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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #EN FAVEUR DE LA MONARCHIE

220px-Montlosier

 

QUATRIEME EXTRAIT

 

SECTION PREMIERE

 

Lorsque Clovis, après s’être défait de ses compagnons d’armes, qui avaient voulu être ses rivaux, eut soumis successivement  les Armoriques et les francs ripuaires, les Bourguignons et les Visigoths, comme les lois et les institutions de chacun de ces peuples leur furent religieusement conservées, les Gaules eurent beau se trouver réunies sous le même gouvernement, elles présentèrent moins une nation, qu’un agrégat de nations.

Cet état n’est susceptible d’aucun doute. Dans les anciennes chartres, les ordres sont adressés aux Francs, aux Bourguignons, aux Romains. On ajoutait : et à toutes les autres nations qui sont établies dans les Gaules. Je dois remarquer que ce langage s’est conservé dans les âges suivans. Jusque dans ces derniers temps, les rois dans leurs adresses, soit au parlement, soit aux autres grandes corporations, continuaient à employer l’expression nostras gentes ; nos gens.

On conçoit tout ce qu’a du produire de confusion le rapprochement habituel de plusieurs nations diverses, de mœurs diverses. Je citerai quelques exemples de cette confusion.

J’ai fait remarquer, comme existant de toute antiquité ; deux espèces de terres, l’une assujettie au tribut, et appelée tributaire, l’autre allodiale, et appelée alleu ; j’ai fait remarquer de même deux ordres de possesseurs correspondans, les uns ingénus, les autres aussi libres à plusieurs égards, mais assujettis cependant à des devoirs et à des tributs. Dès que les Francs sont arrivés, la première chose à observer, c’est que tout l’ordre social se compte à double : on a d’un côté le Gaulois libre, sous le nom d’ingénu ; d’un autre côté le vainqueur, sous le nom de Franc ou d’homme salique.

L’ordre des terres libres se compte de même à double, on a d’un côté l’alleu ou la terre libre, possédée par le Gaulois ingénu, d’un autre côté la terre originaire de la conquête, appelée la terre salique.

Les lois des deux peuples ne sont, par la même raison ; ni tout à fait communes, ni tout à fait égales. Le Franc vainqueur veut avoir dans les délits une composition double, de celle du Gaulois ingénu. D’un autre côté, comme selon l’antique loi des Germains, les femmes ne succèdent pas, et que, selon les lois gauloises, les femmes succèdent, il se trouve que tandis que les femmes sont admises à la succession des propriétés libres gauloises, appelées alleu, elles sont excluses de la succession des propriétés libres, appelées terres saliques.

Le régime judiciaire offre le même embarras. Ce n’est pas assez que le comte ait à appliquer des lois diverses à des individus de nations diverses ; il faut encore qu’il observe dans ses jugemens les formes et les pratiques de chaque nation. Le Franc et le Gaulois ingénu, ayant à cet égard des prétentions différentes, il se trouve que, dans les affaires capitales, les causes des Gaulois ingénu sont jugées souverainement par le comte assisté par ses Scabins et ses Rachimburges, et que les causes du Franc sont portées au tribunal du roi.

Le régime politique est dans la même situation. Toute la représentation est dans les grands renforcés de quelques Francs, sous le nom de fidèles ou leudes, attachés à la personne du monarque et à sa garde. Les hommes ingénus gaulois semblent n’y avoir aucune part. Ils continuent à habiter les villes, à en composer les sénats et les curies.

Cet état de séparation qui caractérise ce que j’ai annoncé, comme notre premier âge, ne se remarque pas seulement des Francs aux Gaulois : on l’observe chez les autres nations Germaines. Le Bourguignon qui, à d’autres égards, traite honorablement le peuple vaincu, jusqu’à l’appeler peuple ami, peuple hôte, et qu’il range dans ses lois sous la même ligne que lui, à parité de rang, consacre des distinctions. Les Francs s’étaient contentés d’exclure les femmes des terres échues lors de la conquête ; les Bourguignons voulurent que ces terres qu’ils s’étaient partagées au sort, et qu’ils appelaient sortes, fussent à jamais inaliénables ; elles sont substituées dans la loi de Gombette, à perpétuité.

Les Goths élevèrent beaucoup plus haut leurs prétentions : ils voulurent séparer le sang, comme les Bourguignons et les Francs avaient séparés les terres. Le mariage d’un Goth avec une femme gauloise, ou d’une femme Gothe avec un Gaulois, fut regardé comme un deshonneur pour la nation Gothe. Le mélange de deux peuples fut proscrit.

Ces distinctions propres au premier âge, durent ainsi quelque temps. A la fin elles s’effacent. Les Goths sont les premiers qu’ont voit révoquer les règlemens par lesquels ils ont voulu se séparer des Gaulois. On trouve dans la rédaction d’une de leur loi la permission au Goth d’épouser désormais une gauloise, et au Gaulois d’épouser une femme gothe.

La distinction établie par les Francs et les Bourguignons s’adoucit de même. Dès le temps de la loi salique il était difficile de reconnaître l’ancienne origine des terres. Cette loi stipule qu’au moindre doute la terre salique suivra le sort des autres alleux. D’un autre côté, comme il fut permis à tous les hommes ingénus, indistinctement d’adopter la loi salique, les distinctions d’origine finissent par s’effacer.

Ce résultat est inévitable. Comme les Gaulois étaient admis indifféremment avec les Francs à toutes les faveurs et à toutes les places, une parité aussi continue de conditions  ne pouvait manquer de faire fléchir ce qui restait de distinctions injurieuses. On adopta généralement dans les Gaules, non seulement les lois, mais les mœurs, les coutumes, même l’habillement des Francs. Nos premiers rois n’avaient auprès d’eux qu’une poignée de Francs sous le nom de leudes ; au commencent de la seconde race, toute la France en est couverte. Sous Charles le Chauve l’union est consommée. On désigne dans les actes publics, sous le nom de Francs, tous les hommes libres.

Tel est le second âge que j’ai annoncé. C’est celui où les terres de la conquête s'étant confondues dans l’ordre commun des alleux, tous les hommes ingénus s’étant confondus dans l’ordre des Francs, il y eut un commencement d ‘amalgame entre les diverses nations qui composaient la France.... A suivre

 

 


Comte de Montlosier ( De la Monarchie Tome1)

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