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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #HISTORIQUE VILLE

LA CITÉ DE  CARCASSONNE. EUGÈNE-EMMANUEL VIOLLET LE DUC.

 

HISTORIQUE

 

DESCRIPTION DES DÉFENSES DE LA CITÉ...suite

 

...Ces précautions eussent été inutiles là où l'ennemi no pouvait se présenter qu'en petit nombre par suite des escarpements de la colline. Du côté méridional, l'ennemi, en supposant qu'il se fût emparé de l'enceinte extérieure, pouvait combler une partie des fossés, détruire un pan de mur de l'enceinte extérieure et faire approcher de la muraille intérieure, sur un plan incliné, un de ces beffrois de charpente recouverts de peaux fraîches pour les garantir du feu et au moyen desquels on se jetait de plain-pied sur les chemins de ronde supérieurs. On ne pouvait résister à une semblable attaque, qui réussit mainte fois, qu'en réunissant, sur le point attaqué, un nombre de soldats supérieur aux forces des assiégeants. Gomment l'aurait-on pu faire sur ces étroits chemins de ronde? Les hourds brisés, les merlons entamés par les machines de jet, les assiégeants se précipitant sur les chemins de ronde, ne trouvaient devant eux qu'une rangée de défenseurs acculés a un précipice et ne présentant qu'une ligne sans profondeur à cette colonne d'assaut sans cesse renouvelée! Avec ce supplément de chemin de ronde qu'on pouvait élargir à volonté, il était possible d'opposer à l'assaillant une résistance solide, de le culbuter et de s'emparer même du beffroi.

C'est dans ces détails de la défense pied à pied qu'apparaît l'art de la fortification du XIe  au XVe siècle. En examinant avec soin, en étudiant scrupuleusement, et dans les moindres détails, les ouvrages défensifs de ces temps, on comprend ces récits d'attaques gigantesques que nous sommes trop disposés à taxer d'exagération. Devant des moyens de défense si bien prévus, si ingénieusement combinés, on se figure sans peine les travaux énormes des assiégeants, les beffrois mobiles, les estacades et bastilles terrassées, les engins de sape roulants, tels que chats et galeries, ces travaux de mine qui demandaient un temps considérable, lorsque la poudre à canon n'était point en usage dans les armées. Avec une garnison déterminée et bien approvisionnée on pouvait prolonger un siége indéfiniment. Aussi n'est-il pas rare de voir une bicoque résister pendant des mois à une armée nombreuse. De là, souvent, cette audace et cette insolence du faible contre le fort et le puissant, cette habitude de la résistance individuelle qui faisait le fond du caractère de la féodalité, cette énergie qui a produit de si grandes choses et un si grand développement intellectuel au milieu de tant d'abus.

Indépendamment des portes percées dans l'enceinte intérieure, on comptait plusieurs poternes. Pour le service des assiégés,—surtout s'ils devaient garder une double enceinte—, il fallait rendre les communications faciles entre ces deux enceintes et ménager des poternes donnant sur les dehors, pour pouvoir porter rapidement des secours sur un point attaqué, faire sortir ou rentrer des corps, sans que l'ennemi pût s'y opposer. En parcourant l'enceinte intérieure de Carcassonne, on voit un grand nombre de poternes plus ou moins bien dissimulées et qui devaient permettre à la garnison de se répandre dans les lices par une quantité d'issues facilement masquées, ou de rentrer rapidement dans le cas où la première enceinte eût été forcée. Entre la tour du Trésau du côté nord et le château, nous trouvons deux de ces poternes, sans compter la porte de Rodez. L'une de ces poternes donne entrée dans le fossé du château (fig. 16), l'autre à côté de la tour n° 26. Entre le château et la tour n° 37 est une poterne donnant également dans le fossé du château. Entre la porte de l'Aude et la porte Narbonnaise (côté ouest et sud de l'enceinte intérieure) on trouve la poterne Saint-Nazaire décrite plus haut; entre les tours 44 et 45, une poterne communiquant à un escalier à vis, et entre les tours 50 et 52, une construction saillante n°51, qui contenait un escalier de bois, communiquant à de vastes souterrains dont l'issue extérieure est placée à côté de la tour de l'enceinte extérieure n° 19, au niveau du fond du fossé et dont deux galeries débouchaient dans les lices. Cette dernière poterne avait une grande importance, car elle mettait les chemins de ronde supérieurs en communication directe, soit avec des lices, soit avec les dehors. Aussi, en arrière de la porte donnant dans l'angle de la tour 19, est une salle voûtée, vaste, pouvant contenir une quarantaine d'hommes armés.

De plus, il existe une poterne mettant les lices en communication avec le fossé, à l'angle de rencontre de la courtine de droite avec le donjon de la Vade n° 18. Il y avait une poterne au côté droit de la grosse tour n° 4 de l'enceinte extérieure, une poterne très-relevée au-dessus de l'escarpement percée dans le mur extérieur de la porte de l'Aude et qui exigeait l'emploi d'une échelle, et la poterne encore ouverte dans l'angle de la tour n° 15, ainsi qu'il a été dit plus haut. En ajoutant à ces issues la grande barbacane du château n° 8, on voit que la garnison pouvait faire des sorties et se mettre en communication avec les dehors, sans ouvrir les deux portes principales de l'Aude et Narbonnaise.

Avant de passer à la description du château, il est nécessaire de nous occuper de l'enceinte extérieure qui présente également un intérêt sérieux.

De cette enceinte extérieure, la tour la mieux conservée (elle est intacte sauf sa couverture) est celle de la Peyre n°19. Cette tour, comme la plupart de celles dépendant de cette enceinte, est ouverte du côté de la ville dans la partie supérieure de manière à ne pouvoir servir de défense contre les remparts intérieurs, et afin que, du chemin de ronde supérieur, on puisse donner des ordres aux hommes postés dans cette tour. Le milieu de cette tour, comme de toutes celles de l'enceinte extérieure, à l'exception des barbacanes, était couvert par un comble, mais le chemin de ronde crénelé était à ciel ouvert en temps de paix et pouvait être garni de hourds en temps de siége.

Ces combles à demeure portaient sur le bahut intérieur du chemin de ronde.

La figure 6 donne la coupe de cette tour de la Peyre.

En M est tracé le profil d'ensemble de cet ouvrage avec le fossé, la crête de la contrescarpe et le sol extérieur formant glacis. On voit comme les meurtrières sont disposées pour couvrir de projectiles rasants ce glacis, et de projectiles plongeants, la crête et le pied de la contrescarpe. Quant à la défense rapprochée, il y est pourvu par les mâchicoulis et des hourds, ainsi qu'on le voit en P. La figure 7 donne le tracé général de cette tour du côté intérieur, les hourds n'étant supposés montés que du côté R.

La tour n° 18, dite de la Vade ou de Papegay, bien qu'elle appartienne à l'enceinte extérieure, est, comme nous l'avons dit, un réduit, un donjon, dominant tout le plateau de ce côté, occupé avant le règne de Saint-Louis, par un faubourg.

Les courtines de l'enceinte extérieure étant tombées au pouvoir de l'assiégeant, la plupart des tours de cette enceinte devaient être facilement prises, car elles ne sont guère défendues à l'intérieur et leurs chemins de ronde communiquent parfois de plain-pied avec ceux des courtines; cependant des portes interrompent la circulation, mais la tour de la Vade est un ouvrage indépendant et d'une grande élévation; il possède deux étages voûtés, deux étages entre planchers, un puits à rez-de-chaussée, une cheminée au deuxième étage et des latrines au troisième. La porte donnant sur les lices pouvait être fortement barricadée et opposer à l'assiégeant un obstacle aussi résistant que la muraille elle-même. L'étage supérieur était muni d'un crénelage à ciel ouvert avec toit au centre. Ce crénelage, qui, en temps de guerre, était muni de hourds, était dominé par le couronnement de la tour n° 48.

Les autres tours de l'enceinte extérieure sont toutes à peu près construites sur le modèle de la tour n° 7, dite de la Porte-Rouge. Cette tour possède deux étages au-dessous du crénelage. La figure 8 en donne les plans à chacun de ces étages. Comme le terrain s'élève sensiblement de a en b, les deux chemins de ronde des courtines ne sont pas au même niveau; le chemin de ronde b est à 3 mètres au-dessus du chemin de ronde a.

En A est tracé le plan de la tour au-dessous du terre-plein; en B, au niveau du chemin de ronde d; en C, au niveau du crénelage de la tour qui arase le crénelage de la courtine e. On voit en d la porte qui, s'ouvrant sur le chemin de ronde, communique à un degré qui descend à l'étage inférieur A, et en e, la porte qui, s'ouvrant sur le chemin de ronde d'amont, communique à un degré qui descend à l'étage B. On arrive, du dehors, au crénelage de la tour par le degré g.

De plus, les deux étages A et B sont mis en communication entre eux par un escalier intérieur h h', pris dans l'épaisseur du mur de la tour. Ainsi les hommes postés dans les deux étages A et B sont seuls en communication directe avec les deux chemins de ronde des courtines. Si l'assaillant est parvenu à détruire les hourds et le crénelage supérieur, et si, croyant avoir rendu l'ouvrage indéfendable, il tente l'assaut de l'une des courtines, il est reçu de flanc par les postes établis et demeurés en sûreté dans les étages inférieurs, lesquels étant facilement blindés, n'ont pu être écrasés par les projectiles des pierrières ou rendus inhabitables par l'incendie du comble et des hourds. Une coupe longitudinale faite sur les deux chemins de ronde, de e en à, permet de saisir cette disposition (fig. 9).

 

 

Figure 6. 7. 8. 9Figure 6. 7. 8. 9
Figure 6. 7. 8. 9Figure 6. 7. 8. 9

Figure 6. 7. 8. 9

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