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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #FRANCE SECRETE-HERMETIQUE

dauphine

 

 

 

 

 

Cette dernière suscription prête à une double interprétation suivant qu'on place ou non une virgule après les mots daufins et daufine. Si l'on y voit la traduction de la formule latine : « Humbertus Dalphinus, Vienne et Albonis comes, » il faut évidemment une virgule, mais en supprimant la virgule on peut tout aussi bien lire « Humbers daufins de Vienne et « Anne daufine de Vienne. »

 

Cette dernière interprétation serait autorisée par la légende du sceau secret d'Humbert Ier qui est « Sigillum secreti Humberti, delphini Viennensis et de Turre domini (1), » et celle du sceau de Jean Ier, son fils, du vivant de son père (1294) « Sigillum Johanmis primogeniti Humberti, dalphini Viennensis (2). »

 

D'autre part, les monnaies attribuées par M. H. Morin (3) à Humbert Ier portent comme légende, au droit « Dalphinus Viennensis, » et au revers « comes Albonis. » Il  est vrai que la date de ces monnaies et leur attribution à Humbert Ier sont douteuses. Cette forme « Delphinus Viennensis » est presque générale dans les actes rédiges en dehors de la chancellerie delphinale.

 

« Nostre amé et féal Humbert, dauphin de Viennois (4),» dit Philippe le Bel dans un acte de 1297. Et ailleurs :

 

1298. Domino Humberto, dalphino Viennensi (5).

1298. « Dalphinus Viennensis, » dit le pape Ctément V (6).

1305. Anna delphina Viennensis et Johannes DALPHINI ejus primo genitus (7).

 

Remarquons cette forme « Johannes DALPHINI, » pour désigner le fils du Dauphin, du vivant de son père. Elle nous amène à formuler cette règle exactement observée pendant les règnes d'Humbert Ier, Jean II, Guigue VII et Humbert II, à savoir que tous les membres de la famille delphinale, hors le prince régnant, portent comme un nom patronymique le nom « Delphinus » au génitif. Donc, en modifiant son sens primitif, en devenant un titre de dignité, synonyme de prince ou de comte, le mot « Dalphinus » est resté pour eux un nom de famille.

 

Nous venons de voir que Jean II porte, du vivant de son père, le nom de « Johannes DALPHINI »Hugues, son frère, seigneur de Faucigny, est ainsi nommé dans son contrat de mariage avec Marie, fille d'Amédée, comte de Savoie (1309) « Hugonem DALPHINI, dominum Fucigniaci (8), et dans un autre acte de 1331 où intervient son neveu Guigue VII « Nos Hugo DALPHINI, dominus terre Fucigniaci et Vizilie.... rogantes excellentem virum Guigonem Dalphinum, carissimum nepotem nostrum (9). »

 

Henri Dauphin, autre frère de Jean II, qui fut évêque nommé de Metz et régent du Dauphiné pendant la minorité de Guigue VII, porte les titres de :

 

1324. Henricus DALPHINI, electus Metensis, regens Dalphinatum (10).

1326. Henricus DALPHINI, Montisalbani et Medullionis dominus,regens Dalphinatum Viennensem (11).

 

Dans son testament daté de 1317, Gui Dauphin, baron de Montauban, quatrième fils d'Humhert Ier, s'intitule «Guido DALPHINI, miles » et il institue pour héritier son neveu « Humbertum DALPHINI, » qui deviendra le dauphin Humbert II (12). Enfin, dans un acte postérieur de quelques jours à la mort d'Humbert Ier, on trouve ce prince designé lui-même sous cette forme « Illustri viro domino Humborto DALPHINI, Vienne et Albonis comite, domino que de Turre, nuper viam universe carnis ingresso (13). »

 

Jean II (1307-1319), fils d'Humbert Ier, et Guigue VII (1318-1333), fils et successeur de Jean II, portent, dans la légende de leurs sceaux et de leurs monnaies, le titre de « Dalphinus Viennensis.

» La légende du sceau de Jean II est « Sigillum Johannis Dalphini Vienensis, Albonis comitis, dominique de Turre (14). »

Celle de ses monnaies est au droit « Johannes Dalphinus Viennensis,» et au revers « U Comes Albonis » et « Sit nomen Domini benedictum (15). Les monnaies de Guigne VII portent au droit : « G. Dalphinus Viennensis, » et au revers « S. Johannes Baptista (16) »

 

Dans les actes on trouve tantôt < »Dalphinus Viennensis, » tantôt « Dalphinus, Vienne et Albonis comes. Ainsi, tandis que la suscription du testament de Jean II, daté de 1318, est «Johannes dalphinus, Vienne et Albonis comes, dominusque de Turre (17), » dans l'acte de fiançailles de Guigne VII avec Isabelle, fille du roi de France Philippe le Long, Jean II prend les titres suivants « Johannes, dalphinus Viennensis, comes Albonis, dominusque deTurre, » et il explique en ces termes qu'il désigne pour son successeur son fils Guigne VII « Et eunden Guigonetum filium nostrum heredem ac successorern cum effectun faciemus in Daphinatu Viennensi, comitatu Albonis ac baronia de Turre (18). »

 

Guigue VII est le plus souvent nomme « Illutris princeps dominus Guigo Dalphinus Viennensis, Albonis comes, dominusque de Turre » ou « Guigo Dalphinus, comes Albonis, delphinus Vionnensis, dominusque de Turre », ou plus simplement « Guigo Dalphinus Viennensis (19). » Il est appelé « le dalphin de Vienne dans un acte passé à Paris en 1338 (20). C'est également sous ce titre qu'il est designé dans les chroniques de Saint-Denis (21) « La septième (bataille) mena le Dauphin de Vienne (à la bataille de Cassel).

 

Avec Humbert II apparaît une dernière transformation dans la suscription des actes émanes du Dauphin. La formule  « delphinus Viennensis, malgré son air décoratif, parut à ce prince fastueux et épris de titres une sorte d'abdication de ses droits sur le comté de Vienne en ce qu'elle supprimait le titre de « comes Vienne. » C'est pourquoi il adopta le premier et le seul la formule «Humbertus Dalphinus Viennensis, Vienne et Albonis comes, ac palatinus (22), et, la jugeant encore trop modeste, il l'amplifia des titres suivants, qu'il fit tous figurer sur la légende de son grand sceau « Sigillum Humberti, dalphini Viennensis, ducis Campisauri, principis Brianconesii, marchionis Cesane, Vienne, Albonis, Graisivodani comitis ac palatini, Vapinceii, Ebredani et Andne comitis et domini baroniaram Turris, Fucigniaci, Montisalbani, Medullionis, Montislupelli (23). »

Son successeur adopta une formule plus brève « Karolus, primogenitus regis Francorum, dalphinus Viennensis (24), laquelle fut désormais de style dans la chancellerie delphinale.

 

CONCLUSION. En ce qui concerne les dauphins de Viennois, DELPHINUS est un prénom emprunté an martyrologe par Guigne IV et adopté par lui comme second nom. Ce surnom est gardé par Guigne V, son successeur. Il n'est pas repris par Albéric Taillefer et Hugues III, ducs de Bourgogne, les deux maris de Béatrix, fille de Guigue V. Mais cette dernière le donne à son fils André, pour rappeler sa descendance des anciens comtes d'Albon. Les Dauphins de la seconde race successeurs d'André, Guigne VI et Jean Ier, portent le plus souvent le nom Delphinus au génitif, ce qui implique qu'ils le considéraient comme un nom patronymique mais déjà, sous Guigue VI, les chancelleries étrangères au Dauphiné le prennent pour un titre de dignité.

 

C'est sous Humbert Ier (1888-1307), chef de la troisième race, que DELPHINUS devient définitivement un titre, en même temps qu'apparaissent pour la première fois les mots Dalfina ou Delfina pour désigner l'épouse du Dauphin, et Dalphinatus ou Delphinatus pour désigner ses états. Toutefois Delphinus reste un nom patronymique pour tous les membres de la famille delphinale autres que le prince régnant.

 

A suivre... 

 

(1). B. Pilot de Thorey, Inv des sceaux, p 34.35. (2). Douët d’Arcq, n° 600. (3). H. Morin. Numismatique féodale du Dauphiné, p 65. (4). Valb., II, 81. (5). Valb., I, 91. (6). Arch de l’Isère, B.3267. (7). Arch. de l’Isère. Série H. Chartes de la chatreuse de S.-Hugon. (8).Valb., I, 199. (9). Ibid., I. 150. (10) Ibid., I, 148. (11). Ibid., I, 210. (12). Arch. De l’Isère. B. 3164. (13). Ibid., B. 2641. (14). Doët d’Arcq, n° 602. (15). H. Morin, p. 67. (16). Ibid., p. 70. (17). Arch. De l’Isère, B.3164. (18). Arch. De l’Isère, B.3164. (19). Valb., I, 209. (20). Arch. de l’Isère, B. 2642. (21). Valb., I, 210-211. (22). Ul. Chevalier, Doc. Hist. Inédits sur le Dauphiné, p. 30. (23). Ed. Paulin Paris, V, 313-314. (24). Arch. de l’Isère, B.3137.

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