PIECES JUSTIFICATIVES
DIXIEME et ONZIEME
EXTRAIT
X. Droits honorifiques en l'église d'Outremécourt, pour Messieurs De Landrian.
En 1704, Messire Nicolas De Landrian, prêtre, curé d'Outremécourt, représenta à Mgr Henry Thiard De Bissy, évêque et comte de Toul, que la cure dudit Outremécourt avait été presque abandonnée depuis l'établissement de la ville de La Mothe, par Thibaut, Duc de Bar, vers le milieu du XIIIe siècle, et le village réduit à quelques habitations ; La Mothe ayant été rasée en 1645, Outremécourt se repeupla, mais l'église paroissiale n'existant plus, feu Joseph de Landrian, chanoine de l'église collégiale de La Mothe, donna la chapelle dépendante de la maison autrefois seigneuriale, pour servir d'église paroissiale, de laquelle Jean-Baptiste De Landrian, frère dudit Nicolas, et les héritiers dudit Joseph De Landrian, ont toujours joui des droits honorifiques comme patrons de cette chapelle, qui n'a cessé d'appartenir à ses ancêtres qui la firent bâtir. Cette chapelle, devenue insuffisante, les habitants l'ont supplié d'en faire reconstruire une autre, de sorte qu'on peut le regarder lui et sa famille pour les véritables fondateurs de celte église, l'ayant bâtie et dotée ; qu'il avait de plus soutenu des procès considérables contre les chanoines de La Mothe pour conserver les droits de sa famille, vis-à-vis cette chapelle, et pour tous ceux qui y sont attachés, tant pour lui que pour Damoiselle Claude De Billard, veuve dudit Jean-Baptiste De Landrian, les sieurs Nicolas et Errard De Landrian, écuyers ; Charles-François Du Moulin, aussi écuyer, seigneur d'Affleville
et d'Aingeville, au nom de Dame Claude De Landrian, son épouse ; et Jean-Paul De Greiche, chevalier du Saint-Empire, seigneur d'Hagneville, Bifontaine, Lapouillière et Mouscheu-la-Petite, au nom de Marie De Landrian , son épouse ; offrant encore ledit sieur De Landrian, d'acheter le fonds sur lequel l'église était bâtie, et qui était encore à payer, à condition, et non autrement, qu'après la mort de Damoiselle Claude De Billard, le droit de nommer et présenter à la cure leur sera dévolu.
L'évêque de Toul, considérant toutefois que le droit de patronage était un cas réservé au Pape, arrêta : « Auons accordé et accordons les droits honorifiques dans l'église dudit Outremécourt, à ladite Damoiselle De Billard, et après elle, aux sieurs Nicolas et Errard De Landrian, François Du Moulin et Jean-Paul De Greiche, et dame Claude et Marie De Landrian, leurs épouses, et à leurs successeurs, nés et à naistre, tant qu'il y en aura audit Outremécourt, à l'exclusion de tous autres.
HENRY Evêque, Comte de Toul.
(Sur le diplôme : Du 14 décembre 1704.)
Confirmation desdits droits par son successeur, François, le 12 avril 1707.
XI. Errard De Landrian justifie de ses qualités pour le droit seigneurial de colombier.
Le 18 octobre 1711, Errard De Landrian, écuyer, présenta requête au duc Léopold, pour qu'il plut à S. A. « le maintenir et garder aux droits et possession qu'il a d'un colombier, en sa maison d'Outremécourt, avec défense à toute personne de l'inquiéter.
Il était dit de plus « qu'il n'est pas difficile de conserver à cette maison, qui est l'ancien château des seigneurs d'Outremécourt, laquelle a passé aux auteurs du suppliant « gens de qualité, et qui ont toujours vécu noblement par les charges et emplois qu'ils ont eu dans vos étals» ce colombier, du consentement des habitants du lieu, donné le 21 août précédent, et qui déclarèrent que l'ayeul d'Errard, avait mis ses armes au-dessus de l'entrée principale de son habitation, en place de celle des anciens seigneurs, ajoutant que les terres et héritages qui en dépendaient «ne dîmaient qu'a la treizième gerbe,» ce qui leur était des plus avantageux.
Sur ce, le Duc en son Conseil, déclara : «Auons maintenu et gardé le suppliant au droit et possession où il est, tant par luy que par ses autheurs, d'auoir un colombier à pigeons en sa maison d'Outremécourt, conformément à ses litres des années 1574, 1624, et autres énoncés en la présente requeste. »
» Signé LÉOPOLD du dix auril 1712.
PIECES JUSTIFICATIVES
DOUZIEME ET TREIZIEME EXTRAIT.
XII. Erection du fief de Saint-Alarmont[1], en faveur d'Errard De Landrian.
« FRANÇOIS par, la grâce de Dieu, Duc de Lorraine et de Bar, etc., à tous présens et à venir, salut : notre amé et féal le sieur Errard De Landrian, seigneur d'Aingeville, nous a très-humblement fait remontrer qu'il possède dans le village d'Outremécourt un bien considérable, qui étoit l'ancien château dudit lieu, avec droit de colombier..., suppliant de vouloir luy ériger ce bien en fief, et luy confirmer le droit de colombier, et luy concéder le droit de chasse et de pesche pour sa personne, et voulant le traiter fauorablement, *en considération de son ancienne noblesse, des seruices rendus par ses ancestres aux Ducs nos prédécesseurs, ceux qu'il a rendu lui-même, et l'engager à Nous les continuer..., auons par ces présentes, créé, érigé et décoré, créons, érigeons et décorons, en titre et qualité de fiefs, sous le nom et qualification de fief de Saint-Alarmont, la maison appelée l'ancien château qui lui appartient à Outremécourt..., à laquelle maison nous auons confirmé et confirmons le droit de colombier..., en outre, accordons, octroions et unissons audit fief, le droit de chasse et de pesche personnel, dans l'étendue du ban et finage dudit Outremécourt, pour par ledit sieur De Landrian, ses hoirs, successeurs et ayant cause, possesseur dudit fief, à perpétuité en jouir , auec droits, priuiléges, franchises, exemptions et immunités… » Sy donnons en mandement, etc.
Donnée Lunéville, le 12 juillet 1750. Signé, FRANÇOIS.
XIII. Inscription tumulaire d'Errard De Landrian, et d'Antoine-François, son fils.
Messire Errard De Landrian, écuyer, Conseiller au Bailliage de Bassigny, mourut le 10 février 1748, et son fils messire Antoine-François De Landrian, chevalier, seigneur d'Alarmont, décéda le 22 mars suivant. C'est cette fin, si précipitée qu'on déplore dans leur épitaphe, qui était placée dans la chapelle de Saint-Nicolas, de l'église paroissiale de Bourmont.
Hic Patris et Nati simul ossa quiescunt ;
Landria cum tantis gloria quanta viris !
Jungere cur prolem citiùs voluere parenti,
Fata î quibus dignum vivere semper erat.
Caussidici frustra reboat clamore Senatus
His ducibus, cunctis reddidit aîqua Themis ;
Quoesit est perfecta cupis cognoscere laudem?
Sat dixisse : pater plebis uterque fuit.
Conjugis, hoecsoceri et sponsi coelata sepulchro
Carmina, perpetuum pignus amoris erunt.
Ces vers peuvent être rendus ainsi :
Ici reposent ensemble les restes mortels du père et du fils, avec le renom de leurs ancêtres De Landrian. Par quelle fatalité devaient-ils être si tôt réunis, eux qui méritaient d'être immortels !
La magistrature lorraine s'honora de leur éloquence, comme de leur amour pour la justice. Pour en résumer l'éloge , l'un et l'autre se montra père du Peuple.
Ces mots tracés sur leur pierre tumulaire resteront une preuve constante de l'affection d'un beau-père et d'une épouse, unis dans leur douleur.
[1] Saint-Hilairemont, Alairmont, ou Saint-Alarmont, était le nom d’un château fortifié à la Mothe, et qui en faisoit comme la citadelle, la collégiale de cette ville s’appelait ainsi. Nicolas 1er de Landrian dut un des derniers défenseurs de cette forteresse, et après sa ruine et celle de ses édifices religieux, Nicolas II, son fils, chanoine, reconstruisit une église à Outremécourt avec les débris de la collégiale. François III songeait à perpétuer tous ces souvenirs, et de la ville si héroïquement défendue et les services de ses fidèles et dévoués Lorrains, en créant un fief à Outremécourt, sous ce nom de Saint-Alarmont, qui, alors, résumait tout l’historique de cette fameuse époque.