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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #MAISONS NOBLES DE LORRAINE

TROISIEME EXTRAIT.

545px-Blason fam fr Rohan-Soubise.guemene RELATION EXACTE

 

De la Réjouissance publique que la pille de Mutzig a faite au retour de Son Altesse Sérénissime et Eminentissime Monseigneur le cardinal de Rohan

 

Après l'acquittement du cardinal, la ville de Mutzig, ce désirant, à l'envi de celle de Saverne, de donner à son prince des preuves de respect, de fidélité et de tendresse, témoigna ces sentiments, dont elle fut sincèrement pénétrée, par l'allégresse et la réjouissance, qu'elle fit éclater le II Février, où elle eut le bonheur de revoir Son Altesse Sérénissime et Eminentissime.

« Le même jour, à 3 heures après midi, le greffier de la ville, à la tête d'un détachement de dragons, en bel uniforme, superbement équipé, composé de l'élite des bourgeois, porta sa troupe sur la route de Dorlisheim, en double haie et le sabre à la main. Deux dragons furent mis en vedette sur la hauteur de la route d'Obernée, avec la consigne de rejoindre ventre à terre leur corps dès qu'ils appercevroient de loin la voiture du prince. A 4 heures arriva Son Altesse. Aussitôt, le chef du détachement s'avança au-devant d'Elle; le prince fit arrêter, daigna entendre avec bonté le compliment qu'il eut l'honneur de lui faire au nom de la ville. Dès qu'il eut achevé, Son Altesse lui ordonna de prendre l'avance avec son détachement et d'aller au pas.

« Escortée ainsi, Elle passa par Dorlisheim, au milieu des cris de joie, poussés par une foule innombrable de peuple, accourue de plusieurs lieues d'alentour. Près du grand pont, environ à deux cents pas de la ville, les juifs, en habits noirs, se rangèrent en haie, ayant leur rabbin à leur tête. Le bon prince ne put pas s'empêcher de leur témoigner la satisfaction qu'ils lui donnoient par les démonstrations de la joie la plus vive et la plus sincère. Aux portes de la ville, il fut reçu avec croix et bannières, par un nombreux clergé composé des curés, définiteurs, l'archiprêtre du chapitre rural de Biblenheim, des curés de la vallée de Schirmeck et des environs, des RR. PP. récolets de Hermolsheim.

Après avoir été harangué par l'archiprêtre, il traversa la ville fort lentement, au milieu de mille souhaits d'un peuple pénétré de joie et versant des larmes de tendresse.

Tous les bourgeois de la ville, et un grand nombre du bailliage de Schirmeck furent sous les armes et portés en double haie depuis l'entrée de la ville jusqu'au château, dont le pont étoit bordé d'un détachement d'infanterie composé de jeunes gens de Moutzig, qui reçurent le prince au son du tambour et en présentant les armes.

« Arrivé au château au son des timbales et trompettes et au bruit redoublé des boîtes et de la mousqueterie, il fut complimenté par le chef du Magistrat et du bailliage de Schirmeck.

« Le mauvais temps, seul contraire à la joie universelle qui régnoit en cette ville, désola les habitans. L'illumination, par laquelle non-seulement les officiers du prince et les meilleurs bourgeois, mais les pauvres même cherchèrent à se distinguer, ne fut pas aussi brillante qu'elle avoit été projetée. Elle fut accompagnée d'un grand nombre d'emblèmes très bien imaginés.

« Malgré le temps orageux, le prince, pour faire plaisir à ses sujets, prit la peine de faire à pied le tour de la ville, .toujours escorté par le détachement de dragons, précédé du chef et de son lieutenant. Il s'arrêta souvent, observant tout d'un coup d'oeil; il dit enfin: « Je vois ce que cela signifie. » N'étoit-ce point dire votre volonté me suffit?

Avant de finir sa tournée, il ne dédaigna pas d'entrer dans la synagogue, magnifiquement illuminée. Cette illumination, n'étant pas contrariée par le mauvais temps, attira toute l'attention du prince: pendant la demi-heure qu'il y resta, on chantoit en action de grâce un cantique hébraïque composé pour Son Altesse, qui lui fut si agréable, qu'Elle témoigna une seconde fois toute sa satisfaction aux habitans israélites de Moutzig. De là, le prince, retournant au château, passa sous un arc de triomphe, orné d'emblèmes et illuminé, de même que toute la façade du château.

« Le lendemain, à 10 heures du matin, le recteur de la paroisse, précédé du chapitre de Biblenheim, des prêtres et curés des environs et des RR. PP. récollets de Hermolsheim, sortirent de l'église paroissiale avec dais, croix et bannières, pour se rendre au château. Son Altesse prêta une grande attention à la harangue que lui fit le recteur de la paroisse. Ensuite, précédée du clergé, escortée du détachement de dragons à pied, marchant à pas lens sous le dais, Elle se rendit à l'église de la paroisse pour assister à la messe, dite par le recteur de la ville. Arrivée à l'église, le prince se prosterna devant l'autel. Sa dévotion, son recueillement, arrachèrent des larmes au peuple qui remplissoit l'église. Après la communion du prêtre, le prince entonna lui-même le Te Deum, chanta l'oraison en action de grâce; et après avoir donné sa bénédiction, s'en retourna au château, où tout le clergé, qui y soupa la veille, fut encore invité au dîné.

« Son Altesse ayant fixé le même jour son départ pour Saverne au lendemain à IO heures, le détachement de dragons se porta à l'heure marquée en double haie à l'entrée du château, d'où il escorta le prince jusqu'à Sultz.

« Le dimanche suivant, l'on distribua, par ordre du prince, dans la maison du receveur du bailliage, du pain, du vin et de la viande, non seulement aux pauvres de la ville et des environs, mais à qui en vouloit.

« Le même jour, pour compléter cette fête, les meilleurs bourgeois et habitans de la ville, au nombre de soixante-douze, le corps de dragons en uniforme, soupèrent ensemble à l'hôtel de ville; il y eut un bal qui dura jusqu'au lendemain.

Toute la bourgeoisie se livra à la joie; les juifs, au nombre de quarante, s'assemblèrent dans la maison de Daniel Lévy, et se divertirent aussi toute la nuit. En un mot, tout le monde, riches, pauvres, jeunes gens, vieillards, donnèrent l'essor aux sentimens de respect, de tendresse et de réjouissance. Tous, en général, chacun en son particulier, bénirent le retour heureux, et si longtemps désiré, de leur auguste prince-évêque. »

 

 

LE CARDINAL ET LA CONSTITUTION

 

Le cardinal de Rohan se distingua par son zèle à protester contre les décrets de l'Assemblée nationale relatifs au clergé. Nous n'avons ici qu'à constater les faits, bien entendu.

Dans le n° 12, année de la Feuille villageoise, I2e semaine, jeudi 16 Décembre 1790, on lit:

 

« STRASBOURG. - Nous ne blâmons le clergé que lorsqu'il nous force à le blâmer. Pour peu qu'il nous donne sujet de l'approuver, nous le comblons d'éloges; et lorsque dans ses erreurs il paroît excusable, nous jetons sur lui le manteau de la charité et de l'indulgence. C'est ainsi que nous nous étions pressé de célébrer la conversion apparente du cardinal de Rohan. Mais il s'est bientôt replongé dans ses illusions. Son retour dans son diocèse a été un scandale. Il a, dit-on, arraché les scellés posés par les officiers municipaux. Nous avons de la peine il croire un pareil excès. Mais ce qui est certain, c'est qu'il a protesté contre tous les décrets de l'Assemblée nationale, relatifs aux biens ecclésiastiques. M. le cardinal de Rohan avoit 700,000 livres de rente. Voilà 700,000 raisons pour protester. Mais nous doutons que les saints canons qu'il cite lui soient favorables.

Car l'évangile veut des pasteurs missionnaires et non des prélats millionnaires. »

 

Dans le n° 30, année de la Feuille villageoise, 30" semaine, jeudi 21 Avril 1791, on lit :

 

« STRASBOURG. - Le cardinal de Rohan est bien loin d'être paxicrate. Après avoir fait tant de folies et de dettes, après avoir donné tant de scènes et de scandales, il vient de lever une petite armée - cardinale. Elle ne sera pas vêtue de pourpre. Elle sera vêtue en noir avec une tête de mort pour drapeau. Cette armée funèbre est menacée de mourir de faim ou de rage. Le général a voulu en même temps jouer le rôle d'évêque. Il a jeté l'interdit sur la cathédrale de Strasbourg et défendu, sous peine de l'enfer, de communiquer avec le nouvel évêque. Mais les portes de l'enfer ne s'ouvrent pas ainsi à la voix d'un prêtre séditieux et insensé. L'Assemblée nationale a prié le roi de donner des ordres pour le faire arrêter, conduire aux prisons d'Orléans et juger comme rebelle et perturbateur. » 

 

 

A suivre...

Le Roy de Sainte-Croix (Les Quatre Rohan).

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