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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #FRANCE SECRETE-HERMETIQUE

LE BAPTÊME DE CLOVIS ET DE VOCATION DE LA FRANCE

Par F. LUNET, Chanoine.

D’APRÈS LE 12ième CHAPITRE DE L’APOCALYPSE.

PRÉFACE

Dans le courant de l'année prochaine, nous publierons l'interprétation de l'Apocalypse. Aujourd'hui, afin de coopérer selon nos forces au glorieux centenaire de Reims, nous détachons de notre manuscrit, et nous faisons imprimer à part, le commentaire du XIIe chapitre qui parle du baptême de Clovis et de la vocation providentielle de la France.

Après la chute de l'empire romain, Satan veut établir dans le beau pays des Gaules, le centre de l'empire universel qu'il veut opposer a l'Eglise.

II a jeté les yeux sur le vainqueur de Tolbiac pour en être le premier monarque.

Il descend avec une grande pompe, à la tête des légions infernales, pour le tenter après son baptême, comme il tenta le Sauveur, et lui offrir le sceptre du monde.

Michel veille sur le néophyte de Reims, repousse l'orgueilleux dragon et le précipite sur la terre avec toute son armée. Clovis reçoit le baptême des mains de saint Remi et devient le fondateur de la monarchie très chrétienne, qui reçoit pour mission de défendre l'Eglise contre tous ses ennemis. Elle remplira, sous l'Evangile, le rôle de la tribu de Juda, sous la Loi. Le Prince de la milice céleste la protège, comme il protégeait Israël. Si elle est docile aux inspirations de son ange tutélaire, sa gloire sera incomparable, elle marchera en tête des nations et dominera la terre.

Saint Jean raconte sa vocation et le baptême de son premier roi.

Dans le XIIe chapitre de l'Apocalypse, il interrompt la description de l'empire mahométan et des guerres et des massacres qui auront lieu sous son dernier empereur, l'Antéchrist, pour offrir aux fidèles le tableau consolant de l'enfant mâle qui repoussera le croissant.

A l'occasion du XIVe centenaire de ce glorieux événement, les catholiques français seront heureux de lire ces pages palpitantes d'actualité, bien propres, croyons-nous, à ranimer leur foi et leurs espérances.

C'est un commentaire littéral que nous leur offrons. Du premier verset jusqu'au dernier, nous avons suivi le sens naturel et obvie. Afin de le mieux saisir, nous avons constamment rapproché les paroles de l'Apôtre des termes analogues des livres sacrés, interprétant ainsi l'Ecriture par l'Ecriture. Nous avons surtout profité des leçons du plus sûr des interprètes des prophéties, l'événement et l'expérience. A la lumière des faits accomplis, nous avons pu, sans trop de difficulté, expliquer ce chapitre demeuré indéchiffrable pour les anciens commentateurs.

Nous osons espérer que le lecteur sera satisfait de notre interprétation elle est claire et basée sur les faits. Dans ce but, nous avons accumulé les citations des historiens relatant simplement les principaux événements de notre vie nationale. Ce rapprochement des faits et du texte sacré éclaire d'une vive lumière nos adages nationaux : Noël, Noël– Gesta Dei per Francos – Regnum Galliae, Regnum Mariae. Vive le Christ qui aime les Francs ! et explique la rage de Satan contre la Fille aînée de l'Eglise. Ne pouvant la détruire, il s'efforce de la révolutionner, de la laïciser, et au milieu des fêtes du centenaire, il pousse la Franc-maçonnerie à élever dans Paris une mosquée en face du Sacré-Cœur, pour insinuer que l'alcoran vaut mieux que l'Evangile.

Jusqu'ici il n'a que trop réussi dans sa haine homicide. Beaucoup de Français, oubliant qu'ils sont chrétiens, suivent de plus en plus les inspirations du plus cruel de nos ennemis, et ne craignent pas d'attirer sur notre noble patrie les vengeances du ciel.

Catholiques, secouez votre torpeur écoutez la voix du Souverain Pontife qui vous invite, en cette année mémorable, à renouveler les promesses de votre baptême et à vous unir pour repousser les sectaires qui pervertissent et déshonorent la France. Prenez la croix, comme vos pères, et repoussez les nouveaux Musulmans Dieu le veut !

TEXTE

1. Et un grand prodige parut dans le ciel Une femme revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles.

2. Elle était enceinte, et elle criait, se sentant en travail, et elle était tourmentée des douleurs de l'enfantement.

3. Et un autre prodige fut vu dans le ciel Un grand dragon roux, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses sept têtes, sept diadèmes.

4. Or sa queue entraînait la troisième partie des étoiles, et elle les jeta sur la terre et le dragon s'arrêta devant la femme qui allait enfanter, afin ~de dévorer son fils aussitôt qu’elle serait délivrée.

5. Elle enfanta un enfant mâle qui devait gouverner toutes les nations avec un sceptre de fer et son fils fut enlevé vers Dieu et vers son trône.

6. Et la femme s'enfuit dans le désert où elle avait un lieu préparé par Dieu, pour y être nourrie mille deux cent soixante jours.

7. Et il se fit un grand combat dans le ciel Michel et ses anges combattaient contre le dragon, et le dragon combattait, et ses anges aussi

8. Mais ils ne prévalurent pas aussi leur place ne se trou va plus dans le ciel.

9. Et ce grand dragon, l'ancien serpent, qui s'appelle le diable et satan, fut précipité sur la terre, et ses anges furent jetés avec lui.

10. Et j'entendis une voix forte dans le ciel disant C'est maintenant qu'est accompli le salut de notre Dieu, et sa puissance et son règne, et la puissance de son Christ, parce qu'il a été précipité, l'accusateur de nos frères, qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit.

11. Et eux sont vaincus par le sang de l'Agneau et par la parole de leur témoignage et ils ont méprisé leurs vies jusqu'à souffrir la mort.

12. C'est pourquoi, cieux, réjouissez-vous, et vous qui y habitez. Malheur à la terre et à la mer, parce que le diable est descendu vers vous, plein d'une grande colère, sachant qu'il n'a que peu de temps.

13. Or après que le dragon eut vu qu'il avait été précipité sur la terre, il poursuivit la femme qui avait enfanté l'enfant mâle.

14. Mais les deux ailes du grand aigle furent données à la femme, afin qu'elle s'envolât dans le désert en son lieu, où elle est nourrie un temps et des temps, et la moitié d'un temps, hors de la présence du serpent.

15. Alors le serpent vomit de sa bouche, derrière la femme, de l'eau comme un fleuve, pour la faire entraîner par le fleuve.

16. Mais la terre aida la femme elle ouvrit son sein, et elle engloutit le fleuve que le dragon avait vomi de sa bouche.

17. Et le dragon s'irrita contre la femme, et il alla faire la guerre à ses autres enfants qui gardent les commandements de Dieu, et qui ont le témoignage de Jésus-Christ.

18. Et il s'arrêta sur le sable de la mer.

COMMENTAIRE CHAPITRE 1er

SOMMAIRE

Article I. L'Arche d'alliance, ce qu'elle figurait. Les merveilles qu'elle opéra pour introduire les Israélites dans la Terre promise, font prévoir celles que Jésus et Marie renouvelleront pour introduire les Chrétiens et les Juifs convertis dans la nouvelle Jérusalem.

Article II. Saint Remi, tout éclatant de la lumière du Christ. de Marie et des Apôtres, désire la conversion de Clovis, l'instruit, te baptise et le sacre au milieu des prodiges. Cet événement réjouit l'Eglise les papes et les évêques félicitent Remi.

-La qualité d'enfant mâle est un caractère de nos rois qui se transmettent le pouvoir de mâle en mâle.

Article III. Clovis reçoit le sceptre de fer : 1° Pour régner sur son peuple fidèle, protéger l'Eglise et marcher en tête de la chrétienté. 2° Pour régir les nations il en soumet plusieurs, et Charlemagne un plus grand nombre. Si la France eût été fidèle à sa mission, sa gloire aurait tout éclipsé. Si Louis XIV eût entendu l'appel du Sacré-Coeur, son empire eût été immense.

Article IV. Clovis et tous les rois de France, ses successeurs sont catholiques ils meurent dans la communion de l'Eglise.

ARTICLE PREMIER : L'ARCHE D'ALLIANCE

Et le temple de Dieu fut ouvert dans le ciel, et l'arche de son alliance y parut, et il se fit des éclairs, des voix, un tremblement de terre et une grêle très forte (Chap XI. Verset 19)

Ce verset doit être placé en tête de ce chapitre : c'est à tort que les éditeurs l'ont mis à la fin du précédent. Il n'a aucun rapport avec les tempêtes, tandis qu'il sert de préface aux coupes et à toute la quatrième partie qui n'en est que le développement.

Le temple est ouvert dans le ciel est le tabernacle qui n'a pas été fait de la main des hommes, le Saint des saints, le véritable sanctuaire qui servit de modèle à celui de Moïse, la Jérusalem céleste où le Sauveur est entré au jour de l'Ascension avec les justes qui l'accompagnaient dans son triomphe, où sa sainte Mère fut transportée en corps et en âme, au jour de l'Assomption.

Et l’arche de son alliance y parut. L'Arche d'alliance était un ciste ou ciste de deux coudées et demie de long, d'une coudée et demie de haut. Elle ressemblait à un autel, à un tombeau, elle était faite de bois incorruptible et recouverte intérieurement et extérieurement de lames d'or. Une couronne d'or environnait sa partie supérieure. Le Propitiatoire, d'or pur, lui servait de couvercle. Son nom d'Arche d'alliance lui venait des deux tables de la loi qu'elle renfermait. Les dix préceptes étaient la condition de l'alliance de Dieu avec son peuple.

Le ciste de bois incorruptible et revêtu d'or, était la figure de la Vierge Immaculée pleine de grâces et de mérites.

Le Propitiatoire, avec sa couronne d'or, représentait l'Homme-Dieu porté par sa mère, le Christ Roi, le Pasteur d'Israël, veillant sur son peuple, répondant à toutes ses consultations et le protégeant contre ses ennemis.

L'Arche était son trône, son char de victoire et de triomphe. Elle reposait dans le Saint des saints et n'en sortait que pour guider Israël dans ses marches, et le précéder dans ses combats. Elle opéra les plus grandes merveilles en sa faveur, refoula le Jourdain pour le laisser passer, renversa les murs de Jéricho et l'introduisit dans la Terre promise.

Voici que le temple de Dieu s'ouvre dans le ciel et l'arche sort de son repos. Aussitôt qu'elle paraît, le tonnerre gronde, la foudre éclate, la terre tremble, et une grêle épouvantable tombe avec fracas.

L'Arche va-t-elle donc recommencer ses exploits ? Certainement non  son rôle est fini, elle ne reparaîtra pas[1].

Mais, sous l'illustre symbole, voyez la réalité, Jésus et Marie, et vous pourrez prévoir ce qui va arriver, le passé éclaire l'avenir.

Le Sauveur du monde va quitter la droite de son Père pour venger son Eglise et ramener les douze tribus converties dans l'héritage de leurs pères. Un feu sorti de sa bouche consumera les impies, comme le feu sorti de l'arche consuma Coré et tous ses partisans.

Une grêle très forte écrasera les armées de Gog et Magog, comme une pluie de pierres écrasa les Amorrhéens à la descente de Bethoron[2] ; les tremblements de terre renverseront les villes des nations, comme les murs de Jéricho la terre s'entr'ouvrira et engloutira l'Antéchrist et son prophète, comme elle engloutit Dathan et Abiron et les justes, délivrés de leurs persécuteurs, acclameront avec une grande joie leur libérateur et chanteront le cantique nouveau, comme les Hébreux, échappés aux flots de la mer Rouge, chantèrent le cantique de Moïse. Et le temple de Dieu fut ouvert  dans le ciel, et l’arche de son alliance y parut, et il se fit des éclairs, des voix, un tremblement de terre et une grêle très forte.

Ici le Christ, roi des Juifs, vient au secours de son peuple sous l'emblême de l'arche ailleurs[3], saint Jean le voit monté sur un cheval blanc et portant de nombreuses couronnes, parce qu'il est aussi le roi des autres peuples, le dominateur de la terre.

Sur le Propitiatoire il y avait deux chérubins nous pouvons inférer de là que le Sauveur ne viendra pas seul, mais qu'il sera suivi des armées célestes, comme l'annoncent clairement, du reste, d'autres textes.

Nous pouvons inférer, en second lieu, que sa sainte Mère se joindrait au Fils pour écraser la tête du serpent, selon la promesse faite à nos premiers parents. Le 19e verset ne serait donc qu'une nouvelle édition de l'antique promesse. Remarquons encore que ce verset et le suivant sont les seuls textes de l'Apocalypse qui fassent allusion à la sainte Vierge.

D'après ce qui précède, on voit que le symbolisme du 19e verset est très riche, qu'il en est peu qui disent autant de choses en si peu de mots, et qui rappellent un passé plus glorieux et annoncent un plus brillant avenir. Il peut servir de préface et d'épilogue à la quatrième partie de l'Apocalypse les chapitres qui vont suivre partir du XIIIe jusqu'à la fin, n'en seront que le développement. Toutefois, avant de parler des derniers combats du Christ pour son Eglise, saint Jean va dire quelques mots de l'empire mahométan dont l'Antéchrist sera le dernier empereur, et nous faire connaître la vocation et la mission de la France destinée à protéger la chrétienté contre les infidèles. Elle jouera, dans les temps modernes, le rôle de la tribu de Juda dans les temps anciens sous l'inspiration de Marie, elle marchera en tête des peuples chrétiens, comme Juda à la suite de l'arche, précédait les tribus d'Israël. Voilà pourquoi l'arche paraît au moment où l'on va baptiser et sacrer le fondateur de la monarchie française que ceux qui veulent s'y opposer, redoutent le bras puissant de la reine du ciel !

ARTICLE SECOND : SAINT REMI BAPTISE CLOVIS

Les différents caractères, assignés ici à la femme qui enfante et à l'enfant mâle, conviennent assez à l'Eglise des Gaules et à Clovis. Rapprochons le texte de l'histoire et nous nous convaincrons, en effet, que saint Jean parle dans ce chapitre de la mission de la monarchie française.

1. Et un grand prodige parut dans le ciel une femme revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles. Cette femme c'est l'Eglise, éclatante de la lumière de Jésus-Christ, soleil de justice, portée par la Vierge Marie, miroir de justice, et ayant les douze Apôtres pour couronne.

L'Eglise est l'aide, l'épouse du Christ Pro Christo legatione fungimur[4] . C'est en son nom qu'elle distribue ses grâces, applique ses mérites, sanctifie les hommes, et les fait enfants de Dieu. Sans lui, elle ne peut rien faire Sine me nihil potestis facere[5] . Aussi a-t-il promis de l'assister jusqu'à la consommation des siècles[6]. Dans plusieurs endroits de l'Apocalypse, saint Jean nous le montre fidèle à sa promesse il l'avertit, il l'excite, il la menace, il la défend, il combat pour elle et envoie son ange pour lui révéler ses secrets. Dans le premier chapitre, il marche au milieu de sept candélabres, emblême des sept églises de l'Asie, et il tient en sa main droite sept étoiles qui sont leurs sept évêques. Ici, il lui est intimement uni, la revêt de sa lumière, la remplit de son amour et de son zèle, pour la conversion des âmes.

Mulier amicta sole : «Arabicus, induta sole, hoc est Ecclesia circumdata Christo sponso suo Christus enim est sol justicae[7], uti apostoli sunt stellae, quae suam lucem a sole, id est, Christo, mutuantur. Rursum, Christus instar amictus et vestit circumdat, amicit et ornat Ecclesiam : unde toties hortatur fideles apostolus, dicens: induimini Jesum Christum[8].

La lune sous ses pieds. La lune soutient la femme, Marie soutient l'Eglise. Par ses mérites et ses prières, elle la conserve et la défend contre  toutes les attaques de l'ennemi par sa douce influence elle attire les pécheurs et les convertit par les grâces qu'elle leur obtient. Elle aime tendrement tous les chrétiens, les porte entre ses bras, et les presse sur son coeur maternel, comme autrefois son divin Fils.

« Mulier hic proponitur quasi parturiens, ideo que exprimutur quasi mysticae lunae ope adjuta. Nam gentes lunam in partubus implorabant et quasi obstetricem credentes, illam Junonem Lucinam appellabant…. Unde Virgiliuus ait :

Casta, fave, Lucina, tuus jam regnat Apollo[9].

« Mulier amictd sole ab omnibus pene exponitur sancta Ecclesia[10]. »

«Dico cum Ambrosio, Ticonio, Primasio, Haymone, Andrea Caesariensi,  Richardo, Beda, Methodio…per hanc mulierem intelligi Ecclesiam. Apparuit in coelo, non empyreo, nec sidereo, sed areo : inde enim mulier hoec volavit in desertum.[11]

Une femme revêtue du soleil. C'est l'Eglise toute éclatante de la lumière de Jésus-Christ [12]. » Il importe de remarquer ici que le monde matériel a été créé sur le type du monde spirituel. Ce qu'est le Christ, sa mère, ses apôtres et ses saints, par rapporta l'Eglise, le soleil, la lune et les étoiles le sont par rapport à la terre. Sous leur influence, l'une multiplie les enfants de Dieu et l'autre se couvre de plantes et nourrit de nombreux animaux[13].

Une femme revêtue du soleil. Cette femme, avons-nous dit, représente l'Eglise. Mais sous quelle forme paraît-elle dans la vision? Vraisemblablement sous les traits de l'évêque qui doit baptiser l'enfant mâle ; c'est-à-dire d’après notre hypothèse,  sous les traits de saint Remi, archevêque de Reims.

2. Elle était enceinte, et elle criait, se sentant en travail, et elle était tourmentée des douleurs de l’enfantement. – Ces paroles marquent le grand désir qu'a le saint archevêque de donner un roi catholique à l'Eglise qui la défende des incursions des barbares et des persécutions des hérétiques. Vers la fin du Ve siècle, en effet, nul prince ne la protège. L'empereur de Constantinople, Zénon, est eutychéen, et veut forcer ses sujets à souscrire une formule de foi hérétique.

L'empire d'Occident s'est éteint avec Augustule, en 475 les Vandales ravagent l'église d'Afrique et envoient en exil, ou font mourir dans les tourments, les catholiques qui ne veulent pas embrasser l'arianisme Théodoric, maitre de l'Italie, Alaric de l'Espagne et du midi des Gaules, et Gondebaud, roi des Burgondes, sont également ariens. Les Francs qui occupent la Belgique, et les autres peuples allemands, qui n'ont pas encore passé le Rhin, sont idolâtres. Tel était l'état de l'Eglise lorsque, en 481, Clovis, âgé de seize ans, succède à son père Childéric, mort à Tournon. Saint Remi conçoit les plus heureuses espérances de  l’avènement de ce jeune prince mais ce ne fut que quinze ans plus tard, en 496, qu'il a le bonheur de le voir embrasser la foi catholique et de le baptiser.

Pendant quinze ans, les prières et les exhortations du saint archevêque sont inutiles Clovis ne peut se résoudre à abandonner le culte de ses pères. Il est plein d'estime pour Remi, admire ses vertus et suit avec docilité ses conseils mais il reste idolâtre. Son épouse, sainte Clotilde, n'est pas plus heureuse ses larmes et ses supplications ne peuvent vaincre son obstination.

Toutefois, saint Remi ne se décourage pas il espère que la grâce triomphera de sa résistance, et que Dieu illuminera son âme des clartés de la foi il redouble donc de prières et de bonnes oeuvres pour obtenir sa conversion. Et in utero habens, clamabat partiriens, criciabatur ut pariat .

« Une guerre éclata entre les Alamans et les Francs. Clovis fut alors contraint par les événements à faire ce qu'il avait toujours refusé jusque-

là. Au moment où les deux armées étaient aux prises, les troupes franques furent repoussées en tel désordre que les bataillons, refoulés les uns sur les autres, se donnaient mutuellement la mort. A ce spectacle Clovis, ne put retenir ses larmes. Le coeur brisé, il leva les yeux au ciel, en s'écriant « Jésus-Christ, vous que Clotilde appelle le Fils de Dieu vivant, s'il est vrai que vous protégez ceux qui vous invoquent et donnez la victoire à vos serviteurs, j'implore votre assistance'; si vous me faites  triompher de mes ennemis, si vous étendez sur moi cette puissance dont votre peuple reconnaît l'efficacité, je jure de croire en vous et de me faire baptiser en votre nom. J'ai prié mes dieux, ils ne m'ont point écouté. J'en ai la preuve. A vous de m'arracher au périt. » A peine eut-il parlé ainsi que le combat changea de lace les Alamans furent culbutés, les Francs remportèrent une victoire signalée, et Clovis ramena ses troupes sous la tente. A son retour, il raconta à la reine comment il devait la victoire à l'invocation du nom de Jésus-Christ [14]. »

« Comme il revenait plein de joie de son expédition, dit Alcuin, Clovis traversa la cité de Toul, et y rencontra Vedastus t2~, vénérable prêtre, qui s'était consacré à la vie contemplative, et habitait un ermitage sur les bords de ta Meuse. Il voulut s'en faire accompagner jusqu'à Reims, et profita de ses instructions pour se préparer à l'acte religieux qu'il  méditait.

Au passage d'un pont, un aveugle apprenant que le saint prêtre se trouvait dans le cortège du roi, s'écria « Elu de Dieu, bienheureux Vedastus[15], ayez pitié de moi je ne vous demande ni or ni argent, invoquez le Seigneur et rendez-moi la vue. »

Le solitaire comprit que Dieu lui accorderait cette grâce, non point seulement pour récompenser la foi de l'aveugle, mais surtout pour illuminer l'intelligence d'un peuple entier. Il se mit en prières, puis, traçant un signe de croix sur le front de l'infirme, il dit « Seigneur Jésus, vous qui êtes la véritable lumière, vous qui avez guéri l'aveugle-né de l'Evangile, ouvrez les yeux de cet homme, et que toute la multitude qui m'entoure comprenne que seul vous êtes Dieu, que le ciel et la terre vous obéissent. En ce moment, l'aveugle recouvra subitement la vue et se joignit à la foule en bénissant le Seigneur[16]. Vedastus accompagna Clovis jusqu'à Reims.

« Cependant, dit Grégoire de Tours, Remi, exactement informé par Clotilde des dispositions du roi, achevait de l'instruire de toutes les vérités du christianisme et le pressait enfin de déclarer sa conversion. Père très saint, lui répondit Clovis, je suis prêt. Pourtant une considération me retient encore le peuple qui me suit ne veut pas qu'on abandonne ses dieux. Je vais convoquer les Francs, et je leur parlerai dans le sens de vos instructions. » L'assemblée eut lieu.

Sans doute le projet royal était connu de tous, car avant même que Clovis eut pris la parole, aussitôt qu'on le vit paraître, une acclamation générale se fit entendre. Pieux roi, dirent les Francs, nous abjurons le culte des dieux mortels, nous voulons servir le Dieu immortel que Remi adore. Ce bienheureux évêque, en apprenant cette décision nationale, fut rempli d'une grande joie; il prépara tout pour le baptême solennel[17]. »

Plusieurs évêques, entre autres Solemnis de Chartres, et Principius, de Soissons, joignirent leurs efforts aux siens et lui amenèrent des prêtres pour suffire à l'apostolat d'une armée tout entière. Vedastus continuait illuminer par ses enseignements le coeur et l'intelligence de cette foule de catéchumènes. Clovis écoutait un jour le récit évangélique de la Passion du Sauveur il interrompit la lecture et s'écria : Si j'eusse été là avec mes Francs, j'aurais vengé les injures de mon Dieu.

«Dans la soirée qui précéda la cérémonie du baptême, dit Hincmar, le saint et vénérable Remi passa quelques heures en prière devant l'autel de l'église de sainte Marie, pendant que la reine Clotilde priait elle-même dans l'oratoire de saint lierre, a proximité de la demeure royale. Après son oraison, le pontife se rendit près du roi, voulant profiter du silence de la nuit pour donner ses dernières instructions au néophyte couronné. Les cubucularii lui ouvrirent les portes et l'introduisirent près de leur maître. Clovis s'avança à sa rencontre, l'embrassa et le conduisit près de la reine, dans l'oratoire du très bienheureux Pierre, prince des Apôtres. On dispose des sièges pour le roi, la reine, les clercs, qui avaient accompagné le pontife, et un certain nombre de serviteurs du palais, seuls témoins de cette scène imposante.

Remi, dans une allocution paternelle, résuma pour la dernière fois les instructions évangéliques des jours précédents. Pendant qu'il parlait, une lumière céleste éclata soudain dans l'église, effaçant la lueur des cierges allumés, et une vox se fit entendre qui disait « La paix soit avec vous. C'est moi, ne craignez point persévérez dans mon amour. » Après ces paroles, la lumière surnaturelle disparut et un parfum d'une suavité céleste se répandit dans l'enceinte.

Le roi et la reine se précipitèrent aux genoux du saint pontife, en versant des larmes d'émotion et de joie. Un grand prodige parut dans le ciel; une femme revêtue d soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles… elle  criait, et elle était tourmentée des douleurs de l'enfantement.

L'homme de Dieu illuminé lui-même de l'esprit prophétique, leur tint ce langage « Votre postérité gouvernera noblement ce royaume elle glorifiera la sainte Eglise et héritera de l'empire des Romains elle ne cessera de prospérer, tant qu'elle suivra la voie de la vérité et de la vertu. Mais la décadence viendra par l'invasion des vices et des mauvaises moeurs. » C'est là, en effet, ce qui précipite la ruine des royaumes et des nations. En parlant ainsi, le visage de l'évêque resplendissait de gloire, comme autrefois celui de Moïse. Le législateur évangélique des Francs avait une auréole semblable à celle du chef des Hébreux[18]. »

La prière de saint Remi à l'autel de Marie -luna sub pedibus ejus- la veille du baptême des Francs, est restée dans la mémoire nationale, et s'est traduite par l'adage chevaleresque et chrétien : Regnum Galliae, regnum Mariae. La prophétie de l'évêque de Reims, au berceau de la monarchie française, s'est également réalisée au pied de la lettre. Plus la France s'écartera des voies de la vérité et de la vertu, plus elle précipitera sa propre ruine[19] .

« Nouveau Constantin, Clovis s'approcha de la piscine baptismale, non pour y être purifié de la lèpre matérielle, mais de la lèpre du péché il demanda au pontife le sacrement de la régénération. Remi, avec cet à-propos et cette divine éloquence qui le caractérisait, lui dit Courbe doucement ta tête, fier sicambre, adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré. Cette expressive parole frappa tous les cœurs on eut dit la majesté du pape Sylvestre commandant au fils de sainte Hélène[20]. »

« Or, reprend Hincmar, il advint que le clerc chargé de porter le saint chrême, avait été séparé par la foule, sans pouvoir arriver près de la piscine sacrée. Le pontife, après avoir béni l'eau régénératrice, demanda le chrême pour l'y mêler, suivant l'usage il ne s'en trouva point. Remi, les yeux et les mains levées vers le ciel, se mit en prières on vit des larmes

inonder son visage. Soudain une colombe, au plumage blanc comme la neige, s'approcha de lui. Elle tenait dans son bec, une petite ampoule, pleine de saint chrême. Le pontife l'ouvrit, et il s'en exhala une odeur délicieuse. La colombe disparut au même instant, et le vénérable évoque répandit l'huile sainte dans la piscine baptismale[21]. »

Après avoir confessé sa foi à la Trinité, Clovis fut baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et reçut l'onction du chrême en forme de croix. Albollède, l'une de ses soeurs, reçut aussi le baptême et Lanthilde, autre soeur de Clovis, abjura aussi l'arianisme. Enfin, trois mille guerriers Francs sortirent chrétiens du baptistère de l'église de Sainte-Marie de Reims c'était le 25 décembre 496.

Les évoques des Gaules prirent part en esprit au baptême de Clovis, ne pouvant tous être présents de corps, comme le lui écrivit saint Avit, évêque de Vienne, et, comme tel, sujet de Gondebaud : « … Il ne me fut pas donné d'en être le témoin, et d'y apporter le concours de mon ministère, mais j'y assistais en esprit dans la communion de la joie. Tout retentit de vos triomphes.

Vos sujets ne sont pas les seuls à y prendre part. Votre prospérité nous touche nous-mêmes, et nous sommes réellement vainqueurs, toutes les fois que vous combattez. »

Le monde chrétien tressaillit de joie, a la nouvelle de la conversion de Clovis. Le pape saint Anastase II écrivit au roi des Francs en  ces termes « Glorieux fils, votre avènement à la foi chrétienne coïncide avec le début de notre pontificat et nous apporte une joie immense. Le siège de Pierre tressaille d'allégresse, en voyant la multitude des nations remplir le filet que le pêcheur d'hommes, le porte-clefs de la Jérusalem céleste, a reçu mission de jeter dans le monde. Nous adressons à votre sérénité le prêtre Eumérius qui vous transmettra nos félicitations, afin que, connaissant la joie du père, vous la confirmiez par vos oeuvres, que vous deveniez notre couronne et que l'Eglise, votre mère, s'applaudisse des progrès du grand roi  qu'elle vient d'enfanter à Dieu. Soyez donc, glorieux et illustre fils soyez la joie de votre mère et son rempart inexpugnable. Nos malheureux temps ont vu bien des défections. Notre barque est assaillie, comme dans une tempête, par la malice et la perfidie des hommes. Mais nous espérons contre toute espérance, et nous adressons nos hymnes d'actions de grâce au Seigneur Jésus, qui vous a arraché à la puissance des ténèbres. En donnant à l'Eglise un roi tel que vous, il lui assure un protecteur capable de la soutenir et de la défendre. Courage donc, glorieux et bien aimé fils que le Dieu tout puissant daigne étendre le secours de son bras sur votre sérénité et sur votre royaume, qu'il ordonne à ses anges de vous garder dans toutes vos voies, et vous accorde la victoire sur vos ennemis[22]. »

Saint Anastase vient de féliciter Clovis de sa conversion. Quelques années après, son second successeur, saint Hormisdas établit vicaire apostolique des Gaules, Remi, qui l'a converti et baptisé.

Des premières années de son pontificat, il lui écrit la lettre suivante :

« Nous avons reçu avec joie les félicitations que votre fraternité nous a transmises, et c'est pour nous un bonheur de vous exprimer nos sentiments à votre égard. II vous appartiendra désormais de veiller à l'exécution des décrets du siège apostolique et des saints canons dans les Gaules. Nous vous confions la charge de nous représenter dans toute l'étendue des états conquis par notre fils spirituel et bien-aimé, le roi Clovis, que vous avez récemment régénéré avec la grâce de Dieu par l'eau du baptême, en des circonstances qui ont rappelé la série des prodiges accomplis autrefois par les Apôtres. Le privilège que nous vous conférons ici ne devra préjudicier en rien aux droits ordinaires des métropolitains. Nous voulons augmenter votre dignité personnelle en vous associant d'une manière plus éminente à notre sollicitude pastorale, et nous reposer sur votre vigilance du soin de pourvoir plus efficacement aux besoins généraux des églises des Gaules[23]. »

Ces lettres des papes et des évêques montrent la joie universelle qu'éprouva l'Eglise de la conversion du roi des Francs, l'importance qu'on attribuait à son baptême et l'estime singulière qu'on avait pour t'archevêque de Reims que la Providence avait choisi pour coopérer à ce grand événement. Non seulement le Christ illumine de ses clartés son ministre, le remplit de prudence et de sagesse, le doue d'une éloquence persuasive, stimule intérieurement son zèle et sa charité il l'assiste encore extérieurement d'une manière visible pour tous les spectateurs. Il l'environne d'une lumière éclatante, orne son front d'une auréole, comme autrefois le législateur des Hébreux il parle pour confirmer ses paroles, lui fait apporter du ciel par une colombe le chrême dont il a besoin, et remplit le lieu saint d'un parfum délicieux. Il complète l'oeuvre qu'il a commencée à Tolbiac à force de miracles et de bonté il veut convaincre Clovis et ses Francs de sa divinité, afin d'en faire des instruments dociles de sa gloire Gesta Dei per Francos. Notre Seigneur, soleil de justice, revêt donc de sa lumière Remi, représentant de l'Eglise, la femme qui doit enfanter. Sans nul doute, la lune, la sainte Vierge Marie, qui va choisir la

France pour son royaume de prédilection, regnum Galliae, regnuin Mariae, ne peut manquer  d'assister l'archevêque de Reims et lui obtenir les grâces dont il a besoin pour convertir son premier roi et si elle ne manifesta pas d'une manière sensible son action, elle est présente d'une certaine façon, car elle reçoit dans ses bras les nouveaux enfants de Dieu, puisqu'ils sont baptisés dans l'église de Sainte-Marie. Les Apôtres sont aussi présents dans leurs successeurs, les évêques, qui forment une brillante couronne autour de Remi et l'aident à administrer le sacrement de la régénération aux trois mille compagnons de Clovis.

De tout ce qui précède, nous pouvons déjà conclure, sans trop de témérité, que le texte que nous commentons ici, fait allusion aux grands événements qui eurent lieu à Reims, le 25 décembre 496, et dont nos pères nous ont transmis le souvenir dans leur cri de joie et dans leur acclamation monarchique : Noël Noël Et un prodige parut dans le ciel une femme revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles. Elle était enceinte, et elle criait, se sentant en travail, et elle était tourmentée par les douleurs de l’enfantement.

5. Elle enfanta un enfant mâle qui devait gouverner toutes les nations avec un sceptre de fer : et son fils fut élevé vers Dieu et vers son trône.

La qualité d'enfant mâle convient parfaitement au fondateur de la monarchie française. Clovis, en effet, était plein de courage et d'énergie, il avait trente ans, quand il abandonna le culte de ses pères pour embrasser la foi catholique. Il résista longtemps aux sollicitations de son épouse et aux exhortations de Remi, et ce ne fut qu'après une mure réflexion, et vaincu en quelque sorte par l'évidence et par une intervention divine, qu'il consentit à recevoir le baptême.

Les expressions d'enfant mâle peuvent désigner la male énergie et la haute raison de Clovis; mais ils signifient antre chose. Ne nous arrêtons pas a l'écorce du texte pénétrons jusqu'à la moelle, et nous en verrons jaillir une lumière caractéristique qui frappera les esprits les moins attentifs. Pour cela rappelons-nous simplement la maxime de notre vieux droit monarchique Le royaume de France ne tombe pas de lance en quenouille, et nous comprendrons que l'enfant mâle n'est autre chose que le fondateur de la monarchie française, qui transmettra le pouvoir royal de mâle en mâle, à l'exclusion des femmes.

Ainsi la loi salique fixe le vrai sens du verset du XIIième chapitre de l'Apocalypse. L'auteur du prologue de cette loi corrobore singulièrement cette interprétation, lorsqu'il affirme que Dieu inspira la loi salique à ses Pères. Les deux textes viendraient donc de la même source le même Esprit aurait éclairé le Prophète et le Législateur.

Voici ce monument de la foi de nos ancêtres après l'avoir lu, nous serons moins étonnés des faveurs que le Christ leur accorde et du rôle qu'il leur réserve.

Prologue de la loi salique. « La nation des Francs, illustre, fondée par Dieu, son auteur, forte sous les armes, profonde en conseil, ferme dans les traités de la paix, noble dans sa taille élancée, d'une blancheur et d'une beauté singulières, hardie, agile et rude au combat, depuis peu convertie à la foi catholique, pure de toute hérésie, lorsqu'elle était encore sous une croyance barbare, avec l'inspiration de Dieu, recherchant déjà la clef de la science, aspirant a la piété, adopta la loi salique dictée par les chefs qui étaient alors les juges des peuples.

Puis, lorsque avec l'aide de Dieu, Clovis le chevelu, le beau, l'illustre roi des Francs, eut, le premier de sa race, reçu le baptême catholique, tout ce qui, dans le pacte primitif, était juge peu convenable fut amendé avec clarté, et ainsi fut dressée cette constitution sainte. Vive quiconque aime les Francs ! Que le  Christ garde leur royaume et remplisse les chefs de la lumière de sa grâce qu'il protège l'armée, qu'il munisse le peuple du rempart de la foi, et leur accorde les joies de la paix et les jours de la félicité, lui qui est le Seigneur des conquérants et le maître des rois. Car cette nation, petite par le nombre, mais grande par le courage, a brisé par la force des armes le joug que les Romains faisaient peser sur sa tête. Ce sont les Francs qui, après avoir reconnu la sainteté du baptême, ont recueilli précieusement enchâssé dans l'or et les pierreries le corps des saints martyrs que jadis les Romains avaient brûlés par le feu, massacrés par le fer et jetés à la dent des bêtes féroces. » Peperit masculum.

Avec Clovis, Remi baptise ses soldats et leurs familles. Il a semé dans la tristesse et les larmes il moissonne dans la joie. Il a le bonheur de voir sortir de l'onde régénératrice la nation des Francs, l'âme plus pure que les habits blancs qu'elle a revêtus. Hier esclaves du démon, aujourd'hui enfants de Dieu et frères du Christ. Hier, impurs, rapaces, cruels, vindicatifs, sans miséricorde, offrant des victimes à de vaines idoles, aujourd'hui se nourrissant du pain des anges et s'efforçant de mettre en pratique la morale évangélique. La terre, aux premiers jours du monde, émergeant des flots à la voix du Créateur, et se couvrant à l'instant de plantes verdoyantes, de fleurs et de fruits, ne présenta pas un spectacle aussi beau, aussi étonnant, que celui du peuple franc sortant des fonts baptismaux, animé d'une nouvelle vie et orné de tous les dons du Saint-Esprit. Il a cherché d'abord la justice et le règne de Dieu et le Seigneur lui donne par surcroît la belle terre des Gaules en héritage perpétuel[24].

Déjà il tend son arc et remplit son carquois de flèches pour la délivrer des Visigoths-Ariens qui l'oppriment. On dirait Israël sortant de la servitude d'Egypte et traversant, à pied sec, la mer rouge et le Jourdain, pour aller chasser l'impur Chananéen de la Terre-Promise [25]. Mais qu'il y a loin du baptême figuratif qu'il reçut alors sous la conduite de Moïse, à celui que Remi administra à nos pères En une seule nuit, il les régénère ils passent de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, et, le coeur plein d'espérance et de joie, ils entrent dans leur nouvelle et glorieuse carrière. Les merveilles que le Christ opère ici en leur faveur par le ministère du saint archevêque de Reims, il les renouvellera à Jérusalem pour les Juifs, quand il viendra inaugurer son règne temporel. Est-ce que moi, qui fais enfanter les autres, je n'enfanterai pas moi-même? dit-il, par le prophète. Est-ce que moi, qui donne la génération aux autres, je demeurerai stérile? dit le Seigneur à son peuple. Livrez-vous à la joie avec Jérusalem, exultez en elle, vous tous qui l'aimez réjouissez-vous avec elle, vous tous qui pleurez sur elle. De même qu’une mère caresse son enfant, de même moi je vous consolerai, et c'est dans Jérusalem que vous serez consolés. Vous verrez et votre coeur se réjouira, et vos os comme l'herbe germeront et l'on connaîtra que la main du Seigneur est pour ses serviteurs, et il sera indigné contre ses ennemis.

Avant qu’elle fût en travail, elle a enfanté avant que vint le temps de son enfantement, elle a enfanté un enfant mâle. Qui a jamais ouï une telle chose ? Et qui a vu rien à cela de semblable ? Est-ce que la terre engendrera en un seul jour ? Ou une nation sera enfantée en même temps, parce que Sion a été en travail et qu'elle a enfanté ses fils[26]. Le prophète veut que nous nous réjouissions d'avance de la plus prompte régénération des Juifs, n'oublions pas celle des Francs qui nous touche de plus près, et témoignons-en notre reconnaissance au Seigneur.

[1] JEREMIE III.16 [2] JOSUE X.10 [3] XIX.10 et 11. [4] 2. COR. v  20 [5]  SAINT JEAN. XV. [6] MAT. XXVIII, 20. [7]  MALACH.IV.2 [8] CORNEL. A.L  [9] CORNEL [10] GAGNAEUS. [11] CORNEL. [12] ROSS. [13] Voir sur ces analogies le règneMillénaire.  [14]  GHEG. TURON. Hist.Franc. t. II. chap. 30. [15] Vast, Veaast.24 [16] ALCUIN, Vif. S. Vedasti. Boll. [17] GREC. Hist. c. 31. [18] HINCMAR, Vit. Rem. c. 37. [19] DARDAS, Hist. de l'Egl t.14, p. 36. [20] GREG.H.II,31. [21] HINCMAE, Vit. Remige. 38. [22]  SAINT ANASTASE II. Epist. ad Clod. LABB. Cons. t. IV, col. 1282. [23] SAINT HORMISD.. epis. I ; Patr. Lat. t. LXIII col. 568.– Voir DARRAS. Hist. sur cette lettre, t. XIV p. 200. [24] Locum praeparatum a Deo. v. G. [25] I.CORIN. x. 1 et 2. [26] 2) ISAIE, LXVt; 7-14.

 

LE BAPTÊME DE CLOVIS ET LA VOCATION DE LA FRANCE. CHANOINE F.LUNET
LE BAPTÊME DE CLOVIS ET LA VOCATION DE LA FRANCE. CHANOINE F.LUNET
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