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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #EN FAVEUR DE LA MONARCHIE

220px-Montlosier

 

DEUXIEME EXTRAIT.

SECTION TROISIEME.

 

...D’un autre côté, les hommes libres étaient tenus de prêter serment à l’empereur en même temps qu’à leurs seigneurs. Mais cette mesure pouvait ne pas produire tout ce qu’on attendait : l’autorité royale était trop éloignée ; elle se trouvait avec les vassaux particuliers sans rapport habituel et direct. Celles de seigneurs, au contraire, était sans cesse présente. Sous prétexte de défendre les droits de la royauté, il était probable que les comtes tourneraient vers eux-mêmes les avantages que la royauté s’était ménagés. Les routes qu’on avait tracées vers l’autorité royale furent peu fréquentées ; bientôt elles furent désertes.

Ce sont encore là les moindres causes qui amenèrent la chute de la race de Charlemagne. Si on veut suivre la marche des choses, on regardera comme inévitable, 1° la cessation des Champs de Mai ; 2° la prépondérance de tous les grands offices et leur métamorphose en souveraineté.

Il était facile aux Germains de tenue leurs assemblées, et d’y régler les affaires publiques : l’Etat ne s’y composait que d’une peuplade. Il était facile aux Romains et aux Athéniens de s’assembler sur la même place publique : tous les citoyens se trouvaient dans la même enceinte. Sous la première race, tant que les francs furent en petit nombre réunis autour du prince ou en corps d’armée, il leur fut facile de se rendre au Champ de Mars ; mais, dans la suite, lorsqu’ils se trouvèrent disséminés dans la Gaule, et qu’il leur fallut laisser là régulièrement leurs domaines, et entreprendre à grands frais, pour les affaires publiques, des voyages lointains et périlleux, le mécontentement succéda au zèle ; les intérêts particuliers l’emportèrent sur ceux de l’Etat ; les assemblées générales furent d’abord négligées, ensuite abandonnées.

Pour ce qui est de l’hérédité des bénéfices, il est convenu entre les savans de regarder cet événement comme l’effet d’une révolution subite. La cause de cette méprise vient de l’idée peu juste qu’on se fait de la nature de cette possession. Il ne faut pas perdre de vue que le bénéfice était de deux espèces. On pourrait appeler l’un, bénéfice réel : ce qui avait lieu quand un vassal avait réellement reçu, en bienfait du roi, d’un comte, ou d’un seigneur, un domaine quelconque. On peut appeler l’autre bénéfice fictif : ce qui avait lieu lorsqu’un homme libre venait, une branche d’arbre à la main, remettre son alleu à un personnage puissant qui le lui rendait aux charges de la féodalité.

Or, les concessions réelles étaient fort rares, et au contraire les concessions fictives étaient très-communes, et les unes et les autres se pratiquant de toute antiquité, on voit qu’il n’y a eu à cet égard ni révolution ni une éoque précise. Ce prétendu grand événement de l’hérédité des bénéfices sous Charles le Chauve, qu’on croit avoir fait une révolution, est un incident à peine remarquable.

Il faut commencer par faire attention à ce qui composait, dans ce temps, la valeur des biens. Elle était principalement en esclaves, en troupeaux, en bâtimens. Or, la surveillance la plus active ne pouvant prévenir les dégradations dans ceux des bénéfices qui ne se transmettaient pas héréditairement, on s’accoutuma à en souffrir la transmission. Peu à peu il fut impossible de distinguer ceux qui étaient anciennement des propriétés de ceux qui s’étaient effectués que d’une manière fictive. Une même loi les embrassa tous. Les guerres particulières s’étant multipliées, et les dévastations des Normands étant survenues, on fut trop heureux que l’hérédité, en attachant les détenteurs à cette espèce de propriété, assurât ainsi le service militaire, et les autres devoirs qui en dépendaient.

A l’égard des grands offices, tels que les duchés et comtés, depuis long-temps il était établi de s’en procurer la survivance. Il y avait déjà une sorte d’hérédité de fait : une cause que je vais expliquer détermina l’hérédité de droit.

Comme il était libre à tous le monde d’aller offrir ses services, ses biens, sa liberté, ses affaires, sous diverses conditions, à des personnages puissans, il fut naturel de choisir de préférence les comtes, à raison de l’office important dont ils étaient revêtus. Cependant, à mesure que ces comtes recevaient des recommandations, il n’est pas difficile de remarquer que deux qualités se cumulaient entre eux : celle de comte, qu’ils tenaient du roi ; celle de seigneur, qu’il tenait d’eux-mêmes. La première n’étant que précaire, la seconde étant héréditaire et leur appartenant en propre, il est probable que l’une aura fini par s’étendre aux dépens de l’autre. Tout ce qui aura appartenu à l’office n’aura cessé de se réduire ; au contraire l’apanage du seigneur se sera accru. Ces deux titres s’étant enlacés l’un dans l’autre, il n’a plus été possible de les séparer. Charles le Chauve, dont on accuse la faiblesse, n’a fait que déclarer en loi générale un ordre que le mouvement des choses avait amené.

J’ai dit qu’il n’y avait eu, dans cet événement, ni révolution subite, ni effet de faiblesse des Princes. Cependant, pour se développer lentement et progressivement, les grandes causes ne perdent rien de leur importance. Il n’y eut point dans l’Etat, comme sous la première race, un seul grand magistrat ; il s’en créa une multitude. La race de Charlemagne vit bientôt figurer à côté d’elle un duc de France, comme celle de Mérovée avait vu figurer un maire du Palais. Privés de l’appui des assemblées, les princes de cette race ne purent concerter aucune grande entreprise, ni maintenir d’une manière convenable aucun système suivi. Ils se virent, comme la race de Mérovée, sans trésor, sans pouvoir, sans armée. Cette race se conserva ainsi, pendant quelque temps, dans un état de faiblesse de d’insignifiance. Elle devait être renversée, comme elle, à la première grande crise qui viendrait se former ; cette crise fut l’invasion de Normands.

Je ne puis m’empêcher de remarquer, à ce sujet, les destinées de la France. Mérovée y forme quelques établissemens ; c’est après l’avoir délivrée, dans les plaines de Châlons, des Huns et d’Attila. Clovis, son petits-fils, s’y établit tout-à-fait ; c’est après l’avoir délivrée des Allemands à Tolbiac. La race de Charles-Martel s’élève à la place de celle de Mérovée ; c’est après nous avoir délivrés des Sarrazins. La maison Capétienne s’élève ensuite à la place de celle de Charlemagne ; c’est après nous avoir défendus des Normands. Il était dans les décrets de la Providence qu’une autre maison s’élevât à son tour, après nous avoir délivrés de barbares d’un autre genre[1]

 

 

  A suivre.

 

Comte de Montlosier (De la Monarchie Tome 1).

 



[1] Il était aussi dans les décrets de la Providence que cette maison tombât et disparût. Je rendrai compte de cet événement à la fin de cet ouvrage.

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