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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #EN FAVEUR DE LA MONARCHIE

220px-Montlosier

PREMIER EXTRAIT.

SECTION TROISIEME.


 

Le vulgaire voit une grande révolution éclater : il en cherche les causes dans l’instant même. Il est bien rare que les causes d’une crise soient contemporaines de cette crise. Le plus communément elles appartiennent à des vices éloignés dont le ravage est d’autant plus terrible, que ces vices ont miné sourdement et en silence les bases de l’édifice qu’on voit s’écrouler. Je vais montrer que nos deux premières dynasties sont tombées en quelque sorte d’elles-mêmes, sans qu’on puisse apercevoir dans ces événemens une apparence de conspiration et de trame.

Les rois de la première race commirent souvent des excès d’autorité. Ces écarts, qui n’étaient point systématiques, ne changèrent rien à la constitution de l’Etat. Les Francs, de leur côté, se permirent souvent des excès envers leurs princes. Les commotions passagères ne renversèrent pas le trône. Les qualités individuelles des princes n’ont pa eu à cet égard l’importance qu’on serait tenté de leur supposer. Quelques rois furent grands, justes et sages ; ils se conservèrent. D’autres furent cruels, timides, faibles ; ils se conservèrent également. Des chefs particuliers ayant acquis une grande importance, des rois inutiles se trouvèrent auprès d’eux, etr n’en furent pas moins respectés. L’état marcha ainsi quelque temps : (qu’on me pardonne cette expression), avec une tête double : à la fin celle de ces têtes qui avait la véritable vie, fit sécher et tomber l’autre. C’est ainsi qu’ont fini les deux premières races. Mais ce sont là encore que les traits généraux. Je vais tâcher de reporter à l’un et à l’autre de ces événemens les traits particuliers qui leur appartient.

La première cause de la chute de la race Mérovingienne, ce fut l’appauvrissement du fisc.

Dans les derniers temps, comme on voulait absolument faire de l’inaliénabilité du domaine une loi fondamentale, cette volonté ne permettait plus d’avoir une opinion sur cette matière. Il est difficile pourtant de dissimuler la fausseté de ce dogme. Les chartres de la première race sont pleines de concessions où se trouvent ces mots : perpétuellement, éternellement, pour tous les temps présens et à venir. Ce ne sont pas seulement des traits particuliers qu’on peut citer. Le droit de donner à perpétuité est établi en principe dans le traité d’Andely ; et il faut bien que l’exercice de ce droit ait été fréquent, puisqu’il est dressé en formule dans le recueil de Marculfe.

Le droit de donner à perpétuité étant établi, et les donations se multipliant, il n’est pas difficile de voir comment le fisc s’épuisa. Tout le domaine royal était déjà dessiné sous Chilpéric. « Notre fisc n’a plus rien, disait ce prince. Nos richesses, ce sont les églises qui les possèdent. Elles sont dans l’abondance, nous dans la misère. » Il fallait que les abus à cet égard eussent été portés bien loin, pour que ce prince se permit d’annuller les testamens faits en faveur des églises. Cela n’empêcha pas les donations de se renouveler ; à la fin il resta à peine de quoi fournir l’entretien du palais.

Je dois citer, comme une seconde cause de la chute des Mérovingiens, l’usage des recommandations. A l’aide des dogmes judaïques et des moeurs romaines, les rois avaient pu, pendant quelque temps, maintenir leur autorité, et se rendre imposans, mais quand par la progression des temps, tous les Gaulois furent devenus Francs ; quand les mœurs franques eurent tout fait fléchir sous elles, et que la France entière se trouva couverte de seigneuries, de vasselage et de châteaux, l’autorité royale n’étant plus, comme autrefois, le seul centre de protection devait s’affaiblir à mesure que ces mouvemens se fortifiaient.

Ces deux causes réunies me conduisent à une troisième beaucoup plus grave. D’un côté, comme il était permis de se recommander à qui l’on voulait ; d’un autre côté, comme les rois n’avaient plus de concessions à faire, la foule des recommandations commença à se tourner vers le maire du palais, qui, ayant dans ses mains la garde du prince et la discipline des troupes, acquit facilement toute l’importance. De cette manière, tout échappa au prince, il ne lui resta plus de son ancien royaume qu’un palais dont le gouverneur indépendant lui fut donné par une poignée de Leudes.

La chute des princes Mérovingiens étant préparée, il reste à chercher la crise qui la déterminera. Ce fut l’envahissement des Sarrazins. Lorsque l’état fut menacé de grands dangers ; lorsqu’une grande crise exigea de grands efforts, lorsque toutes les mesures nécessaires furent prises en présence de ces rois et sans leur intervention, le scandale de leur inutilité fut entièrement dévoilé. On peut admirer comment Charles Martel, poussé par le danger de l’état à se créer, comme il le fit, une grande gloire et une grande armée, put se réduire au rang de simple général, et léguer à son fils Pépin le soin de déposséder de  vains simulacres.

Ne fois en possession de la couronne, la maison Carlovingienne apprécia très-bien la difficulté de la situation. La plus grande était peut être la spoliation des églises. Une démarche semblable, de la part d’un simple capitaine, se concilie avec ce que l’on connaît des mœurs religieuses de ce temps. Les mœurs franques prévalurent. Les prêtres eurent beau maudire Charles-Martel, l’armée demeura à celui qui l’avait sauvée. Bientôt le pape lui-même, appelé à prononcer entre eux chefs, dont l’un était roi de nom, l’autre de fait, prononça que celui-là avait réellement la couronne, qui avait la domination. Le sacre, l’établissement de la dîme, les donations qui recommencèrent, furent jugés des réparations suffisantes. Deux grandes mesures furent ajoutées.

 

Les recommandations, en se multipliant, avaient couvert l’état de dominations devenues étrangères au prince. Pépin et Charlemagne obtinrent que le Prince serait compris dans tous les devoirs d’un vassal envers son seigneur. Jusqu’alors le serment envers le Prince avait été une pratique propre aux Leudes. Elle s’étendit désormais à tous les hommes libres. Charlemagne ordonna aux comtes et aux envoyés de faire prêter serment à tous les hommes libres sans exception, et de leur expliquer en même temps les obligations attachées à ce serment.

La régularisation des Champs de Mail, et l’appel fait à tous les nouveaux Francs,  fut une mesure encore plus efficace. On n’a écrit que Charlemagne avait eu en vue, dans cette mesure, la dignité et les droits de la nation. Les histoires modernes sont pleines de ce fatras. L’affermissement de son autorité et celui de l’ordre public, la nécessité de donner de l’ensemble à une multitude de mouvemens et d’intérêts divergens, voilà ce qui devait occuper Charlemagne. Ce prince compris que des résistances pouvaient se concerter facilement dans un petit nombre de Leudes composant son conseil et sa garde. Il comprit que le reste des grands, isolés dans le chef-lieu de leur domination ; avaient trop peu de rapports avec l’autorité. En réunissant régulièrement tous ces petits potentats, et les balançant les uns par les autres, il devait se trouver, à la fin, supérieur à tous.

Ce plan réussit parfaitement pendant le règne de Charlemagne. Il ne pouvait avoir de durée.

Et d’abord l’institution du sacre et celle des dîmes, qui avaient effacer des dangers présens, pouvaient en faire naître à l’avenir. Le clergé pouvait être tenté de se prévaloir de la nouvelle influence qui lui avait été faite, et de nouvelles richesses qui lui avaient été données. Le droit de créer pouvait faire naître celui de déposer. Louis le Débonnaire et Charles le Chauve en firent l’épreuve...

 

A suivre.

 

Comte de Montlosier (De la Monarchie Tome 1).

 

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