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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #ARCHITECTURE.

TRAITÉ PRATIQUE DE LE CONSTRUCTION DES ÉGLISES... XAVIER BARBIER DE MONTAULT. 1878

LA

CONSTRUCTION

CHAPITRE Ie r : LE TITRE

1. L'édifice sacré prend différents noms, suivant son importance, sa prééminence, sa desservance et sa destination. Il est indispensable, au début, de bien préciser tous les termes qui reviendront dans ce traité.

2. Le nom d'église convient, d'une manière générale, à tout lieu spécialement affecté au culte public et où tous les fidèles sont admis indistinctement1.

L'église est caractérisée par les conditions suivantes : 1° Elle est propriété de l’Église et ne constitue pas un patrimoine privé. 2° Elle admet les offrandes des fidèles. 3° Elle a un clocher et plusieurs autels fixes et en pierre. 4° Elle peut être le but d'une procession, ce qui est défendu pour les oratoires domestiques. 5e Elle reçoit la consécration des mains de l'évêque. 6° L'ordinaire la visite régulièrement. 7° On pont y établir la cure spirituelle des habitants du lieu. 8° La publicité dépend, non de la position de la porte d'entrée, qui peut ouvrir sur une cour intérieure, mais de la liberté (rentrer accordée à tout le monde ; il suffit pour cela que le propriétaire du lorrain par lequel on passe n'ait pas le pouvoir d'interdire l'accès du lieu saint.

La chapelle, au contraire, a nue destination propre qui l'affecte particulièrement à l'usage d'une communauté, d'une corporation. Si le public peut y assister aux saints offices, la chapelle devient publique.

L’oratoire est essentiellement domestique et privé.

3. Les églises principales se nomment basiliques. On les divise en majeures et mineures, afin d'établir entre elles une hiérarchie.

A Rome, les basiliques majeures ajoutent à ce titre celui de patriarcales, parce qu'elles correspondent aux patriarcats d'Orient.

4. Les cardinaux, prêtres ou diacres, ont chacun, à Rome, une église dont ils prennent possession. Pour les prêtres, cette église se nomme titre ; pour les diacres, diaconie.

5. La cathédrale est la première église d'un diocèse, parce que l'évoque y a fixé son siège. Elle est patriarcale, primatiale, métropolitaine, selon que son dignitaire est lui-même patriarche, primat, métropolitain ou archevêque.

6. Siège d'un abbé, régulier ou commendataire, l'église est abbatiale. Desservie par un chapitre, elle devient collégiale.

Unie à un couvent, elle est conventuelle.

Paroissiale, elle a à sa tête un curé. Matrice, c'est l'église mère du lien, de qui relèvent d'autres églises, dites filiales.

L'église est nationale, quand elle a été fondée par une nation, pour ses besoins particuliers ; stationnale, comme à Rome, si elle est désignée par le missel, pour la station du jour ; réceptive, si elle possède un nombreux clergé séculier.

7. Toute église reçoit de la tradition un qualificatif. Les basiliques majeures sont sacrosaintes ; les autres églises prennent le titre de vénérable. Insigne est une concession du S. Siège à certaines collégiales qu'il veut honorer, et périn-signe une distinction qui ne peut atteindre que quelques basiliques mineures, mais seulement en vertu de la faveur pontificale.

CHAPITRE II L'EMPLACEMENT

1. Le choix d'un emplacement commode, et convenable requiert, de la part de l'ordinaire, la plus sérieuse attention car, selon le Pontifical, lui-même doit le désigner, avant qu'on commence les travaux.

La commodité, requise par S. Charles, s'entend d'un accès facile et de la proximité relative des habitations. On ne pourrait sans inconvénient construire sur le bord d'une grande route ou près d'une caserne, d'un champ de foire ou de maneuvre, etc. Il n'est même pas nécessaire que la situation soit les bruits extérieurs, incompatibles avec le calme et le recueillement qu'exige la prière, publique ou privée.

2. On bâtira, autant que possible, sur un lieu élevé. La plupart des églises de Rome se dressent au sommet des collines.

Les lieux élevés sont les plus sains, parce qu'ils ne sont pas sujets à l'humidité. Ils facilitent aussi l'établissement d'une crypte. De plus, l'église étant en vue de tous côtés, la maison de Dieu se trouve dominer les habitations des hommes. En cela nous continuons les traditions de l'ancienne loi ; les Juifs recherchaient les lieux hauts et le temple de Salomon fut planté sur une montagne. Enfin, symboliquement, la montagne elle-même signifie le Christ, objet d'ascension spirituelle.

3. A défaut d'élévation naturelle, l'architecte en ferait une factice, de façon à obtenir plusieurs marches pour monter jusqu'à la porte. Le monument y gagne comme perspective et assainissement ; de plus on se montre prévoyant pour l'avenir, car il est établi que le sol s'exhausse en moyenne centrale ; un éloignement quelconque amortit singulièrement d'une trentaine de centimètres par siècle[1]. On montait jadis à Notre Dame de Paris, qui est maintenant de niveau avec la rue.

4. Construire à mi-côte est condamne par l'art, à cause de l'écoulement des eaux qui nuirait certainement à l'édifice, à moins de prendre de grandes précautions, telles que terrassements, canaux, etc. Les circonstances peuvent imposer cet emplacement ; il sera sage de s'y soustraire à cause des dépenses qu'il entraine et des inconvénients qu'il présente.

On évitera encore les terrains humides et marécageux, ainsi que le voisinage de l'eau.

5. L'église sera rebâtie où elle fut érigée dans le principe. Ce lieu a été sanctifié par un long usage et la prière continue d'une foule de générations qui s'y sont succédé. Changer d'emplacement est une chose grave, qui ne peut se traiter à la légère et qui est complètement réprouvée par la tradition.

L'Écriture sainte répète avec insistance que le temple, sous Esdras, fut rebâti au mémo endroit : « Sponte obtulerunt in domo Dei ad extruendam eam in loco suo » (Esdras, lib. I, II, 68) — « Domus Dei sedificotur in loco suo » (Ibid., V, 15) — « Ut domum Dei illam aedificent in loco suo » (Ibid. VI, 7),

Quand Pie II, au XVe siècle, fit bâtir la ville de Pienza, en souvenir de son enfance, il ne voulut pas transférer ailleurs l'église paroissiale, ce qui occasionna des frais tellement considérables que la construction, estimée sur le devis dix mille florins d'or, atteignit le chiffre exorbitant de cinquante mille.

CHAPITRE III : L'ISOLEMENT

1. Au point de vue esthétique, il est désirable que les églises soient isolées. Le Pontifical le requiert même pour la cérémonie de bénédiction et de consécration, puisque les murs doivent être aspergés au dehors.

2. Dans la pratique, l'isolement complet et absolu est impossible, car l’église a besoin de dépendances, telles qu'une sacristie, une salle de catéchisme, etc.

Il est même nécessaire, contre les voleurs et les incendies, qu'un gardien ait son habitation attenante à l'édifice sacré, quand il a quelque importance.

Une longue tradition, basée sur la commodité, veut que les évêchés et les monastères soient comme une annexe de l'église. A Rome, aucune église n'est isolée, parce que ceux qui la desservent habitent à côté.

La cure ne peut pas être éloignée de l'église sans inconvénient.

Or sacristie, palais, monastère et logements divers se placent au midi, afin de profiter de la chaleur bienfaisante du soleil. C'est à l'architecte à combiner le tout de manière à ne pas nuire au monument, surtout en masquant les fenêtres.

3. La porte ouverte sur l'église n'est admise que pour en faciliter l'accès et non pour tout autre usage.

4. De même toute servitude étrangère, porte ou tribune, est interdite à qui que ce soit ; un induit pontifical peut seul la rendre légitime.

En principe, les servitudes des églises sont réprouvées formellement par les saints canons. S. Pie V, par sa constitution de l'an 1566, commanda qu'à Rome on fermât toutes les ouvertures ayant vue sur les églises : le cardinal Savelli, alors vicaire de Rome, rendit un décret à ce sujet. L'exemple de l’Église romaine doit servir de règle pour toutes les autres. Ainsi il est généralement prohibé d'ouvrir dos tribunes dans les églises, ainsi que le prouvent nombre de décrets, rendus par les S. S. (!. C. du Concile, des Rites, des Évêques et Réguliers. Celle-ci déclarait, le 5 mars 1619, « qu'on ne concédait pas même aux ducs et aux marquis des fenêtres dans l'église pour entendre la messe et les offices divins. Quoique le droit considère ces tribunes comme une chose oiseuse, il y a pourtant des cas où on les tolère, comme par exemple lorsqu'un patron se réserve un tel privilège au début mémo de la fondation, ou bien lorsqu'il s'agit d'un bienfaiteur non ordinaire, mais insigne. En ce dernier cas, la S. C. concède le privilège tout au plus pour la vie du bienfaiteur, « ad vitam unius vel duorum tantum oratorum, numquam vero in perpetuas aeternitates.

5. Les religieux ont, à hauteur du premier étage, un petit choeur, coretto, où ils récitent l'office et des loges où ils viennent prier. On tolère pour le curé l'ouverture d'une fenêtre à l'intérieur et pour le patron une porte de communication avec son habitation. Fenêtres, loges et choeurs sont soigneusement clos de grilles serrées, en sorte qu'on ne peut y voir personne.

6. Moins une église est isolée, plus le recueillement y est facile. Le bruit extérieur trouble souvent les fonctions sacrées. À tout prix il faut écarter de la place et des rues adjacentes, surtout le dimanche, les marchés, jeux publics et danses, pendant les heures des offices et des messes au moins.

7. La S. C. des évoques et réguliers adressa la lettre suivante, le 24 avril 1763, aux évoques de la Marche : « Il a été représenté à la S. C. que, dans cette province, on tient assez souvent des foires et des marchés près des églises, soit situées à la campagne, soit annexées à des couvents de réguliers, dans lesquels on célèbre quelque fête, où il y a des indulgences ou bien encore où le Saint-Sacrement est exposé, ou des reliques de saints, avec un grand concours de peuple. Les marchands se permettent d'étaler leurs marchandises aux portes mêmes des églises ou tout auprès; ils font beaucoup de vacarme et il y a parfois des rixes et des querelles. Cela dérange les offices divins, les confesseurs, les célébrants et les personnes qui vont prier Dieu dans les églises. On en a fait relation au saint Père. Dans son zèle apostolique, Sa Sainteté a ordonné d'écrire une circulaire à tous les évêques de la Marche, afin qu'ils défendent absolument sous des peines graves un tel abus et qu'ils ne permettent pas qu'on tienne désormais des foires et des marchés à la porte des églises ni aux alentours ; mais qu'on se tienne à une telle distance que les fonctions sacrées et les offices divins n'en soient pas troublés. J'ai l'honneur d'en donner avis à V. E., afin que, dans sa vigilance pastorale, se conformant aux très-pieux sentiments du saint Père, elle veuille bien ordonner qu'on publie et qu'on observe exactement ladite décision dans toutes les localités du diocèse. Puis V. Ë. voudra bien transmettre les informations précises sur la question pour pouvoir en rendre compte au saint Père. )

1 L'abbé Cochet a rendu compte comme il suit, dans la Revue de Fart chrétien (4871, pages 462-463), de l'exhaussement graduel du sol des villes, depuis le commencement de l'ère chrétienne. « A Rouen, on peut dire qu'au centre de la ville le sol s'est élevé en moyenne de 28 à 33 centimètres par siècle. Depuis cinquante ans environ que l'archéologie enregistre des observations bien faites, on a constaté, à partir de la civilisation romaine, une élévation de niveau de près de sept mètres autour de la cathédrale ; de six mètres à S. Herbland, lorsqu'on 1828, on construisit l'hôtel sur remplacement de l'église ; de quatre mètres à S. Etienne des Tonneliers en 1822 ; de quatre mètres dans la rue impériale, près de l'archevêché en 1846 ; de quatre mètres sur la place des Carmes, eu 1818 et en 1839 ; de six mètres à l'Hôtel de France en 1789 et 1818 ; de sept mètres à S.Lô de 1818 à 1824 ; et enfin de cinq mètres au palais de Justice, en 1844.

« Pour nous, à S. Ouen, nous obtenons 5 mètres 30 centimètres et nous sommes dans un faubourg où la sépulture de l'homme et les constructions monastiques forment toute l'élévation.

« Cette moyenne de 33 centimètres par siècle est celle que l’on trouve dans toutes les villes romaines de la Gaule. (L'abbé Cochet, La Seine-Inférieure hist et archéologique, p. 91-99. — Les origines de Rouen, p. 21 à 35.) A Metz l'antique Divodurum, on a constaté une élévation de 5 à 6 mètres en 1805. (Lorrain, Bulletin de la Soc. d'hist. et d'archéol. de la Moselle, année 1865, p. 271.) A Trêves, le niveau s'est élevé de 14 à 20 pieds. (Chanoine Wilmuski, Annales de la Société trèviroise des recherches utiles, année 1864, p. 14.) A Toulouse, l'exhaussement est de 5 à 6 mètres ; à Troyes, l'antique Augustobona, il n'est pas moins de 4 mètres.) Sous le choeur de la cathédrale, on a rencontré un hypocauste à 3m30. {Mem de la Soc. acad. de l'Aube, t. XXX, p. 4 à 40 et p. 6 à 40.) A Rome, c'est bien plus encore.

« Règle générale, qui aidera à expliquer cette élévation du niveau : après les guerres ou l'incendie, nos pères nivelaient toujours le sol, ils ne le déblayaient jamais. »

 

Notre-Dame de l'Épine. Photo ©RhonandeBar

Notre-Dame de l'Épine. Photo ©RhonandeBar

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