Drevon inaugurait magnifiquement les pèlerinages à Paray-le-Monial, inusités jusqu'alors et commençait le grand mouvement qui ébranlera nos sociétés et les ramènera vers leur Roi[9], son zèle inlassable lui faisait ébaucher la pensée d'un organe qui stabiliserait et approfondirait ces reconnaissances passagères de la Royauté d'amour de Jésus-Christ.

Or, Dieu ne se laisse pas vaincre en générosité. Lorsqu'il voit une âme dépouillée d'elle-même et se déclarant servante inutile, après des réussites dont II garde ainsi toute la gloire, Il lui procure les éléments d'oeuvres nouvelles. C'est ainsi que, par une providentielle attraction, le deuxième fondateur de la Société du Règne Social de Jésus-Christ, le baron Alexis de Sarachaga s'était senti pressé, en visitant, à la Wartburg, le tombeau de sainte Elisabeth de Hongrie, de se rendre à Paray-le-Monial, pour demander au Sacré-Coeur d'orienter sa vie, après sa toute récente conversion.

C'était une figure aussi originale qu'intéressante que celle de ce jeune homme de trente-deux ans. Né à Bilbao, en Espagne, d'une fort ancienne famille, Alexis de Sarachaga descendait, par son père, d'un frère de sainte Thérèse, et par sa mère, des princes russes Lobanof de Rostof.

Orphelin à l'âge de sept ans, son enfance avait été singulièrement ballottée, entre le palais Mac-Donald où habitait, à Florence, la princesse Lobanof sa grand-mère, la pension Coulon, à Paris, près des Invalides, et Prestro, dans une baie de Norwège, dont il goûtait particulièrement les habituelles distractions de patinage et de traversées maritimes. Puis, il était entré à l'Ecole Polytechnique de Fribourg, et, réussissant dans les sciences comme clans les lettres, en sortait ingénieur.

Il parcourt alors les capitales de l'Europe où il se perfectionne dans les sept langues vivantes qu'il parlait aisément, et finit, après avoir passé trois studieux hivers à Rome, par se fixer à Madrid, au Ministère des Affaires Etrangères, sous la direction de M. Merry del Val, père de Péminent Cardinal de ce nom.

Là, de 1867 à 1870, et sans négliger ses devoirs professionnels, Alexis de Sarachaga, auquel sa naissance et sa fortune ouvraient les salons de la Cour, se laisse entraîner par les plaisirs du monde. Dès le 5 Décembre 1867, il écrit à sa soeur, baronne de Truchess et dame d'honneur de la princesse de Bavière-: « Je suis tellement lancé dans le tourbillon que mon clan ne nie laisse plus m'arrêter (sic) et je reste avec lui sans haleine». — Et encore : « Outre les invitations diverses, je vais deux fois par semaine chez les Volskonsky ; le dimanche chez la comtesse de Montijo, le lundi chez le Ministre de Russie, le vendredi chez les Scafani !»

Mais de temps à autre, la nature noble et généreuse de Sarachaga lui fait jeter un cri de regret sur la vie mondaine qui l'enlace et le disperse.

« L'existence que j'ai menée, déclare-t-il à ses parents, a été si agitée, si frivole... qu'elle a eu pour résultat la, fatigue et un désordre abominable. C'en est assez ! Les bals, les soupers, les nuits blanches, le Carnaval et son cortège ont passé devant nous, nous entraînant dans leur course, mais nous les abandonnons sans peine... quel bonheur de redevenir maître de soi! et du temps dont on dispose à son gré !... ».

Entre temps d'ailleurs, il traduisait Macaulay, « l'Etat libre dans l'Eglise libre » de Gladstone, et versait dans les erreurs irrédentistes socialistes qui fermentaient alors dans la Péninsule.

Il ne fallait rien moins, pour l'éclairer, que la mêlée révolutionnaire, la vue du sang répandu avec férocité, le meurtre du général Prim, les intrigues pour placer sur le trône d'Espagne un Hohenzollern...

D'ailleurs, il ne rencontrait pas davantage à Paris, la paix qu'il était venu y chercher. La guerre de 70 éclatait, suivie des horreurs de la Commune... Désabusé des luttes politiques auxquelles il s'était mêlé, Sarachaga se réfugia à Saint-Pétersbourg. La Providence l'attendait là[10].

Un matin de l'année 1872, son valet de chambre vint l'avertir qu'on avait trouvé, à la porte de sa demeure, un enfant, couvert, de givre et mort de froid...

Sarachaga, ému de compassion, prend quelques milliers de roubles et va les porter à des religieux, afin qu'ils secourent les enfants pauvres pendant les rigoureux hivers de Russie.

Étonnés de cette princière générosité, les bons Prêtres lui promettent de célébrer plusieurs fois pour lui le saint sacrifice de la Messe. Et ce fut à l'Oblation de l'Hostie sainte, faite en récompense de sa charité, que Sarachaga attribua toujours l'impulsion qui le fit pénétrer un jour dans une église catholique, dédiée à Saint Georges, patron de son père, où un Dominicain prêchait sur la beauté morale des martyrs. Là, il aperçoit derrière l'autel, Un petit tableau du Sacré-Coeur. Il le regarde, il en est bouleversé...

Eh quoi ? il a été baptisé, il a fait jadis sa Première Communion et depuis lors, lui qui a communié à toutes les vanités de la terre, il n'a jamais communié à l'Amour infini de son Dieu....

Lui qui se dit chrétien il renie tous les jours, par sa vie molle et facile, le sceptre de son Dieu qui est une Croix et son diadème qui est tressé d'épines !...

A la Lumière divine qui l'envahit, sa vie passée ne lui paraît plus qu'ombre et chimères. Avec sa loyauté native, il la confesse à deux genoux, dans une église vouée à sainte Catherine, patronne de sa mère ; il va déposer sa croix de Charles III au tombeau de « la bonne duchesse » de Hongrie, et vient prendre rang parmi les plus humbles pèlerins de Paray-le-Monial.

A la fin du mois de Juin 1873, l'arrière-petit-neveu de sainte Thérèse, tombait aux pieds de l'arrière-petit-fils de Bayard, et lui demandait d'orienter désormais son existence entière selon les divins vouloirs du Christ Jésus.

(A suivre.)

M. DE NOAILLAT, directeur du " Hiéron ".

 

[1] Allocution de Pie X aux Cardinaux français. [2] Devise de la ville de Paris. [3] Encyclique Annum Sacrum, Mai 1899. [4] Lettre 47, lettre 104. Vie et Œuvres de Sainte Marguerite-Marie, tome II. [5] Lettre de Marguerite-Marie, 23 février 1689, et lettre du 17 Juin 1689, toutes deux à la mère de Saumaise. [6] Futur Cardinal Perraud. [7] Loi votée le 25 Juillet 1873 et promulguée le 31 Juillet. [8] Mlle Tamisier l'écrira plus tard au deuxième fondateur de la Société du Règne Social de Jésus-Christ, dans une lettre datée du 29 Juin 1897. [9] Dans l'année 1873, le P. Drevon attira à Paray deux cent mille pèlerins ; nombre Inconnu jusqu'alors et que seules, les fêtes jubilaires de Marguerite-Marie font espérer en 1921. 10] Sa grand-tante Koucheleff était Grande-Maîtresse du Palais.

 

 

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