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L'Avènement du Grand Monarque

L'Avènement du Grand Monarque

Révéler la Mission divine et royale de la France à travers les textes anciens.

Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #PRESENTATION LIVRES
LE CODE ARSÈNE LUPIN
MAURICE LEBLANC, MAÎTRE DU SAVOIR PERDU
#Arphays postface de l'éminent #GinoSandri.
 
Genèse :
 
« Maurice Leblanc, Supérieur Inconnu. » C’est l’affirmation posée par Patrick Ferté aux Éditions Trédaniel il y a bientôt trois décennies ! À moins qu’il ne s’agisse là d’un questionnement ?
 
Quelques années plus tard, Richard Khaitzine in « Les Faiseurs d’or de Rennes-le-Château », louant pourtant l’auteur, lui reproche cependant de ne pas avoir abordé l’œuvre lupinienne d’un point de vue alchimique !
C’est à cette source que l’auteur de "Le Code Arsène Lupin, Maurice Leblanc et le Savoir Perdu", est allé puiser pour répondre au désir de Richard Khaitzine. Entre autres, car en fait, il est bien évident que l’œuvre de Maurice Leblanc retient également divers éléments se rattachant à la Tradition, du verbe latin tradere : transmettre.
 
Le présent ouvrage débute par le portrait du Maître incontesté qu’est Maurice Leblanc ! suivi par celui de son héros : Arsène Lupin. S’ouvre alors une longue quête qui mène le lecteur dans les méandres labyrinthiques de l’Histoire secrète et sacrée de France, notamment les salons très prisés des 19ième et 20ième siècles.
Le lecteur sera également confronté à autant de sciences traditionelles que sont la #Cosmologie, #Arithmosophie, #Cabale, #Stéganographie, #Géographie Sacrée, #Mythologie, #Astrologie religieuse, etc…
 
L’œuvre lupinienne, ici dévoilée par les éléments propres à la Tradition, prouve que l’auteur était incontestablement un véritable initié, peut-être même hors les murs. Arphays fait en sorte ici, qu’une fois l’ouvrage terminé, le lecteur trouve bon de partir sur les traces du père d’Arsène Lupin pour découvrir son univers fascinant.
Voilà l’historique qui a concouru à la rédaction de : Le Code Arsène Lupin. Maurice Leblanc, Maître du Savoir Perdu.
 
Ouvrage de 600 pages. 22€90 Nouvelle version revue et corrigée parue le 12.9.2023 aux https://www.editionsopportun.com 🙏🙏🙏.
 

L'auteur en prière devant la Fontaine Arphaÿs.

 
Quelques liens sur lesquels vous pouvez trouver l'ouvrage :
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
https://www.lecteurs.com/livre/le-code-arsene-lupin-maurice-leblanc-et-le-savoir-perdu/6066430 ce lien vous permet de trouver une librairie partenaire plus ou moins proche de chez vous.

 https://www.chasse-aux-livres.fr/search?query=arphays&catalog=fr ce lien est un comparateur de prix.

https://portail-rennes-le-chateau.com/maurice-leblanc-initie-et-initiateur/ ce lien vous permet de lire l'interview de l'auteur.

https://www.youtube.com/watch?v=_1CGI-TeVdg interview dans le Jardin de Marie à Rennes-le-Château.

Rhonandebar/Arphays #auteur #ecrivain

Du côté du boulevard Saint-Michel, tête de gondole! librairie Gibert, Lupin attend...#Posédiôn-Ionnès 🔱🔱🔱 @editionsopportun

 
Rhonan de Bar/Arphays "Le Code Arsène Lupin. Maurice Leblanc et le Savoir Perdu" 🕵🎩 postface #ginosandri aux Les Éditions de l'Opportun. Coup de cœur Fnac les Halles Paris #mauriceleblanc #arsenelupin #Tradition #initiation #salons #19ieme #siècle #fm #rosecroix #martiniste #Posédiôn-Ionnès 🔱🔱🔱
 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Publié le par Rhonan de Bar

Rhonandebar/Arphays #auteur #ecrivain #Posédiôn-Ionnès 🔱 🔱 🔱 attristé d'apprendre le décès survenu hier de l'homme de Tradition qu'était Jean Robin...R.I.P 🙏🌟

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Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #SYMBOLISME CHRÉTIEN

A  Paray. Devant une vieille pierre

Quand vous sortirez de la chapelle mystérieuse et fervente où vous aurez longuement prié, sonnez à la porterie du monastère. Un déclic : celui qui ouvrit à tant de saintes filles la porte qu'elles n'ont plus jamais  repassée.  Vous  voilà  dans  la  petite cour  intérieure  qui  donne  accès  aux parloirs.  Faites  dix  pas.

Retournez-vous vers  l'entrée  que  vous  venez de  franchir.

A  deux  fois  hauteur  d'homme,  c'est  elle,  la  belle  vieille pierre  de  Paray.

Une tradition orale.

Il y avait naguère à la porterie du couvent une vieille sœur qui avait fait son  oblation de Tourière en  1833.  Elle est morte en 1891, à l'âge de 84 ans, bientôt suivie (1892) d'une compagne qui avait alors 64 ans.

Et les Soeurs qui m'ont parlé d'elles se rappellent fort bien que ces deux vieilles Soeurs, parlant de la vieille pierre, disaient toujours : « cette pierre-là,  elle  était sur l'ancienne façade  de la chapelle ».

Or, les deux vieilles soeurs devaient le savoir, parce que  toutes  les  deux— et la  plus  ancienne pendant  22  ans (de 1833 à 1835) — elles avaient vu de leurs yeux cette ancienne façade[1].

L'ancienne façade.

Elle  n'avait  rien  d'artistique,, cette  façade  qu'avait  fait élever en  1633 la  mère  de Lingendes, et qui fut remplacée,  en 1855,  par  celle  d'aujourd'hui.  Elle «était  sans  sculpture ; au milieu  se  trouvait une  grande fenêtre  cintrée [2]».

Mais, si elle était saris art, elle avait le grand mérite d'avoir accueilli, à  son  entrée au  monastère,  une jeune fille  qui  venait du  hameau  de  Lhautecour...

Établies à Paray depuis le 4 septembre 1626, c'est le 14 septembre  1632  que  les  Visitandines  s'étaient  installées  dans  le local  qu'elles  occupent  encore  aujourd'hui  et  que  leur  avait cédé   les   Jésuites.

« Le  petit essaim fondateur sortait du monastère de  Lyon-en-Bellecour,  à  l'ombre  duquel  saint  François  de  Sales  était mort en  1622 et qui avait l'insigne privilège de posséder le cœur de ce bienheureux Père.

Ce  fut donc bien l'esprit primitif de l'Institut qu'apportèrent avec elles,  en cette nouvelle ruche, les soeurs fondatrices.

«Toutes ces  âmes,  d'après-les mémoires du temps, étaient de  grande vertu, extraordinairement gratifiées de Dieu, surtout d'un don  d'oraison très sublime.   

«C'est  sœur Marie-Marguerite  Fontaney  qui,  sur  son  lit d'agonie, et souffrant d'étranges douleurs,  s'écriait :   « O  douce main de mon Époux, crayonnez,  crayonnez en  moi  selon votre volonté » ! La  supérieure pria  la  mourante de  lui  dire  quelle était sa  pensée,  en  poussant cette  exclamation  :   « Ma  chère Mère », répondit-elle, « c'est que je me tiens devant Dieu comme «ne toile d'attente devant son peintre ; je le supplié de crayonner en moi l'image parfaite de mon Jésus crucifié ».

Ainsi semble-t-il que, dès l'origine, le divin Maître ait voulu  initier les  âmes  de cette Maison  au  mystère de la toile d'attente, sur lequel la bienheureuse devait recevoir de si vives et pénétrantes lumières[3]»

Faut-il croire  aussi  qu'il les  ait,  dès  l'origine, initiées  au mystère  de  son  coeur ?

Un jour, se présentant couvert de plaies, à sainte Marguerite-Marie,  Il lui dit « de regarder l'ouverture de son sacré côté, qui était un  abîme sans fond  qui  avait  été fait  d'une flèche sans mesure,   qui   est  celle  de  l'amour[4] »

Le Coeur.

Or,  voici, sur notre vieille pierre,  l'image du vrai  coeur  de Jésus,  percé  en  abîme  et  transverbéré de  deux flèches.

Ce n'est point-là le coeur visitandin, cet « unique coeur percé de  deux  flèches,  enfermé  dans  une  couronne  d'épines...  servant l'enclavure  à  une  croix ; et...  gravé  des saints noms  de  Jésus et de  Marie »  que  le  saint Fondateur avait donné  pour armes à sa  Famille.  Expliquant le  choix qu'il  avait fait  de  ces  armes, Saint François de  Sales avait dit « J'ai pensé... qu'il nous faut prendre  pour armes  un  unique coeur  etc..  car  vraiment notre petite congrégation est un ouvrage du coeur de Jésus et de Marie.

Le  Sauveur  mourant nous  a  enfantés  par  l'ouverture de  son Sacré-Coeur... »— C'est le coeur ouvert qui les a enfantées qu'ont voulu reproduire les  Visitandines de  Paray, vraies dépositaires de  l'esprit  du  Fondateur.

Mais  ce  coeur  de  Jésus  n'est point  tel  que  l'a  représenté sainte Marguerite-Marie. Il n'a ni la croix, ni la couronne d'épines. Et la forme de sa blessure est totalement étrangère à la Voyante. Par tous ces  détails, il nous dit, ce  coeur naïf, qu'il est antérieur   aux  Grandes   Révélations  qu'il  présage.

On  dit  que  l'autel  même  des  Apparitions  fut  « détruit vingt ans  après la  mort de  la Sainte,  au  moment des  grandes réparations faites  à l'intérieur de  la chapelle[5] ».

Il  est  assez peu vraisemblable que les  Soeurs  de la  Confidente, aujourd'hui si vénérée, aient voulu fixer,  dans une façade où l'on ne signale aucune  modification  avant   1855,   le   souvenir   d'événements dont  elles  perdaient sans  trouble  le  plus  précieux témoin.  En tout cas,  si  l'on avait fait sculpter notre pierre en souvenir ou sous l'influence de la Grande Apôtre du Sacré-Coeur, on y aurait certainement  reproduit les  caractéristiques de l'image de  1685.

D'ailleurs  à  quoi  bon  tant d'hypothèses ?  Regardez  bien la pierre silencieuse. Par la forme archaïque du coeur, par la tournure  des  naïfs angelots qui  le  dominent, elle vous  dira qu'elle est « Louis XIII » et  qu'elle  date  de  la  construction  même  de la  chapelle.

Les flèches.

— Mais  dans les  armoiries pieuses les flèches frappant un coeur, de  haut en  bas,  ne symbolisent-elles pas d'ordinaire la grâce  et  l'amour  divin  qui  transperce  le  coeur  du  chrétien ?

— Elles  signifient  la  grâce  et  l'amour divin  transperçant le  coeur que le blason présente. C'est le coeur de Jésus qui nous est ici  montré.  C'est lui  qu'atteind la flèche  de  l'amour divin.

N en  a-t-il  pas  été  réellement navre? «Vous avez  blesse mon coeur,  ma soeur  et mon  épouse » (î) dit Jésus à l'âme qui le  contraint suavement à l'amour. Parlant à  l'Esprit d'Amour dont vous apercevez dans notre vieille pierre le battement d'ailes, Jésus peut lui dire aussi :  « Vous avez blessé mon coeur ». L'Esprit Saint qui «forma ce  coeur dans le sein  de  Marie » lui a fait une  inguérissable plaie  que  la  blessure du  coup  de  lance devait  un jour symboliser.

—Mais c'est là une idée mystique et que nul n'avait reproduite  encore !

— Regardez cette gravure  du  musée  de Munich ci-contre, qui précéda de  cent cinquante  ans  notre  pierre  de  Paray.

« Cette image, dit le Père Hilaire de Barenton qui la reproduit  lui-même,  représente  Dieu  le  Père  frappant  le coeur  de son  Fils[6] » Et cette interprétation, qui  favorise celle  que je viens  de   donner  des  flèches «parodiennes», est manifestement vraie.

Mais un autre détail m'incite, mon Révérend Père, à vous quereller.

La plaie en forme de  croissant.

Dans son  beau  livre,  que je  n'oserais  pas appeler parfait, mais que j'estime nécessaire à qui ne veut pas se laisser déformer l'esprit par certaines idées courantes, le Père Hilaire de Barenton présente  un  sceau  d'inspiration  franciscaine,  qu'il  m'a  aimablement  autorisé  à  reproduire  dans  Regnabit.

« Ce  sont, dit le  Père  Hilaire de Barenton, les  cinq  Plaies sur  la  croix  et la  couronne  d'épines».

« Les  cinq  Plaies  ainsi représentées  sont  considérées  comme  faisant partie des  armes franciscaines.  Mais  nous  ignorons  quand  a  commencé  l'usage de  telles  armes».  «On  n'y voit  pas  le  coeur,  mais  seulement la plaie  du  côté ».

— Pourquoi la plaie du côté, mon Révérend Père ? Ce croissant entouré de quatre étoiles ce n'est pas plus la plaie du côté que  la plaie du  coeur.  C'est la plaie.

Certes,  dans  les  armoiries  profanes,  étoiles  et  croissants « laïques »  ne  sont point rares.  Le  blason  de  Jean Bochart de Champigny,  membre  du  Parlement en  1628  porte «d'azur  au croissant d'or  surmonté  d'une étoile de même». Celui  de  François Bailly,  conseiller au parlement de Bourgogne, vers 1644, est «d'azur,  à  fasce  d'argent,  accompagnée de trois  étoiles d'or en chef  et  d'un  croissant en  pointe  de  même ».

Celui  de  Gabriel Aunon,  conseiller  au  parlement de Grenoble  vers  1680,  est  de sable, au lion d'argent chargé d'un croissant montant de gueules, accosté de deux étoiles d'azur». Celui d'Annet Rauvier, échevin de la ville de  Lyon, vers 1694,  est d'azur au croissant d'argent surmonté  d'une  étoile  de  même».

Celui  de  Carpentier,  de  la Chambre des Comptes, 1699, est «d'azur, à un chevron d'or accompagné  de  deux  étoiles   de   même  en   chef,   et  d'un  croissant montant d'argent en  pointe».

Celui  de  Franquetot de  Coigny, maréchal de  France,  mort  en  1759,  est  «de gueules,  à la fasce d'or chargée de trois étoiles d'azur et accompagnée de trois croissants montant d'or, deux en chef, un en pointe. Celui de Lethors de Thory à la cour des Monnaies en 1772, est « d'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux croissants d'argent, et en pointe d'une étoile  de  même ».  — J'en omets vingt  que  j'ai là  sous les  yeux.  Et  que  d'autres  on  pourrait  trouver !

Mais dans le sceau du Commissaire de la nouvelle Espagne, comme  dans  les  belles  armoiries  de  la  famille  séraphique,  le croissant et les quatre étoiles ce sont évidemment les cinq plaies de Jésus,  celle  du  milieu se  manifestant la  plus  importante.

On sait que, dès la seconde moitié du XVe siècle se trouvent abondantes les images des Cinq Plaies comprenant le coeur blessé de  Jésus.  A  cette  époque on  ne  représente pas  tout le  Christ vulnéré.  On  en  est  encore aux simplifications héraldiques. On ne  représente pourtant pas le  coeur  tout seul.  On le  figure  au milieu des deux mains et des deux pieds percés. Et, si nous comparons ces  deux  manières héraldiques  de  représenter  le  cœur de Jésus, ne vous semble-t-il pas que celle du  quinzième siècle a  ses  avantages ?

Puis,  on  simplifie  encore.  Parfois  l'apparence des  mains et des pieds disparaît, laissant voir quatre plaies en forme d'étoiles ou  de  larmes,  au  milieu  desquelles  reste  le  coeur  au  naturel.

Parfois — comme dans les  exemples  donnés plus haut — on ne voit plus  que les  cinq plaies : celle  du  coeur— la plus importante —  en  forme  de  croissant.

Et ce m'est un bonheur de retrouver cette forme archaïque de la plaie sur le  coeur  que  la pierre  de  Paray nous  présente.

Le vrai coeur  vivant de  Jésus. A quelle influence d'ailleurs obéit l'artisan qui la sculpta ?

Et quel fut cet homme dont je serrerais volontiers la main rugueuse ?  Est-ce vous,  Anthoine Guillemin, «bon  maçon et tailleur de pierres,  qui  aviez « reçu la  commande» de  la  bâtisse ?

Ou quelqu'un de vos sous-ordres, compagnon du tour de France, qui  avait  beaucoup  vu ?

Et qui  donna l'idée de  mettre sur la façade extérieure de la  chapelle l'image  du  vrai  coeur  vivant  qui  allait  se  révéler dans cette chapelle même pour rayonner de là sur l'univers ?

Les religieuses n'ont point parlé. La pierre garde son secret.

Les  angelots fixent dans le  vague leurs  grands yeux gris.

Pieusement relégués dans la petite cour intérieure, ils n'ont pas vu l'affluence des pèlerins qui, aux grands jours de l'Année jubilaire, se pressaient dans la rue voisine pour aller contempler, dans l'enclos même du couvent, la  cour des Séraphins,  le  célèbre  noisetier,  la  chapelle  édifiée  par la  Voyante  elle-même.

Qui  sait!  Peut-être préfèrent-ils ne  plus  rien  voir.  Le  samedi  20  juin  1671,  ils  ont aperçu,  venant par la   grand'route, une  jeune fille  qui  sans  doute  ne  les  remarqua  point...

Au  moment où,  sous la vieille pierre impassible, l'élue  de Dieu franchit la porte de la  chapelle, les vrais anges  des cieux la saluèrent, la  vraie colombe  d'amour la couvrit de  ses  ailes, et,  dans  le  Tabernacle devant lequel  elle s'agenouilla,  le  cœur vivant  de  Jésus  palpita  d'un  ardent  amour...

F. ANIZAN.

[1]  Ces détails m'ont été donnés, de vive voix, au monastère. [2] Abbé Châtelet. Guide des Pèlerins à Paray-le-Monial, p. 29. [3] Vie et OEuvres de ta Bse Marie Alacoque, T. III, p. 181,182. [4] Vie et OEuvres, T. II, p. 141. [5] Abbé Châtelet, Guide des Pèlerins à Paray-le-Monial, p. 30. [6] La dévotion au Sacré-Coeur. Doctrine, iconographie, histoire, p. 125.

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Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #SACRE COEUR

LA SOCIÉTÉ DU RÈGNE SOCIAL DE JÉSUS-CHRIST.

III. – COLLABORATEURS ET VIE DE LA SOCIÉTÉ[1]

Une pléiade d'hommes remarquables attirés à la Société par la franchise de ses déclarations et l'utilité du but poursuivi en devenaient les collaborateurs et les soutiens. Presque tous ont disparu avant Mr de Sarachaga. Pas un ne s'est éteint sans avoir jeté un rayon dans sa sphère d'action. Ainsi le voulait le soleil eucharistique autour duquel ils gravitaient. C'étaient, entre autres le Cte Grimouard de Saint-Laurent, de Vendée, et Mgr Barbier de Montault, de Poitiers, bien connus par leurs travaux archéologiques, le Père Ladislas, Capucin, qui a fourni à la société une documentation de premier ordre sur l'iconographie eucharistique à toutes les époques et dans les différents rites, l'abbé Garnier qui devait plus tard fonder le Peuple français et la Ligue de l’Évangile. Louis de Farcy, d'Angers, qui à l'heure actuelle fait encore bénéficier nos églises, même pauvres, de son goût pour l'ornementation antique, Léon Harmel, du Val des Bois, Jules de Magallon, d'Aix, le Cte Léon de Maricourt, de Blois, M. de la Morlière d'Ainval, de Périgueux, dont les oeuvres sociales avaient toujours comme base et centre la personne royale de Jésus-Christ, les R.R. P.P. de Lachau, Fristot et Zelle[2], S.J. dont les écrits et les prédications jetèrent tant d'éclat sur les hommages à cette royauté d'amour, enfin Mgr Gauthey, futur Archevêque de Besançon. Celui-ci innovait alors sa belle carrière littéraire en photographiant à traits superbes et inédits le musée et la bibliothèque du Hiéron, les temples historiques et artistiques du Sacré-Coeur. Il devait la terminer en publiant sa magistrale et si complète étude sur la Vie et les écrits de Marguerite-Marie, la confidente du Sacré-Coeur [3].

Parmi les femmes, Melle Tamisier, une familière de la Société, vouait sa vie tout entière à l'établissement des Congrès Eucharistiques internationaux et elle avouait loyalement ainsi que nous l'avons vu[4] que leur idée-mère, la Royauté- Sociale de Jésus-Christ, avait eu avant elle comme premier dépositaire et apôtre Mr de Sarachaga.

Par-delà les frontières d'autres hommes de non moindre valeur tendaient la main à ceux-ci. Tout naturellement leurs pensées et leurs coeurs s'orientaient vers Paray-le-Monial, vers la Cité et vers la Société du Règne. C'étaient en Belgique le Père Schoutens avec le Cte d'Alcantara, en Hollande l'abbé Van Groeningen, Eliodore Villafuerte au Chili, au Venezuela Jaurégui-Moreno[5] digne neveu de Garcia Moreno, à l’Équateur le Sénateur Matovelle, en Italie le Cte Acquaderni et le P. Sanna-Solaro[6], en Suisse le chanoine Shorderet[7] promoteur, nous l'avons vu, du célèbre Congrès de Fribourg et Mr de Wuilleret, président du Grand Conseil de cette ville, en Portugal le Docteur de Séabra, de Porto, qui nous rapportait les échos de la « Sœur ainée » de la Société, la Rèv. Mère Marie du Divin Coeur, Comtesse Droste zù Vischering, en Espagne Gras y Granollers fondateur de l'Académie et Cour du Christ, de Grenade, et l'Académicien Don Vicente de la Fuente.

Les bornes d'un article sont trop étroites pour que nous puissions les suivre dans la diversité de leurs actions. Pour se rendre compte des ferments qu'ils jetèrent dans ces divers pays et surtout de la grâce divine qui les féconda il faut lire l'abrégé chronologique de 50 ans d'histoire religieuse touchant la dévotion au Sacré-Coeur [8]. Là aucune éloquence humaine n'intervient.

Seule l'éloquence providentielle des faits marque un contraste frappant. Tandis que les neuf-dixièmes, hélas, de la presse vénale, des théâtres et des cinémas en excitant les trois concupiscences de l'homme le révoltent contre toute autorité et cela sous tous les cieux, sous tous les cieux aussi les élites des peuples, élites de toutes les classes, s'évadent des ténèbres environnantes et fixent un point lumineux, le Sacré-Coeur ! Que leurs gouvernants aveugles soient contre elles, ou qu'ils marchent à leur tête comme en Espagne, en Colombie et ailleurs, ces élites appellent, proclament la domination divine. Pour échapper aux tourbillons révolutionnaires elles tendent les bras vers le régime logique pour toute créature humaine, le régime sain et sauveur, le régime d'obéissance au Règne Social du Christ-Jésus. Fondamentum aliud nemo potest ponere propter id quod positum est, quod est Christus Jésus (1 Cor. III. 11)-—Bienheureux, bienheureux seuls sont ceux qui écoutent la parole divine et la pratiquent (Luc. XI. 28) — Divites facti estis in Illo, ita ut nihil vobis in ulla gratia (I. Cor. I. 5-7).

Mr de Sarachaga recevait chacun de ces collaborateurs avec une dignité et simplicité parfaites. Il donnait beaucoup de sa pensée, de ses travaux, de sa bourse. Il se laissait même piller avec une bonne grâce charmante. On en vint un jour à lui prendre un des titres qu'il donnait à sa Société et nous connaissons tel livre qui eut grand succès dont toute l'inspiration et des pages entières furent prises dans ses propres travaux, sans le citer sinon une fois et d'une façon un peu vague. « Je suis le semeur, disait il, qui commence par rassembler beaucoup de grains dans son aire. Que d'autres les prennent, les volent même pour les semer à leur tour, que d'autres récoltent je m'en réjouis pourvu que les idées germent et fructifient »..

Alors que tant de savants se laissaient imprégner par l'engouement du jour pour tout ce qui était étranger, surtout pour ce qui nous venait du rationalisme allemand plus ou moins déguisé, Sarachaga avait le bon esprit d'étudier et de goûter sa patrie d'adoption, la Cité privilégiée entrer toutes après Jérusalem[9], Paray-le-Monial. Il en aimait passionnément la Dame et maîtresse Notre-Dame de Romay[10], il en aimait tout, le sol physique, le sol moral, le passé et le présent [11]. Et quand aujourd'hui nos visiteurs nous expriment leur satisfaction de la « révélation historique de Paray-le-Monial faite au Hiéron » nous savons à qui nous devons adresser notre reconnaissance.

Pourtant à ce tableau la Vérité nous oblige à joindre quelques ombres.

Mr de Sarachaga était un innovateur merveilleux, un constructeur de plans moraux et matériels à vues amples et profondes. C'est le mérite le plus original, le moins fréquent actuellement. Pour être un bon fondateur de Société il lui eut fallu un second de son âge, de son éducation et doué d'esprit pratique. Cet esprit lui manquait. Attirant à lui et de tous pays des hommes remarquables, les lançant bien dans une action « sociale parce que catholique » selon le mot d'Henri Bazire, leur inspirant ces manifestations collectives, parfois nationales, dont le cercle ira toujours en s'élargissant[12] en l'honneur du Sacré-Coeur, il négligeait ensuite de les grouper en réunions forcément espacées, mais périodiques, de leur trouver des continuateurs, de former des recrues. C'est ce qui nous oblige aujourd'hui à reformer nos cadres, oeuvre délicate et de longue haleine puisque société à nombre limité nous ne pouvons nous adjoindre que des membres de doctrine sûre, de tendances sociales, d'un catholicisme intégral et de caractère apostolique[13] .

En second lieu son origine espagnole et slave lui faisait goûter' les mots sonores et majestueux que notre génie français clair et positif traite volontiers de grandiloquents. Sa familiarité du grec, ses connaissances en sanscrit, en quichua l'amenèrent dans la dernière période de sa vie à se servir dans ses pancartes de musée et ses explications de termes étrangers ou de mots français qui, décomposés selon leurs racines par des traits d'union, affublés d'une majuscule, surpassaient beaucoup de ses visiteurs, étonnaient les autres et masquaient parfois l'orthodoxie de sa pensée au point de faire le jeu de quelques chercheurs d'hérésie.

Enfin, et c'est ce qui nous coûta le plus de patientes expurgations, ce savant presque universel, ce travailleur inlassable, manquait d'esprit critique. Les idées mères de la Société : la Royauté sociale, donc même temporelle du Christ, le « Primogénitus omnis crenturoe», «l'agneau immolé avant tous les siècles» le sacrifice base et centre de toutes les religions sont irréfragablement appuyés sur l'Ecriture, la Tradition, sur l'histoire profane comme sur l'histoire religieuse. Or, trop souvent, dans son désir d'accumuler les preuves Mr de Sarachaga mettait l'hypothèse sur le même pied que la thèse, il acceptait sans un contrôle assez rigoureux les faits qui corroboraient des idées évidentes et en certains cas seulement sa vraie science du Symbolisme chrétien débordait en interprétations hasardeuses[14].

A ses successeurs doués moins brillamment que lui est échu le travail qu'ils ont accompli en premier lieu de remédier à ces lacunes, d'appliquer aux plus belles collections les méthodes chartistes, de simplifier, classer et tamiser selon la mission qu'ils avaient reçue de l'autorité épiscopale et sous son contrôle très aimé.

Cette autorité épiscopale avait passé des mains de l'illustre Cardinal Perraud, membre de l'Académie française, à celles de Mgr Villard, prélat de sens très sûr, de parfaite et délicate bonté[15].

L'un et l'autre voyaient plus haut que quelques détracteurs qui fonçaient triomphants sur des faiblesses de détail. Ils savaient que c'était au fondateur de la Société qu'ils devaient l'origine des grands pèlerinages au Sacré-Coeur. Ils savaient que le monument du Hiéron, sa bibliothèque et ses toiles augmentaient pour les élites l'attrait de Paray-le-Monial. Ils savaient qu'en 1902 Mr de Sarachaga avait terminé la décoration du musée par une salle centrale qui surpassait toutes les autres et était par ses fresques et ses blasons le résumé du Règne de Jésus-Christ à travers les âges, salle unique en sa conception et son exécution.

Ils savaient que Mr de Sarachaga vieilli avait encore trouvé dans son coeur une idée toute moderne qui exerçait sur les foules une bienfaisante attraction vers la Cité de Marguerite-Marie. Il avait imaginé une affiche d'une réelle valeur artistique et acheté à prix d'or sa publicité dans toutes les gares du P.L.M.

Pour réaliser son projet il avait fait appel au maître d'alors Hugo d'Alési qui, dit-on, emporta dans sa tombe le secret de son relief et de sa couleur. Un charmant enfançon s'ébat aux pieds de sa mère, une toute jeune Charollaise[16] à physionomie souriante et grave comme celle d'une Madone, tandis qu'à l'horizon le soleil couchant dore de ses feux la vieille basilique clunisienne et se reflète dans les eaux murmurantes de la Bourbince ; dans un médaillon le beau monument du Hiéron prolonge et complète l'appel suggestif que lance à tous le captivant paysage.

Cette affiche fut pour beaucoup dans l'afflux des pèlerins et des touristes de 1902 à 1905.

En 1912 la Société faisait applaudir au Congrès Eucharistique international de Vienne un rapport sur le musée du. Hiéron.

Et en 1914 au Congrès Eucharistique international de Lourdes[17] la Providence Elle-même daignait intervenir et montrer combien un des grands buts poursuivis par la Société entrait dans, le Plan Divin[18]. Trois rapporteurs, de trois classes différentes, de nationalités diverses, représentant l'Eglise enseignante et l'Eglise enseignée : Mgr de Vasconcellos, Evêque Portugais[19], le R. P. Calot, Directeur Général de l'Apostolat de la prière, dont l'organe le «Messager du Coeur de Jésus,» paraît en trente-cinq langues et cinquante éditions, enfin Mr Çazaux, Président de l'Adoration Nocturne de Montmartre, concluaient leurs trois différents rapports par un même vœu : « qu'une fête mondiale célèbre la Royauté du Sacré-Coeur sur toutes les Sociétés.» Pouvions-nous espérer du Ciel une plus précieuse sanction des efforts passés, un meilleur encouragement des efforts futurs. Gratias Deo super inenarrabili dono ejus (II Cor. IX. 15).

Ce fut le suprême sourire de Notre Dame de Romay à son fidèle serviteur avant qu'il ne descendit dans la tombe. A son avant-dernier séjour à ce Paray où il n'avait prié, écrit, travaillé que pour la gloire du Christ-Amour[20] , appuyé sur celui auquel il léguait sa mission il disait humblement : « J'espère quand même[21] que le Sacré-Coeur et Notre-Dame me recevront dans leur royaume de Là-Haut ; j'ai tant désiré que leur royaume s'établisse ici-bas [22]».

Que l'ultime écho de la pensée du descendant de Sainte Thérèse[23] soit une lumière pour tous les membres actuels et futurs de la Société !

G. DE NOAILLAT, Directeur du Hiéron et de la Société du R.S. de J.C.

 

 

[1] * Errata du précédent article (Septembre), p. 259. 4 §. 1873 au lieu de 1875. — p. 262. 4. § 1898 au lieu de 1888 - Note 1. Mr, au lieu de Mgr Caseaux. [2] Le P. Zelle donna pendant 30 années à Paray l'exemple d'un zèle inlassable, surtout dans la direction. Il fut le successeur du Père Drevon pour l'Association de la Communion réparatrice et l'auteur apprécié de plusieurs articles sur Paray, sur le Règne social de J. C. et sur la société qu'il aimait et estimait. Vice postulateur de la cause du P. de la Colombière, il avait obtenu du Hiéron la permission de photographier un précieux authentique que nous possédons, par lequel Marguerite-Marie invoque son Confesseur comme un Bienheureux du ciel, dès 1683 ; il le répandit dans le monde entier à des milliers d'exemplaires. Soldat rigoureux et intrépide il tomba pendant une mission, sur le champ de bataille de l'apostolat, frappé en pleine chaire le mercredi saint de l'année 1921, après avoir prononcé la veille ces paroles : « Pour sauver l'âme d'un seul d'entre, vous, je donnera} volontiers ma vie s. La population entière se porta à ses funérailles. Il eut l'heureuse idée d'inspirer la création d'une Maison de famille, la pension de Nazareth sur l'avenue de Charolles, à prix très réduits pour faciliter les retraites et les pèlerinages aux prêtres et personnes peu aisées.[3] Signalons aussi Félix de Rosnay, pendant quelques années Secrétaire du Hiéron, auteur de deux ouvrages estimés : Le « Hiéron du Val d'Or » et « Histoire de Paray » aujourd'hui presque épuisés. [4] Lettre précitée. [5] Résidant au Venezuela il y transporta les idées de l'éminent Président de l'Equateur. Exilé de ce pays par le président Castro il vient se fixer pendant plusieurs années à Paray-le-Monial auprès du directeur du Hiéron. [6] Voir l'article précédent paru dans le n° de septembre dé „Regnabit ". — A notre dernier voyage à Turin on nous disait de celui-ci « Des hommes de cette trempe auront toujours des contradicteurs, mais leur passage laisse une trace. Au point de vue intellectuel on ne saurait mesurer son influence et cependant elle dépassait celle qu'il exerçait au point de vue charité. Or Turin bénéficie j'encore d'une institution dédiée au Sacré-Coeur où 150 jeunes filles reçoivent grâce à lui une éducation profondément chrétienne. [7] Voir article précédent, n° de Septembre de Regnabit. [8] Deuxième Partie du « Régné Social du Sacré-Coeur » brochure éditée au Hiéron de Paray-le-Monial, Prix 3 fr. [9] Parole de Léon XIII. [10] Et qu'on n'imagine pas ici une affection simplement platonique. M. de Sarachaga chaque jour et par tous les temps se rendait à Romay. Il ne faisait rien sans consulter Celle qui est demeurée au Musée „ Maîtresse de Céans ". La fidélité quotidienne à ce rendez-vous ainsi que les études de la Société sur les origines de Paray remirent en vogue le pèlerinage de Romay. [11] Il fonda même une ''Union parodienne" réservée aux seuls habitants de Paray, pour étudier son histoire à travers tous les âges. Cette union dans laquelle il sut grouper des commerçants, des petits industriels et de simples ouvriers créa parmi eux un courant de sympathie dont nos oeuvres bénéficient encore.   [12] Voir encore la brochure précitée « Le Règne Social du Sacre-Coeur ». [13] Nous donnerons plus tard des extraits de nos statuts. [14] L'Église toujours sage veillait à des questions qui la touchent de si près. Outre que les Pères Jésuites, entr'autres le P. Zelle qui fut jusqu'au bout l'ami et le conseiller de l'oeuvre, maintenaient l'intégrité de la doctrine, Mgr Villard, qui avait succédé à l’éminent Cardinal Perraud, faisait appeler le plus jeune et dernier venu des collaborateurs de la Société, alors entièrement adonné à l'A. C. J. F., dont il était Vice-président pour l'Union Régionale de Paris, et surtout aux oeuvres sociales agricoles. Il lui disait en substance : A Dieu ne plaise que sur des dénonciations de détail je jette un blâme sur l'oeuvre magnifique en général de votre Président. Il a bien servi mon diocèse et la France. Mais je vous pense appelé à lui succéder. Et je compte sur vous pour simplifier, pour clarifier et faire disparaître les exagérations. —. Puis dans des entretiens particuliers et en présidant les Congrès et organisations d'oeuvres féminines de celle qui devait être la collaboratrice de Mr de Noaillat il s'était rendu compte de son jugement et de ses études doctrinales et, encourageant leur union, il daignait leur affirmer : J'ai confiance ! — Dieu veuille que malgré notre faiblesse nous ne décevions pas trop les espérances du vénéré prélat et de son digne successeur Monseigneur Berthoin. [15] Mgr Villard appartenait à une très bonne famille de Langres. [16] On sait que Paray-le-Monial est situé dans le Charollais. [17] Congrès présidé par le Légat du Pape S. E. le Cardinal Granito de Belmonté et par 189 Cardinaux, archevêques et Évêques. [18] Nous n'entendons point par ces termes faire pression sur la Sainte église aux décisions infaillibles de laquelle nous nous soumettons d'avance, avec amour. Mais quand le but est noble, surnaturel, approprié aux besoins du temps, le fait de le poursuivre est déjà générateur d'actes de dévouement social et de sanctification. On réalise déjà une partie du plan divin… [19] Maintenant archevêque de Damiette, résidant à Rome, au collège Pio Latino, assistant au trône pontifical. [20] Expression favorite de Ste Catherine de Sienne par laquelle elle termine presque toutes ses lettres et qui ne désigne autre que le Sacré-Coeur. [21] Il faisait allusion à ses détracteurs dont il ne parlait qu'avec réserve et charité.  [22] Le Baron Alexis de Sarachaga y Lobanof de Rostof s'éteignit pieusement le 4 mai 1918 à Marseille. [23] Il descendait en ligne-directe d'un frère de Ste Thérèse. (Voir Regnabit n° de juillet, page 79 — Ses armes étaient : d'azur aux douze coeurs et aux deux lévriers sur champ de neige).

 

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Publié le par Rhonan de Bar

1. Gino Sandri a préfacé, puis postafacé votre ouvrage. Quelle en est la raison ? Était-ce un moyen pour vous de relier directement, « dès le départ », à travers sa signature, la figure d’Arsène Lupin aux mystères Castelrennais ? De donner à votre livre, une orientation immédiate de lecture.

Je me dois d'abord de préciser la genèse du livre. Le périple pour trouver un éditeur fut long, près d'un an et demi. Ce n'est qu'au bout d'une conversation sur la toile qu'une amie m'a conseillé les Éditions la Pierre Philosophale dirigée par Serge Goasguen. Ce dernier fut emballé par le projet. Il manquait juste une préface. Auteur inconnu, je n'avais personne à proposer. Il me dit : « je m'en charge. » J'ai donc eu la surprise de voir "Maurice Leblanc, Maitre du savoir" préfacé par Gino Sandri et devenu depuis, par le biais d’une seconde parution en 2023 aux éditions de l’Opportun : Le Code Arsène Lupin. Maurice Leblanc et le Savoir Perdu postfacé par le même auteur. Quelle en est la raison profonde ? Vu la teneur de l'ouvrage, c'est une commande expresse de l'éditeur auprès de Gino Sandri. La préface devait faire un nombre précis de pages, traiter de sujets tout aussi précis et il est bien évident que ces prolégomènes conséquents contiennent des éléments cruciaux, des clés utiles à la compréhension de l'ouvrage. Il faut pour cela lorgner sur l’un des livres de Pierre-Vincenti Piobb : « Clef Universelle des Sciences Secrètes ». Mais Gino Sandri retrace de manière magistrale les liens qui unissent ou divisent les différents réseaux de l'époque (on peut parler ici de forces diamétralement opposées) mais aussi des interactions entre les différentes sociétés qui furent conséquentes et permirent la transmission, d'une façon plus élargie, mais occultée, de ce savoir perdu que j'évoque et sur lequel nous allons revenir.  

Piobb évoque deux forces et leur alternance cyclique qui se manifestent au monde à tour de rôle.

L’ouvrage de Fulcanelli « Les Demeures Philosophales » est fondamental et il est issu d’un même courant. Fulcanelli relève du courant du Hiéron ! Est-ce à dire que Dujols et Fulcanelli sont une seule et même personne ? C’est en tout cas ce que disait Paul Le Cour, continuateur officieux du Hiéron qui n’est, en fait, que le cercle extérieur d’un réseau plus secret encore. Ce même Paul Le Cour qui, dès son premier passage à Paray-le-Monial fut aiguillé par Pierre Dujols vers un vieux jésuite qui devait lui fournir, pour une bonne part, des travaux encore inédits du Hiéron.  

Fulcanelli inspire deux courants : celui de Piobb et un autre avec Warrain et Beltékhine.

Tous les ouvrages parus au 19ième siècle sont précurseurs et ils définissent ce qu’il convient de nommer la "Wouivre littéraire" qui coure encore aujourd'hui.

Et donc pour répondre à la question, c’est bien une manière directe de mettre d’emblée en rapport, parce qu’il y a un tronc commun, l’Argonne et l’Aude, régions toutes deux liées par un grand secret qui doit être révélé dans les temps futurs.  

2. Vous posez en exergue du Chapitre I, une sentence relative au mystère de la Rose, que vous associez aux figures du Chevalier et de la Noble Dame… Vous considérez que les aventures d’Arsène Lupin ont suivi un principe de création, un canevas plus ou moins similaire aux romans arthuriens… Que ces derniers recèlent en leur fabrication, un secret, un arcane, pouvez-vous esquisser pour nous, les contours de cette nébuleuse énigme ?  (G.M peut-être ?)

C'est exact, d'emblée j'entre dans le vif du sujet. En effet la vertu de ce chapitre est de démontrer qu'il existe un pendant entre les romans de Maurice Leblanc et ceux de la quête arthurienne dont on sait que le Roi n'est pas mort, mais demeure en sommeil pour resurgir à la Fin des Temps. L’un des romans de Maurice Leblanc « L’île aux Trente cercueils », roman sombre à souhait, quasi apocalyptique, nous mène sur une île fictive[1], dont les noms sont quand même évocateurs (Sarek -anagramme de Arques- ; le bois du grand-chêne ; le Dolmen aux fées ; le calvaire fleuri ; le Prieuré…de Sion) de quoi tout de même nous placer dans des conditions particulières qui nous renvoient aux mystères audois dont Rennes-le-Château reste le fer de lance. Certains ont glosé sur la présence d’un trésor dans le village audois, cela se peut, il serait étonnant que Saunière n’ait rien trouvé. Seulement Saunière, c’est comme Leblanc, Fulcanelli, Nostradamus…il n’est qu’un exécuteur testamentaire d’un corpus plus secret.

De récentes recherches m’ont mené à établir un lien entre Paray-le-Monial et Rennes-le-Château. Les deux cités sont indissociables de la venue du Grand Monarque, actuellement l’une rayonne malheureusement moins bien que l’autre et il va falloir rééquilibrer ce déficit !

Peut-être est-ce cette notion de trésor qui rend Rennes-le-Château si sulfureux ? Mais si trésor il y a, et Bérenger Saunière en a sûrement eu connaissance, dans le futur, celui-ci revient de droit au Grand Monarque. Cette manne lui permettra de redresser un pays bien mal en point.

Concernant le lien entre Paray-le-Monial et Rennes-le-Château, il faut noter l’implication du Hiéron du Val d’Or dont les adeptes, dit Hiérophantes, qualifiés de « Chevaliers du Graal » se disaient « Franc-Maçonnerie Traditionnelle du Grand Occident » en parfait désaccord, voire en totale opposition avec celle du Grand Orient de France.

Or, il est évident et les Christophanies établissent les faits, que le culte du Sacré-Cœur, donc du Christ-Roi est réservé à la « Fin des Temps » !

 

[1] Notons au passage que c’est sur l’île d’Avalon que repose le roi Arthur.

3. Comme Patrick Ferté, vous pensez donc que l’œuvre de Maurice Leblanc est codée… Pouvez-vous éventuellement nous éclairer sur la manière qu’avait Maurice Leblanc de crypter ses livres ? utilisait-il des méthodes essentiellement littéraires telles que les anagrammes, les acrostiches, les anacycliques et autres charades, ou usait-il de moyens, de procédures, de pratiques d’occultation beaucoup plus ésotériques ? Jean Parvulesco parlait de littératures chiffrées en profondeur… Quel serait pour vous le sens de cette formule concernant les aventures d’Arsène Lupin ?  

Oui c’est vrai l’œuvre est codée et du reste je le dis à de nombreuses reprises, notamment d’emblée dans les liminaires, sans Patrick Ferté, l'ouvrage n'aurait jamais vu le jour ou du moins pas de cette manière-là. Maurice Leblanc aura en fait recours à de nombreux artifices, et ce n’est pas le seul auteur, Gaston Leroux en est un autre exemple. Cela passe par la cryptographie et stéganographie[1], car je pense que c’est sur ce terrain que vous voulez nous emmener. Or ces deux disciplines sont plus ou moins complexes selon le code que l’on pose.

Aussi prenons pour exemple ANGELIQUE, prénom d'une héroïne de Maurice Leblanc. Admettons que l’on ne veuille pas, au travers du message envoyé et potentiellement interceptable, savoir quel est réellement son prénom. On décide de choisir une base 5.

Ainsi le A = E ; N = S et ainsi de suite, ce qui conduit à : ANGELIQUE = ENKIPMUXI. Incompréhensible certes mais peu fiable. Le tableau de Vigenère est beaucoup plus sûr.

Avec celui-ci, il faut un mot code, prenons un exemple simple qui peut se complexifier à plaisir NEFERTITI que l’on applique à ANGELIQUE. Sur le tableau de Vigenère, à la croisée des lettres A et N = N ; N et E = R ; G et F = L ; E et E = I ; L et R = C ; I et T = B ; Q et I = Y ; U et T = N ; E et I = M soit NRLICBYNM.

Un beau galimatias qui préserve d’autant mieux le secret contenu dans le message et conserve, sauf pour celui qui a la clef ou le code, l’anonymat de la personne.

4. Ce blasonnement, ce chiffrement, ce cryptage implique qu’il y ait des des blasonneurs, des déchiffreurs, des décrypteurs… Il implique aussi le fait que Maurice Leblanc fut le Maitre d’une connaissance, d’un savoir, — peut-être perdu comme vous le soulignez dans le sous-titre de votre ouvrage —, assez important pour qu’il reste invisible aux lecteurs profanes… Quel serait ce savoir selon vous, hormis le secret relatif à la venue d’un Grand Monarque ? 

Sur ce sujet, le panel de Maurice Leblanc et du cénacle qui l'entoure est relativement large. Mais l’essentiel, à mon avis gravite autour d’un secret étatique romain que l’on occulte depuis plusieurs siècles.  Je pense d'abord, et il me semble que l’ouvrage sur le sujet est assez explicite que Maurice Leblanc, dans son œuvre codée, remonte à une Tradition très ancienne, une civilisation engloutie mais dont les connaissances ont été transmises par les Druides auprès desquels les Grecs venaient quérir connaissance et sagesse. Cette connaissance et cette sagesse, venues de la nuit des Temps ne sont pas sans lien avec la Géographie sacrée, la Cosmologie, l’Arithmosophie et autres sciences qui desservent la Tradition. Pour ne pas trop m’étendre, les druides embrassant en grande partie le christianisme primitif, y trouvant donc des corrélations avec leurs pratiques, bien moins barbares que supposées, se sont réfugiés dans les monastères afin de préserver cette Tradition.

Les éléments cités (Géographie Sacrée, Cosmogonie…) en fait se méritent et c’est bien le rôle de la Tradition que de les préserver secrètement aux yeux des profanes. Pour revenir à notre sujet, car tout est base d’occultation, on peut donc lire un roman à un degré N de compréhension, dès lors que l’on est éveillé à certains mystères, ce degré passera à N+1 et ainsi de suite ce qui permet de saisir des massages plus complexes.

 

[1] La Stéganographie est une méthode pratique d’écriture secrète basée sur les Décans du Zodiaques er des Heures planétaires.  Nous vient du grec ancien στεγανός / steganós (« étanche ») et γραφή / graphế (« écriture ») ou écriture secrète, hermétique !

5. Pouvez-vous nous en dire plus sur la science de la Gématrie en règle générale et ensuite sur celle élaborée ou plutôt proposée par Maurice Leblanc dans les confidences d’Arsène Lupin et plus précisément au chapitre intitulé Les jeux du Soleil ?... Chapitre dont le titre m’a aussitôt fait penser, je ne sais pas trop pourquoi, à celui d’un livre de Raymond Roussel « Poussière de Soleil » dont on sait qu’il évoquait les rudiments nécessaires à la réalisation de ce que les alchimistes entendent par le Grand Œuvre…

La Guématrie ou Gématrie est l’une des trois disciplines de la Kabbale qui se réfèrent aux calculs mystiques et relève donc du symbolisme.

Pour faire simple, parce que nous risquerions de lasser ceux qui nous lisent, on peut qualifier la Guématrie ou Gématrie de symbolisme géométrique du mysticisme, certains le bornant à la culture hébraïque, d'autres dont je fais partie, l'étendant à d'autres cultures, c'est le cas pour celle grecque (isopséphie) mais aussi française (onomancie). C’est par ce biais que les mystique et les initiés sont parvenus aux nombres et aux mots sacrés. Même si elles reposent sur des bases similaires, il faut cependant clairement différencier la Kabbale (avec un K) de la Cabbale (avec un C).

Pourtant, il ne faudrait pas confondre la Cabbale, dont nous voulons parler, avec la Kabbale ordinairement envisagée et demeurée purement hébraïque ; aussi bien, pour les différencier, convient-il d'appliquer, à chacun des deux termes, l'orthographe qui lui est propre et que réclame d'ailleurs leur étymologie différente : le premier se réfère au grec kaballés, qui veut dire cheval, tandis que le second vient de l'hébreu kabbalha avec le sens de tradition. Pour Eugène Canseliet, la Kabbale (K) est orientale, judaïque, la Cabbale (C) est occidentale (celto-grecque).

Maurice Leblanc, en effet nous entraine clairement dans ce domaine dans Les Confidences d’Arsène Lupin. C’est pour moi l’un des exemples des plus frappants. Dans ce roman l’auteur expose distinctement les faits en donnant à un adverbe a priori sans conséquence un sens tout autre. Les lettres deviennent des chiffres selon le code alphénumérique suivant qu’il dévoile (A = 1… Z = 26) et cet adverbe devient donc une valeur numérale. En l’occurrence ici SURTOUT vaut 134. Ce nombre 134 est aussi très précisément celui qui fait la valeur onomantique ARSENE LUPIN… Il y a aussi l’anagramme SURTOUT qui devient TROU SUR T soit une grotte, cavité ou caverne dans laquelle repose un T de Trésor ! Ceci renvoie quelque peu à la stèle de la marquise de Blanchefort ou le mot CATIN (catinum = grotte) apparaît explicitement selon l’interprétation qu’en a donné notre ami Jean-Pierre Monteils dans l’émission.

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Maurice Leblanc va plus loin lorsqu'il dévoile une série de nombres qui vont par paires, à l'exception de deux nombres isolés. Cette série finit par nous conduire à une phrase dont les erreurs relèvent un mot code ETNA. Ce mot, une fois permuté, comme l'autorise la gématrie ou l'anagrammatique, donne ANTE. Ce mot énigmatique apparait sur la stèle de la marquise de Blanchefort. Le mot ANTE, au dictionnaire, nous lisons : « nom féminin singulier ; pilier en bois ». Aux synonymes nous avons : « balustre, montant, pilier ». Or il est aujourd’hui indéniable et indiscutable que Bérenger Saunière a bien trouvé des documents dans l’un des piliers du Maître-Autel !!! Que ceux-ci l’ont aiguillé vers le balustre puis, du balustre, vers un tombeau sous crypte. Quel que soient ces documents, et au regard du CHEVAL qui est la propriété du Baron Repstein, on se demande si dans cette affaire, il n’est pas question d’une certaine CABALE-CHEVAL phonétique. Le mot ANTE[1] renvoie enfin à la rivière d'Argonne qui couvre certains domaines Templiers de cette mystérieuse région. J'en veux pour exemple NOIRLIEU. C'est ici, dit-on de l’Argolide des Gaules, que les Templiers pratiquaient l'alchimie, dans une crypte…  

Bernard Fontaine. Romuald Cassiaux. Tony Baillargeat avec la première édition.


[1] ANTE ou ANTÉ est un géant brutal. Fils de Poséidon et de Gïaa. Personnage légendaire des mythologies grecque et berbère. Roi de Lybie.

6. Hormis leurs portées eschatologiques, pensez-vous que les livres de Maurice Leblanc continssent comme pouvait le penser par exemple Richard Khaitzine, un secret lié non seulement à l’alchimie mais aussi à l’identité sociale de Celui qui se dissimulait sous le nomen de Fulcanelli ?

C'était en effet l'un des reproches fait à Patrick Ferté par Richard Khaitzine. Ne pas avoir abordé le versant alchimique contenu dans l'œuvre de Maurice Leblanc. À mon sens ce n'était pas l'objectif de Patrick Ferté qui, cependant, s'est magistralement attaché, entre autres, à révéler les interactions existantes entre les grandes familles à travers l’histoire de l’Europe.

Pour l’œuvre de Maurice Leblanc, je pense avoir démontré, en utilisant les propres artifices de l’auteur qu’il y a bien dans son œuvre une évidente allusion à l’alchimie et que celle-ci trouve ses racines dans la quête de la Toison d’Or qui, d’ailleurs, est littéralement le titre d’un chapitre du roman Dorothée, danseuse de corde : Vers la Toison d’Or. La présence continuelle, dans les différents romans du soleil et de la lune, est une évidence limpide puisque ces deux luminaires entrent en ligne de compte dans le processus du Grand Œuvre, que l’on soit dans l’opératif ou non !

Concernant l’adepte Fulcanelli, tant de suppositions, tant de noms ont été avancés que l’on finit par s’y perdre. Il est cependant fort probable que Fulcanelli, à l’instar de Maurice Leblanc, ne soit en fait que l’exécuteur testamentaire d’un même cénacle. On sait peu de choses, je ferai cependant remarquer que Canseliet, disciple de Fulcanelli, connaissait Paul Le Cour et que l’année de parution du livre Le Mystère des cathédrales date de 1926, année de la fondation de l’association Atlantis…

 

7. Dans le chapitre VI de votre ouvrage, vous abordez la ville de Blois et les origines solaires d’Arsène Lupin. Je sais qu’en admirateur et continuateur de l’œuvre de Jean Phaure, vous portez une grande attention à la géographie secrète. Que pouvez-vous nous dire sur cette ville dont on sait qu’elle a vu naître non seulement René Guénon mais aussi le créateur de la revue Atlantis Paul le Cour ?

 

En effet, mon attention a été attirée à Blois par le simple fait que Maurice Leblanc y fait naitre son héros. On aurait pu l'imaginer le faire naître à Rouen, à Paris, mais Blois, c’est quelque chose qui m’a interpellé. Ça a donc été une longue série de lecture pour décortiquer le symbolisme de cette ville, notamment celui du blason, dont René Guénon disait : "On appelle Blois "la ville aux loups". Bleiz ou Beleiz était en effet le nom celtique du loup, symbole de Belen, "l'Apollon gaulois". En fait, on se rend compte que la cité est solaire, mais aussi lunaire puisque le loup a plutôt une activité nocturne ! Je crois que Jean Robin a écrit que les armes de cette ville (loup et porc-épic soutenant le Lys) évoquent l’idée du « Roy perdu », du « Grand Monarque ». Abus de cet archétype dans les salons du 19ième.

Puis il y a effectivement, Paul le Cour (1871) et René Guénon (1886), tous deux natifs de cette ville. Pour ma part, je pense que si Maurice Leblanc y fait naître Arsène Lupin, c'est qu'il a une volonté délibérée de projeter la lumière sur ces deux auteurs, très engagés l'un et l'autre, souvent en lutte, à tort à mon sens, et dont Paul Le Cour, grand défenseur de la Tradition occidentale s'opposera à René Guénon qui lui, avait pris fait et cause pour Tradition orientale. Je termine ici sur une notion, récurrente chez Leblanc, de la notion de double ou de gémellité.  

On ne doit pas oublier que le « Grand Monarque », souvent nommé le « Roi de Blois » par Nostradamus (lui aussi affilié à un cénacle et sûrement agent de la maison d’Anjou-Lorraine-Bar). C’est ce roi caché, ce roi perdu qui relèvera la Tiare Pontificale. Ce même « Roi de Blois » est aussi appelé le « Grand Chyren » que certains érudits ont traduit par « Henri ». En fait le terme Chyren (St Chrême ?) serait plutôt en lien avec l’onction traditionnelle qui consacre les monarques.

Faisant naître son héros à Blois, le nommant Arsène LUPIN = ULPIAN[1], Maurice Leblanc faisait-il de son héros le « Roi caché », c’est une question qui reste posé mais qui est envisageable.  En fait il est possible aussi qu’au travers des termes « Grand Monarque » ; « Roi de Blois » ; « Grand Chyren » ; « Henri » nous trouvions, selon Nostradamus une allusion à la branche du duc Henri de Guise qui fut assassiné au château de Blois.

8. Dans ce même chapitre, dans une note de bas de page, vous dites que Blois est inscrite sur un axe qui comporte entre autres, Le mont St Michel, le Mans, Bourges Paray le Monial et Lyon… à quoi correspond cet axe ?

Cet axe n'est en fait que l’un des nombreux rayons d'un réseau beaucoup plus complexe et étendu sur la France avec des influences qui vont, ou nous viennent d’autres pays. Je me suis donc limité à celui-ci pour éviter un ouvrage beaucoup plus conséquent. Ces axes, au nombre de trois (évocation de la Tri-unité ou de la Triade) est centré sur le Mont Saint-Michel dont le rôle protecteur est une évidence. Lorsque l’on parle de la France, on parle d’Hexagone. Terme en fait très ésotérique que Paul le Cour et Jean Phaure ont développé en leur temps et dont on n’a retenu que le terme, en écartant tout le symbolisme qui en émane et rejoint le Sénaire.

Dans l’Hexagone et de fait sur celui-ci, se dessine un arbre des séphiroth. Bourges répond à Tipheret[2] (œuvre au Blanc). Cette cité fut longtemps considérée comme le Centre des Gaules et de fait se voyait relié à l’Univers par l’Axis Mundi (axe du Monde). Cette cité de Bourges est exceptionnelle par son symbolisme alchimique que l’on trouve essentiellement dans le Palais des frères Lallemant et dans la demeure de Jacques Cœur.

Ce dernier me permet de rebondir sur Paray-le-Monial, autre point de l’axe, rendu célèbre par les Christophanies (dévoilement du Cœur du Christ aux hommes) à Marguerite-Marie Alacoque. Je ne peux m’étendre ici, mais il faut impérativement noter la fondation, au 19ième, encore et toujours le 19ième siècle, du Hiéron du Val d’Or par le R.P Drevon et le baron de Sarachaga. Quant à Lyon on sait qu’elle est comparable, pour le pays des Gaules, à la Delphes des Grecs et à la Rome des Romains. Lyon est une ville secrète, sacrée. Lyon et les naissances de Denizard-Rivail (Kardec) ; le sâr Péladan ; Nizier (Maitre Philippe). Puis les apparitions mariales quasiment inconnues…

Carte extraite du livre de Philippe Lavenu : L'ésotérisme du Graal.


[1] Centurie VIII. Quatrain 66 = 528 nombre de la clef en kabbale.

[2] ARLES (Aigues-Mortes, les Saintes-Maries) = YESOD. Pointe du triangle Beaucaire. Tarascon. BOURGES (Issoudun, Nevers) Pointe du triangle Orléans = TIPHERETH. PARIS (Versailles, Melun) = KETHER Pointe du triangle Lille.

9. Il y a un nom qui arrive comme un mot de passe, c’est celui d’ARGONNE… Il apparaît fortement en plein milieu de votre livre dans le chapitre intitulée le Cercle de Dorothée… Vous y précisez que très jeune, vous ressentiez que c’était une Terre d’élection et de prédilection…

On pourrait en effet considérer le terme ARGONNE comme un mot de passe. Il en est même sûrement un, mais n’étant pas allé réellement au bout de mes investigations dans l'ouvrage dont nous parlons aujourd’hui, je me bornerai à vous conter les lieux comme étant enchanteurs. On y trouve de vastes forêts, faites de chênes et de sapins, avec des clairières verdoyantes où l’on peut supposer que les fées, les elfes et autres éléments subliminaux s’y réunissent certaines nuits. Les étangs sont également forts nombreux et les brumes se lèvent, en Argonne, aussi vite que celles qui recouvrent les terres en Avalon, je fais ici allusion ici au légendaire arthurien.

Cependant, pour revenir à nos propos, n’oublions pas que l’une des héroïnes de Maurice Leblanc, Dorothée porte le nom d’Argonne par son père. Elle est infirmière, porte blouse blanche à « Croix-Rouge » et il en faut donc peut pour établir un lien avec l’ordre des antonins qui avait vocation à secourir les nécessiteux. De même le parallèle avec les Templiers est-il évident et du reste mon ouvrage aborde l’implication des deux Ordres.

Puis Dorothée part en tournée, avec sa troupe suivant en voiture moderne son antique chariot très mérovingien vers l’ouest. Avant le départ, Dorothée s’exprime : « Saint-Quentin, je te confie la roulotte et les trois gosses. Dirige-toi d’après la ligne rouge que j’ai marquée sur la carte. » sic !

Cette ligne rouge qui va d’est en ouest n’est pas sans être une allusion à celle qui va du nord au sud et qui passe, entre autres, par Saint-Sulpice[1], Rennes-le-Château. Un méridien qui défraye la chronique depuis des décennies. On a alors l’évidence même du Cardo et du Decumanus qui s’impose à nous…

J’ai rejoint Patrick ferté dans sa théorie selon laquelle derrière l’héroïne (Yolande-Isabelle-Dorothée d’Argonne) se cache en réalité une personnalité politique forte de l’époque de la maison de Bar : Yolande. Plus tard, dans la lignée, Charles de Lorraine (4ième des ducs de Guise) épousera Henriette Catherine de Joyeuse détentrice des domaines d’Arques, de Couiza…La Maison de Bar entre alors dans le secret des mystère audois. Précisons que Charles de Lorraine eut Robert Fludd comme précepteur !

10. Au chapitre suivant, vous abordez Rennes-le-Château… puis revenez magnétiquement, presque par aimantation intime en Argonne… Pourriez-vous dire que le secret de RLC contient en son sein, un secret d’Argonne… un secret visiblement zodiacal, solsticial, cyclique ? Le secret d’un retour… le signe des gémeaux, je pourrais dire des jumeaux,— puisque vous abordez avec une certaine insistance pour ne pas dire une insistance certaine, Castor et Pollux—, est très présent… Pouvez-vous nous faire une révélation au sujet de ces bessons qui semblent vous préoccuper tant ?

La question est aussi limpide que la réponse va être complexe parce qu'en fait, à l'instar des travaux laissés en suspens sur l'Argonne, cette référence à un retour est prévue dans un ouvrage que j'entamerai après celui consacré aux Mystères Parodiens. Il portera le titre suivant : « Varennes ou le Grand Œuvre Solaire de Louis XVI. »

On peut répondre par l’affirmative à la question concernant la présence d’un zodiaque centré sur l’Aude. Il est une sorte de résonance à celui qui couvre l’Argolide des Gaules que j’ai défini à partir du village de Clermont-en-Argonne, longtemps apanage de la Maison de Bar et de Lorraine.  

Ce zodiaque permet aussi de morceler la région de l’Aude et de révéler des lieux en analogies avec les Signes, les éléments qui les régissent etc… Cette notion de Zodiaque est présente dans le roman La Comtesse de Cagliostro mais sous forme de Cromlech. Le roman fait état du chandelier à sept branches qui est représentatif des sept étoiles de la Grande Ourse ou Septemtriones. Par intuition, mais aussi par canalisation médiumnique, j’ai fini par transposer les sept étoiles sur sept des citadelles et châteaux de l’Aude et de l’Ariège.

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Ainsi, les jumeaux Castor et Pollux sont-ils représentés par les citadelles de Montségur et de Puylaurens qui, dans leur aspect vu du ciel, forme une sorte de gémellité pour le moins troublante.

En fait, je n’ai pas tant cherché à développer cette notion de double, de gémellité, c’est au fil de mes recherches et au travers les nombreux domaines qui structurent l’ouvrage qu’elle s’est imposée comme une évidence, comme une assertion qu’il convenait de donner à la réflexion des lecteurs!

 

L'ouvrage est disponible sur de nombreux sites : https://www.fnac.com/a18082701/Arsene-Lupin-Maurice-Leblanc-et-le-savoir-perdu-Le-code-Arsene-Lupin-Arphays ; https://www.cultura.com/p-le-code-arsene-lupin-maurice-leblanc-et-le-savoir-perdu-9782380158083.html ; https://www.e.leclerc/fp/le-code-arsene-lupin-maurice-leblanc-et-le-savoir-perdu-grand-format-9782380158083 ; https://www.amazon.fr/code-Ars%C3%A8ne-Lupin-Maurice-Leblanc/dp/2380158088 ; https://www.eyrolles.com/Loisirs/Livre/le-code-arsene-lupin-9782380158083/ ; https://www.decitre.fr/livres/le-code-arsene-lupin-9782380158083.html ; https://www.mollat.com/livres/2902965/arphays-le-code-arsene-lupin-maurice-leblanc-et-le-savoir-perdu et sur le réseau : https://www.leslibraires.fr/livre/22445708-le-code-arsene-lupin-maurice-leblanc-et-le-savoir-perdu-arphays--editions-de-l-opportun en ligne et sur près de 170 points de vente proches de chez vous.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Concernant l’Argonne, le village où j’ai grandi comporte une plaque. Ici est né Charles-François Delacroix, Homme politique et père du célèbre peintre Eugène Delacroix. Or certaines fresques de l’église Saint-Sulpice, comme celles de Signol, laissent songeuses.

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Publié le par Rhonan de Bar

1. Gino Sandri a préfacé, puis postafacé votre ouvrage. Quelle en est la raison ? Était-ce un moyen pour vous de relier directement, « dès le départ », à travers sa signature, la figure d’Arsène Lupin aux mystères Castelrennais ? De donner à votre livre, une orientation immédiate de lecture.

Je me dois d'abord de préciser la genèse du livre. Le périple pour trouver un éditeur fut long, près d'un an et demi. Ce n'est qu'au bout d'une conversation sur la toile qu'une amie m'a conseillé les Éditions la Pierre Philosophale dirigée par Serge Goasguen. Ce dernier fut emballé par le projet. Il manquait juste une préface. Auteur inconnu, je n'avais personne à proposer. Il me dit : « je m'en charge. » J'ai donc eu la surprise de voir "Maurice Leblanc, Maitre du savoir" préfacé par Gino Sandri et devenu depuis, par le biais d’une seconde parution en 2023 aux éditions de l’Opportun : Le Code Arsène Lupin. Maurice Leblanc et le Savoir Perdu postfacé par le même auteur. Quelle en est la raison profonde ? Vu la teneur de l'ouvrage, c'est une commande expresse de l'éditeur auprès de Gino Sandri. La préface devait faire un nombre précis de pages, traiter de sujets tout aussi précis et il est bien évident que ces prolégomènes conséquents contiennent des éléments cruciaux, des clés utiles à la compréhension de l'ouvrage. Il faut pour cela lorgner sur l’un des livres de Pierre-Vincenti Piobb : « Clef Universelle des Sciences Secrètes ». Mais Gino Sandri retrace de manière magistrale les liens qui unissent ou divisent les différents réseaux de l'époque (on peut parler ici de forces diamétralement opposées) mais aussi des interactions entre les différentes sociétés qui furent conséquentes et permirent la transmission, d'une façon plus élargie, mais occultée, de ce savoir perdu que j'évoque et sur lequel nous allons revenir.  

Piobb évoque deux forces et leur alternance cyclique qui se manifestent au monde à tour de rôle.

L’ouvrage de Fulcanelli « Les Demeures Philosophales » est fondamental et il est issu d’un même courant. Fulcanelli relève du courant du Hiéron ! Est-ce à dire que Dujols et Fulcanelli sont une seule et même personne ? C’est en tout cas ce que disait Paul Le Cour, continuateur officieux du Hiéron qui n’est, en fait, que le cercle extérieur d’un réseau plus secret encore. Ce même Paul Le Cour qui, dès son premier passage à Paray-le-Monial fut aiguillé par Pierre Dujols vers un vieux jésuite qui devait lui fournir, pour une bonne part, des travaux encore inédits du Hiéron.  

Fulcanelli inspire deux courants : celui de Piobb et un autre avec Warrain et Beltékhine.

Tous les ouvrages parus au 19ième siècle sont précurseurs et ils définissent ce qu’il convient de nommer la "Wouivre littéraire" qui coure encore aujourd'hui.

Et donc pour répondre à la question, c’est bien une manière directe de mettre d’emblée en rapport, parce qu’il y a un tronc commun, l’Argonne et l’Aude, régions toutes deux liées par un grand secret qui doit être révélé dans les temps futurs.  

2. Vous posez en exergue du Chapitre I, une sentence relative au mystère de la Rose, que vous associez aux figures du Chevalier et de la Noble Dame… Vous considérez que les aventures d’Arsène Lupin ont suivi un principe de création, un canevas plus ou moins similaire aux romans arthuriens… Que ces derniers recèlent en leur fabrication, un secret, un arcane, pouvez-vous esquisser pour nous, les contours de cette nébuleuse énigme ?  (G.M peut-être ?)

C'est exact, d'emblée j'entre dans le vif du sujet. En effet la vertu de ce chapitre est de démontrer qu'il existe un pendant entre les romans de Maurice Leblanc et ceux de la quête arthurienne dont on sait que le Roi n'est pas mort, mais demeure en sommeil pour resurgir à la Fin des Temps. L’un des romans de Maurice Leblanc « L’île aux Trente cercueils », roman sombre à souhait, quasi apocalyptique, nous mène sur une île fictive[1], dont les noms sont quand même évocateurs (Sarek -anagramme de Arques- ; le bois du grand-chêne ; le Dolmen aux fées ; le calvaire fleuri ; le Prieuré…de Sion) de quoi tout de même nous placer dans des conditions particulières qui nous renvoient aux mystères audois dont Rennes-le-Château reste le fer de lance. Certains ont glosé sur la présence d’un trésor dans le village audois, cela se peut, il serait étonnant que Saunière n’ait rien trouvé. Seulement Saunière, c’est comme Leblanc, Fulcanelli, Nostradamus…il n’est qu’un exécuteur testamentaire d’un corpus plus secret.

De récentes recherches m’ont mené à établir un lien entre Paray-le-Monial et Rennes-le-Château. Les deux cités sont indissociables de la venue du Grand Monarque, actuellement l’une rayonne malheureusement moins bien que l’autre et il va falloir rééquilibrer ce déficit !

Peut-être est-ce cette notion de trésor qui rend Rennes-le-Château si sulfureux ? Mais si trésor il y a, et Bérenger Saunière en a sûrement eu connaissance, dans le futur, celui-ci revient de droit au Grand Monarque. Cette manne lui permettra de redresser un pays bien mal en point.

Concernant le lien entre Paray-le-Monial et Rennes-le-Château, il faut noter l’implication du Hiéron du Val d’Or dont les adeptes, dit Hiérophantes, qualifiés de « Chevaliers du Graal » se disaient « Franc-Maçonnerie Traditionnelle du Grand Occident » en parfait désaccord, voire en totale opposition avec celle du Grand Orient de France.

Or, il est évident et les Christophanies établissent les faits, que le culte du Sacré-Cœur, donc du Christ-Roi est réservé à la « Fin des Temps » !

 

[1] Notons au passage que c’est sur l’île d’Avalon que repose le roi Arthur.

3. Comme Patrick Ferté, vous pensez donc que l’œuvre de Maurice Leblanc est codée… Pouvez-vous éventuellement nous éclairer sur la manière qu’avait Maurice Leblanc de crypter ses livres ? utilisait-il des méthodes essentiellement littéraires telles que les anagrammes, les acrostiches, les anacycliques et autres charades, ou usait-il de moyens, de procédures, de pratiques d’occultation beaucoup plus ésotériques ? Jean Parvulesco parlait de littératures chiffrées en profondeur… Quel serait pour vous le sens de cette formule concernant les aventures d’Arsène Lupin ?  

Oui c’est vrai l’œuvre est codée et du reste je le dis à de nombreuses reprises, notamment d’emblée dans les liminaires, sans Patrick Ferté, l'ouvrage n'aurait jamais vu le jour ou du moins pas de cette manière-là. Maurice Leblanc aura en fait recours à de nombreux artifices, et ce n’est pas le seul auteur, Gaston Leroux en est un autre exemple. Cela passe par la cryptographie et stéganographie[1], car je pense que c’est sur ce terrain que vous voulez nous emmener. Or ces deux disciplines sont plus ou moins complexes selon le code que l’on pose.

Aussi prenons pour exemple ANGELIQUE, prénom d'une héroïne de Maurice Leblanc. Admettons que l’on ne veuille pas, au travers du message envoyé et potentiellement interceptable, savoir quel est réellement son prénom. On décide de choisir une base 5.

Ainsi le A = E ; N = S et ainsi de suite, ce qui conduit à : ANGELIQUE = ENKIPMUXI. Incompréhensible certes mais peu fiable. Le tableau de Vigenère est beaucoup plus sûr.

Avec celui-ci, il faut un mot code, prenons un exemple simple qui peut se complexifier à plaisir NEFERTITI que l’on applique à ANGELIQUE. Sur le tableau de Vigenère, à la croisée des lettres A et N = N ; N et E = R ; G et F = L ; E et E = I ; L et R = C ; I et T = B ; Q et I = Y ; U et T = N ; E et I = M soit NRLICBYNM.

Un beau galimatias qui préserve d’autant mieux le secret contenu dans le message et conserve, sauf pour celui qui a la clef ou le code, l’anonymat de la personne.

4. Ce blasonnement, ce chiffrement, ce cryptage implique qu’il y ait des des blasonneurs, des déchiffreurs, des décrypteurs… Il implique aussi le fait que Maurice Leblanc fut le Maitre d’une connaissance, d’un savoir, — peut-être perdu comme vous le soulignez dans le sous-titre de votre ouvrage —, assez important pour qu’il reste invisible aux lecteurs profanes… Quel serait ce savoir selon vous, hormis le secret relatif à la venue d’un Grand Monarque ? 

Sur ce sujet, le panel de Maurice Leblanc et du cénacle qui l'entoure est relativement large. Mais l’essentiel, à mon avis gravite autour d’un secret étatique romain que l’on occulte depuis plusieurs siècles.  Je pense d'abord, et il me semble que l’ouvrage sur le sujet est assez explicite que Maurice Leblanc, dans son œuvre codée, remonte à une Tradition très ancienne, une civilisation engloutie mais dont les connaissances ont été transmises par les Druides auprès desquels les Grecs venaient quérir connaissance et sagesse. Cette connaissance et cette sagesse, venues de la nuit des Temps ne sont pas sans lien avec la Géographie sacrée, la Cosmologie, l’Arithmosophie et autres sciences qui desservent la Tradition. Pour ne pas trop m’étendre, les druides embrassant en grande partie le christianisme primitif, y trouvant donc des corrélations avec leurs pratiques, bien moins barbares que supposées, se sont réfugiés dans les monastères afin de préserver cette Tradition.

Les éléments cités (Géographie Sacrée, Cosmogonie…) en fait se méritent et c’est bien le rôle de la Tradition que de les préserver secrètement aux yeux des profanes. Pour revenir à notre sujet, car tout est base d’occultation, on peut donc lire un roman à un degré N de compréhension, dès lors que l’on est éveillé à certains mystères, ce degré passera à N+1 et ainsi de suite ce qui permet de saisir des massages plus complexes.

 

[1] La Stéganographie est une méthode pratique d’écriture secrète basée sur les Décans du Zodiaques er des Heures planétaires.  Nous vient du grec ancien στεγανός / steganós (« étanche ») et γραφή / graphế (« écriture ») ou écriture secrète, hermétique !

5. Pouvez-vous nous en dire plus sur la science de la Gématrie en règle générale et ensuite sur celle élaborée ou plutôt proposée par Maurice Leblanc dans les confidences d’Arsène Lupin et plus précisément au chapitre intitulé Les jeux du Soleil ?... Chapitre dont le titre m’a aussitôt fait penser, je ne sais pas trop pourquoi, à celui d’un livre de Raymond Roussel « Poussière de Soleil » dont on sait qu’il évoquait les rudiments nécessaires à la réalisation de ce que les alchimistes entendent par le Grand Œuvre…

La Guématrie ou Gématrie est l’une des trois disciplines de la Kabbale qui se réfèrent aux calculs mystiques et relève donc du symbolisme.

Pour faire simple, parce que nous risquerions de lasser ceux qui nous lisent, on peut qualifier la Guématrie ou Gématrie de symbolisme géométrique du mysticisme, certains le bornant à la culture hébraïque, d'autres dont je fais partie, l'étendant à d'autres cultures, c'est le cas pour celle grecque (isopséphie) mais aussi française (onomancie). C’est par ce biais que les mystique et les initiés sont parvenus aux nombres et aux mots sacrés. Même si elles reposent sur des bases similaires, il faut cependant clairement différencier la Kabbale (avec un K) de la Cabbale (avec un C).

Pourtant, il ne faudrait pas confondre la Cabbale, dont nous voulons parler, avec la Kabbale ordinairement envisagée et demeurée purement hébraïque ; aussi bien, pour les différencier, convient-il d'appliquer, à chacun des deux termes, l'orthographe qui lui est propre et que réclame d'ailleurs leur étymologie différente : le premier se réfère au grec kaballés, qui veut dire cheval, tandis que le second vient de l'hébreu kabbalha avec le sens de tradition. Pour Eugène Canseliet, la Kabbale (K) est orientale, judaïque, la Cabbale (C) est occidentale (celto-grecque).

Maurice Leblanc, en effet nous entraine clairement dans ce domaine dans Les Confidences d’Arsène Lupin. C’est pour moi l’un des exemples des plus frappants. Dans ce roman l’auteur expose distinctement les faits en donnant à un adverbe a priori sans conséquence un sens tout autre. Les lettres deviennent des chiffres selon le code alphénumérique suivant qu’il dévoile (A = 1… Z = 26) et cet adverbe devient donc une valeur numérale. En l’occurrence ici SURTOUT vaut 134. Ce nombre 134 est aussi très précisément celui qui fait la valeur onomantique ARSENE LUPIN… Il y a aussi l’anagramme SURTOUT qui devient TROU SUR T soit une grotte, cavité ou caverne dans laquelle repose un T de Trésor ! Ceci renvoie quelque peu à la stèle de la marquise de Blanchefort ou le mot CATIN (catinum = grotte) apparaît explicitement selon l’interprétation qu’en a donné notre ami Jean-Pierre Monteils dans l’émission.

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Maurice Leblanc va plus loin lorsqu'il dévoile une série de nombres qui vont par paires, à l'exception de deux nombres isolés. Cette série finit par nous conduire à une phrase dont les erreurs relèvent un mot code ETNA. Ce mot, une fois permuté, comme l'autorise la gématrie ou l'anagrammatique, donne ANTE. Ce mot énigmatique apparait sur la stèle de la marquise de Blanchefort. Le mot ANTE, au dictionnaire, nous lisons : « nom féminin singulier ; pilier en bois ». Aux synonymes nous avons : « balustre, montant, pilier ». Or il est aujourd’hui indéniable et indiscutable que Bérenger Saunière a bien trouvé des documents dans l’un des piliers du Maître-Autel !!! Que ceux-ci l’ont aiguillé vers le balustre puis, du balustre, vers un tombeau sous crypte. Quel que soient ces documents, et au regard du CHEVAL qui est la propriété du Baron Repstein, on se demande si dans cette affaire, il n’est pas question d’une certaine CABALE-CHEVAL phonétique. Le mot ANTE[1] renvoie enfin à la rivière d'Argonne qui couvre certains domaines Templiers de cette mystérieuse région. J'en veux pour exemple NOIRLIEU. C'est ici, dit-on de l’Argolide des Gaules, que les Templiers pratiquaient l'alchimie, dans une crypte…  

Bernard Fontaine. Romuald Cassiaux. Tony Baillargeat avec la première édition.


[1] ANTE ou ANTÉ est un géant brutal. Fils de Poséidon et de Gïaa. Personnage légendaire des mythologies grecque et berbère. Roi de Lybie.

6. Hormis leurs portées eschatologiques, pensez-vous que les livres de Maurice Leblanc continssent comme pouvait le penser par exemple Richard Khaitzine, un secret lié non seulement à l’alchimie mais aussi à l’identité sociale de Celui qui se dissimulait sous le nomen de Fulcanelli ?

C'était en effet l'un des reproches fait à Patrick Ferté par Richard Khaitzine. Ne pas avoir abordé le versant alchimique contenu dans l'œuvre de Maurice Leblanc. À mon sens ce n'était pas l'objectif de Patrick Ferté qui, cependant, s'est magistralement attaché, entre autres, à révéler les interactions existantes entre les grandes familles à travers l’histoire de l’Europe.

Pour l’œuvre de Maurice Leblanc, je pense avoir démontré, en utilisant les propres artifices de l’auteur qu’il y a bien dans son œuvre une évidente allusion à l’alchimie et que celle-ci trouve ses racines dans la quête de la Toison d’Or qui, d’ailleurs, est littéralement le titre d’un chapitre du roman Dorothée, danseuse de corde : Vers la Toison d’Or. La présence continuelle, dans les différents romans du soleil et de la lune, est une évidence limpide puisque ces deux luminaires entrent en ligne de compte dans le processus du Grand Œuvre, que l’on soit dans l’opératif ou non !

Concernant l’adepte Fulcanelli, tant de suppositions, tant de noms ont été avancés que l’on finit par s’y perdre. Il est cependant fort probable que Fulcanelli, à l’instar de Maurice Leblanc, ne soit en fait que l’exécuteur testamentaire d’un même cénacle. On sait peu de choses, je ferai cependant remarquer que Canseliet, disciple de Fulcanelli, connaissait Paul Le Cour et que l’année de parution du livre Le Mystère des cathédrales date de 1926, année de la fondation de l’association Atlantis…

 

7. Dans le chapitre VI de votre ouvrage, vous abordez la ville de Blois et les origines solaires d’Arsène Lupin. Je sais qu’en admirateur et continuateur de l’œuvre de Jean Phaure, vous portez une grande attention à la géographie secrète. Que pouvez-vous nous dire sur cette ville dont on sait qu’elle a vu naître non seulement René Guénon mais aussi le créateur de la revue Atlantis Paul le Cour ?

 

En effet, mon attention a été attirée à Blois par le simple fait que Maurice Leblanc y fait naitre son héros. On aurait pu l'imaginer le faire naître à Rouen, à Paris, mais Blois, c’est quelque chose qui m’a interpellé. Ça a donc été une longue série de lecture pour décortiquer le symbolisme de cette ville, notamment celui du blason, dont René Guénon disait : "On appelle Blois "la ville aux loups". Bleiz ou Beleiz était en effet le nom celtique du loup, symbole de Belen, "l'Apollon gaulois". En fait, on se rend compte que la cité est solaire, mais aussi lunaire puisque le loup a plutôt une activité nocturne ! Je crois que Jean Robin a écrit que les armes de cette ville (loup et porc-épic soutenant le Lys) évoquent l’idée du « Roy perdu », du « Grand Monarque ». Abus de cet archétype dans les salons du 19ième.

Puis il y a effectivement, Paul le Cour (1871) et René Guénon (1886), tous deux natifs de cette ville. Pour ma part, je pense que si Maurice Leblanc y fait naître Arsène Lupin, c'est qu'il a une volonté délibérée de projeter la lumière sur ces deux auteurs, très engagés l'un et l'autre, souvent en lutte, à tort à mon sens, et dont Paul Le Cour, grand défenseur de la Tradition occidentale s'opposera à René Guénon qui lui, avait pris fait et cause pour Tradition orientale. Je termine ici sur une notion, récurrente chez Leblanc, de la notion de double ou de gémellité.  

On ne doit pas oublier que le « Grand Monarque », souvent nommé le « Roi de Blois » par Nostradamus (lui aussi affilié à un cénacle et sûrement agent de la maison d’Anjou-Lorraine-Bar). C’est ce roi caché, ce roi perdu qui relèvera la Tiare Pontificale. Ce même « Roi de Blois » est aussi appelé le « Grand Chyren » que certains érudits ont traduit par « Henri ». En fait le terme Chyren (St Chrême ?) serait plutôt en lien avec l’onction traditionnelle qui consacre les monarques.

Faisant naître son héros à Blois, le nommant Arsène LUPIN = ULPIAN[1], Maurice Leblanc faisait-il de son héros le « Roi caché », c’est une question qui reste posé mais qui est envisageable.  En fait il est possible aussi qu’au travers des termes « Grand Monarque » ; « Roi de Blois » ; « Grand Chyren » ; « Henri » nous trouvions, selon Nostradamus une allusion à la branche du duc Henri de Guise qui fut assassiné au château de Blois.

8. Dans ce même chapitre, dans une note de bas de page, vous dites que Blois est inscrite sur un axe qui comporte entre autres, Le mont St Michel, le Mans, Bourges Paray le Monial et Lyon… à quoi correspond cet axe ?

Cet axe n'est en fait que l’un des nombreux rayons d'un réseau beaucoup plus complexe et étendu sur la France avec des influences qui vont, ou nous viennent d’autres pays. Je me suis donc limité à celui-ci pour éviter un ouvrage beaucoup plus conséquent. Ces axes, au nombre de trois (évocation de la Tri-unité ou de la Triade) est centré sur le Mont Saint-Michel dont le rôle protecteur est une évidence. Lorsque l’on parle de la France, on parle d’Hexagone. Terme en fait très ésotérique que Paul le Cour et Jean Phaure ont développé en leur temps et dont on n’a retenu que le terme, en écartant tout le symbolisme qui en émane et rejoint le Sénaire.

Dans l’Hexagone et de fait sur celui-ci, se dessine un arbre des séphiroth. Bourges répond à Tipheret[2] (œuvre au Blanc). Cette cité fut longtemps considérée comme le Centre des Gaules et de fait se voyait relié à l’Univers par l’Axis Mundi (axe du Monde). Cette cité de Bourges est exceptionnelle par son symbolisme alchimique que l’on trouve essentiellement dans le Palais des frères Lallemant et dans la demeure de Jacques Cœur.

Ce dernier me permet de rebondir sur Paray-le-Monial, autre point de l’axe, rendu célèbre par les Christophanies (dévoilement du Cœur du Christ aux hommes) à Marguerite-Marie Alacoque. Je ne peux m’étendre ici, mais il faut impérativement noter la fondation, au 19ième, encore et toujours le 19ième siècle, du Hiéron du Val d’Or par le R.P Drevon et le baron de Sarachaga. Quant à Lyon on sait qu’elle est comparable, pour le pays des Gaules, à la Delphes des Grecs et à la Rome des Romains. Lyon est une ville secrète, sacrée. Lyon et les naissances de Denizard-Rivail (Kardec) ; le sâr Péladan ; Nizier (Maitre Philippe). Puis les apparitions mariales quasiment inconnues…

Carte extraite du livre de Philippe Lavenu : L'ésotérisme du Graal.


[1] Centurie VIII. Quatrain 66 = 528 nombre de la clef en kabbale.

[2] ARLES (Aigues-Mortes, les Saintes-Maries) = YESOD. Pointe du triangle Beaucaire. Tarascon. BOURGES (Issoudun, Nevers) Pointe du triangle Orléans = TIPHERETH. PARIS (Versailles, Melun) = KETHER Pointe du triangle Lille.

9. Il y a un nom qui arrive comme un mot de passe, c’est celui d’ARGONNE… Il apparaît fortement en plein milieu de votre livre dans le chapitre intitulée le Cercle de Dorothée… Vous y précisez que très jeune, vous ressentiez que c’était une Terre d’élection et de prédilection…

On pourrait en effet considérer le terme ARGONNE comme un mot de passe. Il en est même sûrement un, mais n’étant pas allé réellement au bout de mes investigations dans l'ouvrage dont nous parlons aujourd’hui, je me bornerai à vous conter les lieux comme étant enchanteurs. On y trouve de vastes forêts, faites de chênes et de sapins, avec des clairières verdoyantes où l’on peut supposer que les fées, les elfes et autres éléments subliminaux s’y réunissent certaines nuits. Les étangs sont également forts nombreux et les brumes se lèvent, en Argonne, aussi vite que celles qui recouvrent les terres en Avalon, je fais ici allusion ici au légendaire arthurien.

Cependant, pour revenir à nos propos, n’oublions pas que l’une des héroïnes de Maurice Leblanc, Dorothée porte le nom d’Argonne par son père. Elle est infirmière, porte blouse blanche à « Croix-Rouge » et il en faut donc peut pour établir un lien avec l’ordre des antonins qui avait vocation à secourir les nécessiteux. De même le parallèle avec les Templiers est-il évident et du reste mon ouvrage aborde l’implication des deux Ordres.

Puis Dorothée part en tournée, avec sa troupe suivant en voiture moderne son antique chariot très mérovingien vers l’ouest. Avant le départ, Dorothée s’exprime : « Saint-Quentin, je te confie la roulotte et les trois gosses. Dirige-toi d’après la ligne rouge que j’ai marquée sur la carte. » sic !

Cette ligne rouge qui va d’est en ouest n’est pas sans être une allusion à celle qui va du nord au sud et qui passe, entre autres, par Saint-Sulpice[1], Rennes-le-Château. Un méridien qui défraye la chronique depuis des décennies. On a alors l’évidence même du Cardo et du Decumanus qui s’impose à nous…

J’ai rejoint Patrick ferté dans sa théorie selon laquelle derrière l’héroïne (Yolande-Isabelle-Dorothée d’Argonne) se cache en réalité une personnalité politique forte de l’époque de la maison de Bar : Yolande. Plus tard, dans la lignée, Charles de Lorraine (4ième des ducs de Guise) épousera Henriette Catherine de Joyeuse détentrice des domaines d’Arques, de Couiza…La Maison de Bar entre alors dans le secret des mystère audois. Précisons que Charles de Lorraine eut Robert Fludd comme précepteur !

10. Au chapitre suivant, vous abordez Rennes-le-Château… puis revenez magnétiquement, presque par aimantation intime en Argonne… Pourriez-vous dire que le secret de RLC contient en son sein, un secret d’Argonne… un secret visiblement zodiacal, solsticial, cyclique ? Le secret d’un retour… le signe des gémeaux, je pourrais dire des jumeaux,— puisque vous abordez avec une certaine insistance pour ne pas dire une insistance certaine, Castor et Pollux—, est très présent… Pouvez-vous nous faire une révélation au sujet de ces bessons qui semblent vous préoccuper tant ?

La question est aussi limpide que la réponse va être complexe parce qu'en fait, à l'instar des travaux laissés en suspens sur l'Argonne, cette référence à un retour est prévue dans un ouvrage que j'entamerai après celui consacré aux Mystères Parodiens. Il portera le titre suivant : « Varennes ou le Grand Œuvre Solaire de Louis XVI. »

On peut répondre par l’affirmative à la question concernant la présence d’un zodiaque centré sur l’Aude. Il est une sorte de résonance à celui qui couvre l’Argolide des Gaules que j’ai défini à partir du village de Clermont-en-Argonne, longtemps apanage de la Maison de Bar et de Lorraine.  

Ce zodiaque permet aussi de morceler la région de l’Aude et de révéler des lieux en analogies avec les Signes, les éléments qui les régissent etc… Cette notion de Zodiaque est présente dans le roman La Comtesse de Cagliostro mais sous forme de Cromlech. Le roman fait état du chandelier à sept branches qui est représentatif des sept étoiles de la Grande Ourse ou Septemtriones. Par intuition, mais aussi par canalisation médiumnique, j’ai fini par transposer les sept étoiles sur sept des citadelles et châteaux de l’Aude et de l’Ariège.

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Ainsi, les jumeaux Castor et Pollux sont-ils représentés par les citadelles de Montségur et de Puylaurens qui, dans leur aspect vu du ciel, forme une sorte de gémellité pour le moins troublante.

En fait, je n’ai pas tant cherché à développer cette notion de double, de gémellité, c’est au fil de mes recherches et au travers les nombreux domaines qui structurent l’ouvrage qu’elle s’est imposée comme une évidence, comme une assertion qu’il convenait de donner à la réflexion des lecteurs!

 

L'ouvrage est disponible sur de nombreux sites.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Concernant l’Argonne, le village où j’ai grandi comporte une plaque. Ici est né Charles-François Delacroix, Homme politique et père du célèbre peintre Eugène Delacroix. Or certaines fresques de l’église Saint-Sulpice, comme celles de Signol, laissent songeuses.

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Publié le par Rhonan de Bar

LA SOCIÉTÉ DU RÈGNE SOCIAL DE JESUS-CHRIST.

II. - BUT ET MOYENS D'ACTION. DÉVELOPPEMENT DE LA SOCIÉTÉ.

Bustes du R.P Victor Drevon et du baron Alexis de Sarachaga.

Le P. Drevon eut l'intuition immédiate, en voyant M. de Sarachaga, de ce qu'il pourrait obtenir de cette âme et de cette intelligence d'élite. Pendant trois ans, de 1873 à 1876, il forma ce novice aux choses saintes, aux mœurs eucharistiques, à la communion quotidienne, à ces adorations pendant lesquelles Sarachaga restait à genoux, immobile deux et trois heures de suite, sans épuiser jamais le sujet divin, sans se lasser; y trouvant, disait-il, autant de saveur et de grandeur, que le monde lui avait découvert de petitesse et d'objets de dégoût. D'ailleurs à partir de sa conversion, de ce monde il n'eut plus cure. Jamais un mot de ses anciennes relations, de ses plaisirs d'autrefois, de ses parents, de ses succès. En retournant le mot de saint François on pouvait  pleinement le lui appliquer : « Trouvant la Vérité, il avait quitté toute vanité. » Le P. Drevon le voua d'abord à la « Communion Réparatrice » pour laquelle il avait obtenu de Pie IX le Bref contenant ce rare éloge : « Elle est une Œuvre propre à sauver la Société, » et à laquelle Léon XIII prodigua les bienfaits spirituels. Elle formait comme le premier échelon de cette création que le Père et le disciple, devenus deux amis inséparables, méditaient et ébauchaient ensemble : « La société du Règne social de Jésus-Christ » qu'on peut ainsi définir : Une société de piété, d'étude et d'action destinée à reconnaître et à promouvoir le Règne Social de Jésus-Christ[1].

Le Règne Social de Jésus-Christ ! Cette expression qui est maintenant sur toutes les lèvres, souleva, à cette époque, des objections infinies, et fit couler des flots d'encre. On la trouvait inutile et provocante. Mais le P. Drevon écoutait d'un côté l'Hôte divin du Tabernacle, réclamant à Marguerite-Marie le culte public de son amour infini ; de l'autre, il recueillait toutes les brises qui, de tous les coins du monde moral, lui apportaient comme un écho des tendances de ses contemporains[2]. Il en concluait : La gloire et la justice de Dieu ne peuvent être satisfaites que si les Nations qu'il lui a toutes données en héritage reconnaissent la Souveraineté de son Christ. Les hommes, eux-mêmes, ne peuvent vivre dans la-justice et la paix, que s'ils soumettent non seulement leurs destinées éternelles, mais leur existence temporelle, en tant que sociétés et peuples, à la Royauté puissante et bienfaisante du Christ Jésus.

Et, où se fera la rencontre du Dieu assoiffé de l'amour de ses créatures, et de ses créatures vouées, à toutes les chimères actuelles, mais qui, sans le savoir, sont aussi en recherche et assoiffées de leur Dieu ? Dans l'Eucharistie, où le Christ vivant s'est mis à la portée de l'humanité, et où, en 1689, Il est venu, par un suprême effort, les attirer sur son Coeur.

Le P. Drevon et Sarachaga maintinrent donc avec fermeté la devise si attaquée de leur société : Le Règne Social de Jésus-Christ ; l'estimant, au rebours de l'opinion du monde : nécessaire et pacificatrice.

En analysant la définition de leur œuvre, nous verrons -toutes les idées fondamentales .qui la motivèrent, et nous décrirons sommairement sa vie intime et extérieure.

A - PIÉTÉ

En effet, depuis le XVIe siècle, où la Réformé, rompant avec la tradition catholique, a tout à coup posé la raison humaine en juge de la parole divine, la discutant et l'interprétant à sa guise ; depuis que la Révolution Française a osé nier ouvertement les Droits souverains de Dieu, toutes les constitutions modernes les ont peu à peu niés pratiquement. Elles ont méconnu, oublié "le Christ vivant dans l'Eucharistie ; elles ne l'ont rappelé à leur souvenir, que pour l'enfermer étroitement dans les sacristies,

dans les consciences individuelles, pour réduire le nombre de ses ministres, pour Lui disputer même la possession de ses Temples, après avoir fait disparaître, en certaines contrées, son Nom des Tribunaux, des écoles, et de la presse officielle.

Or, si l'on outrage le drapeau d'une nation, si un ambassadeur, reçoit au loin, ne fût-ce qu'un coup d'éventail, on voit soudain la nation blessée se dresser frémissante, demandant à laver son injure dans le sang des coupables.

Et Dieu resterait insensible à l'honneur de son propre Fils auquel on refuse tous les hommages dus à son rang[3] !

La société pourrait traiter en paria le Créateur dans sa création, refusant, à Lui et à ses ambassadeurs la justice qu'elle se vante de rendre même au paria[4].

Mais il devenait de plus en plus impossible au coeur du petit-fils de Bayard, de laisser traiter ainsi Celui dont l'honneur lui était infiniment plus cher que l'honneur de François Ier ne l'avait été à son ancêtre. Pour tant d'injustice et de révoltante  ingratitude, il fallait que, non seulement dans les monastères, mais au sein même de la société civile, il y ait des hommes faisant profession de réparer et de compenser, par une: piété profonde, les outrages commis envers leur « Dieu sacramenté ».

La piété des sociétaires ne devait rien avoir d'individuel dans le sens restrictif du mot. Leurs communions, toujours très fréquentes, et pour la plupart quotidiennes (devançant ainsi le décret Sacra Tridentina Synodus de Pie X), leur assistance à la Messe journalière, et en tous cas, paroissiale, leurs prières, devaient être : réparations, compensations, impétrations sociales.

L'oreille toujours tendue vers les attaques des sociétés aux Droits souverains du Christ, ils devaient les réparer en tirant de leur propre coeur un baume qui panserait les blessures divines, une huile qui oindrait à nouveau ce Christ, Roi absolu d'eux-mêmes, de leurs foyers, de la portion du territoire sur lequel ils avaient droit, de la partie de la famille humaine sur laquelle ils exerçaient leur influence.

Trente ans plus tard, une personne qui avait longtemps critiqué l'oeuvre du P. Drevon, disait : « J'ai reconnu son bon esprit à ce signe particulier : c'est que, quelque temps qu'il passe devant le Saint Sacrement, pas un sociétaire qui ne paraisse toujours attentif et occupé. — Je le crois bien, reprenait un des membres de la Société du Règne Social, on a toujours, hélas ! tellement à réparer et à compenser ! Entre le dû et le rendu des hommes la marge est si effrayante, que, sans l'Eucharistie, qui est à la fois Victime, Rançon et Actions de grâces, nous ne saurions jamais la combler. Avec une telle tâche, l'ennui ne peut venir, et le temps d'adoration est toujours trop bref pour nous ».

.N La piété de la Société du Règne Social doit encore prouver sa sincérité par un acte que les monastères, réparateurs et .compensateurs admirables, ne peuvent cependant effectuer. Elle doit les presser d'instaurer un ordre nouveau de la société et de ne point pactiser avec le désordre actuel.

De là vient qu'elle a inspiré à ses membres, comme nous le verrons plus tard, de faire la Consécration au Sacré-Coeur, de leur commune, de leur canton, de leur arrondissement, de toutes les forces vives de la Nation qu'ils possèdent, et qu'il devront tâcher de plus en plus d'obtenir.

Que de fois leur a-t-on dit : Quelle illusion est la vôtre ; vous voulez que la Société soit convertie par la reconnaissance du Règne de Jésus-Christ; ne voyez-vous pas que la Société ne reconnaîtra le Règne Social de Jésus-Christ que lorsqu'elle sera convertie ?

A quoi la Société du Règne Social répond : Pourquoi les premiers Apôtres n'ont-ils pas attendu que les moeurs cruelles et voluptueuses du paganisme aient disparu pour oser prêcher le Règne de la Croix ? Le Christ a-t-il dit seulement : « Je suis la Vérité et la Vie. » N'a-t-il pas affirmé aussi : « Je suis la Voie, » la seule par laquelle on puisse arriver à la vraie Vie. Étant le but suprême, n'est-il pas en même temps le Moyen ? Étant l'Oméga, a-t-il cessé d'être l'Alpha de toutes choses ?

— Mais, leur disait-on encore : serez-vous plus ambitieux pour Jésus-Christ que Lui-Même ne l'était lorsqu'il affirmait : « Mon royaume n'est pas de ce monde. »— Sans doute, repartait la Société du Règne Social, le royaume de Jésus-Christ ne tire pas son origine de ce monde ; mais pourquoi venait-Il sur la terre et mourait-Il en Croix; pourquoi fondait-Il son Église, si ce n'était pour établir son. Règne en ce bas monde ? Qu'avait-Il besoin de nous apprendre ce cri quotidien : Adveniat Regnum tuum ?

Apparemment, nous n'avions point à demander une chose déjà existante : sa Domination dans les Cieux...

Les sectaires, quand ils n'étaient qu'une poignée, se sont donnés pour les seuls interprètes de la Société et lui ont fait renier son Roi ; aujourd'hui, ils parlent imprudemment, au nom de l'humanité entière. Pourquoi nous, les catholiques, aurions-nous moins d'audace pour rétablir la vérité, qu'eux, pour installer l'erreur ? Pourquoi nos adorations, nos réparations sociales ne diraient-elles pas à Dieu, pourquoi nos pèlerinages, nos consécrations, nos hommages publics ne rediraient-ils pas aux peuples que les sectaires en ont menti, et que les sociétés de demain, comme celles d'hier, n'ont d'autre Roi que le Christ, leur Auteur vivant dans son Eucharistie, et leur montrant son Coeur par lequel II veut régner. « Fundamentum aliud nemo ponere potest proeter id quod positum est Christus Jésus [5]». Aucun fondement pour les Sociétés, sinon Celui qui a été posé : le Christ Jésus.

B - ÉTUDE

Ce sont les idées qui mènent le monde, ont affirmé Platon, Leibnitz et Bossuet. Comment donc, alors que pendant des siècles, les nations européennes formant la « chrétienté » s'inspiraient du Christ d'ans les grandes lignes de leurs Constitutions, de même qu'elles étaient nées des Pactes conclus avec Lui, (Tolbiac, Rutli, Covadonga, etc.) comment, après avoir grandi et prospéré sous son Règne, sont-elles parvenues à Le nier, à Le reléguer dans son Ciel, à vivre en dehors de Lui, c'est-à-dire, en perpétuelles convulsions sociales, résultantes des déliquescences morales ? — Par les idées fausses infiltrées dans les veines de la Société, et émanant des Luther, des Encyclopédistes, des Karl Max, de tous les fauteurs en mal de rationalisme, de libéralisme, de socialisme, dont la dernière conséquence est l'anarchie et le nihilisme.

Il faut noter ici, qu'aucune erreur n'a osé se présenter au début, sans se couvrir de quelques loques- de vérités empruntées au christianisme. Tous les meneurs intellectuels ont attaqué la puissance du Christ dans l'histoire, dans les arts, dans les sciences, par atténuation, oblitération, oublis, traits perfides et cauteleux.

La Société du Règne Social prit donc à sa charge le soin de rétablir la notion intégrale de la Royauté du Christ, non seulement par l'évangélisation de cette vérité[6] mais par l'histoire, les sciences et les arts.

• A- — Par l'Histoire. Jésus-Christ est le premier Personnage historique. Avant que de paraître sur terre, Il était annoncé, Il était préfiguré par les sacrifices constants de l'Humanité. Personne n'habite et n'agit ici-bas depuis aussi longtemps que Lui. Pourquoi donc n'aurait-Il pas l'histoire de son Règne, aussi bien et plus que tant d'autres dont, l'influence a été passagère et réduite, tandis que la sienne est immense et permanente ?

L'Histoire actuelle se tait sur son rôle ou l'oblitère. La Société du Règne Social la forcera à parler ; elle déterrera les monuments, elle fouillera dans tous les sens les archives humaines et leur fera dire tout ce qu'elles contiennent sur l'action sociale de son Christ. Or, le Christ vivant parmi nous, c'est l'Eucharistie. Elle est totus Çhristus comme dit saint Thomas. Elle est Ipse Rex Adest, ce Roi présent, ainsi que parle saint Jean Çhrysostome, C'est donc l'histoire de l'Eucharistie à travers les siècles et par conséquent, tout le système social de la chrétienté, que la Société du Règne Social poursuivra.

Or, dès la fin de 1875, la nouvelle Bibliothèque de Paray avait déjà posé ses premiers jalons.

La Société du Règne Social avait dû d'abord s'informer de tout ce qui avait jusqu'alors été créé à la gloire de l'Eucharistie, tamiser dans d'autres ouvrages ce qui Lui revenait, combler ensuite de nombreux déficits. Elle avait acquis les catalogues publiés de toutes les anciennes bibliothèques, des universités, célèbres d'Europe, de monastères et de collèges ; elle avait sollicité et obtenu à des prix divers, les catalogues manuscrits de quelques bibliothécaires actuels importants. Enfin, elle s'était procurée, à prix d'or, de remarquables ouvrages ; et, là où toute offre de tractation eût été peu respectueuse et repoussée d'avance, elle avait copié ou fait copier des extraits de livres d'une haute valeur. Dès 1885, un compte rendu présenté à Turin, à la première réunion solennelle de la filiale italienne de la Société, par le Père Sanna Solaro, put faire l'exposé suivant : « Paray possède aujourd'hui une Bibliothèque de cinq mille volumes contenant les oeuvres les plus appréciées jusqu'à présent, sur l'Eucharistie et le Sacré-Cœur.[7]»

Depuis, elle s'est augmentée de manuscrits, d'incunables précieux, et d'ouvrages dûs à la plume des membres de la Société.

B. — Par les arts. — L'art est une expression très juste d'un état d'âme social. C'est un effet plein de révélations sur les causes qui le produisent. Si donc, en fouillant les Beaux-Arts à travers les âges, toiles, sculptures, architecture, objets divers, on trouve les plus nombreux et les plus précieux convergeant autour de Jésus-Christ, rappelant, pour la plupart, sa fonction éminemment sociale de Jésus-Hostie, du sacrifié Divin se livrant par amour pour l'humanité, on prouvera, d'une façon évidente la grande place occupée par l'Eucharistie dans la pensée et la Vie des peuples.

Telle fut l'idée qui présida, en 1878, à la fondation du Musée du Règne Social de Jésus-Christ. Pendant trente années, M. de Sarachaga fit appel à toutes ses nombreuses relations possédant des peintures remarquables ; il Visita les Musées du Continent ; il obtint, au nom de l'a gloire du Christ Jésus, ou à prix parfois considérable, une collection unique en son genre, de près de cinq cents tableaux sur toile, sur bois ou sur cuivre, dont une cinquantaine sont des originaux de grands Maîtres, tels que Guido Reni, Sasso-Ferrato, les Carrache, le Titien, le Tintoret, Carlo Dolce, Camoncini, Van Eick, Véronèse, Lebrun, Mignard, etc.

En 1882, le futur archevêque de Besançon, l'abbé Gauthey, pouvait recommander, au Congrès Eucharistique international d'Avignon, la visite du Hiéron comme un complément indispensable de tout pèlerinage au Sacré-Coeur, en affirmant « que la Foi en serait fortifiée, le Coeur réjoui, et qu'on y concevrait une invincible espérance du Règne Magnifique et prochain de l'Eucharistie sur le Monde ».

C. — Par la science. — Là l'entreprise : « Prouver le Règne de Jésus-Christ par la science », était grosse de difficultés et d'obstacles. Aujourd'hui, en effet, la science s'est sécularisée, et, au fond de la plupart de ses informations, on entend affirmer cette première erreur : La science n'a aucun rapport avec la religion dont elle s'est heureusement émancipée[8].

La science marche en avant, elle évolue, elle se transforme, sous l'impulsion de nouvelles découvertes, tandis que la Religion fixée à ses Dogmes, et immobilisée parla routine, reste stationnaire.

Entre la Science et la religion, aucune entente n'est possible.

L'une, c'est l'avenir et ses espérances, l'autre, c'est le passé avec ses déceptions.

Or, pour la Société du Règne Social, comme pour Léon XIII, qui le déclare dans son Encyclique Aeterni Patris : « Le Christ est le Restaurateur de la science, puisqu'il est la Force et la Sagesse de Dieu, et qu'en Lui sont cachés tous les trésors de la Sagesse et de la Science ».

Il est, conjointement avec son Père, l'Artiste infini de toute la Création. Rien dans l'univers, depuis le minerai caché dans les entrailles de la terre, jusqu'à l'astre perdu dans les deux, qui ne révèle sa Sagesse et ne doive chanter sa gloire.

De plus, comme il est essentiellement Un et Vrai, rien dans les ouvrages de ses mains qui puisse démentir les paroles de sa révélation. La Société du Règne Social se mit donc à chercher les preuves abondantes par lesquelles la vraie science confirme de tous points le plan divin de la Création, tel que la Genèse nous l'a montré.

En outre, par des collections scientifiques réunies dans les salles du Hiéron, on s'est essayé à mettre en lumière que Jésus-Hostie est bien le Fondement de l'ordre cosmologique et biologique.

Une fois de plus, il faut que les esprits qui ne sont point de parti pris conviennent que « Tout a été fait pour le Verbe, et que rien n'a été fait sans Lui ».

(A suivre)  G., DE NOAILLAT

Directeur du Hiéron et de la Société du R. S. de J.-C.

 

[1] Cette heureuse formule, répandue partout actuellement par l’Association Catholique de la Jeunesse Française, avait été trouvée, longtemps auparavant, par le Société du Règne Social. [2] Le Règne social de Jésus-Christ Hostie. Article de M. de Sarachaga, année 1886, page 19. [3] Causeries sur nos Œuvres. I.-V. Le Règne social de Jésus-Hostie, tome Ier. [4] Idem. [5] Act. Apost., IV, 12, 13. [6] Beaucoup d'entre eux étaient prêtres ou religieux. [7] Compte rendu du R. P. Sanna Solaro, traduit de l'italien par le baron de Maricourt, Lyon, Imprimerie Jévain, 42, rue Sala. [8] On connaît d'illustres exceptions, telles en France les Pasteur, Cauly, Lapparent, Branly ; Secchi en Italie, etc…

 

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Publié le par Rhonan de Bar
Publié dans : #SACRE COEUR

 

LA SOCIÉTÉ DU RÈGNE SOCIAL DE JÉSUS-CHRIST.

Buste du Révérend Père Victor Drevon. Musée Hiéron du Val d'Or.

Buste du Baron Alexis de Sarachaga. Musée Hiéron du Val d'Or.

On était alors au lendemain de la guerre de 1870. La France vaincue d'hier, mais « dont les maladies ne vont jamais à la mort », comme le déclarait Pie X[1] ; qui « fluctuât sed non mergitur », selon sa fière devise[2], se tournait vers le signe que Léon XIII devait appeler le « Labarum des temps modernes [3]», vers ta Sacré-Coeur de Jésus.

Déjà, au plus fort de la tourmente, MM. Rohault de Fleury et Legentil avaient fait voeu d'ériger, à Montmartre, le Temple de réparation et d'impétration nationales. Or, en 1872, vivait un fervent religieux, frère, disciple, et émule du P. de la Colombière, le R. P. Drevon S. J., descendant par sa mère de Bayard, le Chevalier sans peur et sans reproches ; il en avait l'envergure d'idées et la tenace bravoure.

Passionné de l'Eucharistie, il avait déjà fondé la Communion Réparatrice qui, absorbée ensuite par « l'Apostolat de la Prière », allait bientôt se répandre sur le monde entier.

Habitué à créer de vastes mouvements, il méditait souvent et profondément devant Jésus-Hostie exposé là où jadis, en 1689, Il avait dit : Je veux que mon Coeur soit adoré dans le Palais des Grands... Je veux les Consécrations et les Hommages... Je veux régner... Je régnerai malgré mes ennemis[4]...

Sans doute, le P. Drevon entendait déjà le murmure grandissant du voeu de Montmartre, les négociations du Cardinal Guibert, les prières particulières qui jaillissaient de tous côtés au Sacré-Coeur, Mais cela ne suffisait pas à l'Apôtre de l'Eucharistie.

Il voulait que « tout cela » éclatât en public ; il voulait procurer à son Roi les Hommages officiels, la pompe qu'il a daigné réclamer[5]. La Chambre des députés est devenue le Palais du peuple français. C'est à la Chambre des députés qu'il veut faire prescrire des Prières publiques ; mieux que cela, il attirera les députés, représentants de la nation, à Paray-le-Monial même ; il courbera leur tête devant le Christ vivant dans l'Hostie que viendront également acclamer les foules...

Et, parce qu'il était profondément humble, détaché de tout amour-propre, l'Eucharistie réalisa par ce religieux lié par l'obéissance et la pauvreté, cette chose que ses supérieurs estimaient d'une irréalisable beauté. En 1873, il avait, au prix de quelles démarches ? Dieu le sait ! gagné deux cents députés à son idée.

Le 20 juin, deux mille prêtres et trente mille pèlerins, répondant à ses appels, envahissaient la petite cité sainte, le jour même de la fête du Sacré-Cœur, et ponctuaient la consécration lue par Mgr l'évêque d'Autun[6] par ce cri répété : «Ô Jésus, Vous serez notre Roi ! Le pèlerinage de Paray-le-Monial était créé.

Le 29 Juin de la même année, les deux cents députés dont nous avons parlé, faisaient, par la voix de M. de Belcastel et de cinquante des leurs, hommage au Sacré-Coeur de leur patrie, de leurs biens et de leurs personnes, à l'endroit même où Notre-Seigneur avait réclamé ce culte social.

Bientôt après, ces fiers chrétiens, grandis eux-mêmes par l'acte généreux qu'ils venaient d'accomplir, faisaient décréter des prières publiques par l'Assemblée Nationale, et reconnaître par elle l'érection de Montmartre comme étant d'utilité publique[7]. Nul ne peut dire la profonde influence de cette grande Manifestation.

Elle fut le germe de deux Œuvres providentielles : « Les Congrès Eucharistiques internationaux [8]» et « La Société du Règne de Jésus-Christ » qui, nous occupe actuellement.

En effet, au soir de ces journées inoubliables, par lesquelles le P. Drevon inaugurait magnifiquement les pèlerinages à Paray-le-Monial, inusités jusqu'alors et commençait le grand mouvement qui ébranlera nos sociétés et les ramènera vers leur Roi[9], son zèle inlassable lui faisait ébaucher la pensée d'un organe qui stabiliserait et approfondirait ces reconnaissances passagères de la Royauté d'amour de Jésus-Christ.

Or, Dieu ne se laisse pas vaincre en générosité. Lorsqu'il voit une âme dépouillée d'elle-même et se déclarant servante inutile, après des réussites dont II garde ainsi toute la gloire, Il lui procure les éléments d'oeuvres nouvelles. C'est ainsi que, par une providentielle attraction, le deuxième fondateur de la Société du Règne Social de Jésus-Christ, le baron Alexis de Sarachaga s'était senti pressé, en visitant, à la Wartburg, le tombeau de sainte Elisabeth de Hongrie, de se rendre à Paray-le-Monial, pour demander au Sacré-Coeur d'orienter sa vie, après sa toute récente conversion.

C'était une figure aussi originale qu'intéressante que celle de ce jeune homme de trente-deux ans. Né à Bilbao, en Espagne, d'une fort ancienne famille, Alexis de Sarachaga descendait, par son père, d'un frère de sainte Thérèse, et par sa mère, des princes russes Lobanof de Rostof.

Orphelin à l'âge de sept ans, son enfance avait été singulièrement ballottée, entre le palais Mac-Donald où habitait, à Florence, la princesse Lobanof sa grand-mère, la pension Coulon, à Paris, près des Invalides, et Prestro, dans une baie de Norwège, dont il goûtait particulièrement les habituelles distractions de patinage et de traversées maritimes. Puis, il était entré à l'Ecole Polytechnique de Fribourg, et, réussissant dans les sciences comme clans les lettres, en sortait ingénieur.

Il parcourt alors les capitales de l'Europe où il se perfectionne dans les sept langues vivantes qu'il parlait aisément, et finit, après avoir passé trois studieux hivers à Rome, par se fixer à Madrid, au Ministère des Affaires Etrangères, sous la direction de M. Merry del Val, père de Péminent Cardinal de ce nom.

Là, de 1867 à 1870, et sans négliger ses devoirs professionnels, Alexis de Sarachaga, auquel sa naissance et sa fortune ouvraient les salons de la Cour, se laisse entraîner par les plaisirs du monde. Dès le 5 Décembre 1867, il écrit à sa soeur, baronne de Truchess et dame d'honneur de la princesse de Bavière-: « Je suis tellement lancé dans le tourbillon que mon clan ne nie laisse plus m'arrêter (sic) et je reste avec lui sans haleine». — Et encore : « Outre les invitations diverses, je vais deux fois par semaine chez les Volskonsky ; le dimanche chez la comtesse de Montijo, le lundi chez le Ministre de Russie, le vendredi chez les Scafani !»

Mais de temps à autre, la nature noble et généreuse de Sarachaga lui fait jeter un cri de regret sur la vie mondaine qui l'enlace et le disperse.

« L'existence que j'ai menée, déclare-t-il à ses parents, a été si agitée, si frivole... qu'elle a eu pour résultat la, fatigue et un désordre abominable. C'en est assez ! Les bals, les soupers, les nuits blanches, le Carnaval et son cortège ont passé devant nous, nous entraînant dans leur course, mais nous les abandonnons sans peine... quel bonheur de redevenir maître de soi! et du temps dont on dispose à son gré !... ».

Entre temps d'ailleurs, il traduisait Macaulay, « l'Etat libre dans l'Eglise libre » de Gladstone, et versait dans les erreurs irrédentistes socialistes qui fermentaient alors dans la Péninsule.

Il ne fallait rien moins, pour l'éclairer, que la mêlée révolutionnaire, la vue du sang répandu avec férocité, le meurtre du général Prim, les intrigues pour placer sur le trône d'Espagne un Hohenzollern...

D'ailleurs, il ne rencontrait pas davantage à Paris, la paix qu'il était venu y chercher. La guerre de 70 éclatait, suivie des horreurs de la Commune... Désabusé des luttes politiques auxquelles il s'était mêlé, Sarachaga se réfugia à Saint-Pétersbourg. La Providence l'attendait là[10].

Un matin de l'année 1872, son valet de chambre vint l'avertir qu'on avait trouvé, à la porte de sa demeure, un enfant, couvert, de givre et mort de froid...

Sarachaga, ému de compassion, prend quelques milliers de roubles et va les porter à des religieux, afin qu'ils secourent les enfants pauvres pendant les rigoureux hivers de Russie.

Étonnés de cette princière générosité, les bons Prêtres lui promettent de célébrer plusieurs fois pour lui le saint sacrifice de la Messe. Et ce fut à l'Oblation de l'Hostie sainte, faite en récompense de sa charité, que Sarachaga attribua toujours l'impulsion qui le fit pénétrer un jour dans une église catholique, dédiée à Saint Georges, patron de son père, où un Dominicain prêchait sur la beauté morale des martyrs. Là, il aperçoit derrière l'autel, Un petit tableau du Sacré-Coeur. Il le regarde, il en est bouleversé...

Eh quoi ? il a été baptisé, il a fait jadis sa Première Communion et depuis lors, lui qui a communié à toutes les vanités de la terre, il n'a jamais communié à l'Amour infini de son Dieu....

Lui qui se dit chrétien il renie tous les jours, par sa vie molle et facile, le sceptre de son Dieu qui est une Croix et son diadème qui est tressé d'épines !...

A la Lumière divine qui l'envahit, sa vie passée ne lui paraît plus qu'ombre et chimères. Avec sa loyauté native, il la confesse à deux genoux, dans une église vouée à sainte Catherine, patronne de sa mère ; il va déposer sa croix de Charles III au tombeau de « la bonne duchesse » de Hongrie, et vient prendre rang parmi les plus humbles pèlerins de Paray-le-Monial.

A la fin du mois de Juin 1873, l'arrière-petit-neveu de sainte Thérèse, tombait aux pieds de l'arrière-petit-fils de Bayard, et lui demandait d'orienter désormais son existence entière selon les divins vouloirs du Christ Jésus.

(A suivre.)

M. DE NOAILLAT, directeur du " Hiéron ".

 

[1] Allocution de Pie X aux Cardinaux français. [2] Devise de la ville de Paris. [3] Encyclique Annum Sacrum, Mai 1899. [4] Lettre 47, lettre 104. Vie et Œuvres de Sainte Marguerite-Marie, tome II. [5] Lettre de Marguerite-Marie, 23 février 1689, et lettre du 17 Juin 1689, toutes deux à la mère de Saumaise. [6] Futur Cardinal Perraud. [7] Loi votée le 25 Juillet 1873 et promulguée le 31 Juillet. [8] Mlle Tamisier l'écrira plus tard au deuxième fondateur de la Société du Règne Social de Jésus-Christ, dans une lettre datée du 29 Juin 1897. [9] Dans l'année 1873, le P. Drevon attira à Paray deux cent mille pèlerins ; nombre Inconnu jusqu'alors et que seules, les fêtes jubilaires de Marguerite-Marie font espérer en 1921. 10] Sa grand-tante Koucheleff était Grande-Maîtresse du Palais.

 

 

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Publié le par Rhonan de Bar

L'association Grain de Rose, dont j'ai l'honneur d'être le président, fondée le 11 avril de cette année, a l'honneur et le plaisir de recevoir Christian Doumergue. Dans sa conférence, l'auteur évoquera les liens unissant deux hauts lieux du royaume de France : Paray-le-Monial et Rennes-le-Château. 

Lien pour achat de place(s). Prix 8 euros. Au plaisir de vous y retrouver.  

https://www.helloasso.com/associations/grain-de-rose/evenements/conference-christian-doumergue

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Publié le par Rhonan de Bar

Retrouvez, entre autres auteurs, mon dernier article : "Annonce de la Nativité du Xrist et du Baptiste" dans le numéro 143 de la revue Liber Mirabilis. 

https://www.liber-mirabilis.com/sources-et-tradition-f1428532.html

 

Rhonan de Bar. 

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