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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #HISTORIQUE VILLE

DE QUELQUES FONTAINES DE PARIS. ANCIENNES ET NOUVELLES.

DESSINS AU TRAIT PAR M. MOISY. TEXTES ET DESCRIPTIONS HISTORIQUES PAR M. AMAURY DUVAL.

FONTAINE DE SAIX.

PLANCHE V et VI.

La place Dauphine, au centre de laquelle s'élève la fontaine de Desaix, formait encore, au temps de Charles IX, une partie des jardins du Palais. Là se terminait la pointe de l'île, qui plus tard a été prolongée jusqu'à l'extrémité du terre-plein du Pont-Neuf, par la réunion de deux autres petits îlots, que le temps avait séparés de la Cité, ou qui peut-être avaient été formés par les alluvions du fleuve. L'un de ces petits îlots, dont le nom n'est pas bien déterminé, mais que l'on connaît plus communément sous la dénomination de l'ile aux Tuiles, est célèbre pour avoir servi de théâtre au supplice de Jacques Molay, grand-maître de l'ordre des Templiers. Au même endroit où l’injustice avait consommé un crime, la reconnaissance éleva par la suite une statue au meilleur des rois ; et aujourd'hui la munificence d'un souverain auguste y fait ériger un obélisque magnifique à la gloire des armes françaises.

Le 31 mai 1578, Henri III posa la première pierre du Pont-Neuf, Androuet Ducerceau en était l'architecte. On commença par combler les petits bras de rivière qui séparaient d'avec la Cité les deux îlots dont nous venons de faire mention, afin de former un point de centre qui joignît le pont à ce quartier, et sur lequel reposassent les deux parties du pont. Des travaux si utiles furent suspendus par l'effet des guerres de la ligue, et on ne les termina qu'en 16o4, sous la direction de Guillaume Marchand, architecte. Pour subvenir aux frais d'achèvement de ce pont, Henri IV mit un impôt de dix sous d'entrée par muid de vin.

C'est encore à ce prince qu'on doit les premières places régulières qui aient été faites à Paris. De ce nombre est la place Dauphine, dont il adopta le plan en 16o8, et qu'il dénomma ainsi à cause de la naissance de Louis XIII, alors dauphin de France. On a pu remarquer que les maisons de cette place portent le même caractère d'architecture que celles de la place Royale, également bâties par ordre de Henri IV. Elles sont, l'une et l'autre, construites en briques, avec des chaînons de pierre de taille. La place Dauphine offre la forme d'un triangle aigu, et n'a que deux ouvertures, l'une au milieu de la base (celle-ci fait face à l'une des portes du palais), l'autre, vis-à-vis, coupe la pointe de l'angle, et vient aboutir sur le Pont-Neuf.

La fontaine qui décore le milieu de cette place est un monument triomphal érigé en 18o2, à la mémoire du général Desaix, par le patriotisme d'un certain nombre de souscripteurs qui se réunirent pour en faire les frais. Ils ouvrirent un concours où l'on appela tous les artistes. Aussi plus de cent dessins furent envoyés, et exposés pendant plusieurs jours sous les yeux du public. Une commission d'artistes fut juge du concours. Le dessin de la fontaine que nous voyons aujourd'hui sur la place, lui parut mériter le prix. Si quelque chose doit dégoûter des concours, c'est assurément le résultat qu'a eu celui-ci. On croyait avoir employé tous les moyens de se procurer le plan d'un monument parfait; comment se fait-il que le goût même le moins sévère ne puisse avouer la fontaine Desaix ?

A la vérité, c'était déjà manquer de goût que de proposer d'ériger une fontaine à la mémoire d'un guerrier mort dans les combats. Qu'on lui consacre une statue, un tombeau, rien de mieux ; mais une fontaine !

« Desaix, dit M. Denon, dans son voyage d'Égypte, n'était point l'enfant gâté

«de la fortune ; son étoile était nébuleuse». Eh quoi ! un sort fâcheux l'aurait-il donc poursuivi au-delà du tombeau ? Jusqu'ici le mauvais goût a présidé à tous les monuments érigés en son honneur. Nous signalons surtout cette fontaine comme un exemple dangereux à suivre, parce qu'elle est l'ouvrage d'un homme de talent, de M. Percier, chef de la plus nombreuse école d'architecture.

Ce monument s'élève au milieu d'un bassin circulaire où l'eau tombe par quatre mascarons de bronze. Au pied du soubassement sont gravés dans toute la circonférence, sur une plinthe de marbre, les noms des souscripteurs. Au-dessus est un piédestal rond comme le soubassement, mais un peu en retraite, et autour duquel se déroule un bas-relief, formé d'un trophée d'armes modernes, de la figure du Nil, de celle de l'Éridan, et de deux génies qui inscrivent dans des cartouches les noms des principales victoires remportées par ce général.

Sur la face principale on lit dans un autre cartouche : A Desaix, et plus bas les paroles mémorables qu'il prononça un moment avant d'expirer : Allez dire au premier Consul que je meurs avec le regret de n'avoir point assez fait pour la postérité.

Le piédestal supporte un groupe composé du génie militaire représenté sous la figure d'un jeune homme ayant la tête casquée, et posant une couronne de lauriers sur le buste de Desaix. Toute la sculpture de ce monument est de M. Fortin.

Les inscriptions suivantes sont gravées sur les deux côtés principaux du  premier soubassement. Telle est l'intempérie de notre climat, qu'elles sont déjà devenues presque illisibles.

L. CH. ANT. DESAIX,

NÉ A AYAT, DÉPARTEMENT DU PUY-DE-DÔME,

LE XVII AOUST M. DCCLXIII ;

MORT A MARENGO

LE XXV PRAIRIAL AN VIII DE LA RÉPUBLIQUE

M. DCCC.

CE MONUMENT LUI FUT ÉLEVÉ

PAR DES AMIS

DE SA GLOIRE ET DE SA VERTU,

SOUS LE CONSULAT DE BONAPARTE

L'AN DIX DE LA RÉPUBLIQUE

M. DCCCII.

LANDAU, KEHL, WEISSEMBOURG,

MALTE,

CHEBREIS, EMBABÉ,

LES PYRAMIDES,

SEDIMAN, SAMANHOUT, KENÉ,

THÈBES, MARENGO,

FURENT LES TÉMOINS DE SES TALENTS

ET DE SON COURAGE.

LES ENNEMIS

L'APPELAIENT LE JUSTE ;

SES SOLDATS, COMME CEUX DE BAYARD,

SANS PEUR ET SANS REPROCHE.

IL VÉCUT, IL MOURUT

POUR SA PATRIE.

La fontaine Desaix s'alimente en partie des eaux de la Samaritaine, en partie de celles que fournit l'aqueduc d'Arcueil, dont des tuyaux passent dans toute la longueur du Pont-Neuf, et vont servir, de l'autre côté de la rivière, quelques autres fontaines.

FONTAINE DE LA RUE DE SÈVRES.

PLANCHE VII

Cette fontaine, du nombre de celles dont l'Empereur a ordonné l'érection en 18o6, est située rue de Sèves ou de Sèvres, un peu plus haut que les Incurables, hospice fondé en 1734, par le cardinal de Larochefoucauld. Elle présente dans son ensemble une porte de temple égyptien, dont la baie sert de niche à une statue qui tient un vase de chaque main, et en verse de l'eau dans une cuvette demi-circulaire. Le trop-plein de ce réservoir se vide par un mascaron en bronze, représentant une tête de lion ou de sphinx égyptien.

Il n'y a pas vingt ans que cette fontaine aurait paru bizarre ; elle plaît aujourd'hui. On ne saurait la voir sans se rappeler une expédition mémorable.

Heureuse l'idée de rattacher ainsi aux monuments publics d'intéressants souvenirs, quand toutefois ils n’altèrent point le caractère de ces monuments ! Mais, en applaudissant à l'intention de M. Bralle, qui a cherché un des premiers, à reproduire ici un genre d'architecture tout nouveau pour les Français, des gens de goût auraient désiré dans sa composition plus de noblesse, d’élégance, et de développement. Dans plusieurs ouvrages, et notamment dans l'atlas de l'excellent voyage de M. Denon, il eût été facile de prendre de meilleurs modèles. Pourquoi, demandent-ils, une clé si massive et si lourde au-dessus de la niche ? Pourquoi dans les pieds-droits, une moitié en avant-corps, et l'autre en arrière ? La mesure était-elle rigoureusement donnée pour s'astreindre à une proportion si petite ? Ce qui frappe d'abord dans les monuments de la

Haute-Égypte, c'est la grandeur, l'étendue. Qui reconnaîtra jamais là une copie de la porte de ces temples si vastes ? L'entrée d'un temple monolithe,

c'est-à-dire d'une seule pierre, est beaucoup moins resserrée. Nous ajouterons qu'il est étonnant que l'artiste qui a imaginé d'ajuster, dans le goût du globe ailé, l'aigle impérial, n'ait point cherché à placer dans tout son monument quelques hiéroglyphes. Les pieds-droits lui fournissaient une page à remplir ; il aurait pu essayer de représenter, au moyen de la sculpture en creux, quelque sujet analogue à l'érection de la fontaine. Avec du goût, cet essai pouvait devenir heureux.

La statue qui décore la niche, et à laquelle on n'a fait qu'ajouter un vase à chaque main, est une copie en pierre faite par M. Beauvallet, d'après la figure en marbre pentélique qui est au musée Napoléon. On nous saura gré sans doute de placer ici, sur ce beau morceau d'antiquité, quelques détails extraits du livret du Musée, ouvrage auquel a travaillé M. Visconti.

Antinoüs, jeune favori d'Hadrien, s'était jeté dans le Nil, et avait volontairement sacrifié sa vie pour prolonger celle de son maître. Touché d'un dévouement si rare, l'Empereur voulut en éterniser la mémoire, en lui élevant des statues et des temples, et en bâtissant en l'honneur de son favori la ville d'Antinopolis. Cette statue, l'un des nombreux monuments de la reconnaissance de ce prince, représente Antinoüs en divinité égyptienne. Il est debout dans l'attitude ordinaire des dieux égyptiens, et nu à l'exception de la tête et de la ceinture, qui sont couvertes d'une espèce de draperies ornées de plis ou canelures parallèles, faites peut-être pour imiter les étoffes rayées de noir et de blanc dont les habits sacrés étaient formés.

Cette statue étant en marbre blanc contre l'usage des Égyptiens qui exécutaient toujours celles de leurs divinités en marbre de couleur, on pourrait conjecturer qu'on a voulu y représenter Antinoüs sous la forme d'Orus, le seul dont ils faisaient les images en marbre blanc, comme étant le dieu de la lumière. Au surplus, quoique dans la composition et l'attitude de cette figure on ait cherché à imiter la manière des anciens ouvrages de l'art égyptien, la beauté des formes, la belle exécution des détails indiqueraient assez qu'elle n'en est qu'une imitation de style grec, lors même que le portrait bien connu d'Antinoüs ne servirait pas à en constater l'époque précise.

Cette belle figure est tirée du musée du Capitole ; elle a été découverte en

1738, à Tivoli, dans la Villa Hadriana. On a donné une couche de bronze à la copie en pierre.

La fontaine de la rue de Sèvres s'alimente de l'eau qu'envoie dans une grande partie du faubourg Saint-Germain la pompe à feu de Chaillot.

FONTAINE DITE DU MARCHÉ-AUX-CHEVAUX.

PLANCHE VIII.

Dans le nombre des nouvelles fontaines érigées en 18o6 par ordre de l'Empereur, il faut remarquer celle du Marché-aux-Chevaux. Isolée de tout édifice, d'une ordonnance extrêmement simple, elle porte le seul caractère qui convienne à nos fontaines, auxquelles le manque d'eau donnera toujours un aspect d'autant plus ridicule, qu'il sera plus grand et plus théâtral. Le modeste ruisseau s'échappe sans bruit du pied de la montagne, pour aller arroser la prairie ; tandis que le torrent se précipite avec fracas du haut des rochers, et forme ces cataractes imposantes destinées à l'entretien des fleuves. Qu'on s'imagine au lieu du Niagara, la rivière des Gobelins, tombant de deux cents pieds de haut, le spectacle n'aura plus rien que de mesquin et de bizarre. Pourquoi donc ces masses énormes de pierre, ces vastes monuments où l'on ne peut ajuster qu'un très-mince robinet !

Parturiunt montes, nascetur ridiculus mus.

L'architecte, auquel on doit la composition de cette fontaine, a été heureusement inspiré. Empressons-nous de l'en féliciter. Rarement nous aurons les mêmes éloges à faire. L'auteur de presque toutes les nouvelles fontaines est loin d'avoir montré, dans la plupart, autant de discernement et de goût.

Si l'on en excepte la moulure servant d'encadrement, ici rien d'inutile, de superflu. Pour toute masse, une borne dans le goût antique; pour toute déco ration un aigle sculpté en relief dans une couronne de lauriers, ornement d'un bon effet, et qui sert à rappeler sous quel règne cette fontaine a été construite. Un simple mascaron de bronze, appliqué au bas de la borne et un peu au-dessus du soubassement, laisse échapper un filet d'eau qui tombe dans un bassin quarré placé en avant. Peut-être le voisinage du Marché-aux

Chevaux eût-il exigé un récipient plus spacieux; au-lieu de cette petite cuvette quarrée, un bassin circulaire, au centre duquel se serait élevée la borne, eût été plus commode, plus convenable. Par ce moyen, on aurait pu abreuver, à-la-fois à cette fontaine plusieurs chevaux, sans gêner la circulation continuelle des citoyens que les besoins domestiques appellent à puiser de l'eau.

Au reste, cette observation critique est peut-être la seule qu'on puisse se permettre sur ce monument, qui, si l'on plantait derrière quelques massifs d'arbres, deviendrait l'un des plus pittoresques, comme il est déjà l'un des mieux conçus.

Le Marché-aux-Chevaux, qui a donné son surnom à cette fontaine, se tenait encore en 1687 dans une partie de l'emplacement qu'occupent les rues Gaillon, d'Antin et des Petits-Champs. Plus tard il fut transporté sur le terrain où nous le voyons encore aujourd'hui ; mais pendant longtemps ce terrain resta vague et non circonscrit. On doit à M. de Sartines d'y avoir fait observer de bons règlements de police, et de l’avoir fait planter d'arbres. Ces travaux furent exécutés en 176o; avant ce temps, le Marché-aux-Chevaux était impraticable pendant la mauvaise saison.

On ne saurait trop rendre raison du motif qui a fait appeler cette fontaine, fontaine du Marché-aux-Chevaux, plutôt que fontaine du Jardin des Plantes.

Outre que ce dernier surnom eût été plus noble, il semble mieux convenir encore en ce que ce monument est situé à l'extrémité de la rue du Jardin des

Plantes, où elle sert de point de vue, tandis qu'il ne laisse point d'être assez éloigné du Marché-aux-Chevaux.

Cette fontaine est alimentée par les eaux réunies de la pompe Notre-Dame, et de celle du Gros-Caillou.

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