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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #CHÂTEAUX DE FRANCE.

 

 

 

1002666-Eugène Viollet-le-Duc le château de Pierrefonds

 

 

DESCRIPTION

DU CHATEAU DE PIERREFONDS

 

Le château actuel de Pierrefonds ne date que des premières années du xve siècle. L'ancien château s'élevait sur le coteau situé au-dessus du prieuré, au point où se voit aujourd'hui une ferme d'une assez grande étendue. Ce premier château avait été construit avec les débris d'une maison royale située au chêne Herbelot, et qui, dans les anciennes chroniques, est nommée Palladium casuum. En l'an 855, le roi Charles le Chauve y passa quelque temps. Cette résidence ayant été détruite, les châtelains du Chêne choisirent un lieu propre à être fortifié, et assirent la nouvelle forteresse au-dessus du prieuré. Les biens de la maison du Chêne furent partagés entre les seigneurs de Bérogne et de Pierrefonds. Nivelon Ier trouva les choses en cet état lorsqu'il hérita de la seigneurie de Pierrefonds, par suite de la mort de son père. Ce seigneur rebâtit l'église du prieuré[1] (paroisse actuelle du bourg), accrut singulièrement son domaine, et la seigneurie de Pierrefonds fut érigée en pairie. Du temps de Philippe-Auguste, le nombre des pairs, seigneurs de Pierrefonds, dépassait soixante. Cette ancienne maison s'éteignit par la mort d'Agate de Pierrefonds, et les grands biens de cette dame furent divisés en trois parts : les Cherisis eurent la première, les Châtillon la seconde, et les descendants de Jean 1er de Pierrefonds, fils de Nivelon Ier, la troisième. Philippe-Auguste acheta de Nivelon, évêque de Soissons, en 1181, tous les droits seigneuriaux que ce prélat possédait par suite du partage, et il installa, pour régir le domaine, des prévôts qui exerçaient en même temps les fonctions de juges et de receveurs. En 1215, le roi abandonna aux religieux de Saint-Sulpice une grande partie des bâtiments du château, et augmenta leurs priviléges. Depuis lors, jusqu'aux dernières années du XIVe siècle, il n'est fait nulle mention du château et du domaine de Pierrefonds dans l'histoire.

En 1390, Louis, duc d'Orléans, frère du roi Charles VI, se prétendant frustré de ses droits de régent ou de tuteur des affaires du royaume, songea à prendre ses sûretés. Il fit bâtir dans son duché de Valois des places fortes importantes; il acquit le château de Coucy et le rebâtit en partie; fit réparer ceux de Béthisy, de Crespy et de Montépilloy; fit reconstruire celui de la Ferté-Milon, le petit château de Véez, le manoir de la Loge-Lambert, et, laissant les religieux de Saint-Sulpice jouir paisiblement du vieux domaine de Pierrefonds, il choisit une nouvelle assiette plus facile à défendre, entre deux vallons, pour élever le magnifique château que l'on admire aujourd'hui.

La bonne assiette du lieu n'était pas la seule raison qui dût déterminer le choix du duc d'Orléans.

Si l'on jette les yeux sur la carte des environs de Compiègne, on voit que la forêt du môme nom est environnée de tous côtés par des cours d'eau, qui sont: l'Oise, l'Aisne, et les deux petites rivières de Vandi et d'Automne.

Pierrefonds, appuyé à la forêt vers le nord-ouest, se trouvait ainsi commander un magnifique domaine, facile à garder sur tous les points, ayant à sa porte une des plus belles forêts des environs de Paris. C'était donc un lieu admirable, pouvant servir de refuge et offrir les plaisirs de la châsse au châtelain. La cour de Charles YI était très-adonnée au luxe, et parmi les grands vassaux de ce prince, Louis d'Orléans était un des seigneurs les plus magnifiques ; aimant les arts, éclairé, ce qui ne l'empêchait pas d'être plein d'ambition et d'amour du pouvoir; aussi voulut-il que son nouveau château fût à la fois une des plus somptueuses résidences de cette époque, et une forteresse construite de manière à défier toutes les attaques.

Monstrelet en parle comme d'une place du premier ordre et d'un lieu admirable.

En 1411, lorsque après l'assassinat du duc d'Orléans, les partisans du prince étaient poursuivis, à l'instigation du duc de Bourgogne, le malheureux Charles VI envoya le comte de Saint-Pol en Valois pour prendre possession des places de son neveu. Après la reddition de Crespy, le comte de Saint-Pol « s'en alla au chastel de Pierrefonds, dit Monstrelet, qui estoit moult fort deffensable et bien garny et remply de toutes choses appartenais à la guerre : et luy là venu se  print à parlementer avec le seigneur de Boquiaux qui en estoit capitaine  et enfin fut le traicté faict parmy ce que ledit comte luy feit donner pour ses fraiz par le roy deux a mille escus d'or, et avec ce emportèrent luy et ses gens tous leurs biens. » Plus tard, le château fut rendu au duc Charles d'Orléans, et Boquiaux en reprit le commandement. Le comte de Saint-Pol n'abandonna la place toutefois qu'en y mettant le feu. Le duc d'Orléans répara les dommages.

En 1420, le château de Pierrefonds, dont la garnison était dépourvue de vivres et de munitions, ouvrit ses portes aux Anglais. Nous voyons qu'en 1422 cette place tenait pour le dauphin. Pierre de Fenin raconte comme quoi le seigneur d'Offemont, ayant rendu la ville de Saint-Riquier au duc Philippe de Bourgogne, en échange du seigneur de Conflans, de messires Rigault de Fontaines, Gilles de Gamache, Pothon de Xaintrailles et Loys Burnel, s'en alla à « Pierrefois (Pierrefonds), qui pour lors estoit en sa main. » Or le seigneur d'Offemont tenait le parti du dauphin.

Louis XII, étant duc d'Orléans, fit faire quelques réparations au château de Pierrefonds; toutefois il est à croire que ces derniers travaux ne consistaient guère qu'en ouvrages intérieurs, eu distribution d'appartements, car la masse imposante des constructions appartient tout entière au commence' ment du XVe siècle.

Le château de Pierrefonds est à la fois une forteresse du premier ordre et une résidence renfermant tous les services destinés à pourvoir à l'existence d'un grand seigneur et d'une nombreuse réunion d'hommes d'armes.

Sa force ne consistait pas seulement dans l'épaisseur et la hauteur de ses murs, dans les bons flanquements des tours, mais en une suite d'ouvrages extérieurs que rendait nécessaire l'invention de l'artillerie à feu, déjà prépondérante dans l'art de la guerre. Le château proprement dit est établi à l'extrémité d'un promontoire formé par le plateau du Soissonnais qui, sur ce point, est profondément érosé par des vallées. Le point extrême de ce promontoire, bien qu'élevé de 25 mètres au-dessus des deux vallons, est en contre-bas du niveau du plateau de 20 mètres environ, de telle sorte que ce plateau commande l'assiette du château. D'ailleurs, à 250 mètres de la forteresse, le promontoire s'élargit brusquement et, se réunissant à d'autres escarpements, forme deux amphithéâtres, qui semblent disposés tout exprès pour permettre d'entourer le château d'un demi-cercle de feux.

Il était donc très-important de commander le plateau, ces deux amphithéâtres, et de séparer l'extrémité du promontoire de la plaine élevée à laquelle il se soude largement.

Toutefois, au moment où Louis d'Orléans élevait le château de Pierrefonds, les armées ne traînaient point avec elles une artillerie à longue portée. Les bouches à feu que possédaient les corps en campagne n'étaient que des pièces de petit calibre, en fer forgé, ou quelques bombardes courtes, que l'on chargeait avec des boulets de pierre, dont le tir était parabolique et la portée faible. Pour préserver, au commencement du XVe siècle, le château des atteintes de cette artillerie, il n'était pas nécessaire d'étendre très-loin les ouvrages extérieurs, et si l'on trouve des traces de ces ouvrages au point où le promontoire se réunit à la plaine, c'est qu'on avait voulu commander celle-ci et se ménager les moyens, en cas d'attaque, de conserver autour de la forteresse un rayon assez étendu. Ces défenses contre la plaine opposées par conséquent au point d'où les attaques pouvaient être dirigées, se composaient d'une série de cavaliers isolés, qu'on appelait alors des boulevards, se commandant les uns les autres du dedans au dehors.

De ces cavaliers, le plus rapproché du château, commande les autres et est lui-même enfilé par les pièces que l'on mettait en batterie sur l'esplanade en avant du front méridional de la forteresse. Cette esplanade est séparée de la gorge du promontoire par un large fossé coupé à main d'homme dans la roche et le sable argileux très-compacte, composant ces terrains.

 

Description du château de Pierrefonds 02
 

FlG. 1.



[1] Il ne reste des constructions de l’église bâtie par Nivelon que des soubassements et une crypte. Nivelon Ier mourut vers 1072.

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C
Beau château à voir, entièrement restauré au XIXe
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