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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #ETUDES HISTORIQUES SUR LIEUX SAINTS

CATHÉDRALE DE BOURGES.

DESCRIPTION

HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE.

A. DE GIRADOT ET HYP.DURAND

CHAPITRE VII.

CHOEUR ET SANCTUAIRE.

SÉPULTURES ET CAVEAU DES ARCHEVÊQUES.

LE chœur actuel ne ressemble guère à celui qui existait avant 1757, époque à laquelle il fut entièrement dénaturé, ainsi qu'on en jugera par la description que nous en donnerons d'après les documents que nous avons réunis.

Peu de mots suffiront pour faire connaître celui qui existe aujourd'hui : les deux premières travées, à droite et à gauche , au devant desquelles sont placées les stalles, sont fermées par un mur en pierre, de la hauteur de quatre mètres environ, sur lequel est un revêtement en menuiserie avec plafond, supporté par des consoles. A l'extérieur, cette construction est décorée d'une arcature préparée pour recevoir des moulures et des sculptures ; toutes les autres travées sont remplies par des grilles en fer qui règnent à la hauteur des murs. L'entrée du chœur, côté de la grande nef, est également fermé par une grille d'appui en fer. Le dallage du chœur et du sanctuaire, ainsi que le maître-autel, sont en marbre de diverses couleurs, mais ils n'offrent rien de remarquable, et il suffit de rappeler que le style de cette froide et maussade décoration appartient à la seconde moitié du XVIIIe siècle, pour ne pas s'y arrêter plus longtemps Voici maintenant, d'après ce que nous avons recueilli, quels étaient l'état et l'aspect de l'ancien chœur : Entièrement clos par des hautes tapisseries, il était séparé de la nef par un jubé. L'enceinte, ainsi renfermée, contenait trois autels. Pour chaque office, le maître-autel était revêtu d'un parement spécial, en harmonie avec les vêtements sacerdotaux du célébrant. Quelques-uns de ces parements étaient fort riches, et ornés de broderies représentant des scènes de l'Histoire Sainte et les armoiries des donateurs. Ces parements, haut et bas, étaient montés sur des chassis mobiles, ce qui permettait de les changer facilement.Au-dessus de l'autel était une table d'argent doré, donnée par l'archevêque Wulgrin (mort en 1136).

L'existence de cet objet es! encore constatée au XVIe siècle par deux articles des comptes de l'œuvre de 1529 et de l'inventaire de 1537. La custode était suspendue à une crosse au dessus de l'autel, et surmontée d'un ciel soutenu par une corde qui descendait de la voûte. Ce ciel devait être changé suivant l'importance des fêtes ; car on trouve souvent dans les comptes de l'œuvre la mention de cette dépense : « Pour avoir tendu le ciel sur le grand autel, » et aussi « le voile sur le crucifix. )

Ce crucifix, était de grande dimension, et accompagné de la Vierge et de saint Jean ; des deux côtés étaient des chandeliers. Jusqu'au XIIIe siècle on n'en plaçait que deux les jours ordinaires et quatre aux grandes fêtes. En 1260, l'archevêque Philippe Berruyer ordonne qu'à l'avenir on brulât quatre cierges les jours ordinaires, et six aux grandes cérémonies; et il affecta les revenus d'un de ses domaines à l'entretien de cet éclairage, en priant le chapitre de veiller à cette fondation.

L'autel était couvert d'une peau de cerf1 ; pendant le carême il était caché aux yeux des fidèles par une courtine blanche. En 1526, on fit reconstruire le maître autel avec partie des anneaux et pierres précieuses légués par Copin, évêque de Saint Papoul. Il fut consacré par l'évêque d'Evreux, auquel le chancelier donna un repas aux frais du chapitre2.

C'est au maître autel que se célébraient toutes les grandes cérémonies, qu'on installait les archevêques et les chanoines ; les chanoines seuls avaient le droit d'y célébrer la messe à l'exclusion des vicaires.Quelques objets concouraient encore à la décoration du maitre-autel.-En avant était placé un grand candélabre à sept branches ; brisé en 1562 par les Huguenots,il ne fut jamais refait —Un ancien inventaire de l'abbaye de Clairvaux fait connaître qu'au chœur de l’Église de celle abbaye on voyait aussi un candélabre à cinq branches. Il en existait un également à Saint-Rémy de Reims.

Entre le grand candélabre et l'autel étaient placées deux lampes où brûlaient sans cesse deux cierges. Ces deux lampes étaient suspendues à la voûte. Autour du sanctuaire étaient six statues d'anges, de grandeur naturelle, placées sur des colonnes de cuivre. Ces anges étaient sans doute en bois ; car en 1530, l'aile de l'un d'eux s'étant détachée, ce fut Jehan Lebreton, menuisier, qui fut chargé de la seler, et reçut pour cela 5 sols. De plus chaque année on trouve, à la veille des grandes fêtes, la dépense suivante : «au poeslier pour avoir forby et nestoyé le grand candélabre du chœur, aussi l'aigle, les piliers de cuyvre du tour de l'autel, la tombe de monseigneur St-Philippe pour la fête du. etc. »

Et jamais il n'y est fait mention des anges. A droite du grand autel était placée la « Chaire pontificale» qu'occupait l'archevêque lorsqu'il officiait ; à côté se trouvait un autel ou plutôt une table pour la desserte des vases du grand autel ; du même côté le flambeau où se plaçait le cierge Pascal, du poids de 100 livres.

A gauche était une chambre où couchaient les coutres , prêtres préposés à la garde de l’Église, et du trésor renfermé dans le sanctuaire , dans-de vastes armoires. Ces coutres (custodes), ne pouvaient jamais coucher hors de cette chambre.

Derrière le maître autel étaient le tombeau et l'autel de Saint-Guillaume.— Guillaume, archevêque de Bourges , mourut le 20 janvier 1209. «Il avait témoigné la volonté d'être inhumé dans l’Église de l'abbaye de Châlis, et déjà les moines de son ordre qui se trouvaient à Bourges se préparaient à enlever sa dépouille mortelle ; mais le chapitre de Bourges résista à la prétention des moines, et répondit qu'on avait vu apparaîtra sur son Église un globe de feu semblable à une étoile ; que c'était là une preuve de la volonté de Dieu. Le peuple allait intervenir, et les moines de Châlis jugèrent plus prudent de renoncer à leur projet3».

Guillaume appartenait à la famille impériale de Courtenay, il était de l'ordre de Citeaux.— Le chapitre de Bourges trouva là de puissants auxiliaires, lorsqu'il supplia le Pape de canoniser le prélat qu'il venait de perdre. — Son corps avait été déposé dans la salle ronde de l’Église souterraine où est placé aujourd'hui le sépulcre. Dès qu'il fut canonisé, son successeur Gérard de Gros le fit transférer dans le chœur, derrière le maître-autel, le 7 mai 1218. — Une châsse couverte d'or et d'argent reçut les reliques du nouveau saint.

Nous n'avons pu retrouver ni desseins, ni description de la châsse de saint Guillaume. En 1522, il fut permis à Me Antoine Chevalier, secrétaire du Roi, de faire peindre la châsse 4. En 1530, le chapitre ordonne de payer, des deniers de la bourse de la Tour (neuve), à Mathieu Davon, serrurier, 1001 à compte pour faire un treillis autour de la châsse Saint-Guillaume5.

En 1562, les Huguenots, maîtres de la ville et de la cathédrale, détruisirent complètement l'autel et le tombeau du saint, dont les reliques furent brûlées. — L'autel fut restauré ; mais rien ne rappela le souvenir du tombeau, dont les débris avaient été vendus par Montgommery, chef des protestants; si ce n'est toutefois une trace bien fugitive qu'on voyait encore au XVIIe siècle « on voyait encore derrière le chœur de Saint-Étienne les vestiges de quelques carreaux sur lesquels portaient quatre colonnes qui soutenaient la fierté de ce saint prélat6.

La dévotion à saint Guillaume n'était pas concentrée seulement en Berry ; la nation de France, de l'université de Paris le prit pour patron; et les Bénédictins rapportent qu'à Rigny, près Vermanton (Bourgogne), on conservait une de ses dents, relique employée contre la piqûre des serpents7.

A Saint-Menoux en Bourbonnais, il existe encore un reliquaire en argent représentant saint Guillaume, et renfermant aussi une de ses dents. L'autel des anniversaires, resté portatif jusqu'en 1757, fut à cette époque construit en marbre et placé derrière le maître-autel. Il y a quelques années qu'il en a été enlevé et transporté dans la chapelle des Copin.

Le sanctuaire était séparé du reste du chœur par une grande pièce de bois qui traversait d'un côté à l'autre, formant une sorte de portique ; on l'appelait Penna, la Panne. - En 1250, l'archevêque Philippe Berruyer ordonna, pour augmenter la majesté du culte, que cette panne fût recouverte de cierges allumés pendant les grandes fêtes de chantre, à Noël, à la Saint-Guillaume d'hiver, à Pâques et le jour de l'Invention de saint Étienne. Il donna en même temps à ses successeurs de quoi entretenir cette fondation 8. On plaça sur le panne 30 vases de cuivre pour recevoir les cierges.

Au milieu du chœur, devant l'aigle en bronze qui servait de pupitre, était la tombe également en bronze de Philippe Berruyer. Un autel fut élevé dessus , la ville de Bourges le mit sous son patronage, et fonda une messe pour chaque jour. On trouve dans le «compte du receveur des deniers commungs de la ville » cet article de dépense.

«A messire Raoullet et Pasquet Chappus, prestres et vicaires de l'église de Bourges.., 40l qu'ils ont accoutumé avoir et prendre de la d. ville pour dire, chanter et cellebrer une messe basse en l'autel Saint-Philippe au cueur de l'esglise de Mons Sainct-Etienne de Bourges incontinent après matines pour la prospérité et santé des bourgeois, manans et habitants de la dite ville. »

A l'article sépulture, nous faisons connaître quelles tombes étaient placées dans le chœur. Mentionnons ici seulement que celle de Foucault de Rochechouart, mort en 1343, était, dit un écrivain du XVIe siècle, « Un mausolée magnifique en marbre élevé de deux ou trois pieds au-dessus du pavé. » Il Nous n'avons aucune indication sur la forme des stalles qui furent détruites en 1757; il en existait deux rangs, dont celui de derrière plus élevé, et réservé pour les chanoines ou les dignitaires admis dans le chœur; derrière et au-dessus de ces stalles étaient des tapisseries- En 1444, Pierre de Croces donne gratuitement une tapisserie où est représenté le martyre de saint Etienne , pour former le chœur tout autour 9. Les inventaires donnent la description de plusieurs tapisseries destinées à cet usage.

En 1567, le chapitre achète cent vingt livres une tapisserie pour le chœur. L'hiver, l'entrée était fermée par un grand rideau de serge bleue, semée de fleurs de lys, qui figure dans les inventaires. L'usage des clôtures en tapisserie s'est conservé jusqu'à la construction du nouveau chœur. En 1742, il fut décidé, par acte capitulaire, que chaque bénéficier occupant les hautes stalles pourrait avoir une absconse ou lanterne uniforme, semblable à celles des pupitres, tournée en dehors du chœur, pour être réfléchie sur les tapisseries qui son ait-dessus des stalles. On peut apprécier à quelle hauteur s'élevaient les tapisseries. « En 1538, on achète vingt-un sols, deux échelles de quinze pieds de long pour les attacher. Des chaînes de fer fixées aux piliers servaient à cet usage10.

Sous les stalles, on étendait de la paille ou du foin, aux frais de l'archevêque. En 1443, Henri d'Avaugour offrit de faire mettre des nattes au lieu de foin. Le chœur n'était pas seulement fermé par des tapisseries, mais encore par des murailles couvertes de sculptures, comme celles qu'on voit encore à Notre Dame de Paris. C'est dans ces murailles qu'étaient ménagées les armoires renfermant les reliques et les objets précieux composant le trésor. Outre la grande porte placée sous le jubé, il y en avait deux latérales. Jusqu'en 1791, le chœur s'étendait depuis la huitième colonne de la grande nef jusqu'au fond de cette nef.

Lors de la reconstruction du chœur, en 1757-1760, le jubé fut refait; et démoli en 1791. A cette époque le chœur fut raccourci d'une travée, et le jubé n'a pas été remplacé. Nous avons vu des débris du dernier jubé : le nu de la pierre était orné de médaillons dans le milieu desquels étaient des fleurs de lys dans le style écrasé du temps. Ce jubé avait coûté 9,372 l. La description des sépultures qui existaient sous diverses parties du dallage du chœur et de la nef trouve naturellement ici sa place.

SÉPULTURES.

Le pavement de notre cathédrale est dépourvu de tout intérêt au point de vue de l'art. On n'y voit que la ligne du méridien, tracée au-dessus du troisième pilier, à droite, et un grand nombre d'inscriptions tumulaires. Le sol de la cathédrale forme un vaste ossuaire où sont ensevelies de nombreuses générations de chanoines, un certain nombre d'archevêques ; et, dans les caveaux des chapelles, les familles des fondateurs ont reçu les honneurs de cette sépulture privilégiée, ainsi que trois princes du sang et un comte de Sancerre, dont la tombe était devant l'entrée du chœur. — Le duc Jean avait fait ensevelir dans les caveaux Catherine de France, première femme de son second fils Jean, comte de Montpensier. Près de trois siècles après, il y fut transporté lui-même, avec Gabrielle de la Tour, comtesse de Montpensier, lorsque sa Sainte-Chapelle fut supprimée. (19 août 1757).

Sur 110 archevêques que l'on compte, depuis saint Ursin jusqu'en 1790, 17 seulement ont été inhumés dans la cathédrale; les autres ont été déposés en divers lieux, tels que la Sainte Chapelle du château, dans des abbayes ou autres églises.

Plusieurs enfin ont quitté le diocèse pour d'autres résidences. Parmi les archevêques ensevelis dans la cathédrale, Vulgrin serait le plus ancien, et après lui Pierre de la Châtre; Vulgrin, mort en 1136, Pierre de la Châtre en 1171. Ils ont dû être déposés dans l'édifice qui a immédiatement précédé la cathédrale actuelle ; nous ignorons les circonstances de leur translation. — Dans l'intervalle de la 11e à la 12e colonne à droite du rang qui sépare les deux bas côtés, on trouve aujourd'hui une dalle carrée, portant en caractères du XIIIe siècle l'inscription :

DOMNs VULGRINUS ARCHIEPs BITURs.

Cette pierre n'est plus aujourd'hui à la place qu'elle a occupée d'abord.

2° PIERRE DE LA CHATRE, mort en 1171. On lit à son sujet dans la Gallia Christiana : « Sepultus est hic antistes in choro majoris sancti Stephani ecclesiae sub lamina ærea11.» Dans l'espace qui se trouve entre le banc des chantres et l'aigle, dit un cahier manuscrit des archives. Jean Chenu, dans sa chronologie des archevêques de Bourges, a donné son épitaphe12.

SAINT GUILLAUME, mort en 1209, est le premier qui ait pu tout d'abord être déposé dans un caveau de la nouvelle église. Nous avons indiqué précédemment la place qu'il occupait dans le chœur.

SIMON DE SULLY, mort en 1232, fut déposé dans la même tombe que Pierre de la Châtre ; la même plaque de bronze les recouvrait, et sans doute le même poète y fit graver l'inscription qu'on y lisait 13.

5° Le Bienheureux PHILIPPE BERRUYER était enterré au pied de l'aigle , dans le chœur, ainsi que nous l'avons dit plus haut.

FOUCAULT DE ROCHECHOUART, mort le 13 août 343, était placé au pied du grand candélabre dans le chœur.

ROGER LE-FORT DE TERNES, mort le 25 avril 1367. Il avait été placé d'abord à la droite du grand autel. Les habitants de Bourges et les campagnards venaient en foule visiter sa tombe, attirés par le brait de miracles qu'ils espéraient faire renouveler en leur faveur par des offrandes de toisons , etc.

En 1614, les religieux Célestiris des Ternes, près Paris, présentèrent au chapitre une requête tendant à ce qu'il leur fût permis d'enlever le corps de saint Roger. « Messieurs ont fait réponse que vu le long temps qu'il y a qu'il est inhumé, et la dévotion qu'il y a à son tombeau, ils ne peuvent accorder cette requeste 14

Près d'un siècle et demi plus tard, le corps fut découvert dans les travaux du chœur (1760), recouvert de ses habits pontificaux, avec sa croix et sa crosse ; il fut renfermé de nouveau par une pierre sur laquelle on fit graver :

SEPULCRUM BEATI ROGERII LEFORT DE TERNES , P. P. ARCH. BIT MORTUI DIE 25 APRILIS , ANNO 1367.

Cette dalle de pierre se voit à droite en descendant dans le caveau qui est sous le chœur.

8° GUILLAUME DE BOISRATIER, mort le 19 juillet 1421, inhumé à côté de la stalle du doyen, qui était la première à gauche en entrant par la porte occidentale.

9° JEAN COEUR, fils du célèbre J. Cœur, mort le 29 juin 1482. Son corps reposait dans le chœur, près la porte occidentale, au-dessous de Pierre de la Châtre sur sa tombe de marbre noir, on lisait ces mots, gravés par son ordre, sous l'image de la mort:

« Memorare quoe mea substantia. »

10° GUILLAUME DE CAMBRAY, mort en 1505 était enterré à côté de Guillaume de Boisratier, devant la stalle du Doyen , sous une tombe de cuivre, sur laquelle était gravée son image et une inscription qui est donnée par Chenu et la Gallia Christiana.

11° MICHEL DE BUCY mort le 8 février 1511, «a été enterré près de la stalle du chancelier, la dernière à droite ; près la porte latérale du côté a de l'archevêché, celle où se place l'archevêque lorsqu'il n'officie pas. Ce jeune prélat, fils naturel de Louis XII, et imposé par lui au choix du chapitre, était mort avant d'avoir pu prendre le titre d'archevêque. Aussi sur sa tombe une épitaphe, dont le laconisme inaccoutumé prouve qu'il laissa peu de regrets, ne lui u donnait que les titres de patriarche et de primat des Aquitaines15».

12° Le cardinal ANTOINE BOHIER, mort le 27 novembre 1519, à Blois, et rapporté à Bourges. Les chanoines, réunis en chapitre général le 12 janvier 1522, ordonnèrent que, des deniers laissés par le cardinal pour la fondation de son anniversaire «ob ipsius reverentiam et recordacionem, » il serait posé une tombe en cuivre sur sa sépulture, et que son image serait attachée au pilier le plus proche.

13° FRANÇOIS DE BUEIL, mort le 25 mars 1525 , enterré dans le chœur au-dessous de Saint-Philippe. Ce prélat, fils du comte de Sancerre, avait été élu malgré François 1er, et avait lutté avec énergie contre le mauvais vouloir du Roi. — L'inscription en vers latins, gravée sur sa tombe , faisait mention de sa courageuse résistance, en termes tels, que M. Raynala pensé que les historiens du Berry n'ont pas osé donner son épitaphe entière.

14° ANTOINE VIALARD, 97e archevêque, mort en 1576 hors de son diocèse, y fut rapporté et enterré sous l'autel de Saint-Guillaume, derrière le chœur. Le 11 avril 1750, lorsque cet autel fut démoli, on retrouva son corps. A la fin d'octobre 1842, en détruisant le reliquaire placé au fond du chœur, et l'autel des Anniversaires qui avait remplacé en 1759 celui de Saint Guillaume, les ouvriers ont trouvé un cercueil de bois de chêne; c'était celui d'Antoine Vialard. -Dans la boîte de chêne était renfermé un coffre de plomb, dessinant la forme de la tête, et d'une longueur de 1 m. 95 c.

Le jeudi 20 octobre, à une heure, le cercueil en plomb, transporté dans la sacristie, fut ouvert en présence de monseigneur Du Pont, archevêque, des vicaires généraux Bonnin et Caillaud, du maire de Bourges, et de quatre commissaires spéciaux nommés par l'archevêque. — S. A. R. Charles Louis, infant d'Espagne, assistait à cette cérémonie.

On trouva le pallium placé entre le plomb et le cercueil de chêne.

Le squelette était dans un état parfait de conservation ; il avait environ 1 M. 70 c. -, le menton et la lèvre supérieure, couverts de barbe, étaient parfaitement conservés, et d'un rouge ardent ; les ongles et les dents existaient dans leur état naturel, la main droite appuyée sur le cœur, la tête un peu penchée sur l'épaule droite ; la poitrine, entr'ouverte, laissait voir les linges et étoupes dont on l'avait remplie, le corps était entouré de plantes aromatiques. Sur les parois intérieurs du cercueil, il s'était formé une couche épaisse d'une matière blanche, (oxide de plomb).

Monseigneur Du Pont a fait réunir ces restes dans un nouveau cercueil de chêne, où ont été déposés un procès-verbal de tout ce qui précède, et une notice biographique écrite par M. le chanoine Claveau. Le tout a été remis à la même place. Antoine Vialard est un des archevêques qui ont le plus enrichi le trésor du chapitre.

15° PIERRE D'HARDIVILLIERS, mort le 10 octobre 1649, avait demandé à être enterré près de la grande porte de l’Église On y voit encore sa tombe de marbre noir, sur laquelle sont gravées ses armes et une inscription trop fruste pour être transcrite.

16° ANNE DE LÉVIS VANTADOUR, mort le 17 mars 1662, 3, été enterré dans le chœur, auprès de la tombe de Saint-Philippe.

17° Enfin MICHEL PONCET, mort le 21 février 1677, avait été enterré dans le chœur, proche la place du chancelier.

C'est le dernier des archevêques dont les dépouilles aient été déposées dans Saint-Étienne, avant 1789. Quant à ceux morts depuis, nous en parlerons bientôt en décrivant le caveau des archevêques. Nous ne savons s'il faut conclure qu'il était-défendu de faire graver les tombes , de ce fait que le 12 mars 1553 le chapitre permit d'inscrire , sur la tombe de Ge Penin, le jour et l'année de sa mort16.

Le 18 février 1650, il fut arrêté qu'à l'avenir on ne pourrait plus mettre d'inscription dans l'église sur les tombes de ceux qui n'auraient pas fait quelques fondations 17. En 1664, les droits à payer pour la sépulture d'un chanoine furent réglés à 7l. Lorsqu'un chanoine mourait sans héritiers, le chapitre ne payait que moitié de ces droits. — Pour le doyen, ils se payaient doubles. De plus, les héritiers devaient fournir trois carreaux neufs (dalles), pour mettre à la place de ceux qu'on levait pour faire la fosse.

Un règlement de 1708 (20 août), détermina tous les droits à payer pour la sépulture des semi-prébendes, des archidiacres et des sous-chantres, des vicaires, coutres, sacristains, enfants de chœur et bâtonniers. Ces droits diminuaient avec l'importance des officiers de l’Église, aux obsèques desquels ils s'appliquaient.

Ce statut prescrivait, en même temps, des mesures pour maintenir l'ordre et la décence dans les cérémonies funèbres, et empêcher les vicaires et coutres de les troubler, par leur avidité en arrachant les cierges. — En 1738, les droits pour l'enterrement d'un chanoine étaient montés de 721 à 100, y compris 1 pour les maçons qui scellaient les pierres, et y gravaient les noms.

Un édit du roi, du mois de mars 1776, apporta des restrictions à la faculté d'inhumer dans les églises, Le chapitre s'adressa à l'archevêque Phélippeaux pour le prier de désigner un local pour la sépulture des chanoines et bénéficier ; le prélat désigna la galerie de droite de l'église souterraine « à prendre « du bas de l'escalier par lequel on y descend de ce u côté, et à continuer jusqu'à la rencontre d'un a grand degré composé de plusieurs marches, espace de 12 toises de longueur » Il ordonna de clore cet espace, contenant une surface de 700 pieds, par deux murailles ; mais cet ordre ne fut pas exécuté, et on continua à enterrer dans l'église jusqu'à la Révolution

CAVEAU DES ARCHEVÊQUES.

Ce caveau, dans lequel on ne peut pénétrer sans une autorisation spéciale, est celui dont nous avons eu déjà occasion de parler, et que nous supposons avoir été la crypte d'une des églises qui ont précédé la cathédrale du XIIIe siècle; il reçoit maintenant les dépouilles mortelles des prélats qui ont occupé le siège archiépiscopal de Bourges. On y arrive en levant deux dalles à droite du chœur. On trouve un escalier, à la suite duquel est un plan incliné avec retour d'équerre, puis un second escalier qui débouche dans le caveau ou galerie. Cette galerie, dont la plus grande longueur (10m 80c), est dans le sens du nord au sud, est voûtée en plein-cintre Sa hauteur sous clef est de 2m 65c Elle est divisée dans sa longueur en trois travées par des ares doubleaux ; dans celle du milieu, un passage, fortement évasé, dans les murs latéraux duquel sont deux niches, donne entrée à un petit caveau également voûté, qui n'a que 2m 25c en tout sens, et 2m 05c de hauteur. Adossé au mur du fond, en face de la porte d'entrée, il y a une sorte d'autel composé de deux supports en pierre et d'une table également en pierre, présentant un biseau par dessous , et un double filet par dessus; aucun signe n'indique que cette table ait été consacrée, ce n'est qu'un support sur lequel on dépose le corps du dernier archevêque, jusqu'à ce qu'il y soit remplacé par son successeur.

Dans chacun des trois murs est pratiquée une petite niche carrée. Cette petite cella, beaucoup plus ancienne que le reste des constructions , semble avoir été destinée à renfermer des objets précieux, à en juger du moins par la trace des gonds et les feuillures d'une porte qui se voient encore à l'entrée. Le corps déposé en ce moment sur la table d'attente, est celui de Mgr Guillaume Aubin de Villèle, mort en 1841. De retour dans la grande galerie, on remarque que le mur de l'est est dépourvu de toute moulure ou ornementation ; on y voit seulement la trace d'une ouverture bouchée, pareille à celle qui donne accès dans la petite cella; tandis que le mur vis à-vis, à l'ouest, est décoré d'arcs plein cintre, reposant sur des pieds droits carrés, avec impostes et socle chaufrinés formant arcature.

La présence d'un arc doubleau, construit après coup dans la travée à gauche , fait reconnaître que cette partie a éveillé des craintes pour sa solidité. Dans la travée centrale , à la clef de la voûte, on voit une pierre circulaire, percée de quatre lobes, formant un quatre-feuilles. En face de l'escalier d'arrivée , il existe encore un long passage voûté ; c'est celui qui donnait accès à la crypte avant 1757; il avait son entrée sous le jubé démoli à cette époque. En ce moment, il est obstrué par des décombres qu'il serait intéressant de déblayer ; car on y trouverait probablement des renseignements utiles sur les constructions qui ont précédé celles du XIII" siècle.

L'ensemble des constructions de cette crypte est en petit appareil pour les arcs, plus fort pour les piédroits des arcs doubleaux, mais généralement assez régulier; le style est le roman simple et sévère qui appartient au Xe siècle , époque à laquelle on peut, sinon affirmer, du moins supposer que remonte l'origine de cette curieuse construction. Les cercueils déposés dans ce lieu sont ceux de Mgr de Mercy, le premier au fond, au nord; Mgr de Gallois de la Tour, à la suite; Mgr de Fontenay, le troisième ; Mgr de Villèle, placé dans le petit caveau; enfin, Mgr de Gassot, vicaire général, dont le cercueil est au pied de l'escalier en entrant.

Ce caveau était oublié depuis longtemps, lorsque les travaux entrepris en 1757, pour arranger le chœur tel qu'on le voit aujourùhui le firent découvrir, ainsi que le constate l'inscription suivante, placée au plafond de l'escalier établi à la même époque :

HAEC CRIPTA VETERIS ECCL. MONUMENTUM DELECTA RENOVATA SARTA AC DESTINATA SEPULTURA ARCHIEPISCOPORUM AN. M. DCCLX.

Avant d'arriver au palier où se trouve cette inscription , on en trouve une première placée également en 1760, à droite, aux pieds du tombeau du bienheureux Roger, placé là à cette époque (nous l'avons donnée plus haut). Dans le plafond, on voit encore quelques débris des dattes tumulaires qui couvraient des tombes-de l'ancien chœur; ces tombes ont été débitées en dalles, et celles de bronze, au nombre de quatre , ont été fondues probablement.

Au fond, à gauche du grand caveau, on voit, gravé sur une pierre placée au niveau du sol :

HIC JACENT OSSA D. D. MICHAELIS PONCET DE LA RIVIÈRE ARCHIEP BITUR. E TUMULO PLOMBEO EREPTA TEMPORIBUS CALAMITORIS (sic) RECOLLATA AUTEM CURIS ET SUMPTIBUS VENERABILIS CAPITULI, FABRICE HUJUS ECCLESLE ANNO DOMINI 1802 MENSE FEBRUARIO.

Nous ne faisons mention ici que pour mémoire des mystérieux caveaux remplis de riches tombes- r dont une tradition populaire se plait à meubler le sous-sol de notre cathédrale. Entre le caveau des Archevêques et le Saint Sépulcre de l'église souterraine, il y a , en effet, deux autres compartiments : l'un , derrière le tombeau, est rempli de moellons ; c'est celui dont nous avons déjà parlé; on y trouve la continuation des arcs doubleaux qui soutiennent la voûte du caveau circulaire, coupé en deux parties inégales par la construction du tombeau. Entre ce réduit et le caveau des archevêques, il y a encore un espace très resserré, rempli de terre et de gravois, dans lequel on a pénétré, il y a peu de temps , en dégageant l'ancienne ouverture qui existe dans l'église. De ce côté, le parement du mur est brut, et rien n'indique qu'il y ait jamais eu un caveau. Dans le réduit opposé, ou cella, en dégradant le fond d'une petite niche, nous avons trouvé le tuf et non pas le mur qui devrait former lessalles; salles, dit-on, remplies de tombeaux, mais dont l'imagination a fait tous les frais.

CHAPITRE VIII.

SACRISTIES, SALLE DU CHAPITRE, TRÉSOR, RELIQUES.

SACRISTIES.

LA sacristie du chapitre a son entrée dans le bas-côté nord, entre la chapelle Saint-Benoit et celle Saini-Ursin.

Elle fut, comme cette dernière chapelle, construite par Jacques Cœur. L'architecture de la porte en est riche et élégante. La baie carrée est surmontée d'une ogive, qui est appuyée de dais terminés en pinacle. Au-dessous des dais, deux piédestaux qui devaient, ainsi que la niche du tympan, renfermer des figures. Au sommet de l'ogive est un ange aux ailes éployées, tenant un écusson. Un attique en arcature complète cette décoration, qui est d'un bon effet. Des traces de peinture et de dorure se remarquent encore dans plusieurs parties de l'ornementation La porte en bois est dans le style du XVe siècle, et d'un travail très-finement exécuté. La sacristie est voûtée de deux croisées d'arêtes à nervures, dont les gorges sont peintes en rouge, et les amorces, aux armes de Jacques Cœur et de sa femme; les mêmes armes sont aux clefs des voûtes.

Les verrières, dont il ne reste plus que la partie supérieure, présentent des dais d'une grande richesse ; les panneaux des bas-côtés ont été enlevés. Parmi les personnages qu'ils représentaient, Lathaumassère dit qu'on voyait «Jacques-Cœur et sa femme.» Au-dessus, dans la partie flamboyante, se voient encore à gauche, ses armes, (mi-parti Jacques Cœur et Léopard), à cause de Mace Léopard, sa femme, avec sa devise : «à vaillant cœur riens impossible.» Dans la partie à droite, les armes de Jacques Cœur effacées, et les lettres R G qui se retrouvent également aux nervures. Près du sommet de l'ogive, un écusson, avec un philactère sur lequel on lit :

Ci est l'escu ou Dieu la lizacra L'ange aporta l'ampole d'ex[cellance]

Et l'envoya au noble roy de Frace ! A Sainl Remi qui à Bains le [sacra l

A droite et à gauche, sur les murs latéraux, sont d'autres verrières également dégarnies de leurs vitraux, remplacés par du verre blanc. Un autel avec chappier, un lambris de hauteur divisé en 15 armoires d'unie menuiserie richement sculptée dans le style Louis XV, complètent le mobilier et la décoration de cette sacristie.

Dans un contre-fort, près de la porte d'entrée, est un petit escalier à vis fermé par une porte en fer ; il conduit à une salle située au-dessus ; laquelle est voûtée par "2 croisées d'arêtes, dont les clefs sont ornées des armes des Cœur Cette salle était éclairée par des fenêtres à meneaux, à l'orient et à l'occident. On voit les armes de Jacques Cœur et de son fils, Jean Cœur, archevêque, désigné par la crosse et l'absence' des coquilles sur la fasce ; enfin l'écusson, mi parti de France et d'Anjou, et celui de France. Sur le mur au fond, est un autel sur lequel on a peint un retable.

Nous n'avons rien à dire de la sacristie de la paroisse, sinon qu'elle est situéé dans le bas-côté sud, entre la chapelle des Tullier, et l'escalier qui descend à l'église souterraine.

SALLE DU CHAPITRE.

La salle du chapitre, à laquelle on accède par quelques marches, est située à droite, près du portail de Notre-Dame de Grâce. Elle est voûtée de deux croisées d'arêtes avec clefs armoiriées ; les retombées de l'arc doubleau sont supportées par des consoles - sculptées, représentant le roi David, à gauche, et Moïse, à droite. Les quatre autres sont supportées par des figures portant des philactères ; le vitrail au nord, est divisé par trois panneaux représentant le martyre de saint Étienne ; le haut, fort endommagé, laisse voir un concert d'anges; le vitrail à l'est, est également divisé en 4 panneaux dont l'état de détérioration ne laisse plus apercevoir que quelques traces de bordures coloriées.

Au-dessus de cette salle, et du portail de Notre Dame de Grâce, il règne un étage distribué en deux pièces. C'est là que se trouvait, avant l'incendie de 1559, l'atelier des brodeurs. Aujourd'hui, la première pièce sert de dépôt au chapitre; la seconde, plus grande, est fermée par une grille en fer; c'est là qu'était autrefois le Chartrier, dont il ne reste plus que les armoires et quelques liasses de vieux papiers, rendus au chapitre sous la restauration, et malheureusement livrés , peu de temps après , au relieur des livres de chant. Nous pouvons, sans une transition trop brusque. passer de cette salle, qui renfermait des richesses à jamais perdues pour la science et l'histoire , aux autres trésors que possédait lu cathédrale.

TRÉSOR.

Les anciens inventaires du trésor de la cathédrale de Bourges, publiés dans l'histoire du chapitre de Saint-Étienne, font connaître que la métropole des Aquitaines tenait, comme richesses, le même rang qu'elle occupe comme œuvre d'architecture. Nous ne pouvons reproduire, dans le cadre que nous nous sommes tracé, cette énumération de chefs-d'œuvre, malheureusement détruits, nous rappellerons seulement quelques détails propres à faire connaître de quel prix ce trésor fut longtemps, aux yeux du chapitre, jusqu'aux temps malheureux où les guerres civiles, après elles, les caprices de la mode, et enfin la suppression du culte catholique commencèrent et achevèrent sa destruction. A part quelques vases sacrés en vermeil, les garnitures d'autel, en même métal, pour les grandes solennités , et les ornements brodés que possède encore la cathédrale ; ce qui forme son trésor aujourd'hui ne mériterait guère ce titre pompeux.

Longtemps le trésor a été renfermé dans d es armoires disposées à cet effet dans le sanctuaire ; ce ne fut que plus tard qu'on l'a transféré dans la sacristie, quand on détruisit l'ancien chœur (1707). Les armoires étaient fermées par trois clefs remises à trois membres du chapitre. Les gardiens appelés coutres avaient une chambre dans le chœur, à côté de l'armoire aux reliques. Le chapitre faisait souvent renouveler les inventaires. En 1439, il commet deux chanoines pour visiter les reliques , joyaux , livres et vêtements sacerdotaux.

Le 5 septembre 1418, il ordonne de dresser un état des chappes et ornements; en 1511, il fut statué que les croix, ornements, calices, chappes, etc ne sortiraient plus de l'église sans la permission expresse du doyen 18. Une bulle du pape fait la même défense19. Un inventaire général est établi en 1537 ; il est renouvelé le 11 septembre 1662, en 1667-1669, et dans le XVIIIe siècle. Celui de 1537 est imprimé en entier dans l'histoire du chapitre de Saint-Étienne ; il est complété par des extraits des deux autres, contenant les objets les plus remarquables dont le trésor s'est enrichi depuis la première moitié du XVIe siècle.

Le premier article de cet inventaire fera suffisamment connaître quelle était la richesse de ce trésor: « Un grand chef d'argent doré, vêtu en diacre, représentant saint Étienne, ayant un diadème, au milieu duquel il y a un fermilloy, garni d'esmaux, de plicques et pierreries de diverses couleurs et perles; y ayant audit diadème deux files de perles de grosse semence, qui a été donné à l'église de Bourges par Odon, évêque de Paris a (Eudes de Sully); dans l'orfroy, proche le col, il y a huit pièces d'émail, entre lesquelles s'est trouvée une améthyste gravée, un cabochon d'aigue marine, un cabochon de rubis, un autre d'émeraude carrée, un autre cabochon d'aigue marine; au milieu, il y a un gros cabochon de rubis , posé sur une croix où il y a trois perles au bout de chaque croison, qui font douze en tout, et deux pierres d'émaux à costé, en forme de croix. Sur les espaules s'est trouvé neuf pièces d'émail sur chacune, et entre lesdits neuf émaux, il y a quatorze chatons de rubis et d'aigue-marine, dont il y en a une grande sur laquelle est gravée la figure d'une croix, et celle de l'autre côté qui lui est opposée a est toute unie. Autour du bas de ladite figure, il y a quatorze pièces d'émail, trois cabochons de saphir, trois cabochons de grenat ; en haut du chef est un cristal rond et une partie du crâne de saint Étienne, premier martyr ; et derrière ledit diadême, il y a deux gros rubis carrés, l'un au milieu, l'autre au bas. Ce joyau avait été longtemps porté. Les nu-pieds d'argent doré, vendus plus tard par le chapitre. »

Ce magnifique reliquaire avait été fait, en 1476, par Pierre de Chappe, orfèvre, par ordre du chapitre. Bien d'autres joyaux attiraient encore l'admiration : chefs, châsses, bras, calices, missels couverts de pierreries ; les vêtements sacerdotaux les plus riches, les plus historiés; les précieux dyptègues, envoyés à Clovis par le consul Antistase. Tout cela, et des reliques vénérées, attiraient de nombreux visiteurs, dont les offrandes formaient un des revenus de l'œuvre.

Mais ces objets d'art et de matières précieuses étaient exposés à bien des causes de destruction : d'abord les caprices de la mode qui exerce son empire jusque sur les objets sacrés. Souvent il arrivait que les joyaux que le chapitre trouvait «trop à l'antique étaient détruits pour les pierreries être montées à la fasson nouvelle. » Les actes capitulaires nous ont révélé bien des faits de ce vandalisme.

Le chapitre vendait aussi des bijoux pour payer des décorations au goût nouveau. C'est encore plus triste à dire ; mais le chapitre vendit plus d'une fois des joyaux, tapisseries et ornements pour payer le revenu des prébendes canonicales, lorsque quelqu'événement rendait les revenus insuffisants pour les acquitter (notamment en 1562 et en 176820.

Il faut encore mentionner les ravages causés par les protestants, pendant les guerres religieuses qui désolèrent le XVIe siècle, notamment en 1562 Le comte de Montgommery eut, pour sa part, 651 marcs pesant, des débris de châsses, reliquaires, rases sacres, etc.

RELIQUES.

Parmi celles qu'on montre aux fidèles, il se trouve plusieurs objets curieux qu'on dit avoir appartenu à saint Guillaume, entre autres une sorte de camisole en étoffe de laine, très-grossière, et d'une dimension telle, qu'elle donne du personnage qui l'a portée une idée colossale ; une chaussure en cuir doré est également conservée, comme ayant appartenu au saint archevêque; la semelle, dont l'intérieur est au siège, n'a pas moins de O,O6 c d'épaisseur. Cette chaussure ressemble assez à des mules; elle est, du reste, comme dimension, en rapport avec la camisole.

On prétend qu'une autre chaussure, qu'on montre, a appartenu à saint Austrégésile. Celle-ci est en velours cramoisi ; la partie du devant forme des crévés ; il y a une petite bride avec boucle pour l'attacher sur le coup de pied. Mais l'authenticité de cet objet nous semble bien hasardée : saint Austrégésile étant mort en 624, l'étoffe et la forme de cet objet paraissent appartenir à une époque plus récente.

Il est une autre curiosité d'un incontestable intérêt, sinon artistique, du moins historique. C'est un masque ou chef de sainte Jeanne, fille de Louis XI, et femme divorcée de Louis XII. Ce masque est en carton peint ; il a été moulé sur nature, après la mort de la princesse, qui eut lieu en 1505, à Bourges, où elle s'était retirée et avait fondé un ordre de religieuses, sous le nom des Annonciades, dont elle suivait la règle sans en avoir pris l'habit. Ce chef est exposé publiquement, le 4 février de chaque année, avec d'autres reliques. On conserve enfin un soulier qui a appartenu à la même personne. C'est celui qu'elle portait pour atténuer la difformité dont elle était atteinte (elle avait une jambe plus courte que l'autre, ce qui Ta rendait boiteuse). Nous avons décrit plus haut un tableau qui la représente21 .

1 Comptes de l'oeuvre 1526. 2 Actes capitulaires. 3 Histoire du Berry, rie M. Raynal. 2 163. 4 Actes capitulaires dit 2 mars. 5 Actes capilulaires. 6 Catherinot. sanctuaire du Berry, 1680. 7 Voyage littéraire de deux bénédictins I, 54. 8 Cart S. Et., I.9 Actes capitulaires, 6e registre. 10 Comptes de l' œuvre de 1525. 11 Gallia Christiana. 12 Page 51.  13 Chenu , ouvrage cité, p. 57. 14 Actes capitulaires la première à gauche en entrant par la porte occidentale. 15 M. L. Raynal, Hist. du Berry, t 3 , page 256. 16 Rég. cape. 17 Rég. cape. 18 Actes capitulaires. 19 Archives du chapitre. 20 Actes capitulaires. 21 Sur l'autel de la chapelle de la Trinité.

Photos. Source net.
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