CALATRAVA (Ordre de).
Don Sanche III, dit le Grand, roi d'Aragon, conquit sur les Maures la ville de Calatrava, dont il confia la garde aux Templiers. Ces derniers, à la nouvelle qu'une puissante armée venait pour l'assiéger, l'abandonnèrent et la remirent
entre les mains du roi, qui la promit en toute propriété à quiconque se chargerait de la défendre. Deux moines de l'abbaye de Citeaux, don Raymon de Burever, abbé du monastère de Sainte-Marie de Hystéro, et don Diégo Velasquez, acceptèrent ces conditions et promirent d'en soutenir vaillamment le siège, aidés de quelques personnes de distinction. Leur courage ne leur fit pas défaut, et ils repoussèrent l'armée ennemie avec un plein succès.
Le roi, satisfait, ratifia la promesse qu'il avait faite et donna la ville à ses défenseurs, ceux-ci s'y établirent définitivement; et reçurent de don Sanche de nouvelles libéralités, qui furent approuvées plus tard par son petit-fils Alphonse IX.
Ce fut à l'aide de ces possessions que les combattants de Calatrava constituèrent régulièrement un ordre religieux et militaire, dont les statuts furent confirmés, le 16 septembre 1164, par le pape Alexandre III. A la mort de don Raymon, qui avait été élu grand maître, les chevaliers de l'ordre lui donnèrent pour successeur don Garces de Aca. En 1213, la ville d'Alcantara leur fut confiée par Alphonse IX; ils la défendirent contre les Maures jusqu'en 1217, et la remirent aux chevaliers de Saint-Julien du Poirier.
En reconnaissance, ces derniers s'unirent à l'ordre de Calatrava, qui s'adjoignit, quelques années plus tard, l'ordre d'Avis, à la suite d'une donation des biens de l'ordre, faite par le grand maître Garces de Aca aux chevaliers de l'ordre d'Avis; enfin, en 1221, l'ordre de Montjoie fut incorporé également à l'ordre de Calatrava, Cette association ne dura pas; des dissensions ·s'élevèrent, En 1385, Jean, roi de Portugal, fut élu grand maître de l'ordre d'Avis par une partie des chevaliers, qui se détachèrent de celui de Calatrava. Ceux d'Alcantara ne tardèrent pas à suivre cet exemple en se nommant un chef, qui reprit le titre de grand maître de l'ordre d'Alcantara; et, bientôt affaibli par ses luttes intestines, la décroissance de l'ordre arriva.
Pour mettre fin à cet état de choses, qui menaçait d'amener la disparition complète de l'ordre, en 1489, le pape Innocent VIII, profitant de la mort du dernier grand maître, en donna l'administration au roi Ferdinand le Catholique, et, peu de temps après, le pape Alexandre VI en adjugea à perpétuité la grande maîtrise à la couronne de Castille.
A la suite de cette mesure, l'ordre entra dans une nouvelle voie de prospérité; et, quoiqu'il ait subi de nouvelles modifications en raison des temps, il est encore considéré aujourd'hui comme -l'un des ordres importants d'Espagne.
CASQUE DE FER (Ordre du).
Cet ordre a été institué en Hesse-Cassel, le 18 mars 1814, afin de récompenser les fidèles services rendus à l'État pendant la guerre. Peu de temps après son institution, il cessa d'être conféré.
Les membres de l'ordre étaient divisés en trois classes : grands-croix, commandeurs et chevaliers.
CHAPELET DE NOTRE-DAME (Ordre du)
Cet ordre, peu important, fut institué à Valenciennes, vers 1520, par quelques bourgeois de ce pays, en l'honneur de la très-sainte Vierge et en mémoire du couronnement de Charles-Quint.
Cette institution est complètement disparue, son existence ayant été de très courte durée.
CHARDON (Ordre du),
ou Ordre de SAINT-ANDRE.
ou Ordre de la RUE.
Cet ordre fut créé en 1440 par Jacques II, roi d'Écosse. Le nom du Chardon ou de la Rue lui vient des armoiries des anciens Pictes ou Scots. Il cessa d'exister après la mort de Marie Stuart, et ne fut rétabli qu'en 1687, par Jacques II, lors de l'incorporation du royaume d'Écosse à celui d'Angleterre. Il ne tarda pas à disparaître de nouveau, mais la reine Anne le reconstitua en 1703, et, vingt ans plus tard, le roi Georges 1er le confirma solennellement et en modifia les statuts.
Cet ordre se compose aujourd'hui d'une seule classe de membres, portant tous le titre de chevaliers.
Il est destiné à récompenser le mérite et les services de la noblesse d'Écosse.
CHARITE CHRETIENNE (Ordre de la).
Henri III, roi de France, créa cet ordre à Paris, en 1589, dans le but de récompenser les officiers et soldats blessés au service de l'État. A cet effet, il leur donna dans cette ville une maison nommée Maison de la Charité chrétienne.
Cette institution, qui inspira plus tard à Louis XIV la fondation de l'Hôtel des Invalides, ne reçut jamais son entière exécution, par suite des troubles qui agitèrent la France à cette époque
CHIEN ET DU COQ (Ordre du).
Clovis 1er, roi de France, ayant reçu le-baptême à Reims, plusieurs seigneurs de la cour imitèrent son exemple, entre autres Lisoye de Montniorenoy, qui créa à cette occasion l'ordre du Chien, signe symbolique de la fidélité, afin de témoigner publiquement celle qu'il portait au roi. Clovis autorisa cette institution.
Quelque temps après cette première fondation, le même seigneur institua l'ordre du Coq, destiné à récompenser les gentilshommes qui l'avaient accompagné aux États généraux assemblés à Orléans. Ces deux ordres n'en formèrent bientôt plus qu'un, sous le nom d'ordre du Chien et du Coq, qui subsista peu de temps et disparut sans laisser de traces.
CHRIST (Ordre militaire du).
Cet ordre est la continuation de celui du Temple, sur les ruines duquel il a été élevé. En 1317, Denis 1er, roi de Portugal, sollicita du pape Jean XXII la permission de rétablir l'ordre du Temple sous le nom d'ordre du Christ, et de le faire rentrer dans la possession des biens saisis. Jean XXII autorisa ce rétablissement, approuva les statuts qui lui furent soumis, et, en 1319, confirma cette institution, se réservant toutefois, tant pour lui que pour ses successeurs, le droit de créer des chevaliers. Cette faculté devint l'origine de la branche pontificale de l’ordre du Christ, qui se confère encore aujourd'hui dans les États romains.
Le chef-lieu de l'ordre, établi primitivement à Castro-Moréno, fut transféré plus tard à Thomar ; les chevaliers suivirent la règle de saint Benoit et se conformèrent en tous points aux statuts de l'ordre du Temple. Le pape Alexandre V les délia du voeu de chasteté. L'ordre du Christ, dès son origine, acquit une grande, célébrité par la conduite de ses chevaliers; ceux-ci possédèrent une puissance considérable et d'importantes richesses. C'est un des ordres qui se sont maintenus jusqu'à nous avec le moins de difficultés les changements survenus dans son organisation sont plutôt dus au progrès du temps, qui les a rendus indispensables, qu'aux divisions intestines des chevaliers, qu'on rencontre si souvent dans l'histoire de la plupart des ordres religieux et militaires. En 1550, le pape Jules III réunit la grande maîtrise de l'ordre du Christ à la couronne de Portugal, dont les rois prirent le titre d'administrateurs perpétuels de l'ordre.
Ainsi que les autres ordres portugais, l'ordre du Christ fut établi au Brésil; mais, depuis les changements survenus dans la situation politique de cette contrée, il y est considéré comme un ordre purement civil, et est devenu la récompense des services rendus à l'État par les nationaux ou les étrangers.
Sécularisé en Portugal depuis 1789, les membres sont aujourd'hui divisés en trois classes: grands - croix, commandeurs et chevaliers. Les membres de l'ordre du Christ délivré en Italie ne forment qu'une seule classe de chevaliers. Chez ces deux nations, il récompense le mérite civil ou militaire.