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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #ETUDES HISTORIQUES SUR LIEUX SAINTS

EMPLACEMENT DES TOMBEAUX


AVANT I793.

 

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 GISANTS DE LA NECROPOLE ROYALE DE SAINT-DENIS; 

 


DAGOBERT ET NANTILDE.

 

L'abbaye de Saint-Denis lui doit son origine et ses richesses. Mort le 19 janvier 638, ce prince fut enseveli près du grand autel, où on lui érigea un tombeau qui fut détruit à l'époque de l'invasion des Normands. Le tombeau actuel date de saint Louis ; il est en forme de chapelle ogivale, sculptée en pierre de liais, et d'un travail très-minutieux. Le corps de Dagobert, qui avait échappé aux dévastations normandes, fut placé au milieu de cette chapelle, dans un sarcophage de lumachelle gris creusé dans la masse, en manière de cercueil de momie, et en conservant dans le vide la forme de la tête. Une tombe plate, sur laquelle est représentée en relief la statue du roi, ferme ce sarcophage.

Un bas-relief très-travaillé, divisé dans sa hauteur en trois zones, remplit le fond de la baie. En voici, d'après Montfaucon, la curieuse explication : «Un nommé Ansoalde, revenant de son ambassade de Sicile, aborda à une petite île où il y avait un vieux anachorète nommé Jean, dont la sainteté attirait bien des gens dans cette île qui venaient se recommander à ses prières. Ansoalde entra en conversation avec Ce saint homme, et, étant tombés sur les Gaules et sur le roi Dagobert, Jean lui dit qu'ayant été averti de prier pour l'âme de ce prince, il avait vu sur la mer des diables qui tenaient le roi Dagobert lié sur un esquif et le menaient, en le battant, aux manoirs de Vulcain ; que Dagobert criait, appelait à son secours saint Denis, saint Maurice et saint Martin, les priant de le délivrer et de le conduire dans le sein d'Abraham. Ces saints coururent après les diables, leur arrachèrent cette âme et l'emmenèrent au ciel, en chantant des versets des psaumes. »

Pour comprendre ce récit, il faut suivre les sculptures en prenant par le bas. Au-dessous de chaque bas-relief, on lit les inscriptions suivantes :  

 

C'y gist Dagobert premier fondateur de céans 8ième roy en l’an 632 jusques à 645[1].

Sainct Denis révèle a Jehan anacorete que lame de Dagobert est ainsy tourmentée.

Lame de Dagobert est délivrée par les mérites de Sainct Denis, Sainct Martin et Sainct Maurice.

 

Les statues qu'on voit debout aux côtés de l'ogive, l'une à la tête, l'autre au pied du cercueil, sont celles de la reine Nantilde, l'une des femmes de Dagobert, et de l'un de ses fils Clovis II ou Sigebert. La reine était morte trois ans après son mari, en l'année 641.

 

CLOVIS II.

 

Ce prince mourut en 656, à vingt-trois ans, après en avoir régné dix-huit. On voyait son tombeau en bas des chaires du chœur, près de celui de Charles Martel ; il était en pierre de liais, supportant une statue couchée du prince, également en pierre. On lisait l'inscription suivante :

 

Ludovicus rex filius Dagoberti.

 

PÉPIN LE BREF.

 

«Ce prince, dit dom Germain Millet[2], fut surnommé le Bref à cause de sa petite stature, car il n'avait que quatre pieds et demi de haut, et Cœur de Lion, à cause de son grand courage.» Il mourut le 24 septembre 768, et fut enseveli à Saint-Denis, où l'on voyait son tombeau un peu au-dessous de celui de Dagobert. Sur ce sépulcre en pierre était couchée la statue de Pépin en vêtement royal, avec couronne. On lisait l'inscription suivante :

 

Pipinus rex Pater Caroli Magni.

 

A ses côtés, couchée sur le même tombeau, était la statue de sa femme, la reine Berthe, surnommée «au grand pied» :

Bertha regina uxor Pipini régis.

 

CHARLES LE CHAUVE.

 

L'empereur Charles le Chauve mourut le 6 octobre 877, à Brios, près le mont Cenis, empoisonné, dit-on, par son médecin le juif Sédécias. Son corps, enseveli d'abord dans un monastère près de Nantua, ne fut apporté qu'en 884 à Saint-Denis, où il fut enseveli sous l'autel de la sainte Trinité, au bout du chœur. Son tombeau était de cuivre, avec son effigie revêtue des ornements impériaux. «Ce fut lui, dit G. Millet, qui transféra à Saint-Denis l'assemblée ou foire que l'empereur Charlemagne, son grand-père, avait établie à Aix-la-Chapelle, appelée indict, parce qu'elle était indictée et assignée à certain jour, auxquels il montrait aux marchands pèlerins les saintes reliques de l'Église fondée par le même empereur, et spécialement le saint clou de Notre Seigneur. Cette foire, par un mot corrompu, se nomme encore le landy au lieu de l’indict, et commence le mercredi plus proche, soit devant, soit après la fête Saint-Barnabe, qui est le i l'de juin, auquel jour l'ouverture s'en fait dans l'église Saint-Denis, avec de très-belles et dévotes cérémonies.»

 

LOUIS III ET CARLOMAN.

 

Ces deux princes, fils du roi Louis le Bègue, moururent, le premier en 882, le deuxième en 884. Ils furent ensevelis à Saint-Denis, l'un auprès dé l'autre, entre le chœur et le grand autel, au-dessous de la sépulture de Pépin, près la porte de fer menant au chœur. Leurs statues de pierre, revêtues des ornements royaux, sont étendues sur leur tombeau commun sur lequel on lit d'un côté :

 

Ludovicus.rex filius Ludovici Balbi. Et de l'autre : Karolomannus rex filius Ludovici Balbi.

 

CARLOMAN, ROI D'AUSTRASIE.

 

Ce prince était frère de Charlemagne. Mort le 4 décembre 771, il fut enseveli à Saint-Denis, entre le chœur et l'endroit où fut édifié depuis le tombeau de Charles VIII. C'est ce que disent du moins les Chroniques de Saint-Denis ; les Annales du temps prétendent au contraire que Carloman fut inhumé dans le sanctuaire de Saint-Remy, à Reims. Au XIIIe siècle, l'opinion était que ce-prince avait été enterré à Saint-Denis, où Saint-Louis lui fit élever un tombeau à l'endroit que je viens de dire. On y lisait l'inscription suivante :

 

Karolomannus rex filius Pipini. 

 

EUDES.

 

Eudes, fils de Robert le Fort, «qui voulut de régent devenir roy et gouverner en son nom privé, ce qui fascha fort plusieurs bons François», mourut en 898, et fut enseveli à Saint-Denis avec les honneurs royaux, au bout des chaires du chœur, près le tombeau de Hugues Capet, ainsi que le constate cette courte inscription :

 

Odo rex.

 

CHARLES MARTEL.

 

Charles Martel, fils naturel de Pépin le Gros et de sa concubine Alpaïde, dont il fit ensuite sa femme, mourut à Crescy-sur-Oise le 22 octobre 741. Il fut enseveli à Saint-Denis, au bout des chaires du chœur, auprès du tombeau que saint Denis fit plus tard élever à Clovis. Bien qu'il n'ait pas régné, il a été représenté, dans sa statue couchée, avec le costume et les attributs royaux, et l'inscription de sa tombe lui donne également le titre de roi :

 

Karolus Martellus rex.

 

 HUGUES CAPET.

 

Ce père de l'illustre race des Capétiens mourut au château de Melun le 24 octobre 996. Il fut enseveli à Saint-Denis, au bas des chaires du chœur, auprès du roi Eudes. On lit sur le tombeau de pierre que recouvre sa statue couchée :

 

Hugo Capet rex.

 

Devant son tombeau a été enseveli son père, Hugues le Grand, dit encore le Blanc et l'Abbé, comte de Paris, mort en 956. On lit sur la tombe, réédifiée, comme les précédentes, par les soins de saint Louis :

 

Ici git Hugues le Grand jadis comte de Paris, lequel fut le père de Hugues Capet roy de France. Prie Dieu pour l'âme de lui.

 

ROBERT LE PIEUX.

 

Les annales et les légendes ont consacré les merveilleuses qualités de cœur que possédait ce bon et pieux roi. Il était, dit dom Millet, « chaste, religieux, tempérant, magnanime. » Sa piété était prodigieuse, et il la manifestait en toutes occasions ; «le jeudi saint, c'était merveille de le voir lâcher la bonde à ses dévotions et à son ardente charité; l'après-dîner, il mettait bas les vêtements royaux, prenait le cilice, puis lavait les pieds à cent soixante pauvres et les leur torchait de ses cheveux, en présence de ses chapelains »

Un religieux de son temps, Helgaud, moine de Saint-Benoît-sur-Loire, et qui a écrit sa vie, raconte que « ce pieux roi avait choisi quelque nombre de villes par la France en chacune desquelles il faisait nourrir mille pauvres; outre cela, au temps de caresme, quelque part qu'il allât, il en faisait nourrir un cent. Et en tous autres temps, il en avait toujours une douzaine avec soi, lesquels il faisait aller sur des montures, quelque part qu'il allât. »

Il mourut, dit encore Helgaud, le vingtième, jour de juillet (1031 ou 1032), au commencement de la journée du mardi, au château de Melun, et il fut porté à Paris, puis enseveli à Saint-Denis. Il y eut là un grand deuil, une douleur intolérable, car la foule des moines gémissait de la perte d'un tel père, et une  multitude innombrable de clercs se plaignait de leur misère, que soulageait avec tant de piété ce saint homme.»

Il fut enseveli au pied du tombeau de Hugues Capet. La reine, sa femme, Constance d'Arles, est couchée auprès de lui sur le même tombeau, ainsi que le constatent ces deux inscriptions :

 

Robertus rex. Constantia regina.

 

HENRI Ier.

 

Ce prince, fils du roi Robert, mourut en 1060. Il a été enterré à Saint-Denis, au pied de la tombe de son père. On lisait sur son tombeau, recouvert de sa statue couchée :

Henricus rex filius Roberti.

 

LOUIS VI LE GROS.

 

«Le roi, dit Suger dans son Histoire de Louis le Gros, après avoir reçu en communion le corps et le sang de Jésus Christ, rejetant loin de lui toutes les pompes de l'orgueil du siècle, s'étendit sur un lit de simple toile... Un peu avant de mourir, il ordonna qu'on étendît un tapis par terre et que sur ce tapis on jetât des cendres en forme de croix, puis il s'y fit porter et déposer par ses serviteurs, et, fortifiant toute sa personne par le signe de la croix, il rendit l'âme le Ier août 1137, dans la trentième année de son règne et presque la soixantième de son âge ».

Il fut enseveli à Saint-Denis, auprès du roi Henri Ier. On lit sur sa tombe cette inscription :

 

Philippus Grossus rex.

 

PHILIPPE, FILS DE LOUIS VI.

 

Associé au trône de son père en 1129, ce jeune prince mourut en 1131, le 13 octobre, «d'un accident très-fascheux. Passant à cheval par un faubourg de Paris, un pourceau traversant la rue alla s'embarrasser dans les jambes de son cheval, lequel tomba sur lui et l'écrasa, dont il mourut peu d'heures après. »

Il fut enseveli à Saint-Denis, entre la clôture du chœur et le futur tombeau de Charles VIII. Sa statue, couchée, est étendue sur son tombeau, au pied duquel on lit:

 

Philippus rex filius Ludovici Grossi.

 

Près de sa statue on voyait celle de Constance d'Aragon, deuxième femme du roi Louis VII, avec l'inscription suivante :

 

Constantia Regina quoevenit de Hispania.

 

PHILIPPE II.

 

Le roi Philippe-Auguste mourut à Nantes le 14juillet 1223. Son corps fut transporté en grande pompe à Saint-Denis, où il fut inhumé, derrière l'autel de la Trinité, au bout du chœur.

 

LOUIS VIII.

 

Louis VIII, dit le Lion, mourut à Montpensier, en Auvergne, le 7 novembre 1226. Il fut enseveli aux côtés mêmes de son père Philippe-Auguste, derrière l'autel de la Trinité, au bout du chœur.

 



[1] Double erreur ; Dagobert a régné de 622 à 638, année de sa mort.

[2] Religieux bénédictin de la congrégation de Saint-Maur a publié un petit livre devenu aujourd'hui aussi rare qu'il est curieux: Le Trésor sacré de l'abbaye royale de Saint-Denis et les Tombeaux des rois et reines en sépulture ainsi celle depuis le roy Dagobert jusque au roy Henri le Grand.2e édition, Paris,1633, avec privilège du roi. Se vendait à Paris chez Jean Billaine, rue Saint-Jacques, à l'enseigne de Saint-Augustin.

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