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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #HERALDIQUE VILLE

 

Photo 011

 

LÉGENDAIRE DE LA

NOBLESSE DE FRANCE


PAR LE COMTE

O. DE BESSAS DE LA MÉGIE

 

PRÉSENTATION


DE LA DEVISE


 Dans tous les pays, surtout en France, on s'est occupé de la noblesse, des hommes spéciaux, des savants érudits nous ont transmis dans des ouvrages remarquables les origines, les généalogies et les alliances des maisons nobles de notre patrie.

Les d'Hozier, les La Chesnaye des Bois, les d'Eschavannes, les Borel d'Hauterive, les Potier de Courcy, les Gourdon de Genouilhac, les Bizemont, les Magny se sont faits les consciencieux historiographes des familles nobles, mais presque tous ont ou entièrement oublié de s'occuper de la devise, ou s'ils l'ont fait, ils n'en ont parlé que très-superficiellement.

La Chesnaye des Bois se contente de nous dire que les devises servirent d'abord à distinguer les personnes considérables et qu'elles furent ensuite des marques de la noblesse des familles.

Cependant la devise est bien antérieure au blason et remonte à la plus haute antiquité.

Peu de personnes étudient la science du blason, pour la plupart même, les armoiries et les figures héraldiques ne sont qu'un langage véritablement hiéroglyphique auquel ils ne

comprennent absolument rien ; tandis que la devise qu'ils entendent très-bien leur est d'un sens tout à fait péremptoire ;  cependant la devise n'est autre chose qu'une armoirie écrite.

Les Grecs et les Romains connaissaient les devises, ainsi des auteurs grecs, entre autres Xénophon, nous ont conservé les devises de Cyrus, de Darius, de Cambyse, de Xercès. Il est donc évident que c'est tout à fait à tort que certains auteurs, comme Fauchet, ont confondu la devise avec les armoiries ; c'est qu'en effet la devise est de beaucoup antérieure à celles-ci qui ne datent, telles du moins que nous les avons et comme chacun le reconnaît aujourd'hui, que de l'époque des premières croisades.

Un auteur italien nous définit parfaitement la devise : c'est, dit-il, la langue des héros, linguagio degli eroi.

L'auteur des Entretiens d'Eugène et d'Ariste nous dit que la devise est le langage des cours : un autre écrivain met tout le secret de la devise dans l'expression laconique et forte d'une pensée noble, sublime ou majestueuse, ayant trait aux exploits d'une famille ou d'un pays.

Il faut donc que la devise rappelle aux familles les actions d'éclat ou qu'elle leur expose énergiquement des sentiments de fidélité, d'honneur, de religion.

La devise était arbitraire dans les maisons nobles, elle ne s'accordait pas du moins toujours avec l'ensemble de l'art héraldique; elle faisait allusion, soit à la personne, soit à ses armoiries, soit à son rôle politique, soit aux traits historiques de ses ancêtres, et il arrivait souvent, comme on le verra dans ce livre, qu'une même famille avait plusieurs devises et même qu'elle en changeait quelquefois.

On en rattache assez généralement l'origine aux expéditions françaises du quinzième siècle, temps auquel la coutume de porter des devises passa de l'Italie à la France, sous Charles VIII.

Rien du reste ne saurait être absolu en pareille matière ; aussi voyons-nous la devise porter le cachet particulier de chaque époque de l'histoire.

C'est ainsi que jusqu'à la renaissance, elles n'ont pour objet que Dieu et la religion ; à cette époque, on y voit poindre la galanterie pour les dames. Depuis Louis XIV, tout se transforme en un culte aveugle pour la royauté, plus tard, la fidélité et le patriotisme s'y dépeignent, et de nos jours, elles prennent une couleur d'orgueil qui a bien aussi son caractère distinctif.

La devise est généralement en latin, parce que cette langue classique a le mérite incontestable d'unir la précision à l'énergie de la pensée, et aussi parce que c'est une langue répandue partout.

Les rois, les reines, les personnages marquants et même de simples particuliers, des familles choisirent des devises qui, selon le cas, furent particulières et propres, ou héréditaires et générales ; de là deux sortes de devises, les particulières et les générales. Biaise Pascal avait choisi celle-ci : Scio cui credidi, avec une couronne d'épines pour armes ; le philosophe Descartes : Qui benè latuit, benè vixit; il est inutile de multiplier les exemples de devises surtout héréditaires, puisque cet ouvrage en est le recueil, que l'on ne ferait par la même qu'anticiper, sans aucune utilité présente.

Pour qu'une devise soit parfaite, elle doit se composer d'un corps et d'une âme.

Le corps de la devise est l'objet qui forme le rapport, le point de comparaison.

L'âme de la devise est l'idée énoncée dans la sentence qui en explique le corps; ainsi la maison de Marmet de Vaumale avait pour devise : implebuntur odore, le corps était une rose, qui était le cimier des armes de cette famille. La maison de Potier, duc de Gesvres portait cette devise : Dextera fecit virtutem, dextera salvabit me. Le corps de cette devise se trouvait dans les armes mêmes de cette maison qui étaient deux mains dextres d'or.

Quelquefois les devises rappellent les sentiments de religion et de piété des familles, telles sont celles des du Prat, de Fromessent, de Sauvanelle, Le Boulleur de Courlon, de Plomby, souvent elles font allusion à des sentiments d'honneur et de courage comme celles des Riancey, des Laqueuille, des Rechignevoisin, des Chamborant, des d'Épinay Saint-Luc, des Tascher de la Pagerie; celles-ci nous dépeignent la fidélité des Coynart, des Castries, des La Place de Chauvac; celles-là parlent d'amour comme dans le blason des La Roque du Mazel.

Certaines devises nous peignent l'ancienneté, l'indépendance et la bravoure de leurs possesseurs comme chez les Barthélemy d'Hastel, les La Rochefoucauld, les Riollet de Morteuil. Quelques devises n'auraient aucun sens, si on les lisait sans voir les armoiries auxquelles elles se rattachent; ainsi la devise des Bouclans de Girangy, des Dampierre, ne signifierait rien sans la définition des armes de ces maisons.

Y a-t-il une devise plus juste, plus tristement vraie que celle de l'antique maison de Montboucher ? Quand elles sont pleines d'amis assez, devise qui n'aurait pourtant aucune signification sans les armes qui sont : d'or, à trois marmites de gueules. Il en est de même pour grand nombre de familles, par exemple pour celles des Bassano, des Le Bascle d'Argenteuil, des Carcado Molac.

La devise quelquefois peint les caractères : ainsi celle de l'illustre maison de Casablanca nous montre ces gentilshommes, in bello leones, in pace columboe; pour faire ressortir la rigidité, d'un magistrat, nous avons la devise des Petit de la Fosse, dura lex, sed lex. D'autres devises ne sont que la reproduction des paroles prononcées par des souverains et qui expriment des sentiments d'honneur, de courage et de vertu; telles sont celles qui se lisent dans les armes des Bastard, des L'Étendard, des Boulay de la Meurthe, des Larrey. Après ces devises héréditaires, il y a les devises de circonstances, comme celles qui furent prises dans les joutes, les tournois, les carrousels, ou à la mort d'un roi, d'un prince, d'un prélat ou d'un grand personnage : l'usage voulait que le jour de l'enterrement on plaçât dans l'église sur les tentures funèbres des devises, presque toutes en l'honneur du défunt, devises tirées pour la plupart de l'Écriture sainte.

Quand l'usage de la devise se généralisa, on vit à l'envi, les provinces, les villes, les chapitres nobles, les abbayes, les ordres militaires et religieux s'empresser de choisir des emblèmes et des sentences.

Quelques écrivains nous disent que la devise héréditaire se place toujours au-dessus des armoiries et la devise personnelle au-dessous ; qu'il me soit permis de ne pas être ici de leur avis. En Angleterre, où toutes les familles nobles ont des devises, on les place toujours au-dessous des armoiries, comme en France, c'est le cri de guerre qui se met au-dessus des armes.

Les Espagnols et les Corses placent souvent la devise dans l'écu même, sur une bordure qui se blasonne comme les autres pièces, mais si étrange que cette coutume puisse paraître, elle a cela de bon, que la devise faisant alors partie des armes, devient inviolable, c'est par là-même un moyen fort précieux d'en assurer la perpétuelle hérédité.

 

 

 


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