Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #CHÂTEAUX DE FRANCE.

 

 

FONTAINEBLEAU. LES ORIGINES DU CHATEAU.

Chateau

 

De L.TARSOT & M.CHARLOT.

 

 

Ces terrains étaient nécessaires à qui voulait étendre le château autour et en vue de l'étang, dont les eaux entourées d'ombrages formaient un point de vue charmant pour les appartements royaux. En 1529, François 1eren fait l'acquisition : « Attendu, disait l'acte d'achat, qu'avons l'intention faire ci-après la plupart du temps notre résidence à Fontainebleau, pour le plaisir que prenons audit lieu et aux déduits de la chasse des bêtes rousses et noires qui sont en la forêt de Bière et aux environs : nous est convenu prendre et recouvrer de nos chers et bien amés les ministres et religieux de l'ordre de la Sainte-Trinité, la moitié du lieu où est de présent située la grande galerie faite pour aller du dit châtel en leur église et logis de l'abbaye, leur jardin et leur grand clos de prés, celui où est de présent notre écurie, avec leurs étangs et viviers, etc., pour les récompenser d'icelles prises... nous avons donné et donnons la somme de 200 livres tournois à prendre et à percevoir chacun an sur le revenu de notre terre et seigneurie de Moret. »

Le couvent acheté et détruit, de nouveaux corps de logis s'élèvent comme par enchantement. On bâtit la cour du Cheval blanc, ou mieux la Basse-Cour, et pour former la cour de la Fontaine, on réunit par une galerie les deux massifs du château, dont le pian général ne subira plus désormais de modifications importantes.

Les jardins et les parterres sont tracés et plantés avec une rapidité féerique. A l'extérieur, le Fontainebleau de François Ier est maintenant terminé.

Mais il faut orner les dedans du palais. Pour son séjour favori, François Ier rêve une décoration somptueuse et surtout permanente. Plus de ces tapisseries et de ces verdures que les ouvriers royaux suspendent à la hâte, le long des murailles, avant l'arrivée de la cour ; de ces meubles transportés dans des fourgons d'une résidence à l'autre; de ces décors qu'on enlève dès que la toile est baissée et que les acteurs sont sortis ! Fontainebleau sera peint à fresque, revêtu de marbres précieux, de stucs et de boiseries merveilleusement travaillés. Les artistes manquent en France : il en viendra d'Italie, et François les couvrira d'or.

En 1530, arrive à Fontainebleau le Florentin Giovanni-Battista Rosso. On lui donne une pension de 400 écus, des logements dans les palais royaux et bientôt la surintendance des bâtiments, peintures et embellissements de Fontainebleau. Il construit la galerie de François!" qu'il orne d'une série de fresques et de reliefs en stuc exécutés sous sa direction par Paolo Ponzio et Domenico del Barbiere. Dans la chambre de la duchesse d'Étampes —aujourd'hui transformée en escalier, —il peint plusieurs traits des Amours d'Alexandre le Grand. Le roi enthousiasmé augmente ses pensions et le nomme chanoine de la Sainte-Chapelle. Mais voici que le Rosso, ayant été volé de quelques centaines de ducats, en accusa trop légèrement un peintre florentin de ses amis, Francesco Pellegrino, qui fut mis à la question. L'innocence de Pellegrino fut reconnue, et le Rosso, ne pouvant survivre au chagrin et à la honte que lui causait cette erreur, s'empoisonna en 1541 à l'âge de quarante-cinq ans.

Il avait connu toute l'amertume des rivalités entre artistes. François 1eravait appelé en France (1531) un peintre de Bologne, Francesco Primaticcio —le Primatice— qui sur-le-champ déclara là guerre au Rosso.

Pour mettre un terme à leurs querelles, François Ier, vers 1534, envoya le Primatice en Italie pour mouler les principales statues antiques et acquérir divers chefs-d'œuvre de l'art moderne. Le Primatice rapporta de sa mission la Lèdade Michel-Ange (depuis détruite sur les ordres d'Anne d'Autriche!) et le moulage des antiques de Florence et de Rome qui, coulés en bronze à Fontainebleau, figurent aujourd'hui dans les galeries du Louvre. A cette époque le Rosso était mort, et le Primatice prit la direction des travaux de Fontainebleau, qu'il conserva jusqu'à sa mort (1570).

Il commença par détruire une partie des fresques de son rival qu'il remplaça parles siennes. Il exécuta ensuite la décoration de la porte Dorée et entreprit celle de la galerie d'Ulysse, qu'il continua sous quatre règnes.

Mais on doit surtout le juger d'après les peintures de la salle de bal qui lui furent commandées par le roi Henri II.

La longue faveur du Primatice fut un moment menacée par le séjour à la cour du fameux Benvenuto Cellini (1540-1544). Sans la haine de la duchesse d'Etampes, Cellini l'aurait emporté sur le maître bolonais. La favorite ne pouvait lui pardonner d'avoir négligé de lui soumettre les maquettes des travaux commandés par François Ier pour Fontainebleau. Cellini était chargé d'exécuter un bas-relief en bronze pour le tympan de la porte Dorée, et un surtout de table où devaient figurer douze statues d'argent de grandeur naturelle (1). Le Primatice, appuyé par la duchesse d'Etampes, intrigua sourdement pour se faire attribuer les commandes promises à Cellini, mais il dut y renoncer dans la crainte d'être poignardé par l'orfèvre florentin. Une courte trêve suivit. Benvenuto voulut en profiter pour reconquérir les bonnes grâces de la duchesse d'Etampes en lui offrant une aiguière d'or merveilleusement ciselée. La duchesse ne daigna même pas le recevoir, et l'artiste, après une longue attente dans l'antichambre de la favorite, remporta son cadeau qu'il offrit, de dépit, au cardinal de Lorraine.

A ce moment le Primatice avait jeté en bronze les moules des antiques rapportés par lui d'Italie ; ses statues étaient disposées dans la petite galerie de Fontainebleau, maintenant appelée galerie de François Ier.

Cellini venait d'achever un Jupiter en argent; il veut le montrer au roi. On lui ordonne de placer son oeuvre au fond de la petite galerie. Il arrive et trouve la place encombrée des moulages du Primatice.

C'était une ruse de Mme d'Etampes qui voulait écraser la statue de Cellini par le voisinage de l'Apollon du Belvédère et de la Vénus de Médicis. Cellini, sans murmurer, installe au fond de la galerie son Jupiter posé sur un socle à roulettes, maniable en tous sens, et attend la visite du roi.

Le jour baissait lorsque François fit son entrée dans la galerie. Il la parcourut lentement, retenu par Mme d'Etampes devant chacun des antiques du Primatice ; mais au moment où, la nuit tombée, il approchait de Cellini, l'artiste alluma rapidement une torche placée entre les flammes dé la foudre que la statue brandissait dans sa main droite, et, d'un mouvement adroit, il lança son Jupiter à la rencontre du roi.

L'effet fut magique ; La lumière tombant d'en haut semblait animer la statue mouvante. Lé dauphin, le roi et la reine de Navarre qui se trouvaient là poussèrent un cri d'admiration, et François Ier s'écria : « Benvenuto, ton Jupiter est cent fois plus beau que je ne l'aurais imaginé. Tous applaudirent. En vérité, reprit hardiment Mme d'Etampes, n'avez-vous pas d'yeux pour ces sublimes figures antiques? Voilà de vrais chefs-d’œuvre ! Fi de ces babioles modernes! »

Mais François soutint que Cellini avait surpassé les anciens. A cela Mme d'Etampes répliqua que Cellini devait son succès à un subterfuge et que, de plus, il avait couvert sa statue d'un voile pour en cacher les défauts. L'artiste avait en effet jeté une draperie sur son Jupiter pour lui donner plus de majesté. Furieux, il arracha violemment le voile, et le roi, qui s'aperçut de sa colère, lui dit en français : « Tais-toi, Benvenuto ! et compte sur une récompense mille fois au-dessus de tes espérances. En sortant quelques minutes après, il adressa cette dernière flatterie à Benvenuto : J'ai enlevé à l'Italie l'artiste le plus grand et le plus universel qui ait jamais existé.»

Quelques mois après, cependant, le sculpteur quittait la cour de France, laissant le champ libre au Primatice, protégé par la favorite.

A côté des artistes italiens, quelle part revient aux maîtres français dans la décoration première de Fontainebleau?

On l'ignore. Cependant on attribue à Jean Goujon les cariatides qui encadrent les fresques du Rosso clans la chambre de la duchesse d'Etampes. De beaux vitraux ornaient les fenêtres du palais. Etaient-ils de Jean Cousin et de Pinaigrier ? Rien n'empêche de le supposer;-rien non plus ne permet de l'affirmer.

Maintenant les artistes ont accompli leur oeuvre, i Les décors sont prêts pour la féerie que François 1eret sa cour vont jouer avec une aisance merveilleuse.

 

(1). Le bas-relief pour la porte Dorée a été placée au Louvre dans la salle des Cariatides, au-dessus de la belle tribune de Jean Goujon. Il représente la Nymphe de Fontainebleau. Du surtout de table il ne subsiste qu'une salière d'or, aujourd'hui à Vienne.

 

 

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog